BIP n° 131 – juin 2009

Sommaire

  • La RPDC réagit à la résolution 187 – Choson Sinbo
  • La Nation – Staline
  • Les résultats pour la Russie de l’ère Eltsine – iskatel.livejournal
  • La RDA, Jetant un regard en arrière – Hans Heinz Holz, réunion du Secrétariat de l’IAPSCC – Alexandre Moumbaris
  • Conférence de l’IAPSCC septembre 2010 – Projet, Front anti-impérialiste
  • À propos de la crise économique mondiale – Kostas Papadakis, PC de Grèce, au Séminaire de Bruxelles
  • Hommage à un martyr.-.Sulaïmân Muhammad Amîn Ous Qopar dit al-Halabi, IA
  • Lettre de félicitations de l’AF-FSM au FSC – Joseph Lop, SG de l’AF-FSM
  • Nasrallah: la présence du général Aoun et de son Mouvement patriotique libre sont une vraie garantie pour un Liban fort et équitable Les élections législatives libanaises du 7/6/2009 – Marie Nassif-Debs PC du Liban
  • Étude de la CIA: Israël sera renversé d’ici 20 ans – PressTV
  • Le sondage du vendredi en Israël montre un solide soutien pour l’évacuation des colonies de peuplement – Jo Ann Mort
  • Voici pourquoi Israël ne survivra pas – Ali Abunimah, The Electronic Intifada
  • Percée de la campagne BDS: Veolia sur le point d’abandonner le projet du tramway à Jérusalem – Omar Barghouti, Mouvement — BDS
  • Pour être prête à la grande guerre, la Russie crée sa propre version de l’OTAN en Asie Centrale – Pravda
  • Honduras: le maintien de la base militaire US de Soto Cano, un des motifs possibles du putsch – Eva Golinger
  • Front national contre le coup d’État au Honduras – Communiqué n° 2
  • Agents étasuniens en poste au Honduras – GEHEIM
  • Au Pérou, on massacre les Indiens pour laisser la place aux compagnies minières étasuniennes – Libertés Internet
  • étude: Les dépenses de santé sont la cause de 60% des faillites – Reuters
  • Enquête: Un emprunt d’habitation hypothéquée sur cinq est «englouti» – Mara Der Hovanesian, BusinessWeek
  • L’explosion de la dette menace les états-Unis – John Taylor
  • Tienanmen 20 ans après – Domenico Losurdo
  • La Standard Chartered Bank (China) émettra des titres d’emprunts obligataires de 3,5 milliards de yuan – Xinhua

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 RPDC – Conseil de sécurité

Le ministère des Affaires étrangères de la RPDC réagit à la résolution 1874

Après l’adoption de la résolution 1874 par le Conseil de sécurité des Nations Unies, le ministère des Affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a publié le 13 juin 2009 le communiqué suivant où est réaffirmée la volonté de renforcer la force de dissuasion du pays.

«Le 12 juin, à l’instigation des États-Unis, le Conseil de sécurité des Nations Unies a finalement adopté une ‘résolution sur les sanctions’ à l’encontre de la République populaire démocratique de Corée suite à son second essai nucléaire.

«Il s’agit d’un autre résultat méprisable de l’offensive menée par les États-Unis visant à exercer une pression internationale pour détruire l’idéologie de la République populaire démocratique de Corée et le système choisi par son peuple en désarmant la République populaire démocratique de Corée et en étranglant son économie.

«Les États-Unis et le Japon, non contents de cette ‘résolution’, complotent grossièrement pour ajouter leurs propres ‘sanctions’ à celles qui existent contre la République populaire démocratique de Corée en montant des histoires fictives de ‘fausse monnaie’ et de ‘trafic de drogue’.

«Les États-Unis ont incité le Conseil de sécurité des Nations Unies à s’engager davantage dans leurs tentatives d’étouffement de la République populaire démocratique de Corée, lesquelles ont abouti à créer une grave tension sans précédent dans la péninsule coréenne. Cette situation de confrontation a été déclenchée par les actions brutales et illégales des États-Unis et du Conseil de sécurité des Nations Unies à leurs ordres niant le droit légitime d’un État souverain à lancer des satellites.

«La ‘déclaration présidentielle’ du Conseil de sécurité des Nations Unies du 14 avril, orchestrée par les États-Unis, ne repose sur rien au regard du droit international. Ce qui imprègne cette déclaration n’est rien d’autre que l’animosité et le rejet d’un pays qui a un système différent du leur, et l’opinion arrogante et arbitraire qu’un petit pays doit obéir à un grand. La République populaire démocratique de Corée est un petit pays, mais c’est une puissance politique, idéologique et militaire.

«Si cet acte hautement autoritaire des États-Unis est toléré, la République populaire démocratique de Corée ne sera plus en droit de lancer des satellites – ce que tous les autres font – et sera à jamais privée de son droit à utiliser l’espace extra-atmosphérique.

«Le deuxième essai nucléaire de la République populaire démocratique de Corée est une mesure de légitime défense, en ce qu’il a été mené pour faire face à de tels actes hostiles de la part des États-Unis, et ne contrevient à aucune loi internationale.

«Par essence, cet affrontement est une question liée à la souveraineté et à la dignité de la République populaire démocratique de Corée, plutôt qu’une question liée à la paix et à la sécurité – c’est l’affrontement entre la République populaire démocratique de Corée et les États-Unis.

«Il ne peut pas y avoir de véritable paix en l’absence d’indépendance et d’égalité. Tout autre pays se trouvant dans la situation de la République populaire démocratique de Corée réaliserait clairement que la République populaire démocratique de Corée n’a jamais choisi de se doter de l’arme nucléaire mais y a été contrainte face à la politique hostile des États-Unis et à leurs menaces nucléaires.

«Pour la République populaire démocratique de Corée, il est devenu absolument impossible de seulement penser à abandonner ses armes nucléaires. Il est indifférent à la République populaire démocratique de Corée que son statut de puissance nucléaire soit reconnu ou non.

«En vertu de ses pouvoirs, le ministère des Affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée condamne fermement et rejette la ‘résolution 1874’ du Conseil de sécurité des Nations Unies et déclare qu’il prendra les mesures suivantes dans le cadre de cette première phase de confrontation totale avec les États-Unis afin de défendre la dignité de la nation et la souveraineté du pays.

«Premièrement: Tout le plutonium nouvellement extrait sera utilisé à des fins militaires. Plus d’un tiers des barres de combustible usagé ont été retraitées à ce jour.

«Deuxièmement: Le processus d’enrichissement de l’uranium va commencer. Suite à la décision de construire son propre réacteur à eau légère, la technique d’enrichissement de l’uranium a connu des progrès suffisants pour pouvoir fournir le combustible nucléaire nécessaire à l’expérimentation de ce procédé.

«Troisièmement: Une tentative de blocus de quelque nature que ce soit par les États-Unis et ceux qui les suivent sera considérée comme un acte de guerre et provoquera une réponse militaire décisive. Quelle que soit la dureté des tentatives d’isolement et de blocus fomentées par les forces hostiles menées par les États-Unis, la République populaire démocratique de Corée, puissance nucléaire fière, ne reculera pas. Selon le mode de réaction basé sur l’idée de Songun [priorité aux affaires militaires, NdT], la République populaire démocratique de Corée s’opposera de manière décisive aux ‘sanctions’ par des mesures de rétorsion et à la ‘confrontation’ par une confrontation totale.»

14.6.2009

[Traduction AAFC, d’après la version anglaise donnée par l’agence Reuters 

Version originale coréenne sur le site du journal Choson Sinbo]

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Staline

I. – la nation1

Qu’est-ce que la nation?

La nation, c’est avant tout une communauté, une communauté déterminée d’individus.

Cette communauté n’est pas de race, ni de tribu. L’actuelle nation italienne a été formée de Romains, de Germains, d’Étrusques, de Grecs, d’Arabes, etc. La nation française s’est constituée de Gaulois, de Romains, de Bretons, de Germains, etc. Il faut en dire autant des Anglais, des Allemands et des autres, constitués en nations avec des hommes appartenant à des races et à des tribus diverses.

Ainsi, la nation n’est pas une communauté de race ni de tribu, mais une communauté d’hommes historiquement constituée.

D’autre part il est hors de doute que les grands États de Cyrus ou d’Alexandre ne pouvaient pas être appelés nations, bien que formés historiquement, formés de tribus et de races diverses. Ce n’étaient pas des nations, mais des conglomérats de groupes accidentels et peu liés entre eux, qui se désagrégeaient et s’unissaient, suivant les succès ou les défaites de tel ou tel conquérant.

Ainsi, une nation n’est pas un conglomérat accidentel ni éphémère, mais une communauté stable d’hommes.

Mais toute communauté stable ne crée pas la nation. L’Autriche et la Russie sont aussi des communautés stables, pourtant personne ne les dénomme nations. Qu’est-ce qui distingue la communauté nationale de la communauté d’État? Entre autres, le fait que la communauté nationale ne saurait se concevoir sans une langue commune, tandis que pour l’État la langue commune n’est pas obligatoire. La nation tchèque en Autriche et la polonaise en Russie seraient impossibles sans une langue commune pour chacune d’elles cependant que l’existence de toute une série de langues à l’intérieur de la Russie et de l’Autriche n’empêche pas l’intégrité de ces États. Il s’agit évidemment de langues populaires parlées et non des langues officielles des bureaux.

Ainsi, communauté de langue, comme l’un des traits caractéristiques de la nation.

Cela ne veut évidemment pas dire que les diverses nations parlent toujours et partout des langues différentes, ou que tous ceux qui parlent la même langue constituent forcément une seule nation. Une langue, commune pour chaque nation, mais pas nécessairement des langues différentes pour les diverses nations! Il n’est pas de nation qui parle à la fois plusieurs langues, mais cela ne signifie pas encore qu’il ne puisse y avoir deux nations parlant la même langue! Les Anglais et les Nord-Américains parlent la même langue et, cependant, ne constituent pas une même nation. Il faut en dire autant des Norvégiens et des Danois, des Anglais et des Irlandais.

Mais pourquoi, par exemple, les Anglais et les Nord-Américains ne constituent-ils pas une seule nation, malgré la langue qui leur est commune?

Tout d’abord parce qu’ils ne vivent pas côte à côte, mais sur des territoires différents. Une nation ne se constitue que comme le résultat de relations durables et régulières, comme le résultat de la vie commune des hommes, de génération en génération. Or, une longue vie en commun est impossible sans un territoire commun. Les Anglais et les Américains peuplaient autrefois un seul territoire: l’Angleterre, et formaient une seule nation. Puis, une partie des Anglais émigra d’Angleterre vers un nouveau territoire, en Amérique, et c’est là, sur ce nouveau territoire, qu’elle a formé, avec le temps une nouvelle nation la nord-américaine. La diversité des territoires a amené la formation de nations diverses.

Ainsi, communauté de territoire, comme l’un des traits caractéristiques de la nation.

Mais ce n’est pas encore tout. La communauté du territoire en elle-même ne fait pas encore une nation. Pour cela, il faut qu’il y ait, en outre, une liaison économique interne, soudant les diverses parties de la nation en un tout unique. Une telle liaison n’existe pas entre l’Angleterre et l’Amérique du Nord, et c’est pourquoi elles forment deux nations différentes. Mais les Nord-Américains eux-mêmes ne mériteraient pas d’être appelés nation, si les différents points de l’Amérique du Nord n’étaient pas liés entre eux en un tout économique, grâce à la division du travail entre eux, au développement des voies de communication, etc.

Prenons, par exemple, les Géorgiens. Les Géorgiens d’avant la réforme2 vivaient sur un territoire commun et parlaient une seule langue; et pourtant, ils ne formaient pas, à parler strictement, une seule nation, car, divisés en une série de principautés détachées les unes des autres, ils ne pouvaient vivre une vie économique commune, se faisaient la guerre durant des siècles et se ruinaient mutuellement, en excitant les uns contre les autres les Persans et les Turcs. La réunion éphémère et accidentelle des principautés, que réussissait parfois à réaliser un tsar chanceux, n’englobait dans le meilleur des cas que la sphère administrative superficielle, pour se briser rapidement aux caprices des princes et à l’indifférence des paysans. D’ailleurs, il ne pouvait en être autrement, en présence du morcellement économique de la Géorgie … Celle-ci, en tant que nation, n’apparut que dans la seconde moitié du l9ème siècle, lorsque la fin du servage et le progrès de la vie économique du pays, le développement des voies de communication et la naissance du capitalisme, eurent établi la division du travail entre les régions de la Géorgie, et définitivement ébranlé l’isolement économique des principautés pour les réunir en un tout unique.

Il faut en dire autant des autres nations qui ont franchi le stade du féodalisme et développé chez elles le capitalisme.

Ainsi, communauté de la vie économique, cohésion économique, comme l’une des particularités caractéristiques de la nation.

Mais cela non plus n’est pas tout. Outre ce qui a été dit, il faut encore tenir compte des particularités de la psychologie des hommes réunis en nation. Les nations se distinguent les unes des autres non seulement par les conditions de leur vie, mais aussi par leur mentalité qui s’exprime dans les particularités de la culture nationale. Si l’Angleterre, l’Amérique du Nord et l’Irlande qui parlent une seule langue forment néanmoins trois nations différentes, un rôle assez important est joué en l’occurrence par cette formation psychique originale qui s’est élaborée, chez elles, de génération en génération, par suite de conditions d’existence différentes. Les nations se distinguent les unes des autres non seulement par les conditions de leur vie, mais aussi par leur mentalité qui s’exprime dans les particularités des hommes réunis en nation.

Évidemment, la formation psychique en elle-même, ou, comme on l’appelle autrement, le «caractère national», apparaît pour l’observateur comme quelque chose d’insaisissable; mais pour autant qu’elle s’exprime dans l’originalité de la culture commune à la nation, elle est saisissable et ne saurait être méconnue.

Inutile de dire que le «caractère national» n’est pas une chose établie une fois pour toutes, qu’il se modifie en même temps que les conditions de vie ; mais, pour autant qu’il existe à chaque moment donné, il laisse son empreinte sur la physionomie de la nation.

Ainsi, communauté de la formation psychique qui se traduit dans la communauté de la culture, comme l’un des traits caractéristiques de la nation.

De cette façon, nous avons épuisé tous les indices caractérisant la nation.

La nation est une communauté stable, historiquement constituée de langue, de territoire, de vie économique et de formation psychique qui se traduit dans la communauté de culture.

Et il va de soi que la nation, comme tout phénomène historique est soumise aux lois de l’évolution, a son histoire, un commencement et une fin.

Il est nécessaire de souligner qu’aucun des indices mentionnés, pris isolément, ne suffit à définir la nation. Bien plus: l’absence même d’un seul de ces indices suffit pour que la nation cesse d’être nation.

On peut se représenter des hommes ayant un «caractère national» commun, sans que l’on puisse dire toutefois qu’ils forment une seule nation, s’ils sont économiquement dissociés, s’ils vivent sur des territoires différents, s’ils parlent des langues différentes, etc. Tels sont, par exemple, les Juifs russes, galiciens, américains, géorgiens, ceux des montagnes du Caucase qui, à notre avis, ne forment pas une nation unique.

On peut se représenter des hommes dont la vie économique et le territoire sont communs, et qui, cependant, ne forment pas une nation, s’ils n’ont pas la communauté de langue et de «caractère national». Tels, par exemple, les Allemands et les Lettons dans la Province balte.

Enfin, les Norvégiens et les Danois parlent une seule langue, sans, pour cela, former une seule nation, vu l’absence des autres indices.

Seule, la réunion de tous les indices pris ensemble nous donne la nation.

Il peut sembler que le «caractère national» ne soit pas un des indices, mais l’unique indice essentiel de la nation, et que tous les autres indices constituent, à proprement parler les conditions du développement de la nation, et non ses indices.

Ce point de vue est partagé, par exemple, par les théoriciens social-démocrates de la question nationale, connus en Autriche, R. Springer et surtout O. Bauer.

Examinons leur théorie de la nation.

D’après Springer,

la nation est une association de personnes pensant et parlant de la même manière… la communauté culturelle d’hommes contemporains, qui ne sont plus liés au «sol»3 (souligné par nous [J.S.]).

Ainsi, «association» d’hommes pensant et parlant de la même manière, quelque dissociés qu’ils soient entre eux et où qu’ils vivent.

Bauer va encore plus loin:

Qu’est-ce que la nation? interroge-t-il. Est-ce la communauté de langue qui réunit les hommes en nation? Mais les Anglais et les Irlandais… parlent une seule langue, sans toutefois former un seul peuple. Les Juifs n’ont pas du tout de langue commune et forment, néanmoins, une nation4.

Mais alors qu’est-ce qu’une nation?

La nation est une communauté de caractère relative5.

Mais qu’est-ce que le caractère, en l’espèce le caractère national?

Le caractère national, c’est:

la somme des indices distinguant les hommes d’une nationalité de ceux d’une autre, un complexe de qualités physiques et morales qui distingue une nation de l’autre6.

Certes, Bauer sait que le caractère national ne tombe pas du ciel, aussi ajoute-t-il:

Le caractère des hommes n’est déterminé par rien d’autre que leur sort… La nation n’est autre chose qu’une communauté du sort, déterminée à son tour par les conditions dans lesquelles les hommes produisent leurs moyens d’existence et répartissent les produits de leur travail7.

Ainsi, nous en arrivons à la définition la plus «complète» de la nation, comme s’exprime Bauer:

La nation est tout l’ensemble des hommes réunis dans une communauté de caractère sur le terrain de la communauté du sort8.

Donc, communauté du caractère national sur le terrain de la communauté du sort, prise en dehors du lien obligatoire avec la communauté du territoire, de la langue et de la vie économique.

Mais, que reste-t-il, en ce cas, de la nation? De quelle communauté nationale peut-il être question chez des hommes dissociés économiquement les uns des autres, vivant sur des territoires différents et parlant, de génération en génération, des langues différentes?

Bauer parle des Juifs comme d’une nation, bien qu’«ils n’aient pas du tout de langue commune»9; mais de quelle «communauté du sort» et de quelle cohésion nationale peut-il être question, par exemple, chez les Juifs géorgiens, daghestanais, russes ou américains, complètement détachés les uns des autres, vivant sur des territoires différents et parlant des langues différentes?

Les Juifs en question vivent, sans nul doute, une vie économique et politique commune avec les Géorgiens, les Daghestanais, les Russes et les Américains, dans une atmosphère culturelle commune avec chacun de ces peuples; cela ne peut manquer de laisser une empreinte sur leur caractère national; et s’il leur est resté quelque chose de commun, c’est la religion, leur origine commune et certains vestiges de leur caractère national. Tout cela est indéniable. Mais comment peut-on affirmer sérieusement que les rites religieux ossifiés et les vestiges psychologiques qui s’évanouissent, influent sur le «sort» des Juifs mentionnés, avec plus de force que le milieu vivant social, économique et culturel qui les entoure? Or, ce n’est qu’en partant de cette hypothèse que l’on peut parler des Juifs en général comme d’une nation unique.

Qu’est-ce qui distingue alors la nation de Bauer, de 1’«esprit national» mystique et se suffisant à lui-même des spiritualistes?

Bauer trace une limite infranchissable entre le «trait distinctif» d’une nation (caractère national) et les «conditions» de sa vie, en dissociant l’un des autres. Mais qu’est-ce que le caractère national, sinon le reflet des conditions de vie, sinon un concentré des impressions reçues du milieu environnant? Comment peut-on se borner uniquement au caractère national, en l’isolant et le dissociant du terrain qui l’a engendré?

