Dossiers du BIP n° 147 – mai 2012

SOMMAIRE

Dossier Syrie

  • Témoignage: Dernières nouvelles de Homs et de      Kusayr — Mère Agnès-Mariam de la Croix, Mondialisation.ca
  • Ce que Khamenei chuchota à l’oreille d’Erdogan —      Dr Fida Dakroub,Mondialisation.ca
  • Nouvelles révélations sur le bateau d’armements LoutfallahComité      Valmy
  • Critique du discours «philanthrope» sur la Syrie      ou Misère du Discours: «Le calife de sang» —      Dr Fida Dakroub, Mondialisation.ca

Dossier Grèce

  • Soutien aux métallurgistes grecs
  • Dédommagements allemands —      Nikos Bogiopoulos
  • Statistiques de l’occupation nazie —      Mich. Tserpès, extrait «Le Saint Khaïdari»
  • Comme par magie les archives concernant les      dédommagements allemands ont été retrouvéesnewsit.gr
  • Le PCG a une proposition d’ensemble pour soulager      les chômeurs et éradiquer le chômage — Aléka Papariga, SG      du CC du PCG
  • L’Arrestation de A. Tsokhatzoglou —      Bureau de Presse du PC de Grèce
  • Fondation de CyrèneL’Enquête      (extraits du livre IV —Hérodote
  • L’attaque contre les travailleurs et le peuple      s’accentue — PC de Grèce
  • Ils ne peuvent pas mettre la main sur le KKE —      PC de Grèce,Ριζοσπάστης

  • Espagne: Encore des coupes dans la santé et      l’éducationAlejandro López, wsws.org
  • Sardaigne, poubelle de      l’OTAN. Les langues commencent à se délierMouvement chrétien pour      la paix,lecapitalismecestla guerre
  • Président Kim il Sungcentième      anniversaire
  • Livre:Retour sur un      voyage en U.R.S.S.Joseph      Siquier
  • Le point sur la grève de la faim des prisonniers      politiques palestiniens —Adameer
  • La révolte des généraux israéliens contre      l’obscurantisme israélite— Réseau Voltaire
  • Avec l’approbation de la LOTTT, la classe      ouvrière a obtenu une victoire partielle BP      du PC du Venezuela
  • Procès BDS à Bobigny Relaxe de Maha, Mohamed,      Olivia et Ulrich: Victoire! — Campagne BDS France
  • Ce que laisse attendre la nouvelle présidence      française I. Ignatchenko, Comaguer
  • Réponse à quelques accusations —      Jean Bricmont, Balkan Infos
  • Un silence assourdissant —      Louis Dalmas, Balkan Infos
  • Gregorios III: «une dictature de la presse sur la      crise syrienne» —Résistance Politique

TEXTE INTEGRAL

Syrie

CONFLIT EN SYRIE : Que se passe-t-il vraiment à Homs et Kusayr ?

Témoignage: Dernières nouvelles de Homs et de Kusayr

par Mère Agnès-Mariam de la Croix

À la veille de la Semaine Sainte où nous contemplons l’Agneau de Dieu affreusement traité par le péché du monde qu’Il porte pour nous sauver, je viens vous donner des nouvelles fraîches de notre diocèse.

Il est de notre devoir de vous informer sur les vrais développements du conflit en Syrie. Nous le faisons afin que l’opinion publique fasse pression pour épargner la population civile syrienne.

Nouvelles de Qâra

Plus de 300 familles sunnites de Baba Amro sont réfugiées chez l’habitant et servies par les membres de l’opposition locale. Nous faisons ce que nous pouvons pour les aider. Je suis intervenue personnellement pour la mise en libération de 70 militants incarcérés depuis le passage de l’armée syrienne par notre village. J’ai clamé haut et fort ma désapprobation pour les méthodes employées avec certains prisonniers. On les a tabassés pour leur faire avouer de supposés méfaits liés au terrorisme des bandes armées. Notre tailleur de pierre a ainsi perdu ses fausses dents.

Nous avons déclaré notre monastère ouvert pour recevoir les réfugiés et les sinistrés. On nous parle d’une centaine d’enfants entre 1 et 10 ans qui ont été retirés des décombres de Baba Amro et dont on n’a pas encore trouvé les parents. Nous essayons de les aider et, peut-être, une fois les papiers établis, nous en recevrons quelques-uns chez nous. Cela dépendra du ministère des Affaires sociales. Là aussi vos dons sont les bienvenus.

Nouvelles de Homs

À Homs, ville d’un million d’habitants, les deux tiers de la population ont fui les lieux. Plus de 90% des chrétiens ont été forcés de partir, souvent sans avoir le temps de rien emporter.

Des centaines de familles chrétiennes ont abandonné Homs et sa province pour se réfugier dans la Vallée des chrétiens, à Damas ou dans sa province. Vos dons sont bien arrivés et ils ont été distribués. Un grand merci! Lorsque nous pourrons joindre le curé de Bab Sbah, à Homs, il nous donnera la liste des familles bénéficiaires. Tant que vous pouvez continuez à aider. Vos dons arriveront fidèlement à destination.

Certaines familles sont retournées pour surveiller leurs biens. L’une d’entre elles raconte cet épisode ubuesque: «Nous ouvrons la porte et, voilà, le salon est rempli de monde. Ils portent nos pyjamas et mangent dans nos assiettes. Interloqués nous les fixons du regard. Gêné, leur leader nous dit «quand vous voulez on vous rendra votre maison». Mais la réalité s’impose. Il faut les laisser faire et se rendre à l’évidence. Notre maison n’est plus à nous ».

Pourquoi affirmons-nous que ces gens ont été «forcés» de partir? Parce que progressivement mais efficacement la branche armée de l’opposition syrienne a opéré ce qu’on peut appeler une«redistribution démographique». Grâce à des francs-tireurs et à des actes d’agression criminelle ils ont harcelé la population civile non agréée: les minorités alaouites, chrétiennes, chiites et beaucoup de musulmans «modérés» qui n’ont pas désiré participer aux activités dissidentes. Ce n’est pas un génocide massif mais une liquidation à petits feux.

Depuis août 2011 et plus particulièrement depuis novembre où nous avons vu la situation de nos yeux en visitant Homs et Kusayr, nous avons des informations sûres et prouvées d’actes de barbarisme envers la population civile pour l’obliger à se désister de la vie civique ordinaire et paralyser ainsi les institutions de l’état.

Dès le début de l’année scolaire des sévices répétés ont été enregistrés contre les établissements scolaires: kidnapping du corps enseignant, instituteurs et institutrices, harcèlement des écoliers, incendie des écoles ou leur bombardement. Cela a amené progressivement à la fermeture des écoles puis des universités.

Les minorités présentes dans des quartiers sous la coupe des bandes armées affiliées à l’opposition syrienne ont été la cible permanente d’exactions: leurs biens ont été pillés, leurs voitures réquisitionnées, beaucoup d’entre eux ont été pris en otage, pour la simple raison d’appartenir à une minorité religieuse et n’ont été relâchés que contre une rançon (ce qui a provoqué le phénomène du contre-kidnapping, avec des négociations de part et d’autres pour la libération des otages en vis-à-vis).

De même, tous les acteurs de la vie civile ont été une cible préférentielle du terrorisme camouflé en résistance armée: les chauffeurs de taxi, les marchands ambulants, les facteurs et surtout les fonctionnaires de l’administration civile ont été les victimes innocentes des actes qui ont dépassé le simple assassinat pour revêtir les aspects les plus barbares du crime gratuit: personnes égorgées, mutilées, éventrées, dépecées, jetées dans les coins des rues ou dans les poubelles. On n’a pas hésité à tirer sur des enfants à bout portant pour créer la détresse et le désespoir, comme ce fut le cas du petit Sari, neveu de notre tailleur de pierre. Ces actes atroces étaient ensuite exploités médiatiquement pour en imputer la responsabilité aux forces gouvernementales.

Nous avons surpris ce stratagème par nous-mêmes lors d’une visite à Homs. Ce jour-là nous avons recensé une centaine de cadavres arrivant dans les hôpitaux, victimes de l’acharnement gratuit des bandes armées affiliées à l’opposition.

En passant par l’avenue de Wadi Sayeh nous avons surpris une voiture calcinée. Un homme venait d’être la cible d’un attentat de la part des bandes armées parce qu’il avait refusé de fermer son magasin. Sa voiture avait été dynamitée et lui a été littéralement «haché en morceaux» et jeté sous la devanture de son magasin. Au moment où nous passions, des passants s’étaient assemblés. Nous avons surpris plusieurs actionnant leurs téléphones portables. Ils filmaient et nous avons entendu l’un d’entre eux enregistrer ces paroles sans doute à l’adresse d’une des chaînes satellitaires: «voici ce qu’endurent les citoyens syriens de la part des escadrons de la mort de Bashar El Assad».

Nous avons photographié cet évènement et nous avons suivi la dépouille du pauvre homme tué jusqu’à l’hôpital.

Avec la chute de Baba Amro, les combattants et leurs familles se sont faufilés de Nazihin et Ashiri et ont investi les quartiers chrétiens de Warcheh et Salibi. Les maisons des chrétiens ont été réquisitionnées.

Dans Hamidiyeh et ses environs, jusqu’à Wadi Sayeh et, plus haut, Bustan Diwan, le même scénario se produit: les bandes armées font partir les chrétiens, parfois de force, et pillent leurs maisons puis les utilisent pour installer des familles déplacées sunnites ou pour les utiliser à des fins militaires. On nous raconte que les bandes armées ont troué les cloisons qui séparent les habitations pour pouvoir circuler à travers le quartier sans sortir dans la rue. Des quartiers entiers sont ainsi transformés en blockhaus.

Dernières nouvelles du 30.3.2012

Les quartiers de Bab Sbah, Warcheh et une partie de Hamidiyeh sont vidés de leurs habitants pour les raisons citées plus haut. Des bandes de terroristes islamistes envahissent les lieux et s’introduisent dans les maisons, les pillent puis les brûlent, alléguant que les forces gouvernementales les ont pilonnées. Les terroristes, avant de s’introduire dans les quartiers habités par les minorités confessionnelles les avaient eux-mêmes pilonnés avec des mortiers, des roquettes ou des fusées LAU de fabrication israélienne. Ils s’en prennent à des populations civiles non armées et dans des endroits où n’existe aucune présence des forces régulières.

Il est faux de dire que la population civile est uniquement prise entre deux feux. La vérité c’est que dans plusieurs endroits les quartiers chrétiens ont été la cible d’un bombardement systématique des bandes armées pour se «venger» du fait que les chrétiens n’étaient pas au rendez-vous de l’opposition. Mais l’eussent-ils été auraient-ils échappé au limogeage confessionnel? Nous en doutons.

D’après l’agence catholique Fides, la manœuvre des bandes armées est d’investir les quartiers à majorité chrétienne du vieux Homs pour s’y retrancher. Un grand drame se prépare: les bandes armées ont ceinturé le quartier avec des explosifs menaçant de tout faire sauter si l’armée régulière avance.

Disons que la confusion règne quant aux véritables tenants et aboutissants de la branche armée de l’opposition. Comme il y a plusieurs factions, indépendantes les unes des autres, leurs exactions ont différentes motivations. Il ne faut pas se hâter de discréditer les témoignages de chrétiens qui ont expérimenté une vraie «persécution» à leur encontre. Ce n’est plus un mystère pour personne que des salafistes sont actifs dans beaucoup d’endroits à Homs en particulier et en Syrie en général. Il est cependant vrai aussi qu’en général les chrétiens ne sont pas sous la coupe d’une persécution systématique et générale car les groupuscules salafistes ne sont pas partout.

Je suis en train de traduire un article qui donne un éclairage intéressant sur la présence des salafistes en Syrie et au Liban.

Situation à Kusayr

Kusayr est un gros bourg des environs de Homs, limitrophe avec le Liban. La situation y est dramatique. Les minorités ont été la cible de terribles exactions. Plusieurs personnes innocentes ont péri, abattues de sang froid. André Arbache, jeune marié de 30 ans a été kidnappé et à ce jour on ne sait rien de lui. Des terroristes arrêtés par les forces de sécurité ont confessé qu’il avait été égorgé d’après le rituel du «Nahhr»:méthode appliquée par Al Qaeda sur les «renégats».

La famille chrétienne Kasouha, majoritaire à Kusayr, a perdu plusieurs de ses membres, abattus de sang froid. On parle de contentieux anciens. N’empêche que des chrétiens ont été massacrés après avoir subi pendant des mois les exactions des bandes armées qui, pourtant, ont été présentées au monde comme étant des factions de résistants valeureux cherchant à instaurer la démocratie. En réalité, ces bandes armées ont appliqué la loi de la jungle: soit elles ont cherché à ressusciter les vieux démons des frictions intercommunautaires, soit elles ont, elles aussi comme à Homs, essayé de faire advenir la guerre confessionnelle.

Plusieurs chrétiens de Kusayr ont été assassinés, parfois dépecés, pour inciter la population à fuir. Comme tout cela ne suffisait pas pour débarrasser Kusayr de ses habitants chrétiens, les terroristes ont pris le parti d’attaquer ouvertement les quartiers des chrétiens. Ils les ont pilonnés avec les mortiers et les roquettes puis les ont investis, jetant dehors leurs habitants et tuant les récalcitrants. Les immeubles des chrétiens ont été systématiques détruits ou brûlés après avoir été pillés.

Dans les quartiers plus éloignés qui n’ont pas été encore investis par les terroristes et où beaucoup de chrétiens se sont réfugiés chez les leurs, les maisons des chrétiens sont la cible continuelle de mortiers. C’est ainsi que le domicile de notre curé, Père Georges Louis, a été frappé de plein fouet par quatre obus ce qui l’a totalement détruit.

Il faut rappeler que ces bombardements n’entrent pas dans le cadre d’un échange de tir avec l’armée syrienne mais constituent une agression gratuite sur une population civile non armée.

Les chrétiens de Kusayr ont entendu les islamistes à maintes reprises affirmer que les comités de coordination locale ont déjà distribué les biens meubles et immeubles des chrétiens aux familles sunnites.

Quelques exemples percutants d’actes sauvages perpétrés par les bandes armées affiliées à l’opposition:

Lorsque l’armée régulière a forcé Baba Amro les terroristes ont rassemblé tous leurs otages (alaouites et chrétiens) dans un immeuble de Khalidiyeh qu’ils ont dynamité perpétrant un terrible massacre et l’attribuant aux forces régulières. Même si cet acte a été imputé aux forces régulières, y inclus par la Ligue Arabe, les preuves et les témoignages sont irréfutables: il s’agit d’une manœuvre des bandes armées affiliés à l’opposition.

La famille Al Amoura, du village de Al Durdâk, dans les alentours de Homs, a été exterminée par les terroristes wahabites. Quarante et une personnes de cette famille ont été égorgées le même jour. Un autre massacre a été perpétré par l’Armée Libre de Syrie en retrait de Baba Amro : elle s’est arrêtée près de Rableh, à la frontière libanaise et a massacré quatorze membres d’une même famille alaouite à Hasibiyeh.

RETROSPECTIVE

Voilà une année que je me suis penchée sur la situation en Syrie pour essayer de la comprendre. Par après je me suis rendue par trois fois sur les lieux chauds de notre diocèse et je puis dire que je suis devenue témoin oculaire. En regardant en arrière je vois que je ne me suis pas trompée dans mes pronostics. Avec des journalistes belges nous avons été les premiers au monde à faire état de«bandes armées non identifiées». Aujourd’hui ces bandes ont été identifiées. Nous pouvons leur donner un nom. Elles sont regroupées sous le titre de l’Armée Libre de la Syrie bien qu’elles soient d’origine salafiste ou wahabite, c’est-à-dire des formations para militaires d’islamistes ultra radicaux.

Nous remercions toutes les instances qui, durant l’année écoulée, ont sommé le régime syrien, même si souvent c’était à tort et à travers à partir de fausses informations, d’arrêter ses violences envers la population civile. Mais quid des sévices de l’opposition syrienne? Ou plutôt des factions armées qui se réclament d’elle? Aujourd’hui le mal est fait. Ce que nous craignions est en train d’arriver: l’exode des chrétiens de Syrie commence. Ils le partagent avec leurs frères et sœurs des autres confessions. Il nous rappelle celui des chrétiens d’Irak. Espérons que la tendance soit enrayée par l’arrêt des hostilités et l’instauration d’un dialogue entre toutes les composantes du peuple syrien.

Nous sommes tous pour la liberté et la démocratie. Malheureusement les nobles objectifs brandis par l’opposition syrienne ont été phagocytés par l’islamisme. En portant l’opposition aux nues -au début c’était à juste titre- on a cru sans vérification tout ce que disaient le fallacieux Observatoire syrien des droits de l’homme puis les «comités de coordination locale». Or, au gré des nécessités, ces organismes faisaient plus du trucage que de l’information. Non seulement l’information apportée était unilatérale et partisane mais souvent elle a été tronquée et falsifiée. La réalité n’était plus conforme à leurs déclarations fastidieuses.

Par ailleurs les évènements m’ont donné raison et, ce qui me console, c’est que la communauté internationale elle-même est en train d’appuyer la thèse d’une perversion de l’opposition syrienne qui est devenue, à l’insu de beaucoup de ses supporters, un paravent pour le sunnisme radical.

La presse mainstream commence petit à petit à comprendre la réalité du conflit en Syrie en révélant certains de ses côtés trop longtemps occultés: la présence de factions armées dont l’objectif était de créer de toutes pièces un scénario de guerre confessionnelle semblable à celui du Liban. Ceci explique l’acharnement subi pendant des mois par les alaouites de la part des bandes armées. Les chrétiens en ont aussi été victimes mais dans une moindre mesure. L’objectif de ces groupes armés était de pousser les minorités à s’armer pour qu’éclate la guerre confessionnelle. Mais cette réaction n’est jamais venue. À part des cas isolés, les minorités ne se sont pas armées. Elles ont attendu patiemment que les forces de l’ordre viennent les protéger. Elles ont payé ainsi un très lourd tribut de sang en attendant leur délivrance. L’histoire rendra hommage à la maturité du peuple syrien qui, par sa sagesse millénaire, a évité de verser dans le pire alors que tout était à sa disposition pour se venger de«l’autre». Il faut aussi dire que la majorité des musulmans en Syrie décrient les salafistes et prennent leur distance du wahabisme. Ils disent que tout extrémisme est une déformation et que le salafisme, inspiré du wahabisme, est devenue une hérésie surtout lorsqu’il a recours à l’élimination des «kuffar» ou«renégats», en fait toute personne qui n’accepte pas ses fondamentaux.

En définitive le monde occidental, tributaire d’une information tendancieuse, se trompe grandement en appliquant à ces groupements hétéroclites islamistes le titre d’Armée Libre de la Syrie. Il faut distinguer les choses pour ne pas favoriser le pire.

Et quoi dire de plus? Human Rights Watch a écrit une lettre ouverte au «Conseil National Syrien» pour l’inviter à dénoncer des actes de barbarie à l’encontre de la population civile syrienne et les forces de l’ordre, actes contraires à la Charte des Droits de l’homme et à la Convention de Genève commis par les bandes armées affiliées à l’opposition. L’ambassadeur des États-Unis à Damas se lamente sur les violences inacceptables des bandes armées agissant au nom de l’opposition. Les grandes puissances et les médias internationaux parlent ouvertement d’une dérive confessionnelle de certaines branches armées affiliées à l’opposition syrienne dans lesquelles on découvre des factions de Al Qaeda, des Salafistes et des Wahabites. Pax Christi Canada adresse une lettre aux dirigeants de ce monde pour leur demander de ne plus intervenir au Moyen-Orient par les moyens militaires. La France a pour sa part refusé l’entrée de son territoire au Cheikh Qaradawi qui incitait sans cesse sur Al Jazirah arabe pour une guerre confessionnelle. L’affaire Merah à Toulouse contribuera à dessiller les yeux sur les dangers de la chaîne Al Jazzirah dont les locaux dans la tour Montparnasse ont été perquisitionnés par la police française.

Alors que la communauté internationale cherche à favoriser le dialogue et l’apaisement il est désormais inacceptable que des responsables et des journalistes continuent à croire à l’aveuglette les déclarations des réseaux d’information tendancieux qui couvrent le crime de ces bandes armées s’affiliant à l’opposition syrienne pour son plus grand dam. En ignorant les exactions et les crimes de ces bandes armées et en saluant leur «combat» on encourage leurs crimes et on ne porte pas assistance à personnes en danger. Seule une information objective et sans parti pris, fidèle à la réalité des faits, pourra aider à arrêter la violence et à amener toutes les factions à dialoguer en vue d’un vrai processus démocratique. Il faut dénoncer le mal où qu’il se trouve sans état d’âmes. Un minimum de vérification est de mise dans la confusion qui prévaut.

CONCLUSION

Nos prières s’élèvent pour que la Syrie sorte purifiée et pacifiée de cette terrible épreuve et que la voix de la majorité écrasante du peuple syrien, toutes confessions confondues, soit entendue: entreprendre les réformes nécessaires sans briser le pacte national ni verser dans la guerre confessionnelle.

En ce glorieux temps pascal que le Seigneur vainqueur de la mort nous visite comme Il le fit à Sa Mère et à Ses Apôtres et qu’Il nous évangélise avec Sa Paix, basée sur la destruction du mur de la haine dans Son Corps livré pour nous. Lui seul nous apprend à aimer le prochain jusqu’à nous livrer pour lui. Tel est le message que nous aimerions faire entendre de Syrie à ceux qui sont près et à ceux qui sont loin.

Qâra, 31 mars, Dimanche des Rameaux 2012

Note

Agnès-Mariam de la Croix est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca. Articles de Agnès-Mariam de la Croix publiés par Mondialisation.ca


Iran— Turquie — Syrie

Ce que Khamenei chuchota à l’oreille d’Erdogan

L’Iran ne restera pas spectatrice face à une intervention militaire en Syrie

Généralités

Qu’on lise ce que les analystes écrivent aujourd’hui et que l’on dise si nous n’avons pas prédit très exactement le développement de la crise syrienne. Voilà, en un an de «guerre universelle»contre la Syrie, le président Assad savoure la victoire diplomatique au Conseil de sécurité, et celle militaire à Baba Amr; voilà les Étasuniens refusent d’armer l’«opposition» syrienne, sous prétexte que les armes pourraient tomber aux mains des combattants d’Al-Qaïda; voilà les émirs et sultans arabes du Golfe se retirent du palais émiral qatari, l’un après l’autre, et se dispersent dans le noir de l’obscurité, chacun vers son oasis, tout en envoyant de «colombes» au président Assad, exprimant leur«désir» à aider la Syrie à sortir de sa crise, et à jouer un rôle positif dans toute solution future; voilà la soi-disant«opposition» syrienne montre sa vraie face et appelle à l’intervention militaire en Syrie, ainsi qu’à l’armement des milices du Conseil national syrien; voilà le guide suprême de la République islamique d’Iran, Ali Khamenei, chuchote à l’oreille du Premier ministre turc, Recep Tayyib Erdogan, en lui avouant que la Syrie n’est pas seule dans les «tranches», et que l’Iran est prête à réagir et à la défendre contre toute intervention militaire arabe ou atlantique; voilà les «amis» du peuple syrien se retrouvent de nouveau, mais cette fois-ci à Istanbul, la capitale des califes, pour déclarer au monde entier leur échec à renverser le président Assad, et pleurer leur désespoir à former un front solide opposant au régime syrien; autre que les cris et les injures, cette foule d’«amis» semble être plus désespérée que jamais; pour en finir, voilà la crème de la chevalerie française, associée à la bonhomie étasunienne et coalisée à l’honneur arabe et à l’humanisme turc, pourrit dans le plat-du-jour des «janissaires»d’Istanbul.

Entretemps, la foule d’«amis» se réunit dans des salles d’hôtels et répand des bruits par indignation et par désespoir, mais cela ne change point les résultats sur le terrain; car les fantômes des vetos russes et chinois hantent toujours les couloirs, les escaliers et les chambres à coucher du Conseil de sécurité; et l’armée syrienne désinfecte les bastions rebelles et reprend contrôle de la sûreté du pays: «Plaudite, acta est fabula!»1.

Les Turcs fidèles à l’Histoire

Après un long conflit sanglant sur le trône de l’Empire ottoman qui mena à la victoire du jeune sultan Selim I2, ce dernier captura enfin son frère Ahmet et l’exécuta à la bataille de Yenişehir, le 15 avril 15133.

Parallèlement à ce conflit de fratricide, plus loin vers l’Est, le Shah persan, Ismail (1487 – 1524) se libéra temporairement de son conflit avec les Uzbeks et se trouva en mesure de tourner de nouveau vers l’Ouest pour s’occuper de son adversaire ottoman en Anatolie.

Au Sud, le sultan mamelouk de l’Égypte et de la Syrie, Qansu (1446– 1516), s’alerta par l’avancement des troupes persanes safavides vers l’Ouest, et par la présence de troupes ottomanes au Nord, à proximité de provinces mameloukes d’Alep et de Damas. Pour repousser ce double danger, les Mamelouks se coalisèrent à l’Empire perse safavide, à l’Est, et à la République de Venise, au Nord. En plus, en 1515, le sultan mamelouk laissa le passage à travers la Syrie aux ambassadeurs du safavide Ismail I de Perse, en route vers Venise pour organiser une coalition anti-ottomane. Coincés entre les Autrichiens et les Vénitiens à l’Ouest, les Persans à l’Est, les Russes au Nord et les Mamelouks au Sud, les Turcs ottomans attaquèrent les provinces mameloukes en Syrie et au Liban et battirent les Mamelouks à la bataille de Marj Dabiq, le 24 août 1516. Les Ottomans entrèrent dans Alep le 28 août 1517. Le jour suivant les prières furent dites au nom du sultan turc Selim Ier dont les troupes s’emparaient de la Syrie et du Liban. Quelques mois plus tard, les Ottomans traversèrent le désert du Sinaï en 13 jours et battirent les Mamelouks une nouvelle fois aux environs du Caire, le 24 janvier 1517. Le dernier sultan mamelouk Al-Adil Tuman Bay fut exécuté le 13 avril.

Ceci dit, il paraît que les Turcs de nos jours se rappellent bien du Shah persan, Ismail I, et de ses ambitions à pousser les frontières de son empire plus loin vers l’Ouest, vers l’Anatolie.

Les Turcs à la reconquête de l’Orient

En vérité, avec l’échec du rêve turc à adhérer à l’Union européenne, la Turquie se trouve «martelée» entre trois puissances: l’Union européenne à l’Ouest, la Russie au Nord et la nouvelle superpuissance iranienne à l’Est. En plus, le Sud comprend des zones sous influence iranienne, comme l’Irak, la Syrie et le Liban ; autrement dit, l’Arche shiite. En traduisant ces données en un langage géopolitique, nous obtiendrons le résultat suivant: la Turquie est encerclée et «Annibal ad portas»4! Les Perses sont à nos portes!

Il est clair d’emblée que les solutions à la crise syrienne ne sont pas dans l’intérêt des chefs d’Ankara. Au contraire, au moment où les Étasuniens commencent à «compter bien leurs pas»avant de s’aventurer plus loin dans aux «Pays des Arabes», voyons les responsables turcs mettant du pétrole sur le feu syrienne, pour que la guerre continue et la paix meure. En effet, avec le «recul»américain de la crise syrienne, la Turquie est devenue le fer de lance de la campagne contre la Syrie. En plus, la Turquie perdrait ses cartes en acceptant une solution n’entraînant pas le départ du président Assad. Ceci n’est en aucun point lié ni à la bonhomie des nouveaux califes d’Istanbul ni à leur nature«humaniste cosmopolite» – surtout que leur casier judiciaire comprend encore des points noirs concernant les droits des minorités kurde et alaouite –, mais plutôt parce que la continuation du régime actuel à la tête du pouvoir en Syrie constitue, à long terme, une menace stratégique à la sûreté nationale de la Turquie. Autrement dit, en faisant allusion à l’Histoire, un régime chiite alaouite en Syrie coalisé à un régime chiite duodécimain en Iran se traduise dans l’enjeu géopolitique du Moyen-Orient pour ainsi dire par l’expansion de l’empire safavide vers les portes de l’Empire ottoman!

Évidemment, ni les dirigeants actuels d’Ankara ni le sultan ottoman Selim Ier – que son âme repose en paix – ne seraient en mesure de tolérer une telle menace. En d’autres termes, le renversement du président Assad constitue une priorité stratégique aux Turcs; ce qui résulte à dire qu’une réussite de l’émission de Kofi Annan implique un échec à la diplomatique turque; car cette émission est en effet la concrétisation de la déclaration du Conseil de sécurité sur la Syrie, qui eut évité d’appeler au renversement du président Assad. Ceci entraînerait aussi une croissance du rôle et de la puissance des Iraniens au Moyen-Orient, et établirait un nouveau rapport de force qui ne serait point en faveur des Turcs, évidemment.

Ainsi, les nouveaux califes d’Istanbul rêvaient à reconquérir les provinces arabes de l’Empire ottoman, qui en furent détachées lors du traité de Sèvres en 19205; surtout la Syrie qui faisait partie intrinsèque de l’Empire de 1516 à 1918, et l’Irak de 1534 à 1918.

Ce que Khamenei chuchota à l’oreille d’Erdogan

C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la dernière visite du premier ministre turc, Recep Tayyib Erdogan à Téhéran, où il exprima bien, aux dirigeants iraniens et en un langage diplomatique bien soigné, les «angoisses» d’Ankara concernant l’expansion des Iraniens vers leurs Portes.

Bien sûr, Erdogan n’eut pas apporté des bâtons dans son bagage de commerçant oriental, pour les vendre aux bazars de Téhéran, mais plutôt des carottes. Il affirma soutenir la position de l’Iran sur le nucléaire, et proposa accueillir en Turquie les prochaines négociations entre l’Iran et les puissances du groupe 5+1 (États-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France et Allemagne) qui devraient reprendre le 13 avril. Selon le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi6: «Le gouvernement et le peuple turcs ont toujours clairement soutenu la position de la République islamique de l’Iran sur le nucléaire et vont poursuivre fermement cette politique à l’avenir»7.

Plus tard, Erdogan déclara lors d’une conférence de presse à Téhéran que: «Lors d’une rencontre en Corée – où il se trouvait pour la conférence sur la sécurité nucléaire – il y a eu des discussions avec eux (5+1) pour que les négociations aient lieu en Turquie et à ce propos il y a eu des avancées. Nous attendons maintenant leur réponse»8.

Cependant, malgré les carottes que M. Erdogan échangeait avec les Iraniens, son ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, envoya, aux bazars de Téhéran, un chariot plein de bâtons, les meilleurs des souks d’Istanbul. En vérité, M. Davutoglu déclara à l’agence de presse turque, Anadolu Ajansi, que «l’intervention turque en Syrie est une nécessité pour la Turquie et non pas un choix»9.

De son côté, le président turc, Abdullah Gül, indiqua aussi que les violences sanglantes en Syrie et en Irak continuent menant la région à des conflits religieux et à une instabilité politique, et que la tension que provoque le programme nucléaire iranien pourrait tourner en une confrontation «chaude»10. Gül ajouta que la Turquie «se préparent pour tous les scénarios possibles. Elle doit utiliser les moyens diplomatiques dans le but d’éviter un désastre dans la région. Ce qui convient à dire que les efforts diplomatiques ainsi que les préparations militaires sont une obligation pour la Turquie et non pas un choix»11.

Les Iraniens comprirent ces messages turcs à longue portée de la façon suivante : L’Occident, se cachant derrière les califes d’Istanbul, est prêt à échanger des carottes, et non de bâtons, avec les Iraniens sur leur programme nucléaire; le prix serait évidemment la «tête» du président syrien Bachar al-Assad; autrement dit, la Syrie!

De façon similaire, la réponse iranienne à ce message venait le jour même, lors de la rencontre de M. Erdogan avec le guide suprême de la République islamique d’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, qui confirma à son hôte que l’Iran défendrait la Syrie contre toute intervention militaire étrangère; parce que la Syrie est un pays résistant face à «l’entité sioniste». Selon la télévision officielle iranienne, Khamenei insista que «l’Iran refuse et rejette fortement toute intervention militaire étrangère aux affaires intérieures de la Syrie, et les réformes entamées par les autorités syriennes doivent continuer»12. L’ayatollah Khamenei ajouta aussi que l’Iran «opposerait fermement à toute initiative étatsunienne envers la Syrie»13.

Par ailleurs, en dépit de la déclaration du vice-président iranien, M. Mohammad Reza Rahimi, indiquant que «l’Iran est favorable au choix de la Turquie pour accueillir les négociations avec le groupe 5 + 1»14, les responsables iraniens rejetèrent l’offre turque et déclarèrent qu’ils préféraient Bagdad ou la Chine comme pays accueillants des négociations avec le groupe 5 + 1, au lieu de la Turquie.

Évidemment, ce rejet provoqua la colère du Premier ministre turc, qui eut l’impression que les Iraniens «jouaient avec lui», comme s’il était mullah Nasr Eddine15.

Ainsi, lors d’une déclaration à la presse à Ankara, M. Erdogan accusa l’Iran d’être «déshonnête». Il dit que «les offres se tournent à ce moment ; Damas ou Bagdad, c’est une perte de temps; cela veut dire que les négociations n’auraient plus lieu, parce qu’ils [les Iraniens] savent bien que les autres [les Occidentaux] ne viendront ni à Damas ni à Bagdad»16. Il ajouta que l’Iran perd constamment de prestige au monde à cause de sa déshonnêteté, et elle «doit être honnête»17.

Pour résumer, la réplique-réponse iranienne au «jeu de renard»turc fut bien ferme et claire, comme la réponse russe: non au renversement du président Assad par la force; non à l’intervention militaire en Syrie; non à l’armement des «oppositions»syriennes.

Plus utile

Un jour, mullah Nasr Eddine entra dans la maison de thé, déclamant:«La lune est plus utile que le soleil».

– Et pourquoi donc, Nasr Eddine?

– Parce que c’est surtout quand il .fait nuit que nous avons besoin de lumière18.

En guise de conclusion, il nous paraît que l’argument de M. Erdogan avec les responsables iraniens concernant l’intérêt de Téhéran à abandonner le président syrien et à accepter la«générosité» de l’Occident concernant le dossier nucléaire n’a pas vraiment convaincu les Iraniens que la lune est plus utile pour eux que le soleil!

Dr Fida DAKROUB

Pour communiquer avec l’auteure: http://bofdakroub.blogspot.com/

Notes

1. Sur son lit de mort, l’empereur romain Auguste, se sentant proche de mourir, demanda un miroir, se fit peigner les cheveux et raser la barbe. Après quoi, il dit: «N’ai-je pas bien joué mon rôle? Oui, lui répondit-on. Applaudissez, dit-il, la pièce est finie! Plaudite, acta est fabula!
2. Selim Ier(1470 – 1520) fut le neuvième sultan de l’empire ottoman et le premier à porter le titre de calife, à partir de 1517.
3. Shaw, Stanford J., History of the Ottoman Empire and Modern Turkey.Volume 1, Cambridge : Cambridge University Press, 1976.
4. Cri d’alarme des Romains après la bataille de Cannes en 216 (av.JC). Ils le faisaient entendre toutes les fois que le péril était imminent. On rencontre cette expression dans Tite-Live, Florus, Juvénal, Valère-Maxime, Plutarque. Au lieu d’Annibal, les orateurs mettent souvent Catilina.
5. Le traité de Sèvres, conclu le 10 août 1920 à la suite de la première Guerre mondiale entre les Alliés et l’Empire ottoman, est un traité de paix destiné à mettre en application les décisions relatives aux territoires ottomans prises lors de la conférence de San Remo.
6. loc. cit.
7.L’Express, 29/ 03/ 2012
8. loc. cit.
9.Anadolu Ajansi, 3/3/2012
10. Cumhuriyet, 5/4/2012: http://www.cumhuriyet.com/?hn=327746
11. loc. cit.
12. Al-Akhbar, 30/3/2012: http://www.al-akhbar.com/node/61286
13 loc. cit.
14. L’Express, loc. cit.
15. Nasr Eddin Hodja est un ouléma mythique de la culture musulmane, personnage ingénu et faux-naïf prodiguant des enseignements tantôt absurdes tantôt ingénieux, qui aurait vécu en Turquie, à une date indéterminée entre le XIIIe siècle et le XVe siècle.
16. Today’s Zaman, 5/4/2012
17. loc. cit.
18.«Les exploits de l’incomparable Mulla Nasrudin»

Docteur en Études françaises (UWO, 2010), Fida Dakroub est écrivaine et chercheure, membre du«Groupe de recherche et d’études sur les littératures et cultures de l’espace francophone» (GRELCEF) à l’Université Western Ontario. Elle est l’auteur de «L’Orient d’Amin Maalouf, Écriture et construction identitaire dans les romans historiques d’Amin Maalouf» (2011).

Fida Dakroub est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca. Articles de Fida Dakroub publiés par Mondialisation.ca

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Mondialisation.ca, le 11 avril 2012
[http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=30254]


Syrie- Liban

Nouvelles révélations sur le bateau d’armements Loutfallah

Dernières révélations sur le navire d’armements Loutfallah 2intercepté dans les eaux territoriales libanaises: les financeurs du navire et de la cargaison d’armements sont deux hommes d’affaires syriens qui vivent dans un pays du Golfe, a fortiori en Arabie saoudite, selon une source juridique proche de l’équipe chargée de l’enquête au journal AsSafir.

Le propriétaire du navire et son capitaine (qui n’est autre que son frère), sont également de nationalité syrienne, alors que les membres de l’équipage comportent plusieurs nationalités. Du nombre de 11, ils ont tous été capturées et font l’objet d’une enquête par la Cour militaire libanaise.

Selon AsSafir, les enquêteurs sont presque unanimes que tous ces éléments appartiennent à l’opposition syrienne. Il en est de même pour celui qui devait recevoir la cargaison et qui a payé de grandes sommes d’argent au contrôleur des douanes libanais.

Pour sa part, le site en ligne Syrian Truth signale que le propriétaire du navire qui battait le drapeau sierra-léonais n’est autre que Mohammad Khifaji, natif de l’île d’Arwad en 1974 et qui vit actuellement en Égypte. (lors de l’éclatement de cette affaire, les medias libanais l’avaient identifié sous les initiales M. Kh.).

Il est connu pour être un des hommes les plus importants de l’ancien vice-président, Abdel Halim Khaddam et entretient des liens étroits avec l’ancien Premier ministre libanais Saad Hariri. Durant le printemps 2011, il a introduit des armements en Syrie via le Liban en passant par ville de Banias. Aussitôt arrêté pour trafic d’armes, il a été relâché en catimini, grâce à l’intervention directe de Hariri.

Concernant l’affaire du Loutfallah°2, des sources libanaises ont indiqué que Khifaji a nié avoir être au courant que les conteneurs comportaient des armements et affirmé que la compagnie d’assurance qui le couvre mentionne qu’ils contiennent de l’huile mécanique. Il a signalé avoir transporté cette cargaison du port de Misrata en Libye.

Concernant le parcours du navire, lequel a été dument tortueux pour éviter d’être identifié, un nouveau pays est venu s’ajouter à la Libye et l’Égypte, révèle AsSafir: la Turquie qui semble avoir été la seconde station après directement après la Libye.

Son passage via les ports de ces trois pays, sans être inquiétés soulève bien des questions. D’autant plus que la cargaison comportait exclusivement des armements, des munitions et de l’arsenal. «La direction des renseignements de l’armée libanaise était informée au préalable qu’une cargaison d’armements se rendait au Liban et toutes les mesures avaient été prises pour l’intercepter», ajoute toutefois la source juridique libanaise.

Quant au contenu de la cargaison, il est désormais certain qu’il consiste selon AsSafir, en des armes légères, (dont des mitrailleuses), un armement moyen comportant des mitrailleuses de type 12,7 et des RPG. En plus d’un armement lourd comme des mortiers de 120mm. Sur le bateau se trouvaient également deux types de missiles: des anti-blindés, dont en particulier des antichars. Ainsi que des missiles anti aériens lançable sur l’épaule. Sans oublier les munitions de ces armes.

Pour la chaine de télévision libanaise OTV, citant des sources militaires, les missiles anti aériens sont des Sam 7, de fabrication russe. Alors que les obus de l’artillerie lourde sont de type 155mm et les mitrailleuses sont des M16. Comme ces deux derniers armements sont de fabrication américaine et ne faisaient pas partie de l’arsenal libyen, il en découle qu’ils ont été envoyés par l’Arabie saoudite et le Qatar, ou par les pays occidentaux.

Mais c’est surtout l’envoi des obus 155mm qui a mis la puce à l’oreille des experts. Sachant, selon le site en ligne que ni l’opposition ne possède cette artillerie particulièrement lourde (entre 2 et 7 tonnes), ni même l’armée syrienne régulière, (pour éventuellement la lui dérober). Ces obus devraient éventuellement servir à en utiliser le contenu formée de 45 Kg de TNT et de 7kg de RDX (connu par ses capacités destructrices exceptionnelles) pour en fabriquer des voitures piégées ou des charges explosives. Un seul obus, recyclé en charge explosive est capable de détruire un bâtiment entier, si la charge est déposée sur ses bases.