Et puis, qu’est-ce qui distinguait, à proprement parler, la nation anglaise de la nord-américaine, à la fin du 18e et au début du 19e siècles, alors que l’Amérique du Nord se dénommait encore la «Nouvelle Angleterre»?

Ce n’est évidemment pas le caractère national: car les Nord-Américains étaient originaires de l’Angleterre; ils avaient emporté avec eux, en Amérique, outre la langue anglaise, le caractère national anglais, dont ils ne pouvaient évidemment pas se départir si vite, quoique, sous l’influence des conditions nouvelles, un caractère particulier se formât vraisemblablement chez eux. Et, cependant, malgré la communauté plus ou moins grande du caractère, ils constituaient déjà, à cette époque, une nation distincte de l’Angleterre. Il est évident que la «Nouvelle Angleterre», en tant que nation, se distinguait alors de l’Angleterre, en tant que nation, non par son caractère national particulier, ou moins par le caractère national que par le milieu distinct de l’Angleterre, par les conditions de vie.

De cette façon, il est clair qu’il n’existe pas, en réalité, d’indice distinctif unique de la nation. Il existe seulement une somme d’indices parmi lesquels, lorsqu’on compare les nations, se détache avec plus de relief tantôt un indice (caractère national), tantôt un autre (langue), tantôt un troisième (territoire, conditions économiques). La nation est une combinaison de tous les indices pris ensemble.

Le point de vue de Bauer identifiant la nation avec le caractère national, détache la nation du sol et en fait une sorte de force invisible, se suffisant à elle-même. Dès lors, ce n’est plus une nation, vivante et agissante, mais quelque chose de mystique, d’insaisissable et d’outre-tombe. Car, je le répète, qu’est-ce, par exemple, que cette nation juive, constituée par des Juifs géorgiens, daghestanais, russes, américains et autres, dont les membres ne se comprennent pas les uns les autres (parlent des langues différentes), vivent dans différentes parties du globe, ne se verront jamais, n’agiront jamais en commun, ni en temps de paix, ni en temps de guerre? Non, ce n’est pas pour de telles «nations» n’existant que sur le papier, que la social-démocratie établit son programme national10. Elle ne peut tenir compte que des nations réelles, qui agissent, qui se meuvent, et qui, pour cette raison, obligent les autres à compter avec elles.

Bauer confond évidemment la nation, catégorie historique, avec la tribu, catégorie ethnographique.

Au reste, Bauer lui-même sent apparemment la faiblesse de sa position. Proclamant résolument, au début de son livre, les Juifs comme une nation11, Bauer se corrige à la fin de son livre, affirmant Que la «société capitaliste en général ne leur permet pas (aux Juifs) de se conserver en tant que nation»12, et les assimile aux autres nations. La raison en est, paraît-il, que «les Juifs n’ont pas de région délimitée de colonisation»13, alors qu’une telle région existe, par exemple, chez les Tchèques, qui, d’après Bauer, doivent se conserver comme nation. Bref, la cause en est dans l’absence de territoire.

Raisonnant ainsi, Bauer voulait démontrer que l’autonomie nationale ne peut pas être la revendication des ouvriers juifs14, mais il a, de ce fait, renversé, sans le faire exprès, sa propre théorie, qui nie la communauté du territoire comme l’un des indices de la nation.

Mais Bauer va plus loin. Au début de son livre, il déclare résolument que «les Juifs n’ont pas du tout de langue commune et n’en forment pas moins une nation»15. Mais à peine arrivé à la page 130, il change de front en déclarant avec non moins de résolution:

Il n’est pas douteux qu’aucune nation n’est possible sans une langue commune16 (souligné par nous [J.S]).

Bauer voulait démontrer ici que

la langue est l’instrument le plus important des relations entre les hommes17

mais, en même temps, il. a démontré aussi, sans le faire exprès, ce qu’il ne se proposait pas de démontrer, à savoir: la carence de sa propre théorie de la nation, qui nie l’importance de la communauté de la langue.

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URSS

Les résultats pour la Russie de l’ère Eltsine

Le territoire du pays: diminué de 23,7%

La population: diminuée de 10 millions

Nombre d’enfants: diminué de 5 millions

Enfants non scolarisés: 3 millions

Nombre de sans domicile: augmenté de 5 millions

Sous le seuil de pauvreté: 14 millions

Taux de mortalité infantile: multiplié par 2,5

Décès liés à la drogue: multipliés par 48

Enfants atteints de MST multipliés par 77

Cas de tuberculose: multiplié par 2,4

Toxicomanes: multipliés par 10

MST: multipliés par 10

Cas de SIDA: multipliés par 60

Production industrielle: divisée par 3

Budget de l’état : divisé par 13

Le nombre de pauvres: multiplié par 20

Le nombre de bandes criminelles: multiplié par 14

et elles contrôlent la moitié de l’économie de l’état

[Traduction Alexandre MOUMBARIS]

http://iskatel.livejournal.com/310666.html

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La RDA – Jetant un regard en arrière

par Hans Heinz Holz

Introduction

Un journal en Allemagne évoquait «les grandes années 60», alors qu’un autre titrait sa une sur «60 années de liberté». Ils essayaient de faire à qui mieux mieux la célébration du 60ème anniversaire de la formation de la République fédérale d’Allemagne – ou l’Allemagne de l’Ouest comme la partie capitaliste de l’Allemagne est généralement appelé. Hans Heinz Holz avait écrit l’article qui suit pour le numéro de juin de la revue mensuelle du Parti communiste Allemand (DKP) «Anstoss» de Berlin. Celui-ci a été publié à un moment où la propagande des maîtres du monde libre gratte le fond de ses coffres à perles: «Innombrables sont les gerbes déposées à la mémoire des ‘victimes du stalinisme’ et des ‘assassinés au mur de Berlin’. Chaque célébration de leurs 60 ans de liberté est accompagnée d’un spectacle d’horreur sur les prisons de la Stasi, les gardes frontières assassins, la police secrète arrêtant des gens à leur domicile pour les traîner dans les cachots communistes. Cela ne doit pas se reproduire, concluent-ils immanquablement. Cependant ils disent vrai à propos de ce point: Le socialisme est une chose qu’ils haïssent et qu’ils ne veulent plus revoir – que ce soit sur le territoire allemand ou n’importe où ailleurs.

Hermann Glaser-Baur

Hiver 1946/47. Il fait froid, ça gèle. Pour une raison dont je ne me souviens plus – je devais voyager de Frankfurt/Main vers la ZOS (Zone d’occupation soviétique).

Donner la carte de rationnement alimentaire à Frankfurt, recevoir celle de l’Allemagne de l’Est à Rostock.

C’était comme un cadeau de Noël: La ration journalière était une fois et demi celle de l’Allemagne de l’Ouest. Dans cette situation de la plus profonde privation, la puissance occupante soviétique – dont les troupes étaient affamés elles-mêmes – prenait soin de la population. Cela se passait il y a 62 ans, j’en ai maintenant 82 et je ne l’oublierai jamais. Pourquoi je me sers de cela comme introduction?

C’était dans cet esprit de solidarité communiste que la RDA a été créée. Staline disait: «Les Hitlers viennent et s’en vont – le peuple allemand lui reste». C’était ce genre de logique qui déterminait les actes; la question nationale n’était pas un objet de propagande. Quand Adenauer* lors de la guerre froide appuyait sur l’intégration de la RFA à l’alliance avec les États-Unis, les Communistes des deux côtés de la frontière se battaient pour l’unité allemande. Les premiers coups de feu à la frontière avaient été tirés quand des membres de FDJ** de la RFA voyageaient pour leur réunion nationale à Berlin. «Drapeaux bleus à Berlin» était le mot d’ordre. Les gardes allemands de l’Ouest tirèrent sur les jeunes de l’Allemagne de l’Ouest. Et maintenant qui parle de «tirs au mur»?

La partition de l’Allemagne en deux états, d’où sont développés deux parties-de-nation (et le restent à ce jour) était imposée par l’Ouest en violation du traité de Potsdam. Aussi tardivement que 1958, alors que les deux états allemands et leurs deux devises existaient depuis presque dix ans, Walter Ulbricht*** avait proposé un plan pour que l’Allemagne soit réunifiée sur la base d’une confédération avec un statut neutre, sur un territoire sans armes nucléaires. En l’occurrence, cela n’a pas plu à la direction soviétique sous Khrouchtchev; elle traitait de plus en plus la RDA comme sa province économique et militaire.

La réponse de l’Ouest sous la conduite du ministre de la Défense, F.J. Strauss était la course aux armements, et plus tard la stratégie de sape de la «nouvelle politique orientale» du chancelier Willy Brand, où les naïfs amateurs de paix se sont fait immédiatement avoir.

Ma position peut être lue dans le détail dans les documents de la Conférence sur la paix qui s’est déroulée à Moscou en 1967.

Les plans pour la conquête de la RDA avaient été préparés depuis aussi loin que la période des «lois d’urgence». Ils étaient gardés dans des coffres au «Ministère des problèmes de l’Allemagne réunie». Nous le savions et nous avions mis toute notre énergie à renforcer politiquement dans la RDA dans le monde, de manière à contrecarrer toutes les calomnies qui la visaient au niveau national. Les communistes de l’Allemagne de l’Ouest ont fait cela sans «si» ni «mais» – bien que sur certains points de détail la critique était inadéquate – la solidarité primait. Nous avions fait l’objet de diffamations, d’exclusion de postes d’enseignement et du service public, de persécution. Beaucoup d’espoirs et de vies ont été détruites.

Quarante années d’existence de la RDA, cela équivaut à une génération et demi de construction du socialisme. Les effets de cela ne se perdront pas dans l’histoire du monde, même s’ils devaient survivre cachés sous la surface pour un bout de temps. C’est la tâche de ceux parmi nous qui ont vécu cette période de transmettre sa mémoire, pour qu’elle fasse partie de la nouvelle génération, qui doit et va y arriver.

Ceux-ci sont les souvenirs d’un citoyen de l’Allemagne de l’Ouest. Depuis 1945 j’ai participé à la toute première ligne des luttes par la publication et l’écriture. La RDA a été un morceau de ma vie. La nouvelle contradiction entre les «Wessies»(Ouesties) et les «Ossies» – (Esties) n’ont aucune signification pour moi – ce sont des contradictions de classe et non pas de territoire.

Bien entendu il y a des gens bourgeois en RDA, autrement les événements de 1990 n’auraient pas été possibles. Nous avions sous-estimé combien avaient raison Lénine et Staline quand ils disaient que la lutte des classes s’intensifiera dans les conditions de construction du socialisme. Certains des jugements que nous avions de nous-mêmes étaient plus utopiques que socialistes. Quand nous analysons la période des derniers 60 ans, depuis la formation de la RDA, nous ne devons pas ignorer les revers dans le domaine théorique. Mais nous devons avant tout rappeler les immenses réalisations! Les citoyens de la RDA sont mieux à même de les décrire, particulièrement maintenant qu’ils ont connu la vie sous le capitalisme.

Ensemble nous devons réfléchir sur le présent: Une parmi les conséquences de la crise mondiale est que de nouvelles guerres se préparent. Des formes fascistes de pouvoir sont envisagées et même appliquées à certains endroits pour préserver le système.

La paupérisation des masses de la population et l’opportunisme qui recherche un abri pour survivre en s’adaptant au système – donne lieu à toutes sortes d’idéologies révisionnistes et réformistes.

Cette neige d’hier doit fondre avant que la douce brise d’aujourd’hui puisse croître en la tempête révolutionnaire de demain.

Notes

* Konrad Adenauer (1876-1967) Chancelier de la RFA de 1949 à 1963

** Freie Deutsche Jugend (Jeunesse libre allemande)

*** Walter Ulbricht (1893-1973) Premier Secrétaire SED de 1960 à 1970

[Traduit de l’allemand par Hermann Glaser-Baur]

[Traduit de l’anglais par Alexandre MOUMBARIS]

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IAPSCC

Réunion du Secrétariat de l’IAPSCC

Le 21 et 22 mai 2009, s’est tenue à Paris, à l’Hôtel Campanile, une réunion du Secrétariat du Comité de coordination internationale Anti-impérialiste et de solidarité entre les peuples (IAPSCC).

Présents: Manik MUKHERJEE – Inde, Secrétaire général de l’IAPSCC, Vice président du All India Anti-Imperialist Forum; Niranjan CHAPAGAIN – Népal, Membre du Comité central du Parti communiste (maoïste) du Népal, Président du Syndicat des écrivains; Mobinul Hayder CHOWDHURY – Bangladesh, Membre du Comité central du Parti Socialiste du Bangladesh; Sara FLOUNDERS – États-Unis, co-directeur, International Action Center; Roberto GABRIELE – Italie, Président de la Fondation Nino Pasti; Mohammad El Sayed KASSEM – Liban, Membre du Comité de suivi du Forum international de Beyrouth, Membre du Comité de suivi de l’Opposition libanaise, Secrétaire général du Syndicat des enseignants; Alexandre MOUMBARIS – France, Président du Front anti-impérialiste, Directeur de publication des Les dossiers du BIP, éditions Démocrite; Dr Mohamad TAY, Liban, Professeur en droit public, Faculté de Droit, Université libanaise, Comité consultatif du Centre consultatif des études et de documentation; Carolus WIMMER – Venezuela, Secrétaire aux Relations internationales du Parti communiste vénézuélien, Vice-président du groupe vénézuélien au Parlement latino-américain, Député au Parlement vénézuélien.

Excusés: Ramsey CLARK, – États-Unis, président de l’IAPSCC, ancien Attorney General des É-U, Fondateur de l’International Action Center; Professeur Ibrahim Ahmed Abd Elaziz GHANDOUR – Soudan, Fédération syndicale mondiale; Dr Hani Jamil Nicolas HADDADIN – Jordanie, Parti communiste jordanien; Khalekuzzaman – Bangladesh, Convenor (Convocateur), Parti socialiste du Bangladesh; Michael Lukas – Canada, Directeur de publication de Northstar Compass; Ranjit Kumar Dhar RAY – Inde, All India Anti-Imperialist Forum; Eliathambi THAMBIAH – Sri-Lanka.

Dans la soirée du 21, un certain nombre d’organisations et amis avaient été invités autour d’un apéritif amical. Il y avait notamment un représentant de la Délégation de la RPDC, des représentants de quelques organisations communistes, ainsi que quelques organisations africaines. De fait ce qui devait être une rencontre informelle s’est transformé en un meeting avec des prises de parole intéressantes et successives.

Essentiellement le but recherché était de développer un mouvement anti-impérialiste conséquent en France affilié internationalement à l’IAPSCC. C’est ce que le FAI s’est en fait proposé de faire. Aussi il était question, après la Conférence de Beyrouth en janvier de savoir s’il était possible de tenir la prochaine Conférence internationale de l’IAPSCC — la troisième — à Paris, et de savoir si les organisations en France pourraient faire face à cette tâche du point de vue, politique, organisationnel et bien évidemment financier.

Des futures rencontres ont été décidées pour avancer dans ce sens.

Alexandre MOUMBARIS

Paris le 25 mai 2009

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Front anti-impérialiste – FAI

Projet

Conférence de l’IAPSCC septembre 2010

Les 21 et 22 mai 2009, le Secrétariat du Comité de coordination international anti-impérialiste et pour la solidarité avec les peuples (IAPSCC), s’est réuni à Paris dans le but, entre autres, de déterminer le lieu où se tiendra la prochaine Conférence internationale, prévue pour septembre 2010.

Il a été décidé d’examiner la possibilité de tenir cette conférence en France. Celle-ci prévoirait la participation de 150 délégués, dont un grand nombre de l’étranger, et une assistance de quelque 400 personnes. Le coût total nécessiterait un budget d’au minimum 50.000€. L’organisation de la Conférence ainsi que son financement relèvent de la responsabilité du FAI, organisation française affiliée au IAPSCC.

En mes qualités de membre du secrétariat de l’IAPSCC et de président du FAI j’ai été chargé par le Secrétariat de l’IAPSCC de donner – avant le 22 août 2009 – une réponse par rapport à la faisabilité, à Paris, de cette Conférence internationale.

Objectifs politiques du FAI

Le FAI propose de fournir une structure pour le rassemblement de toutes les forces, organisations et personnes ayant un intérêt moral et/ou matériel, à combattre l’impérialisme. Par le mot impérialisme dans le présent contexte nous entendons aussi bien le sens marxiste-léniniste du terme que le sens ordinaire, à savoir le colonialisme, le néocolonialisme… En somme, toute activité portant atteinte à la souveraineté des nations et des peuples, que ce soit sous formes d’agression ou de domination, militaire, économique, financière, médiatique, linguistique, culturelle…. y compris la représentation de la vérité historique, la liberté d’opinion….

Notre terrain de lutte est en France. Notre adversaire est principalement la politique du gouvernement et de l’état français – instruments d’une minorité dominante et richissime. Notre rôle fondamental, n’est pas, par exemple, de défendre le peuple tchadien au Tchad, mais de défendre la cause de l’indépendance tchadienne en France. Cela ne nous empêche pas de fournir éventuellement une solidarité directe au peuple tchadien, qu’elle soit financière, médicale, technique, éducative ou autre, mais ce n’est pas la direction principale de nos efforts, ce n’est pas ainsi que nous serons les plus efficaces.

Nous veillerons très sérieusement aussi à défendre la souveraineté et l’indépendance du peuple français contre toute agression impérialiste de l’extérieur, notamment économique, financière, culturelle, linguistique, médiatique…..

Nos armes sont l’unité de nos voix, la pression politique et raisonnablement tout autre méthode susceptible de servir notre cause, telles que l’information, les manifestations, les conférences…. Notre efficacité se mesurera par l’ampleur et le nombre d’organisations et de personnes qui nous rejoindront. Aucune personne ni organisation ne sera détournée en raison de son idéologie (qu’elle soit marxiste, léniniste, socialiste ou pas), ou pour sa religion (musulman, chrétien, juif, bouddhiste, animiste,….). Par contre seront exclues toutes organisations ou personnes qui, soit directement soit indirectement, soutiennent des thèses impérialistes ou agissent en faveur de l’impérialisme.

Nous voulons rassembler le maximum de personnes et d’organisations contre toute action impérialiste de la France, et surtout que celle-ci ne soit faite ni en notre nom, ni par nos contributions.

Bien que l’action du FAI vise particulièrement l’impérialisme français, dans les pays où celui-ci est impliqué, nous jouerons néanmoins un rôle international par le biais de l’IAPSCC. Dans ce cadre nous nous solidarisons avec les nations et les peuples pris pour cible par des agresseurs impérialistes, que ce soit militairement, économiquement, financièrement …. sans négliger les manipulations médiatiques en direction de l’opinion publique française pour la neutraliser ou même la faire acquiescer à leurs desseins immédiats ou futurs.

Plus clairement nous condamnons et nous nous élevons contre:

les interventions plus particulièrement françaises au Tchad, au Soudan, en Centrafrique, au Congo, en Yougoslavie, en Afghanistan… mais aussi en Iraq, au Liban, en Palestine, au Pakistan,…..

les menaces et les embargos contre la République populaire démocratique de Corée, la République islamique d’Iran, de la Syrie, le Zimbabwe, Cuba …

Cela étant dit nous ne soutenons pas tous les mouvements rebelles que les mass media français, au service des impérialistes veulent nous faire accepter. Par exemple: les séparatistes du Darfour au Soudan, les séparatistes anciens féodaux tibétains en Chine, …..

Propositions pratiques

Réunir les organisations et personnes intéressées par ce projet. Leur proposer de s’engager de collecter parmi leurs adhérents à une cadence hebdomadaire des sommes modestes – il y 65 semaines d’ici septembre -, de s’engager à fournir un certain nombre de services au cours de la conférence, tel qu’accueillir des déléguées aux gares et aux aéroports et les conduire à leur lieu d’hébergement etc… Cette action serait aussi assimilée à celle d’une contribution financière…….

Tenter d’adapter, lors des discussions préalables, les buts de l’organisation et de la conférence de manière à ce qu’elle puisse répondre aux attentes et avoir un impact maximal.

Que chaque organisation ou membre prenne la responsabilité de faire adhérer d’autres organisations ou membres.

Adopter comme règle fondamentale que tout ce qui renforce le mouvement anti-impérialiste et qui affaiblit l’impérialisme est positif alors que l’inverse est à proscrire.

Jeter les bases d’une organisation anti-impérialiste conséquente, capable d’agir contre l’impérialisme nationalement alors que l’adhésion à l’IAPSCC permet de s’organiser et coordonner nos actions internationalement.

Alexandre Moumbaris

Notes

* L’hébergement devra être assuré pour quatre nuits et trois jours et une salle de réunion adaptée, réservé pour trois jours. À cela s’ajoutent la logistique, l’accueil aux aéroports et gares, la nourriture ainsi que l’aménagement des dispositions à la salle de réunion – traductions, enregistrement des interventions… – chapoté par un Comité organisationnel pour gérer tout cela.

Signataires

Les organisations qui seraient intéressées à se joindre à cet événement sont priées de nous le faire savoir le plus rapidement possible (contacter le journal)

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Grèce

Contribution au 18e Séminaire communiste international, Bruxelles, 15-17 mai 2009

Parti communiste de Grèce (KKE)

À propos de la crise économique mondiale

Chers camarades et amis,

Nous aimerions remercier une fois de plus le Parti du travail de Belgique pour son hospitalité et pour l’occasion qu’il nous donne aujourd’hui d’échanger des points de vue autour d’un problème particulièrement grave, celui de la crise économique mondiale. Cette crise est l’expression d’une crise plus profonde, inhérente au système capitaliste et elle révèle ses limites historiques et la nécessité de se voir appliquer un renversement révolutionnaire.

Dès les tout premiers instants, le KKE (Parti communiste de Grèce) a affirmé que, bien que la crise économique soit apparue en premier lieu dans la sphère de circulation du capital, elle ne pouvait être dissociée des contradictions de la sphère de production et des relations de l’exploitation de classe.

Aujourd’hui, les développements confirment qu’une crise sérieuse, provoquée par la suraccumulation de capital, s’est manifestée, puisqu’une part considérable de capital ne peut atteindre la sphère de production en vue de garantir un pourcentage adéquat de profit. Il s’agit d’une crise du mode capitaliste de production, lequel vise à engranger du profit capitaliste et à assurer en même temps une multiplication accrue du capital même.

Les crises se développent sur la base de la contradiction fondamentale entre le caractère de production et l’appropriation capitaliste de ses résultats. Elles éclatent inévitablement en raison de la nature du système même, l’anarchie, le développement inégal des branches et secteurs de production, la destruction du pouvoir d’achat des travailleurs et la course à la compétitivité. Par conséquent, les crises constituent, ont constitué et constitueront pour de bon l’inéluctable destinée de toutes les économies capitalistes sans exception. Et ceci nous montre bien que le capitalisme n’est pas tout-puissant.

Aucune politique de gestion ne peut délivrer le système capitaliste de sa décomposition interne ni empêcher qu’éclatent des crises capitalistes, et qu’importe ici que le gouvernement soit constitué de partis de la droite ou de la «gauche» social-démocratique.

La dernière crise a également «terni» la perception de l’UE en mettant à mal les mythes qui l’encombrent et révélant ainsi son véritable profil, hostile aux travailleurs, hostile au peuple.

De plus, sur base de la crise et des conséquences du développement inégal, les contradictions entre les puissances impérialistes se sont exacerbées. Cela ne se remarque pas seulement entre les États-Unis et l’axe franco-allemand de l’UE, mais aussi à cause de l’émergence dynamique du BRIC naissant (Brésil – Russie – Inde – Chine), lequel cherche à accroître son rôle dans les accords et organes de contrôle internationaux.

En dépit des efforts consentis par l’union impérialiste pour que le système surmonte la crise «pacifiquement», les gens ne devraient pas oublier que ce sont des conditions similaires qui ont conduit aux deux Guerres mondiales. Des hasards similaires sont tapis autour de nous, en ce moment. N’oublions pas qu’il y a dix ans, l’Otan a violé les lois internationales en bombardant la Yougoslavie et en provoquant la sécession d’une de ses composantes. Malheureusement, aujourd’hui, il n’y a pas de contrepoids telle l’Union soviétique. C’est pourquoi seule la lutte des peuples, la lutte anti-impérialiste, antimonopoliste peut constituer un contrepoids à l’impérialisme et à ses guerres injustes.

Chers camarades,

Ce n’est pas la première fois que, lorsqu’une crise cyclique du capitalisme éclate dans un pays ou un groupe de pays, on assiste à un effort visant à provoquer la désorientation à propos de la nature de cette crise et de ses causes. En aucune façon, l’idéologie et la politique de la bourgeoisie n’admettront que les crises ne sont pas des phénomènes transitoires. La plupart des toutes les idéologies bourgeoises refusent d’admettre les limites historiques du système capitaliste et ses contradictions. Il est dans l’intérêt de la bourgeoisie de dissimuler les causes réelles: cela tend à induire en erreur les forces populaires. Puisqu’il ne peut y avoir de solution dans le cadre du capitalisme, la classe ouvrière, les couches populaires devraient en arriver à des conclusions et agir afin d’éviter que le pire arrive.

Quelles sont les portes de sortie proposées aujourd’hui? Alors que les partis libéraux tentent de convaincre de la nécessité pour les travailleurs de faire des sacrifices, les sociaux-démocrates et les représentants de la «nouvelle gauche» parlent de la nécessité de la redistribution des revenus tout en cultivant l’idée d’une coopération de classe. Toutefois, la croissance de la consommation n’est pas un remède, puisque la distribution est déterminée par la forme de propriété des moyens de production. Il y a une différence entre la redistribution réelle et la redistribution nominale. D’autant plus que le système possède tout une panoplie d’armes, tels l’imposition, les taxes indirectes, les relations de travail, le chômage, la hausse des prix, pour reprendre ce qu’il donne.

Il y a des propositions cherchant à surmonter la crise et recourant à des recettes éculées et démodées, les recettes keynésiennes. Ces propositions tendent à stimuler la demande et à assurer la rentabilité, mais elles n’apaisent pas les gens et ne suspendent pas les conséquences de la crise. Pour certains, même si on assiste à un allègement temporaire de certaines situations extrêmes pour une partie des travailleurs, cela va bientôt déboucher sur un nouveau cycle de crises aux conséquences plus graves encore pour la classe ouvrières et pour les couches populaires.

La théorie de la sous-consommation et de la redistribution assistée dissimule le reste des facteurs jouant un rôle dans le déclenchement de la crise, tels que la libéralisation du marché, la liberté de mouvement des marchandises, la force de travail, les services, la compétitivité, les contradictions impérialistes, l’inégalité, les relations inégales au sein de l’UE, qui reposent sur la dépendance et la dépendance mutuelle, sans oublier l’anarchie de la production capitaliste.

La théorie de la redistribution laisse de côté l’exploitation de classe; en essence, elle prétend qu’afin d’obtenir des salaires plus élevés, les travailleurs devraient fournir aux employeurs d’autant plus de bénéfices.

Les propositions de la social-démocratie – à l’«ancienne» aussi bien que dans sa «nouvelle» mouture –, tentent de dissimuler sa complaisance à l’égard du néolibéralisme et le fait qu’elle est devenue l’un des piliers de l’impérialisme. Elle veut en revenir à des mesures obsolètes de type keynésien qui ne veulent pas toucher à la nature de classe du pouvoir et aux relations de production, mais tendent à empêcher au maximum l’émergence de solutions alternatives révolutionnaires pour les travailleurs et les citoyens en général.

Chers amis et camarades,

«Et alors, que devons-nous faire, maintenant?» Telle est la question intensément posée par les gouvernements bourgeois dans le désir de s’assurer le consensus le plus large possible de la part des travailleurs, afin de soutenir le grand capital, de restreindre encore plus les droits et salaires des travailleurs et de «rationaliser le capitalisme».

Le KKE appelle les citoyens à tourner le dos aux conceptions trompeuses à propos de la «régulation», de la «rationalisation» et de l’«humanisation» du capitalisme qui ne jettent la pierre au néolibéralisme que pour sauver le capitalisme et sa gestion et assurer sa pérennité.

Les conditions en vue du renversement du capitalisme pourraient n’être pas encore présentes aujourd’hui, mais les conditions actuelles indiquent que les développements pourraient en être accélérés au profit des citoyens.

Le danger de la déstabilisation économique et politique de la bourgeoisie constitue un espoir pour les forces du travail et du peuple, du moins tant qu’elles ne perdront pas de vue la seule véritable façon d’en sortir; c’est unies qu’elles devraient attaquer la «bête blessée», sans lui donner le temps de panser ses blessures et de guérir.

Les espoirs d’émancipation des citoyens et des travailleurs ne pourront se concrétiser que par le biais d’un processus de rupture avec le pouvoir du grand capital, des blocs et alliances impérialistes.

Dans le processus de la lutte des classes, les travailleurs devraient rejeter les mesures proposées par les capitalistes et leurs associations. Ils ne devraient pas porter une fois de plus le fardeau de la crise.

Ils devraient promouvoir leur propre plateforme de revendications en l’opposant aux intérêts des monopoles et des impérialistes. Dans notre pays, nous soutenons l’importante lutte du mouvement à orientation de classe, le PAME (Front militant de tous les travailleurs), pour l’augmentation des salaires et des pensions en fonction des besoins des travailleurs, pour l’abolition de la TVA sur les produits de consommation de masse, pour l’aide aux personnes qui ont contracté des prêts, pour une éducation et des soins de santé exclusivement publics et gratuits, etc.

Récemment, lors des grèves du 2 avril et du 1er mai, les deux lignes diamétralement opposées du mouvement ouvrier ont été mises en évidence. Des dizaines de milliers de travailleurs ont participé aux manifestations du PAME, le mouvement à orientation de classe qui fait partie de la FSM (Fédération syndicale mondiale), dans soixante-dix villes du pays. Dans un même temps, les syndicats jaunes de la GSEE (Confédération générale des travailleurs de Grèce), soutenue par les libéraux, les sociaux-démocrates et les opportunistes de tous crins, et liée également à la CSI (Confédération syndicale internationale), organisait une manifestation des plus faibles, ne rassemblant que très peu de monde.

La voie de la lutte antimonopoliste et anti-impérialiste de la classe ouvrière, l’alliance sociale, la corrélation des forces peut valoir des conquêtes, empêcher que vienne le pire et même saper les piliers du pouvoir bourgeois. Elle peut paver la voie des travailleurs dans leur désir de prétendre, non pas simplement à une «plus grosse part du gâteau», mais au «gâteau» tout entier ainsi qu’au «four» où on le cuit, c’est-à-dire à l’essence et à la concentration des moyens de production.

Le tout récent 18e Congrès de notre parti, qui examinait en tant que problème à part l’amendement de la conception programmatique de notre parti concernant le socialisme, est également arrivé à cette conclusion. La propriété sociale des moyens concentrés de production, la planification centrale de la production socialisée, le contrôle par les travailleurs et la société constituent une nécessité impérative requérant un renversement au niveau du pouvoir.

Nous appelons la classe ouvrière, les travailleurs et les peuples du monde entier à rallier la lutte et à s’unir sur base de leurs intérêts de classe et leurs aspirations légitimes, afin de diriger la cause qu’est la construction d’un avenir de bien-être, de justice et de paix; pour la construction d’une nouvelle société libre de toute exploitation de classe, de toute oppression, pour le socialisme.

En conclusion, chers amis et camarades, permettez-nous d’y aller d’un commentaire. À mesure que la crise économique progresse, nous assistons à de nouvelles initiatives anticommunistes de la part de la présidence tchèque de l’UE, du Conseil de l’Europe, de la Commission européenne et du président du Parlement européen. Ces activités ne visent pas simplement le passé, elles tendent à affecter l’avant-garde du mouvement ouvrier, les partis communistes et ouvriers, afin de promouvoir plus facilement des mesures antipopulaires.

Il va sans dire que chaque parti, chaque individu qui se considère de gauche devrait condamner ces activités qui se déploient au sein de l’UE.

Kostas Papadakis

Membre du CC du KKE

Section des relations internationales

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France—Moyen Orient

Hommage à un martyr

Empalé le 17 juin 1800 par l’occupant français

Un crâne fut montré pendant des années aux étudiants de Médecine à Paris

«pour leur faire voir la bosse du crime et du fanatisme avant de finir au Musée de l’Homme».1

De que crâne s’agit-il? C’est celui de Sulaïmân al-Halab, le jeune homme qui a assassiné le général Kléber le 14 juin 1800 au Caire. Un «criminel fanatique» pour les Français de la puissance coloniale, un héro et un martyr pour les peuples arabes et musulmans et pour tout résistant.

Début 1798, le régime du Directoire de la nouvelle France née de la révolution de 1789 et du siècle des Lumières, demanda au général Bonaparte de s’emparer de l’Égypte afin de donner un grand coup qui ferait mal à l’Angleterre, avec l’argument que: «L’Égypte fut une province de la république romaine,il faut qu’elle le devienne de la république française. La conquête des romains fut l’époque de la décadence de ce beau pays, la conquête des français sera celle de la prospérité. (…) les Français l’enlèveront aux plus affreux tyrans qui aient jamais existé».2

Mais avait-on pensé à la réaction du peuple qu’on voulait «libérer»? Une question qui ne se posait certainement pas, car «cette émancipation libératrice sera l’œuvre de la Grande Nation, de la France révolutionnaire. Les peuples d’Orient n’attendent que ce moment et ils accueilleront et soutiendront leurs libérateurs».3 On voit déjà l’influence de la France révolutionnaire sur la pensée de George W. Bush et autres grands et petits hommes, deux siècles plus tard!

Le premier juillet 1798, Bonaparte débarqua en Alexandrie avec une armée d’environ quarante mille soldats. Dès la prise de la ville, il adressa une déclaration «d’amour» au peuple d’Égypte en annonçant la bonne nouvelle à ceux qui collaboreraient avec les Français et à ceux qui resteraient neutres, et en avertissant ceux qui combattraient contre les Français: «Peuple de l’Égypte, on vous a dit que je ne suis venu ici que pour détruire votre religion; cela est mensonge; ne le croyez pas; dites à ces diffamateurs que je ne suis venu chez vous que pour arracher vos droits des mains des tyrans et vous les restituer, et que, plus que les mamelouks, j’adore Dieu et respecte Son Prophète et le Coran. (…) Heureux! heureux ceux des habitants de l’Égypte qui se joindront à nous sans retard. Ils prospéreront dans leur fortune et leur rang. Heureux encore ceux qui resteront dans leur maisons et seront neutres. Ceux-ci, quand ils nous connaîtront, s’empresseront de s’unir à nous de tout cœur. Mais malheur ! malheur à ceux qui s’armeront pour les mamelouks et combattront contre nous! Il n’y aura pas de porte de salut pour eux, ils périront et leurs traces disparaîtront».4 Bonaparte montra ainsi la voie, presque 211 ans plus tôt, au Président Obama et son discours au monde musulman au Caire le 4 juin 2009.

Le général Bonaparte sortit vainqueur dans plusieurs batailles contre les mamelouks, mais le peuple d’Égypte ne reçut tout de même pas les Français avec des fleurs. Le 21 octobre 1799, le Caire se révolta et Bonaparte n’hésita pas à bombarder la capitale et à écraser la rébellion en causant le mort de 2500 à 3000 Cairotes. D’autres villages furent brûlés et des savants d’al-Azhar furent exécutés. L’ordre fut enfin rétabli.5

Bonaparte et son général Kléber s’illustrèrent par d’autres «exploits». Dans la campagne de Syrie, le 7 mars 1799, leurs armées lancèrent un assaut contre Jaffa en Palestine. «La ville est enlevée, le massacre est épouvantableainsi que le pillage qui durera une journée entière. Des trois mille prisonniers, seuls les Egyptiens seront épargnés, les autres sont exterminés».6

Quelques mois plus tard, le 23 août 1799, Bonaparte quitta l’Égypte pour la France. Il transmit le commandement au général Kléber en lui laissant une situation administrative catastrophique.

Kléber opéra un changement. Il «adopte un style de conduite fondé sur la force et le prestige. Rejetant la simplicité, il opte pour une pompe ostentatoire destinée à impressionner les Égyptiens. Deux rangées d’hommes le précèdent et frappent en cadence le sol de leur bâtons, en criant en arabe « voici le général en chef ; musulmans, prosternez-vous « ».7

Kléber remporta des victoires contre les Turcs, écrasa dans le sang une deuxième révolte au Caire le 7 mars 1800, et sembla enfin contrôler la situation, mais Sulaïmân al-Halabi avait décidé autrement.

Sulaïmân Muhammad Amîn Ous Qopar fut un musulman kurde originaire de la ville d’Alep du nord de la Syrie (d’où son surnom al-Halabi, l’Alépin). Né en 1777, son père l’envoya en Égypte faire des études à la célèbre université d’al-Azhar au Caire.

Sulaïmân fut donc témoin de l’invasion française, de leur répression et de la première révolte du Caire. Il fut témoin de l’écrasement de la population, des martyrs Cairotes tombés et des savants d’al-Azhar exécutés. Il fut aussi au courant du massacre à Jaffa, de la deuxième révolte du Caire et de toutes les batailles des armées françaises pour dominer l’Égypte et la Syrie.

Après un retour à Alep début 1800, il fut chargé par des chefs mamelouks qui organisèrent la résistance de tuer le général Kléber. Il revint alors au Caire après un court séjour à Gaza, bastion de la résistance, où il acheta le poignard qu’il allait utiliser contre Kléber. Arrivé au Caire début mai, Sulaïmân s’installa à al-Azhar dans l’aile réservée aux gens d’«ash-Shâm» (la région englobant la Syrie, le Liban, la Palestine et la Jordanie) avec quelques étudiants d’al-Azhar dont quatre lecteurs du Coran de Gaza. Il les informa de son intention de tuer Kléber et se mit à surveiller les mouvements du Général.

Le 14 juin, Sulaïmân al-Halabi passa à l’acte. Il parvint à pénétrer dans les jardins du quartier général de l’armée française au Caire alors que Kléber s’y promena avec son architecte Protain. Il s’approcha de Kléber qui le prit pour un mendiant. Sulaïmân lui assena alors plusieurs coups de poignards, ainsi qu’à son architecte. Kléber mourût sur le coup alors que Protain s’en sortit. Sulaïmân s’enfuit et se cacha dans un jardin à proximité, mais les gardes le recherchèrent et le trouvèrent rapidement. Il fut torturé et passa aux aveux.

Un tribunal militaire tenu le 15 et 16 juin prononça un châtiment exemplaire. Sulaïmân fut condamné à être amputé de la main droite et puis à être empalé vif. Les quatre Azharites, collègues de Sulaïmân, furent condamnés à mort par décapitation.