Selon la chaine de télévision AlManar, le poids de la cargaison s’élève à près de 150 tonnes, et un grand dépôt a été préparé au nord du Liban pour les y déposer ces armements avant de les envoyer en Syrie. la chaine s’est toutefois interrogée si des parties internes libanaises ne constituent aussi la station finale de cet arsenal…

L’équipe du site

1.5.2012

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[Source:Comité Valmy
http://www.comite-valmy.org/spip.php?article2453
]


Syrie

Critique du discours «philanthrope» sur la Syrie
ou Misère du Discours: «Le calife de sang
»

Première partie

Généralités

Des fantômes gigantesques se dressent, jouent sur la scène un rôle bien appris et disparaissent, brusquement, lorsque l’Hégémonie n’a plus besoin d’eux. Youssef al-Qardaoui, Burhan Ghalioun, Bernard-Henri Lévy présentent devant nos yeux un étrange ballet burlesque, intitulé «La Sainte-Révolution syrienne»1, que certains le voient encore, ironiquement, comme l’achèvement de l’âme éternelle de la première Révolution française.

Par ailleurs, les metteurs en scène tragiques de ce ballet –c’est-à-dire l’impérialisme occidental coalisé à l’absolutisme arabe – soufflent encore le feu de la crise syrienne, et mettent des bâtons dans les roues du chariot de l’émissaire international et arabe, M. Kofi Annan, en menaçant de réagir hors des organisations internationales, comme l’ambassadrice étatsunienne auprès du Conseil de sécurité, Susan Rice, l’a bien exprimé2.

Pourtant au Proche-Orient, le jeu de feu se joue selon des règles différentes de celles publiées dans le «Manuel des jeux Olympiques»; ces règles différentes disent: une fois que le feu est mis aux poudres, une fois que les forces de la haine religieuse et du ressentiment confessionnel sont libérées et l’énergie sociale transformée d’énergie productive en énergie destructive, les hommes qui auront mis le feu à la poudrière seront soufflés par l’explosion, qui sera mille fois plus forte qu’eux, et se cherchera l’issue qu’elle pourra; une guerre civile, une guerre régionale ou même une guerre mondiale.

La dichotomie manichéenne médiévale et le discours «philanthrope» sur la Syrie

Pendant un an et quelques, des cris de guerre, des injures et des menaces à la Syrie, venaient de partout ; des dirigeants et responsables atlantiques, des émirs et sultans arabes de la péninsule Arabique, des médias impérialistes, d’analystes assidus, d’experts diligents, de chercheurs, de fanfarons, de charlatans, de djinns, de titans3 et de hashmodaï4; tous, dans un langage humaniste et philanthrope, dénonçaient l’«atrocité» et la «férocité» du «calife de sang» envers son peuple, mais reproduisent, par contre, l’Orient non selon des critères du «réel», mais bien plutôt selon des critères du«fictif»; précisément ceux d’un imaginaire européen médiéval sur l’Orient, devenu fixe, plus tard au XIXe siècle, dans le discours orientaliste, et figé, dans le discours raciste des colonialistes du XXe siècle; une représentation fautive de l’Orient tel qu’il est présent dans «La Chanson de Roland».

À fortiori, au Moyen-âge, le discours religieux de l’Église occidentale et des chansons de geste – surtout le cycle des rois –produisait un personnage imaginaire, une représentation fautive du réel, celui du sarrasin fictif, parallèlement au sarrasin historique5.

D’une façon similaire, le discours «impérialiste philanthrope»de la Sainte-Alliance arabo-atlantique produit, chaque jour et à travers un système compliqué d’hégémonie médiatique, un nouveau personnage imaginaire, une sorte de représentation fautive, qui ne diffère pas vraiment – du point de vue discursif – de la représentation du sarrasin fictif dans les chansons de geste, mais bien plutôt elle la continue. À titre d’exemple, lorsque la secrétaire d’État des États-Unis, Hillary Clinton, dénonçait à l’ONU le «cynisme» de Bachar al-Assad6, elle ne faisait que reproduire, dans un langage politique, la dichotomie manichéenne du discours religieux de l’Église médiévale et celui des chansons de geste: «Paien unt tort e chrestiens unt dreit»7; mais aussi la dichotomie eurocentriste des XIXeet XXe siècles. La preuve en est que le discours eurocentriste divise le monde en deux espaces culturels: barbarie en Orient, civilisation en Occident.

Ajoutons que ce discours adopte une approche binaire, une vision manichéenne du monde; et que durant la guerre froide, cette division prit une autre couleur: totalitarisme à l’Est, démocratie à l’Ouest8.

D’ailleurs, lorsque les dirigeants atlantiques se mettent devant les caméras pour s’adresser au «surplus» démographique de la planète, ils le font tout en étant conscients de cette dichotomie: la bonhomie c’est nous ; la méchanceté c’est eux; l’Autre –qu’il soit arabe, russe, iranien, africain, oriental, asiatique, amérindien, etc.

À vraiment dire, rien n’a beaucoup changé depuis «La Chanson de Roland» comme le démontre Georges Corm: «L’Orient serait mystique, irrationnel, violent; l’Occident serait rationnel, laïc, technicien, matérialiste, démocrate. Bref, l’Orient est barbare pour les Occidentaux»9.

Au préalable

Lisons ce qu’on écrit, écoutons ce qu’on dit aux médias de l’ordre sur la Syrie; aucune analyse, aucune argumentation, aucune lecture objective du réel objectif; rien que des poèmes; et quels poèmes! les plus prosaïques depuis le cri de Judas Iscariote10jusqu’à la dernière déclaration du ministre français de la Défense, Gérard Longuet11; aucune âme éternelle, aucune valeur stylistique, aucun esprit critique ne se manifeste dans les «mille et une analyses» qu’on propage tous les jours sur la Syrie, à travers les pages et les ondes des médias de l’ordre, aucun; seul le Saint-Esprit de l’ignorance et de la désinformation règne sur les chemins de la prétendue «révolution» syrienne.

Parmi ces poèmes prosaïques, nous lisons,ici, l’article de Christophe Barbier12.

Christophe Barbier: «Syrie, le calife de sang»

Dans un langage emprunté à celui du discours orientaliste des écrivains français du XIXe siècle – le siècle de l’expansion coloniale par excellence – Christophe Barbier rédige un article intitulé «Syrie, le calife de sang»13, paru sur l’Express. Dès le titre, le substrat culturel médiéval s’émerge brusquement à la conscience de l’écrivain: c’est le mot «sang» qui occupe la première place au niveau de l’énoncé, même s’il vient deuxième au niveau de la proposition. Le mot«sang», ici, est invariable en comparaison avec le mot «calife»qui vient premier au niveau de la proposition, mais second au niveau de l’énoncé; car le mot «calife» est, ici, variable; on peut le remplacer par «vampire», «seigneur», «démon», etc. Par contre, c’est le mot «sang» qui dicte le message expédié aux lecteurs. Il connote la barbarie, la sauvagerie, le despotisme, l’animalité, la bestialité; il est précédé d’un génitif précis, choisi soigneusement du registre de vocabulaire orientaliste. L’écrivain ne parle pas d’un «vampire de sang»,car le mot «vampire» fait partie de l’imaginaire européen du XIXe siècle, surtout avec la parution du célèbre roman de Bram Stoker, «Dracula», en 1897; mais il parle plutôt d’un«calife» qui, en tant que mot, connote le discours orientaliste et colonialiste sur l’Orient musulman. Un «calife», oui un «calife»!Ici, tout le substrat médiéval se présente fortement dans le but de déformer la réalité et d’altérer le «réel» ; car dans la réalité, le président Assad n’est point un calife, mais le chef d’un parti politique socialiste séculaire, le parti Baath. Par contre, le mot «calife» aurait été mieux utilisé dans son contexte si on l’avait accordé au Premier ministre turc, Recep Tayyib Erdogan, à son ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu et aux responsables du «Parti Justice et Développement»(AKP)14, issu de l’idéologie islamiste des «Frères musulmans»; aux membres de la monarchie saoudite, issue de l’idéologie islamiste wahabite, aux émirs et sultans de la péninsule Arabique et de leur «absolutum dominium», issu de la loi divine; aux chefs et guides religieux de la Sainte-Révolution syrienne, une formule d’amalgame alchimique qui mélange, dans un même alambic, les idéologies islamiste wahabite, islamiste salafiste, islamiste frère-musulmane et l’Aufklärung de monsieur Burhan Ghalioun; ou même aux nouveaux «émirs» des émirats islamistes émergés, en forme de champignons, dans les villes syriennes, par la grâce de l’appui et du soutien militaires des puissances arabo-atlantiques. Pourtant, M. Barbier insiste à renverser l’ordre des choses et donne à son article grandissime un titre grandiose: «Le calife de sang», donc un sarrasin, un félon, un païen.

Ainsi, la dichotomie manichéenne se dessine de nouveau dans l’arène de la guerre impérialiste contre la Syrie: la soi-disant«opposition» syrienne est dans son droit, le gouvernement syrien est dans son tort.

De surcroit, le discours eurocentriste manichéen de M. Barbier atteint son summum lorsqu’il emploie un terme qui fait appel à l’idée racialiste de Gobineau15.

Tout en appliquant une lecture racialiste à la réalité syrienne, M. Barbier arrive à une conclusion plus raciste que l’idéologie raciste de l’esclavagisme, lorsqu’il déclare que les «gènes» du pays se rendent responsables de la crise. Lisons M. Barbier:

«À cette glaçante spécificité syrienne, il est deux raisons: l’une, inscrite dans les gènes du pays, ne peut être déracinée; l’autre, nourrie par l’impuissance, la lâcheté et la duplicité des grandes puissances, peut et doit disparaître»16.

M. Barbier continue: «La guerre civile syrienne dure parce que ce n’est pas une guerre civile, parce qu’il n’y a pas de guerre civile sans peuple unique, indivisible, cimenté par des siècles de fusion mentale. La Syrie ne prouve-t-elle pas aujourd’hui qu’elle est un agrégat plus qu’un pays, que les divisions ethniques et religieuses l’emportent sur l’esprit national?».

Ainsi, M. Barbier «redéfinit» la réalité syrienne selon une approche orientaliste, harmonisée avec un discours racialiste, qui ne voit en Orient que de tribus barbares et bestiales, s’entretuant jusqu’à la fin des jours. C’est sur ce point précis qu’il faut rappeler à M. Barbier que la Syrie, comme toute autre société orientale musulmane – précisément levantine – se compose d’une pluralité ethnique, culturelle et linguistique – en Occident, le Canada, la Belgique, la Suisse ne sont pas loin d’une telle réalité–; pourtant, cette pluralité culturelle ne devrait pas être considérée comme source «essentielle» de guerres civiles et de tueries; parce que l’Histoire de l’Orient connaît de longues périodes de tolérance et d’acceptation culturelle; par contre, les périodes d’intolérance étaient bien courtes et limitées à des événements politiques spécifiques. À plus forte raison, la civilisation orientale de l’Orient musulman n’aurait pu atteindre son apogée si elle n’avait pas toléré, accepté et absorbé les cultures syriaque chrétienne et persane zarathoustrienne. Dans ce sens, nous trouvons utile de mentionne, ici, le discours d’Amin Maalouf sur l’Orient en tant qu’une réplique-réponse au discours orientaliste et racialiste de l’Hégémonie occidentale:

« Ce ne fut pas une courte parenthèse. Du VIIe jusqu’au XVe siècle, il y eut à Bagdad, à Damas, au Caire, à Cordoue, à Tunis, de grands savants, de grands penseurs, des artistes de talent; et il y est encore de grandes et belles œuvres à Ispahan, à Samarcande, à Istanbul, jusqu’au XVIIesiècle et parfois au-delà. Les Arabes ne furent pas les seuls à contribuer à ce mouvement. Dès ses premiers pas, l’islam s’était ouvert sans aucune barrière aux Iraniens, aux Turcs, aux Indiens, aux Berbères […] du point de vue culturel, quel extraordinaire enrichissement! Des bords de l’Indus jusqu’à l’Atlantique, les têtes les mieux faites purent s’épanouir dans le giron de la civilisation arabe»17.

En plus, dire que le sort et le destin du Proche-Orient est de vivre dans des cercles vicieux de tueries et de carnages n’est, en effet, qu’une expression idéologique de ce discours orientaliste et racialiste; il s’agit, ici, d’une conception «qui réduit l’identité à une seule appartenance, installe les hommes dans une attitude partiale, sectaire, intolérante, dominatrice, quelquefois suicidaire, et les transforme bien souvent en tueurs, ou en partisans des tueurs»18.

Mieux encore, M. Barbier omet toute allusion au rôle que les ingérences étrangères jouent en Syrie; il faut voir à ce propos celui des Turcs, des Français, des émirs et sultans arabes et de l’Empire étatsunien à redessiner l’hétérogénéité levantine en des «zones de conflit» au lieu de «zones de contact»19; car derrière chaque conflit de nature religieuse ou ethnique, nous trouvons, inopportunément, la «grâce» du colonialisme des Grandes puissances du XIXe siècle, de l’impérialisme franco-britannique du XXe siècle et de l’«humanitairisme»étatsunien du XXIe siècle. Tout cela nous l’avons dit dans deux de nos analyses, l’une sur l’hétérogénéité syrienne20, l’autre sur l’accord Sykes-Picot21.

Il en va de même que M. Barbier se répand en belles phrases poétiques et philanthropes, comme celles de la secrétaire d’État étatsunienne, Hillary Clinton, comme celles du premier ministre turc, Recep Tayyib Erdogan, comme celles de l’émir du Qatar, Hamad, dénonçant «le calife de sang», qui s’enorgueillit dans son grand sérail, dénué de toute sentimentalité. Par contre, si nous comparons le «corpus delicti», le véritable discours de M. Barbier et son écho, ses approches «analytiques», ses«argumenta-tions», ses conclusions, ses recommandations, ses souhaits et ses espoirs, si nous les comparons avec le discours quotidien des dirigeants de la Sainte-Alliances arabo-atlantique, il n’y a qu’un seul mot que nous puissions lui appliquer, celui de la désinformation: «Que les vieillards que nous sommes sont donc encore soumis au vice du mensonge»22.

Fida Dakroub, Ph.D

Notes

1. Dakroub, Fida. (2011). Le 11-Vendemiaire de la Sainte-Révolution syrienne
2. The Australian, 23/ 04/ 2012
3. Dans la mythologie grecque, les titans sont les divinités primordiales géantes qui ont précédé les dieux de l’Olympe. Ils étaient fils d’Ouranos et de Gaïa.
4. Hashmodaï ou Asmodée est un démon de la Bible. Il est présent dans les croyances de la goétie, science occulte de l’invocation d’entités démoniaques.
5. Houdeville, Michelle. Les Sarrasins, miroir des chrétiens ? in La chrétienté au péril sarrasin. Actes du colloque de la section française de la société internationale Rencesvals. (Aix-en-Provence, 30 septembre – 1er octobre 1999), no. 46, 2000, pp. 77-84. France. CUER MA, Université de Provence.
6.Ouest-France, 12/ 03/ 2012
7. En ancien français dans le texte: «Les païens sont dans leur tort, les chrétiens dans leur droit». La Chanson de Roland, LXXIX : 1015.
8. Dakroub, Fida. (2011). L’Orient d’Amin Maalouf : Écriture et construction identitaire dans les romans historiques d’Amin Maalouf. Sarrebruck : Les Éditions universitaires européennes.
9. Corm, Georges. (2005). Orient-Occident : la fracture imaginaire. Paris : Éditions La Découverte.
10. Le cri de Judas Iscariote: «Oh Seigneur, pardonne!».
11. Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a décrit la Russie et la Chine comme des pays qui «méritent des coups de pied au cul»
12. Christophe Barbier est un journaliste français. Il est, depuis août 2006, directeur de la rédaction de L’Express.
13. Barbier, Christophe.L’Express 09/ 08/ 2011
14.« Adalet ve Kalkinma Partisi » en turc.
15. Joseph Arthur de Gobineau (1816 – 1882) est un diplomate et écrivain français. Il doit sa notoriété posthume à son « Essai sur l’inégalité des races humaines » (1853-1855), qui le range parmi les pères de la pensée racialiste.
16. Barbier, Christophe. loc.cit.
17. Maalouf, Amin. (1998). Les Identités meurtrières. Paris : Éditions Grasset & Fasquelle. p. 74.
18. ibid. p. 39.
19. Dakroub, Fida. L’Orient d’Amin Maalouf. loc. cit.
20. Critique du discours de la « révolution » syrienne (1) :L’Hétérogénéité culturelle de la Syrie
21. Critique du discours de la « révolution » syrienne (2) :L’Accord Sykes-Picot
22. Shakespeare : Henri IV, 2° partie, acte III, scène 2.

Docteur en Études françaises (UWO, 2010), Fida Dakroub est écrivaine et chercheure, membre du « Groupe de recherche et d’études sur les littératures et cultures de l’espace francophone »(GRELCEF) à l’Université Western Ontario. Elle est l’auteur de« L’Orient d’Amin Maalouf, Écriture et construction identitaire dans les romans historiques d’Amin Maalouf » (2011).

Fida Dakroub est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca. Articles de Fida Dakroub publiés par Mondialisation.ca


Soutien aux métallurgistes grecs

Nous sommes heureux de pouvoir dire que nous avons contribué à la lutte des métallurgistes grecs, et pour laquelle ils nous ont remerciés de tout leur cœur de la part du peuple ouvrier grec.

La somme que nous avons envoyée est de 900€ et les éditions Démocrite remercient les donateurs d’avoir répondu à l’appel. Les contributeurs, par ordre chronologique, sont les suivants:

Éditions Démocrite, 50€; Association Staline, 50€; S. Trecul100€; Ch. et M. Lohyn, 50€; J. Linares, 100€; M.J. et A. Moumbaris, 50€; Ph. Lacuesta, 500€.

Comme la grève est toujours en cours l’appel reste ouvert.

Alexandre Moumbaris


Grèce

Dédommagements allemands

Puisque nos «sauveurs» de l’actuelle coalition gouvernementale affirment à propos du dossier de l’affaire des dédommagements allemands:

«qu’ils l’ont perdu»(!)
«qu’ils ne le trouvent pas»(!)
«qu’ils le cherchent mais ne savent pas où il est»(!)

– il n’a pas échappé à notre attention que nos «sauveurs»locaux n’avaient bien entendu rien à faire de la déclaration impudente du ministère allemand des affaires étrangères, à savoir que l’Allemagne ne devait rien à la Grèce pour les bestialités nazies.

Par conséquent aidons-les (nos «sauveurs») à constituer…. un nouveau dossier.

*

Nous disons par conséquent que comme l’a déjà si souvent répété le Conseil national pour la récupération des dettes de l’Allemagne à la Grèce, l’Allemagne nous doit:

$7,16 milliards accordés par décision de la Conférence internationale de la Paix de Paris (1946) pour les dommages causés à l’infrastructure de la Grèce par les armées allemandes;

$3,50 milliards provenant de l’emprunt forcé que les nazis avaient extorqué à la Grèce, et cela en plus des frais de maintien de leurs troupes d’occupation.

*

En plus ils doivent à la Grèce:

Le retour des trésors archéologiques soustraits aux musées et aux sites archéologiques par les forces d’occupation allemandes;

Les indemnités dues aux victimes des bestialités commises par les forces armées allemandes sur les habitants d’à peu près 100 (villes et villages) victimes d’holocaustes, ainsi que celles infligées à la population civile plus généralement.

*

À cela s’ajoutent ce que nos «sauveurs» internes connaissent de première main et n’ont donc pas besoin de faire des recherches dans des …. dossiers perdus:

Premièrement:Qu’avec diverses manœuvres l’Allemagne a, pendant des décennies, reporté le règlement de ses obligations jusqu’à la signature –étant alors réunifiée – du traité définitif de paix à Moscou en 1990, le dit Accord des «2+4».

Mais depuis, 22 ans sont passés et l’Allemagne n’a toujours pas décidé de régler sa dette, pas plus que les gouvernements grecs n’ont osé même y faire allusion.

Note:Ce sont des gouvernements qui étaient «capables» de réceptionner«des sous-marins donnant de la gîte» et qui entretenaient des relations avec «Siements», «Hochtief», «Deutsche Telecom», «Deutsche Bank» et ainsi de suite.

*

Deuxièmement: Les dettes de l’Allemagne à la Grèce, par rapport aux destructions d’infrastructures économiques du pays ainsi que le prêt sous l’occupation, ont été calculées sur la base de la valeur du dollar 1938. Ce qui veut dire que les dettes dépassent les 162 milliards, en euros actuels, sans prendre en compte les intérêts1.

Note:Si l’on appliquait sur la somme due un taux d’intérêt de 3% l’an – le plus modéré qu’attribuent les tribunaux internationaux – la somme de la dette atteindrait 1.500 milliards d’euros actuels.

*

Et de plus:

Pendant toute la durée des «batailles diplomatiques»d’après-guerre en Europe, nos gouvernants internes n’ont jamais osé poser résolument la question de la dette de l’Allemagne à la Grèce.

Au contraire, à l’état grec des Plastiras, des Papagos, des Mitsotakis, des Karamanlis et des Papandréou, qui durant les sept décennies qui ont suivi les barbaries, crachaient sur la mémoire des victimes s’ajoute maintenant le dernier, Georges Papandreou qui va jusqu’à cracher sur le sens de l’honneur patriotique.

Alors qu’ils réduisent salaires et retraites, ils continuent leur récital d’escroquerie aux airs cosmopolites trahissant la patrie, tout en conjuguant à tous les temps les mots «patrie» et«patriote».

*

La Cour suprême italienne avait donné raison aux habitants deDistomo qui réclamaient des réparations pour les bestialités commises par les nazis.

Mais pour quelle raison les habitants de Distomo ont-ils été obligés de faire valoir leur droit en … Italie?

Pour une raison très simple:

L’application de décisions analogues par les tribunaux de justice grecs a été torpillée, «gelée», interdite(!) en Grèce par l’intervention des gouvernements du PASOK et de ses ministres auprès de la Justice.

*

Voilà comment s’est «conduit» le PASOK, la Nouvelle démocratie [droite – NdT] et l’état grec concernant cette affaire, lorsque l’Allemagne a décidé de faire appel auprès de la Cour internationale de La Haye de la décision de la Cour suprême italienne. Le gouvernement Papandreou, en janvier 2011, déclara tardivement – pour des raisons opportunistes internes – qu’il serait présent à la Cour de La Haye «pour soutenir» les habitants de Distomo ….

Il «oublia» bien entendu, qu’il s’agissait d’une affaire que lui-même avait truffée de mines en Grèce!

Cette question était à un tel point minée, que le tribunal de la Cour de La Haye, plutôt que donner raison aux habitants de Distomo, a finalement donnée raison …à l’Allemagne.

Elle a même donné raison à l’Allemagne sur la base de l’immunité extraterritoriale que la ploutocratie grecque et son État ont assuré à l’état «frère» de la ploutocratie allemande.

*

Nous avons voulu démontré par là, premièrement, quel est et par qui est servi le fameux «droit international» et deuxièmement que la question des dédommagements allemands n’est pas une question juridique, mais une question politique par excellence.

Nikos Bogiopoulos

Note

1. Déclaration du «Conseil national de dédommagements de l’Allemagne à la Grèce» 26.11.2010


Grèce

[Extrait du livre de Théodore Mich. TserpéS, «Le Saint Khaïdari»1 Éditions Diogène, novembre 2007]2

Statistiques de l’occupation nazie

Avant propos Stephane Linaîos

Le pouvoir d’achat du drachme et les prix à la fin de la guerre, donnaient alors envie de pleurer et maintenant de rire en les remémorant. Deux œufs qui en avril 1940 valait 3 drachmes, en octobre de 1944 – et encore fallait-il les trouver – atteignaient 700.000.000.000 (700 Mds);…une oque [1,240kg—NdT] de poissons qui coutait 40 drachmes avant-guerre, atteignait 5.000.000.000.000 (5.000 Mds); une oque de viande qui valait 55 drachmes atteignait 7.000.000.000.000 (7.000 Mds) – et peut-être était-elle chevaline; la boite d’allumettes avait monté jusqu’à 500.000.000.000 (500 Mds); une oque de choux 600.000.000.000 (600 Mds); une livre or qui valait 1.000 drachmes avant-guerre s’échangeait à 180.000.000.000.000 (180.000 Mds) en octobre 1944.

Pour se faire faire une paire de chaussures homme en octobre de 1944 il fallait 1,5 livre (soit 240.000 Mds); une chemise 0,5 livre (soit 90 Mds); une cigarette courte, exécrable de l’époque, du type«koutas», était vendue au kiosque à un milliard de drachmes. La circulation monétaire est passée de 12.598.979.600 drachmes en octobre 1940 à 6.500 millions de millions de millions – soit 6,5*1021, suffisamment d’argent pour satisfaire l’œil le plus insatiable.

Le 30 octobre 1944 sont parties d’Athènes les dernières arrière-gardes allemandes et la place libérée. C’est alors que s’est installé définitivement le premier gouvernement d’après-guerre, celui de Georges Papandréou [le grand-père de l’actuel – NdT]. Ce gouvernement mit en circulation le 9 novembre 1944 la nouvelle drachme. Celle-ci avait sa parité fixée à 50 Mds de drachmes d’occupation. Les grands trafiquants du marché noir et les collaborateurs n’ont pas été lésés par ce changement parce qu’ils avaient échangé leurs billets de banque en livres et beaucoup les avaient déposés dans les banques suisses, ou cachées en Grèce et ils allaient laisser passer quelques années pour les faire réapparaître comme si c’était le fruit de leur honnête labeur. Les petits trafiquants et les agriculteurs pauvres qui avaient vidé leurs caissons d’habits pour les remplir à craquer avec des milliards de «papiers» de l’occupation, regardaient tristement leur trésor qui ne valait plus rien. Certains ont pleuré, d’autres ri, d’autres ont eu la patience de les échanger contre les nouvelles drachmes, d’autres les ont brulées, d’autres encore s’en sont servi pour tapisser les cloisons de leurs poulaillers.

Selon les statistiques officielles, surtout lors de la première année de l’occupation, les décès dans les villes et particulièrement à Athènes, par la mort atroce de la famine, avaient dépassé les 280.000. Il était à prévoir étant donné que pendant cette période les forces de l’occupation avaient confisqué et volé 300.000 tonnes d’huile, 20.000 tonnes d’olives, 160.000 tonnes de raisins de Corinthe, 35.000 tonnes de sultanines, 110.000 tonnes de tabac, 560.000 tonnes de légumes, 800.000.000 unités d’agrumes, 400.000 tonnes de fruits et 40.000 tonnes de blé, en provenance seulement des entrepôts de KYPES; des milliers de tonnes d’huile, de coton et de riz, des entrepôts de KYDES, des millions de pièces de moutons, veaux, chèvres, des millions de pièces de porc, de volailles etc. Mais la catastrophe économique nationale ne s’arrêtait pas là. La production agricole et l’élevage pendant l’occupation ont été dramatiquement réduits; 5 millions d’arbres fruitiers et oliviers ainsi que 23.700 hectares de vignes ont été détruites; 80% de notre petite industrie était devenue inutilisable, les ports et leurs installations détruits de 80 à 100%, le bétail décimé de 50 à 70%, les dommages furent évalués à 27 Mds de drachmes d’avant-guerre; les bateaux à voile de 67%, les autres bateaux de 75%; les dommages aux mines avaient dépassé les 4 millions de livres. Tout cela provient des statistiques officielles. Les voitures avaient disparu à 70%, le matériel de télécommunications à 70%, les chemins de fer et les ponts de 75 à 100%, l’étendue des forêts a été réduite d’un quart avec des dommages dépassaient les 10 Mds de drachmes d’avant-guerre, le réseau routier a été détruit à 50%.

Toute cette destruction par les nazis à été estimé à 130 Mds de drachmes d’avant-guerre, sans les destructions de 200.000 maisons incendies ou bombardées (879 ont été détruites et 841.600 Grecs s’étaient trouvés sans toit) sans calculer les patrimoines et les marchandises des particuliers confisqués. (voir: Ce que la guerre a couté à la Grèce, statistique officielle, Éditions Sioti, Athènes 1946)3.

Et pendant que le Moloch fasciste détruisait notre pauvre pays, les hordes militaires fières de leur œuvre, continuaient, paradaient quotidiennement au pas de l’oie dans les rues d’Athènes, chantant en tétraphonie des «Loreley» ou des «Vincere, Vincere, Vinceremo!».

Note

1. Localité près d’Athènes
2.Θεόδωρου Μιχ.Τσερπέ,ΤΟ ΆΓΙΟ ΧΑΪIΆΡΙ

Εκδόσεις:ΔΙΟΓΈΝΗΣ, Νοέμβρης 2007

3.Τι στοίχισε ο πόλεμος στην Ελλάδα,

ΈκδοσιςΣιώτη.Αθήναι1946

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[Traduction Alexandre MOUMBARIS,
correction Roger PISAPIA]

http://holocaust.gr/index.php?option=com_ content&task=view&id=19&Itemid=30


Grèce

Comme par magie les archives concernant
les dédommagements allemands ont été retrouvées

Il semblerait que les dossiers des dédommagements allemands jouaient à cache cache. Encore une fois nous avons vécu le théâtre de l’absurde, où les ministres et les députés, tels des Sherlock Holmes, cherchaient les dossiers, qui soudain…. ont été retrouvés.

Le ministre de l’économie Philippos Sakhinidis aujourd’hui à l’Assemblée nationale déclarait que les dossiers avaient été trouvés.

«Les dossiers, reliés en cuir, ont été retrouvés à l’adresse du ministère de l’économie. Ils comportent les noms, prénoms, adresses, numéros d’enregistrement judiciaire et montants accordés à des Grecs qui, selon la décision du Tribunal, doivent être indemnisés des dommages causés par l’armée allemande dans la période de l’occupation. Ces dossiers (leurs copies) je les ai donnés à la Commission économique de l’Assemblée» a déclaré le ministre.

Il a poursuivi en disant que le matériel devra être soumis au vote pour qu’il ne puisse pas être de nouveau… perdu! «Suite à mes instructions, une recherche à été faite dans un autre lieu où sont entreposées les archives de la Comptabilité générale de l’état. Des éléments ont été trouvés qui seront examinés et donnés à l’Assemble nationale. Parallèlement, pour parer à toute éventualité de perte, j’ai donné des instructions pour que ce matériel soit aussi soumis au vote» ajouta-t-il.

«Dans tous les cas et il en est de même de la part du président de la Chambre de députés, nous confirmons que les revendications de l’état grec vis-à-vis des forces de l’occupation allemande ont été conservés dans leur intégrité et sont considérés imprescriptibles», a conclu le président de séance Byron Polydoras.

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[Traduction Alexandre MOUMBARIS,
correction Roger PISAPIA]
[Newsit.gr5.4.2012]


Grèce
Le PCG a une proposition d’ensemble pour soulager les chômeurs et éradiquer le chômage

Introduction de la SG du CC du PCG à la conférence de presse d’hier (19.4.2012)

«Le PCG, tenant compte de l’explosion du chômage réel – celui jamais noté dans les statistiques officielles – et de l’aggravation du problème dans les années à venir, a élaboré une proposition d’ensemble pour lutter contre celui-ci. D’une part, il tient à ce que des mesures conséquentes soient prises pour la protection des chômeurs conjointement avec l’amplification de la nécessité impérieuse d’embaucher massivement dans les domaines en rapport avec l’infrastructure, les travaux publics, mais aussi pour remplir les manques avérés dans le domaine de la santé et de l’éducation. Nous faisons référence à des travaux de gestion de l’eau, de consolidation antisismique, de construction de bâtiments scolaires et de centres de santé, dont nous avons besoin, ainsi que d’autres afférant à la politique sociale.

Il est indicatif que les programmes de l’Organisme des habitations ouvrières (OEK) aient été gelés et dégradés. Il s’agit seulement de la construction des habitations populaires, pas seulement pour ceux qui n’ont pas d’abri, mais aussi pour ceux qui vivent dans des régions séismiques, dans des régions inappropriées, dans de très anciennes maisons etc. Dans ce contexte nous nous battrons contre le projet de licencier 150.000 fonctionnaires dans des secteurs cruciaux, dans l’intention de les céder au domaine privé de manière à occulter la transparence et le contrôle déjà rudimentaires dans les secteurs de la Santé publique, de l’Environnement etc.

D’autre part la proposition du PCG montre le chemin de la lutte pour l’abolition définitive du chômage dans des conditions d’économie populaire caractérisée par la socialisation, la production coopérative, la planification économique nationale sous contrôle ouvrier, hors du cadre de l’Union européenne accompagné de l’annulation unilatérale de la dette.

C’est dans ces circonstances, et seulement dans celles-ci, qu’il sera possible de réaliser tout le potentiel de développement du pays sans intensifier le travail, tout en le diminuant par rapport au temps libre.

Nous avons l’obligation et nous sommes conscients de la gravité du problème. En même temps nous n’avançons pas de promesses trompeuses et d’illusions, que cultivent les autres partis, comme par exemple que les investissements en faveur de la profitabilité réduiraient le chômage tout en augmentant les salaires et les retraites. Avant les élections se jouera la scène de théâtre sur le thème du chômage, seulement ils ne pourront pas promettre un seul euro des caisses de l’état. Tout ce qu’ils promettront sera de puiser dans les poches, déjà vides, des travailleurs.

Il est caractéristique de M. Vénizélos, de déclarer avec un air philanthropique, que le chômeur n’a aucune restriction d’accès aux soins médico-pharmaceutiques et hospitaliers, tout en révélant simultanément, pour se conformer à la stratégie du capital, que les dépenses seront payées par les caisses d’assurances maladie, c’est-à-dire par le peuple, – il fera débourser Jacques pour soigner Paul.

Produit du développement capitaliste

Nous rappelons certaines questions très fondamentales qui concernent l’UE et la Grèce, étant donné que le chômage attribué à la crise, n’est pas un phénomène grec, mais le produit constant du développement capitaliste.

1. Même avant que la crise n’ait commencé dans toute l’UE et en Grèce, avait démarré la propagande affirmant que le salaire était un problème pour la compétitivité, soutenant que les bas salaires motivaient les embauches. La force de travail bon marché, pas seulement en salaire mais aussi en avantages sociaux, – ne motive pas l’embauche, mais constitue le fondement même de l’exploitation capitaliste. Il a par ailleurs été démontré que les bas salaires n’abolissaient pas le chômage.

2. Avant même que la crise n’explose et pendant des périodes de développement, quand il y avait une demande de main-d’œuvre, des centaines de milliers de salariés grecs et étrangers prenaient, et prennent aujourd’hui encore, le chemin de l’émigration. L’attraction du flux migratoire conséquence des guerres impérialistes et des régimes dictatoriaux, se faisait dans le but de faire baisser les salaires, sans que les gouvernements de l’UE ne se soucient de la montée du chômage.

3. Les relations quant au travail flexible, la cession en sous-traitance de secteurs d’emploi à des entrepreneurs qui payaient leurs travailleurs un salaire de famine en comparaison avec leurs prédécesseurs, avaient commencé dans les années 80, puis gonflées la décennie suivante, pour ensuite s’embraser avec la crise économique capitaliste.

4. Depuis pas mal d’années maintenant, des jeunes de 15 ans, abandonnent l’école et sont dirigés de manière programmée et de force dans la formation professionnelle pour que soit ainsi assurée une force de travail à bon marché. Ce n’est pas fortuit que les statistiques en Europe et en Grèce calculent la population active de 15 à 74 ans. Voilà quelle est la perspective du travail et du chômage.

5. Ils diminuent les indemnités et les allocations chômage, adaptées non seulement aux salaires de famine, mais aussi comme moyens de pression pour que les jeunes acceptent des salaires de 200 à 300 euros.

6. Les subventions à l’emploi sont approuvées, et le chômage s’accroît dans le but de financer les capitalistes pour qu’ils embauchent des travailleurs pour quelques mois. Puis reprennent les intimidations de toutes sortes aux dépens des salaires et aussi au détriment de l’unité sociale et de la solidarité.

7. La crise s’aggravera et le chômage deviendra encore plus terrifiant. Même s’il advient une remontée, cela ne concernera que quelques secteurs limités et pour peu de groupes entrepreneuriaux, il y aura beaucoup plus de suppressions que de créations d’emplois — plus ou moins — temporaires.

8. Ils mettent en œuvre le soi-disant «domaine social» de l’économie au coût d’une «soupe de lentilles», en se servant de volontaires sociaux, travaillant pour un salaire de famine, avec des conséquences négatives sur la qualité du travail, quelque soit leur niveau de formation; en tant que temporaires, ils n’auront pas le temps d’acquérir l’expérience nécessaire pour la spécialité.

9. L’emploi sans assurance sociale augmentera au même rythme que le chômage.

La proposition pour une économie populaire

La proposition pour une économie populaire assurera pour la première fois l’union, le développement et l’emploi, reconnaissant le rôle protagoniste du travailleur, la compensation en fonction du travail effectué, la pleine égalité par rapport aux avantages sociaux indépendamment du travail. Elle assure un vrai développement, radical et novateur; où les ouvriers dans le nouveau pouvoir du bas vers le haut, utiliseront une partie de leur temps à contrôler et le reste au développement culturel et au repos. Elle assure l’abolition de toute forme de discrimination relative au genre, aux croyances religieuses ou autres, à la nationalité, la région géographique, centres urbains ou la périphérie, du lieu où l’on vit».

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[Traduction Alexandre MOUMBARIS,
correction Marie José MOUMBARIS]
[Ριζοσπάστης,19.4.2012]


Déclaration du Bureau de Presse du PC de Grèce,
concernant l’arrestation de A. Tsokhatzoglou
1

Le peuple devrait rester méfiant de tout ce qu’on lui dit à propos de transparence et d’assainissement concernant l’arrestation de [l’ancien ministre de la Défense], A. Tsokhatzoglou, surtout quand ils cherchent à exploiter l’affaire dans un but de désorientation électorale. Le PCG rappelle ses réflexions pendant l’enquête parlementaire. Celles-ci ont abouti aux conclusions fondamentales suivantes:

La restreinte de l’enquête à répondre si oui ou non, il y a eu prévarication de la part de l’ancien ministre de la Défense, A.Tsokhatzoglou est en soi une tentative de désorientation, parce que cela occulterait le fait que les commissions sont un symptôme caractéristique de toutes les transactions de groupements d’affaires, que ce soit entre eux ou avec l’état. Cela sert à cacher les énormes responsabilités du PASOK et de la ND sur le déclin de l’industrie de défense ainsi que celle des chantiers navals de réparation, mais également pour l’approvisionnement à l’étranger de gros matériel militaire qui ne concerne pas les besoins du pays, mais ceux de l’OTAN et de UE.

Bureau de pesse du PCG

11.4.2012

Note

1. Ministre de la Défense

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[Traduction Alexandre MOUMBARIS,
correction Roger PISAPIA]]


Libye- Grèce

Hérodote L’Enquête (extraits du livre IV)

Fondation de Cyrène

[…]
(150). Jusqu’ici les Lacédémoniens et les Théréens sont d’accord; sur les événements qui suivent, voici la version des seuls Théréens: Grinnos fils d’Aisanias, descendant de Théras et roi de l’île de Théra, conduisit à Delphes une hécatombe offerte par sa cité; au nombre des citoyens qui l’accompagnaient se trouvait Battos fils de Polymnestos, qui descendait de l’un des Minyens, Euphémos. Au roi des Théréens, Grinnos, qui la consultait sur d’autres sujets, la Pythie répondit de fonder une ville en Libye. «Moi, Sire Apollon, répondit le roi, je suis déjà trop vieux, et trop lourd pour me remuer. Impose donc cette tâche à l’un de ces jeunes gens!» et en prononçant ces mots il désignait Battos. Ce fut tout pour l’instant et, de retour chez eux, ils négligèrent l’oracle, car ils ne savaient pas où pouvait bien se trouver la Libye et n’osait expédier une colonie en plein inconnu.

(151). Or, pendant les sept ans qui suivirent, Théra ne reçut pas une goutte de pluie et tous les arbres de l’île se desséchèrent, sauf un. Les Théréens consultèrent l’oracle et la Pythie leur rappela cette colonie à fonder en Libye. Les Théréens, qui ne voyaient pas de remède à leurs maux, envoyèrent demander en Crète si quelqu’un là-bas, Crétois ou étranger installé dans l’île, s’était déjà rendu en Libye. Au cours de leurs pérégrinations les envoyés arrivèrent dans la ville d’Itanos, et là ils firent la connaissance d’un certain Corobios, un pêcheur de pourpre, qui leur dit avoir été entraîné par les vents jusqu’en Libye, dans une île de ce pays, Platéa [île de Bomba]. Moyennant salaire, ils le décidèrent à les accompagner à Théra. De Théra, un groupe de citoyens prit alors la mer pour aller, en petit nombre, étudier les lieux; guidés par Corobios, ils atteignirent l’île de Platéa, où ils laissèrent Corobios muni de vivres pour un certain nombre de mois, tandis qu’eux-mêmes revenaient au plus vite présenter leur rapport à leurs concitoyens138.