Le lendemain, soit le 17 juin 1800, trois Azharites furent décapités devant Sulaïmân, le quatrième réussit à fuir. Ensuite le bourreau brûla la main droite de Sulaïmân jusqu’au coude et procéda à son empalement. Malgré l’horreur, Sulaïmân se comporta courageusement en récitant «al-Shahâdah» (la profession de foi musulmane) et des versets du Coran. Le supplice de Sulaïmân dura pendant quatre heures, où il resta vivant jusqu’à ce qu’un soldat français compatissant lui donna à boire, ce qui entraîna sa mort immédiate.8

L’esprit scientifique n’étant jamais absent, Larrey, le médecin militaire en chef récupéra la dépouille de Sulaïmân al-Halabi pour sa collection. Le crâne de Sulaïmân, comme indiqué plus haut, fut montré pendant des années aux étudiants de Médecine à Paris «pour leur faire voir la bosse du crime et du fanatisme avant de finir au Musée de l’Homme»1 en tant que «criminel», en attendant enfin qu’il ait la place qu’il mérite en tant que héro, résistant et martyr.

Notes :

1. Dans « L’Expédition de l’Égypte » de Henry Laurens.

2. Propos de Talleyrand, Ministre des Relations extérieures du Directoire, cité par H. Laurens dans « L’Expédition de l’Égypte».

3. Dans « L’orientalisme aux XVIIe et XVIIIe siècles » de H. Laurens, in « L’Orient : Concept et Images », XVe colloque de l’Institut de Recherches sur les civilisations de l’Occident moderne, sur www.books.google.fr.

4. La déclaration de Bonaparte sur http://fr.wikisource.org.

5. Dans « La révolte du Caire et dans le delta » de SPILLMANN Georges sur www.napoleon.org.

6. Dans « La campagne d’Égypte » de HOURTOULLE François-Guy sur www.napoleon.org.

7. Dans « L’Égypte française, du départ de Bonaparte à l’assassinat de Kléber (23 août 1799 – 14 juin 1800) » de BATTESTI Michèle sur www.napoleon.org.

8. Dans « L’Expédition de l’Égypte » de Henry Laurens.

IA, le 15 juin 2009

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FSM

Lettre de félicitations de l’AF-FSM au FSC

L’Antenne française de la Fédération syndicale mondiale salue la création du Front syndical de classe dont le but est de devenir «un lieu ‘central’ de regroupement pour les militants ou syndicats exclus de leurs organisations syndicales» dans le cadre de la lutte contre le capital national et européen. Le FSC se donne comme tâche de soutenir la réappropriation démocratique des organisations syndicales de classe et de fournir un lieu de repli aux militants et aux syndicats de solidarité de classe.

Votre initiative est une suite concrète à la Lettre ouverte de masse aux états-majors syndicaux – qui depuis le 1/6/2008 à ce jour, a recueilli plus de 4200 signatures – et dont la pleine acceptation est une condition préalable à l’adhésion au FSC.

Défendre les intérêts de la classe ouvrière dans le contexte extrêmement défavorable, qui est celui d’aujourd’hui, quand les choix d’orientation sont aussi déterminants que délicats à cause de la fragilité des structures internes naissantes, la force de l’adversaire et surtout les trahisons des directions syndicales et politiques que nous considérions jadis les nôtres. Nous vivons un contexte certes de «rupture» non seulement avec la politique du gouvernement actuel, mais surtout avec la continuité du capitalisme – de l’impérialisme – et de l’exploitation de l’homme par l’homme, que ce soit sous la forme sarkozyste et chiraquienne ou, pire encore, jospiniste ou mitterrandienne, qui désarmaient les travailleurs appelant à leur solidarité «socialiste» ou de gauche pour mieux les endormir et les désarmer.

Cela souligne l’idée que la classe ouvrière, les travailleurs, la population en général, ont plus à craindre de leurs faux amis que de leurs ennemis. Aux moins ces derniers, surtout quand ils n’ont rien à craindre de «l’opposition de gauche», montrent bien de quoi ils sont capables.

Donc une organisation telle que la vôtre, qui se définit bien dans la lutte de classes, doit, comme vous le faites, souligner l’observance de ses principes: celle de votre lettre ouverte et vos Statuts. Toutefois, bien entendu il est assez difficile quand il s’agit d’incompatibilités: de personnes adhérentes à des partis politiques qui ne se réfèrent pas, ou ne se réfèrent plus, à la classe ouvrière et qui syndicalement se veulent la soutenir; ou d’autres qui prétendront défendre et soutenir la lutte de classe et de masse tout en étant, sans vergogne, adhérents et soutenant d’organisations syndicales telles que la Confédération européenne des syndicats (CES), la Confédération syndicale internationale (CSI)…

Donc face à toutes les difficultés que vous allez rencontrer nous vous souhaitons un grand succès – il serait aussi le nôtre – que votre lutte aboutisse à ce que non seulement des militants, mais des syndicats tout entiers quittent les organisations affiliées à la CES et la CSI, pour venir agrandir les rangs de la Fédération syndicale mondiale.

Salutations fraternelles

Joseph LOP

secrétaire général

AF-FSM

8 juillet 2009

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Liban

Nasrallah: la présence
du général Aoun
et de son 
Mouvement patriotique libre
sont une vraie 
garantie
pour un Liban fort et équitable

Dans la ville de Nabatiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, a été célébrée lundi, la Journée de la résistance et de la libération. Des milliers de personnes s’étaient rassemblées à l’espace Raya – l’organisation était impressionnante – pour écouter le secrétaire général du Hezbollah Sayyed Hassan Nasrallah.

Des personnalités politiques, militaires, religieuses… ont aussi assisté à cette cérémonie massive qui arrive au milieu d’une campagne anti-Hezbollah grandissante, dont le dernier rapport de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel qui prétend que le parti de la résistance a été derrière l’assassinat de l’ancien Premier ministre, le martyr Rafik Hariri!

Sayyed Nasrallah félicita les mondes libanais, arabe et islamique à cette Journée de la résistance et de la libération qui «fête le triomphe du Liban sur ses ennemis. Ce jour qui nous a été offert par nos martyrs, nos blessés et nos familles indéfectibles.»

«Cette journée appelle à la fierté. Notre victoire a occasionné tellement de sérieuses conséquences pour l’entité sioniste et pour le conflit arabo-israélien, qui comprend aussi la cause palestinienne. C’est un des piliers de l’Intifada qui a donné lieu à des développements et des tournants. Frères et sœurs, aujourd’hui je voudrais évoquer les sujets de l’alliance entre le Hezbollah et le Mouvement patriotique libre, Beyrouth – et pour la dernière fois les incidents d’il y a un an à Beyrouth – de manière à les clarifier, le rapport de Der Spiegel et la nouvelle conspiration, Dahiyeh et sa population dans la résistance, ainsi que les élections».

«Je dois rappeler et souligner que depuis la fondation du Hezbollah en 1982, nous mobilisons la jeunesse pour une seule et juste cause, la cause de la résistance, de la libération des prisonniers libanais et la restauration des dignités. C’est pour cela que nous nous étions écartés de la politique intérieure et que nous ne sommes devenus une partie de l’équation interne libanaise qu’en 2000. Même alors, nous ne nous sommes pas engagés fortement en politique étant persuadés qu’Israël préparait une action militaire. Israël n’allait jamais accepter la défaite historique de 2000, et n’allait pas laisser le Liban et la résistance libanaise tranquilles. C’est pour cela que nous nous sommes servis de tout ce temps pour nous préparer comme il faut. Toutefois lors des incidents qui ont eu lieu en 2005, où tout le pays, le peuple et la résistance étaient ébranlés par l’assassinat du martyr Rafik Hariri et ce qui s’en suivit, nous avions ressenti que tout le pays, le peuple et la résistance étaient en danger. En conséquence, nous nous sommes engagés dans la politique intérieure, non pas pour le pouvoir mais pour la préservation de notre pays, de ses ressources, et avant tout de la résistance. Nous étions déterminés à établir de bonnes relations avec tout le monde, et de nous garder de tout conflit avec qui que ce soit.»

«En ce qui concerne Mont Liban, Beyrouth et Dahiyeh, je voudrais souligner que depuis la fondation du Hezbollah, nous avons de bonnes relations avec nos frères druzes, non seulement au Mont Liban, mais de partout au Liban, avec tous leurs dirigeants et leurs autorités religieuses. Nous n’avons jamais ressenti de problème entre Chiites et Druzes en général, ni entre le Hezbollah et les Druzes en particulier. Nos relations avec le Parti socialiste progressiste est resté serein même après que les Libanais se sont divisés en deux camps celui du 8 mars et celui du 14 mars. Je dois dire que le problème a commencé à la suite de certaines allocutions qui avaient attaqué la résistance et ses armes. Depuis lors nos relations se sont détériorées pour atteindre en mai 2008 leurs niveaux les plus dangereux. Le ministre Talal Arslan a joué un rôle déterminant pour contenir le problème et tout le monde a coopéré avec lui. Nous avons reconnu que le député Joumblatt avait une position claire pour calmer la situation et a joué un rôle positif lors de la conférence de Doha. Aujourd’hui je voudrais dire que nous tenons à maintenir le contact maintenant aussi bien qu’après les élections du 7 juin, quels que soient les résultats. Nous ne pouvons pas bâtir un pays sur des fondations de conflit et d’isolement. De la part du Hezbollah et du mouvement Amal, j’assure nos frères druzes que nous adhérons à la coexistence à Dahiyeh, Mont Liban, Rashayya, Bekaa, Hasbayya, Marjayoun, Beyrouth et tout autre région, comme un seul peuple, loin de toute inimitié. Nous sommes prêts à ouvrir le dialogue et je voudrais prévenir les Druzes contre ceux qui cherchent à projeter le Hezbollah et les Chiites comme vos ennemis. Je voudrais aussi prévenir les Chiites contre tous ceux qui cherchent à représenter les Druzes, particulièrement le Parti socialiste progressiste, comme leurs ennemis. Nous ne sommes pas des ennemis. Ce sont les Israéliens qui sont des ennemis et qui veulent nous dresser les uns contre les autres.»

«Concernant les relations avec le Mouvement patriotique libre, psychologiquement nous n’étions jamais loin l’un de l’autre, même en 2005, même aux moments les plus durs pour le MPL quand il était en conflit avec les autorités libanaises et les Syriens. Nous avions maintenu le contact bien que je ne puisse pas prétendre que nous avions des relations organisées, ni une entente, ni même un soupçon d’alliance. Peut-être que le premier bon impact était l’interview sur Al-Manar du général Michel Aoun, avant qu’il revienne au Liban. Mais même après son retour nous n’avions pas établi d’alliance. Ce qui était normal compte tenu que nous étions dans des camps opposés, nous participions à l’alliance du 8 mars, alors qu’Aoun faisait partie de l’alliance du 14 mars, qu’il avait fondée. Bien que nous ayons des différences politiques, il existait le respect mutuel et nous avons eu une expérience encourageante lors des élections municipales. Alors nous avions formé une alliance de quartet et avons continué avec le député Saad Hariri après l’assassinat de son père. Le premier problème que nous avons rencontré était avec le partenaire chrétien. Nous n’avions aucune objection à la participation d’Aoun, en fait, il constituait pour nous la meilleure option, mais pas pour les autres alliés du quartet. Ils ont alors refusé Aoun. Nous voulions réaliser cette alliance parce qu’un de ses objectifs majeurs était de calmer la situation et de prévenir les émeutes, particulièrement entre les Sunnites et les Chiites. Cet objectif a été atteint. Je voulais souligner que la dispute continuelle entre les membres de l’alliance du 14 mars, particulièrement à propos de l’alliance des chrétiens avec le général Aoun, existait bien avant toute entente ou alliance entre le Hezbollah et le MPL. Aujourd’hui ils ne trouvent plus à quoi s’en prendre. Notre entente a été adoptée à la table de dialogue et dans le serment du président Michel Suleiman. Notre expérience a révélé que le général Aoun a une vision claire et a son propre projet et programme. C’est un homme indépendant qui n’est pas influencé par les ambassades. Il est transparent, honnête, respectable et respectant les autres. Il est dévoué au Liban comme pays d’un seul peuple ainsi que loyal aux Chrétiens libanais, leur rôle, leur dignité et leur avenir. La simple existence de cet homme et de son Mouvement patriotique libre est une vraie garantie nationale pour le Liban et pour la construction d’un état fort, responsable, équitable et capable.»

«Concernant Beyrouth – la ville où l’on trouve toutes les diversités confessionnelles et religieuses – nous faisons partie des habitants de Beyrouth. Ni le Hezbollah ni moi avons besoin d’expliquer le degré de notre foi, de notre assiduité et de notre engagement à l’unité des Musulmans, particulièrement entre Chiites et Sunnites. C’est une question de foi. Ce n’est ni une question de tactique, ni de circonstance. Nous n’avons jamais eu de problèmes avec vous (les beyrouthins) et vous vous n’avez pas eu de problème avec nous depuis 1982; vous le savez bien. Le lendemain des divisions politiques, spécialement après la guerre de 2006 quand nous avions exigé l’unité du gouvernement et considéré que le gouvernement d’alors était incapable de protéger et de développer le pays. Suite aux répercussions majeures de la guerre de juin, une nouvelle partition a été établie et nous sommes devenus des blocs de loyauté et d’opposition. Je vous appelle comme témoins: Avez-vous jamais entendu ou lu une allocution ou un texte par moi ou par un de mes frères, qui soit de nature religieuse, sectaire ou instigatrice? Quand nous avons des disputes politiques, nous parlons de politique. Contrairement à d’autres nous n’avons jamais fait d’allocution sectaire. Nous n’avons jamais assailli les Sunnites, même après notre dispute avec le Mouvement du futur, alors que nous trouvons encore maintenant des journaux et des revues qui s’en prennent aux Chiites. Nous considérons que toute allocution sectaire équivaut à une trahison. De la manière que les choses se sont développées nous avons commencé à ressentir qu’il n’y avait rien d’autre à faire que de se retenir jusqu’aux élections. Rien d’autre n’aurait été productif. Néanmoins, il y avait un dessein en gestation et il ciblait la résistance. Les éléments de ce projet étaient complétés avant le 5 mai 2008. Des milices étaient formées et déguisées pour passer comme des entreprises de sécurité. Les combattants avaient été envoyés pour être entrainés dans divers pays arabes. Beyrouth avait-il besoin d’une telle intervention belliqueuse? Si vous dites que votre projet vise à construire un état, que font-ils ces gens-là? Si vous mettez en place un état, une armée et des institutions, pour quelle raison auriez-vous besoin de ces forces? J’espère que les Beyrouthins poseront ces questions à la direction du Mouvement futur et au bloc du 14 mars. Personne ne nie que des milliers de combattants avaient été introduits à Beyrouth. Rien ne se passait à Beyrouth à ce moment, juste l’occupation d’un parking. C’est quoi qui menaçait Beyrouth pour nécessiter l’introduction de milliers de combattants? Vous avez réagi à mon intervention pendant dix jours, mais à aucun moment vous avez nié avoir fait entrer à Beyrouth des milliers de combattants. Pourquoi? Lors de la réunion du cabinet du Premier ministre Fouad Siniora de l’époque, le réseau de communications du Hezbollah avait été discuté sans qu’il soit à l’ordre du jour. Pourquoi? Pourquoi cet empressement? Il est utile de mentionner que juste avant la décision gouvernementale, nous avions rencontré une délégation composée d’officiers supérieurs: le Chef de la sécurité intérieure le général Ashraf Rifi, le major-général Georges Khouri et un troisième officier dont j’oublie le nom. Nous avions discuté du réseau et nous sommes arrivés à un accord sur toutes les questions en suspens. Qui était responsable d’avoir soulevé à nouveau la question à la réunion du cabinet des ministres du 5 mai sans que ce soit à l’ordre du jour? Qui a le plus d’intérêt au démantèlement du réseau de télécommunications du Hezbollah et qui considère toute personne impliquée comme un hors la loi qui doit être jugé et puni? Pour votre information, ce réseau opère depuis avant l’année 2000; tous les gouvernements précédents étaient au courant. Il n’est pas nouveau et n’a certainement pas été mis en place après 2005. La discussion sur ces questions a pris de longues heures, et conduit à des disputes parmi les ministres, certains d’entre eux insistaient qu’il fallait prendre la décision, et menaçait de démissionner si elle n’était pas prise. Tous les ministres à la réunion n’étaient pas impliqués. Certains étaient sages et conseillaient d’autres qu’une telle décision conduirait à la guerre et à la sédition, mais ils n’ont pas voulu écouter. Vous avez pris la décision et l’aviez communiquée à l’aube, et certainement vous misiez dessus. J’appelle les Beyrouthins à demander au Mouvement libre et à Siniora: Pourquoi aviez-vous pris une telle décision tout en étant conscients de ces conséquences. Personne n’a encore répondu à cette question. Dans une de mes interventions, tout ce qu’ils ont pu trouver était mon expression: ‘une journée glorieuse’. Je le dis une fois de plus qu’il y avait un dessein de guerre à Beyrouth et les combattants étaient déployés à cette fin. Beyrouth devait être transformée en zone de guerre. J’ai des détails à propos de ce plan. Il faut conclure, qu’ils ont pris leur décision le 5 mai. De notre côté nous avions appelé le peuple à se mutiner, mais pas à se battre. Nous ne sommes pas partis en guerre mais nous avions décidé que si on nous tirait dessus nous n’allions pas rester silencieux, parce que cela aurait été l’introduction d’un acte belliqueux pré-planifié; nous devions par conséquent agir de manière rapide et décisive. J’ai déjà dit que les événements du 7 mai ont empêché la sédition et la guerre entre les Sunnites et les Chiites, et elle se serait étendue au-delà de Beyrouth. Aussi j’accepte que le 7 mai a été une journée triste. Toutefois, la résistance qui avait apporté au Liban la liberté, la fierté et la gloire, était en danger, était laissée à défendre son existence, son honneur et ses armes. Quand nous nous étions battus au Liban du sud, ce n’était pas dans un cadre religieux ou sectaire. Chacun des villages et villes du Sud avait son importance et nous voulions que tous les Libanais soient libres. Nous avons offert notre sang pour le Liban et par conséquent je dis aux Sunnites, aux Chiites, aux Druzes et aux Chrétiens du Liban: Votre sang est notre sang, votre chair est notre chair, votre destin est notre destin. Ça ne peut être autrement.»

«Sur le rapport du Der Spiegel. Pour commencer, le complot contre le Liban est toujours latent. J’avais rappelé, lors de la séance d’ouverture de la Conférence de la résistance, qu’il fallait être conscients que la dernière flèche dans le carquois du projet conjoint des États-Unis et des Sionistes, contre les mouvements de résistance serait de provoquer une situation de conflit entre Arabes et Iraniens et entre Sunnites et Chiites. Ils n’ont plus rien d’autre. C’est leur dernière carte. Après la guerre de juin 2006 et les événements qui l’ont précédée, leur dernier plan de bataille contre le Hezbollah était de l’accuser faussement d’avoir assassiné le martyr Rafik Hariri. Ce plan reste toujours en vigueur. Nous avons une explication pour le rapport du Der Spiegel, mais avant je dois souligner de manière claire et transparente son extrême dangerosité. Ce n’est pas l’article dans De Spiegel, qui a de l’importance. Le Hezbollah l’a déjà déclaré, ce n’est pas la première fois que des journaux fabriquent de tels rapports. Il y a quelques mois, le journal Assiyasiyya du Koweït – connu pour sa ressemblance avec le quotidien Sawt al-Adala du Liban qui avait envoyé des articles et des rapports concernant des lignes téléphoniques et fourni des douzaines de témoins. À ce moment, nous nous sommes retenus de faire des déclarations compte tenu que Assiyasiyya était largement connu pour ses mensonges et sa fabrication d’articles d’actualité. D’autres journaux du golfe et d’Égypte ont aussi soulevé la question suite à mon intervention à propos de Gaza. Nous n’avions fait aucun commentaire. Mais l’article de Der Spiegel est différent à cause de l’atmosphère, le moment choisi et particulièrement son exploitation par les Israéliens. C’est cela qui nous a poussés à nous lever et à faire un communiqué, et à traiter cette question ici ce soir. C’est une question extrêmement dangereuse. Quand l’article de Der Spiegel est paru, la chaîne El Arabiya en a fait son titre principal à la «une» et consacré des heures entières de diffusion par satellite sur le sujet. La chaîne a cherché quelques déclarations qui lui conviendraient, mais à sa surprise n’a trouvé comme écho que des Israéliens. Lieberman est sorti pour se montrer comme quelqu’un qui observe la loi et dit que «se basant sur le rapport du Der Spiegel, un mandat d’arrêt international doit être établi contre le secrétaire général du Hezbollah. Si l’état libanais ne le livre pas, alors il faut que l’on se serve de la force.