(152). Comme ils furent absents plus longtemps qu’ils ne l’avaient prévu, Corobios se trouva réduit au dénuement le plus complet. Sur ces entrefaites, un navire samien qui se rendait en Égypte sous les ordres de Colaios dévia de sa route et fut poussé sur l’île. Corobios conta son histoire aux Samiens, qui lui laissèrent des vivres pour un an; eux-mêmes reprirent le large pour gagner l’Égypte, mais le vent d’est les en empêcha: soufflant sans arrêt il les entraîna au-delà des Colonnes d’Héraclès, jusqu’à Tartessos139; un dieu les conduisait sans doute. Ce marché n’était pas encore exploité à cette époque, et les Samiens à leur retour tirèrent de leur cargaison le plus gros bénéfice que des Grecs aient jamais fait à notre connaissance, après toutefois Sostrate d’Égine140, fils de Laodamas: celui-là est sans rival. Les Samiens prélevèrent la dîme de leur gain, six talents, pour faire faire un vase de bronze du genre des cratères d’Argos: des têtes de griffons en décorent le pourtour; ils le consacrèrent dans le temple d’Héra, monté sur un pied fait de trois figures de bronze, agenouillées, hautes de sept coudées141. L’étroite amitié qui lie les Cyrénéens et les Théréens aux Samiens remonte à cette aventure.

(153). Quand les Théréens regagnèrent Théra, après avoir laissé Corobios à Platéa, ils annoncèrent qu’ils avaient établi une colonie dans une île de la côte libyenne. La cité résolut que dans chaque famille un frère sur deux partirait, désigné par le sort, et que chacun de ses districts (il y en avait sept) fournirait un certain nombre de colons, avec Battos pour chef et pour roi142. Ils firent ainsi partir pour Platéa deux vaisseaux à cinquante rames.

(154). Voilà ce que racontent les Théréens; sur le reste de l’histoire, Théréens et Cyrénéens sont d’accord, mais il n’en est pas de même au sujet de Battos. Voici la version des Cyrénéens sur ce point: il y a en Crète une ville, Oaxos, où régna un certain étéarque qui perdit sa femme, dont il avait une fille nommée Phronimé, et se remaria pour lui donner une seconde mère. Or la seconde femme, sitôt entrée dans la maison, choisit de se conduire en véritable marâtre envers Phronimé: elle la maltraitait sans cesse et ne reculait devant rien pour lui nuire. Enfin, elle l’accusa de se mal conduire et persuada son mari de la chose. Convaincu par son épouse, étéarque forma contre sa fille un projet odieux: un marchand de Théra, Thémison, se trouvait alors à Oaxos; étéarque en fit son hôte et tira de lui le serment de lui rendre tous les services qu’il lui demanderait; après quoi, il lui remit sa fille et le chargea de l’emmener avec lui et de la noyer en mer. Thémison, indigné du piège où son serment le faisait tomber, rejeta tout lien d’hospitalité avec étéarque, et voici ce qu’il fit: il emmena la jeune fille et, arrivé en pleine mer, pour s’acquitter du serment qu’il avait prêté, il l’attacha à un câble et la plongea dans l’eau, puis il la repêcha et gagna Théra.

(155). Par la suite un notable de Théra, Polymnestos, prit Phronimé chez lui comme concubine. Le temps passa, et Phronimé lui donna un fils qui était presque aphone et bégayait; l’enfant reçut le nom de Battos143, selon les Théréens et les Cyrénéens, mais à mon avis c’était un autre nom, qu’il abandonna pour prendre celui de Battos quand il vint en Libye, en raison de l’oracle qui lui avait été rendu à Delphes et de la dignité qui lui incombait alors; car en libyen roi se dit battos: c’est là, je pense, la raison pour laquelle dans une prophétie la Pythie lui donna ce nom en langue libyenne, comme elle savait qu’il régnerait en Libye. En effet, arrivé à l’âge d’homme, il était allé consulter l’oracle de Delphes au sujet de sa voix, et la Pythie lui fit cette réponse:

Battos, tu es venu pour ta voix, mais le seigneur Phébus Apollon
T’envoie dans la Libye riche en troupeaux fonder une cité
,

ce qui équivaut en notre langue à: «Roi, tu es venu pour ta voix…»I1 répondit alors: «Seigneur, je suis venu vers toi pour te consulter sur ma voix, et toi, dans ta réponse, tu me parles d’autre chose et tu m’ordonnes l’impossible, toi qui m’invites à fonder une cité en Libye: mais avec quelles forces? avec quels bras?». Ses protestations ne décidèrent pas la Pythie à lui faire une autre réponse, et, comme elle lui répétait toujours le même oracle, il s’en alla sans attendre la fin de ses discours et regagna Théra.

(156). Mais ensuite le ressentiment du dieu le poursuivit, et tous les Théréens avec lui. Comme ils ignoraient la cause de leurs maux, ils envoyèrent consulter l’oracle de Delphes sur ce point. La Pythie leur répondit que tout irait mieux pour eux s’ils allaient avec Battos s’établir à Cyrène en Libye. Sur quoi les Théréens y envoyèrent Battos avec deux navires à cinquante rames. Les colons se dirigèrent bien vers la Libye, mais, ne sachant que faire ensuite, ils revinrent à Théra. Les gens de l’île les reçurent à coups de pierres quand ils voulurent débarquer et, sans leur permettre de toucher terre, leur enjoignirent de s’en retourner. Ils s’en retournèrent donc, par force, et colonisèrent une île de la côte libyenne, celle qui, je l’ai dit plus haut, s’appelle Platéa.— Cette île a, dit-on, la même superficie que la ville actuelle de Cyrène [Shahhat].

(157). Ils y vécurent deux ans, mais leur situation ne s’améliorait pas; ils laissèrent alors l’un des leurs dans l’île, et les autres s’embarquèrent pour se rendre à Delphes. Arrivés devant l’oracle, ils l’interrogèrent en signalant qu’ils habitaient en Libye et ne s’en trouvaient pas mieux. La Pythie leur répondit:

Si tu connais mieux que moi laLibye riche en troupeaux,
Toi qui ne l’as jamais vue, quand moi j’y suis allé, j’admire vraiment ta science144!

Sur cette réponse Battos et ses compagnons s’en retournèrent d’où ils venaient; ils voyaient bien que le dieu ne les tenait pas quittes de cette colonie tant qu’ils n’auraient pas été en Libye même. Ils passèrent reprendre dans leur île le camarade qu’ils y avaient laissé, puis s’installèrent en Libye même, en face de l’île, dans un lieu qui s’appelait Aziris, encadré de beaux vallons boisés, au bord d’un fleuve.

(158). Ils habitèrent là pendant six ans; la septième année, ils écoutèrent les Libyens qui leur promettaient de les conduire sur un meilleur emplacement, et se décidèrent à partir. De cet endroit, les Libyens les emmenèrent en direction du couchant et, pour les empêcher de voir au passage le plus beau de leurs sites, ils mesurèrent les étapes pour le leur faire traverser pendant la nuit (l’endroit s’appelle Irasa). Ils conduisirent les Grecs auprès d’une source consacrée, dit-on, Apollon et leur dirent: «Voici, Grecs, un lieu favorable où vous installer; ici, le ciel a des trous145

Histoire Cyrène.

(159). Du vivant de Battos, fondateur de la de colonie et son roi pendant quarante ans, et de son fils Arcésilas qui régna seize ans, la population de Cyrène ne dépassa pas le nombre des premiers colons. Sous leur troisième roi, Battos surnommé l’Heureux, un oracle de la Pythie convia tous les Grecs à rejoindre en Libye les Cyrénéens, qui promettaient des terres aux nouveaux arrivants. L’oracle disait ceci:

Qui viendra trop tard dans la Libye charmante,

Je dis qu’un jour il s’en repentira.

Les colons affluèrent à Cyrène; mais quand les Libyens des environs, qui perdaient beaucoup de terres, et leur roi, nommé Adicran, se virent dépossédés de leur propre pays et en butte aux vexations des Cyrénéens, ils s’adressèrent à l’Égypte et se donnèrent à son roi, Apriès. Le roi d’Égypte leva chez lui des forces importantes et les envoya contre Cyrène. Les Cyrénéens allèrent au-devant des Égyptiens, les rencontrèrent sur le territoire d’Irasa, près de la source Thesté, et triomphèrent dans la rencontre. Les Égyptiens, qui méprisaient un ennemi qu’ils n’avaient encore jamais rencontré, se firent massacrer au point que peu d’entre eux revinrent en Égypte. Une conséquence du désastre fut que le peuple égyptien se révolta contre Apriès qu’il en rendait responsable146.

(160). Battos eut pour fils Arcésilas; celui-ci, au début de son règne, se prit de querelle avec ses frères et, finalement, ceux-ci quittèrent Cyrène et s’en allèrent fonder ailleurs en Libye leur propre ville, qui s’appela et s’appelle encore Barcé147[El Marj]; en même temps ils soulevèrent la Libye contre Cyrène. Arcésilas prit alors les armes contre les Libyens qui les avaient accueillis, ceux qui pour l’instant se révoltaient contre lui. Les Libyens effrayés se réfugièrent en Libye Orientale. Arcésilas les suivit dans leur retraite jusqu’au moment où, arrivé dans sa poursuite à Leucon de Libye, les Libyens se décidèrent à l’attaquer. La bataille s’engagea, et la victoire des Libyens fut si complète que les Cyrénéens laissèrent sur le terrain sept mille de leurs hoplites. Après ce désastre, Léarchos, le frère d’Arcésilas, profita du moment où Arcésilas, malade, avait pris quelque drogue, pour l’étouffer; mais il périt à son tour victime d’une ruse de la femme d’Arcésilas, qui s’appelait Éryxo.

[…]

Notes:

138. Itanos : sur la côte orientale de Crète. Platéa : sur la côte de Cyrénaïque, l’île de Bomba dans le golfe du même nom, à l’ouest de Tobrouk. De Crète, les pêcheurs de murex autrefois, d’éponges aujourd’hui, vont pêcher sur les côtes de Cyrénaïque, et Corobios laissé seul dans son île pouvait être le gardien d’un entrepôt.
139. Cf. I, 163.
140. Inconnu ailleurs.
141. Hérodote a pu voir à Samos cet ex-voto monumental, juché sur un pied haut de 7 coudées (plus de 3 m), et du prix de 6 talents(environ 36000 fr-or).
142. Une inscription du début duΙνsiècle, portant un décret de Théra et rappelant Ia fondation de Cyrène par Battos, confirme le récit d’Hérodοte.
143.La légende fait de Battos un bègue, brusquement guéri par la peur qu’il eut en se trouvant devant un lion dans le désert ; mais la légende a pu naître d’un rapprochement entre le verbe grec battańzein« bégayer » etbattos, titre royal en Libye, selon Hérodote.

144. La nymphe Cyrène, fille du roi des Lapithes, est conduite en Libye par Apollon dont elle aura un fils, Aristée ; le dieu parle ici parla bouche de la Pythie.

145. Irasa: Érasem, à 4 heures de marche de la côte, avec une terre fertile, de l’eau et des arbres. La source d’Apollon: là, vers 631,les Grecs fondent Cyrène [aujourd’hui Shahat], à quelque distance de la mer et de son port, Apollonia, en un lieu où «le ciel a destrous», c’est-à-dire où le plateau arrête les vents marins et reçoit des pluies abondantes en hiver, de la fraîcheur en été. La source auprès de laquelle fut établi le sanctuaire d’Apollon devait appartenir à unedivinité locale que les Grecs assimilèrent à leur propre dieu.

146. Battos Ier, puis Arcésilas, règnent de 631à 580 environ; Battos II, surnommé l’Heureux,attirant de nouveaux colons avec l’appui de l’oracle de Delphes, et leur distribuant des terres prises aux indigènes libyens, ceux-ci font appel au roi d’Égypte, Apriès. Labataille d’Irasa eut lieu vers 570, et l’armée égyptienne, vaincue, à son retour en Égypte renversa Apriès et le remplaça par Amasis (II, 161-162, 169).

147. Le surnom d’Arcésilas II, le Dur, permet de croire à ces querelles avec ses quatre frères, qui s’en vont fonder Barcé [Aujourd’huiΕΙMarj), à quelque 100 km au sud-ouest de Cyrène.


Suède– Grèce

L’attaque contre les travailleurs et le peuple s’accentue

Le soi-disant modèle scandinave, qui se prétendait être le «meilleur capitalisme», est … mort.

Au fur et à mesure le nombre des sans abri en Suède augmente. Selon les chiffres officiels, le nombre de sans abri atteint aujourd’hui 34.000, dont 8.000 à Stockholm. Ces chiffres ne prennent pas en compte ceux d’entre eux qui sont citoyens d’autres pays.

Le «modèle suédois» d’autrefois, la dite «troisième voie»(ce qui sous-entendait une voie intermédiaire entre le capitalisme et le socialisme), le soi-disant «paradis» de la social-démocratie, où la classe ouvrière et les capitalistes étaient sensés cohabiter harmonieusement et profitablement, était une image factice du passé qui aujourd’hui s’est simplement évanouie. En réalité, tant qu’il y avait le camp socialiste, la lutte des travailleurs aidant, le capitalisme se voyait obligé de faire quelques concessions. Après le renversement du camp socialiste, l’attaque du capital contre les travailleurs s’est accélérée par la suppression par stades de tous les acquis que la classe ouvrière avait réussi à arracher au XXe siècle. La démolition des droits et des acquits a commencé depuis le début des années 90’ et ces dernières années les gouvernements social-démocrates et libéraux ont poursuivi leur razzia.

La pauvreté s’étend

Aujourd’hui en Suède, avec une population d’un peu plus que 9 millions d’habitants, le chômage officiel s’inscrit autour de 8% alors que parmi la jeunesse il s’élève à 20%. Dans ce pays qui fut jadis le «prototype» supposé du XXIe siècle, auquel s’y référaient diverses forces bourgeoises et opportunistes, persiste l’inégalité entre les salaires des hommes et des femmes. Les femmes gagnent aujourd’hui 28% de moins que les hommes pour le même poste. Particulièrement inquiétantes sont les données sur la pauvreté qui touche les enfants. En février de 2011, une enquête a démontré que le pourcentage des enfants qui vivent dans des familles qui ne peuvent offrir les nécessités de base, comme la nourriture, l’habillement et le toit, a augmenté de 10,9% en 2007, à 11,5% en 2008. Ce problème particulier atteint des grandes proportions parmi les familles monoparentales (24,7%) et les familles d’immigrés (29,5%).

Parallèlement selon les recherches de l’OCDE, ces 15 dernières années la Suède enregistre la plus grande augmentation des disparités parmi ses pays-membres, avec un rythme d’augmentation qui équivaut quatre fois celui des États-Unis. Les dépenses sociales ont chuté à 13% du PIB comparé à 18% du PIB au début de la décennie 1990. De surcroît, l’augmentation du pourcentage de la population menacée de passage sous la barre de la pauvreté en Suède est situé juste au-dessus de celui de la Bulgarie. Les sans-abri sont officiellement estimés à 37.000, un chiffre bien en dessous de la réalité et qui ne comprend pas les ressortissants de pays étrangers, de l’UE ou d’ailleurs. Des cas ont été signalés d’immigrés grecs, arrivés dernièrement dans le pays.

Des licenciements et des privatisations pour les profits des monopoles

Au nom de la …stabilisation de l’économie, les forces dominantes du pays appliquent une politique particulière en faveur du capital, en licenciant des fonctionnaires, réduisant les montants des retraités et des indemnités de chômage, privatisant des entreprises publiques. Juste récemment, malgré l’augmentation des profits qu’a fait le service postal «Postnord» (qui appartient autant à la Suède que le Danemark) de 193 millions d’euros, il a été annoncé que l’année 2012-2013 verra 1.500 à 3.000 licenciements. Déjà au cours des deux dernières années 2.400 licenciements ont eu lieu, avec pour conséquence pour ceux qui restaient de très grande détérioration des conditions de travail et des heures supplémentaires.

En février le personnel des trois compagnies d’aviation charter«Unionen» avait engagé une grève de cinq jours en protestation contre l’augmentation de leurs heures de travail à 60 la semaine comme le permet depuis 2008 l’ordonnance de l’UE. Les directions des syndicats ont pris part aux négociations en opposant des propositions que les heures de travail ne dépassent pas les 42 par semaine. Ils ont finalement cédé aux pressions de la direction et accepté un compromis de 47,5 par semaine.

Travailler jusqu’à la tombe

Le soi-disant rassemblement des partis de «centre-droite», sous la direction du Premier ministre, Fredrik Reinfeldt, réélu pour une seconde fois consécutive en septembre 2010, cherche, selon sa récente admission, à pousser la limite de l’âge du départ à la retraite à 75 ans (!). En réalité celui-ci est à 63,1, alors que de plus en plus les travailleurs ne parviennent pas à atteindre l’âge [de 67 ans] prévu aujourd’hui pour bénéficier de leur retraite.

Les déclarations du Premier ministre suédois ont provoqué de grandes protestations et il s’est hâté de les contenir en disant que clairement il ne veut obliger personne à travailler jusqu’à 75 ans, mais qu’il voudrait que…. «soit donnée cette possibilité». Il s’agit d’un «choix» de classe qui met au collimateur les droits des vétérans du travail de vivre quelques années de plus. Ainsi, ceux employés dans des emplois pénibles devront accepter la pension de famine du nouveau système de retraites, alors que les couches les plus aisées pourront améliorer leurs revenus en travaillant quelques années de plus. En Suède aujourd’hui les travailleurs contribuent aux caisses de retraite jusqu’à l’âge de 65 ans, chose qui …. dérange le pouvoir. Ainsi le Premier ministre se déclare disposé à augmenter la participation aux caisses – comme il a affirmé – jusqu’à l’âge de 70 ans! Ça vaut la peine de noter que les retraites sont payées par l’intermédiaire des charges payées par les travailleurs, qui sont de l’ordre 18,5% de leurs salaires.

Il est à rappeler que la Suède a été en 1913 le premier pays au monde à se doter d’un système généralisé de retraites avec l’âge de départ des allocations à 67 ans, alors que la majorité des travailleurs n’arrivait jamais à atteindre cet âge, puisque l’espérance de moyenne de vie était de beaucoup inférieure. En 1960 l’âge du départ à la retraite a été réduit à 65 ans, et plus tard rétablit à 67 ans. Aujourd’hui des mesures sont prises pour qu’il soit repoussé au-delà.

Alors que la situation des salariés se détériore de plus en plus et que les capitalistes et leurs représentants politiques essayent de diminuer leurs parts de perte à cause de la crise capitaliste, la bourgeoisie suédoise est plus riche que jamais. Sur la base de données des statistiques d’état, celle-ci est trois fois plus riche qu’en 1950 et 50% plus riche qu’en 1980. Une partie des profits des groupes de monopoles provient des exportations de matériel d’armement, et fait que la Suède est, par tête d’habitant, le premier pays exportateur d’armes dans le monde. Les exportations d’armes suédoises ont augmenté en valeur de 340 millions d’euros en 2001 à 1,57 milliards en 2011, soit une augmentation de 360%! Les 69% des exportations ont été vers des pays autres que de l’UE. Les premiers 10 pays important des armes suédoises, sont des dictatures et des pays où les droits de l’homme ne sont pas respectés et qui participent à des conflits militaires.

Il est confirmé qu’en Suède les grandes réalisations de la science, la richesse produite par les couches populaires, à cause de la voie capitaliste de développement, alimentent les profits des monopoles alors que de l’autre côté le niveau de vie de la plupart des gens baisse de plus en plus. La nécessité urgente en Suède comme dans tous les pays capitalistes est que les ouvriers et les couches populaires qui lui sont alliées, se débarrassent de la gestion du système exploiteur ainsi que les forces politiques et syndicales qui le soutiennent (dans les pays scandinaves la social-démocratie a durant des décennies endormi les travailleurs avec la collaboration de classe), rompent et attaquent le capital. Leur perspective doit être, avec à leur tête les partis communistes, une stratégie révolutionnaire avec un mouvement syndical ouvrier reconstitué et combatif, déterminé à se battre pour prendre en main les clés de l’économie débarrassé des capitalistes. C’est cette voie qui donnera la possibilité de produire et de planifier avec comme priorité la satisfaction des besoins modernes et en croissance de la population, en ce XXIesiècle.

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[Traduction Alexandre MOUMBARIS,
correction Roger PISAPIA]
[Ριζοσπάστης,1.4.2012]


Grèce

Parti communiste de Grèce (KKE)

Ils ne peuvent pas mettre la main sur le KKE

Déclaration de la SG du CC du KKE à propos de l’intervention de Constantin Mitsotakis

Le président honoraire de la Nouvelle Démocratie [droite], Constantin Mitsotakis, dans une déclaration anti-KKE – qui veut, juste avant le scrutin, intimider et terroriser le peuple – insiste sur la dangerosité de mettre en cause la «stabilité politique».Qu’a-t-il dit?:

«Concernant, le KKE, parti sérieux et historique, il est nécessaire d’arriver à un accord national. Le KKE ne peut pas être en même temps légal et illégal. Les nouveaux dirigeants du KKE, ceux d’aujourd’hui, sont peut-être devenus des admirateurs tardifs de Staline, mais, je n’imagine toutefois pas qu’ils ignorent la réalité géopolitique, au point de ne pas être conscients qu’ils ne peuvent transformer en Corée du Nord la Grèce, un pays qui appartient à l’OTAN et à l’Europe et qui se situe dans la région la plus sensible de la Méditerranée. Et comme nous devons tous le savoir, la démocratie peut et doit se protéger elle-même»

Répondant à l’intervention de K. Mitsotakis, la SG du CC du KKEAléka Papariga note comme suit:

«Monsieur Mitsotakis sait de quoi il parle. Il démontre que le système a, comme adversaire de fond, comme adversaire principal le KKE, lequel organise les luttes des travailleurs, leur donne confiance en eux-mêmes et dans leur droit. Par ailleurs M. Mitsotakis avait déjà dit la même chose dans le passé. Ils ne pourront pas mettre la main sur le KKE, il ne s’achète pas, il ne se soumet pas, il ne s’intéresse pas aux postes de prestige, et par-dessus tout il s’intéresse à servir le peuple. Monsieur Mitsotakis pour la seconde fois dit la vérité; bien que sa déclaration soit hostile au KKE, il dit la vérité»

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[Ριζοσπάστης.5.4.2012]
[Traduction Alexandre MOUMBARIS
correction Marie-José MOUMBARIS]


Espagne

Espagne: Encore des coupes dans la santé et l’éducation

par Alejandro López

L’IBEX (le principal marché boursier espagnol) a atteint son point le plus bas depuis trois ans, lundi matin à l’ouverture, en chute de 35 points. Au même moment, le coût de l’assurance sur la dette espagnole a atteint un sommet.

Lyn Graham-Taylor, stratège des taux d’intérêt à la Rabobank, a été citée pour avoir dit que l’Europe était «à nouveau en voie de crise complète,» avec l’Espagne en première ligne. Cela intervient alors que la Banque centrale européenne (BCE) a injecté 1000 milliards d’euros dans le système financier européen en décembre dernier. Cela avait empêché un effondrement financier immédiat en fournissant aux banques une source lucrative d’argent à très bas prix, qui a ensuite été utilisée pour acheter des dettes espagnoles.

Bruxelles a envoyé une délégation en Espagne pour «analyser» ses comptes. Ils présenteront leurs résultats à la fin du mois de juin à un sommet des ministres de l’économie européens, lequel décidera si l’Espagne fait suffisamment d’efforts pour honorer ses dettes publiques et privées.

La baisse des marchés est intervenue après que le gouvernement a donné des détails sur des coupes dans les dépenses s’élevant à 10 milliards d’euros. Elles viennent s’ajouter aux 27,3 milliards de coupes du budget de 2012 (soit 2,5 % du PIB), aux 15 milliards de coupes annoncées en décembre et aux 16,5 milliards supprimés par le précédent gouvernement du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE).

Même ainsi, il est de plus en plus douteux que l’Espagne parvienne à respecter les objectifs fixés par la Commission européenne, la BCE et le Fonds monétaire international et qu’elle avait acceptés, il y a deux ans. Ceux-ci imposent de réduire le déficit de 9,2% du PIB en 2010 à 4,4 cette année et 3 pour 2013.

Le Premier ministre Mariano Rajoy avait déjà dit que le pays n’atteindrait pas l’objectif de cette année, après quoi l’objectif a été relevé par Bruxelles à 5,3% pour cette année et 3% en 2013.

Ces dernières coupes en date visent à pousser les 17 gouvernements régionaux à faire des coupes significatives dans leurs dépenses. Les régions représentent quatre dixièmes des dépenses publiques espagnoles. Elles ont en charge la santé et l’éducation, qui représentent 80% de leur budget.

Pas une des régions n’a atteint l’objectif de 1,3% l’année dernière. Leur déficit combiné s’est établi à 2,9% du PIB, forçant le pays à emprunter quelque 17 milliards d’euros de plus que prévu.

En décembre dernier, Valence n’a pas pu rembourser un emprunt de 1,8 milliard d’euros et a dû être renfloué par le gouvernement central. Maintenant toute l’attention se concentre sur l’Andalousie dans le sud du pays.

Antonio Beteta, Secrétaire d’Etat aux régions, s’est plaint«l’Andalousie ne pratique pas la transparence [c] Il y a un problème à la fois de transparence et de crédibilité.» Le ministre des Finances Cristobal Montoro a parlé de «trou noir» des comptes andalous.

C’est une des rares régions à ne pas être contrôlée par le Parti populaire (PP) au pouvoir. On s’attend à ce qu’un gouvernement de coalition entre le PSOE et Izquierda unida (Gauche unie), dirigée par les staliniens [sic — NdT], soit formé, et c’est à eux qu’il reviendra d’imposer des coupes dans la santé et l’éducation.

Les autres régions se sont engagées à respecter l’objectif d’une réduction de 1,5%. Selon une loi passée jeudi dernier, le gouvernement central peut prendre le contrôle de toute région en défaut de paiement.

Un communiqué de presse sur les dernières coupes a qualifié les plans de privatisation, de «réforme» de l’éducation et de la santé, et d’«élimination des redondances» dans les grands services publics.

Rajoy a toujours écarté l’idée que l’Espagne aura besoin d’un renflouement comme la Grèce. «L’Espagne ne va pas être sauvée,»a-t-il dit. «Elle n’a pas besoin de l’être. Nous ne voulons pas créer d’inquiétudes sans raisons. Nous demandons la prudence.»

Pourtant, les prédictions indiquent que la production de l’économie espagnole baissera de 1,7% cette année. Les exportations ont baissé de 1,6% ces trois derniers mois, et les dépenses des consommateurs ont baissé de 1,1% sur l’année.

Le secteur immobilier, sur lequel l’Espagne s’est lourdement appuyée au cours des dix dernières années, continue à décroître. Le quatrième trimestre de 2011 a vu le prix d’un nouveau logement moyen chuter de 8,5% comparé à l’an passé, et le prix de l’ancien a baissé de 13,7%.

Le chômage est à 4,75 millions de personnes, soit près de 23% de la population, et parmi les jeunes, plus de 50% sont sans emploi.

Dans le Financial Times, Wolfgang Münchau écrit, «L’Espagne a accepté une mission impossible.» La réduction du déficit de cette année à 5,3% du PIB exigerait des coupes entre 53 et 64 milliards de dollars, explique-t-il.

«C’est physiquement impossible,» poursuit-il, «donc quelque chose d’autre devra céder. Soit l’Espagne n’atteindra pas son objectif, soit le gouvernement espagnol devra licencier tellement d’infirmières et d’enseignants que le résultat sera une insurrection politique.»

Dans ce contexte, tous les sondages récents montrent un soutien en baisse pour les partis officiels.

Après 100 jours au pouvoir, le PP a perdu près de huit points en mars, d’après une étude pour El Pais – tombant de 46,3 à 38,1%. Le soutien pour le PSOE continue à baisser, tombant de 24,4 à 23%.

Les sondages indiquent une légère augmentation du soutien aux autres partis, dont la Izquierda Unida (Gauche unie) qui passe de 9,1 à 11,6%.

Dans ces conditions, certains appellent le PP à former un gouvernement de union nationale avec le PSOE.

La présidente de droite de la communauté de Madrid, Esperanza Aguirre, a dit que Rajoy devrait forger un «consensus d’état» avec le PSOE pour «re-centraliser» l’Espagne – c’est-à-dire, démanteler le système régional du pays.

Un porte-parole du PSOE a répondu «Si Rajoy téléphone à Alfredo Pérez Rubacalba [le dirigeant du PSOE] pour discuter de cette situation d’urgence, bien sûr que nous allons discuter et l’écouter.»

Derrière ces appels, il y a des craintes d’une explosion sociale. Celles-ci ont été posées clairement dans un éditorial d’El Pais.

«Il est inconcevable que des économies de 27 milliards d’euros dans le budget de l’Etat et de 10 autres milliards dans la santé et l’éducation puissent être validées simplement par un vote mécanique rendu possible par la majorité absolue du PP au Parlement, » a reconnu El Pais.

«La question est de savoir si le pays est prêt à accepter tout cela par confiance aveugle,» continue-t-il. Critiquant Rajoy parce qu’il a laissé d’autres ministres annoncer les coupes, il enchaîne,«À un moment où un effort conjoint s’impose dans des secteurs majeurs, contourner les foules dont la colère monte n’est pas le meilleur moyen d’inspirer confiance. On peut difficilement exiger la solidarité et le consensus des pays étrangers si on n’en fait pas preuve chez soi.»

Loin du «consensus», l’establishment politique prépare des mesures qui vont criminaliser ceux qui s’opposent à ses projets.

Ayant déjà proposé que la «violence de rue» soit sanctionnée par une peine maximale de 18 ans de prison, le ministre de l’Intérieur Jorge Fernandez Diaz a annoncé que toute personne qui se servirait d’internet pour organiser des «manifestations qui sont violentes» sera accusée de «participation à une association de malfaiteurs.»

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[wsws.org, 17 avril 2012]
[Mondialisation.ca, le 18 avril 2012


Italie

Sardaigne, poubelle de l’OTAN
Les langues commencent à se délier

À la suite de la mobilisation persistante de nombreux mouvements associatifs italiens et d’autres pays d’Europe, et grâce à l’intervention courageuse de magistrats italiens, le«Cas de la Sardaigne, Poubelle de l’Otan et du complexe militaro-industriel» commence à être connu d’un plus grand public. Récemment, une audition s’est tenue au parlement européen, dont on peut lire le compte-rendu sur notre site http://www.csotan.org. Cette lutte doit se généraliser à tous les sites utilisés par l’OTAN pour ses préparatifs de guerre et faire partie intégrante des revendications des mouvements de la paix en Belgique.

Nous publions ci-après le communiqué du MCP à ce sujet.

OTAN hors de Sardaigne!

Plus de 35 000 hectares de terres sont soumises à servitude militaire. La mer est interdite à la navigation, à la pêche et aux activités de plaisance…. une étendue maritime de plus de 20.000 kilomètres carrés, une zone a peu près égale à l’ensemble du territoire sarde. Sur l’île on a entreposé des missiles dans les polygones1 pour les exercices (Perdasdefogu- Capo Teulada et Capo Frasca). Des terrains d’aviation militaires (le plus vaste est celui de Decimomannu) servent essentiellement à des exercices d’entraînement de pilotes en vue de nouvelles guerres. C’est de la Sardaigne que sont partis les avions pour aller bombarder l’Irak et la Lybie. C’est à Decimommno que s’entraînent les pilotes israéliens. Des dépôts de carburant sont installés dans le cœur de Cagliari et sont alimentés par un oléoduc qui traverse la ville. Partout se trouvent de nombreuses casernes militaires (Armée de terre, Force aérienne et Marine). Ces équipements et infrastructures sont mis à disposition des forces armées italiennes de l’OTAN, et de certaines autres armées étrangères.

Quelques chiffres: Le polygone de salto di Quirra Perdasdefogu (dans l’est de la Sardaigne) comporte 12.700 hectares. Avec celui de Teulada (7.200 hectares) il s’agit des deux premiers polygones italiens, par extension et fréquence des tests. Le polygone de Capo Frasca, côte ouest en compte plus de 1.400. Il faut ajouter à ces nuisances, les nombreux radars militaires (environ 15). Le site de La Maddalena, abandonné par l’OTAN après des nombreuses années d’activité (sous-marins et bateaux nucléaires,) se trouve dans une condition environnementale irrécupérable, certaines zones aquatiques sont radioactives et les fonds marins jonchés de débris d’origine militaire. La récupération écologique de la zone semble irréalisable.

Nous demandons:

la fermeture immédiate de ces terrains militaires,
le dédommagement des victimes,
la remise en état de l’environnement,
l’inculpation des firmes d’armement, étrangères et italiennes, qui ont procédé à ces essais meurtriers,
le départ immédiat de Sardaigne des troupes étrangères dont l’OTAN.

Mouvement Chrétien Pour la Paix

Note

1. Endroit où l’on exerce les artilleurs aux manœuvres du canon et des autres armes à feu de grande portée.

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[lecapitalismecestlaguerre.skynetblogs.be/archive/2012/04/index.html,
Mouvement chrétien pour la paix]


Corée

PrésidentKim il Sung – centième anniversaire

«Le peuple est comme un dieu pour moi», était la devise qui l’a guidé toute sa vie.

En République populaire démocratique de Corée, depuis les régions les plus reculées jusqu’aux îles solitaires et lointaines, il n’y a pas de coin qui ne porte les traces des pas du Président Kim Il Sung et qui ait manqué à son attention. Quand il allait dans une contrée rurale, il abordait les paysans pour parler avec eux des travaux agricoles; quand il visitait une usine, il serrait la main des ouvriers et liait sans façon la conversation avec eux, et quand il entrait dans un foyer il s’intéressait de près à la vie et aux problèmes de tous les jours de ses hôtes.

Le peuple, c’était pour lui ses fils et ses filles. Pour ses millions d’enfants, il travaillait sans répit. Pour lui qui s’était consacré entièrement au bonheur du peuple, chaque seconde et chaque minute, comptaient pour répondre au bonheur du peuple. La vie heureuse, hors de prix, dont jouit aujourd’hui le peuple coréen est due aux efforts du Président Kim Il Sung qui s’est consacré totalement à lui. D’ailleurs, c’est pour cette raison que le peuple coréen le vénère comme Président éternel de la Corée socialiste.

Kim Il Sung s’est vu décerner les titres de généralissime, de héros (trois fois) et de héros du Travail de la RPDC. De même il a reçu plus de 180 ordres suprêmes et médailles de la part de quelques 70 pays et organisations internationales; le titre de citoyen d’honneur de quelque 30 villes; celui de professeur et de docteur honoris causa d’une vingtaine d’universités étrangères de renommé, à quoi s’ajoutent plus de 165.920 cadeaux de valeur, de chefs de partis, d’États et de gouvernements ainsi que de personnalités de 169 pays.

Il a reçu en audience quelque 70.000 hôtes étrangers, dont des chefs d’État, de partis et de gouvernements et effectué à l’étranger 87 visites réparties en 54 tournées.

Des statues lui ont été érigées en Chine et en Mongolie, un «Prix international Kim Il Sung» a été institué. On a baptisé de son nom quelque 480 rues, organismes ou organisations d’une centaine de pays.

Des maisons d’édition de 110 pays ont fait paraître 24.570.000 exemplaires d’œuvres classiques de Kim Il Sung en quelque 60 langues.

L’œuvre de Songun

On peut dire que le Président Kim Il Sung a passé toute sa vie à créer par le moyen de la théorie du Songun la garantie militaire pour la réalisation de l’œuvre d’émancipation.

Il a fondé la base idéologique de l’œuvre révolutionnaire Songun au début de ses activités révolutionnaires entamées pour libérer le pays du joug de l’impérialisme japonais et émanciper les masses populaires.

Les idées du Songun exigent la concentration de toutes les forces pour assurer la garantie militaire de l’œuvre révolutionnaire. Elles donnent la priorité aux affaires militaires sur toutes les autres selon la conception que celles-ci sont essentielles pour le démarrage, l’avancement victorieux, la défense ainsi que l’achèvement de la révolution et du développement du pays.

Les idées du Songun incarnent l’esprit fondamental, les théories et les principes des idées du Juche, idéologie directrice reconnue de l’œuvre d’émancipation de l’humanité, et indiquent les moyens de renforcer les acteurs de la révolution avec, pour noyau, les forces armées révolutionnaires et d’accroître leur rôle pour faire triompher la révolution comme l’exigent les idées du Juche.

Elles exigent avant tout de résoudre tous les problèmes de la révolution et de l’édification nationale selon le principe de la priorité des affaires militaires, de renforcer les forces armées révolutionnaires et de développer l’industrie de guerre. Leur caractéristique essentielle réside en ce qu’elles voient dans l’armée la cheville ouvrière et la force principale de la révolution et lui donnent le rôle décisif dans l’accomplissement de l’œuvre révolutionnaire.

Le Président Kim Il Sung avait préparé un potentiel militaire impressionnant selon les idées du Songun.

Il a mit sur pied le 25 avril 1932 l’Armée révolutionnaire populaire coréenne (ARPC) et, en s’appuyant sur celle-ci, réalisé le 15 août 1945 la libération de la patrie.

Dans le pays libéré, il a orienté les efforts prioritairement sur la fondation de l’armée et veillé à développer l’ARPC en l’Armée populaire coréenne (APC), armée régulière, et à construire une industrie de guerre indépendante. Le peuple de la RPDC en est arrivé ainsi à infliger, au cours de la guerre de libération de la patrie (1950–1953), la première défaite cuisante aux États-Unis, superpuissance impérialiste qui se targuait d’être «la plus puissante» du monde, et à affirmer sa souveraineté et sa dignité à la face du monde entier.

Dans l’après-guerre aussi, le Président Kim Il Sung a toujours attribué la priorité aux affaires militaires, à l’industrie de guerre et consacre les plus grands efforts à accroître la capacité d’autodéfense nationale face aux menaces militaires et aux provocations incessantes des États-Unis. Il fait de l’APC des forces armées révolutionnaires, solidement préparées sur les plans politico-idéologique et technico-militaire, de manière à ce que chaque militaire soit capable de combattre l’ennemi à «un contre cent». La capacité de défense de la RPDC se raffermit comme un mur d’airain grâce à une application de la ligne militaire auto-défensive qu’il a présentée et qui consiste essentiellement à faire de toute l’armée une armée de cadres, à la moderniser, à armer tout le peuple et à fortifier le pays tout entier. Sous sa direction ingénieuse et énergique, l’industrie de guerre de la RPDC s’est dotée d’un système de production diversifié et intégral, susceptible de subvenir pleinement aux besoins en armements militaires nécessaires à la guerre moderne.

Conscient que la direction conforme au Songun constitue le facteur fondamental qui a permis à la révolution coréenne, en butte à de multiples difficultés et épreuves, de suivre le chemin de la victoire, Kim Jong Il a été farouchement déterminé à honorer à jamais, par le Songun, cette révolution qui avait démarré et avancé grâce au fusil. Le potentiel militaire de la RPDC a connu ainsi un accroissement remarquable dans les années 1970 et 1980, notamment depuis le 25 août 1960. Le 24 décembre 1991, le dirigeant Kim Jong a été nommé Commandant suprême de l’APC et le 9 avril 1993 élu Président du Comité de la défense nationale de la RPDC, alors que le Président Kim Il Sung était encore vivant.

Si la RPDC s’était érigé un rempart formidable pour son indépendance et manifesté sa puissance alors que sévissaient plus que jamais le diktat et le despotisme des forces impérialistes, cela est entièrement dû au Président Kim Il Sung qui avait remarquablement bien résolu la question de la continuité de la direction du Songun.

Sous la direction du Président Kim Il Sung la révolution, portant haut la bannière du Songun, a été menée à son issue victorieuse, brillant dans l’histoire de la patrie.

Brève chronologie politique

Kim Il Sung est né le 15 avril de l’an premier du Juche (1912) à Mangyongdae, banlieue de Pyongyang. Il était le fils aîné de son père Kim Hyong Jik et de sa mère Kang Pan Sok.

Ses parents, militants révolutionnaires, lui ont donné le nom de Song Ju dans le désir de le voir les imiter et contribuer à la libération de la patrie.

Dans son enfance il allait souvent d’une région à autre, en Corée et en Chine. Son père, prévoyant, l’avait inscrit dans une école primaire chinoise ce qui a fait qu’il arrivait à s’exprimer librement en chinois et qui lui a été d’une grande aide dans ses activités révolutionnaires en territoire chinois.

Obéissant au conseil de son père, qui lui avait dit que s’il voulait faire la révolution dans sa patrie il devrait bien la connaître, en mars 1923 il est parti à pied de Badaogou, en Chine, pour sa ville natale, Mangyongdae. Ce trajet de 400 km a été pour lui un voyage de formation qui lui a permit de mieux connaître le pays et le peuple coréen. Sur place, il a été hébergé par ses grands-parents maternels à Chilgol où il a fréquenté l’école de Changdok.

En janvier 1925, à la nouvelle de la seconde arrestation de son père par la police japonaise, il s’est mit de nouveau en route pour la Chine, fermement résolu de ne plus revenir en Corée avant qu’elle ait recouvré son indépendance.