Encore plus dangereux que le commentaire de Liebermann était celui d’Ehud Barak. Il a dit littéralement que la ‘décision de la cour internationale (non pas l’article du Der Spiegel) considère le Hezbollah responsable de l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais, ce qui montre une fois de plus la nature et le rôle du Hezbollah’. Si Ehud Barak avait confondu l’article de Der Spiegel et la Cour internationale nous le prendrions comme une gaffe. Toutefois, si c’est plus que cela alors ses commentaires sont extrêmement dangereux. Le rapport du Dr Spiegel a fait les gros titres des journaux israéliens. Ils ont accusé, inculpé et prononcé des verdicts. Ils exigent maintenant la punition d’un côté et menacent qu’Israël – le gardien des droits – punira indépendamment le Hezbollah et son secrétaire général.

Par rapport à la conjoncture, les élections approchent et les Israéliens ainsi que les étatsuniens, expriment une profonde inquiétude que les élections soient gagnées par l’opposition.

Aussi, les efforts pour démanteler davantage de réseaux d’espionnage israéliens, dont certains ont des missions exécutoires, se poursuivent à cadence accélérée. Par conséquent les Israéliens cherchent à se préserver.

De plus, Israël a maintenant un nouveau gouvernement, qui sera obligé d’accepter la solution des deux états et du droit de retour, par conséquent ils veulent dévier l’attention. Ils voudraient faire que le conflit au Liban soit le centre d’attention prioritaire et non pas la Palestine.

De l’autre côté il y a un danger stratégique. Quand Hariri a été assassiné, plusieurs parties ont voulu pointer du doigt les Chiites. C’est ce que disent Der Spiegel, Lieberman et Barak.

Ceux qui ont fabriqué cela veulent provoquer la sédition et le conflit entre Sunnites et Chiites, surtout le Hezbollah. Cela a vite été compris par les experts politiques au Liban qui parlaient d’une tentative de raviver les émeutes. Ici j’en profite pour louer le courage et la position du député Joumblatt. Je suis d’accord avec son commentaire et répète après lui: Le rapport du Der Spiegel est encore plus dangereux que le bus de Ain el-Moummaneh (qui a déclenché la guerre civile en 1975). C’est pour cela qu’il faut agir de manière responsable.

Pour nous, ce que le Der Spiegel et les dirigeants israéliens ont dit, que le Hezbollah a assassiné Hariri, n’est rien de plus qu’une accusation israélienne, et nous la traiterons comme telle, rien de plus.»

«En ce qui concerne Dahiyeh, depuis le tout début cette région s’est opposée à l’occupation et humilié Israël aux portes de la Chaldée. Elle a résisté jusqu’à ce que l’occupation soit repoussée de Beyrouth et du Mont Liban. Dahiyeh a fourni du soutien, de l’argent et versé du sang. Elle a été punie parce qu’elle a choisi la voie de la résistance. Sa plus grande épreuve a été, lors de la guerre de 2006, quand elle a été détruite pour briser sa volonté, mais elle a gagné plus de puissance et plus de détermination. Oui ils voulaient que Dahiyeh devienne une zone de misère mais elle est devenue une zone de dignité. Ils voulaient que Dahiyeh soit une étendue misérable, mais elle a émergé comme une source d’espoir et de fierté. Ils voulaient que Dahiyeh vive sur les marges de notre nation, ils voulaient qu’elle devienne une terre oubliée, mais elle a dessiné l’avenir. Que la paix de Dieu soit avec vous, le peuple de Dahiyeh qui avait crié le mot d’ordre de l’imam Hussein: Déshonneur, loin de nous. Vous étiez patients pendant la bataille et le résultat était la victoire en 2000 et en 2006. Nous vous attendons le 7 juin; le jour où vous voterez et que vos cœurs et vos pensées seront au même endroit. Il y a encore des responsabilités devant nous. Israël conduira des manœuvres entre le 31 mai et le 4 juin. J’ai entendu que le président Sleiman réunirait mardi le Conseil supérieur de la défense pour évaluer les manœuvres. Voilà comment un état devient vraiment un état et commence à gagner la loyauté de son peuple. Autant que j’appelle à la prudence, nous voulons que vous soyez assurés que nous sommes en alerte maximale. Je dis à Barak et à son gouvernement que nous serons en alerte maximale quand vous commencerez vos manœuvres, côte à côte avec l’armée libanaise. Je vous promets que si quelqu’un pensait à engager une action contre le Liban, notre réponse sera sans précédent. Si quelqu’un songeait à mettre pied sur notre terre avec cinq ou six bataillons, je jure au nom d’Abbas Moussaoui, Ragheb Harb, Imad Mogniyeh, Sayyed Moussa Sadr et tous les fondateurs et les dirigeants de la résistance, que la résistance détruira vos bataillons et votre armée au Liban du sud. Nous serons prêts, mais personne ne nous remarquera. Je profite de cette opportunité pour informer les forces de sécurité libanaises que les cellules d’espionnage israéliennes seront pleinement mobilisées pour espionner sur la résistance au cours de ces manœuvres.»

«Jusqu’à ce que nous nous rencontrions le 7 juin, quand nous verrons vos drapeaux tenus haut avec les signes de la victoire sur vos visages, je vous souhaite une heureuse Journée de la résistance et de la libération; la libération qui se complétera quand les fermes de Shaba et les collines de Kafarshouba nous seront revenues et quand la Palestine reviendra aux Palestiniens et al Quds (Jérusalem) à ses propriétaires de droit.»

Que la paix soit avec vous.

[Traduction Alexandre MOUMBARIS]

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Liban

Parti Communiste libanais

Les élections législatives libanaises du 7 juin 2009

La loi de 1960 et les résultats prévus

Le lundi 8 juin, à midi, le ministre libanais de l’intérieur a publié les résultats officiels des élections législatives, annonçant la victoire de la majorité sortante, alliée des états-Unis et connue sous le nom de «Forces du 14 mars», sur l’opposition, alliée de la Syrie et de l’Iran et connue sous le nom de «Forces du 8 mars»1. La différence étant de 14 sièges: 71 à 57.

Cette annonce a mis fin à une période d’escalade confessionnelle qui durait depuis plus de dix mois et dont la conséquence fut l’exacerbation des divisions qui suivirent l’agression israélienne de juillet 2006 et se répercutèrent dans des affrontements populaires et armés généralisés; le point culminant fut, sans aucun doute, la bataille du 7 mai 2008 qui donna lieu à l’Accord de Doha et, par suite, à la loi selon laquelle se déroulèrent les élections du 7 juin 2009.

L’Accord de Doha et la loi de 1960

Cet accord, signé le 16 mai 2008, est formé de trois points essentiels:

1-L’élection d’un président de consensus, mettant fin ainsi à plus de huit mois de vide constitutionnel.

2-La formation d’un gouvernement dit «d’unité nationale» dans lequel le groupe du 8 mars serait représenté par le tiers, ce qui constituerait une garantie pour ce groupe et lui donnerait le droit de veto au cas où la majorité tenterait de faire passer des projets sur lesquels il ne serait pas d’accord.

3-Le retour à la loi de 1960, basée sur le vote majoritaire et divisant le pays en 28 petites circonscriptions ayant, chacune, une couleur confessionnelle dominante. Un seul changement: un nouveau découpage des circonscriptions de la capitale, afin de permettre au mouvement de Saad Hariri de faire main basse sur tous les sièges sunnites.

Et, si les leaders présents à Doha avaient, dans leur majorité écrasante, dénigré, dès leur retour au pays, la loi de 1960, cependant ils ne firent rien pour s’en séparer; bien au contraire: tous entérinèrent sans rechigner les clauses de l’accord, y compris celle se rapportant à la formation d’une liste commune entre le «Mouvement du futur» (14 mars), le Hezbollah et le «Mouvement AMAL» (8 mars) dans la seconde circonscription de Beyrouth. Ajoutons que, vu les couleurs confessionnelles des circonscriptions, il était aisé de savoir, bien avant les élections, les résultats de quelques 100 sièges sur les 128 qui forment le parlement; ce qui signifie que le peuple libanais n’a pas voté et que la majorité écrasante des députés étaient nommés et non élus.

Cette situation fait qu’il était quasi impossible de bien veiller sur la démocratie des élections, puisque la loi elle-même fausse les suffrages. à cela il faudra ajouter l’argent, l’abus de pouvoir et, cette fois, les quelques cent mille émigrés libanais (dont certains ne savent pas un mot d’arabe) appelés à la rescousse (à l’aide de billets payés à l’avance) dans les circonscriptions où les forces étaient égales.

Tous les moyens sont bons

En plus de toutes les formes d’ingérences, nous devrions noter les appuis internationaux aux deux camps, à celui du «14 mars» notamment.

Citons à titre d’exemples:

1- Les Etats-Unis ne se sont pas contentés de l’activité de leur ambassadrice et de son prédécesseur, Jeffry Feltman, devenu, depuis, le responsable du Moyen Orient; ils ont, au contraire, supervisé la participation de l’émigration libanaise aux élections; et, surtout, ils ont triplé la mise, à commencer par la visite de la ministre des Affaires étrangères Hillary Clinton suivie par celle du vice président Biden, qui a réuni toute l’équipe du «14 mars», et, enfin, celle du président lui-même qui a tenu à parler de la minorité maronite du Liban dans le discours prononcé à l’université du Caire.

2- Israël a utilisé toutes les armes politiques et militaires qu’il détient. Ainsi, durant plus d’un mois, ses éditorialistes et autres personnalités médiatiques ont «alerté» l’opinion libanaise sur les dangers que pourrait revêtir la victoire du Hezbollah. Il est allé même jusqu’au recours à des manœuvres dont le but réel était de dire que Tel-Aviv se sentait prêt à intervenir directement dans la bataille.

3- Presque tous les gouvernements européens avaient exprimé leur anxiété quant à l’évolution de la situation au Liban, à tel point qu’ils avaient oublié les élections européennes qui avaient lieu le 7 juin… De même, tous ont exprimé leur soulagement à la suite de la «victoire» des amis des états-Unis et de l’Arabie saoudite.

4- L’envoi par les gouvernements du Golfe, arabes et autres, de délégations dont le rôle consistait à convaincre, par différents moyens, tel ou tel responsable (ou parti) politique de changer de cap (comme cela s’est passé avec la Jamaa islamiya à Saїda.

5- Les visites ininterrompues de certains responsables du «Groupe du 8 mars» à Damas, dans le but de discuter des listes.

6- L’appel du patriarche maronite à voter pour des forces politiques spécifiques.

7- La non application des clauses de la loi sur l’information et la publicité électorales. Ce qui fait que les têtes de listes, propriétaires des chaînes télévisées, ont déployé toutes leurs armes confessionnelles devant les Libanais, tandis que les candidats indépendants étaient presque inexistants.

8- Les différences, par milliers de voix, existant entre les listes de votants envoyées, quelques mois plus tôt, aux municipalités et celles remises aux bureaux de vote le jour des élections.

9- Le rôle que certains ont voulu faire endosser au président de la République dans les listes pro «14 mars» à Jbeil et dans le Kesrouan; et, ce, en prévision de la formation de ce qu’on a commencé à appeler «le groupe du centre».

Le Parti Communiste libanais

Il est vrai que le Parti Communiste libanais fut le premier à refuser la loi de 1960; d’abord, à partir de sa position de principe en ce qui concerne la nécessité de créer au Liban une société civile non confessionnelle; ensuite, parce qu’il croit que le point de départ de tout changement démocratique réel se trouve dans une loi électorale basée sur la proportionnelle qui constitue la base de la meilleure représentativité.

Il est vrai aussi que le PCL a affirmé à plusieurs reprises qu’il mènerait une bataille politique contre la loi de 1960, à partir de cinq principes qui sont: la proportionnelle, la suppression du confessionnalisme, le Liban une seule circonscription, le quota féminin temporaire et le vote à 18 ans.

Il est vrai, enfin, que le PCL a précisé qu’il pourrait faire des recoupements avec certaines forces politiques sur la base d’un programme minimum politique (la loi électorale) et socio économique (la suppression des taxes nouvelles et des mesures antisociales votées lors de la troisième conférence de Paris).

Cependant, et vu que ses appels n’ont pas trouvé de réponses concrètes, ses candidats sont restés seuls dans les cinq circonscriptions où ils se sont présentés. Et, là, nous devrions dire que le PCL a commis une erreur tactique; il aurait dû se retirer de la bataille électorale tout en poursuivant la bataille politique contre la loi. Parce qu’en plus de la défaite, le parti n’a pas pu regrouper tout son électorat dont une partie a préféré «le vote utile».

Les résultats et les prévisions

Certains pensent que les résultats des élections législatives furent bien contrôlés par les Grands électeurs internationaux et régionaux qui ne sont pas pressés de rompre le statu quo né de l’Accord de Doha. Cependant, ces élections, ainsi que la campagne électorale qui les a précédées, ont exacerbé encore plus la division verticale de la société libanaise. Le discours confessionnel et les ingérences extérieures ont accentué les problèmes déjà existants, de telle manière qu’il n’est pas faux de dire que le pays peut reprendre la route de la violence, à un moment où des dizaines de cellules d’espionnage pro israéliennes continuent à être démantelées. Ajouter à cela les répercussions de la crise capitaliste mondiale sur un pays très endetté et dont les secteurs économiques productifs battent de l’aile, sans que l’alliance de classe au pouvoir ait tenté de trouver des solutions valables, se contentant de suivre les directives du Fonds monétaire international en ce qui concerne la suppression du secteur public et des services de base. D’ailleurs, les deux groupes de la bourgeoisie, celui du «8 mars» comme celui du «14 mars», ont proclamé à plusieurs reprises leur attachement aux privatisations à outrance et aux clauses des trois conférences de Paris: Le président de la Chambre, Nabih Berri, l’a bien spécifié lors d’une interview trois jours seulement avant les élections. Il a aussi proclamé qu’il était candidat au poste qu’il venait de quitter.

Certains ont vu dans ses déclarations socioéconomiques et politiques des signes précurseurs d’un accord possible qui le grouperait, en plus de Saad Hariri et Walid Joumblatt, dans une nouvelle formation politique, le Centre droit, dont l’image de marque serait «la modération» à l’exemple de celle préconisée puis réalisée par l’ex-ministre des Affaires étrangères étasunienne, Condoleeza Rice entre l’égypte, l’Arabie saoudite, les émirats arabes unis et la Jordanie.

Voilà pourquoi la bourgeoisie libanaise (surtout celle des finances et des affaires) et une partie des représentants du féodalisme politique pensent qu’une telle formation redonnerait du tonus au régime libanais branlant et prêt de s’effondrer. Voilà pourquoi, profitant du retour, précaire, à la normale dans les relations entre Riad et Damas, mais aussi le flirt entre Washington et Damas, et craignant de ne pas pouvoir sauver leur régime à temps, ils croient que cette solution, en plus d’un peu de lest «démocratique» jeté aux jeunes (le vote à 18 ans), leur épargnerait les changements brusques qu’ils avaient cru avoir enterré pour toujours quand ils avaient liquidé le mouvement syndical, dans la première moitié des années quatre-vingt-dix… Surtout que le mouvement de la gauche libanaise et les démocrates, en général, n’ont pas pu encore émerger de la crise existentielle qui les avait secoués à la fin de la guerre civile: ils restent prisonniers des slogans réformistes assez éloignés des appels au changement qu’ils avaient lancés dans les années soixante-dix du siècle dernier.

Marie Nassif-Debs

Responsable des relations

internationales du PCL

Beyrouth, le 9 juin 2009

[www.lcparty.org]

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Israël

Étude de la CIA: Israël sera renversé d’ici 20 ans

Le 13 mars 2009 «Press TV» – Une étude conduite par la Central Intelligence Agency (CIA) a jeté le doute sur la survie d’Israël au-delà des vingt ans à venir.

Cette étude prévoit que «dans un mouvement inexorable la solution à deux états vire vers la solution à un seul état; ce dernier étant le modèle le plus viable en raison des principes démocratiques d’égalité totale, rejetant le spectre de l’Apartheid colonial tout en permettant le retour des réfugiés de 1947/48 et de 1967. Ce qui est bien la condition pour une paix durable dans la région.»

Cette étude, qui n’a été communiquée qu’à un certain nombre restreint de personnes, prévoit non seulement le retour des réfugiés palestiniens dans les territoires occupés, mais aussi que, dans les quinze ans à venir deux millions d’Israéliens émigreront vers les États-Unis.

«Il y a plus de 500.000 Israéliens ayant des passeports étasuniens et 300.000 qui vivent juste dans la région de Californie» a signalé l’avocat international Franklin Lamb dans une interview donnée à Press TV ce vendredi, ajoutant que ceux qui n’ont pas de passeports étasuniens ou occidentaux, en ont déjà fait la demande.

«Donc je crois qu’au moins dans le public en Israël ‘l’écrit est sur le mur’… ce qui suggère que l’histoire rejettera tôt ou tard la tentative coloniale» a souligné Lamb.

Il a ajouté que la CIA, dans son rapport fait allusion à la rapidité inattendue de la chute du gouvernement apartheid en Afrique du Sud et rappelle la désintégration de l’Union soviétique au début des années 90, suggérant que la fin du rêve d’une «terre israélienne» arriverait «bien plus tôt» que plus tard.

L’étude prévoit le retour de plus d’un million et demi d’Israéliens en Russie et d’autres parties de l’Europe, ainsi que le déclin des naissances israéliennes, alors que celles de la population palestinienne sont en hausse.

Lamb a continué disant qu’étant donné la conduite des Israéliens à l’égard des Palestiniens, en particulier dans la bande de Gaza, le public étasunien – qui ces dernières 25 années exprimait ses protestations contre les mesures de Tel-Aviv – pourrait bien en avoir assez.

Quelques membres de l’Intelligence Committee du Senat étasunien ont été informés de ce rapport.

[Traduction Alexandre MOUMBARIS]

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Israël

Le sondage du vendredi en Israël montre un solide soutien pour l’évacuation des colonies de peuplement

Tous les vendredis les journaux israéliens publient un sondage national, un cliché du moment de l’humeur de l’opinion publique. Les résultats de cette semaine sont sans équivoque, ils montrent que l’opinion publique israélienne il y a une majorité qui voudrait qu’un terme soit mis à la pitrerie des colonies de peuplement. Cela fournirait à Bibi Netanyahu la couverture politique dont il a besoin pour adapter sa politique. Cependant, comme le soulignent des commentateurs dans les journaux, la question du moment est de savoir s’il n’est pas piégé par son histoire personnelle. Un des commentateurs de l’opinion est que s’il ne répond pas au programme d’Obama, la coalition de son gouvernement éclaterait et qu’il serait très rapidement renversé. Un bon politicien israélien – avec l’appui des amis d’Israël – pourrait saisir l’humeur de l’opinion publique actuelle et avancer. Voici les résultats du sondage:

Oui nous pouvons nous rendre

Yedioth Ahronoth page 4, par Sima Kadmon/Institut de sondage Dahaf

Question: Netanyahu devrait-il acquiescer aux exigences d’Obama ou les rejeter, même si cela devrait entrainer des sanctions contre Israël?