Après le décès de son père en juin 1926, il est entre à l’école Hwasong, à Huadian, en Chine pour suivre une formation militaire et politique de deux années. Cet établissement avait été fondé par une des factions nationalistes antijaponaises. Là, le 17 octobre de la même année, il a organisé l’Union pour abattre l’impérialisme, dont il a été élu responsable.

Décidé à se livrer davantage à des activités révolutionnaires, six mois plus tard, il a quitté cette école pour s’établir à Jilin.

Le 27 août 1927, en fréquentant le lycée Yuwen à Jilin, il transforme l’Union pour abattre l’impérialisme en Union de la jeunesse anti-impérialiste, organisation de masse.

Le 28 août il fonde, l’Union de la jeunesse communiste coréenne. Il met sur pied des organisations de masse par couches sociales et dirige des luttes antijaponaises.

Du 30 juin au 2 juillet 1930, lors de la conférence de Kalun il a défini, la voie à suivre de la révolution coréenne, la stratégie et les tactiques à adopter pour accomplir cette tâche fondamentale.

Le 3 juillet 1930, il a fondé à Kalun, la Société Konsol de camarades, première organisation d’un parti.

Le 6 juillet 1930, il a organisé à Guyushu dans le district d’Yitong l’Armée révolutionnaire coréenne, organisation politique et semi-militaire appelée à préparer la lutte armée contre les Japonais.

Le 25 avril 1932, il a proclamé la création de l’Armée de guérilla populaire antijaponaise, forces révolutionnaires permanentes. Plus tard, il l’a réorganisée en Armée révolutionnaire populaire coréenne et a conduit à la victoire la lutte armée antijaponaise.

Le 15 août 1945 la patrie a été libéré.

En septembre 1945, il a fait son retour triomphal en Corée.

Le 10 octobre 1945, Kim Il Sung a fondé le Comité organisationnel central du Parti communiste de Corée du Nord et la fondation du Parti a été proclamée.

Le 8 février 1946 il a créé le Comité populaire provisoire de Corée du Nord, dont il a été élu à la présidence. Il a publié le Programme politique en vingt points de ce comité.

En août 1946, il a fondé le Parti du Travail de Corée du Nord par la fusion du Parti communiste et du Parti néo-démocratique.

Il a dirigé la révolution démocratique anti-impérialiste et antiféodale de sorte que sa tâche soit réalisée dans les plus brefs délais. Il a organisé la première élection démocratique pour constituer l’Assemblée populaire de Corée du Nord, il est élu Président du Comité populaire de Corée du Nord, un nouvel organisme central du pouvoir avant de proposer la tâche de la transition vers le socialisme.

En février 1948 il a réorganisé l’Armée révolutionnaire populaire coréenne pour en faire l’Armée populaire de Corée, armée révolutionnaire régulière.

Le 9 septembre 1948, il a formé le gouvernement de la RPDC, gouvernement central unique du peuple coréen et proclame la naissance de la République. Selon le vœu unanime des Coréens, il est élu Président du Conseil des ministres, Chef d’État de la République.

Le 30 juin 1949, lors de la session plénière conjointe des comités centraux des Partis du travail de Corée du Nord et du Sud, il est élu Président du CC du Parti du Travail de Corée.

Du 25 juin 1950 au 27 juillet 1953 il a conduit la Guerre de libération de la patrie et l’issue est victorieuse, sauvegardant ainsi la souveraineté nationale et déclenchant le déclin des impérialistes étasuniens.

Le 5 août 1953, il a proposé au VIe plénum du CC du Parti la ligne fondamentale du développement économique d’après-guerre et dirige la lutte pour cette réalisation. D’autre part, il a poussé la révolution socialiste consistant à établir des rapports de production socialistes à la ville et à la campagne.

En avril 1956 et en septembre 1961 lors des IIIe et IVème Congrès, respectivement du Parti du travail de Corée il a été élu Président du Comité central.

Il propose une nouvelle idée concernant la révolution continue, à savoir les trois révolutions idéologique, technique et culturelle.

En décembre 1962, pour faire face aux machinations des impérialistes étasuniens qui au fil des jours multipliaient les provocations, il a convoqué la Ve session plénière du IVe CC du Parti et il a proposé une orientation stratégique consistant à faire progresser parallèlement l’édification économique et l’édification de la défense nationale.

En octobre 1966, à la XIVe session plénière du IVe CC du Parti, il est élu Secrétaire général du CC du Parti du travail de Corée.

De 1957 à 1970, il dirige avec succès la réalisation de la tâche historique de l’industrialisation.

En décembre 1972, il est élu Président de la République selon la Constitution socialiste de la RPDC adoptée lors de la première session de la Ve législature de l’Assemblée populaire suprême.

En 1970 et en octobre 1980, il était réélu Secrétaire général du CC du Parti au Ve Congrès et au VIe Congrès du Parti, respectivement.

Il a fixé la transformation de toute la société par les idées du Juche comme tâche générale de la révolution coréenne.

En mai 1972, il a proposé les Trois principes de la réunification de la patrie.

En octobre 1980, il a avancé le projet de la fondation d’une République fédérale démocratique du Coryo.

En avril 1993 il a défini le Programme en dix points pour la grande union de toute la nation.

Pour défendre le socialisme et achever l’œuvre révolutionnaire Juche, il a résolut la question de sa succession.

En juin 1994, à Pyongyang, il avait accordé audience à Jimmy Carter, ancien président étasunien, en vue de créer des conditions favorables pour des pourparlers entre la RPDC et les États-Unis, sur le problème nucléaire, et pour une conférence au sommet Nord-Sud.

Le 8 juillet 1994, à 2 heures du matin Kim Il Sung est décédé à son bureau, frappé par une maladie subite. Il avait ainsi mis son énergie entière au service du Parti, de la révolution, de la patrie et du peuple jusqu’au dernier moment de son existence.

[édité Alexandre MOUMBARIS,
corrigé Roger PISAPIA]


JosephSiquier : Retour sur un voyage en U.R.S.S.

1970. Pour le 100ième anniversaire de la naissance de Lénine, je suis allé, avec mon fils de 17 ans, passer deux semaines en URSS. J’ai rendu compte de ce voyage par une série d’articles parus dans un hebdomadaire départemental.

C’était l’époque où Françoise Giroud décrivait l’URSS comme une grande aventure mal connue et exaltante. Aujourd’hui, on en est à l’effroyable portrait de Staline dressé par l’historiographie française (Annie Lacroix-Riz). Et ce grand écart n’interrogerait personne?

Reprenant mes articles de 1970, mes notes de voyage, ma correspondance avec un couple soviétique, mes lectures, j’essaie de questionner ce que nous savions — et ce que nous croyons en savoir— de ce pays qui a porté l’espoir de millions d’hommes et de femmes, et dont on organise aujourd’hui sciemment l’oubli.

Pour empêcher cet espoir de renaître?

Mon unique ambition serait qu’à la lecture de ce livre, qui n’a pas vocation à l’objectivité, le lecteur essaie à son tour d’en savoir un peu plus , et sur ce pays, et sur le monde dont l’histoire n’est pas finie, contrairement à ce que les chantres obséquieux du capitalisme ont tenté de nous faire croire.

La révolution ne serait-elle pas, ici ou là, en train de revenir à l’ordre du jour?

Un livre de 420 pages, 14×20, 24€ (port offert)

Chez l’auteur:
Montlogis
15120 LADINHAC

Parus:

Parcours buissonnier à travers 1’histoire contemporaine (mal)traitée, 856p, 36 €
Une vie parmi les autres, roman, 324 ρ, 23 €
Une adolescence au mitan du siècle, roman, 408 ρ,25 €
Quelques saisons douces amères, roman, 200 ρ, 15€
Seconde guerre mondiale: sur quelques controverses, suivi de: Bribes d’histoire contemporaine, histoire, 404 ρ,25 €
Elle, roman, 256 ρ, 18 €

tous: franco de port


Palestine- Israël

Le point sur la grève de la faim des prisonniers politiques palestiniens

Le 17 avril 2012, les prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes ont lancé une grève de la faim de masse pour exiger la fin de la détention administrative, de l’isolement et d’autres mesures punitives prises contre les prisonnier palestiniens, parmi lesquelles le refus des visites familiales et de l’accès aux études universitaires.

1.200 prisonniers palestiniens de toutes les factions ont commencé une grève de la faim illimitée le 17 avril, la campagne gagnant davantage de force au cours de cette semaine passée et des prisonniers supplémentaires s’y joignant chaque jour. Addameerestime que le nombre actuel de prisonniers en grève de la faim illimitée est d’environ 2000. Ce nombre comprend les 19 prisonniers actuellement maintenus en isolement pour des «raisons de sécurité». Ahmad Sa’adat, le secrétaire Général du Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP) qui a été maintenu en isolement pendant plus de trois ans, signalait le 23 avril que depuis le début de sa grève de la faim le 17avril, il avait déjà perdu 6 kg.

Comme pendant les grèves de la faim dans le passé, le Service des prisons israéliennes (SPI) a augmenté le degré de ses sanctions envers les prisonniers grévistes en s’efforçant de saper la campagne. Les méthodes de punition couramment employées à leur encontre comprennent des attaques sur les sections où les prisonniers politiques palestiniens sont détenus, la confiscation d’objets personnels, les transferts d’une prison à l’autre (qui augmente l’épuisement des grévistes), le placement en détention au secret, des amendes et le refus des visites de la famille et des avocats. Les avocats d’Addameerse sont ainsi vu refuser tout accès auprès des prisonniers faisant la grève de la faim.

a- Jeudi 26 avril quarante prisonniers qui ont commencé leur grève de la faim aujourd’hui à la prison dOferont été informés qu’ils seront transférés vers une autre section de la prison et qu’il ne leur sera pas permis d’emporter quelque objet personnel que ce soit, sauf des vêtements.

b– à la prison d’Ashkelon, les 150 grévistes de la faim subissent de attaques quotidiennes de leurs cellules par les forces spéciales israéliennes. En plus de la confiscation de leurs objets personnels, le service pénitentiaire israélien SPI a aussi confisqué la seule nourriture des prisonniers en grève de la faim: le sel pour leur eau.

c- Les prisonniers faisant la grève de la faim à la prison de Nafha ont eu aussi leur sel confisqué, ce qui soulève de vives inquiétudes quant à la santé des prisonniers engagés dans la grève de la faim. Les grévistes de la faim à Nafha ont été aussi soumis à des amendes et l’électricité a été coupée dans leurs pièces.

d-Le 23 avril, six prisonniers se sont joints à la grève de la faim à la prison du Naqab (Néguev) et ont tous été immédiatement placés en détention au secret.

e-La prisonnière Lina Jabouni s’est déclarée aussi en grève de la faim illimitée le 19 avril et a été emmenée en détention au secret le même jour.

Ces mesures susmentionnées ne sont que quelques exemples des punitions largement répandues, en particulier l’utilisation de transferts et la détention au secret, auxquelles doivent faire face actuellement les prisonniers faisant la grève de la faim, en tant que tentative du SPI de les isoler davantage du monde extérieur et des autres prisonniers impliqués dans la campagne.

À la date du 26 avril, 8 prisonniers, parmi lesquels 5 détenus administratifs, continuent des grèves de la fin de longue durée lancées avant le 17 avril. Sept de ces prisonniers ont été transférés au centre médical de la prison de Ramleh.

1. Thaer Halahleh et Bilal Diab sont aujourd’hui à leur 57èmejour de grève de la faim. Malgré la détérioration rapide de leur condition de santé, leurs deux appels contre leurs ordres de détention administrative ont été rejetés par un juge militaire israélien le 23 avril. L’ordre militaire de détention administrative contre Halahleh a été prorogé quatre fois, sa fille âgée de 22 mois est née alors qu’il était derrière les barreaux, et il n’a jamais eu la chance de la voir et de la serrer dans ses bras.

2. Hier, 24 avril, la pétition de Hassan Safadi à la Haute Cour israélienne contre sa détention administrative a été rejetée. Il en est à son 52ème jour de la faim.

3. Les détenus administratifs Omar Abu Shalal et Jaafar Azzedine en sont respectivement à leur 50e et 35èmejours de grève de la faim.

4. Au centre médical de la prison de Ramleh, Mohammad Taj en est à son 39ème jour de grève de la faim, exigeant d’être traité comme un prisonnier de guerre, etMahmoud Sarsak (membre de l’équipe nationale de football) à son 34ème jour de grève de la faim pour protester contre sa détention sous le coup de la loi israélienne sur les combattants illégaux.

5. Pour finir, Abdullah Barghuti, maintenu au secret à la prison de Rimon, en est à son 14ème jour de grève de la faim.

Addameer réaffirme sa grave inquiétude devant le fait que ces grévistes de la faim continuent à ne pas recevoir de soins médicaux suffisants dans le centre de santé du SPI et qu’il leur soient encore refusées des visites de médecins indépendants.

Malgré les mesures punitives prises contre les prisonniers faisant la grève de la faim, la campagne de grève de la faim continue à se développer.

Les six prisonnières d’Hasharon qui ne sont pas encore en grève de la faim ont annoncé qu’elles commenceront une grève de la faim illimitée le 1er mai.

Des prisonniers supplémentaires devraient se joindre progressivement à la campagne, y compris 120 à la prison d’Ofer, qui commenceront leur grève de la faim le 29 avril. Comme la grève de la faim de masse prend encore plus d’élan, il deviendra encore plus crucial pour les prisonniers faisant la grève de la faim d’avoir accès sans restriction à leurs avocats et à des médecins indépendants.

À la lumière de ces faits, le développement de l’action au niveau international est nécessaire pour attirer l’attention sur les exigences légitimes des prisonniers palestiniens. En conséquenceAddameer renouvelle son appel à tous les partis politiques, institutions, organisations et groupes de solidarité travaillant dans le domaine des droits de l’homme dans le territoire palestinien et à l’étranger, à soutenir les prisonniers dans leur campagne de grèves de la faim.

[Traduit de l’anglais par Y. J].


Israël

La révolte des généraux israéliens contre l’obscurantisme israélite

Yuval Diskin, ancien directeur du Shabak («Shin Beth»), l’agence de contre-espionnage israélienne, vient à son tour de sévèrement critiquer les positions défendues par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Ehud Barak.

Concernant les relations entre les juifs israéliens et les autres groupes ethniques, M. Diskin affirme que «durant ces 15 dernières années, Israël est devenu de plus en plus raciste. Toutes les études le montrent. Il y a du racisme contre les arabes et contre les étrangers, et nous sommes devenus aussi une société plus belliqueuse».

Surtout, il affirme que les politiciens israéliens sont animés par des motifs irrationnels: «Je n’ai pas confiance dans les dirigeants actuels, je ne pense pas qu’ils soient à un niveau suffisant pour gérer un événement de l’ampleur d’une guerre régionale ou contre l’Iran (…) Je ne crois ni au Premier ministre, ni au ministre de la Défense. Je n’ai pas confiance dans une direction qui prend des décisions basées sur des sentiments messianiques»[1].

Ces déclarations fracassantes de Yuval Diskin ont été appuyées par Meir Dagan, l’ancien directeur du Mossad, et elles font suite aux propos du chef d’état-major, le général Benny Gantz, qui a admis que l’Iran ne cherchait pas à fabriquer de bombe atomique[2].

Ces prises de positions rapprochées des responsables de la sécurité israélienne visent à ramener les politiciens à la raison et à les dissuader de lancer le pays dans une guerre contre l’Iran.

Alors que les médias occidentaux décrivent Israël comme un État moderne et «l’unique démocratie du Proche-Orient»,le pays vit toujours sous état d’urgence et ses dirigeants actuels appartiennent à des sectes extrémistes.

Ainsi Benjamin Netanyahu et Ehud Barak courtisent publiquement des rabbins ultra-ortodoxes comme Ovadia Yossef, leader du mouvement politique Shass. Celui-ci considère par exemple que les non-juifs sont nés uniquement pour servir le peuple d’Israël[3], ou encore que tous les Palestiniens doivent périr[4].

Lors de son allocution à l’assemblée générale de l’ONU en septembre 2011, M. Netanyahu avait cité l’enseignement qu’il avait reçu de son maître, le rabbin Menahem Mendel Schneerson, leader du mouvement hassidique Loubavitch[5]. À titre personnel, le Premier ministre israélien croit que ce rabbin est le Messie. Il ne serait pas mort en 1994, mais vivrait caché aux yeux des hommes.

En 2010, dans un discours prononcé à l’occasion d’une commémoration de la libération du camp d’Auschwitz, Benjamin Netanyahu avait annoncé que la prophétie du chapitre 37 d’Ézéchiel,«Les ossements desséchés»,était accomplie[6].

Dans cette logique eschatologique, les prophéties des chapitres 38 et 39 restent à réaliser. Israël devra participer à une immense bataille, où les pertes seront lourdes de chaque côté, mais au cours de laquelle Dieu interviendra et sauvera le «Peuple élu». Pour cette secte, une guerre de grande ampleur contre l’Iran est une étape indispensable à la manifestation du Messie.

Pour Yuval Diskin et ses collègues, cette croyance serait le seul mobile poussant Benjamin Netanyahu et Ehud Barak à tenter depuis des années de provoquer une guerre avec l’Iran.

Notes

[1] «Diskin: PM, Barak are motivated by messianism; I don’t trust them», par Barak Ravid, Haaretz, 29 avril 2012.
[2] «Israël renonce à 21 ans d’intox sur la prétendue bombe iranienne», Réseau Voltaire, 26 avril 2012.
[3] «Yosef: Gentiles exist only to serve Jews», Jerusalem Post, 18 octobre 2010.
[4] «Erekat: Israeli religious figure urging genocide of Palestinians», Haaretz, 29 août 2010.
[5] «Statement by Benjamin Netanyahu at the 66th UN General Assembly» par Benjamin Netanyahu, Voltaire Network, 23 septembre 2011.
[6] «Benjamin Netanyahu’s Speech at the Ceremony Commemorating 65 Years Since the Liberation of Auschwitz», par Benjamin Netanyahu, Voltaire Network, 27 janvier 2010.

Source:«La révolte des généraux israéliens contre l’obscurantisme israélite», Réseau Voltaire, 3 mai 2012, http://www.voltairenet.org/a173966


Venezuela

Parti communiste du Venezuela

Avec l’approbation de la LOTTT,
la classe ouvrière a obtenu une victoire partielle

Nous appelons les travailleurs à analyser et évaluer cette loi récemment signé par le président Chávez, «Nous savons que certaines conquêtes ont été obtenues, mais nous n’avons pas encore conquis des éléments suffisants pour que la classe ouvrière devienne la classe dirigeante du processus révolutionnaire.»

Caracas 1er mai 2012 de Tribuna Popular: «La classe ouvrière à obtenu une victoire partielle avec l’approbation par la Président Chávez de la nouvelle Loi Organique du Travail [LOT] comme l’a signalé Pedro Eussa à la manifestation convoquée aujourd’hui Place San Martin par les organisations de travailleurs devant un millier de personnes.

La manifestation avait été appelée par l’Union nationale des travailleurs du Venezuela (UNETE), le courant de lutte de classe des travailleurs «Cruz Villegas», le Mouvement national pour le contrôle ouvrier, la Plateforme des conseils de travailleurs du Grand Caracas, divers collectifs de délégués de prévention qui intègrent la CONASAT et le Parti communiste du Venezuela (PCV), ainsi que diverses organisations populaires, et regroupait environ un millier de dirigeants syndicaux et militants révolutionnaires.

Eusse rappela que depuis 2008 le mouvement syndical de lutte de classe se battait pour une nouvelle Loi Organique du Travail (LOT) à caractère révolutionnaire, «Beaucoup des 19.000 propositions, que la Commission présidentielle dit avoir recueillies, surgirent à cette époque quand le camarade Oscar Figuera présidait la Commission permanente de développement social intégral de l’Assemblée nationale (2008-2009).

«Un grand débat, beaucoup de consultations durant lesquelles les travailleurs furent écoutés, où les syndicats de classe se prononcèrent, où les conseils de travailleurs furent entendus, où les délégués de la prévention purent se prononcer» souligna Eusse.

Cette nouvelle Loi Organique du Travail des Travailleurs et des Travailleuses (LOTTT), baptisée ainsi par le Président, «Est notre conquête» indiqua le dirigeant communiste.

Le PCV appela les travailleurs et travailleuses à faire évoluer cette loi récemment signée par le président Chávez: «Nous savons que nous avons obtenu des avancées, néanmoins nous n’avons pas conquis les éléments suffisants qui permettent à la classe ouvrière de devenir la classe dirigeante du processus révolutionnaire. Cela ne se mendie pas, cela se conquiert par la conscience et le combat».

Le Parti communiste appelle aussi la classe travailleuse à s’unir et à construire une force suffisante pour renverser l’état bourgeois et démonter les relations capitalistes de production qui existent encore au Venezuela.

Pedro Eusse ajouta: «Non seulement dans les entreprises privées mais aussi dans les entreprises publiques où comme dans les pires entreprises privées, les travailleurs y sont exploités et outragés».

Il est nécessaire de mener un grande bataille dans les entreprises d’état pour établir des relations socialistes de production. Là nous n’avons pas encore conquis le socialisme. Le président Chávez a dit hier une chose très importante: non seulement les patrons privés commettent des violations des droits des travailleurs mais la bureaucratie attente, tous les jours, à nos droits les plus élémentaires».

Il n’y a pas d’unité au sein de la classe ouvrière du Venezuela

Le Parti communiste se réfère aussi au problème de l’unité au sein de la classe ouvrière du Venezuela. «Nous devons reconnaître qu’il n’y a pas d’unité; ici on prétend nous imposer un syndicalisme à la solde du patronat, sans indépendance, qui se met à genoux face aux patrons publics et aussi privés au point de favoriser l’assassinat d’ouvriers, de dirigeants syndicaux et de délégués de prévention», dénonce Eusse.

Le PCV appelle à vaincre ce syndicalisme parasitaire comme a été vaincu le syndicalisme de la Confédération des travailleurs du Venezuela dans le passé, pour qu’il ne vienne pas, peint en rouge, se mettre du côté des patrons et des oppresseurs.

Dans ce contexte Pedro Eusse souligne la nécessité de travailler à un plan permettant d’atteindre l’unité de la class ouvrière car«sans unité de la classe travailleuse nous serons vaincus par nos ennemis».

L’unité organique avec une direction de classe et révolutionnaire est l’unique garantie de la victoire.

Le PCV appelle aussi à commencer un intense travail dans chaque centre de travail, dans chaque entreprise et institution pour discuter avec les travailleurs et évaluer la nouvelle LOTTT. Il ajoute finalement qu’il faut utiliser les avancées qu’elle contient, critiquer ce qu’il ya à critiquer et continuer à construire une force qui conquière définitivement le pouvoir pour la clase ouvrière et le peuple travailleur.

Bureau Politique
Parti communiste du Venezuela

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[Traduction Josette LINARES]


France
Procès BDS à BOBIGNY: Relaxe de Maha, Mohamed, Olivia et Ulrich: Victoire!

Maha, Mohamed, Olivia et Ulrich qui étaient poursuivis à Bobigny pour leur participation à la Campagne BDS viennent ce jour d’être relaxés par le tribunal de grande instance de Bobigny.

Le parquet de Bobigny avait scandaleusement requis le 15 mars dernier des peines allant de quatre mois de prison avec sursis à 2.000€d’amende avec sursis envers ces quatre militants pacifiques.

Ce qui leur était reproché? La «provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence» Pourquoi? Parce qu’ils avaient participé à une action pacifique d’information appelant au boycott des produits provenant d’Israël. (cf communiqué de la Campagne BDS France)

Leur engagement s’inscrit dans la campagne internationale BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) contre l’État d’Israël jusqu’à ce qu’il se conforme au droit international.

Cette campagne BDS vise, à la demande de la société civile palestinienne et à l’image du mouvement qui avait contribué à mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud, un État qui poursuit en toute impunité une politique coloniale, d’apartheid et d’épuration ethnique contre le peuple palestinien: occupation et colonisation de la Cisjordanie, blocus de Gaza, refus catégorique du droit au retour des réfugiés, répression accrue contre les Palestiniens d’Israël.

Ce procès fait suite à de nombreux autres pour des motifs similaires (à Mulhouse, Paris, Bordeaux, Pontoise), et précède d’autres qui ont été reportés.

Le 15 décembre 2011, douze militants poursuivis pour leur participation active à la Campagne BDS avaient déjà été relaxés à Mulhouse.

Le 24 mai prochain, ce sera au tour de Bernard, Jeanne et Yasmina de comparaître au tribunal de Perpignan. Les militant-es de la Campagne BDS seront nombreux-ses à se mobiliser à leur coté pour leur relaxe et la poursuite de la Campagne BDS.

Relaxe immédiate pour tous les militant-es de la Campagne BDS! Halte aux procès politiques!

Campagne BDS France


Ce que laisse attendre la nouvelle présidence française

par Igor Ignatchenko

Moscou, 1.5.2012:- Pour l’heure il n’y a plus guère de doute sur la victoire de François Hollande dans la course présidentielle en France.

Les questions découlant naturellement de ce contexte sont les transformations pouvant affecter, le cas échéant, la politique étrangère française sous le Président entrant et, en particulier, comment Paris va structurer ses relations avec Moscou au cours des cinq prochaines années.

Un communiqué publié par Hollande en décembre 2011 – avec les élections à l’horizon – contenait des passages relatifs à la politique intérieure de la Russie, y compris la répression présumée des protestations de l’opposition à la suite du scrutin parlementaire, disant qu’elle était l’objet d’une grave préoccupation et que la Russie devrait faire plus pour garantir la liberté d’expression et la dissidence publique. En général, Hollande a clairement indiqué que, s’il était élu, il ne resterait pas indifférent à l’état de la démocratie dans d’autres pays. En outre, l’actuel favori a déclaré dans une interview au Nouvel Observateur que, selon lui, la Russie partageait la responsabilité des massacres en Syrie.

Hollande avait écrit sur son programme lors de la campagne électorale que la France soutiendrait une opération militaire en Syrie sous bannière de l’ONU, ce qui était pour l’essentiel l’agenda de politique étrangère de son rival N. Sarkozy. La coïncidence était totalement prévisible – c’est une constante de la politique de la gauche française et de celle des socialistes français dirigés par Martine Aubry qui ont appelé à une action dure et ont critiqué Sarkozy pour sa passivité lors de la récente intervention en Libye. Comme Sarkozy, Hollande semble appartenir entièrement à l’école de pensée défendue par l’ancien chef de la diplomatie française Bernard Kouchner, un protégé du lobby israélien et un partisan des interventions humanitaires qu’il définissait comme toute invasion d’un pays souverain à des fins humanitaires et pour la protection des droits humains fondamentaux que les populations locales ne peuvent pas ou sont mal préparées à défendre.

Hollande est un critique public de la conduite de la Russie à l’ONU, accusant la Russie et la Chine d’être devenues de facto complices des massacres syriens lorsqu’ils ont torpillé la résolution sur la Syrie au Conseil de sécurité de l’ONU et que leur opposition à une intervention a eu une lourde incidence sur la situation dans le pays. La position de Hollande, c’est que la communauté internationale doit protéger la population civile en Syrie du régime de Bachar el Assad, avec un rôle clé à donner aux voisins de la Syrie dans le processus, principalement à la Turquie.

Assez paradoxalement à la lumière de ce qui précède, Hollande rejette l’idée d’admission de la Turquie dans l’Union européenne dans un avenir prévisible. Il a l’impression que la Turquie manque de démocratie, que le problème de Chypre a été régulièrement laissé sans solution par Ankara et qu’elle a résolument refusé de reconnaître le génocide arménien dans l’Empire Ottoman. Hollande s’est engagé à resoumettre le projet de loi criminalisant la négation du génocide au Sénat français, mais continue à souhaiter des relations turco-françaises plus chaleureuses qui, à son avis, se sont beaucoup dégradées sous Sarkozy, dans la mesure où Ankara a une importance stratégique, compte tenu de l’évolution de la situation en Syrie.

Les médias français soupçonnent Hollande de ne pas être très à l’aise en politique internationale. En effet, comme son ancienne compagne Ségolène Royal, qui a représenté les socialistes français à l’élection présidentielle de 2007, Hollande semble malhabile dans son approche de quelques questions de politique mondiale. Contrairement à la majorité de ses alliés de gauche avec leur poussée pour un statut d’égalité avec les États-Unis en politique étrangère et de leur rhétorique anti-OTAN, Hollande n’a aucune intention de mécontenter les cercles atlantistes influents qui sont déterminés à garantir que la France se contente de sa position de partenaire mineur dans le cadre de la stratégie militaire globale de Washington.

Hollande admet que Sarkozy a fait un pas précipité en 2007 lorsque, sans aucun débat public, la France a réintégré les structures militaires de l’OTAN, dont elle était sortie sous de Gaulle, que la France n’a ainsi gagné aucune influence supplémentaire dans l’OTAN, pas plus que ce retour n’a visiblement bénéficié à la sécurité européenne, mais, il affirme qu’aujourd’hui revenir sur la décision est hors de question.

Hollande évidemment approuve Washington lorsqu’il souscrit à l’opinion que le système de défense antimissiles européen est supposé être le parapluie de l’Europe contre l’Iran et, éventuellement, la Corée du Nord, exprimant l’espoir que le complexe militaro-industriel français obtiendra une part décente du gâteau quand les infrastructures seront construites. Ces dernières attentes, il faut noter, peuvent s’avérer naïves si l’on considère que, dès le départ, l’appétit des fournisseurs américains est connu pour être une des principales motivations de ce projet.

En parallèle, il est toujours intéressant de faire des conjectures sur les contours de la politique étrangère française si, contrairement à la plupart des prévisions, Nicolas Sarkozy l’emportait au second tour. Les relations entre Paris et Moscou ses sont effilochées sous sa présidence par rapport à ce que nous avions vu sous Jacques Chirac entre 2002 et 2007. Une preuve assez choquante du glissement se trouve dans la mise à jour de la doctrine militaire de la France dévoilée en juin 2008. Le Figaro Magazinea publié des extraits du document montrant que l’un des 12 scénarios justifiant l’utilisation de la force militaire de la France est la menace de la Russie sur ses voisins. L’éventail des possibilités dans le projet de doctrine s’étendait largement assez pour embrasser l’option de forces française opérant sur les territoires de républiques postsoviétiques, sans aucune exclusion de la Russie qui était ainsi introduite dans la catégorie des adversaires potentiels. Il faut accorder crédit à ce document suffisamment sérieux pour effacer les périls mythiques comme les ambitions nucléaires de l’Iran et de la Corée du Nord.

La vérité fondamentale est que les différences entre Sarkozy et Hollande sur toute une série de sujets de politique étrangère sont minimes ou inexistantes. Les deux soutiendraient un état palestinien, garderaient fermées les portes de l’UE à la Turquie, soutiendraient une intervention en Syrie et seraient en faveur du renforcement des pressions sur l’Iran à propos de son programme nucléaire controversé. Avec quelques efforts, on peut découvrir quelques différences mineures entre les deux rivaux: Sarkozy, par exemple, jugerait inapproprié d’attaquer publiquement la Russie sur la démocratie, chose qu’Hollande ne craindrait pas de faire Le candidat socialiste envisage de retirer les forces françaises en Afghanistan lors d’une opération unique alors que Sarkozy est pour un retrait graduel. Les deux sont d’inébranlables euro-atlantistes, mais Sarkozy est convaincu que la réintégration française dans la structure militaire de l’OTAN était un changement pour lequel il mérite des applaudissements, alors qu’Hollande, tout en n’élevant aucune objection fondamentale, dit qu’il n’y n’avait aucun besoin de se dépêcher.

Contrairement aux deux candidats arrivés en tête, le chef de file de l’extrême-droite Front national, Marine Le Pen a la réputation d’offrir des alternatives réelles à la politique étrangère. Seule parmi les 10 candidats du premier tour de l’élection présidentielle française, elle s’exprime toujours comme une amie de la Russie qu’elle décrit comme un partenaire géopolitique clé de la France et de l’Europe. Le Pen se rebelle contre la servilité vis-à-vis des États-Unis et le cours atlantiste risqué suivi par Paris et elle prie instamment la France de préparer une sortie immédiate de l’OTAN, effaçant l’alliance comme l’héritage obsolète de la guerre froide et de l’époque du monde bipolaire. Dans l’ensemble, la position de Le Pen est que le moment est venu pour la France de repenser l’ensemble de son système d’alliance stratégique et de loyauté.

L’élection présidentielle de 2012 en France a mis en évidence le paradigme bien connu: la droite française a tendance à être plus favorable à la Russie que la gauche française. Considérant que le couple qui a fait la course en tête vend des programmes pratiquement identiques, au cours des cinq prochaines années les relations entre Paris et Moscou sont peu susceptibles de s’élever à un niveau plus élevé qu’actuellement.

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[Source http://comaguer.over-blog.com
et traduction de l’anglais Comaguer]


France
Réponse à quelques accusations

par Jean BRICMONT

On m’a posé des questions à propos de mon «soutien aux dictateurs» (en particulier Assad), de l’ingérence dans les affaires intérieures de pays comme la Syrie que ce soutien représenterait, de mes liens avec l’extrême droite et des sites«conspirationnistes» et de la «caution» rationaliste et progressiste que je leur apporterais. Voici ma réponse.

Vous soulevez deux questions importantes: mon «soutien aux dictateurs» et mes «liens avec l’extrême droite». Elles sont importantes, non parce qu’elles seraient pertinentes (elles ne le sont pas), mais parce qu’elles sont au cœur de la stratégie de diabolisation des modestes formes de résistance à la guerre et à l’impérialisme qui existent en France. C’est grâce à ce genre d’amalgames que mon ami Michel Collon a été interdit de parole à la Bourse du travail à Paris, suite à une campagne menée par de soi-disant anarchistes. Tout d’abord, puisque vous parlez de rationalisme, pensons au plus grand philosophe rationaliste du XXesiècle: Bertrand Russell. Que lui est-il arrivé lors de la Première Guerre mondiale, à laquelle il était opposé: on lui a reproché de soutenir le Kaiser évidemment. L’astuce qui consiste à dénoncer les opposants aux guerres comme soutenant la partie à laquelle on fait la guerre est vieille comme la propagande de guerre. Dans les dernières décennies, j’ai ainsi «soutenu» Milosevic, Saddam Hussein, les talibans, Kadhafi, Assad et peut-être demain Ahmadinejad. En réalité, je ne soutiens aucun régime, je soutiens une politique de non ingérence, c’est-à-dire que non seulement je rejette les guerres humanitaires, mais aussi les élections achetées, les révolutions colorées, les coups d’État organisés par l’Occident, etc.

Je propose que l’Occident fasse sienne la politique du Mouvement des pays non alignés, qui, en 2003, peu avant l’invasion de l’Irak, souhaitait «renforcer la coopération internationale afin de résoudre les problèmes internationaux ayant un caractère humanitaire en respectant pleinement la Charte des Nations Unies» et réitérait son «rejet du soi-disant droit d’intervention humanitaire qui n’a aucune base dans la Charte des Nations Unies ou dans le droit international».

C’est la position constante de la majorité de l’humanité, de la Chine, de la Russie, de l’Inde, de l’Amérique latine, de l’Union africaine. Quoi que vous en pensiez, cette position n’est pas d’extrême droite. Comme j’ai écrit un livre sur ce sujet (Impérialisme humanitaire, Ed. Aden, Bruxelles), je ne vais pas expliquer en détail mes raisons; je noterai simplement que si les Occidentaux sont tellement capables de résoudre les problèmes de la Syrie, pourquoi ne résolvent-ils pas d’abord ceux de l’Irak, de l’Afghanistan ou de la Somalie? Je ferais également remarquer qu’il y a un principe moral élémentaire qu’il faudrait respecter quand on s’ingère dans les affaires intérieures des autres pays: en subir les conséquences soi-même. Les Occidentaux évidemment pensent qu’ils font le bien partout, mais les millions de victimes causées par les guerres d’Indochine, d’Afrique australe, d’Amérique centrale et du Moyen-Orient voient sans doute les choses différemment.

Pour ce qui est de mes liens avec l’extrême droite, il y a deux questions distinctes: que veut-on dire par liens et que veut dire extrême droite? Je ne demanderais pas mieux que de manifester avec toute la gauche contre la politique d’ingérence, comme je pense qu’elle devrait le faire. Mais la gauche occidentale a été complètement convaincue par les arguments en faveur de l’ingérence humanitaire et, en fait, critique très souvent les gouvernements occidentaux parce qu’ils ne s’ingèrent pas assez à son goût. Donc, les rares fois où je manifeste, je le fais avec ceux qui sont d’accord pour le faire, qui ne sont pas tous d’extrême droite, loin de là (à moins évidemment de définir comme étant d’extrême droite le fait de s’opposer aux guerres humanitaires), mais qui ne sont pas non plus de gauche au sens usuel du terme, vu que le gros de la gauche appuie la politique d’ingérence. Au mieux, une partie de la gauche se réfugie dans le «ni-ni»: ni l’ΟΤΑΝ,ni le pays attaqué au moment donné. Personnellement, je considère que notre devoir est de lutter contre le militarisme et l’impérialisme de nos propres pays, pas de critiquer ceux qui se défendent par rapport à eux, et que notre position n’a rien de neutre ni de symétrique, contrairement à ce que suggère le slogan«ni-ni». Par ailleurs, j’estime avoir le droit de rencontrer et de parler avec qui je veux: il m’arrive de parler avec des gens que vous qualifieriez comme étant d’extrême droite (même si je ne suis, dans la plupart des cas, pas d’accord avec cette qualification), mais bien plus souvent avec des gens d’extrême gauche et plus souvent encore avec des gens qui ne sont ni l’un ni l’autre. Je m’intéresse aux Syriens qui sont opposés à la politique d’ingérence, parce qu’ils peuvent me fournir éventuellement des informations sur leur pays allant à l’encontre du discours dominant, alors que je connais, à travers les médias, le discours des Syriens pro-ingérence.

Pour ce qui est des sites, je m’exprime là où je peux — si le NPA, le Front de Gauche ou le PCF veulent m’écouter ou même débattre de façon contradictoire avec moi sur la politique d’ingérence, je suis prêt à le faire. Mais ce n’est pas le cas. Je note que les sites «conspirationnistes» comme vous dites, sont bien plus ouverts puisqu’ils savent en général que je ne partage pas leurs analyses, en particulier sur le 11 septembre, et m’acceptent quand même. Par ailleurs, les individus que je connais et qui publient sur ces sites ne sont nullement d’extrême droite et le simple fait d’être sceptique par rapport au récit officiel sur le 11 septembre n’a rien, en soi, d’extrême droite. Le monde est bien trop compliqué pour garder une attitude «pure», où l’on ne rencontre et parle qu’avec des gens de «notre bord». N’oublions pas qu’en France c’est la chambre élue lors du Front populaire qui a voté les pleins pouvoirs à Pétain (après l’exclusion des députés communistes, et avec le concours des sénateurs). Et l’opposition à la collaboration réunissait les staliniens (à l’époque les communistes l’étaient vraiment) et les gaullistes, dont beaucoup étaient, avant guerre, très à droite. La même chose se produisait pendant la guerre d’Algérie ou du Vietnam, l’opposition à celles-ci rassemblant, entre autres, communistes, trotskystes, maoïstes, chrétiens de gauche, pacifistes. (À propos, est-ce que Staline, le FLN algérien et Ho Chi Minh étaient démocrates? Avait-on tort de les «soutenir», c’est-à-dire de s’opposer avec eux au nazisme οu au colonialisme?) Et dans les campagnes anticommunistes des années 80, la gauche des droits-de-l’homme ne faisait-elle pas cause commune avec toute une série de nationalistes extrêmes ou d’antisémites (Soljenitsyne par exemple)? Et aujourd’hui, les partisans de l’ingérence en Libye et en Syrie ne font-ils pas cause commune avec le Qatar, l’Arabie saoudite et une série de mouvements salafistes?

Ensuite, j’ai un problème avec la définition «d’extrême droite».Je sais bien ce que vous entendez par là, mais pour moi ce qui compte, ce sont les idées, pas les étiquettes.

Agresser des pays qui ne vous menacent pas (ce qui est l’essence du droit d’ingérence), pour moi, c’est une idée d’extrême droite. Punir des gens à cause de leurs opinions (comme le fait la loi Gayssot), pour moi c’est une idée d’extrême droite. Enlever à des pays leur souveraineté et par conséquent le fondement de la démocratie, comme le fait de plus en plus la «construction européenne», pour moi c’est une idée d’extrême droite. Dire«qu’Israël est très critiqué parce que c’est une grande démocratie», comme s’il n’y avait pas d’autre raison de critiquer Israël, pour citer celui pour qui presque toute la gauche votera au 2e tour (François Hollande), pour moi c’est une idée d’extrême droite. Opposer de façon simpliste l’Occident au reste du monde, en particulier à la Russie et à la Chine (comme une bonne partie de la gauche le fait aujourd’hui au nom de la démocratie et des droits de l’homme), pour moi c’est une idée d’extrême droite.

Si vous voulez trouver un endroit où je serais sans hésitation en accord avec la «gauche», voyagez un peu, et allez en Amérique latine. Là vous verrez toute une gauche qui est anti-impérialiste, populaire, souverainiste et démocratique: des dirigeants comme Chavez, Ortega et Kirchner sont élus et réélus avec des scores impensables ici, y compris pour la «gauche démocratique», et ils font face à une opposition médiatique bien plus dangereuse qu’un simple Faurisson (cette opposition va jusqu’à appuyer des coups d’État), mais qu’ils ne penseraient jamais interdire. Malheureusement, en Europe et surtout en France, la gauche a capitulé sur beaucoup de choses, la paix, le droit international, la souveraineté, la liberté d’expression, le peuple, et le contrôle social de l’économie. Cette gauche a remplacé la politique par la morale : elle décide, dans le monde entier, qui est démocrate et qui ne l’est pas, qui est d’extrême droite et qui est fréquentable ou non. Elle passe son temps à bomber le torse en «dénonçant»les dictateurs, leurs complices, les phrases politiquement incorrectes, ou les antisémites, mais elle n’a en réalité aucune proposition concrète à faire qui puisse rencontrer les préoccupations des populations qu’elle prétend représenter.

Ces abandons multiples de causes progressistes ouvrent effectivement un boulevard à une certaine extrême droite, mais la faute en incombe à ceux qui ont accompli et accepté ces changements, pas à ceux qui tentent modestement de résister à l’ordre du monde.

24 février 2012.

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[Source Balkan Infos, n° 176 mai 2012]
Balkan-Infos,CAP 8, B.P. 391
75869 PARIS cedex 18


Un silence assourdissant

L’indigence du débat électoral en France a pu se mesurer à la façon dont tous les candidats ont fait l’impasse sur ce qui aurait du en être un des sujets essentiels: le spectre qui étend son ombre sanglante sur le monde. Le monstre aux dizaines de milliers de victimes. La menace permanente de nouveaux ravages. Ce fantôme criminel hante pourtant notre politique. Il asservit nos dirigeants. Il influe sur notre économie. Il façonne notre image.

Mais dans le fatras du racolage démagogique de leurs campagnes, les orateurs ont effacé son existence. Pas une évocation. Pas un mot sur la machine de guerre de l’impérialisme américain : l’OTAN.

On reste stupéfait par ce silence. Voilà une organisation qui a déclenché quatre guerres, qui a détruit des nations souveraines, qui a fait assassiner des chefs d’états, qui a massacré des milliers de civils, qui fait perdre la vie à des dizaines de nos soldats, qui impose au gouvernement des budgets militaires accroissant sa dette et qui nous met en danger d’une Troisième guerre mondiale, et on n’en parle pas?

Rien sur ce pur produit de Washington, à l’origine destiné à défendre l’Occident contre une imaginaire offensive soviétique, et qui est devenu l’instrument de domination mondiale des industriels du pétrole et des financiers de Wall Street? Discrétion totale sur la puissante – et coûteuse – armée du nouveau colonialisme, qui mobilise les Occidentaux dans la défense du dollar et ampute notre pays de son indépendance? Aucune allusion au pire ennemi de l’écologie, le fauteur de guerre qui ravage humanité, faune et flore, en prétendant les protéger?

Les politiciens nous déçoivent souvent par ce qu’ils disent. Il leur arrive de nous écœurer encore davantage par ce qu’ils ne disent pas.

Louis DALMAS
Edito du n° 176 de Balkan Infos
http://www.b-i-infos.com, lodalmas@wanadoo.fr


Syrie
Gregorios III: «une dictature de la presse sur la crise syrienne»

«Il n’y a plus de Révolution, il n’y a plus de manifestations. Il y a seulement du banditisme et le monde entier refuse de le reconnaître». Ces paroles ne sont pas celles du président syrien Bachar el-Assad, ni celles d’un de ses ministres, ou celles d’un membre d’un quelconque gouvernement arabe soutien du régime, mais celles du patriarche de l’Église grecque-catholique melkite, dont la résidence est à Damas.

Le prélat n’a pas fait usage de termes vagues pour décrire l’actuel état de crise dans lequel se trouve plongé la Syrie:«des éléments étrangers sont entrés dans le pays et ont même commencé à frapper les chrétiens, qui ont dû quitter Homs étant donné la dangerosité de la situation», a expliqué le patriarche qui n’a pas caché une certaine insatisfaction vis-à-vis de la situation jugée trop souple du Vatican à son égard. Grégoire III s’en est pris ensuite à la presse européenne avec laquelle il a eu affaire lors de récentes visites sur le Vieux Continent pour raconter ce qui était justement en train de se passer en Syrie. «Je n’excuse pas le régime comme j’ai pu l’entendre en France, mais je soutiens une réalité. Les journaux sont stéréotypés, ont des sources uniques et ne sont prêts à écouter personne, pas même moi», a avancé le prélat qui n’ pas hésité à parler d’une vraie «dictature de la presse au service des États-Unis».Le patriarche a même raconté une anecdote arrivée au neveu d’un évêque travaillant à Dubaï (Émirats arabes unis), qui, alors qu’il se rendait un jour à son travail, a entendu derrière lui un homme annoncer au téléphone qu’il se trouvait à Homs, pendant que les troupes gouvernementales faisaient l’assaut de la ville, en tuant femmes et enfants.

«On a parlé de complot, mais c’est bien plus grave que cela: il y a une volonté internationale de nuire à la Syrie», a encore affirmé Grégoire III tout en se demandant comment certains États pouvaient changer en peu de mois «le régime qui a tant fait pour sa population», alors que ces mêmes États ne réussissent pas à mettre fin au conflit israélo-palestinien.«Aucune sanction n’a été approuvée contre les colonies israéliennes, a-t-il ajouté, alors qu’elles sont illégales. Tout le monde en est persuadé mais personne ne fait rien».

Enfin, répondant à une question des journalistes relative aux actions de l’armée syrienne vis-à-vis de la population, le patriarche n’a pas hésité à affirmer que l’intervention des forces armées a été «tardive et trop légère» pour espérer mettre fin aux violences des bandes rebelles.

Un témoignage important sur la situation réelle de la Syrie qui tranche singulièrement avec ce qu’on peut trouver dans les principaux media, lesquels ne se préoccupent décidément pas d’informations claires et objectives.

Capitaine Martin

9.5.2012

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[www.resistance-politique.fr/



BIP n° 148 – juillet 2012

Sommaire

Dossier Grèce

  • Un exercice en provocation ou comment la «vrai-gauche» étasunienne, donne des leçons à la «pseudo-gauche» grecque — Rédaction
  • En Grèce, les partis de pseudo-gauche ne présentent aucune alternative lors des élections — Katerina Selin et Christoph Dreier, wsws
  • Pénalisation du travail! — Ριζοσπάστης
  • Manifestations en Europe et en AustralieΡιζοσπάστης
  • Les «Fonds vautours» pillent la Grèce — Nick Dearden CADTM, Balkan Infos
  • François Hollande révèle le nouveau bain de sang que préparent l’OTAN et l’Union européenne — Ριζοσπάστης

  • Le peuple bangladeshi épris de liberté ne permettra jamais l’installation d’une base navale étasunienne dans la baie de Bengale — Déclaration du SPB
  • La poursuite de l’œuvre révolutionnaire Juche
  • Livre: Témoignage sur «ma» Guerre d’Algérie — Jacques Tourtaux
  • Quelques observations à propos de la déclaration du 24/5/2012, signée par 40 partis communistes et ouvriers intitulée — Nouvelle Association Staline
  • L’OTAN, menace pour la paix mondiale! — Déclaration des 40 Pcs, solidarité-internationale
  • Amnesty International et Human Rights Watch, mercenaires de l’Empire — Capitaine Martin — resistance-politique.fr

Dossier Syrie

  • La plaque tectonique syrienne — Chems Eddine Chitour, mondialisation.ca
  • Les navires de guerre russes ont le droit d’accoster dans le port syrien: ministère [russe] de la Défense, Xinhua
  • Journaliste britannique: Aucun des insurgés en Syrie n’était syrien, mais des extrémistes étrangers Breaking News
  • Syrie ou le message d’un missile russe… Dr Amin Hoteit
  • Critique de la déclaration commune des Partis maoïstes de France et d’Italie — Nouvelle Association Staline
  • La lutte entre les anciens et les nouveaux impérialistes en Syrie — PC maoïste de France PC maoïste – Italie
  • Syrie: La Bataille d’Alep stratégiquement différente de celle de Damas, mais significativement identique ! Dr Amin Hoteit, Mondialisation.ca
  • Un général de l’armée turque arrêté à AlepFNA

  • Effondrement en vue Paul Craig Roberts
  • «La cinquième colonne la voici!» Guy Mollet — Pamphlet du PCF 1950/1
  • La nouvelle vie des opposants cubains en Espagne — Salim Lamrani, Opera Mundi

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Grèce

Un exercice en provocation ou comment la «vrai-gauche» étasunienne donne des leçons à la «pseudo-gauche» grecque
(voir ci-dessous)

Voilà ce que l’on peut lire sur le site trotskiste wsws.org (World Socialist Web Site) et sur celui demondialisation.ca. Champions de la «vrai-gauche» étasunienne, dans un paroxysme hystérique, les auteurs manient telle une injure les mots «stalinisme» et «Staline» pour s’attaquer au KKE (Parti communiste de Grèce) qui loin de se considérer «stalinien», ne se considère pas pour autant antistalinien. Que les auteurs de cet article, Katerina Selin et Christoph Dreier – qui paraissent être moins des personnes physiques, que des zombies-internetvéhicules d’intoxication impérialiste – aient pu écrire un tel torchon n’est pas en soi extraordinaire. Ce qui est plus extraordinaire est qu’une organisation comme wsws, capable de sortir de temps à autre des articles raisonnablement intéressants, se laisse aller à la plus basse forme de provocation et d’anti-stalinisme.

Bien que tout ce qui est écrit ne soit pas invraisemblable, nous nous demandons néanmoins en quoi consisterait «l’histoire stalinienne» [Sic – NdlR] et comment une organisation stalinienne pourrait ne pas être attachée à Staline? Lorsqu’ils disent que le KKE reste résolument attaché à Staline, ils semblent ignorer que le Secrétaire général du KKE Nikos Zachariadis – qui avait défendu Staline contre Khrouchtchev – avait été exclu du parti (KKE) après le 20ème Congrès du PCUS, et n’a été réhabilité qu’en 2011. Cela étant dit, et ce ne sont pas les exemples qui manquent, quel est l’objet de toutes ces calomnies, mensonges et provocations?

C’est tout de même prétentieux et dans un sens comique que ces auteurs donnent des leçons, à distance, en matière d’opportunité révolutionnaire à la «gauche» grecque.

Nous avons donc pensé qu’il serait «intéressant», sinon amusant pour nos lecteurs de voir comment les domestiques de l’impérialisme lâchent leurs fléchettes médiatiques empoisonnées, crétines pour ceux qui connaissent la situation, toxiques pour les non-informés qui les prennent pour argent comptant. En tout cas cela ne laisse aucun doute sur le caractère de WSWS.

Malheureusement le plus grave est que cet article ait été repris par mondialisation.ca qui nous a habitué à mieux, beaucoup mieux que cela!!

Alexandre MOUMBARIS

 

En Grèce, les partis de pseudo-gauche
ne présentent aucune alternative lors des élections

par Katerina Selin et Christoph Dreier

Dimanche 6 mai, la Grèce tient ses premières élections nationales depuis le début de l’offensive lancée contre les droits sociaux de la classe ouvrière par l’élite grecque et l’Union européenne. Les élections sont assombries par la pauvreté et un désespoir grandissant qui est attisé par le vaste sentiment qu’aucun des partis n’exprime les véritables intérêts sociaux de la population [Sic – NdlR].

«La violence, c’est de travailler 40 ans pour quelques miettes et d’avoir néanmoins à demander la permission de prendre sa retraite. […] La violence, c’est le droit de l’employeur de vous licencier quand bon lui semble,» avait écrit l’enseignant de 44 ans, Metikis Savas, dans une lettre d’adieu avant de se pendre dans la maison de ses parents.

Le nombre croissant de suicides en Grèce n’est que l’expression la plus flagrante du vaste sentiment de désespoir qui se manifeste dans le rejet du gouvernement qui est responsable de l’organisation de la contre-révolution sociale [??? – NdlR] de ces dernières années. Selon de récents sondages d’opinion, les partis actuellement au pouvoir, Nouvelle Démocratie (ND) et le PASOK, ont perdu, par rapport aux élections de 2009, près de la moitié de leur soutien. Le manque de perspective est toutefois principalement dû à la faillite des soi-disant partis de gauche. Ni la Coalition de la Gauche radicale (SYRIZA), ni le Parti communiste de Grèce stalinien(KKE) et ni le Front de la Gauche anticapitaliste (Antarsya) ne proposent une quelconque alternative sérieuse [Sic – NdlR].

Malgré la colère sociale grandissante, SYRIZA estime que sa tâche la plus importante est de contribuer à la formation d’un gouvernement stable, capable d’imposer les mesures d’austérité exigées par l’UE. À cette fin, SYRIZA formule toutes sortes de demandes sociales et encourage l’illusion que celles-ci peuvent être appliquées au sein de l’UE.

«Nous accusons ND et PASOK de ne pas utiliser les armes de la négociation pour garantir une participation égale de la Grèce dans la zone euro,» a déclaré dans une interview dimanche dernier le candidat de SYRIZA, Dimitris Papadimoulis. Dans l’éventualité d’une entrée au gouvernement, SYRIZA entreprendrait des négociations plus dures avec les pays de l’UE. Son but proclamé est de rester dans l’UE tout en s’opposant aux mesures d’austérité.

Sur cette base, SYRIZA a mis en avant dans son programme électoral intitulé Front social uni tout un éventail de demandes sociales. Un programme en dix points mènerait prétendument la Grèce hors de la crise. Les revenus annuels de 500.000 euros ou plus seraient taxés à 75 pour cent et les coupes sociales seraient révoquées.

Pour ce qui est de la dette grecque, l’organisation écrit: «Il n’y a qu’une solution: l’annulation sélective de la plus grande partie de la dette, que ce soit envers des institutions financières ou des États. Puis la suspension des termes du remboursement de la dette restante à des fins de reprise économique, le service de la dette à des conditions plus favorables ainsi que des mesures pour le développement et l’emploi.»

Le manifeste électoral omet de préciser quel pourcentage de la dette doit être annulé, quand elle devra être versée et ce qu’on entend par «conditions plus favorables.» Une «annulation sélective» et même une suspension des versements des intérêts, voire une prolongation des échéances de remboursement a déjà eu lieu, ce qui est tout à fait dans l’intérêt des créanciers.

À y regarder de plus près, toutes les demandes sociales formulées par SYRIZA se sont révélées n’être que des phrases creuses compte tenu de la reconnaissance de principe de la dette par l’organisation et du fait qu’elle défend l’adhésion à l’UE. Dans les deux cas, SYRIZA promet uniquement de conclure un accord légèrement meilleur lors de négociations que ne l’avait fait l’actuel gouvernement.

La détermination de SYRIZA à former un gouvernement stable capable de poursuivre la contrerévolution sociale[Sic – NdlR] est également illustrée par le fait que l’organisation est prête à former des coalitions avec presque toutes les autres forces politiques. En plus des appels lancés au KKE, SYRIZA appelle aussi à une collaboration avec des couches du PASOK et de Gauche démocrate (DIMAR) qui, quant à elle, est aussi impatiente de collaborer avec PASOK.

Dernièrement, le président de SYRIZA, Alexis Tsipras, a même annoncé qu’il compterait sur les voix des Grecs Indépendants pour arriver à une majorité au parlement. Les Grecs Indépendants sont dirigés par Panos Kammenos qui a été expulsé en février du parti conservateur Nouvelle Démocratie. Kammenos a créé un nouveau parti en mars et critique le dictat de l’UE par la droite. Les rangs du parti sont remplis de nombreux anciens membres de ND qui réclament une politique plus nationaliste pour défendre les intérêts grecs. Selon Kammenos, son parti n’est «ni de gauche ni de droite et ni du centre. Il est indépendant et, avant tout, nationaliste». Le site Internet du parti souligne la nécessité d’un État fort.

Le Parti communiste stalinien grec, le KKE, suit une tactique différente. Il a rejeté jusque-là pendant la campagne toutes les ouvertures venant d’autres forces politiques et exclu toute participation à un gouvernement de coalition. Le KKE exige non seulement la répudiation de l’ensemble de la dette gouvernementale et le retrait de l’UE, mais aussi la nationalisation des principales banques et entreprises.

Contrairement à de nombreuses autres organisations pro-staliniennes, le KKE reste résolument attaché à Staline et à son héritage [??? – NdlR]. Pendant une émission électorale, la secrétaire générale du KKE, Aleka Papariga, a qualifié la dictature nord-coréenne de pays socialiste. Après l’effondrement du stalinisme [??? – NdlR], les dirigeants du KKE étaient arrivés à la conclusion qu’un puissant appareil bureaucratique était nécessaire pour garder le contrôle sur les travailleurs [Sic – NdlR].

À cette fin, le parti dépend lourdement sur son histoire stalinienne [Sic – NdlR]. Durant la guerre civile de 1946-49, le KKE avait fidèlement appliqué les dictats de Staline [??? – NdlR] qui avait exigé qu’une révolution soit empêchée à tout prix en Grèce [Sic – NdlR]. À la fin de l’occupation par les nazis en décembre 1944, des troupes britanniques et grecques furent déterminantes dans la répression des travailleurs qui étaient organisés dans le mouvement de résistance antifasciste, l’EAM (Front national de libération). À l’époque, le KKE avait joué de son influence pour retenir les masses [Sic – NdlR] et il avait signé au début de 1945 le Traité de Varkiza qui stipulait le désarmement des travailleurs [???] et avait ouvert la voie à la contre-révolution de droite qui allait suivre [Sic – NdlR].

Cette politique fut justifiée par l’argument qu’une révolution n’était pas possible et qu’il était donc nécessaire de collaborer avec les forces bourgeoises. Le KKE se comporte de la même manière aujourd’hui. Lors de la campagne électorale, il a mis en avant des demandes radicales dans le but de détourner la colère des travailleurs vers des canaux tout à fait inoffensifs pour ne pas mettre en péril l’ordre social [Sic – NdlR].

Lors de grèves et de protestations, le KKE assume le rôle d’organisateur pour assurer la discipline. Tous ceux qui rejettent les deux principales organisations syndicales du pays, le GSEE et ADEDA [plutôt ADEDY – NdlR], doivent être empêchés de s’organiser indépendamment, mais doivent au contraire rester sous le contrôle du KKE[??? – NdlR]. Ceci est apparu clairement en décembre 2008 après de violentes manifestations survenues dans le centre d’Athènes suite au meurtre d’une jeune fille de 16 ans par un policier. Le KKE avait condamné les protestations et appelé au respect de l’ordre. Le KKE opère également par le biais de son propre syndicat, le PAME, pour isoler la grève qui se poursuit à l’usine sidérurgique d’Halivourgia Aspropyrgos où les travailleurs occupent l’usine depuis plusieurs mois. En refusant d’organiser des grèves dans d’autres usines et d’autres industries, le parti a effectivement empêché l’extension de la résistance [Sic – NdlR].

Le PAME n’a jamais cherché à défier ni même à mettre en cause la camisole de force imposée à la classe ouvrière par les deux principales fédérations syndicales du pays. Le PAME, qui est lui-même une partie intégrante de la plus importante fédération syndicale, le GSEE, a participé à toute une série de protestations symboliques tout en refusant de demander aux travailleurs d’entreprendre une action indépendante sérieuse. Ce qui est caractéristique à cet égard, c’est un appel du PAME et du KKE à une grève symbolique de 24 heures le jour de l’élection, une fois que les dés auront été jetés.

Lors d’une émission électorale, Papariga a justifié cette ligne en faillite du parti en déclarant qu’une offensive révolutionnaire des travailleurs était impossible. «Nous ne nous trouvons pas dans une situation révolutionnaire,» a-t-elle dit, dans une situation où des millions de travailleurs sont en train de lutter en Grèce pour leur survie et sont en quête d’une perspective pour combattre la pauvreté et contrer les attaques menées par l’élite dirigeante.

Le refus explicite du KKE de mobiliser la classe ouvrière, ainsi que sa perspective foncièrement nationaliste annulent totalement le contenu progressiste de sa revendication de sortir de la zone euro et d’annuler la dette grecque. Sous les conditions du capitalisme, une telle politique mènerait à un retour à la drachme, à l’hyperinflation et à la pauvreté de masse. C’est précisément dans une telle situation que le KKE propose ses services comme une force défendant l’ordre [Sic – NdlR].

Toutefois, 2012 n’est pas 1945. Ni SYRIZA et ni le KKE ne jouissent d’une influence comparable à celle desstaliniens à la fin de la guerre. Les manifestations du 1er mai organisées par ces partis ont été faiblement suivies et Papariga a été huée et raillée lors d’une visite électorale à l’Acropole en quête du soutien des travailleurs. Les travailleurs ont montré clairement qu’ils la considéraient, elle et le KKE, comme faisant partie de l’establishmentpolitique qui est déterminé à intensifier les attaques sociales [Sic – NdlR].

[Article original, paru le 4 mai 2012 sur wsws.org;
http://www.wsws.org/francais/News/2012/mai2012/grec-m07.shtml;
repris par mondialisation.ca, le 7 mai 2012
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=viewArticle&code=SEL20120507&articleId=30735%5D

 


Grèce

Pénalisation du travail!

Des enseignants, rémunérés à l’heure, sont poursuivis en justice pour avoir travaillé en parallèle afin de compléter leurs maigres revenus mensuels de 200 €!

L’hypocrisie des gouvernements et les manigances de l’état bourgeois, ont été étalées devant les tribunaux de Thessalonique ce mardi. étaient jugés et ont été condamnés quatre enseignants qui en 2008 et en 2009 employés par le Soutien scolaire complémentaire (PDS), organisme dépendant du ministère l’éducation nationale, avaient parallèlement donné des cours de soutien scolaire. Des dizaines d’autres enseignants doivent être jugés pour le même «délit», maintenant que la justice découvre et punit exemplairement, ceux qui empêchent la diffusion au plus grand nombre des «bénéfices» de la gestion politique de la pauvreté et de la misère, à savoir l’emploi partiel et mal payé. Elle puni l’incompatibilité d’avoir deux emplois aux horaires flexibles qui, même pris ensemble, ne suffisent à assurer des conditions de rémunération et d’existence dignes.

Les enseignants employés à la PDS de 2005 jusqu’à sa fin en 2010, étaient appelés à signer une demande qui tenait lieu de déclaration sur l’honneur, où il était mentionné qu’ils n’étaient ni actionnaires, ni employés dans une école privée. Au cours de l’année scolaire de 2008-2009 en août et de même en octobre ils ont signé ce même document. En novembre quand ils ont été convoqués pour être embauchés, on leur a de nouveau demandé de signer une déclaration sur l’honneur où en plus il était question de ne pas travailler dans des centres de remise à niveau ni de donner des cours à domicile. Beaucoup les ont signé, rares étaient ceux qui les avaient lu et constaté le changement intervenu sur le questionnaire.

Suite à l’enquête, des poursuites ont été lancés par le Parquet contre des dizaines d’enseignants accusés de fausses déclarations sur l’honneur.

Beaucoup d’enseignants confrontés au spectre du chômage se sont vus obligés, pour des raisons de survivance, de travailler dans de centres de cours en parallèle avec leurs emplois au PDS étant donné que ni l’un ni l’autre de leurs emplois partiels ne leur assurait leur subsistance. Au PDS ils étaient employés en moyenne 2, 4 ou 6 heures par semaine à 9€ l’heure, tout en sachant bien qu’ils n’allaient pas être payés avant un an à un an et demi.

Ils étaient par conséquent obligés de chercher du travail dans un centre de cours de soutien pour assurer leur besoins urgentissimes de subsistance.

L’Association des employés des centres de cours de soutien de Thessalonique – Grèce du Nord (SEFIE) qui s’est présenté comme témoin pour la défense, note dans une déclaration: «L’abolition de la publication des concours de l’ASEP [Conseil supérieur de choix de personnel—NdT], la présence de tableaux avec des remplaçants et des salariés, avec toute sorte de régimes horaires, favorisent l’errance professionnelle des nouveaux enseignants. Dans l’éducation les relations flexibles de travail se sont instaurées». L’association note qu’il est «hypocrite de protéger l’éducation publique gratuite, en poursuivant l’enseignant qui essaye de subsister, alors que cette même politique fait que l’enseignement parallèle est devenu un géant tant en profits qu’en élèves».

SEFIE exige que les poursuites des enseignants employés par PDS soient abandonnées et que soit abolie l’interdiction de cumuler deux emplois ainsi que toute forme de flexibilité dans l’école publique.

Un travail permanent et stable pour tous les enseignants!

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[Ριζοσπάστης, 31.5.2012]
[Traduction Alexandre MOUMBARIS]

 


Grèce

Solidarité mondiale avec les métallurgistes grecs

Slogan de la manifestation des émigrés grecs en Australie:

« Nous disons non aux lois de l’esclavage que veulent imposer les industriels »

Manifestations en Europe et en Australie

Des travailleurs de partout dans le monde ainsi que des émigrés grecs, ont diversement exprimé leur solidarité et leur aide aux métallurgistes d’Aspropyrgos en grève.

Associations, comités de lutte, syndicats, syndicalistes et communautés d’expatriés grecs ont organisé dimanche et lundi [23-24/7/2012 – NdT] des manifestations de solidarité et des interventions auprès des ambassades et des consulats grecs de plusieurs villes européennes: Berlin, BruxellesLondresStockholm,DüsseldorfFrankfortMunichMelbourne, de la lointaine Australie, et des villes au Canada.

C’est une importante expression de solidarité des émigrés dans la lutte que mènent les métallurgistes, en grève depuis plusieurs mois, qui a ému beaucoup de travailleurs dans le monde. On le constate dans les réunions auxquelles participaient des membres et des cadres de partis communistes étrangers et de nombreux travailleurs.Ce n’est pas fortuit si lors de la protestation auprès du Consulat de Grèce à Munich, les forces de la police se sont arbitrairement introduits dans le bâtiment à l’heure où les représentants des organisations faisaient part de leur déclaration. Elles ont prétexté que la réunion était illégale et procédé à des arrestations. La tentative d’intimidation de la police allemande a reçu une vive réaction immédiate et les militants ont dû être libérés peu après.

Messages et soutien

Entretemps, les messages de solidarité aux métallurgistes et au Front de lutte de tous les travailleurs (PAME) qui lutte en première ligne dans la défense des métallurgistes, continuent à arriver en provenance de syndicats de travailleurs et de partis.

A été remis un mémorandum de protestation au Consulat de Grèce par la Fédération des associations progressistes de travailleurs grecs en Australie (constitué de l’Association ouvrière «Démocrite» de Melbourne, l’Association ouvrière «Atlas» de Sydney, l’Association ouvrière «Platon» d’Adelaïde et l’Association ouvrière «Socrate» de Newcastle, ainsi que des organisations du mouvement syndical australien: le Syndicat des Mécaniciens d’avion, le Syndicat des Fonctionnaires, le Syndicat des Travailleurs des chemins de fer, des trams et des bus, le Syndicat des Travailleurs des services, leSyndicat des Travailleurs de l’énergie, des mines et des forets, le Syndicat des Enseignants, le Syndicatdes électriciens et des Plombiers, l’Association des Environementologues, le Syndicat des Pompiers et beaucoup d’autres syndicats locaux.

Le Secrétaire général du Syndicat des Techniciens, Mécaniciens, Électriciens d’IrlandeFrank Keogan à apporté le soutien des membres de son organisation.

Des syndicats du Pakistan ont exprimé leur solidarité avec des messages: Nour Mohammad, SG de laFédération pakistanaise des travailleursAchraf Raïpout, SG de la Fédération des Travailleurs de l’industrie du sucreMohammad Igbal, de la Fédération des Travailleurs de la province de Singh, Sintige Baïg, SG du Syndicat des Cheminots du Pakistan.

Le Parti communiste du Pakistan soutien la lutte de la classe ouvrière en Grèce.

Solidarité a été exprimée aussi par B. Freisen membre du CC et de la section des Relations internationales duParti communiste allemand (DKP).

Des messages ont aussi été reçus du Parti communiste du Luxembourg, alors que le Parti communiste suédois a envoyé aux métallurgistes une aide financière de 5.000€ collectée parmi des travailleurs, membres et amis.

Note du traducteur

L’orthographe des noms de personnes peut ne pas être exacte du fait qu’ils ont été traduits phonétiquement du grec.

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[Ριζοσπάστης, 24.7.2012]
[Traduction Alexandre MOUPMBARIS]
[Correction Marie-José MOUPMBARIS]

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Grèce

Les «Fonds vautours» pillent la Grèce

La situation désespérée de l’économie grecque ne fait pas que le malheur des uns, elle fait également le bonheur d’autres. Un groupe «d’investisseurs» financiers a fait des affaires en or sur la dette grecque, simplement en se montrant les plus dénués de scrupules du marché.

Dart Management est un fonds d’investissement basé aux îles Caïmans, territoire britannique connu pour son statut de paradis fiscal. Son modus operandi lui a valu le nom de «fonds vautour». Les vautours «investissent» dans les dettes souveraines des pays victimes d’une crise, c’est-à-dire qu’ils rachètent cette dette à vil prix. Puis ils résistent à toute forme d’allègement de cette dette, espérant ainsi se la faire rembourser en totalité. Comme ils n’ont payé qu’une fraction de sa valeur, le remboursement total représente un profit gigantesque. Les fonds vautours ont fait leurs armes contre les pays en développement. Elliott Associates, un fonds d’investissement spéculatif étasunien a ouvert la voie dans les années 1990 en gagnant un procès qu’il avait intenté au Pérou, ce qui lui a permis d’empocher le quadruple de ce qu’il avait «investi» en rachetant la dette de ce pays. Elliott est également soupçonné de détenir une partie de la dette grecque. Dart, quant à lui, a gagné 600 millions de dollars avec le Brésil après la crise de 1993.

Au cours de ces dernières années, les fonds vautours ont fait main basse sur les pays les plus pauvres. Le Liberia et la Zambie ont tous deux été traînés devant les tribunaux britanniques et ont été condamnés à rembourser des fonds spéculatifs qui avaient racheté des dettes très anciennes à des régimes dictatoriaux pour des prix dérisoires.

Lorsque les pays refusent de payer, les vautours les chassent à travers le monde, tentant de saisir leurs actifs situés à l’étranger. Un fonds vautour particulièrement coriace a même tenté de saisir une aide publique à destination de la République du Congo. À ce jour, la République démocratique du Congo est poursuivie par un autre fonds du nom de FG Hemisphere et est engagée dans un litige portant sur des actifs basés à Jersey. L’appel en dernière instance s’est déroulé le 28 mai à Londres, mais aux termes de la législation de Jersey.

Une loi adoptée dans les derniers jours de l’ancienne législature empêche désormais les fonds vautours de faire des profits sur d’anciennes dettes de pays à faibles revenus en portant leur litige devant des tribunaux britanniques, ce qui représente un progrès considérable. Mais cette loi ne s’applique pas aux autres pays (du Nigeria à la Grèce), ni aux dettes récentes.

Le cas de l’Argentine est emblématique de ce qui attend la Grèce dans les années à venir. Depuis que le pays s’est déclaré en cessation de paiement en 2001, après des années à ployer sous le poids d’une dette injuste, il a été assailli de poursuites par des fonds vautours qui ont refusé l’allègement de sa dette. Parmi ces fonds, on retrouve Dart et Elliott, ainsi qu’un groupement connu sous le nom d’American Task Force Argentina, qui a tenté d’utiliser les affaires étrangères des États-Unis pour forcer l’Argentine à payer ses dettes.

Pour ces entreprises, une crise comme celle de la Grèce a de quoi faire saliver. Depuis des mois, les fonds vautours travaillent à la meilleure manière de poursuivre leurs manœuvres prédatrices contre la Grèce.

Les vautours ont racheté les obligations grecques soumises à des lois étrangères car les obligations relevant du droit grec ont subi une décote importante.

L’allègement grec a cependant été une aubaine pour les détenteurs d’obligations, qui ont reçu 50% de leur valeur d’origine à un moment où ces obligations n’en valaient plus que 35%, en plus d’empocher pour cela une incitation sonnante et trébuchante. Mais ce n’était pas assez pour les vautours. Un cabinet de conseil juridique américain, Bingham McCutchen a été signalé comme essayant de fédérer de tels fonds pour réclamer devant la justice le paiement de la valeur totale ces obligations.

Pour certains de ces fonds, c’était jour de paye, le 29 mai. Plutôt que de risquer des poursuites, la Grèce a décidé de rembourser 436 millions d’euros de ses dettes soumises au droit étranger. DanManagement aurait reçu près de 90 % de ce total. Alors que l’État providence grec s’effondre et que la société subit une hausse des taux de suicides, de meurtres et une recrudescence du HIV, Kenneth Dart peut se prélasser dans son yacht de 70 mètres au large des îles Caïmans et compter ses sous. Les détenteurs d’obligations à hauteur de plus de 6 milliards d’euros ont refusé d’échanger la dette grecque: de nouveaux scandales sont donc à prévoir.

Mais nous ne sommes pas voués à l’impuissance. Un dirigeant d’un fonds vautour a confié au Financial Times: «Nous prospérons sur le manque d’informations de la population.» La première étape est de rendre transparent le commerce d’obligations. Il est choquant que le peuple grec ne sache même pas qui détient sa dette, quand elle a été rachetée et pour quelle somme.

David Cameron et George Osborne ont clairement affirmé que l’UE devait régler ce problème, mais ils n’ont rien fait pour arrêter les fonds vautours dont la dette relève du droit britannique. Le gouvernement peut forcer les créanciers dépendant de la législation britannique à accepter l’allègement convenu. Il pourrait également aller plus loin et empêcher les gains exorbitants tirés de dettes achetées sur le marché secondaire: une telle loi a déjà été proposée devant le Congrès des États-Unis.

La Grèce est aux avant-postes d’une bataille opposant des investisseurs peu scrupuleux et un peuple qui se révolte contre l’austérité et veut que son économie fonctionne dans l’intérêt général.

Il ne suffit pas aux gouvernements de hausser les épaules et de dire «C’est comme ça».

Nick DEARDEN
CADTM (Comité pour l’annulation de la dette du Tiers-Monde)

31/5/2012

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[Source: Balkan Infos, CAP 8, BP 391,75869 Paris cedex 18]

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Grèce – France

Parti communiste de Grèce

François HOLLANDE révèle le nouveau bain de sang
que préparent l’OTAN et l’Union européenne

Extrait du communiqué du mercredi, 30 juin 2012
du 
Bureau de presse du CC du PCG
à propos des déclarations de François Hollande concernant la Syrie

«Les déclarations du président français nouvellement élu, François Hollande, s’orientent désormais ouvertement vers une éventuelle intervention militaire en Syrie, dévoilant la préparation d’un nouveau bain de sang par l’OTAN et l’Union européenne contre les peuples de notre région.

Les références de François Hollande au droit international et aux Nations Unies servent de pudique yachmak* pour masquer l’implémentation du «droit du plus fort», dans la «jungle» des contradictions au sein des forces impérialistes et des cartels monopolistiques, pour le contrôle des sources énergétiques, leurs voies de transport et les parts de marchés.

Sont exposés et responsables devant le peuple aujourd’hui tous ceux, dont SYRIZA, qui disaient que l’élection de François Hollande ferait souffler un vent nouveau en Union européenne alors qu’ils semaient l’illusion que celle-ci deviendrait «plus populaire». La vie montre que les organismes impérialistes comme l’OTAN et l’UE ne peuvent pas «s’humaniser». Ils étaient et resteront, tant qu’ils existent, des instruments d’exploitation des peuples et tout comme le capitalisme, ont la guerre inscrite dans leur ADN.

Le PCG condamne les nouveaux desseins impérialistes aux dépens de la Syrie et souligne que seul le peuple syrien a le droit de déterminer l’avenir de son pays, sans diktats ni interventions étrangères.

Nous exigeons maintenant l’arrêt de toute collaboration militaire avec Israël, ainsi que la fermeture de la base étasunienne de Souda et plus généralement, que ne soit pas permis l’usage de bases terrestres, de ports ni de l’espace aérien grec en appui d’une attaque impérialiste contre la Syrie ou l’Iran, qui conduirait le peuple grec ainsi que les autres peuples de la région à des grandes péripéties»

 

Yachmak: du turc, voile de mousseline qui couvre le visage, les yeux exceptés.

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[Ριζοσπάστης, 3.6.2012]
[Traduction Alexandre MOUMBARIS]
[Correction Marie-José MOUMBARIS]

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Bangladesh

Le peuple bangladeshi épris de liberté
ne permettra jamais l’installation d’une base navale étasunienne dans la baie de Bengale

Le Parti socialiste du Bangladesh, réagissant aux informations provenant de médias indiens, a aujourd’hui manifesté à Dhaka, capitale Bangladesh, contre le projet des États-Unis d’établir une base navale dans la baie de Bengale en vue de stationner sa 7ème Flotte.

Lors de son intervention devant le rassemblement, le secrétaire général du Parti socialiste de Bangladesh (SPB), le camarade Khalequzzaman a exprimé sa préoccupation concernant cette nouvelle et dénoncé ce projet. Il a relevé que lors de la récente visite de la secrétaire d’état Hillary Clinton au Bangladesh, le soi-disant partenariat stratégique et sécuritaire, approuvé par les deux parties, a ouvert la voie aux États-Unis pour avancer ce projet. Il a demandé au gouvernement de rendre publics tous les traités, accords ou arrangements conclus avec des États-Unis et exigé l’annulation de l’Accord sur les statuts des forces (Status of Forces Agreement), l’Évaluation des besoins humanitaires (Humanitarian Assistance need Assessment) et tous les autres traités contraires à l’intérêt national.

La mise en cause de l’authenticité des fuites concernant cette base par le ministère bangladeshi des Affaires étrangères, a été rejetée comme confuse et inacceptable par le camarade Khalequzzaman.

Il a déclaré que le gouvernement du Bangladesh a nié toute proposition ou dialogue concernant cette base étasunienne au Bangladesh, bien que le ministre des Affaires étrangères ait été présent à la récente réunion du Sommet sécuritaire de Shangri-La à Singapour où l’étaient aussi les représentants civils et militaires de 30 pays. À cette occasion le Secrétaire à la Défense étasunien avait déclaré que des États-Unis renforceraient leur présence navale en Asie et déploieraient 60% de cette force dans la baie de Bengale. Khalequzzaman s’est interrogé sur la sincérité du gouvernement. Il a déclaré que la politique de servilité et cette démarche risquée adoptées par le gouvernement Bang – déjà aux pieds des États-Unis – de collaborer à la manœuvre de guerre américaine, mettra en danger la souveraineté de la nation et l’avenir démocratique du peuple.

Il a rappelé qu’en 1971 les États-Unis avaient envoyé cette 7ème Flotte contre la lutte de libération du Bangladesh. Les citoyens de notre pays ont déclaré qu’ils feront face et lui résisteront. C’est ironique qu’après 40 ans d’indépendance, les États-Unis proposent au Bangladesh d’accueillir la 7ème Flotte. La raison derrière cette initiative des États-Unis est d’établir un contrôle politique, militaire et économique sur le sud-est de l’Asie y compris sur la Chine et l’océan Indien.

Le camarade Khalequzzaman a exhorté ses compatriotes de rester à l’affût de la conspiration odieuse des impérialistes étasuniens et indiens et de la politique de servilité du gouvernement bangladeshi. Il a appelé tous les patriotes, progressistes et démocrates de s’opposer et d’organiser des protestations contre la mise en place d’une base navale étasunienne dans la baie du Bengale.

Le rassemblement du SPB s’est tenu aujourd’hui 3 juin 2012 à 16h30 face au Club national de la presse à Dhaka, Bangladesh. Sont aussi intervenus les dirigeants du parti: camarade Bazlur Rashid Firoz, Jahedul Haque Milu et Razequzzaman Ratan.

03/06/2012

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[Traduction Alexandre MOUMBARIS]
[Correction Marie-José MOUMBARIS]

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Corée

La poursuite de l’œuvre révolutionnaire Juche

L’œuvre révolutionnaire à laquelle le Président Kim Il Sung s’est consacré durant toute sa vie se poursuit de siècle en siècle, de décennie en décennie.

L’œuvre révolutionnaire Juche, entamée par Kim Il Sung dans la dense forêt de Paektu, s’est poursuivie vigoureusement par la conduite énergique du Dirigeant Kim Jong Il qui s’est trouvé à la tête de l’édification d’un état puisant et prospère. Kim Jong Il a accompagné le Président Kim Il Sung, dans ses tournées d’inspection en vue d’édifier une patrie riche et puissante et épanouissante pour le peuple. En conduisant durant des décennies la révolution coréenne, il a développé en profondeur, les idées du Juche, les idées du Songun, du Président Kim Il Sung, et a les honorées comme idéologie directrice de l’ère de l’indépendance.

Il a renforcé le Parti du travail de Corée, l’armée et l’état pour en faire le parti, l’armée et l’état qu’avait voulu le Président Kim Il Sung. Il a établi un mode de gouvernement Songun, mode original, préservé sûrement le socialisme axé sur les masses populaires, établi par Kim Il Sung, et jeté de solides assises pour l’édification d’un état riche et puissant.