Acquiescer: 56%

Ne pas acquiescer 40%

Q: Israël devrait-il accepter un accord de paix qui comprendrait l’établissement d’un état palestinien?

Accepter: 55%

Ne pas accepter 41%

Q: La politique d’Obama st-elle bonne pour Israël?

Pas bonne 53%

Bonne 26%

Q: Comment qualifierez-vous la performance de Netanyahu depuis son élection comme Premier ministre?

Bonne 47%

Pas bonne 45%

Q: êtes-vous satisfaits de la conduite de Netanyahu par rapport à la crise avec les États-Unis?

Satisfaits: 34%

Pas satisfaits: 47%

Q: Netanyahu accepterait-il éventuellement l’établissement d’un état Palestinien

Il acceptera: 44%

Il n’acceptera pas: 50%

Q: Obama, qui traite-t-il avec le plus de considération, la sécurité d’Israël ou le désir des Palestiniens d’avoir un état?

Le désir des Palestiniens: 51%

Les besoins d’Israël: 22%

Q: Qui est responsable de la crise avec les États-Unis?

Obama 28%

Netanyahu 16%

Tous les deux 50%

Êtes-vous déçus de la politique d’Obama envers Israël?

Déçus: 51%

Pas déçu 41%

Q: Israël devrait-il geler la construction des nouvelles colonies de peuplement?

Oui: 52%

Non 43%

Q: Les implantations illégales devraient-elles être évacuées?

Oui: 70%

Non: 25%

Q: Devrait-on prendre en considération le taux de natalité et permettre la construction à suivre le développement naturel?

Oui: 54%

Non 42%

Q: Si le gouvernement décide d’arrêter la construction des colonies de peuplement, le parti Yisrael Beiteinu devrait-il quitter le gouvernement?

Parmi le public en général:

Oui: 36%

Non: 41%

Parmi les électeurs de ce parti,

Oui: 23%

Non: 60%

Q: S’il décidait de geler toutes les construction de colonies, le parti Kadima devrait-il rentrer dans le gouvernement?

Parmi le public en général:

Oui: 41%

Non: 43%

Parmi les électeurs de ce parti,

Oui: 52%

Non: 41%

Q: S’il est décidé d’évacuer toutes les colonies de peuplement, joindriez-vous ceux qui résisteraient?

Oui: 12%

Non: 85%

Ce sondage a interrogé 501 personnes. La marge d’erreur est de 4,4%. Aux questions ou la somme ne fait pas 100%, le pourcentage manquant est dû a ceux qui ont choisi de ne pas répondre.

par Jo Ann Mort

[Traduction Alexandre MOUMBARIS]

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Israël

Voici pourquoi Israël ne survivra pas

par Ali Abunimah *

Le bombardement impitoyable de Gaza a pris fin – pour l’instant – mais le tribut des morts ne cesse d’augmenter tandis que l’on retire encore et encore de nouveaux corps des décombres de pâtés d’immeubles bombardés.

Le crime qu’Israël a perpétré à Gaza, à partir du 27 décembre 2008 à 11h30 restera gravé à jamais dans l’Histoire et dans les mémoires. Tel al-Hawa, Hayy al-Zeitoun, Khuzaa et d’autres lieux où Israël a massacré iront rejoindre une interminable liste macabre où figurent Deir Yassine, Qibya, Kufr Qasim, Sabra et Chatila, Qana et Djénine.

Une fois de plus, Israël a démontré qu’il détient le pouvoir et le manque de restriction mentale nécessaires pour commettre des atrocités à l’encontre d’une population de réfugiés dans l’indigence, après les avoir emprisonnés et affamés.

La déshumanisation/démonisation des Palestiniens, des Arabes et des Musulmans a connu une telle escalade qu’Israël peut en toute bonne conscience bombarder leurs maisons, leurs lieux de culte, leurs écoles, leurs universités, leurs usines, leurs bateaux de pêche, leurs commissariats de police – bref : tout ce qui permet une vie civilisée et normale – tout en clamant qu’il est en train de mener une guerre contre le terrorisme.

Pourtant, paradoxalement, c’est Israël, en tant qu’État sioniste, et non pas la Palestine ou le peuple palestinien, qui ne saurait survivre à cette tentative de génocide.

La «guerre» d’Israël n’avait rien à voir avec les roquettes – celles-ci ont joué, dans son discours, un rôle identique à celui que les armes de destruction inexistantes avait joué, en tant que prétexte à l’invasion et à l’occupation de l’Irak, sous la houlette américaine.

Les véritables objectifs d’Israël étaient de restaurer sa «capacité de dissuasion» mortellement atteinte après sa défaite au Liban en 2006 (comprendre: sa capacité de massacrer et de terroriser des populations entières jusqu’à résipiscence) et de détruire toute résistance palestinienne afin d’étendre un contrôle absolu israélo-juif sur toute la Palestine historique, du Jourdain jusqu’à la Méditerranée.

Le Hamas et d’autres fractions de la résistance palestinienne totalement éliminés ou mortellement affaiblis, Israël espérait que plus rien ne s’opposerait à la signature d’un accord de «paix» avec le collaborateur palestinien en chef Mahmoud Abbas, afin que celui-ci gère les Palestiniens au profit d’Israël, jusqu’à ce qu’ils soient contraints à partir, une bonne fois pour toutes.

Les dictatures «modérées» et les monarchies absolues soutenues par les États-Unis, emmenées par l’Égypte et l’Arabie saoudite, ont soutenu le plan israélien, espérant démontrer à leurs propres peuples respectifs que toute résistance – que ce soit contre Israël ou contre leurs propres régimes faillis – serait inutile.

Pour gagner, il aurait fallu qu’Israël parvienne à briser la résistance palestinienne. Elle a échoué. Et même, contrairement à son objectif, il a galvanisé et unifié les Palestiniens comme ils ne l’avaient encore jamais été. Toutes les factions palestiniennes se sont unies, et elles ont combattu héroïquement vingt-trois jours durant. D’après des sources bien informées et crédibles, Israël n’a infligé que des pertes légères à la capacité militaire – certes modeste, mais déterminée – de la résistance. Aussi, histoire de passer sa rage, Israël a fait ce en quoi il excelle: il a massacré des civils, dans l’espoir que la population se retournerait contre ceux qui combattaient l’occupant.

Non seulement Israël a unifié les factions de la résistance palestinienne à Gaza, mais sa brutalité a galvanisé tous les Palestiniens et tous les Arabes.

On affirme souvent que les régimes arabes feraient monter en mayonnaise la colère contre Israël histoire de distraire leurs propres peuples de leurs propres échecs. En réalité, Israël, les États-Unis et les régimes arabes liges ont absolument tout tenté – en particulier de diaboliser l’Iran et de susciter des tensions sectaires entre Musulmans sunnites et Musulmans chiites – afin de détourner de la Palestine l’attention de leurs peuples.

Toutes ces manœuvres ont échoué, des millions de personnes, dans toute la région, ayant manifesté leur soutien à la résistance palestinienne, et les régimes arabes qui espéraient tirer bénéfice de la boucherie à Gaza ont été démasqués, et leur partenariat dans les atrocités israéliennes a été dénoncé. Dans l’estime populaire, le Hamas et les autres factions de la résistance palestinienne ont conquis leur place aux côtés du Hezbollah en tant que béliers effectifs contre le colonialisme israélien et occidental.

S’il y eut jamais un seul moment où les peuples de la région eussent accepté Israël en tant qu’État sioniste au milieu d’eux, cela est terminé, à jamais.

Mais quiconque étudie la catastrophe à Gaza – les destructions massives, le bilan des morts, équivalent à cent Palestiniens tués pour chaque Israélien tué, plus les milliers de blessures sadiques – conclura sans doute que les Palestiniens n’auraient jamais pu vaincre Israël et que la résistance est, dans le meilleur des cas, une illusion.

Certes, en termes de capacité à assassiner et à détruire, Israël est sans rival. Mais le problème d’Israël n’est pas, contrairement à l’antienne de son bourrage de crâne, ce «terrorisme», qu’il devrait vaincre grâce à l’utilisation de suffisamment d’explosifs surpuissants. Non, son problème, c’est la légitimité, ou, plus exactement, un manque profond et irréversible de légitimité. Israël ne peut tout simplement pas se frayer un chemin vers la légitimité à coup de bombes.

Israël a été fondé, en tant qu’ «État juif» au travers de l’épuration ethnique de la population arabe non-juive, majoritaire, de la Palestine. Il n’a pu être maintenu en état de survie artificielle que par le soutien occidental et son recours constant à la violence pour interdire à la population indigène survivante d’exercer ses droits politiques à l’intérieur du pays, ou d’y revenir d’un exil forcé.

En dépit de cela, aujourd’hui, la moitié des personnes vivant sous le pouvoir israélien en Palestine historique (Israël + la Cisjordanie + la bande de Gaza) sont des Palestiniens, et non des Juifs. Et leur nombre ne cesse d’augmenter, rapidement. Comme les nationalistes irlandais en Irlande du Nord, ou les non-Blancs en Afrique du Sud, les Palestiniens ne reconnaîtront jamais je ne sais trop quel «droit» d’une société colonialiste de peuplement à entretenir un État démocratique à leurs propres dépens, au moyen de la violence, de la répression et du racisme.

Durant des années, le soi-disant «processus de paix» a visé à normaliser Israël en tant qu’ «État juif» et à arracher aux Palestiniens leurs propres bénédictions pour leurs propres dépossession et asservissement. Cela ayant échoué, Israël a essayé le «désengagement» de Gaza – il s’agissait essentiellement d’une ruse pour convaincre le reste du monde que le million et demi de Palestiniens mis en cage là-bas ne pourraient désormais plus être considérés comme faisant partie de la population du pays. Selon la définition israélienne, ils incarnaient «une entité hostile».

Dans une célèbre interview publiée en mai 2004 dans The Jérusalem Post, Arnon Soffer, un des architectes du désengagement de 2005, expliquait que cette approche «ne garantit pas la «paix» – elle garantit un État sioniste juif, avec une majorité écrasante de Juifs». Soffer prédisait que dans le futur, «quand deux millions et demi de personnes vivront dans une bande de Gaza hermétiquement scellée, ce sera une catastrophe humaine. Ces gens seront encore plus des animaux sauvages qu’aujourd’hui, avec l’aide d’un fondamentalisme islamique insane. La pression, à la frontière, sera épouvantable.»

Il était très clair quant à la question de savoir ce qu’Israël aurait à faire pour maintenir un tel statu quo: «Si nous voulons rester en vie, nous devrons tuer, tuer et encore tuer. Tous les jours, chaque jour que le bon Dieu fait.» Soffer espérait que, de guerre lasse, les Palestiniens baisseraient les bras et partiraient carrément de Gaza.

Par leur résistance, leur fermeté et leur sacrifice, les Palestiniens de Gaza ont vaincu cette politique, et ils ont affirmé à nouveau qu’ils sont partie constituante de la Palestine, de son peuple, de son histoire et de son avenir.

Israël n’est pas la première entité coloniale de population à se retrouver dans une telle situation. Quand F.W. De Klerk, le dernier président de l’Afrique du Sud de l’apartheid, accéda au pouvoir, en 1989, ses généraux calculèrent que seulement avec la force militaire écrasante dont ils disposaient, ils seraient en mesure de maintenir le régime au pouvoir durant au moins une décennie. Les victimes, toutefois, se seraient comptées par centaines de milliers, et l’Afrique du Sud se serait trouvée confrontée à un isolement encore plus grand. Face à cette réalité, De Klerk prit la décision d’entreprendre un démantèlement en bon ordre de l’apartheid.

Quel choix Israël fera-t-il? En l’absence de toute légitimité politique et morale, les seuls arguments qui lui restent sont les balles et les bombes. Abandonné à ses propres moyens, Israël continuera à n’en pas douter à tenter – comme il l’a fait continûment depuis soixante ans – de massacrer les Palestiniens jusqu’à ce qu’ils capitulent. La grande réalisation d’Israël, c’est d’avoir fait apparaître les dirigeants sud-africains de l’apartheid extrêmement avisés, pleins de retenus et humains, en comparaison.

Mais ce qui avait dissuadé le gouvernement blanc suprématiste d’Afrique du Sud de porter l’escalade de leur violence aux niveaux israéliens de cruauté et d’impavidité, ce ne fut nullement le fait qu’ils auraient eu davantage de scrupules que le régime sioniste. Non, ce fut leur prise de conscience du fait qu’ils ne pouvaient plus résister, seuls, contre un mouvement anti-apartheid mondial qui manifestait sa solidarité avec la résistance sud-africaine.

La «dissuasion militaire» d’Israël a désormais été discréditées à de multiples reprises en tant que moyen de contraindre les Palestiniens et les autres Arabes à accepter une suprématie sioniste supposée inévitable et éternelle. Aujourd’hui, l’autre pilier de la puissance israélienne – le soutien et la complicité de l’Occident – commence à craquer. Nous devons faire tout ce que nous pouvons afin de le faire céder.

Israël a entrepris ses massacres avec le soutien total de ses «amis» occidentaux. Puis, quelque chose de surprenant s’est produit. En dépit des déclarations de soutien officielles, en dépit de la censure imposée aux médias, en dépit d’une campagne de hasbara (propagande) israélienne sophistiquée, il y a eu une mobilisation populaire massive, sans précédent, en Europe, et même en Amérique du Nord, exprimant outrage et dégoût.

Gaza restera sans doute comme ce tournant où la propagande israélienne aura perdu son pouvoir de mystifier, de réduire au silence et d’intimider comme elle le faisait depuis si longtemps. Même l’Holocauste nazi, si longtemps mis en avant par les sionistes pour faire taire les contempteurs d’Israël, est en passe de devenir problématique ; on entend désormais couramment des comparaisons naguère inimaginables. Des universitaires juifs et palestiniens ont comparé les agissements d’Israël à Gaza aux massacres perpétrés par les nazis dans le ghetto de Varsovie. Un cardinal du Vatican a qualifié Gaza de «camp de concentration géant». Le parlementaire britannique Gerald Kaufman, hier encore un sioniste pur sucre, a déclaré, à la Chambre des Communes: «Ma grand-mère était malade, clouée au lit, quand les nazis sont entrés dans sa ville de Staszow, en Pologne. Un soldat allemand lui a tiré une balle dans la tête, dans son lit.» Kaufmann poursuivit: «ma grand-mère n’est pas morte ainsi pour fournir une justification à des soldats israéliens en train d’assassiner des grands-mères palestiniennes à Gaza!» Il a dénoncé les «justifications» filandreuses du porte-parole militaire israélien, qu’il a qualifiées de «propos dignes d’un nazi».

Et il n’y a pas eu que ces déclarations. Il y a eu aussi des démonstrations monstres, des actions directes non-violentes et des expressions sans précédent de soutien au boycott, au désinvestissement et à des sanctions, de grands syndicats, en Italien au Canada et en Nouvelle-Zélande. Un groupe pluraliste de conseillers municipaux de Birmingham (le deuxième conseil municipal d’Europe par le nombre de ses conseillers) a pressé le gouvernement britannique de faire quelque chose. Salma Yaqoub, du parti RESPECT a expliqué qu’«un des facteurs qui ont contribué à mettre un terme au brutal régime d’apartheid en Afrique du Sud, ce fut la pression internationale soutenant des boycotts dans les domaines économique, sportif et culturel. Il est grand temps qu’Israël commence à ressentir une pression similaire de la part de l’opinion publique mondiale.»

Israël, dont la véritable nature de projet colonial brutal et sans lendemain vient d’être mise à nu à Gaza, est extrêmement vulnérable à ce genre de campagne. Passé quasi-inaperçue, au milieu du carnage à Gaza, une autre étape a été franchie par Israël sur la voie de l’apartheid en bonne et due forme, la commission électorale de la Knesset ayant adopté une mise à l’écart des partis arabes des prochaines élections législatives. Le sionisme, cette idéologie de suprématie raciale, d’extrémisme et de haine, est un projet mourant, sur le recul et incapable de trouver de nouvelles recrues. Avec une pression suffisante, et relativement rapidement, les Israéliens pourraient, eux aussi, faire émerger leur propre De Klerk, qui soit prêt à négocier une voie de sortie. Tout nouveau massacre rend cette émergence de plus en plus difficile, mais une Palestine désionisée, décolonisée et réunifiée, offrant des droits égaux à tous ceux qui y vivent, sans égard pour leur religion ou leur ethnie, ainsi que le retour des réfugiés palestiniens chez eux, ne sont pas un rêve utopique.

C’est quelque chose d’atteignable, de notre vivant. Mais c’est loin d’être inéluctable. Nous pouvons être certains que les gouvernements occidentaux et arabes vont continuer à soutenir l’apartheid israélien et la collaboration palestinienne sous la forme d’un «processus de paix», à moins qu’on ne les en empêche de manière décisive. Les massacres israéliens vont continuer et aller empirant, jusqu’à ce que le cauchemar d’une «paix» à l’israélienne – apartheid + davantage encore d’épuration ethnique – soit devenu réalité.

Les mobilisations des trois semaines écoulées ont montré qu’un autre monde, différent, est possible, que ce monde différent est à notre portée, si nous soutenons le mouvement de boycott, de désinvestissement et de sanctions à l’encontre d’Israël.

Même si elles ne le verront jamais, ce monde nouveau serait un monument digne de toutes les innombrables victimes d’Israël.

* Cofondateur du site The Electronic Intifada, Ali Abunimah est l’auteur de l’ouvrage : One Country: A Bold Proposal to End the Israeli-Palestinian Impasse (Metropolitan Books, 2006)

[The Electronic Intifada, 19.1.2009]

[Traduction Marcel Charbonnier]

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France– Israël

Percée de la campagne BDS:
Veolia sur le point 
d’abandonner
le projet du tramway à Jérusalem

par Omar Barghouti

Dans une première victoire géante et convaincante du mouvement mondial BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) dans le domaine de la responsabilité des transnationales et de la conformité éthique, selon des informations Veolia abandonne le projet de tramway de Jérusalem, projet illégal qui vise à relier les colonies israéliennes, construites sur le territoire palestinien occupé, à la ville de Jérusalem.

Comme l’admet l’article du Ha’aretz, le succès de la campagne BDS, qui a coûté à Veolia des contrats de quelques 7 milliards de $US, est à l’origine de la décision prise par la société dans la tourmente, de se retirer du projet.

Il est utile de mentionner que Le Monde a récemment publié un article qui révélait aux lecteurs français et, de façon cruciale, aux actionnaires de Veolia, que l’entreprise perdait de l’argent du fait de sa complicité dans un projet qui constitue une violation majeure du droit international, sinon un crime de guerre.

Cette grande victoire est le résultat d’années d’un travail difficile, éthique, méticuleux et persistant des groupes français de solidarité, particulièrement AFPS; par le mouvement BDS français croissant, qui fut l’instrument de la perte d’un énorme contrat par Veolia à Bordeaux; le résultat du travail des militants hollandais qui obtinrent les premiers un succès en convainquant une banque hollandaise de désinvestir de Veolia et de faire pression sur d’autres banques pour qu’elles fassent de même; le résultat du travail des groupes suédois pour la justice et la paix, en particulier ceux qui sont en lien avec l’église de Suède, dont Diakonia et les groupes de solidarité avec la Palestine suédois, qui coûtèrent à Veolia la perte du plus gros contrat, celui du métro de Stockholm, d’un montant de 4,5 milliards de dollars; le résultat du travail des groupes de solidarité et des militants britanniques, en particulier ceux qui sont affiliés à Palestine Solidarity Campaign, qui ont énormément contribué à l’exclusion de Vela d’un contrat lucratif dans les West Midlands et, bien sûr, du Comité National Palestinien BDS, qui s’est associé avec tous les partenaires ci-dessus, dans la célèbre campagne «Faisons dérailler Veolia et Alstom» pour pousser l’entreprise à abandonner ce projet illégal.