L’œuvre révolutionnaire du Président Kim Il Sung poursuivi avec assiduité et succès sous la direction de Kim Jong Il, fondée sur la pensée Songun, se réalise brillamment sous la direction de Kim Jong Un, Commandant suprême de l’armée populaire de Corée.

Kim Jong Un partage les idées, les compétences et les qualités du Président Kim Il Sung et du Dirigeant Kim Jong aux côtés duquel il s’est trouvé très tôt sur le chemin de la révolution fondée sur le Songun. Il a la conviction et la volonté d’adhérer invariablement aux idées du Juche, idées du Songun, et de parachever coûte que coûte l’œuvre révolutionnaire du Juche. Sous sa haute direction, l’armée et le peuple de la RPDC se sont engagés dans la grandiose marche pour honorer les nouvelles années 100 de la Corée Kim Il Sung.

L’Armée populaire est le pilier et la force principale de la révolution nourrie du Songun et la troupe d’assaut de l’édification d’une puissance prospère. Elle défend fermement et développe la patrie socialiste fondée par Kim Il Sung et honorée par Kim Jong Il.

Leurs recommandations se réalisent parfaitement partout en RPDC, non seulement dans les usines, les fermes coopératives, mais aussi dans les villes et les campagnes.

Des créations monumentales dont les centrales de Huichon sont érigées, ainsi que de grandes quantités d’engrais, de vinalon et de fer sont produites. Un progrès remarquable a été réalisé dans la production de machines-outils CNC et d’autres équipements de pointe.

Des bâtiments représentant l’époque du Songun se construisent dans le secteur de Mansudae ainsi que dans d’autres endroits de la capitale et un tournant remarquable s’opère dans l’urbanisme et le reboisement, ouvrant ainsi une nouvelle période de prospérité.

Le souvenir du Président Kim Il Sung et du Dirigeant Kim Jong Il sera à jamais dans les cœurs de l’armée et du peuple de la RPDC, alors que sous l’égide de Commandant suprême Kim Jong Un, l’œuvre révolutionnaire Juche se poursuit.

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[édité par Alexandre MOUMBARIS

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Livre

Témoignage sur «ma» Guerre d’Algérie

Je suis un ouvrier, issu d’un milieu très pauvre.

Je sais ce que veulent dire les mots misères et souffrances, vécues par les petites gens.

Je ne possède pour tout bagage qu’un modeste Certificat d’Études Primaires.

J’interviens à partir de mon vécu très dur de la Guerre d’Algérie.

Je n’ai pas d’extraordinaires histoires de combats héroïques à relater.

Adolescent, je me suis engagé politiquement avec le PCF, c’était en 1958 avant le retour de De Gaulle à la tête du pays. Dans la foulée, en 1959, avec quelques camarades, nous avons créé un cercle de l’Union des Jeunesses Communistes de France (UJCF) dont je devins le Secrétaire. Comme tous les militants communistes de l’époque, nous dénoncions la guerre coloniale menée en Algérie, en notre nom, par De Gaulle.

Mon témoignage est un hommage à la poignée de soldats anticolonialistes qui, malgré les risques encourus, se sont battus clandestinement contre la guerre.

Notre combat avait pour but de faire prendre conscience aux autres soldats moins politisés, que cette guerre était inutile et sans issue.

Notre travail militant a fini par payer puisque lors du putsch des généraux félons, en avril 1961, les « bidasses »n’ont pas suivi les factieux et ont ainsi fait échouer la folle aventure de ces généraux et autres hauts gradés carriéristes, grassement payés pour faire tuer des pauvres « gus » sur l’autel du profit capitaliste.

Les bidasses tombés sur cette terre lointaine ne sont pas morts pour la France comme on veut le faire croire mais uniquement pour les tenants du fric. Il en est ainsi pour toutes les guerres.

Je dénonce les violences, les sévices subis en notre qualité de militants anticolonialistes, jeunes communistes pour la plupart. Ces sévices, des raclées terribles, étaient perpétrées par des gradés.

Après 40 années de militantisme au PCF, la mort dans l’âme, j’ai quitté celui-ci. Je suis toujours profondément communiste, envers et contre tout. Je n’accepte pas les graves dérives du PCF, qui ne correspondent plus à l’idéal pour lequel j’ai donné le meilleur de moi-même.

Bien que n’ayant pas l’esprit cocardier, j’ai assumé d’importantes responsabilités au sein de deux associations d’Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ACVG) mais je n’ai jamais pris la grosse tête pour autant. J’ai toujours refusé que me soit remise la croix du combattant de la Guerre d’Algérie car ce serait accepter un insigne incompatible avec mon idéal communiste.

Je disais donc qu’avec le Parti (PCF) et notre cercle de l’UJCF, nous menions à notre modeste niveau, une lutte acharnée contre la Guerre d’Algérie.

En 1960, à deux reprises, j’ai refusé de répondre aux convocations pour le conseil de révision, à Rethel, puis au chef-lieu du département, Mézières (Ardennes). Peu de temps après, les gendarmes sont venus me trouver sur mon lieu de travail. Après m’être fait traiter de forte tête, promesse me fut faite d’une incorporation directe en unités disciplinaires où j’allais me faire «mater à coups de poings dans la gueule et à coups de pieds au cul».

Le 16 septembre 1960, les gendarmes sont venus me chercher et m’ont emmené menotté et tenu en laisse comme un chien. A la vue de tous, j’ai ainsi traversé la ville pour me rendre à la gare où les gendarmes m’ont emmené faire mes trois jours à Commercy (55).

Ma lettre de refus d’aller combattre le peuple Algérien était prête. J’en ai parlé à un de mes oncles, militant cheminot à la CGT et au PCF. Celui-ci m’a vivement déconseillé ce refus. Je produis dans le livre que j’ai écrit sur cette guerre coloniale la copie de sa lettre datée du 4 août 1960, dans laquelle il me dit son désaccord. Mon oncle m’écrivait que les actions individuelles n’étaient pas payantes. Les sanctions étant trop fortes pour ce genre d’actions. Militant communiste de longue date, il pensait au contraire, qu’il fallait entrainer le plus de jeunes possibles dans l’action contre la Guerre d’Algérie. Militer contre la guerre à l’intérieur de mon unité afin d’aider à une prise de conscience des jeunes appelés qui pour la plupart n’étaient pas politisés comme l’étaient les soldats communistes.

Le dirigeant communiste Etienne Fajon disait: «Résolument opposé à la guerre injuste d’Algérie, notre parti, qui comprend le drame de conscience de chaque jeune communiste, n’a jamais considéré la désertion comme un moyen d’action susceptible de mettre un terme au conflit. Il est toujours demeuré fidèle au contraire, au principe éprouvé défini par Lénine : le soldat communiste part à toute guerre même si elle est réactionnaire, pour y poursuivre la lutte.»

Selon Jean Brugié, dans son livre «Officier et communiste dans les guerres coloniales», les consignes nationales du PCF étaient: «Les communistes se doivent d’être présents sur tous les terrains de combat de classe»… «Ils doivent être les meilleurs.»

Le 30 novembre 1960, Maurice Thorez, Secrétaire général du Parti, prononce un discours dans lequel il déclare notamment: «Non, la voie n’est pas à l’insoumission, la voie reste celle que nous a inculquée Lénine… C’est le travail de masse mené à l’armée, surtout à l’armée, pour combattre la guerre… Déserter, quitter l’armée, cela signifie laisser la masse des soldats…… aux mains des officiers parfois fascistes, aux mains des ultras…

Le devoir, c’est de travailler, c’est de faire le travail difficile, le travail pénible, le travail qui exige des sacrifices, qui coûte parfois des années de prison aux jeunes soldats … ce travail de l’ombre comporte de véritables risques.»

Durant toute la durée de mon service militaire, j’ai pu constater que peu nombreux furent les jeunes communistes qui se sont risqués à militer à l’intérieur de leur unité, en Algérie, où il y avait la guerre, ne l’oublions pas. Nous ne serions pas 300 à s’y être engagés sur l’ensemble de tous les conscrits incorporés, qui se sont succédés en Algérie du 1er novembre 1954 au 3 juillet 1962. J’ajoute et c’est tout à leur honneur, qu’il y a eu aussi des officiers de carrière communistes, qui se battirent à leur façon, sur des positions de classe mais ils furent peu nombreux lors de la Guerre coloniale menée par la France, en Algérie.

J’ai donc été incorporé direct, à Oued-Smar, en Algérie, dans une compagnie disciplinaire pour y effectuer mon CI (Centre d’Instruction).

Ce fut un CI très dur. À l’intérieur du camp, une prison interarmes qui était un bagne militaire où les soldats internés y subissaient des sévices graves tels les tabassages, certains entrainant parfois l’hospitalisation.

Les soldats détenus dans «La Villa», c’est ainsi qu’on l’appelait, étaient pour la plupart des gars du contingent. J’ajoute qu’il y avait promiscuité entre les soldats appelés internés politiques et les appelés de droit commun.

ll faut savoir qu’un gus pouvait se trouver interné pour un simple défaut de cravate. Pour ma part, j’ai été emprisonné dans ce bagne une semaine durant. J’ajoute que le «bidasse» qui y a été détenu, ne serait-ce qu’une seule journée, est marqué de manière indélébile pour la vie.

L’an dernier, un de mes lecteurs, ancien de la Section de Protection (SP), voisine de la prison-bagne, qui y a été interné une journée, m’a téléphoné. Je fus frappé des «détails» dont il se souvient, bien qu’il n’ait séjourné qu’une journée au bagne de Oued-Smar.

Nous terminions nos classes et allions être mutés dans nos unités respectives lorsque dans la nuit du vendredi 21 au samedi 22 avril 1961, éclata le putsch des généraux factieux.

Je voudrais rappeler que nous n’avons pas attendu après De Gaulle pour réagir.

Lorsque De Gaulle s’est exprimé le dimanche soir à la télévision, nous étions déjà en refus d’obéissance.

Le fer de lance du putsch des généraux félons était le 1er Régiment Étranger de Parachutistes de la Légion Étrangère (1er REP), celui-là même qui, alors qu’il était en fuite, le 26 avril 1961, entre Maison-Blanche et Mouzaïaville, vit ces hommes ouvrir le feu à l’arme automatique sur d’autres soldats de l’armée française.

Les soldats qui se firent allumer par ces mercenaires étaient des «gus» du contingent dont je faisais partie. Nous étions moins d’une quinzaine. Les «courageux» soldats d’élite du 1er REP étaient en fuite.

Je fus muté dans un secteur chaud de la Mitidja, près des gorges de la Chiffa, que connaissait bien le camarade Henri Alleg. Dans son ouvrage «Prisonnier de guerre», Henri Alleg écrit …, entre autres, «la traversée des gorges de la Chiffa où les attaques de l’ALN sont quotidiennes … »

Avec deux camarades communistes appelés, je militais clandestinement au sein de mon unité contre la guerre. J’ai été dénoncé et immédiatement embarqué en avion pour une destination inconnue, sous escorte armée, comme un gangster. Je fus affecté à Telergma, dans le Constantinois, comme artificier dans une soute à munitions (SMU).

Mon travail y était celui d’un forçat. L’armée m’a toujours particulièrement choyée.

À titre d’exemple, j’ai, entre autres, été contraint d’effectuer quatre patrouilles, dont une de nuit, c’était un dimanche de l’hiver 1961, sans munitions dans la MAT 49. Les chargeurs étaient vides. Je vous prie de croire qu’il faut avoir vécu de telles intenses émotions pour en connaître le réel ressenti. La peur est indescriptible.

Je ne vous apprendrai rien si je vous dis que je suis rentré en métropole traumatisé, marqué à tout jamais par cette guerre coloniale que je combattais en tant que jeune communiste et dont je fais encore des cauchemars.

Sur conseils de responsables d’une des deux associations au sein de laquelle je militais, j’ai intenté un procès à l’État français pour blessure et maladies contractées lors de la Guerre d’Algérie.

En première instance, j’ai gagné un très gros procès qui aurait pu faire jurisprudence et bénéficier ainsi à des milliers de «gus» justiciables mais hélas, ma joie fut de courte durée.

Le Secrétaire d’État socialiste aux ACVG du gouvernement de la gauche caviar, a fait appel de la décision du Tribunal des Pensions d’Invalidité de guerre qui m’était très nettement favorable.

Ce ministre n’est autre que l’actuel Président du Conseil régional de Lorraine : Jean-Pierre Masseret, membre du parti socialiste. Je précise que j’ai mené cette bataille face aux juridictions et à l’État français dans un but revendicatif. Je l’ai écrit dans un courrier daté du 19 juin 1997, adressé au sieur Masseret.

Je suis dans l’impossibilité de me soigner correctement. L’appel assassin du ministre socialiste Jean-Pierre Masseret, me prive de mon droit légitime à me soigner, spolie ainsi également d’autres nombreux anciens «bidasses», qui ne peuvent accéder aux soins gratuits que leur aurait permise la pension dont nous a dépossédé ce ministre socialiste.

En 2009, j’ai publié un petit livre qui est un prolongement de «ma» Guerre d’Algérie.

Je veux montrer que la justice de classe qui a frappé et persiste toujours à l’encontre des jeunes communistes rebelles de la Guerre d’Algérie notamment, est la même que celle qui frappe les travailleurs qui défendent leurs emplois en se battant sur des positions de classe et sont traînés devant les tribunaux de cette même justice de classe, tel mon camarade et ami Xavier Mathieu.

Jacques Tourtaux

Guerre d’Algérie souvenir d’un appelé anticolonialiste, par Jacques TOURTAUX
avant-propos par Henri ALLEG

Prix 18 € + port 5,50 – pour toute commande: 03 26 40 62 15 ou par courriel jacques.tourtaux@orange.fr

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OTAN

Nouvelle association Staline

Quelques observations
à propos de la déclaration du 24/5/2012,
signée par 40 partis communistes et ouvriers intitulée:
«L’OTAN, menace pour la paix mondiale!»
(voir ci-dessous)

Ce qui, à notre avis, est embêtant pour ne pas dire sérieux est que 40 pays communistes et ouvriers aient accepté de signer cette déclaration. En voici les raisons:

Le début de la déclaration est convenable, un diagnostic anti-impérialiste comme d’innombrables autres dans le passé. Nous ne chipoterons pas sur le fait de savoir si la charte des Nations Unies et le droit international, sont mourants ou raides morts. Nous n’allons pas non plus nous attarder sur le fait que nous aurions préféré les termes «condamner» ou «dénoncer» plutôt que «rejeter», comme s’il incombait aux partis communistes d’accepter ou de rejeter l’escalade de guerre au Moyen-Orient ou la mise en place du système anti-missiles étasunien.

Les problèmes commencent vraiment au sixième paragraphe par: «Mais comme la réalité nous le démontre, la réaction par la force de l’impérialisme à la crise du capitalisme se trouve confrontée à la lutte progressiste et révolutionnaire des peuples qui à divers endroits dans le monde prennent en main la défense de leurs droits, la souveraineté et l’indépendance de leur pays, résistant par les moyens les plus variés, imposant des revers à la stratégie de domination impérialiste» [Traduction corrigée par nous – AM].

Après la Yougoslavie, l’Iraq, l’Afghanistan, la Côte d’Ivoire, la Libye…. et bientôt la Syrie et l’Iran, où les partis signataires voient-ils des peuples imposer des revers à la stratégie impérialiste? En tous cas il est à espérer qu’ils n’applaudissent pas cette gigantesque mascarade impérialiste qu’a été le printemps arabe!!! Peut-être souhaitaient-ils présenter un front uni suffisamment flou pour ménager les diverses «sensibilités» parmi les partis communistes et ont trouvé dans la notion «peuple» une sacralité irréprochable, un symbole passepartout. Il leur était peut-être plus important d’affirmer une unité entre partis communistes, plutôt que de se solidariser avec ceux qui, à l’heure où nous sommes, mènent le combat. Seraient-il trop timorés, trop abasourdis peut-être par l’avalanche de mensonges dont nous submerge la propagande impérialiste et les pressions «morales» exercées par la «gauche» collaboratrice.

Dans cette confrontation il y a deux belligérants et non pas un belligérant d’un côté et une masse amorphe, non structurée de citoyens, sans réelle capacité de défense de l’autre; c’est ce que dénote la notion «le peuple». La notion «peuple» contient de tout: des travailleurs et des patrons, des gens honnêtes et des criminels, des laïques de diverses sortes et des intégristes religieux, des patriotes et des traitres alliés à l’impérialisme, des citoyens de ce pays et divers envahisseurs se camouflant comme tels…. C’est sous le prétexte de défendre le peuple, la démocratie et l’humanisme que l’impérialisme et ses larbins justifient leurs agressions. C’est avec ce mot à la bouche que la pressetitution* séduit, là où elle le peut et quand elle l’estime nécessaire, les consciences des peuples – surtout des pays agresseurs – de manière à obtenir le soutien de l’opinion publique, ou tout au moins sa neutralité. Si le terme «peuple» avait été si pur, si innocent et si neutre, que fait-on des responsabilités des peuples des pays impérialistes, étasunien, français…, que fait-on des culpabilités des peuples des pays racistes, fascistes, colonialistes, qui pour le moins ont laissé faire, permis que ça se fasse, ou pire encore profité de ces crimes? Par conséquent l’expression «peuple» dans cette déclaration n’apporte rien de bien précis, donne un piètre effet, enlève de la crédibilité aux partis, ne fait rien pour le moral des militants et surtout ne met pas en avant une orientation de lutte.

Face à l’agression militaire impérialiste, se dresse, tant bien que mal, un adversaire, en l’occurrence la force militaire organisée, le pouvoir syrien – et bientôt iranien -, l’état du pays agressé, défenseur de la souveraineté du pays et légitime représentant de son peuple. Donc en toute logique en tant qu’acteurs engagés – et pas en tant que spectateurs – politiques, les partis communistes, une fois que l’agression a été constatée et l’impérialisme condamné, doivent être conséquents, doivent soutenir le pouvoir syrien, représentant le peuple syrien dans son ensemble et ne pas éviter d’y faire référence de peur d’être «salis» à son contact, selon les «critères» de la propagande du camp impérialiste. Force est que nous devons considérer et traiter le gouvernement syrien attaqué par l’impérialisme comme un allié. Ce n’est pas aux partis communistes d’approuver ni de juger le caractère interne du régime syrien. Pas plus qu’ils ne doivent se laisser influencer par la propagande «impérialiste» dont regorgent les media prostitués.

Dans la campagne du camp impérialiste il y a deux aspects proéminents, le côté militaire sur le terrain, contre lequel nous ne pouvons rien. Nous ne sommes pas en mesure d’envoyer en Syrie des brigades internationales, ni de leur fournir des armes, et même si nous le pouvions il n’est pas sûr qu’ils en aient besoin. Seul le Parti communiste syrien (unifié) peut prêter main forte directement, en commençant par l’abandon de sa politique «d’opposition loyale» pour en adopter une d’alliance loyale et de soutien total.

Le rôle des autres partis, est au minimum d’informer les citoyens de leur pays, de contrecarrer la propagande impérialiste, de mettre de la pression sur leurs gouvernements pour qu’ils agissent contre les agresseurs….

Leur rôle, pour ceux qui sont dans les pays agresseurs ou de leurs alliés, serait de s’opposer par tous les moyens disponibles, politiques, syndicaux… pour empêcher, entraver et arrêter les agressions depuis leur point de départ; faire tout pour éveiller la conscience de leurs concitoyens quant au rôle complice que leurs gouvernements leur font jouer, pour secouer leurs consciences anesthésiées par le media bourgeois.

C’est à cela que devraient concourir les déclarations, donner un point de départ et c’est pour cela qu’elles doivent être concrètes, précises et pertinentes à la réalité du terrain.

Toute réticence à faire cela, montre une forme de fuite, d’inconséquence ou de soumission devant les offensives des pseudo-valeurs impérialistes dont nous sommes imbibées au quotidien. Nous n’avons pas besoin de «mantras» incantatoires pour apaiser nos bonnes consciences.

Pour le bureau de l’Association,
Alexandre MOUMBARIS

* Pressetitution= Presse + prostitution

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OTAN

Déclaration commune de 35 partis communistes et ouvriers:

L’OTAN, menace pour la paix mondiale!

Dans une situation internationale marquée par l’aiguisement de la crise du capitalisme et par l’offensive impérialiste violente contre les acquis et les droits des travailleurs et des peuples, se tenait le 20 et le 21 mai à Chicago, aux États-Unis, le Sommet de l’OTAN.

Dans un contexte d’approfondissement de crise du capitalisme, l’impérialisme se lance dans une escalade militariste et interventionniste.

Après avoir réformé son concept stratégique en 2010, ce qui représente un nouveau et dangereux bond qualitatif dans son ambition interventionniste – qu’illustre l’agression contre la Libye – les États-Unis et l’OTAN, dont l’UE est le pilier européen, cherchent à étendre leurs zones d’influence, défendent la course aux armements et les dépenses militaires, l’investissement dans de nouvelles armes et leur réseau mondial de bases militaires.

L’impérialisme militarise les relations internationales, poursuit les occupations, lance des menaces d’agression, défend conspirations et manœuvres d’ingérence contre les pays de tous les continents par une course aux armements permanente, viole les accords internationaux de désarmement existants. Les principes de la Charte des Nations unies sont remis en cause, s’accentue l’instrumentalisation de l’ONU pour légitimer la violence impérialiste. Le processus de destruction du Droit international, produit de la défaite du nazisme et du fascisme lors de la Seconde guerre mondiale, ouvre les portes à la réalisation des desseins impérialistes, le contrôle des ressources et la domination de la planète sur le plan militaire et géostratégique.

L’OTAN comme principal instrument de l’impérialisme dans son objectif de domination mondiale, constitue une énorme menace pour la paix et la sécurité mondiales.

Mais, comme la réalité nous le démontre, la réaction par la force de l’impérialisme à la crise du capitalisme se trouve confrontée à la lutte progressiste et révolutionnaires des peuples qui, partout1 dans le monde, prennent en main la défense de leurs droits et de la souveraineté ainsi que de l’indépendance de leurs pays, résistant par les moyens les plus variés et mettant en échec2 la stratégie de domination impérialiste.

Réaffirmant leur engagement dans la lutte pour la paix, le droit de chaque peuple à décider librement de son destin, pour le progrès social et le Socialisme, les Partis communistes et ouvriers signataires de ce déclaration:

Exigent le retrait immédiat de tous les peuples étrangers3 d’Afghanistan, ainsi que de toutes les autres interventions impérialistes dans le monde;

Rejettent l’escalade de guerre au Moyen-Orient, notamment contre la Syrie et l’Iran;

Exigent la dissolution de l’OTAN et soutiennent le droit de chaque pays à4 décider de retirer leurs pays de cette alliance agressive;

Rejettent l’installation du nouveau système anti-missiles des États-Unis et de l’OTAN en Europe et réclament la fin des bases militaires étrangères;

Exigent la fin de la course aux armements, le désarmement nucléaire commençant par les plus grandes puissances nucléaires du monde – comme les États-Unis – et la complète destruction des armes chimiques et biologiques;

Expriment leur solidarité avec les peuples qui résistent aux occupations, agressions et ingérences de l’impérialisme, notamment au Moyen-Orient, en Asie, en Amérique latine et en Afrique.

Partis signataires de l’appel commun des Partis communistes et ouvriers:

1.Parti communiste Sud-africain; 2. Parti communiste d’Argentine; 3. Parti communiste d’Azerbaïdjan; 4. Parti communiste d’Australie; 5. Parti du travail de Belgique; 6. Parti communiste de Biélorussie; 7. Parti communiste du Brésil; 8. Parti communiste d’Espagne; 9. Parti communiste des peuples d’Espagne; 10. Parti communiste des États-Unis; 11. Parti communiste de Finlande; 12. Parti communiste Français; 13. Parti communiste unifié de Géorgie; 14. Parti communiste de Grèce; 15. Nouveau Parti communiste de Hollande; 16. Parti du peuple d’Iran; 17. Parti communiste d’Inde; 18. Parti communiste d’Inde (Marxiste); 19. Parti communiste d’Irlande; 20. Parti des travailleurs d’Irlande; 21. Parti des communistes italiens; 22. Parti communiste libanais; 23. Parti communiste luxembourgeois; 24. Parti communiste de Malte; 25. Parti communiste du Mexique; 26. Parti communiste Palestinien; 27. Parti communiste Péruvien; 28. Parti communiste de Pologne; 29. Parti communiste Portugais; 30. Parti communiste Britannique; 31. Parti communiste de Bohême-Moravie; 32. Parti communiste de la Fédération de Russie; 33. Parti communiste ouvrier Russie – Parti des communistes révolutionnaire; 34. Parti communiste Syrien (unifié); 35. Parti communiste d’Ukraine

Auxquels se sont ajoutés:

36. AKEL de Chypre; 37. Parti de la refondation communiste; 38. Parti communiste des ouvriers hongrois. 39. Union du peuple galicien; 40. Parti communiste de Transnistrie.

21.5.2012

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[Source: solidarite-internationale-pcf.over-blog.net]

Divergences de traduction

Nous tenons à signaler quelques divergences par rapport à l’original en portugais:

1. Sixième paragraphe: Plutôt dire «à divers endroits» et non pas «partout dans le monde»;

2. Plutôt «infligeant des revers», en non pas «mettant en échec la stratégie de domination impérialiste»;

3. Plutôt …exiger le retrait immédiat de «toutes les troupes étrangères» et non pas de «tous les peuples étrangers»;

4. Les signataires soutiennent chaque «peuple de», à la place de «chaque pays à décider de retirer son pays….».

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Syrie

Amnesty International et Human Rights Watch, mercenaires de l’Empire

Sous la présidence d’Obama, l’impérialisme étasunien a endossé les habits de protecteur des peuples de la planète grâce à une rhétorique humanitaire bien ficelée qui sert aujourd’hui à enrober chaque agression, chaque violation de la loi internationale, chaque guerre de pillage et/ou de conquête.

Les anciens colonisateurs européens et leurs cousins d’Amérique, naguère enrichis par le génocide des Indiens et l’esclavage africain, veulent nous faire croire qu’ils protègent aujourd’hui les peuples qu’ils massacraient hier. Mais si la liberté, voire la vie, des peuples de couleurs ou non-chrétiens, n’avaient jusqu’ici que peu d’intérêt pour les défenseurs des valeurs démocratiques, force est de constater que, dans la configuration géopolitique actuelle, les droits de l’homme sont devenus le mot d’ordre de l’Empire. Et les soi-disant organisations occidentales spécialisées dans la défense des droits humains occupent une place stratégique de premier plan.

Parmi ces organisations, Amnesty International et Human Rights Watch. Elles dépensent ainsi toutes les deux une grande partie de leur énergie à soutenir les États-Unis et leurs affidés, pourtant bien connus pour piétiner allégrement la souveraineté des pays les plus faibles comme s’ils incarnaient à eux seuls le droit international.

Á la mi-mai, des milliers de manifestants pacifistes ont protesté contre le sommet de l’OTAN à Chicago. Dans le même temps, Amnesty International organisait un contre-sommet dont les rangs étaient formés de militants favorables à l’intervention de l’Oncle Sam en Afghanistan. La tristement célèbre Madeleine Albright, qui estimait il n’y a encore pas si longtemps que la guerre en Irak et l’embargo, pourtant responsable de la mort de milliers d’enfants, se justifiaient, s’est naturellement joint à ce macabre cortège. L’ancienne secrétaire d’État (sous l’ère Bush, excusez du peu) et l’ONG ont depuis estimé que la présence étasunienne en Afghanistan devait se prolonger autant que nécessaire pour le bien des femmes afghanes. Un exemple parmi d’autre de la collusion entre les uns et les autres…

Et une position d’autant plus incompréhensible que les États-Unis ont dépensé des milliards de dollars dans unejoint-venture avec le Pakistan et l’Arabie saoudite pour aider les islamistes à renverser le président Mohammed Nadjibullah qui, soutenu par l’Union soviétique et animé par des idées progressistes, avait pourtant plaidé la cause des femmes afghanes.

Aujourd’hui, Amnesty International et Human Rights Watch accusent de concert la Chine et la Russie d’être des ennemies des droits humains en Syrie parce que ces pays ont tous deux refusé de jouer la carte de l’intervention militaire dont on connaît désormais les conséquences en Libye.

Lorsqu’Amnesty International et Human Rights Watch font activement campagne en faveur d’une guerre, il est curieux de constater que cette dernière colle systématiquement aux plans de l’Empire. Ces deux organisations humanitaires ont fourni une grande partie des munitions durant la guerre aux rebelles libyens tout en se faisant caisse de résonnance de la propagande étasunienne en faisant croire au monde entier qu’un massacre imminent allait se perpétrer à Benghazi.

Ces deux associations pratiquent en réalité l’imposture à l’échelle planétaire, feignant d’un côté de s’occuper des droits humains et soutenant de l’autre les États-Unis et leurs affidés dans leurs guerres impérialistes tout en se drapant des oripeaux du droit international.

Amnesty International et Human Rights Watch sont bel et bien de parfaits mercenaires de l’Empire.

Capitaine Martin

5/7/2012
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[www.resistance-politique.fr/]

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Syrie

Refondation énergétique du Moyen-Orient

La plaque tectonique syrienne


«Quand les riches se font la guerre, ce sont les pauvres qui meurent.»

Jean-Paul Sartre (Extrait du livre Le Diable et le Bon Dieu)

Un conflit qui dure depuis seize mois et qui aurait fait des milliers de morts selon une comptabilité tenue soigneusement par les médias des pays occidentaux qui attribuent insidieusement les morts uniquement au régime de Damas et non aussi aux insurgés armés lourdement par les Occidentaux avec l’argent des roitelets du Golfe. Les chrétiens ont peur de servir de variables d’ajustement d’un conflit qui les dépasse. Ce conflit, un siècle après les accords de Sykes-Picot, met en jeu les mêmes acteurs avec en plus, les États-Unis, la Russie et la Chine et…Israël. Les dépouilles sont toujours les mêmes, les dirigeants arabes faibles, lâches qui continuent à s’étriper pour le plus grand bien de l’Empire et de ses vassaux. Avec cette fois-ci, un coup d’arrêt à la tentation d’Empire, de la part de puissances asiatiques qui s’affirment.

Que se passe t-il réellement, et pourquoi Assad ne tombe pas malgré les communiqués triomphalistes présentant des personnalités qui ont lâché le pouvoir, le général Tlass, l’ambassadeur de Syrie en Irak qui s’enfuit au Qatar… Un autre round de négociations sur le règlement pacifique en Syrie s’est tenu dernièrement à Moscou. Cette fois, le ministère des Affaires étrangères de Russie a invité le président du Conseil national syrien (CNS) Abdel Basset Sayda. Mais il n’y a pas eu de rapprochement de positions. D’autre part, l’émissaire international Kofi Annan, qui poursuit sa tournée en Iran, a rencontré Bachar el-Assad en Syrie pour tenter de trouver une issue au conflit dans le pays. Il a annoncé lundi 9 juillet 2012 être tombé d’accord avec le président Bachar el-Assad sur une «approche» qu’il soumettra aux rebelles syriens.

La diabolisation des médias occidentaux

Et si la version matraquée tous les jours par les médias français n’était pas la bonne? C’est en tout cas l’avis du politologue Gérard Chalian, sur le plateau de «C dans l’air» du 14 juin 2012, sur France 5: ce qu’il dit c’est que ce n’est pas uniquement un méchant contre des gentils et que la volonté d’intervention et les hésitations des Occidentaux ne sont pas forcément liées à des sentiments purement humanistes. Il dit qu’une intervention impliquerait beaucoup de conséquences géopolitiques. Pour lui, ce qui se passe en Syrie est avant tout une affaire politique et non humanitaire. C’est en fait, l’exacerbation du conflit artificiel sunnite/chiite avec d’un côté pour les sunnites l’Arabie Saoudite, le Qatar, l’Union européenne, les États-Unis et Israël et de l’autre, les chiites, c’est-à-dire les Alaouites aidés par l’Iran. Le but de la manipulation est de casser l’Iran et de réduire le Hezbollah.

Nous verrons qu’il existe aussi l’argument énergétique. Le témoignage d’une Française, épouse d’un Franco-Syrien, qui a séjourné en Syrie du 19 mai au 12 juin 2012, est édifiant: «Alors que ce pays offrait une totale sécurité, les «Amis de la Syrie» y ont semé la violence. À Alep, des bandes armées ont fait leur apparition dans le 2ème semestre 2011: enlèvements, demandes de rançons… Une mafia très lucrative. Nous avons eu connaissance de nombreux récits d’enlèvements à toute heure et à tout endroit à Alep à un rythme quasi quotidien. Les enfants ont pris l’habitude de téléphoner à leurs parents dès leur arrivée et départ de l’école. Les militaires et policiers sont les cibles privilégiées pour ceux qui sont payés pour tuer. Ainsi, un commandant de 35 ans a été abattu de 2 balles dans la tête un matin à 8h 30 alors qu’il achetait du pain. Les commerçants ferment sur ordre d’hommes armés qui menacent de brûler leur boutique. Ainsi, le 2 juin, à la Médine (anciens souks) tout était fermé. Les médias français parlent alors de grève générale anti-régime. Lors de manifestations pro Bachar, des hommes armés s’infiltrent et se mettent à tirer dès que la foule est dense. Ceci est filmé et envoyé aux chaînes de télévision. Le pouvoir conseille de ne pas faire de manifestations de soutien pour éviter ces tueries. La population, qui est confrontée aux enlèvements, bombes, asphyxie des commerces, connaît des difficultés d’approvisionnement en fuel, essence et gaz. Il n’y a pas pénurie en Syrie, mais les véhicules de transport sont attaqués et brûlés sur les routes.» (1)

«Pour ceux qui à l’étranger souhaitent apporter leur aide, il est impossible de virer de l’argent et impossible d’en retirer sur place (d’un compte en France par exemple). À Damas, tout semble comme avant, vie diurne et nocturne, malgré la menace des bombes. Cependant, beaucoup d’hôtels ont fermé, le tourisme est inexistant. À Homs, un seul quartier reste occupé par les rebelles. Les habitants se sont réfugiés dans les villages alentour chez la famille ou des amis. Sur les grands axes routiers, l’ASL effectue des contrôles et abat sur le champ un militaire présent. (…) Il n’y a pas de guerre civile en Syrie, les communautés continuent de vivre en harmonie. Il y a des actes de barbarie et de violence de la part de mercenaires et de l’ASL contre des minorités pour provoquer une guerre civile. (…) Monsieur Sarkozy a en son temps exprimé au patriarche maronite venu le rencontrer que les chrétiens d’Orient devaient laisser leur pays aux musulmans et que leur avenir était en Europe. L’Occident applique en Syrie le même scénario qu’en Irak et en Libye. (…) L’opposition en Syrie participe de façon légale au changement. Les gens sont écœurés par le manque d’objectivité des médias français. La seule source, l’Osdh, basée à Londres, est animée par un Frère musulman, payé par les services secrets britanniques.»(1)

L’argument énergétique

Le professeur Imad Fawzi Shueibi analyse les causes et les conséquences de la récente position de la Russie au Conseil de Sécurité de l’ONU. Le soutien de Moscou à Damas n’est pas une posture héritée de la Guerre froide, mais le résultat d’une analyse en profondeur de l’évolution des rapports de force mondiaux. La crise actuelle va cristalliser une nouvelle configuration internationale, qui d’un modèle unipolaire issu de la chute de l’Union Soviétique, va évoluer progressivement vers un autre type de système qui reste à définir. Inévitablement, cette transition va plonger le monde dans une période de turbulences géopolitiques. L’attaque médiatique et militaire à l’encontre de la Syrie est directement liée à la compétition mondiale pour l’énergie, ainsi que l’explique le professeur Imad Shuebi: la Syrie, centre de la guerre du gaz au Proche-Orient[…].

C’est ainsi que Imad Fawzi Shueibi analyse la situation actuelle:(2)

«Avec la chute de l’Union soviétique, les Russes ont réalisé que la course à l’armement les avait épuisés, surtout en l’absence des approvisionnements d’énergie nécessaires à tout pays industrialisé. Au contraire, les é-U avaient pu se développer et décider de la politique internationale sans trop de difficultés grâce à leur présence dans les zones pétrolières depuis des décennies. C’est la raison pour laquelle les Russes décidèrent à leur tour de se positionner sur les sources d’énergie, aussi bien pétrole que gaz. (…) Moscou misa sur le gaz, sa production, son transport et sa commercialisation à grande échelle. Le coup d’envoi fut donné en 1995, lorsque Vladimir Poutine mis en place la stratégie de Gazprom. (…) Il est certain que les projets Nord Stream et South Stream témoigneront devant l’Histoire du mérite et des efforts de Vladimir Poutine pour ramener la Russie dans l’arène internationale et peser sur l’économie européenne puisqu’elle dépendra, durant des décennies à venir, du gaz comme alternative ou complément du pétrole, avec cependant, une nette priorité pour le gaz. À partir de là, il devenait urgent pour Washington de créer le projet concurrent Nabucco, pour rivaliser avec les projets russes et espérer jouer un rôle dans ce qui va déterminer la stratégie et la politique pour les cent prochaines années. Le fait est que le gaz sera la principale source d’énergie du XXIe siècle, à la fois comme alternative à la baisse des réserves mondiales de pétrole, et comme source d’énergie propre.(…) Moscou s’est hâté de travailler sur deux axes stratégiques: le premier est la mise en place d’un projet sino-russe à long terme s’appuyant sur la croissance économique du Bloc de Shanghai; le deuxième visant à contrôler les ressources de gaz. C’est ainsi que furent jetées les bases des projets South Stream et Nord Stream, faisant face au projet états-unien Nabucco, soutenu par l’Union européenne, qui visait le gaz de la mer Noire et de l’Azerbaïdjan. S’ensuivit entre ces deux initiatives une course stratégique pour le contrôle de l’Europe et des ressources en gaz.