La campagne «Faisons dérailler Veolia et Alstom», qui implique des militants et des groupes de nombreux pays, tous faisant pression sur les deux géants français pour qu’ils abandonnent le projet du Tramway de Jérusalem (JLR), a été officiellement lancée lors de la conférence de l’Initiative de Bilbao, au Pays Basque, en novembre dernier.

C’est le moment maintenant de faire pression sur l’Arabie saoudite, l’égypte, l’Iran, les états du Golfe, parmi d’autres, pour qu’ils expulsent Alstom pour sa complicité dans ce projet illégal. La solidarité avec la Palestine ne signifie rien si elle ne se traduit pas par des actions BDS qui peuvent coûter cher au régime israélien d’occupation et d’apartheid.

Il est temps de faire DERAILLER ALSTOM!

8 juin 2009 – Mouvement — BDS

[http://www.bdsmovement.net/?q=node/434

[Traduction: ISM revue par BIP]

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Russie

Pour être prête à la grande guerre,
la Russie crée 
sa propre version
de l’OTAN en Asie Centrale

L’Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC) se conforme aux instructions du Président Dimitry Medvedev, qui a ordonné de renforcer les constituants militaires et d’élargir le développement des forces de la coalition.

Une forte formation militaire, qui pourrait apparaître en Asie Centrale dans un avenir proche, rendra l’OTSC analogue à l’OTAN. Les pays post-soviétiques suivants participent au traité: l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Russie, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan.

Le problème de la mise sur pied d’une force de réaction rapide collective dans le cadre de l’organisation, a été pratiquement résolu. Selon le journal Kommersant, l’administration russe travaille maintenant à un projet plus vaste. Une importante formation de soldats doit être déployée en Asie Centrale, en plus des groupes russo-biélorusses et russo-arméniens, qui existent déjà dans le cadre de l’OTSC. Un ensemble de documents a été préparé. Ils seront coordonnés avec le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan bientôt.

Selon une source du ministère russe des Affaires Étrangères, «Le travail est mené dans toutes les directions. Ce sera une structure purement militaire, qui sera mise en place pour maintenir la sécurité en Asie Centrale en cas d’attaque de l’extérieur.»

Le nombre de militaires de la nouvelle formation est inconnu. Vitaly Strugovets, le secrétaire de presse de l’OTSC, a seulement dit que la formation serait composée d’unités de cinq pays: le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Russie, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan.

La création de la formation militaire en Asie Centrale correspond à l’objectif de Moscou de transformer l’OTSC en bloc pro-russe, en puissance militaire similaire à l’OTAN.

La Stratégie de sécurité nationale de la Fédération de Russie jusqu’à 2020, approuvée par le président Medvedev, déclare que Moscou considère l’OTSC comme un instrument essentiel de lutte pour les défis régionaux, les menaces politiques et militaires. Le document dit aussi que la lutte pour les sources d’énergie de la Mer Caspienne et de l’Asie Centrale pourrait provoquer des conflits armés dans la région.

Les présidents des pays membres de l’OTSC doivent signer le 14 juin l’accord sur la mise en place des forces de réaction rapide dans le cadre de l’organisation.

La décision de créer ces forces de réaction rapide a été prise le 4 février 2009. Moscou fournira une division aéroportée et une brigade d’attaque aérienne, soit environ 8.000 hommes. Le Kazakhstan fournira aussi 4.000 militaires de sa brigade d’attaque aérienne. Chacun des autres alliés se limitera à un bataillon.

La formation militaire d’Asie Centrale sera nécessaire en cas de grave menace à l’intégrité territoriale ou en cas de guerre.

Le déploiement rapide des forces servira aussi à étouffer les petits conflits armés dans la région.

[Pravda, 29.5.2009 Original: enlish.prvda.ru/russia/politics/29-052009/107648-russia..war-0]

[Traduction Alexandre MOUMBARIS]

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Honduras

Honduras:
le maintien de la base militaire
US
de Soto Cano,
un des motifs possibles du putsch

Eva GOLINGER

Le président Manuel Zelaya a été séquestré dans le palais présidentiel, sa résidence et emmené de force à la base militaire Hernan Acosta Mejias dans la banlieue de Tegucilgalpa dans la nuit du dimanche 28 juin. Après un temps sur la base, il a ensuite été expédié au Costa-Rica dans l’avion présidentiel. Il y a été reçu pendant que se poursuivait brutalement le coup d’État dans son pays. Les militaires US et leurs représentants à Tegucigalpa avaient parfaitement connaissance des faits.

Les états-Unis entretiennent une base militaire au Honduras, à Soto Cano (à 97 km de la capitale), qui est opérationnelle depuis 1981 (elle est entrée en fonction sous la présidence Reagan). Elle fut d’abord utilisée par le colonel US Oliver North comme base opérationnelle de la «contra» nicaraguayenne, force paramilitaire entraînée et financée par Washington pour faire la guerre aux mouvements de gauche en Amérique Centrale et tout particulièrement contre le gouvernement sandiniste du Nicaragua. C’est depuis Soto Cano que la Contra lançait ses attaques terroristes, ses escadrons de la mort et toutes les missions spéciales qui consistaient en des milliers d’assassinats, de disparitions forcées, de tortures, de populations terrorisées dans toute l’Amérique centrale.

La base de Soto Cano est le siège de la Force opérationnelle mixte «Bravo» (Joint Task Force Bravo) composée d’effectifs de l’armée de terre, de l’armée de l’air, de forces de sécurité communes et du 1er bataillon du 228ème régiment de l’aviation US, ce qui représente environ 600 personnes au total et 18 aéronefs de combat, dont des hélicoptères UH60 Black Hawk et CH47 Chinook. Soto Cano est également le siège de l’Académie aérienne hondurienne. Plus de 650 citoyens étasuniens et honduriens vivent en permanence à l’intérieur de la base. En 2005, on commença à y construire des logements, dont 44 immeubles d’appartements et diverses résidences pour les troupes.

La constitution du Honduras ne permet pas légalement la présence militaire étrangère dans le pays. Un accord «par poignée de main» (« handshake agreement« ) semi-permanent entre les deux pays autorise cette présence stratégique. Cet accord avait été conclu en 1954 dans le cadre de l’aide militaire que les USA fournissaient au Honduras. Chaque année, Washington autorise des centaines de millions de dollars d’aide militaire et économique à ce pays, le troisième plus pauvre de l’hémisphère. Cet accord peut être dénoncé par le Honduras sans préavis.

Le 31 mai 2008, le président Manuel Zelaya annonçait que Soto Cano (Palmerola) serait utilisée pour des vols commerciaux internationaux. La construction du terminal aérien civil a été financée par des fonds de l’ALBA.

Le commandant de l’aviation du Honduras, le général Luis Javier Suazo, a étudié en 1996 dans la fameuse École des Amériques [installée au Panamá en 1946, elle a été rapatriée à Fort-Benning en Géorgie en 1984 et rebaptisée Institut de l’hémisphère occidental pour la sécurité et la coopération, NdT]. Le chef d’État-major conjoint, le général Romeo Vásquez, destitué par le président Zelaya le 24 juin pour avoir désobéi à ses ordres et principal acteur, quelques jours plus tard, du coup d’État est également diplômé de cette école. Les deux hauts gradés honduriens entretiennent d’étroites relations avec le Pentagone et les militaires US de Soto Cano.

Bien que le Honduras dépende économiquement des états-Unis, les relations diplomatiques ont commencé à se détériorer dans ces derniers mois. Le président Zelaya a félicité Obama en novembre pour sa victoire électorale qu’il qualifié «d’espoir pour le monde entier». Mais deux mois plus tard, Zelaya envoyait à Obama une lettre personnelle dans laquelle il accusait les USA d’interventionnisme et il appelait le nouveau gouvernement à respecter les principes de non-ingérence dans la politique des autres pays. Zelaya a également demandé aux états-Unis de revoir leur politique d’immigration et de visas utilisée comme pression contre ceux qui ont des croyances différentes et des idéologies qui ne représentent aucune menace pour les états-Unis. Zelaya ajoutait que «la lutte légitime contre le trafic de drogue ne doit pas être utilisée comme prétexte pour imposer une politique interventionniste à d’autres pays». Peu de temps après, Zelaya et son homologue Ortega du Nicaragua, boycottaient une réunion du Système d’Intégration de l’Amérique Centrale (SICA) à laquelle le vice-président US Joe Biden devait être présent.

Washington a admis avoir eu connaissance préalable du coup d’État au Honduras avant même la semaine dernière. Dans des déclarations faites à la presse, lundi dernier, deux porte-parole du Département d’État ont déclaré que leur ambassadeur et une équipe de diplomates US «étaient en conversation» avec les principaux acteurs du putsch depuis un mois. Ces conversations se sont intensifiées durant la dernière semaine puisque l’ambassadeur Hugo Llorens s’est réuni trois fois avec les militaires putschistes et les groupes civiques [l’opposition de droite à Zelaya, NdT] pour chercher une autre issue [que le putsch, NdT].

L’administration Obama a condamné le coup d’État mais d’une manière très mesurée, le qualifiant comme action «en train d’évoluer vers un coup d’État» mais confirmant que légalement, elle ne le considère pas comme tel. Cette ambiguïté permet aux états-Unis de maintenir les liens diplomatiques avec le Honduras et le gouvernement de facto, de reconnaître le gouvernement putschiste et de maintenir son aide militaire et économique à ce pays. C’est que s’ils qualifiaient les faits de coup d’État, les USA seraient obligés par la loi de rompre les relations diplomatiques et de suspendre la plus grosse partie de leur aide économique et militaire au Honduras.

De toute évidence Washington ne tient pas à risquer la fermeture de sa base de Soto Cano et l’expulsion de ses 600 militaires. De plus, la majorité des forces armées honduriennes qui ont pris part au coup d’État sont des alliés et des partenaires importants pour le Pentagone. Les actions du président Zelaya pour construire un terminal civil à Soto Cano et d’y autoriser des vols commerciaux internationaux, réalisées avec des fonds de l’ALBA, peuvent s’interpréter facilement comme une menace à la future présence militaire US au Honduras. Entre autres raisons, cela pourrait expliquer l’ambiguïté publique d’Obama face au coup d’État au Honduras.

[Traduction Fausto GIUDICE]

[www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=8070&lg=fr]

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Honduras

Front national contre le coup d’État au Honduras

Communiqué n° 2

Au travers des différents groupes d’expressions organisés, le mouvement populaire informe le peuple hondurien que nous nous maintenons sur pied de lutte au niveau national, en résistance contre le coup d’État perpétré par l’oligarchie d’extrême droite et nous lui communiquons que:

1 Nous réaffirmons que ce qui s’est déroulé le 28 juin 2009, contre le Gouvernement du Président José Manuel Zelaya Rosales, est un coup d’État, une violation de la Constitution de la République et une rupture de l’État de droit.

2 Il a été ordonné de réprimer les manifestations de résistance pacifique et toutes les personnes qui sont en désaccord avec le coup d’État.

3 Ceux qui sont à la tête de la répression sont des militaires, ex-militaires de l’armée nationale, de la police nationale et du bataillon 316, acteur du temps de la guerre froide de triste mémoire pour le Honduras, pour les assassinats et les disparitions qu’il avait commis au service de l’oligarchie.

4 Nous demandons au peuple hondurien de se maintenir en résistance et de poursuivre les manifestations pacifiques notamment dans les villes principales, sur les routes et dans les communes du pays.

5 Le coup d’État a été rejeté internationalement et dans la résolution de l’ONU, la bouffonnerie de la mise en place de Roberto Micheletti comme président n’a pas été légitimée.

6 Nous condamnons la violation de la liberté d’expression. Des chaînes de télévisions et de radios ont été verrouillées, des journalistes emprisonnés, des personnes poursuivies avec ordre de les capturer.

7 Nous rendons public qu’au Ministère Public certains préparent des plaintes judiciaires avec des dates antérieures au coup d’État contre le citoyen Président Zelaya Rosales et les membres de son cabinet de gouvernement, pour justifier leur action.

8 Nous faisons connaître à la population qu’au cours de la réunion du 30 juin organisée par les putschistes au Parc Central, les employé(e)s du self-service, les fournisseurs de la restauration et les agents des compagnies de sécurité privée ont été obligés de participer à cet événement.

9 Nous invitons le peuple hondurien à poursuivre les manifestations de toutes les manières possibles contre le coup d’État et en faveur du rétablissement de l’ordre constitutionnel de la République au retour du Président José Manuel Zelaya Rosales.

Tegucigalpa MDC 30 juin 2009

[Traduit par Esteban G.

Édité par Fausto Giudice]

[www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=8033&lg=fr]

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Pérou

Au Pérou, on massacre les Indiens pour laisser la place aux compagnies minières étasuniennes

Quand Chávez ou Correa parlent de réduire l’abîme social qui sépare les élites latinos et les peuples indigènes, on les traite dédaigneusement de populistes… mais quand Alan García se fait l’exécuteur des basses œuvres des grands groupes miniers étasuniens et de l’accord de libre-échange (ALENA/NAFTA) alors là… silence gêné…

Trente-trois personnes ont sans doute été tuées et une centaine d’autres blessées vendredi dans des affrontements entre la police péruvienne et des tribus de l’Amazonie opposées à l’octroi de concessions à des compagnies minières étrangères dans la forêt équatoriale du nord du Pérou.

Au moins 22 manifestants ont trouvé la mort dans ces heurts, ont déclaré des chefs de tribu. Le gouvernement péruvien a fait état de 11 policiers et trois manifestants tués.

Les chefs indigènes ont accusé des policiers opérant à bord d’hélicoptères d’avoir ouvert le feu sur des centaines de manifestants pour mettre fin au blocage d’une route à 1.400 km au nord-est de Lima.

Les manifestants, très en colère, ont répliqué en prenant en otages un groupe de policiers près d’une station de pompage de la société nationale des pétroles, PETROPERU. Ils ont menacé d’y mettre le feu si les policiers ne renonçaient pas à vouloir disperser les manifestations en cours en Amazonie.

«Nous retenons 38 policiers en otages», a déclaré un manifestant à la radio RPP. «Nous sommes 2.000, prêts à incendier la station», a-t-il averti.

Des milliers d’Amérindiens s’emploient depuis avril à bloquer routes et voies d’eau pour obtenir l’abrogation d’une série de lois adoptées l’an dernier pour encourager des compagnies étrangères à investir en Amazonie.

L’échec du Premier ministre

Ce conflit, qui conduit certains à réclamer la démission du Premier ministre et du ministre de l’Intérieur, souligne les divisions profondes qui demeurent au Pérou entre les élites fortunées de Lima et les communautés indiennes miséreuses des zones rurales.

«Je tiens le gouvernement du président Alan García pour responsable d’avoir ordonné ce génocide», a déclaré à la presse à Lima le chef indigène Alberto Pizango. Le gouvernement a lancé un mandat d’arrêt contre lui pour avoir encouragé le mouvement de protestation.

Imputant les violences aux manifestants, le président García a estimé que le moment était venu de mettre fin aux blocages des routes, des rivières et des installations énergétiques.

«Le gouvernement se doit d’agir pour imposer l’ordre et la discipline», a dit de son côté le Premier ministre, Yehude Simon.

Cet ancien militant de gauche, auquel Alan García a fait appel voici un an pour tenter d’éviter des troubles sociaux dans le pays, n’a pas réussi à négocier l’arrêt des blocus en cours dans le bassin de l’Amazonie.

La compagnie argentine PLUSPETROL, qui avait déjà pratiquement arrêté les activités de sa concession 1AB dans le Nord péruvien, a fait savoir qu’elle y cessait la production. Elle extrait en temps normal un cinquième environ de la production pétrolière péruvienne.

[Libertés Internet, 8.6.9]

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États-Unis

étude: Les dépenses de santé sont

la cause de 60% des faillites

Suite à une enquête auprès des tribunaux et de 1.032 personnes, des chercheurs ont trouvé que, au minimum, 62,1% de toutes les faillites en 2007 étaient liées à des problèmes médicaux; alors que 92% de ces endettés avaient des dettes médicales de plus de 5.000 $US (3.600€), soit 10% du revenu brut de leur ménage»

«La plupart d’entre-deux étaient bien éduqués, propriétaires de leur maison, occupant des emplois de la classe moyenne».

L’étude, financée par la Fondation Robert Wood Johnson, a trouvé que la part des faillites due à des problèmes de santé entre 2001 et 2007 avait augmenté de 50%.

En 2007 les patients souffrant de scléroses multiples avaient payé de leur poche en moyenne 34.167 $US (24.400€), les diabétiques $26.971(19.265€) et ceux qui avaient subi des blessures 25.096 $US(17.925€), selon l’enquête.

[Reuters, 4.6.2009]

[Traduction Alexandre MOUMBARIS]

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États-Unis

Enquête: Un emprunt d’habitation hypothéquée sur cinq est «englouti»

Il est suffisamment consternant de voir le prix de son habitation chuter comme un ballon de plomb. Toutefois, pour un nombre grandissant d’étasuniens leur malheur est aggravé par le fait que le prix de leur propriété devient inférieur au montant de l’hypothèque. On appelle cela une «évaluation négative» (negative equity) – c’est l’inverse de ce qui arrive quand le prix d’une habitation prend de la valeur. Son propriétaire alors bénéficie d’une «évaluation positive» (positive equity), supérieure à son investissement initial.

Dans un nouveau rapport de LoanPerformance – une société qui suit les statistiques hypothécaires – publié le 4 mars 2009, il est déclaré qu’à la fin de 2008 plus de 8,3 millions emprunts hypothécaires, soit 20% de toutes les propriétés hypothéquées, étaient atteints par «des évaluations négatives». Cela représente une augmentation de 2% par rapport aux 7,6 millions de septembre 2008. La Californie était en tête avec une moyenne de 43.000 nouveaux emprunteurs dont les propriétés sont passées au rouge en trois mois, elle était suivie par le Texas (16.000), le Nevada (15.000), la Floride (14.000), et la Virginie (14.000).

«Comme nous n’avons jamais vu de chute de prix d’une telle ampleur, nous n’avons pas non plus atteint un tel niveau «d’évaluations-négatives» a déclaré Marx Fleming, économiste en chef pour la First American CoreLogic, maison mère de LoanPerformance. «La baisse des prix des maisons s’est propagée partout».

La tentation de mettre la clé sous la porte

L’étude est basée sur des données tirées de 45 millions d’habitations hypothéquées, soit plus de 85% de toutes les propriétés hypothéquées aux États-Unis. Ces donnés ont été filtrées pour ne tenir compte que des propriétés évaluées entre $70.000 et $1.25 millions (50,000€ et 1.710.000€).

Les plus graves des hypothèques «englouties» – là où la dette dépasse les 125% de la valeur de la propriété – se situent dans cinq états: la Californie (723.000), la Floride (432.000), le Nevada (170.000), le Michigan (128.000) et l’Arizona (122.000). Les habitations aux hypothèques «englouties» inquiètent sérieusement compte tenu que pour certains propriétaires il y a peu de motivation pour ne pas laisser saisir leur propriété. Auquel cas les prix des maisons avoisinantes baissent, et qui peut entraîner d’autres hypothèques à devenir «englouties».

Une ancienne agent immobilière de Las Vegas, qui n’a pas voulu être nommée, a dit qu’en 2004 il n’y avait que 2.000 habitations sur le marché; alors qu’actuellement il y en a 20.000 et le chiffre monte. «Tout le monde est devenu fou», dit-elle. «à certains endroits les prix ont perdu 60% de leur plus haut niveau. C’est vraiment triste parce que les prix des maisons ne suffisent pas pour permettre le refinancement».

Le Nevada est en tête de «l’évaluation négative»

Le problème de «l’évaluation négative» devient de plus en plus grave. Selon les calculs de LoanPerformance il y a 2 millions de maisons approchant la zone de danger, soit 5% de «l’évaluation négative». La somme des prêts hypothécaires ayant une «évaluation négative» ou qui sont proches de «l’évaluation négative» représente nationalement le quart de toutes les maisons hypothéquées.

Selon Fleming, la distribution des «évaluations négatives touche essentiellement un petit nombre d’états. Le Nevada a le pourcentage le plus important. Plus de la moitié des dettes hypothécaires de cet état sont ainsi affectées. Le rapport prêt/valeur moyen au Nevada est de 97%, soit une marge de $8.000 (5.700€) sur la valeur de la maison. Cela ne laisse au propriétaire d’une maison hypothéquée aucune marge de manœuvre, alors que les prix des habitations sont en chute rapide.

Dans les états où le chômage est non seulement élevé mais aussi en augmentation, tels que le Michigan, le problème des hypothèques «renverses» est très aigu. «C’est la combinaison de ‘l’engloutissement’ et de la perte d’emploi qui est la plus grande inquiétude en ce moment» dit Fleming. «Si vous êtes submergé mais que vous pouvez encore payer vos échéances, ça va. Et si votre maison a de la valeur dans votre maison et que vous perdiez votre emploi, vous pouvez toujours vous refinancer et vous en sortir, à condition que la banque approuve votre demande de nouveau prêt.

Le pire est à venir

En classant les états dans l’ordre du nombre d’emprunteurs «engloutis», la Californie arrive la première avec plus de 1,9 million d’emprunteurs ayant une «valorisation négative», elle est suivie par la Floride (1,3 millions), le Texas (467.000), le Michigan (459.000) et le Ohio (435.000). Ces cinq états constituent la moitié des prêts hypothécaires.

Pour des états qui n’ont pas eu à faire face à ce problème étendu des prix en déclin et par conséquent des hypothèques «renversées» le pire est encore à venir. Fleming prévoit que les plus grandes augmentations dans la proportion des hypothèques à «évaluation négative» apparaitront en toute probabilité dans des états qui n’ont pas encore fait l’expérience de chutes des prix importantes. «La question qui inquiète n’est pas seulement «l’évaluation négative» dans les états «sablonneux» dit Fleming, «mais l’élargissement géographique de ce phénomène au long de l’année.»

Mara DER HOVANESIAN

[BusinessWeek, 3.3.2009]

[Traduction Alexandre MOUMBARIS]

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États-Unis

L’explosion de la dette menace les États-Unis

par John Taylor

La décision de Standard & Poor de baisser la notation de la dette souveraine britannique de «stable» à «négative», devrait claironner le réveil du Congrès et de l’administration.

Espérons qu’ils se réveilleront.

L’implémentation du plan budgétaire du président Obama ferait exploser la dette fédérale. Pour être plus précis, celle-ci augmente – et ne s’arrêtera pas d’augmenter – plus rapidement que le Produit national brut (PIB) qui est la mesure de la capacité des États-Unis d’honorer leur dette. Fin 2008 la dette fédérale équivalait à 41% du PIB. Selon les projections du Congressional Budget Office (CBO), dans dix ans celle-ci arriverait à 82%, et sans changement de politique, en juste cinq ans de plus, elle atteindrait 100% du PIB.

«Le poids d’une dette gouvernementale de l’ordre de 100%, si elle était maintenue, serait incompatible avec la classification AAA de Standard & Poor» affirmait la semaine dernière cet organisme de notation.

Je crois que le risque encouru à cause de cette dette est systémique et causerait à l’économie plus de dommage que la récente crise financière. Pour saisir son ampleur il faut noter les chiffres pris en compte par Standard & Poor. En 2019, le déficit prévu par le CBO est de $1.200 milliards (€859 milliards) et les impôts s’élèveraient à $2.000 milliards par an. En conséquence il serait nécessaire pour équilibrer le budget d’une taxe permanente généralisée de 60%. Clairement cela ne peut pas et ne devrait pas se faire. Mais comment autrement réduire le service de la dette par rapport au PIB?

Cela peut être fait par l’inflation. Mais de quel ordre? Pour rabaisser le rapport dette/PIB au niveau de la fin de 2008; cela demanderait le doublement des prix. Cette augmentation de 100% des prix impliquerait une inflation de 10% par an, pendant 10 ans. Mais ce ne serait pas sans peine. Ce serait probablement plus comme la grande inflation des années 1960 et 1970, avec une vague d’enthousiasme, suivie d’une chute avec récession tous les trois ou quatre ans, et successivement des hausses du taux d’inflation après chaque récession.

Le fait que la Réserve fédérale (Fed) maintenant achète des bons du Trésor à plus long terme, dans un effort de limiter leur rendement, crédibilise l’effrayante suspicion que la dette sera monétisée. Le fait que la Fed ait de la difficulté à réduire le ballonnement de son bilan pour éviter l’inflation, augmente considérablement les risques. Aussi une inflation de 100% signifie bien entendu une dépréciation de 100% du dollar. Les étatsuniens auront à payer $2,80 pour un euro; les Japonais pourront acheter un dollar pour 50 yen, et l’or coûterait $2.000 l’once. Cela n’est pas une prévision; la politique peut changer; c’est plutôt une indication du risque systémique que le gouvernement est en train de créer.

Pour quelle raison Washington dormirait-elle à travers cet appel au réveil? Nous entendons déjà entendre les excuses.

«Nous avons subi une crise financière sans précédent et nous devons répondre avec des déficits sans précédent.» Alors qu’il y a un débat sur la question de savoir si un large déficit stimule l’économie, il n’y a pas de théorie économique ou des preuves qui montrent que des déficits en cinq ou dix ans, nous aideront à sortir de cette récession. Cette logique est irresponsable. Si vous croyez que les déficits sont bons lorsque les temps sont durs, alors une politique responsable consiste à essayer d’équilibrer le budget lorsque les temps sont bons. Les projections du CBO indiquent que l’économie rétablirait son potentiel de croissance d’ici 2014. Un budget responsable aurait soumis des propositions pour équilibrer le budget plutôt que de préparer des déficits de l’ordre de trillions de dollars.

«Mais nous allons diviser le déficit par deux». Les analystes du CBO projettent que le déficit sera le même en 2019, le même que celui de 2010, une réduction de zéro pour cent.

«Nous avons hérité de pétrin». La dette était 41% du PIB à la fin de 1988, la dernière année de la présidence de Ronald Reagan; la même qu’à la fin de 2008, la dernière année de la présidence de George W. Bush. Si quelqu’un pense que la politique de Reagan à Bush, était erronée, est-il logique de doubler ces erreurs avec une dette de 80% du PIB quand Monsieur Obama aura quitté son poste?

L’heure pour de telles excuses est passée. Elles dépeignent l’image d’un gouvernement qui ne fonctionne pas, qui crée des risques plutôt que de les réduire. Un bon gouvernement ne devrait pas être partial. J’ai dit que les actions et les interventions gouvernementales de ces dernières années ont causé et aggravé des crises financières prolongées. Le problème est que la sa politique se détériore plutôt que de s’améliorer. Les dirigeants principaux, y compris les chefs du Trésor, de la Fed, de la Federal Déposit Insurance Corporeation et de la Securities and Exchange Commission appellent pour la création d’un puissant système de régulation des risques, afin de contrôler le risque dans le secteur privé. Mais actuellement c’est le gouvernement qui est à l’origine du risque systémique le plus grave.

La bonne nouvelle est que ce n’est pas trop tard. Il est temps encore pour se réveiller, changer de cap à mi-chemin et revenir sur la bonne voie. Beaucoup blâment les organismes de notation de ne pas nous avoir prévenus des risques systémiques dans le secteur privé qui ont conduit à cette crise; ne les ignorons pas quand ils essayent de nous prévenir des risques dans le secteur gouvernemental qui nous conduiront à la prochaine.

L’auteur est professeur d’économie à Stanford et senior fellow à Hoover Institution, est auteur de «Getting Off Track: How the Government Actions and Intervention Caused, Prolonged and Worsened the Financial Crisis CopyrightThe Financial Times Limited 2009

[Traduction Alexandre MOUMBARIS]

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Chine

Tienanmen 20 ans après

Ces jours ci la grande presse d’«information» s’emploie à rappeler le vingtième anniversaire du «massacre» de la place Tienanmen. Les évocations «émues» des événements, les interviews des «dissidents» et les éditoriaux «indignés», les multiples articles qui se succèdent et se préparent visent à couvrir la République Populaire Chinoise d’infamie perpétuelle, et à rendre un hommage solennel à la civilisation supérieure de l’Occident libéral. Mais qu’est-il réellement advenu il y a vingt ans?

En 2001 furent publiés et traduits, ensuite, dans les principales langues du monde ce qu’on a appelé les Tienanmen Papers1 qui, si l’on en croit les déclarations de ceux qui les ont présentés, reproduisent des rapports secrets et des procès-verbaux réservés, du processus décisionnel qui a débouché sur la répression du mouvement de contestation. Livre qui, toujours selon les intentions de ses promoteurs et éditeurs, devrait montrer l’extrême brutalité d’une direction (communiste) qui n’hésite pas à réprimer une protestation «pacifique» dans un bain de sang. Si ce n’est qu’une lecture attentive du livre en question finit par faire émerger un tableau bien différent de la tragédie qui se joua à Pékin entre mai et juin 1989.

Lisons quelques pages ça et là:

«Plus de cinq cents camions de l’armée ont été incendiés au même moment à des dizaines de carrefours […] Sur le boulevard Chang’an un camion de l’armée s’est arrêté à cause d’un problème de moteur et deux cents révoltés ont assailli le conducteur en le tabassant à mort […] Au carrefour Cuiwei, un camion qui transportait six soldats a ralenti pour éviter de heurter la foule. Un groupe de manifestants a alors commencé à lancer des pierres, des cocktails Molotov et des torches contre celui-ci, qui à un moment a commencé à s’incliner du côté gauche car un de ses pneus avait été crevé par des clous que les révoltés avaient répandus. Les manifestants ont alors mis le feu à des objets qu’ils ont lancé contre le véhicule, dont le réservoir a explosé. Les six soldats sont tous morts dans les flammes»2.

Non seulement l’on a eu recours à la violence mais parfois ce sont des armes surprenantes qui sont utilisées:

«Une fumée verte-jaune s’est élevée de façon subite à une extrémité d’un pont. Elle provenait d’un blindé endommagé qui était ensuite lui-même devenu un élément du blocus routier […] Les blindés et les chars d’assaut qui étaient venus déblayer la route n’ont rien pu faire d’autre que de se retrouver en file à la tête du pont. Tout d’un coup un jeune est arrivé en courant, a jeté quelque chose sur un blindé et a pris la fuite. Quelques secondes après on a vu sortir la même fumée vert-jaune du véhicule, tandis que les soldats se traînaient dehors, se couchaient par terre sur la route, et se tenaient la gorge en agonisant. Quelqu’un a dit qu’ils avaient inhalé du gaz toxique. Mais les officiers et les soldats, malgré leur rage sont arrivés à garder le contrôle d’eux-mêmes»3.

Ces actes de guerre, avec recours répété à des armes interdites par les conventions internationales, croisent des initiatives qui laissent encore plus penseurs: comme la «contrefaçon de la couverture du Quotidien du peuple4». Du côté opposé, voyons les directives imparties par les dirigeants du parti communiste et du gouvernement chinois aux forces militaires chargées de la répression:

«S’il devait arriver que les troupes subissent des coups et blessures jusqu’à la mort, de la part des masses obscurantistes, ou si elles devaient subir l’attaque d’éléments hors-la-loi avec des barres de fer, des pierres ou des cocktails Molotov, elles doivent garder leur contrôle et se défendre sans utiliser les armes. Les matraques seront leurs armes d’autodéfense et les troupes ne doivent pas ouvrir le feu contre les masses. Les transgressions seront immédiatement punies»5.

S’il faut en croire le tableau tracé dans un livre publié et promu par l’Occident, ceux qui donnent des preuves de prudence et de modération ne sont pas les manifestants mais plutôt l’Armée Populaire de Libération!

Le caractère armé de la révolte devient plus évident les jours suivants. Un dirigeant de premier plan du parti communiste va attirer l’attention sur un fait extrêmement alarmant: «Les insurgés ont capturé des blindés et y ont monté des mitrailleuses, dans le seul but de les exhiber». Se limiteront-ils à une exhibition menaçante? Et pourtant, les directives imparties par l’armée ne subissent pas de changement substantiel: «Le Commandement de la loi martiale tient à ce qu’il soit clair pour toutes les unités qu’il est nécessaire de n’ouvrir le feu qu’en dernière instance»6.

Même l’épisode du jeune manifestant qui bloque un char d’assaut avec son corps, célébré en Occident comme un symbole de l’héroïsme non-violent en lutte contre une violence aveugle et sans discrimination, est perçu par les dirigeants chinois, toujours à en croire le livre maintes fois cité, dans une grille de lecture bien diverse et opposée:

«Nous avons tous vu les images du jeune homme qui bloque le char d’assaut. Notre char a cédé le pas de nombreuses fois, mais le jeune restait toujours là au milieu de la route, et même quand il a tenté de grimper dessus, les soldats se sont retenus et n’ont pas tiré sur lui. Ce qui en dit long! Si les militaires avaient fait feu, les répercussions auraient été très différentes. Nos soldats ont suivi à la perfection les ordres du Parti central. Il est stupéfiant qu’ils soient arrivés à maintenir le calme dans une situation de ce genre!»7.Le recours de la part des manifestants à des gaz asphyxiants ou toxiques, et, surtout, l’édition pirate du Quotidien du peuple démontrent clairement que les incidents de la Place Tienanmen ne sont pas une affaire exclusivement interne à la Chine. D’autres détails ressortent du livre célébré en Occident: «Voice of America a eu un rôle proprement peu glorieux dans sa façon de jeter de l’huile sur le feu»; de façon incessante, elle «diffuse des nouvelles sans fondements et pousse aux désordres». De plus: «D’Amérique, de Grande-Bretagne et de Hong Kong sont arrivés plus d’un million de dollars de Hong Kong. Une partie des fonds a été utilisée pour l’achat de tentes, nourritures, ordinateurs, imprimantes rapides et matériel sophistiqué pour les communications».

Ce que visaient l’Occident et les Etats-Unis nous pouvons le déduire d’un autre livre, écrit par deux auteurs étasuniens fièrement anti-communistes. Ceux-ci rappellent comment à cette période Winston Lord, ex-ambassadeur à Pékin et conseiller de premier plan du futur président Clinton, n’avait de cesse de répéter que la chute du régime communiste en Chine était «une question de semaines ou de mois». Cette prévision apparaissait d’autant plus fondée que se détachait, au sommet du gouvernement et du Parti, la figure de Zhao Ziyang, qui – soulignent les deux auteurs étasuniens – est à considérer «probablement comme le leader chinois le plus pro-américain de l’histoire récente».

Ces jours ci, dans un entretien avec le Financial Times, l’ex-secrétaire de Zhao Ziyang, Bao Tong, aux arrêts domiciliaires à Pékin, semble regretter le coup d’État manqué auquel aspiraient des personnalités et des cercles importants en Chine et aux USA, en 1989, tandis que le «socialisme réel» tombait en morceaux: malheureusement, «pas un seul soldat n’aurait prêté attention à Zhao»; les soldats «écoutaient leurs officiers, les officiers leurs généraux et les généraux écoutaient Den Xiaoping».

Vus rétrospectivement, les événements qui se sont passés il y a vingt ans Place Tienanmen se présentent comme un coup d’État manqué, et une tentative échouée d’instauration d’un Empire mondial prêt à défier les siècles…

D’ici peu va arriver un autre anniversaire. En décembre 1989, sans même avoir été précédés d’une déclaration de guerre, les bombardiers étasuniens se déchaînaient sur Panama et sa capitale. Comme il en résulte de la reconstruction d’un auteur – encore une fois – étasunien, des quartiers densément peuplés furent surpris en pleine nuit par les bombes et les flammes; en très grande partie, ce furent des «civils, pauvres et à la peau foncée» qui perdirent la vie ; plus de 15.000 personnes se retrouvèrent sans toit; il s’agit en tout cas de l’«épisode le plus sanglant» de l’histoire du petit pays . On peut prévoir facilement que les journaux engagés à répandre leurs larmes sur la Place Tienanmen voleront très au dessus de l’anniversaire de Panama, comme d’ailleurs cela s’est produit toutes ces dernières années. Les grands organes d’«information» sont les grands organes de sélection des informations, et d’orientation et de contrôle de la mémoire.

Domenico Losurdo

Notes

[1] Andrew J. Nathan, Perry Link (éditeurs) 2001, The Tienanmen Papers (2001), traduction italienne de Michela Benuzzi et alt. Tienanmen, Rizzoli, Milan, pp. 444-45.

[2] ibid, p. 435.

[3] ibid, p. 324.

[4] ibid, p. 293.

[5] ibid, pp. 428-9.

[6] ibid, p. 486.

[7] ibid, p. 391.

[8] Richard Bernstein, Ross H. Munro 1997, The coming Conflict with China, Knopf, New York, pp. 95 et 39.

[9] Jamil Anderlini 2009, Thanks were roaring and bullets flying, in Financial Times, p.3 (Life and Arts).

[10] Kevin Buckley 1991

Panama. The Whole Story, Simon & Schuster, New York, pp. 240 et 264.

[ http://www.domenicolosurdoblog/tienanmen.blogspot.com/]

[Traduction Marie-Ange Patrizio]

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La Standard Chartered Bank (China) émettra des titres d’emprunts obligataires de 3,5 milliards de yuan

Shanghai, 2 juin 2009, (Xinhua). La Standard Chartered Bank (China) Ltd annonçait mercredi dernier son intention d’émettre les titres d’emprunt obligataire pour la somme de 3,5 milliards de yuan (512 millions de $US). C’est la première fois qu’une banque étrangère émettra en Chine continentale des titres obligataires dans la devise chinoise.

L’annonce a été faite le lendemain d’une circulaire émise par le Conseil d’état en avril où celui-ci appelait au développement de Shanghai comme centre financier et pôle d’activité maritime.

Les autorités municipales de Shanghai ont tenu à la fin du mois dernier une réunion de travail préparatoire à la mise en place du centre financier envisagé, promettant leur soutien aux banques à émettre des obligations en yuan.

«Alors que le marché financier chinois se libéralise de plus en plus, la Standard Chartered Bank note nombre d’opportunités pour nos affaires», a déclaré Peter Sands, Directeur de Groupe de la banque.

Cette émission de titres permettra à élever le statut du Renminbi (la monnaie chinoise) comme devise de réserve, développer des marchés de capitaux locaux et contribuer au développement de Shanghai comme centre financier global, à dit Sands.

La Standard Chartered Group a annoncé une augmentation de revenus de 26% en 2008, soit 13,97 milliards de $US, malgré les difficultés de l’environnement économique global.

En Chine, la banque s’est développé ces quatre dernières années à la cadence annuelle moyenne de 80%.

La Standard Chartered Bank, installée depuis 150 ans en Chine, est la plus ancienne banque étrangère dans ce pays. Elle est parmi le premier lot de banques incorporées localement et possède le plus large réseau parmi les banques étrangères opérant en Chine.

[Traduction Alexandre MOUMBARIS]



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