Le projet Nord Stream relie directement la Russie à l’Allemagne en passant à travers la mer Baltique jusqu’à Weinberg et Sassnitz, sans passer par la Biélorussie. Le projet South Stream commence en Russie, passe à travers la mer Noire jusqu’à la Bulgarie et se divise entre la Grèce et le sud de l’Italie d’une part, et la Hongrie et l’Autriche d’autre part.»(2)

«Pour les États-Unis, poursuit le professeur Imad, le projet Nabucco part d’Asie centrale et des environs de la mer Noire, passe par la Turquie et devait à l’origine passer en Grèce, mais cette idée avait été abandonnée sous la pression turque. Ce projet, écrit le professeur Imad, bat de l’aile. À partir de là, écrit-il, la bataille du gaz a tourné en faveur du projet russe. En juillet 2011, l’Iran a signé divers accords concernant le transport de son gaz via l’Irak et la Syrie. Par conséquent, c’est désormais la Syrie qui devient le principal centre de stockage et de production, en liaison avec les réserves du Liban. C’est alors un tout nouvel espace géographique, stratégique et énergétique qui s’ouvre, comprenant l’Iran, l’Irak, la Syrie et le Liban. Les entraves que ce projet subit depuis plus d’un an donnent un aperçu du niveau d’intensité de la lutte qui se joue pour le contrôle de la Syrie et du Liban. Elles éclairent du même coup le rôle joué par la France, qui considère la Méditerranée orientale comme sa zone d’influence historique, devant éternellement servir ses intérêts, et où il lui faut rattraper son absence depuis la Seconde Guerre mondiale. En d’autres termes, la France veut jouer un rôle dans le monde du gaz où elle a acquis en quelque sorte une «assurance maladie» en Libye et veut désormais une «assurance-vie» à travers la Syrie et le Liban. (…) L’empressement de la coalition OTAN-états-Unis-France à mettre fin aux obstacles qui s’élevaient contre ses intérêts gaziers au Proche-Orient, en particulier en Syrie et au Liban, réside dans le fait qu’il est nécessaire de s’assurer la stabilité et la bienveillance de l’environnement lorsqu’il est question d’infrastructures et d’investissement gaziers. La réponse syrienne fût de signer un contrat pour transférer vers son territoire le gaz iranien en passant par l’Irak. Ainsi, c’est bien sur le gaz syrien et libanais que se focalise la bataille[…].»(2)

«De plus, poursuit le professeur Imad, la coopération sino-russe dans le domaine énergétique est le moteur du partenariat stratégique entre les deux géants. Il s’agit, selon les experts, de la «base» de leur double veto réitéré en faveur de la Syrie. Parallèlement, Moscou affiche sa souplesse concernant le prix du gaz, sous réserve d’être autorisé à accéder au très profitable marché intérieur chinois. (…) En conséquence, les préoccupations des deux pays se croisent au moment où Washington relance sa stratégie en Asie centrale, c’est-à-dire, sur la Route de la soie. (…) Cet aperçu des mécanismes de la lutte internationale actuelle permet de se faire une idée du processus de formation du nouvel ordre international, fondé sur la lutte pour la suprématie militaire et dont la clé de voûte est l’énergie, et en premier lieu le gaz. La «révolution syrienne» est un paravent médiatique masquant l’intervention militaire occidentale à la conquête du gaz. Quand Israël a entrepris l’extraction de pétrole et de gaz à partir de 2009, il était clair que le Bassin méditerranéen était entré dans le jeu et que, soit la Syrie serait attaquée, soit toute la région pourrait bénéficier de la paix, puisque le XXIe siècle est supposé être celui de l’énergie propre. Selon le Washington Institute for Near-East Policy (WINEP, le think tank de l’AIPAC), le Bassin méditerranéen renferme les plus grandes réserves de gaz et c’est en Syrie qu’il y aurait les plus importantes. La révélation du secret du gaz syrien fait prendre conscience de l’énormité de l’enjeu à son sujet. Qui contrôle la Syrie pourrait contrôler le Proche-Orient.»(2)

L’argument religieux: sunnite versus chiite

Un autre argument de basse intensité est le conflit artificiel sunnite-chiite. Le conflit en Syrie est devenu, écrit Bernard Haykel spécialiste du Moyen-Orient à l’université Princeton, une guerre par procuration entre Riyadh et Téhéran. Pendant de longues années, le salafisme a été le vecteur d’influence de l’Arabie Saoudite. Mais cette doctrine a créé des monstres, notamment Al-Qaîda, qui se sont retournés contre le régime des Al Saoud. Aujourd’hui, l’anti-chiisme et le discours contre l’Iran sont utilisés par la monarchie pour que les Saoudiens, à 90% sunnites, fassent bloc derrière le régime. Cela pourrait devenir aussi la nouvelle base des relations avec les États-Unis. Il a montré comment le régime saoudien tente de tirer son épingle du jeu dans le grand chambardement du printemps arabe.»(3)

«Mais c’est la Syrie qui est au centre de l’attention de l’Arabie Saoudite. Le roi s’est prononcé contre le régime de Bachar Al Assad. Il a rappelé son ambassadeur à Damas. Les Saoudiens estiment que l’Iran est aujourd’hui une menace réelle pour leur pays. Ils jugent que si Bachar Al Assad est renversé, ce sera un revers important pour l’influence de l’Iran dans la région. Il y a donc un flot d’argent saoudien qui vise à radicaliser les sunnites syriens, comme en 2006-2007 au Liban quand il s’agissait de radicaliser les sunnites locaux contre le Hezbollah. Riyadh ne considère plus qu’un changement dans la région est mauvais. «Enfin, elle tente de promouvoir cette approche à Washington.» L’Arabie Saoudite est sous protection militaire des États-Unis», conclut Bernard Haykel.» «Ces deux pays entretiennent aussi des relations commerciales fortes, dominées par les hydrocarbures et les ventes d’armes.» (3)

Le résultat de cette anomie

Quels sont les perdants et quels sont les gagnants? Le grand perdant est d’abord et avant tout le peuple syrien qui paie le prix fort d’une guerre qui le dépasse. Il devient clair que la clé de la réussite économique et de la domination politique réside principalement dans le contrôle de l’énergie du XXIe siècle: le gaz. C’est parce qu’elle se trouve au cœur de la plus colossale réserve de gaz de la planète que la Syrie est sur une plaque tectonique énergétique. Une nouvelle ère commence, celle des guerres de l’énergie. Le grand gagnant dans tous les cas est Israël qui réussit – sans y participer – à affaiblir ses adversaires, l’Iran, les pays arabes qui ne comptent plus et le Hezbollah. On l’aura compris, la paix en Syrie n’est pas pour demain. Hélas!

Le 16 juillet 2012

Chems Eddine Chitour

Notes

1.www.afrique-asie.fr/

2.Imad Fawzi Shueibi http://www.voltairenet.org/La-Syrie-centre-de-la-guerre-du 8 mai 2012

3. Bernard Haykel: Le conflit en Syrie est devenu une guerre par procuration entre Riyadh et Téhéran. Conférence École des Hautes études en sciences sociales, Paris, mardi 22 mai 2012

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Syrie —Russie

Les navires de guerre russes ont le droit d’accoster
dans le port syrien: ministère [russe] de la Défense

Les navires de guerre russes n’ont aucun plan d’accoster au port de Tartous, mais ils n’excluent pas une telle possibilité, a déclaré vendredi le ministère russe de la Défense.

«Dans le cas où la durée de la mission de la flottille serait prolongée, le commandement du groupe est pleinement autorisé à se réapprovisionner en utilisant la base de soutien matériel et technique de Tartous, qui est conçue à cet effet», a indiqué le ministère dans un communiqué.

«Le commandement prévoira le réapprovisionnement des stocks du navire soit par des navires de soutien soit par le biais de la base de soutien à Tartous », a indiqué le ministère.

La Russie avait auparavant démenti tout projet de passer par Tartous.

Actuellement une dizaine de navires de guerre russes, dont de grands bâtiments de débarquement et des navires auxiliaires sont déployés en mer Méditerranée pour des missions d’entraînement au combat.

Selon le ministère, trois navires russes supplémentaires devraient rejoindre ce groupe dans les prochains jours.

Le commandant de la marine russe Viktor Tchirkov a déclaré la semaine dernière que la Russie conserverait sa base de soutien militaire à Tartous, mais il a par la suite précisé que Moscou évacuerait son personnel du port de Tartous «si nécessaire».

Depuis décembre dernier, la Russie a envoyé plusieurs navires de guerre vers les eaux au large de la Syrie, y compris son porte-avion principal baptisé Amiral Kouznetsov, malgré les inquiétudes des pays occidentaux sur l’éventualité de liens entre ces déploiements et la situation en Syrie.

En janvier, le destroyer russe Amiral Tchabanenko et deux navires d’escorte ont fait escale à Tartous. Moscou a déclaré que cette manœuvre était prévue de longue date et n’avait aucun lien avec la situation en Syrie.

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Source: Xinhua

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Journaliste britannique:
aucun des insurgés en Syrie n’étaient syrien,
mais des extrémistes étrangers

Un photographe britannique capturé par des insurgés en Syrie a déclaré que ses ravisseurs étaient des extrémistes étrangers, dont plusieurs britanniques «sans qu’il y ait un Syrien en vue».

Le 19 Juillet, un photographe pigiste, John Cantile, et son collègue néerlandais Jeroen Oerlemans, ont été enlevés dans le nord de la Syrie puis libérés une semaine plus tard.

Cantile a déclaré qu’il était détenu dans un camp par 30 extrémistes étrangers dont certains venaient de Grande-Bretagne et du Pakistan.

Il a également révélé que certains parmi ses ravisseurs étaient «des hommes jeunes avec des accents du sud de Londres».

«Ils visaient un journaliste avec leurs kalachnikovs, Londonien contre Londonien, dans un paysage rocheux ressemblant aux Highlands d’écosse», a déclaré Cantile.

Le photographe britannique a également révélé que certains des insurgés ne pouvaient même pas parler l’arabe. Parmi environ une douzaine de ses ravisseurs qui parlaient l’anglais, neuf avaient un accent londonien.

«Pas un Syrien en vue. Ce n’était pas à cela que je m’attendais», ajouta Cantile.

«Deux d’entre eux étaient tellement anglicisés qu’ils ne savaient pas parler l’arabe», a-t-il conclu.

Plus tôt, la semaine dernière, le secrétaire au Foreign Office, William Hague, avait promis d’intensifier l’aide aux rebelles armés en Syrie alors qu’il avait déjà insisté pour que la Grande-Bretagne agisse en dehors du cadre du Conseil sécurité de l’ONU.

6 août, 2012

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[Breaking News]

[Traduction Alexandre MOUMBARIS
[Correction Marie-José MOUMBARIS]

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Syrie – Russie

Syrie ou le message d’un missile russe…

par Dr Amin Hoteit

Il est désormais certain que la dite «crise syrienne», qui dès le départ nous a paru être une guerre mondiale contre la Syrie, est devenue un problème universel autour duquel le monde s’est divisé en deux camps: le camp occidental qui a planifié, commandité, et dirigé l’agression par des mercenaires arabes ou régionaux, du moins jusqu’ici; et le camp adverse qui s’est coalisé par la force de ses propres objectifs stratégiques.

Ce dernier a formé un groupe international qui considère que la réussite des projets de l’Occident en Syrie signifierait la chute de toute la région sous l’emprise d’un néo-colonialisme qui anéantirait toute velléité de liberté et d’indépendance. Le conflit est donc clair entre un agresseur aux ordres des é-U et un défenseur qui s’organise par une distribution coordonnée des rôles à chacun des membres de son organisation stratégique, en fonction de leur capacité et de leur efficacité à repousser l’agression.

1. Plus le temps passe et plus les constantes de cette confrontation deviennent évidentes. Au terme d’un peu plus de quinze mois, elles peuvent être résumées comme suit:

1.1. Les capacités de défense des défenseurs sont supérieures aux capacités d’attaque des agresseurs. En effet, compte tenu du potentiel de chacun des deux camps, le succès du camp agresseur pour atteindre ses objectifs en Syrie et redessiner la région de telle sorte qu’elle puisse se conformer aux intérêts des États-Unis et du sionisme, est devenu impossible. Par conséquent, entendre le camp des agresseurs répéter à l’envi: «Le président syrien doit s’en aller»…«Il faut qu’il cède le pouvoir à un gouvernement civil de transition»… «Il faut une transition pacifique du pouvoir»… ne témoigne que du ridicule et de l’ironie de la situation; parce qu’il se comporte en vainqueur alors qu’il est vaincu et que, jusqu’à présent, son agression ne lui a rapporté que ses propres crimes qui ont coûté la vie à des Syriens innocents…à moins qu’il ne considère la criminalité comme une victoire!

1.2. La désintégration et l’affaissement du système des agresseurs alors que la cohésion du système des défenseurs parait de plus en plus solide, chacun de ses membres estimant que la question syrienne le concerne directement; ce qui explique leurs prises de position de plus en plus fermes contre toute atteinte ou intervention étrangère en Syrie et sous n’importe quel prétexte qui nécessiterait l’usage de la force, notamment par adoption d’une résolution en vertu du Chapitre VII. Les É-U sont, peut-être, sur le point de comprendre cet état des choses, surtout depuis la dernière prise de position russe. Seuls les «ourbans du pétrole» restent sourds devant l’évidence et refusent de comprendre. C’est pourquoi, avec le Secrétaire général [malencontreuse-ment dénommé «Al-Arabi»] de la Ligue pétrolière prétendument concernée par la «Cause arabe», ils persistent à tenter et à exiger que la «question syrienne» soit soumise au fameux Chapitre VII. Mais, en l’occurrence, leurs appels ne seront pas entendus à travers la porte définitivement scellée du Conseil de sécurité.

1.3. En plus de ce qui précède, il est important de constater que chacun de ces deux camps rassemble et exhibe ses forces dans le but de précipiter l’heure décisive et d’y mettre fin de manière à ce qu’elle lui soit favorable. En effet:

1.3.1. Le camp des agresseurs, comme nous l’avons précédemment écrit1, a organisé des manœuvres militaires de grande envergure en Jordanie sous la dénomination «le lion en alerte», après avoir recruté l’ensemble des forces qui pourraient jouer un rôle lors de sa future intervention militaire en Syrie. Il a très généreusement inondé sa prétendue «opposition syrienne» d’armes de toutes sortes, et de toutes technologies, pour assurer aux terroristes mercenaires qui lui sont inféodés les moyens de commettre leurs méfaits. Il a chargé les observateurs internationaux de recueillir les renseignements utiles et de mener l’enquête qui favoriserait son intervention militaire à venir. Il a décidé d’étrangler les médias syriens pour créer les conditions favorables à son opération militaire, qu’il suggère très proche avec ou sans résolution du Conseil de sécurité. Pour finir, voici que des manœuvres israéliennes se mettent en branle pour, dit-on, passer le message d’une attaque sur les bastions du Hezbollah!

1.3.2. Le camp des défenseurs, après avoir résisté en absorbant les chocs depuis le début de l’agression et après avoir laissé le temps à la Syrie pour qu’elle puisse réaliser ses réformes, se met lui aussi à rassembler et à exhiber ses forces pour renforcer sa défense et confirmer ses acquis. Ainsi, et suite au succès des élections législatives syriennes, est venue la décision ferme et définitive de combattre le terrorisme sans relâche; suivi du «test surprise» correspondant au tir de missiles balistiques intercontinentaux russes2, lequel a semé la confusion dans le camp adverse qui a bien compris le sérieux du nouveau message militaire signifiant que les décisions politiques déclarées par Moscou, à l’intérieur et à l’extérieur du Conseil de sécurité, reposent sur une puissance militaire réelle et prête à intervenir en cas d’agression. Un projet de manœuvres militaires communes à quelques pays membres de cette organisation défensive n’a pas tardé à être envisagé. Quant au plan d’étranglement des médias syriens, il a échoué avant même sa mise à exécution par la prise de mesures adaptées aux circonstances et capables de protéger le droit de la Syrie à faire entendre sa vérité.

2. Dans ces conditions, la question qui se pose concerne le devenir de cette crise mondiale révélée par la soi-disant crise syrienne: le monde est-il à la veille d’une confrontation militaire globale, ou bien, est ce que ces démonstrations de force ne sont là que pour servir d’atouts lors de futures négociations? Or, en matière de guerres, il est raisonnablement impossible de lancer une attaque avant de s’assurer de deux éléments: le premier correspond à la possibilité de réaliser l’exploit escompté tout en amenant l’adversaire à l’effondrement ou à une sorte de dépression ou d’égarement; le second correspond à la capacité à transformer une victoire militaire en victoire politique qui puisse permettre d’ancrer, de conserver et d’exploiter la victoire. Dans certains cas, un troisième élément est à prendre en compte et correspond à ce que l’attaquant peut supporter comme pertes potentielles suite à la confrontation. Si nous appliquons ces règles immuables au camp des agresseurs, nous constatons que:

2.1. Dans le domaine de la guerre conventionnelle, les forces militaires essentielles à ce camp [l’OTAN] sortent de deux décennies décevantes qui ont épuisé leur économie au point qu’elles ne peuvent envisager une nouvelle guerre, alors que le camp adverse a des capacités militaires défensives qu’il leur serait extrêmement difficile de vaincre; ce qui nous amène à laisser tomber l’éventualité d’une intervention militaire justifiée ou non par une résolution du Conseil de sécurité.

2.2. Dans le domaine de la guérilla et des opérations terroristes en cours, alimentées et dirigées par le camp des agresseurs qui poussent à l’escalade des violences et à leur généralisation à tout le territoire syrien et notamment aux grandes villes [Damas et Alep], le battage médiatique et les possibilités des agresseurs sont en deçà du seuil nécessaire à la réalisation de leur projet. En revanche, il est désormais très clair que la prochaine étape de la lutte contre ce terrorisme sera différente des précédentes, notamment parce que depuis la formation du nouveau gouvernement issu d’élections parlementaires libres il ne sera plus question d’opposer des lignes rouges infranchissables aux forces militaires syriennes et de les empêcher de faire ce qui doit être fait. Il ne sera plus possible au terrorisme médiatique et aux politiques du camp des agresseurs, qui sont derrière les massacres, de continuer leurs frauduleuses campagnes accusant l’État syrien de leurs propres crimes. Il ne sera plus acceptable que la mission des observateurs internationaux serve à intensifier les opérations criminelles, mission désormais sujette à caution vu ses manquements volontaires ou involontaires à dire la vérité!

2.3. Quant au reste, il nous suffit de rappeler l’impossibilité pour Israël de mettre en place une organisation défensive qui protégerait son front intérieur. Il brûle d’impatience pour attaquer l’Iran en plus de toutes les menaces qu’il ne cesse d’alimenter contre son programme nucléaire. Ce simple rappel suffit pour comprendre que le camp des agresseurs est incapable de supporter la réaction possible à son agression.

3. Par conséquent, nous pouvons déduire que la guerre militaire contre la Syrie est très peu probable; que la guerre terroriste ne permettra pas à l’agresseur d’atteindre ses objectifs mais, qu’au contraire, elle lui imposera des pertes qui l’useront même si cela doit prendre un certain temps. À ce stade, nous pouvons revenir à la question posée plus haut: pourquoi un tel rassemblement des forces?

À notre avis la réponse réside dans le fait que le camp agresseur, qui a constaté son échec, sait que la seule issue qui lui reste passe par une solution négociée et pacifique, mais il sait aussi que celui qui s’installe à la table des négociations ne reçoit qu’une part proportionnelle à ce qu’il a acquis sur le terrain et aux cartes qu’il tient dans sa main; ce qui explique qu’il tente d’en rassembler un maximum pour que sa défaite devienne tolérable, maintenant que sa victoire en Syrie est entrée dans le domaine de la fiction et que la Russie a lancé ses invitations aux négociations selon un code compréhensible par toute personne qui connait le protocole: un missile qui lève les doutes, dissipe les délires, et ouvre la voie à la paix! Ainsi, le Président Bachar Al-Assad aura offert à son père l’équilibre stratégique pour lequel il a toujours œuvré et dont il a toujours rêvé, en commémoration du dixième anniversaire de sa mort.

11/06/2012

[Source, en arabe:www.tayyar.org/Tayyar/News/PoliticalNews/ar-LB/amine-hoteit-hh-3403.htm,
Traduction Mouna Alno-Nakhal pour Mondialisation.ca]

Notes

1 Syrie: Manœuvres militaires en Jordanie…simple message ou signes avant-coureurs d’une opération militaire conjointe de 19 pays
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=31016
2 Missile balistique nucléaire intercontinentale Russe, 
http://www.youtube.com/watch?v=z_DSoDapBSk

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Syrie

Nouvelle association Staline

Critique de la déclaration commune
des Partis maoïstes de France et d’Italie: 
La lutte entre les anciens et les nouveaux impérialistes en Syrie»

La guerre d’agression non-déclarée des impérialistes occidentaux contre la Syrie, s’inscrit dans le cadre des contradictions antagoniques inter-impérialistes, elle vise dans ce cas avant tout à asservir la Syrie puis s’attaquer à l’Iran et d’encercler la Russie et la Chine.

Les rapports des «anciens» et des «nouveaux» impérialistes vis-à-vis de la Syrie, contrairement à ce que soutient la déclaration, ne sont pas identiques. Les impérialistes dits «nouveaux» ce différencient des «anciens», parce qu’ils assistent la Syrie – même si ce n’était qu’au Conseil de Sécurité – à défendre son territoire et sa souveraineté. Donc quels que soient leurs objectifs futurs, dans la conjoncture présente ils agissent en protecteurs de la Syrie. C’est une distinction capitale que la déclaration, trop complaisante face aux affirmations des media bourgeois, omet de constater.

La préparation par les impérialistes occidentaux et leurs vassaux féodaux arabes, de la «révolte syrienne», d’abord médiatique et puis armée, similaire à celles de la Yougoslavie, de l’Irak et de la Libye, avait été signalée et dénoncée plusieurs semaines ou mois avant son déclanchement. Elle avait précédé et non pas suivi les «révoltes populaires». Par conséquent l’insistance de la déclaration sur le terme «révoltes populaires» pour décrire les agressions et les ingérences impérialistes, est intellectuellement offensante et travestit la réalité.

Dans le cinquième paragraphe, la déclaration, s’aligne, une fois de plus, sur les impérialistes alors qu’ils fomentent une «ingérence humanitaire» contre le pouvoir en place que la déclaration décrit comme des «tyrans et des massacreurs». Celle dernière traite négativement toute aide que pourrait fournir un pays impérialiste à un pays victime et adopte à chaque fois une position neutre devant les agressions des impérialistes occidentaux. La position des Partis maoïstes de France et d’Italie est curieuse lorsqu’ils disent: «…nous ne pouvons soutenir les guerres menées par les impérialistes contre les peuples», c’est-à-dire qu’ils préconisent des positions d’attente, de laisser faire, alors qu’ils devraient, qu’il est impératif non seulement de ne pas les soutenir mais de lescondamner et aussi de s’y opposer!!! C’est encore une fois une position neutre, attentiste, opportuniste qui conforte les positions des agresseurs impérialistes!!! Plus loin il est dit «ni ne devons soutenir notre bourgeoisie impérialiste contre un autre pays impérialiste». Pourquoi pas? quand il est nécessaire, comme l’URSS lors de la Seconde Guerre mondiale, de s’allier avec un camp impérialiste contre un autre.

Puis ce dernier paragraphe insidieux et ridicule:

«Il est donc nécessaire de s’opposer au régime soutenu par les puissances impérialistes montantes ainsi qu’à toute intervention de l’OTAN qui n’a pour objectif que d’assoir la mainmise des impérialistes occidentaux au Proche-Orient»

Alors que Hannibal ad portas! (Hannibal est aux portes) ils considèrent nécessaire d’agir comme des cinquièmes colonnes, contre les forces armées de leur patrie. Est-il du tout crédible que la «révolte populaire» sur laquelle ils comptent, soit capable, après la défaite du régime au pouvoir, de combattre et d’expulser l’envahisseur!!!

Loin de vouloir être plus maoïste que les maoïstes, les positions des Partis maoïstes de France et d’Italie, semblent bien diverger de celle de Mao Zedong qui en 1937 s’était allié avec le Kuonmintang et ce grand ami de l’occident, Tchang Kaï-Chek contre l’envahisseur japonais.

Il est consternant de voir les Partis maoïstes de France et d’Italie adopter des positions similaires sinon pires que celles de certains partis, réformistes, trotskistes ou même dits «pro-albanais», qui avec des «analyses» et des intentions impeccablement «révolutionnaires», s’arrangent constamment pour se ranger sur les positions des impérialistes occidentaux et leurs auxiliaires féodaux arabes, contre «des dictateurs» devenus les cibles du moment, comme Milosevic, Kadhafi, Bachar al Assad. Cela a pour effet de désamorcer non seulement l’indignation de l’opinion publique mais aussi de démobiliser les communistes. Voir des partis communistes s’aligner «indignement» sur les mêmes positions que les criminels de guerre, tortionnaires et massacreurs que sont les impérialistes occidentaux, conduit à conclure que ce syndrome est trop fréquent pour qu’il soit fortuit, innocent ou le résultat d’une erreur de logique, d’un manque d’information, de naïveté,…. Serait-ce la conséquence d’un affaiblissement de conviction, de manque de courage, de fuite ou de soumission timorée devant l’offensive médiatique de l’impérialisme….ou doit-on aller encore plus loin?

Conclusion

Le problème se poserait ainsi: La contradiction antagonique entre la bourgeoisie et le prolétariat est très importante mais elle n’est pas la seule, il y en a d’autres, plus ou moins importantes et qui peuvent «s’entremêler».

En ce qui concerne la Syrie, comme c’était le cas pour l’Iraq et la Lybie, il faut prendre en considération de quelle manière ses habitants, dont le prolétariat, les classes populaires…, sont affectés, par le changement de leur régime politique en colonie, la transformation de citoyens en colonisés, avec toutes les conséquences, économiques, sociales, culturelles…. la perte de dignité qu’accompagnent cette forme de domination et qui implique forcement une importante aggravation de l’exploitation des travailleurs, le pillage, la répression…

Suite aux récents événements nous pouvons poser quelques questions:

– Où en sont les Irakiens après l’instauration de la «démocratie étasunienne»; vivent-ils mieux qu’au temps du régime Baath?

– Où en sont les Libyens après l’intervention «humanitaire» otanienne; vivent-ils mieux qu’au temps de la Jamahiriya?

– Où en sont les Kosovars et les l’ex-Yougoslaves après l’intervention occidentale; vivent-ils mieux maintenant qu’à l’époque de Milosevic?

Face à ces guerres d’agression, pour éviter l’asservissement, ces peuples avaient tout intérêt à se battre en tant que citoyens, en tant que communistes, en tant qu’hommes et femmes, contre la barbarie et les catastrophes qui les accompagnaient, même avec l’assistance d’autres impérialistes, à tout faire pour conserver l’indépendance nationale.

Les communistes, avant d’être des travailleurs, avant d’être citoyens, avant qu’ils fassent partie de la classe ouvrière ou qu’ils aient adopté une position politique ouvrière, sont des femmes et des hommes motivés par des sentiments de solidarité et de sympathie envers l’humanité.

pour le Bureau de l’Association,
Alexandre MOUMBARIS

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Syrie

Déclaration commune des Partis maoïstes de France et d’Italie

La lutte entre les anciens
et les nouveaux impérialistes en Syrie

En cette période de crise mondiale, les contradictions entre les pays impérialistes occidentaux et les puissances impérialistes montantes comme la Russie et la Chine s’exacerbent. Il s’agit pour chaque partie de consolider des positions stratégiques, d’en conquérir de nouvelles, de conserver ou arracher par tous les moyens de nouveaux contrats commerciaux dont les plus juteux sont l’exploitation des ressources naturelles et des terres agricoles au détriment des producteurs, et les ventes d’armes.

Dans les pays dominés par l’impérialisme, certains «chiens de garde» d’aujourd’hui se sont imposés d’une façon légitime en dirigeant la lutte de libération nationale dans leur pays. Ils ont ensuite passé des accords avec les impérialistes et se sont érigés en dictateur contre leur peuple, en éliminant toute opposition, en particulier l’opposition communiste ou progressiste. D’autres ont renversés leurs rivaux soutenus par un ou plusieurs impérialistes, aidés en sous-main par des impérialistes rivaux. Il en a été ainsi dans quasiment toutes les anciennes colonies ou les territoires sous-mandats, comme la Syrie.

Dans ce pays, devant la montée de la contestation populaire contre la misère et la dictature, les impérialistes occidentaux manœuvrent en s’abritant sous le drapeau de la démocratie bourgeoise pour maintenir leur politique impérialiste et faire dévier le mécontentement et les révoltes populaires. Les impérialistes s’appuient notamment sur les classes dirigeantes ayant pris la tête du mouvement de masse opposé à l’ancien dictateur – qui se défendra jusqu’au bout en massacrant le peuple. Les manœuvres des impérialistes consistent à s’appuyer sur une clique contre une autre pour garantir la continuité de leurs intérêts tout en contenant et en éteignant les révoltes afin qu’elles ne se transforment pas en Révolution.

Les impérialistes veulent gagner, conserver et étendre le contrôle stratégique et économique des pays en révolte et souhaitent reprendre la main par l’instauration d’une nouvelle équipe qui leur soit favorable (les nouveaux «chiens de garde»). C’est pourquoi ils préconisent l’intervention humanitaire, aidés par les nouveaux philosophes réactionnaires du type BHL, au nom du «droit d’ingérence humanitaire» comme ils l’ont fait au cours du démantèlement programmé de l’ex-Yougoslavie et plus récemment en Lybie, quitte à favoriser des cliques réactionnaires qu’ils combattront plus tard.

Nous devons dénoncer les tyrans et les massacreurs, mais on ne peut pas s’appuyer sur un impérialisme contre un autre, soutenir les manœuvres des uns et des autres, pas plus que nous ne pouvons soutenir les guerres menées par les impérialistes contre les peuples, ni ne devons soutenir notre bourgeoisie impérialiste contre un autre pays impérialiste (ou vice-versa). Nous devons profiter de l’affaiblissement de nos bourgeoisies respectives pour développer les forces révolutionnaires dans l’objectif de la révolution prolétarienne, comme ce fut le cas en Russie en 1917.

Les masses populaires ont raison de se révolter contre la misère et les oppresseurs, mais sans Parti révolutionnaire, il est impossible de chasser l’impérialisme et les classes dirigeantes qui partagent le gâteau avec eux sur le dos du peuple travailleur.

Pour transformer la révolte et franchir toutes les étapes du processus révolutionnaire jusqu’à la victoire, un Parti révolutionnaire maoïste est nécessaire, dont la stratégie est la prise du pouvoir pour en finir avec l’exploitation impérialiste et capitaliste. Le Parti n’est pas suffisant, il faut aussi un front uni regroupant toutes les couches populaires, quelque soit leurs religions ou philosophies, leurs coutumes et leur histoire, contre les forces de la réaction et de l’impérialisme, ainsi qu’une armée populaire de libération. Ce sont les trois instruments indispensables à toute révolution.

Quoiqu’il se passe en Syrie, les révolutionnaires, les progressistes, les démocrates doivent soutenir la révolte du peuple et l’aider à s’organiser de manière autonome de l’une ou l’autre clique pro-impérialiste dans l’objectif de la révolution de nouvelle démocratie anti-impérialiste et antisioniste [que vient faire ici l’antisionisme ??? – NdlR]en direction du socialisme et du communisme.

Il est donc nécessaire de s’opposer au régime soutenu par les puissances impérialistes montantes ainsi qu’à toute intervention de l’OTAN qui n’a pour objectif que d’assoir la mainmise des impérialistes occidentaux au Proche-Orient.

Vive la lutte du peuple syrien pour son émancipation !

A bas les cliques réactionnaires alliées aux anciens ou nouveaux impérialistes !

A bas l’intervention des impérialistes en Syrie !

Vive la guerre populaire des peuples du monde contre l’impérialisme et toutes les forces de la réaction !

PC maoïste de France
PC maoïste – Italie
8 juin 2012

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Syrie

Syrie: la Bataille d’Alep stratégiquement différente de celle de Damas, mais significativement identique!

par Docteur Amin Hoteit

Désormais, il est certain que la bataille d’Alep ne se conclura pas en faveur de «l’Axe agresseur de la Syrie» et ce, en dépit de tous les moyens réunis, de toutes les énergies mobilisées, et de tous les objectifs invoqués… Mais avant de passer en revue les principales raisons qui ont conduit à cette certitude, nous nous devons de rappeler l’extraordinaire violence de l’attaque menée contre ce pays!

En termes de moyens, nous savons que le «Haut commandement des agresseurs» a mobilisé plus de 12.000 combattants armés de diverses nationalités: des syriens certes, mais aussi des arabes musulmans venus de tous les horizons! Nous savons aussi qu’il leur a alloué ses «Experts de l’OTAN» chargés d’exercer leurs talents dans deux domaines à la fois: celui de la supervision directe des insurgés en tant que conseillers pour leurs opérations terroristes à l’intérieur des frontières syriennes, et celui de la centralisation de l’ensemble des plans d’attaque au niveau d’une «Salle des opérations» située non loin de la frontière syrienne, à Adana en Turquie, pour contrôler le cours des événements et, le moment venu, exploiter le succès ou parer à l’échec! De plus, ces «forces attaquantes» ont été dotées d’armes, de munitions, et de matériels ultrasophistiqués pour élever leur moral et leur niveau de combat, parallèlement à une intense guerre psychologique censée atteindre le peuple syrien, son armée, et son gouvernement.

Le plan d’attaque d’Alep a été minutieusement planifié et ses concepteurs étaient persuadés de son inévitable succès… en deux temps! En effet, ils espéraient qu’une fois que les attaquants auraient atteint le cœur de la ville, ils pourraient se répandre dans tous les quartiers et prendre d’assaut les bâtiments officiels dans un délai de 5 jours maximum. Pour cela, ils ont cru pouvoir compter sur les facteurs suivants:

1. La proximité d’Alep de la frontière turque ainsi que la présence d’un très grand nombre de combattants dépêchés dans sa proche campagne; censées assurer des voies d’approvisionnement indéfiniment ouvertes pour nourrir la bataille en combattants, armes, équipements…

2. La non disponibilité de l’Armée syrienne occupée ailleurs, notamment autour de la bataille de Damas ainsi qu’autour des séquelles de celles de Homs et de Darra, et qui ne serait donc pas en mesure de recruter en 5 jours seulement les forces armées nécessaires à une contre offensive efficace pour protéger Alep contre «l’Armée Libre du Terrorisme US» forte de ses milliers de mercenaires égarés ou criminels; pari tenu par le «Haut commandement des agresseurs» qui avait constaté que les unités de combat syriennes destinées à protéger le territoire syrien contre une agression israélienne n’avaient pas bougé malgré toutes les pressions exercées contre l’État syrien, qui a effectivement refusé de tomber dans le piège.

3. La volonté de vengeance et la peur de l’avenir des insurgés qui les pousseraient à un combat à mort, à vaincre ou mourir; un état d’esprit qui a vite gagné l’ensemble de tous ces combattants sur le terrain, de leurs donneurs d’ordre, et d’autres plus hauts placés encore!

Mais des différences entre la Bataille de Damas et la Bataille d’Alep existent, et expliquent pourquoi l’agresseur a pu échapper à la force de l’État dans le second cas, contrairement au premier. En effet, à Damas:

1. Les forces militaires étaient sur place et ont pu remédier à la situation dans un bref délai… Les prises de décision et la réponse à l’attaque ont été rapides au point qu’elles ont choqué et carrément démoralisé les combattants armés.

2. Les opérations de défense se sont déroulées dans une ambiance de rejet psychologique et moral de l’attentat terroriste qui a coûté la vie à quatre dirigeants de la cellule syrienne de gestion de crise.

3. La géographie des quartiers ciblés n’a pas permis aux terroristes de tirer parti des techniques de guérilla urbaine; ce qui a fait que l’armée a pu user de sa force militaire sans trop de risques et surtout sans faire subir de trop graves dommages aux civils innocents. Ceci explique pourquoi, à Alep, les gangs armés ont commencé par se rassembler dans les vieux quartiers historiques, densément peuplés, et y ont pris les citoyens comme boucliers humains… C’était là le meilleur moyen pour paralyser l’État et l’empêcher d’appliquer les techniques mises en œuvre à Damas…

Mais en dépit de la considérable mobilisation des agresseurs, et malgré toutes les leçons et bénéfices qu’ils ont tirés de la Bataille de Damas, il semble que les résultats de la Bataille d’Alep soient désormais réglés à l’avantage de l’état Syrien; ce qui ne nous dispense pas d’en considérer deux éléments non négligeables: la durée et le coût. En termes de durée, il est certain que l’État ne tombera pas dans le piège du «feu dévastateur» et n’appliquera pas une telle stratégie, certes rapide, mais qui provoquerait de lourdes pertes humaines et financières. Il a plutôt recours à une «stratégie de confinement et de grignotage progressif» des cellules terroristes, les unes après les autres, en cherchant à ne pas affecter les citoyens assiégés par le feu des terroristes. Quant au coût de la bataille, il ne peut être ignoré, ni en nombre de soldats et de civils susceptibles de tomber encore, ni en pertes financières dans un tel environnement où le cycle économique est nécessairement perturbé.

Cependant, comme nous l’avons dit, les résultats de la Bataille d’Alep sont désormais en faveur de l’État Syrien. Ceci sur la base d’observations faites sur le terrain et sur de nouveaux éléments spécifiques que nous pouvons résumer comme suit:

1. L’efficacité des forces stationnées dans Alep et ses environs, à absorber le premier temps de l’attaque et à confiner les attaquants dans un espace ne dépassant un sixième de la surface totale (5 districts sur 29), avant l’arrivée des renforts nécessaires pour la bataille décisive.

2. La capacité des autorités syriennes à mobiliser et à renforcer les forces stationnées à Alep par des unités de combat suffisamment souples pour appliquer la «stratégie de grignotage progressif», associées à des unités de défense contre le tir nourri des agresseurs.

3. La participation des habitants, sous une forme ou une autre, à l’opération défensive de la ville; ce qui a bien démontré que l’attaquant était le véritable agresseur venu pour occuper la région… et là… la réaction de la population a été fabuleuse, privant à jamais les terroristes de l’environnement accueillant tant espéré, malgré toutes les séductions et intimidations qui les ont précédés. Bien sûr, nous n’ignorons pas l’existence de groupes qui ont collaboré avec ces soi-disant insurgés armés, mais leur impact est resté limité en nombre, en force et en efficacité.

4. Le déséquilibre manifeste entre les forces terroristes attaquantes, et les forces militaires défensives; un constat qui a conduit les dirigeants de l’axe d’agression à craindre puis à prévenir d’un «massacre» qui pourrait anéantir leurs attaquants dans un combat inégal avec les forces de l’ordre décidées, coûte que coûte, à les refouler hors d’Alep!

Tels sont les faits qui ont marqué la Bataille d’Alep et ses conséquences. Tout autant que leurs donneurs d’ordre, les terroristes sont donc désormais parfaitement conscients de leur incapacité à occuper Alep et à y installer leur pouvoir. C’est pourquoi ils ont adopté une nouvelle approche, celle qui leur ferait gagner du temps et surtout leur éviterait un effondrement trop rapide; alors qu’il est évident que le gouvernement syrien a la capacité suffisante et la ferme volonté de purger la ville du terrorisme… Ce n’est qu’une question de temps… L’adoption de stratégies différentes pour Damas et Alep témoigne du professionnalisme et des précautions adoptées par les autorités syriennes pour lesquelles vitesse n’est pas précipitation, et patience n’est pas négligence!

03/08/2012

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[Source: Mondialisation.ca]
[Traduction Mouna 
Alno-Nakhal]

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Un général de l’armée turque arrêté à Alep

Téhéran (FNA) – L’armée syrienne a annoncé qu’elle avait récemment arrêté un général turc qui commandait les terroristes qui tentent de prendre le contrôle d’Alep.

Selon une source syrienne bien informée, le général turc a été arrêté à Alep au cours d’affrontements entre l’armée syrienne et les terroristes.

Selon des rapports de la presse, le général turc a été transféré à Damas pour y être davantage interrogé.

Plus tôt, les médias turcs avaient également signalé que la Syrie avait arrêté, dans différentes parties du pays, une quarantaine d’officiers de l’armée turque, et que tous les efforts pour les libérer avaient échoué.

La Turquie avec les États-Unis, l’Arabie saoudite et le Qatar soutiennent les terroristes et les groupes rebelles en Syrie pour tenter de faire tomber le gouvernement syrien du président Assad, et ont pratiquement fait échouer l’initiative de paix des Nations Unies.

La Syrie a connu des troubles depuis Mars 2011 avec les attaques organisées par des bandes bien armées contre les forces de police et les gardes-frontières syriens à travers le pays.

Des centaines de personnes, y compris des membres des forces de sécurité, ont été tués, alors que certains rassemblements de protestation pacifiques ont été transformés en affrontements armés.

Le gouvernement accuse des hors la loi, des saboteurs et des groupes terroristes armés pour ces décès, soulignant que les troubles avaient été orchestrés de l’étranger.

En Octobre 2011, le calme avait finalement été restauré dans l’état arabe après que le président Assad ait lancé une initiative de réforme dans le pays, mais Israël, les États-Unis et ses alliés arabes cherchent par tous les moyens d’entrainer le pays dans le chaos. Tel-Aviv, Washington et certaines capitales arabes ont organisé différentes conspirations dans l’espoir que s’accroissent les troubles en Syrie.

Dimanche 5 août 2012

Agence de presse Fars

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[Traduction Alexandre MPOUMBARIS]
[Correction Marie-José MOUMBARIS]

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États-Unis

Effondrement en vue

par Paul Craig ROBERTS

Le 5 juin 2012, «Information Clearing House» – Depuis le début de la crise financière et l’assouplissement quantitatif 1 la question se posait déjà à nous: Comment la Réserve fédérale (Fed) peut-elle maintenir des taux d’intérêt à zéro pour les banques et des taux négatifs pour les épargnants et les détenteurs d’obligations, alors que le gouvernement des États-Unis ajoute tous les ans $1.500 milliards à la dette publique par le biais des déficits budgétaires? Il n’y a pas si longtemps la Fed avait annoncé qu’elle poursuivrait cette politique pour encore deux ou trois ans. En effet la Fed est coincée dans cette politique. Sans les taux d’intérêt artificiellement bas, le service de la dette publique aurait été si important que des questions se soulèveraient à propos de la notation du Trésor (étasunien) et de la viabilité du dollar, ce qui aurait un effet désastreux pour les swaps de taux d’intérêt (IRSwaps)2 qui s’élèvent à des milliers de milliards de dollars, ainsi que d’autres produits dérivés.

Autrement dit, la dérégulation financière qui a conduit Wall Street aux jeux du hasard, la décision du gouvernement des États-Unis de renflouer les banques pour qu’elles ne sombrent pas, et la politique hasardeuse de taux d’intérêt zéro de la Réserve fédérale ont mis dans une position intenable et dangereuse l’avenir des États-Unis et sa monnaie. Il ne sera pas possible de continuer à inonder les marchés avec des émissions de $1.500 milliards tous les ans, alors que le taux d’intérêt des obligations est inférieur à celui de l’inflation. Tous ceux qui achètent des obligations du Trésor étasunien achètent un actif en dépréciation. De plus, le risque sur le capital quand on investi dans des obligations du Trésor est très grand. Le faible taux d’intérêt signifie que le prix payé pour l’achat d’obligations est trop élevé. Une augmentation des taux d’intérêt, qui adviendra obligatoirement tôt ou tard, causera l’effondrement du prix des obligations et infligera des pertes de capitaux aux détenteurs d’obligations, tant aux États-Unis qu’à l’étranger.

La question est: Cela arrivera-t-il, plus tôt ou plus tard? Le but de cet article est d’examiner cette question.

Nous allons commencer par répondre à la question: Comment se fait-il qu’une position si intenable puisse durer si longtemps?

Un certain nombre de facteurs contribuent à la stabilité du dollar et du marché des obligations. Un facteur très important est la situation en Europe. Là aussi il y a des problèmes réels, et la presse financière tient à nous focaliser sur la Grèce, l’Europe et l’euro. Est-ce que la Grèce sera exclue de l’Europe? Le problème de la dette souveraine s’étendra-t-il à l’Espagne, l’Italie et essentiellement partout sauf à l’Allemagne et aux Pays Bas? Est-ce la fin de l’Union européenne et de l’euro? Ce sont ces questions très dramatiques qui retiennent l’attention pour ainsi voiler la situation des États-Unis qui est probablement, pire.

Le marché des obligations du Trésor étatsunien est aussi aidé par la peur des investisseurs individuels du marché des titres transformé en casino de jeux par les opérations de haute fréquence.

Les opérations de haute fréquence sont une forme d’opération électronique dont les décisions sont prises par des modèles mathématiques. Les sociétés d’investissement se font concurrence sur la base de la vitesse, capturant des bénéfices sur une fraction de centime et gardant des positions pour seulement quelques secondes. Ce ne sont pas des investisseurs à long terme. Satisfait de leurs gains journaliers, ils couvrent toutes leurs positions à la fin de la journée.

Les opérations de haute fréquence comptent pour 70-80% de toutes les opérations sur titres. La conséquence est désolante pour les investisseurs traditionnels qui quittent le marché des titres. Ils finissent par se rabattre surles obligations du Trésor parce qu’ils sont incertains de la solvabilité des banques qui paient quasiment rien pour leurs dépôts alors que les obligations du Trésor sur dix ans rapportent 2% de leur valeur nominale, ce qui veut dire, sur la base du taux officiel des prix à la consommation, qu’ils perdent 1% de leur capital chaque année. Toutefois, en utilisant la formule correcte de l’inflation de John Williams (shadowstats.com), ils perdent beaucoup plus. Cela étant dit c’est 2 points de moins que s’ils laissaient leurs capitaux en banque, mais contrairement à celle-ci la Réserve fédérale peut faire imprimer de la monnaie pour payer leurs obligations. Par conséquent, investir en obligations rapporte au moins leur valeur nominale même si leur valeur réelle est bien inférieure. [Pour l’explication des opérations à haute fréquence voir: en.wikipedia.org/wiki/High_fre quency_trading].

Les médias «pressetitués» financiers nous disent que les fonds provenant du désengagement de la dette souveraine européenne, de l’euro condamné et du persistant désastre immobilier, s’investissent dans des obligations du Trésor étasunien, financent le déficit annuel de $1.500 milliards de Washington. Des investisseurs sous influence de la presse financière pourraient bien réagir ainsi. Une autre explication pour la stabilité de cette politique intenable de la Fed est la collusion entre la Fed, Washington et Wall Street. Examinons cela au fur et à mesure que nous progressons.

Contrairement au Japon, dont la dette publique est la plus importante de tous, mais qui appartient à ses citoyens, les étasuniens ne possèdent pas la leur. Une grande partie de la dette étasunienne appartient à l’étranger, particulièrement à la Chine, au Japon et aux pays de l’OPEP. Cela met l’économie des États-Unis entre des mains étrangères. Si par exemple la Chine se voyait indûment provoquée par Washington, elle pourrait déverser jusqu’à $2.000 milliards en actifs sur les marchés mondiaux. Toutes sortes de prix s’effondreraient, et laFed aurait l’urgent besoin de créer des dollars pour racheter les instruments financiers largués par la Chine.

Les dollars imprimés pour l’achat de ces actifs en dollars augmenteraient leur offre sur le marché de devises et en feraient chuter la parité du dollar. La Fed, en manque de devises étrangères pour racheter ces dollars devra faire appel à des swaps avec l’Europe (déjà perturbée par ses dettes souveraines) pour des euros; avec la Russie (assiégée par le système de missiles étasunien) pour des roubles; avec le Japon (pays submergé dans ses engagements envers les États-Unis) pour des yens, de manière à acheter des dollars avec des euros, des roubles et des yens.

Ces swaps de devises resteraient sur les registres de comptabilité de manière permanente et vouloir répéter ces opérations deviendrait problématique. En d’autres termes, même si le gouvernement étasunien met la pression sur ses alliés et ses pantins pour swapper leurs devises plus fortes contre des dollars étasuniens en dépréciation, ce n’est pas un processus à répétition. Les pays composant l’Empire étasunien, pas plus que les pays de la BRICS, ne veulent garder des dollars.

Cependant, pour la Chine par exemple, larguer tout d’un coup ses actifs en dollars lui serait couteux compte tenu qu’ils se déprécieraient au fur et à mesure que l’offre s’accentuerait. À moins que la Chine ne subisse une attaque militaire étasunienne et qu’elle ait besoin d’affaiblir son adversaire, tel un acteur économique rationnel elle préférera sortir du dollar graduellement. Ni le Japon, ni l’Europe, ni l’OPEP ne souhaitent détruire leurs propres avoirs en dollars – résultat de déficits accumulés de leurs échanges avec les États-Unis – en les larguant. Mais les indications vont dans le sens qu’ils veulent tous s’en débarrasser.

Contrairement à la presse financière étasunienne, les étrangers détenteurs d’actifs en dollars examinent le budget annuel des États-Unis, ainsi que son déficit du commerce extérieur, regardent l’économie étasunienne en train de sombrer, constatent les dettes de jeu impayées de Wall Street, voient les plans de guerre de«l’hégémon»3 délirant et concluent: «Je dois très délicatement sortir de ce merdier».

Les banques étasuniennes ont un fort intérêt à préserver le statu quo. Elles sont détentrices d’obligations du Trésor étasunien et potentiellement d’avantage. Elles empruntent auprès de la Réserve fédérale à taux d’intérêt zéro et achètent des obligations du Trésor à échéance de dix ans au taux de 2%, acquérant ainsi un profit nominal de 2% pour couvrir les pertes sur leurs produits dérivés. Les banques peuvent emprunter des dollars à laFed gratuitement et les utiliser, par le système multiplicateur de levier, pour l’achat des produits dérivés. Comme le dit Nomi Prins, les banques étasuniennes ne veulent pas opérer contre elles-mêmes et leur fourniture gratuite de financement en vendant leurs actifs en obligations. De plus, dans l’éventualité d’une fuite du dollar, la Fed augmentera la demande étrangère de dollars en demandant aux banques étrangères qui veulent opérer aux États-Unis d’augmenter leurs fonds propres, qui sont basés sur le dollar.

Je pourrais continuer, mais je crois que cela est suffisant pour montrer que même les acteurs dans ce processus, qui seraient en mesure de l’arrêter, ont un grand intérêt à ne pas faire de vagues et préfèrent tranquillement et subrepticement se dessaisir de leurs dollars avant que la crise ne les rattrape. Il n’est pas possible de continuer indéfiniment ainsi. Le dessaisissement graduel du dollar cause des petits mais continuels déclins des valeurs en dollars ce qui finira par une bousculade à la sortie. Les étasuniens ne sont pas les seuls gens à entretenir des illusions.

Le processus-même de quitter le dollar peut causer l’effondrement de la maison de l’oncle Sam. Le BRICS: le Brésil (la plus grande économie d’Amérique du sud), la Russie nucléaire (avec une économie indépendante énergétique de laquelle l’Europe occidentale — les pantins otaniens de Washington — dépend pour ses besoins énergétiques), l’Inde nucléaire (un des deux géants économiques émergents d’Asie), la Chine nucléaire (le plus important créancier des États-Unis, hormis la Fed, fournisseur de produits manufacturés et de technologie avancée, et nouvel épouvantail pour la prochaine profitable guerre-froide du complexe militaro-sécuritaire) et l’Afrique du Sud (la plus importante économie d’Afrique) sont dans le processus de former une nouvelle banque. Cette nouvelle banque permettra aux cinq puissantes économies de commercer sans utiliser le dollar étasunien.

De surcroît, le Japon, un régime fantoche des États-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale, est sur le point de s’accorder avec la Chine, afin que le yen japonais et le yuan chinois soient directement échangeables. Le commerce entre les deux pays asiatiques s’effectuera dans leurs propres devises sans passer par le dollar. N’ayant pas à payer les commissions de change pour transformer des yens ou des yuans en dollars et inversement, diminuera le coût des transactions entre les deux pays.

L’explication officielle pour les nouvelles relations directes évitant le dollar étasunien n’est que de la parlotte diplomatique. Les Japonais espèrent, comme les Chinois, sortir de la spirale d’accumulation de dollars et d’avoir à conserver leurs excédents commerciaux en obligations du Trésor étasunien. Le gouvernement fantoche japonais espère que «l’hégémon» de Washington ne leur demandera pas de mettre fin à cet accord avec la Chine.

Maintenant nous sommes arrivés aux choses sérieuses. Le petit pourcentage d’étasuniens informés, sont déconcertés par la manière dont les «banksters» ont évité d’être poursuivis pour leurs crimes. La réponse pourrait être que les banques «trop grosses pour sombrer» sont des adjointes de Washington et de la Réserve fédérale dans le maintien de la stabilité du dollar et du marché des obligations du Trésor, par rapport à l’intenable politique de la Fed.

Voyons tout d’abord comment les grandes banques peuvent maintenir les taux d’intérêt des obligations plus bas que le taux de l’inflation, malgré l’augmentation constante de la dette étasunienne en termes de PNB – préservant ainsi la capacité du Trésor à les servir.

Les banques en péril, trop grosses pour couler, ont un immense intérêt à maintenir les taux bas et d’assurer le succès de la politique de la Fed. JPMorgan Chase et d’autres banques géantes peuvent faire baisser les taux d’intérêts du Trésor et de ce fait faire monter les prix des obligations, produisant un ralliement en vendant des swaps de taux d’intérêt.

Une société financière qui vend des IRSwaps vend un accord de payer un intérêt à taux variable contre un taux fixe. L’acheteur achète un accord qui lui demande de payer un taux d’intérêt fixe contre un taux variable.

La raison pour que le vendeur adopte la position courte du IRSwap, c’est-à-dire de payer un taux variable contre un taux fixe, est qu’il pense que les taux d’intérêt baisseront. Les ventes à découvert peuvent faire baisser les taux, ce qui a pour conséquence de faire monter le prix des obligations du Trésor. Quand cela arrive […] il y a un ralliement du marché des obligations du Trésor que les médias financiers «pressetitués» attribuent à la «fuite vers le havre de sûreté du dollar et des obligations du Trésor étasunien». En fait des preuves circonstanciées montrent que des swaps sont vendus par Wall Street chaque fois que la Réserve fédérale a besoin de prévenir la hausse des taux d’intérêt pour protéger sa politique autrement intenable. Les ventes de swaps créent l’impression d’une fuite vers le dollar sans que celle-ci ait lieu. Comme les IRSwaps ne requièrent pas d’échange ni d’un principal ni d’un avoir réel et ne sont que des paris sur les mouvements des taux d’intérêt, il n’y a pas de limite à leur volume.

Cette collusion apparente suggère à certains observateurs que la raison pour laquelle les «banksters» de Wall Street n’ont pas été poursuivis pour leur crimes est qu’ils sont une partie essentielle de la politique de la Réserve fédérale de préserver le dollar étasunien comme devise mondiale. Il est possible que la collusion entre la Réserve fédérale et les banques soit organisée, mais ce n’est pas obligé. Les banques sont bénéficiaires des taux d’intérêt zéro de la Fed. C’est dans leur intérêt de la soutenir. La collusion organisée n’est pas requise.

Tournons-nous maintenant vers le marché de l’or et de l’argent. Se basant sur une analyse experte, Gerard Celente et d’autres voyants doués prédirent que le prix de l’or allait atteindre, à la fin de l’année dernière, $2.000 l’once. Les cours de l’or et de l’argent en 2011 ont poursuivi leur ascension décennale sans que l’or ne dépasse les $1.900. En 2012 l’once d’or a perdu $350 par rapport à son plus haut niveau 2011.

Par rapport à l’analyse que j’ai présentée, quelle est l’explication pour cette chute des prix des métaux précieux? La réponse est la «vente à découvert». Il y a des connaisseurs dans le secteur financier qui croient que la Réserve fédérale (et peut-être aussi la Banque centrale européenne) fait des ventes à découvert d’or et d’argent par le biais des banques d’investissement, garantissant toute perte par un simple clic d’ordinateur. Les banques centrales peuvent créer de l’argent ex-nihilo.

Des initiés m’informent que ce n’est qu’un infime pourcentage des acheteurs de ventes à découvert qui réclame la livraison des métaux se contentant d’un arrangement financier. Il n’y a pas de limite au volume des ventes à découvert d’or et d’argent.

Certains qui ont pendant des années suivi le processus pensent que la vente à découvert dirigée par le gouvernement existe depuis longtemps. Même sans la participation du gouvernement, les banques peuvent contrôler le volume des transactions «papier» de l’or et profiter des variations qu’elles provoquent. Récemment les ventes à découvert ont été si agressives qu’elles ont, non seulement ralenti la hausse des prix de l’or et de l’argent, mais qu’elles les ont fait baisser. Cette agressivité est-elle un signe que ce système truqué est sur le point de se désagréger? En d’autres termes «notre gouvernement», sensé nous représenter plutôt que les puissants intérêts privés, dont les contributions à coups de millions de dollars aux campagnes électorales sont maintenant légitimés par la Cour suprême républicaine, fait de son mieux pour nous priver, nous, les simples citoyens, esclaves, serfs contractuels et «extrémistes indigènes» de notre capacité à nous protéger nous-mêmes ainsi que notre patrimoine restant, de la politique de débauche monétaire de la Réserve fédérale. La vente à découvert-nu empêche le prix de l’or et de l’argent physiques d’augmenter face à la hausse de la demande.

Jeff Nielson explique d’une autre manière la façon dont les banques peuvent vendre, sans en avoir, des métaux précieux [voir http://www.gold-eagle.com/editorials_08/nielson 1024 11 .html]. Nielson dit que JP Morgan est le dépositaire du plus important fonds d’argent à long terme tout en étant le plus important vendeur d’argent à court terme. À chaque fois que le fonds d’argent à long terme augmente, JP Morgan vend à découvert un montant équivalent. La vente à découvert freine la hausse du prix causé par la hausse de la demande pour l’argent physique. Nilson informe aussi que les prix des métaux précieux peuvent être réprimés par la hausse de la marge de dépôt exigé de ceux qui les achètent avec l’effet de levier. Il faut en conclure que les prix des métaux précieux peuvent être manipulés autant que les obligations du Trésor et les taux d’intérêt.

Combien de temps les manipulations pourraient-elles continuer? Combien de temps avant que la merde heurte le ventilateur?

Si nous en connaissions la date précise nous deviendrions des méga-millionnaires.

Voici quelques uns des catalyseurs qui attendent pour mettre le feu à la conflagration qui incendiera le marché des obligations du Trésor et le dollar étasunien:

Une guerre, exigée par le gouvernement israélien, commençant par la Syrie qui romprait le flux du pétrole et la stabilité des économies occidentales, entrainerait les États-Unis et ses faibles pantins de l’OTAN dans un conflit armé avec la Russie et la Chine. La hausse du prix du pétrole dégraderait davantage les économies des États-Unis et de l’Union européenne, mais Wall Street ferait de l’argent sur les échanges.

Une statistique économique défavorable qui éveille les investisseurs sur la vraie situation de l’économie étasunienne, une statistique que les media «pressetitués» ne peuvent conjurer.

Une vexation à la Chine, dont le gouvernement déciderait que rabaisser le statut des États-Unis à celui du Tiers-Monde vaudrait bien $1.000 milliards de dollars.

Davantage d’erreurs sur les produits dérivés, tel que récemment celles de JPMorgan Chase, ébranlerait à nouveau le système financier étatsunien et nous rappellerait que rien n’a changé.

La liste est longue. Il y a une limite sur le nombre d’erreurs stupides et des politiques financières corrompues que le reste du monde est prêt à accepter des US. Quand cette limite sera atteinte, ce sera fini pour «la seule superpuissance du monde» ainsi que pour les détenteurs de produits libellés en dollars.

La dérégulation financière a transformé le système financier – qui servait dans le passé aux sociétés et aux consommateurs – en casino de jeux où les mises sont à découvert. Ces paris sans mises, conjointement avec la politique d’intérêt zéro de la Fed, ont exposé le niveau de vie et le patrimoine des étasuniens à un grave déclin. Des retraités vivant de leur épargne, de leurs investissements, de leurs retraites individuelles (IRAs) ainsi que de leurs plans d’épargne (401{k}s), ne peuvent rien gagner sur leur capital et sont forcés de le consommer, privant ainsi leurs ayants droit de leur héritage. Le capital accumulé est consommé.

En raison de la délocalisation, les États-Unis sont devenus un pays dépendant des importations de produits manufacturés: vêtements et chaussures, fabriqués à l’étranger… Quand la parité du dollar baisse, les prix à la consommation aux États-Unis montent et la consommation réelle dans le pays en prend un coup. Les étatsuniens consommeront moins et leur niveau de vie baissera de manière dramatique.

Les conséquences sérieuses des énormes erreurs faites à Washington, Wall Street et dans les bureaux des multinationales, sont compensées par la politique intenable de faible taux d’intérêt et d’une presse corrompue, alors que la dette ne cesse de monter rapidement. La Fed avait déjà traversée la même expérience lors de la Seconde Guerre mondiale. Elle avait alors maintenu les taux d’intérêt bas de manière à aider le financement de la guerre par le Trésor en minimisant la charge des intérêts. La Fed a maintenu bas les taux d’intérêts en achetant des dettes. L’inflation d’après guerre a eu pour conséquence l’Accord de 1951 entre la Réserve fédérale et le Trésor, stipulant que la Réserve fédérale arrêterait de monétiser la dette et permettrait aux taux d’intérêt de monter.

Le président de la Réserve fédérale Bernanke parlant d’une «stratégie de sortie» avait dit que quand l’inflation menace il pouvait l’éviter en retirant de l’argent du système bancaire. Cependant, il ne peut le faire que par la vente d’obligations du Trésor, ce qui implique l’augmentation des taux d’intérêts. Une hausse des taux d’intérêt menacerait la structure des produits dérivés, provoquant des pertes pour les obligations, et augmenterait le coût du service des dettes tant privées que publiques. En d’autres termes, pour éviter l’inflation par la monétisation de la dette on introduirait des problèmes plus immédiats que celle-ci. Plutôt que de laisser s’effondrer le système, n’est-il pas plus probable que la Fed fasse absorber la dette massive par l’inflation?

Éventuellement l’inflation éroderait le pouvoir d’achat du dollar ainsi que son usage comme devise de réserve, alors conséquemment la solvabilité du dollar s’effriterait. Toutefois, la Fed, les politiciens, et les gangsters financiers préféraient une crise plus tard que plus tôt. Faire passer le bateau en perdition au quart suivant, serait préférable que de sombrer avec lui. Tant que des swaps de taux d’intérêt peuvent être utilisés pour remonter les prix des obligations du Trésor et que l’achat à découvert-nu peut être utilisé pour prévenir la montée du prix de l’argent et de l’or, la fausse image de havre qu’ont les États-Unis auprès des investisseurs pourra continuer à être perpétrée.

Toutefois les $230.000 milliards (187.200€ milliards) en paris sur des produits dérivés des banques étasuniennes pourraient produire leurs propres surprises. JPMorgan Chase a été obligé d’admettre que les pertes sur ses produits dérivés, dépassaient les $2 milliards. De combien au juste reste à savoir. Selon le Contrôleur de la Monnaie [www.occ.treas.gov/top ics/capital-markets/financial-markets/trading/derivatives/dq411.pdf], les cinq plus grandes banques détiennent 95.7% de tous les produits dérivés. Ces cinq banques qui détiennent $226.000 en paris dérivés font un usage intensif du système de levier. Par exemple, JPMorgan Chase en possède en fonds propres $1.800 milliards mais détient des paris de produits dérives de $70.000 milliards, c’est-à-dire $39 dollars de paris de produits dérivés pour chaque dollar en avoirs. Une telle banque n’a pas besoin de perdre beaucoup de paris avant qu’elle se ruine.

Les avoirs ne sont pas basés sur le capital à risque. Selon le rapport du Contrôleur de la Monnaie, du 31 décembre 2011, JPMorgan Chase détenait $70.200 milliards en produits dérivés et seulement $136 milliards de capital à risque. En d’autres termes les paris sur des produits dérivés de la banque sont 516 fois plus importants que le capital qui les couvre. Il est difficile d’imaginer qu’une Banque se mette dans une position plus hasardeuse et instable, mais Goldman Sachs c’est le bouquet. Les paris sur des produits dérivés de cette banque, $44.000 milliards, sont couverts par seulement $19 milliards de capital à risque, ce qui donne des paris 2.295 fois plus importants que le capital qui les couvre.

Les paris sur les taux d’intérêt représentent 81% des produits dérivés. Ce sont les produits dérivés qui soutiennent le cours des obligations du Trésor étasuniens, malgré les augmentations massives de la dette étasunienne et de sa monétisation.

Les produits dérivés étasuniens de $230.000 milliards, concentrés dans cinq banques, sont 15,3 fois plus grands que le PIB des États-Unis. Un système politique failli qui permet à des banques dérégulées de placer des paris sans couverture 15 fois plus grands que son économie, est un système qui va droit dans le mur. Au fur et à mesure qu’on se passe le mot sur ce fantastique manque de jugement dans les systèmes politique et financier étasunien, la catastrophe guette le moment pour devenir une réalité.

Tout le monde veut une solution, par conséquent j’en fournirai une aussi. Le gouvernement US devrait tout simplement annuler les $230.000 milliards de paris dérivés les déclarant nuls et non avenus. Comme il ne s’agit pas de vrais avoirs, mais simplement de paris sur des valeurs notionnelles, le seul effet de fermeture ou d’annulation de tous ces swaps (essentiellement des contrats de gré à gré) serait d’enlever $230.000 milliards de risque – dus au système de levier – du système financier. Les gangsters financiers qui tiennent à continuer de jouir des gains de jeu tout en bénéficiant de la garantie du public contre leurs pertes, hurleront et s’enflammeront à propos de la sacro-sainteté des contrats. Mais pour un gouvernement qui peut assassiner ses propres citoyens et les jeter dans des cachots sans plus s’en préoccuper, il peut abolir tous les contrats qu’il veut au nom de la sécurité nationale. Et très certainement, contrairement à la guerre contre le terrorisme, en purgeant le système financier des paris des produits dérivés, il améliorera grandement la sécurité nationale.

Paul Craig Roberts était Sous-secrétaire au Trésor pour la politique économique, rédacteur associé du Wall Street Journal, contributeur à Business Week, Scripps Howard News Service et Creators Syndicate. Il a beaucoup de postes universitaires. Ses colonnes sur internet ont une renommée mondiale.

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http://www.paulcraigroberts.

[Traduction Alexandre MOUMBARIS
correction Marie-José MOUMBARIS]

1. Assouplissement quantitatif, en anglais «quantitative easing»), est une opération de la Réserve fédérale qui consiste, par exemple en l’achat d’obligations, de reprise ou de garantie d’actifs douteux de banque.

2. IRS, Interest Rate Swap: Si par exemple vous possédez des obligations à échéance 5 ans avec un coupon annuel (fixe par définition), et si en outre vous anticipez une hausse des taux d’intérêts d’ici l’échéance, vous pouvez passer un swap permettant d’échanger votre structure de flux à taux fixe contre une structure de flux à taux variable. À chaque tombée de coupon, pendant cinq ans, vous reversez votre taux fixe et recevez le taux variable qui équivaut à la période (calculé sur le même nominal, celui de l’obligation), et vous bénéficiez de la hausse des taux si vos anticipations sont exactes.[Source » Lexique AOF]

3. Hégémon: Du grec, Chef politique et militaire d’un état.

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France

Extrait d’un pamphlet du Parti communiste de 1950

«La cinquième colonne la voici!»

Guy MOLLET

Ce maire d’Arras, député du Pas-de-Calais, professeur d’anglais et Anglais de cœur, se présentait comme l’enfant terrible du Parti socialiste. C’était le héraut de la «démocratie socialiste révolutionnaire», celui qui ne manquait jamais d’affirmer ses divergences avec des «gérants loyaux du capitalisme» à la Léon Blum.

C’est avec ça, la parole de gauche, qu’il se propulsa au secrétariat général du Parti SFIΟ1 le 4 septembre 1946. Ne croyez pas que c’est à ce seul titre qu’il obtint la succession d’un Paul Faure qui finit, comme chacun sait, dans la plus sale collaboration.

Il collaborait lui aussi depuis longtemps avec les services secrets anglo-saxons. C’est à ce titre qu’il remplit à Arras les fonctions de responsable départemental de l’OCM (Organisation Civile et Militaire), organisation de résistance dirigée, financée, inspirée par l’Intelligence Service.

Il y travaillait aux côtés de Dordain, de Récy et autres gangsters mêlés au scandale de l’affaire des bons du trésor d’Arras.

Il faisait dans les «renseigne ments» avec ce M. Personne (Jacques Piette, membre influent de la SFIO) qui, après avoir été l’adjoint de Bichelonne à Vichy, assure la liaison entre le RPF2 et la SFIO. Ce M. Piette administre actuellement l’entreprise Lavalette-Bosch, où il mène la vie dure aux travailleurs; il est également à la tête du trust Francolor. Il cumule, entre autres titres celui de chef de cabinet de Guy Mollet.

La phrase de gauche était destinée à piper les voix des travailleurs socialistes qui en avaient assez de voir leurs dirigeants «collaborer» avec la pire réaction. Par ailleurs, le côté «renseignements» de Guy Mollet, sa collaboration avec l’Intelligence Service aux côtés des dévoués hommes de main du RPF, donnait toute garantie à ceux qui voulaient faire de ce petit homme «leur» dirigeant de la SFIO.

Son premier acte de secrétaire général du Parti Socialiste fut d’informer le Parti Communiste de la suppression du Comité d’entente. Il s’efforçait de démontrer ainsi qu’on pouvait compter sur lui pour poursuivre la politique de division de la classe ouvrière faite avant la guerre par Paul Faure.

Avec ses amis Jouhaux et Bouzanquet (ce dernier, comme par hasard, mêlé au scandale des chéquards — que de scandales chez les dirigeants socialistes de droite !…), il poussait à la scission syndicale réalisée sur ordre d’Irwing Brown, agent des services secrets américains chargé du travail dans les syndicats outre-Atlantique et en Europe marshalisée.

La politique du secrétaire général de la SFIO et de son parti a pu être jugée par de nombreux militants socialistes lors d’un récent congrès du Parti Socialiste dans les termes suivants:

«La politique de collaboration de classe sans cesse aggravée a débilité le parti socialiste, lui faisant perdre nombre d’adhérents et force sympathisants,

«Pourquoi cette collaboration de classe? Parce que les dirigeants du parti ont agi comme si le ‘‘socialisme français’’, mieux, le socialisme européen, ne pouvait momentanément vivre que dans le sillage du capitalisme américain pour encore progresser.»

Cette condamnation des dirigeants socialistes, prononcée par des membres du parti socialiste, est très dure. Encore faut-il ajouter qu’ils ne se prononçaient pas sur la préparation de 1a guerre antisoviétique à laquelle participent, au premier rang, les chefs socialistes de droite. Ils ne parlaient pas de ce que ceux-ci se sont refusés à constituer un gouvernement socialiste-communiste alors que la majorité de la première Assemblée constituante le permettait.

Ils ne notaient pas non plus que ce sont les ministres socialistes qui ont exclu du gouvernement les ministres communistes.

Cependant, après cette appréciation des militants socialistes de base, Guy Mollet comprit la nécessité d’une cure dite d’opposition. On vit alors les ministres socialistes, tout en regrettant leur portefeuille, affirmer leur «soutien oppositionnel».

Il ne pouvait en être-autrement puisque leurs collègues MRΡ3, radicaux, UDSR4 et gaullistes faisaient, sans eux, la même politique.

Et puis, ils savaient bien que cela ne durerait pas longtemps…

Pour faire la guerre, pour accroitre ses profits, pour organiser sa répression, pour faire avaler sa politique, la grande bourgeoisie a besoin des dirigeants socialistes.

Guy Mollet fut chargé d’une mission d’information.

II fit le lit de Pleven-le-gaulliste.

Cela lui valut un portefeuille de ministre d’État chargé du Conseil de l’Europe.

Après avoir bavardé pour la frime contre le réarmement allemand, M. Guy Mollet l’a naturellement approuvé avec la même manière hypocrite propre à tous ses collègues du gouvernement.

Les impérialistes anglo-saxons qui entretiennent en France leur 5e colonne savent bien que M. Guy Mollet ne leur causera jamais la moindre difficulté. Pour eux, M. Guy Mollet est un bon et fidèle serviteur.

Notes

1. SFIO: Section française de l’internationale ouvrière (socialiste)

2. RPF: Rassemblement pour le peuple français (gaulliste)

3. MRP: Mouvement républicains populaire (chrétien-démocrate).

4. UDSR Union démocratique et socialiste de la résistance (socialiste libéral non-marxiste. Parmi ses principales personnalités: François Mitterrand)

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Cuba

La nouvelle vie des opposants cubains en Espagne

par Salim Lamrani

En 2010 et 2011, tous les prisonniers dits «politiques» cubains ont été libérés suite à la médiation de l’Église catholique cubaine et du gouvernement espagnol. La majorité d’entre eux ont choisi de s’installer en Espagne avec leurs familles respectives et de commencer une nouvelle vie. Mais l’Eldorado européen tant rêvé n’est pas au rendez-vous dans une Péninsule ibérique frappée par une grave crise économique. Certains souhaitent même retourner à Cuba.

La médiation de l’Église catholique cubaine dirigée par le Cardinal Jaime Ortega, à la demande du Vatican, et du gouvernement espagnol de José Luis Rodriguez Zapatero avec les autorités de La Havane a débouché en 2010 et 2011 sur la libération de 127 prisonniers, dont 52 étaient considérés comme «politiques» par Amnistie Internationale1. Selon cette organisation de défense des droits de l’homme, il n’y a actuellement aucun prisonnier de conscience à Cuba2. Ce point de vue est également partagé par l’Église Catholique cubaine3.

Certains secteurs avaient accusé le gouvernement cubain, l’Église catholique et le gouvernement Zapatero d’avoir obligé ces personnes à prendre le chemin de l’exil. Cette version avait été reprise par plusieurs médias occidentaux4. Le Parti Populaire espagnol (droite) a ainsi dénoncé «l’exil forcé» des opposants cubains5.

Pourtant, cette version résiste difficilement à l’analyse. En effet, sur les 127 personnes libérées dans le cadre de l’accord entre La Havane, le Vatican et Madrid, 12 d’entres elles ont choisi de rester à Cuba. Laura Pollán, alors porte-parole du groupe d’opposition «Les Dames en Blanc» et farouche détractrice du gouvernement cubain, avait été claire à ce sujet: «Personne n’a obligé aucun des prisonniers à quitter le pays. Quiconque affirme le contraire est un menteur». De la même manière, plusieurs dissidents ont affirmé qu’à aucun moment les autorités cubaines leur avaient demandé de quitter le pays comme condition préalable à leur libération6.

Fernando Ravsberg, correspondant de la BBC à La Havane, a également démenti cette allégation. Plusieurs opposants qui ont choisi de quitter le pays lui ont avoué qu’ils «auraient pu rester dans l’île s’ils l’avaient souhaité. Ils assurent qu’à aucun moment on ne leur a imposé la sortie du territoire comme condition à leur liberté7».

La douloureuse réalité espagnole

Loin de trouver une nation prospère, les dissidents cubains ont été frappés de plein fouet par la crise économique qui affecte l’Espagne. La plupart d’entre eux se trouve sans emploi, sans ressources et parfois même sans toit, restant à la charge des centres d’accueil de la Croix Rouge. Selon la presse ibérique, «un an après leur arrivée, les exilés ont peu à peu perdu les aides du Gouvernement et se retrouvent sans ressources, puisque l’immense majorité d’entre eux n’a pas trouvé d’emploi stable8».

Le nouveau gouvernement espagnol de droite a décidé de mettre fin à l’aide accordée aux dissidents cubains un an après leur arrivée et a refusé de la prolonger de douze mois supplémentaires comme cela était prévu au départ, pour des raisons économiques9. En effet, l’Espagne a dépensé une moyenne de 2.000€ par mois et par personne, soit plus de 18 millions d’euros pour subvenir aux besoins des 115 dissidents accompagnés de 647 membres de leur famille pendant un an. Le coût a été jugé trop élevé dans un pays qui compte près de 5 millions de chômeurs, c’est-à-dire environ 25% de la population active10.

Pourtant, le Parti Populaire (PP) n’avait pas hésité à les utiliser dans leur guerre politique contre La Havane en emmenant quatre d’entre eux à Bruxelles témoigner et défendre la nécessité de maintenir la Position commune de l’Union européenne vis-à-vis de Cuba – qui limite les relations politiques, diplomatiques et culturelles. Néanmoins, il s’est montré peu reconnaissant en supprimant les aides, laissant aux opposants cubains l’amère sensation d’avoir été instrumentalisés11. Dès leur arrivée en Espagne, ces derniers n’avaient eu de cesse d’affirmer leur soutien au PP, et de critiquer le PSOE de Zapatero qui a pourtant contribué à leur libération12.

Les dissidents cubains ont alors décidé d’avoir recours à une grève de la faim pour protester contre cette décision et exprimer leur «désarroi total». «C’est la seule alternative qu’il nous reste», a déclaré l’un d’eux, installé dans une tente face au Ministère espagnol des Affaires Étrangères à Madrid13.

Loin d’être entendus par les autorités espagnoles, les grévistes ont été «brutalement» délogés par la police qui leur a ordonné de lever le camp14. Dawuimis Santana a dénoncé la violence policière dont ils ont été victimes: «On nous a trainés au sol, on nous a frappés au visage, sur les bras et l’un de nous a le nez cassé». Quatre d’entre eux ont été arrêtés15. Les forces de l’ordre se montrent généralement sévères avec les manifestants de tout type, et exception n’a pas été faite avec les opposants cubains. Certains observateurs ont fait remarquer que le Parti Populaire, d’habitude si prompt à venir en aide aux dissidents cubains et à dénoncer «l’oppression» dont ils étaient victimes dans l’île, est cette fois resté discret au sujet des agissements de la police municipale de Madrid à leur encontre16.

José Manuel García Margallo, ministre espagnol des Affaires étrangères, a reconnu que le cas des Cubains n’était «pas simple» et que ces derniers se trouvaient «dans une situation difficile». Mais il a rejeté toute idée de prolonger les aides financières leur étant destinées, en raison de la crise économique qui frappe le pays. Tout au plus s’est-il engagé à accélérer le processus de validation des diplômes17.

Parfois, le désarroi auquel sont confrontés les opposants cubains en Espagne prend des tournures tragiques. Ainsi, Albert Santiago du Bouchet, installé aux Îles Canaries depuis sa libération, a mis fin à ses jours le 4 avril 2012, ne supportant plus d’être abandonné à lui-même par les autorités espagnoles qui avaient mis un terme à l’aide financière mensuelle accordée18. Le gouvernement espagnol a rejeté tout «lien direct» entre le suicide et la décision de mettre un terme au soutien financier. Néanmoins, sa famille ainsi que plusieurs membres de son entourage ont affirmé que sa situation économique précaire était la principale cause du drame19.

Un retour à Cuba?

Contre toute attente, plusieurs dissidents ont fait part de leur volonté de rentrer à Cuba, à défaut de pouvoir se rendre aux États-Unis, accusant l’Espagne d’abandon20. «Il vaut mieux être à Cuba qu’ici dans la rue», a déclaré Ismara Sánchez21. «Depuis le 31 mars, je suis à la rue», faute de pouvoir se payer un logement, s’est plainte Idalmis Núñez. «La situation est difficile: nous avons emmené nos familles loin de la maison et nous ne pouvons pas leur donner à manger. Pour la première fois de ma vie, j’ai un cas de conscience. J’ai peur», a admis un autre opposant22. «Les enfants n’ont plus de nourriture et n’ont plus de lait. Les enfants ne peuvent plus se rendre à l’école parce qu’ils n’ont pas l’argent pour le transport», a exprimé l’opposant Bermúdez23.

De la même manière, Orlando Fundaro et son épouse, ont dû faire face à des conditions de vie tellement difficiles qu’ils en ont regretté leur terre d’origine. Dans une interview à la BBC, Fundora a confessé l’inattendu: «Nous mangions mieux à Cuba24».

La décision de rentrer à Cuba n’est en réalité pas si surprenante que cela. Malgré les ressources limitées de la nation caribéenne, les difficultés et vicissitudes quotidiennes engendrées par l’état de siège économique que les États-Unis imposent à Cuba depuis 1960, lequel affecte toutes les catégories de la population et constitue le principal obstacle au développement de la nation, le gouvernement de La Havane a mis en place un système de protection sociale relativement performant qui subvient aux nécessités de base de la population. Ainsi, malgré tout, 85% des Cubains sont propriétaires de leur logement. De la même manière, ils bénéficient d’un accès gratuit à l’éducation, à la santé et aux activités culturelles. Le carnet de rationnement leur permet de disposer, chaque mois, en sus du salaire, d’une alimentation de base suffisante pour deux semaines. Ainsi, personne n’est abandonné à son sort à Cuba et les catégories les plus vulnérables sont prises en charge par l’état. C’est la raison pour laquelle, malgré les limites en termes de ressources, il n’y a pas à Cuba de sans domicile fixe, ni d’enfants désemparés dans les rues. D’ailleurs, à ce sujet, selon l’UNICEF, Cuba est le seul pays du Tiers-monde où n’existe pas la malnutrition infantile25.

Finalement, l’Europe s’est avérée ne pas être l’Eldorado promis aux opposants cubains. Ces derniers ont été confrontés de manière brutale à la réalité économique de la Péninsule ibérique et ont découvert que les plus vulnérables étaient rapidement abandonnés à leur sort. Ils ont également pu se rendre compte que leur Île n’était finalement pas l’antichambre de l’Enfer, malgré les problèmes quotidiens, et que le système de protection sociale faisait en sorte de protéger les plus faibles.

Notes

[1] Amnesty International, «Cuba, Annual Report 2012», 2012. http://www.amnesty.

org/en/region/cuba/report-2012 (site consulté le 2 juillet 2012).

[2] Ibid.

[3] Juan O. Tamayo, «Tensa cita de las Damas de Blanco con Iglesia cubana», El Nuevo Herald, 25 mai 2012.

[4] Axel Gyldén, «En exil forcé, un dissident cubain met fin à ses jours», L’Express,7 avril 2012.

[5] Público, «Aznar afirma que los presos cubanos sufren ‘un destierro’ en España», 28 juillet 2010.

[6] Fernando Ravsberg, «La conspiración católico-comunista», BBC, 23 juin 2011. http://www.bbc.co.uk/blogs/mundo/cartas_

desde_cuba/2011/06/la_conspiracion_

catolico-comun.html (site consulté le 14 juin 2012).

[7] Ibid.

[8] Carmen Pérez-Lanzac, «Exprisioneros políticos refugiados en España protestan tras quedarse sin ayudas», El País, 11 avril 2012.

[9] Carmen Pérez-Lanzac, «Entre 2010 y 2011 llegaron a España 767 cubanos : 115 presos y sus familiares», El País, 10 avril 2010.

[10] Joaquín Gil, « El Gobierno paga 2.000 euros al mes por cada uno de los 762 disidentes y familiares », El País, 13 juillet 2011.

[11] Jerónimo Andreu, « Exprisioneros políticos traídos a España por Exteriores hace un año pierden las ayudas públicas », El País, 9 avril 2012.

[12] EFE, «Opositores cubanos piden a España una actitud ‘más enérgica’ contra castrismo», 20 janvier 2012.

[13] EFE, «Diez ex presos cubanos deciden emprender una huelga de hambre en Madrid», 13 avril 2012.

[14] Ibid.

[15] Europa Press, «Denuncian la detención de cuatro expresos cubanos que protestaban en Madrid ante le Ministerio de Exteriores», 23 mai 2012.

[16] EFE, « El Partido Popular español exige a Cuba que deje de oprimir a la disidencia », 20 janvier 2012.

[17] Carmen Pérez-Lanzac, « Exprisioneros políticos refugiados en España protestan tras quedarse sin ayudas », El País, 11 avril 2012.

[18] El País, « Fallece un expreso político cubano llegado a España el año pasado », 6 avril 2012. .

[19] Europa Press, «España no ve ‘relación directa’ entre el suicidio de un disidente y el fin de la ayuda», 9 avril 2012.

[20] Juan O. Tamayo, « Ex presos políticos cubanos en España viven pesadilla », El Nuevo Herald, 17 avril 2012.

[21] Ríos Biot, «‘Es mejor estar en Cuba que aquí en la calle», El País, 13 avril 2012.

[22] Jerónimo Andreu, «Exprisioneros políticos traídos a España por Exteriores hace un año pierden las ayudas públicas», El País, 9 avril 2012.

[23] EFE, «Ex presos cubanos denuncian en Madrid su ‘total desamparo’», 10 avril 2012.

[24] Fernando Ravsberg, «La conspiración católico-comunista», BBC, op. cit.

[25] UNICEF, Progreso para la infancia. Un balance sobre la nutrición, 2011

 

Mondialisation.ca, Le 16 juillet 2012

Opera Mundi – 2012-07-13

Salim Lamrani est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca. Articles de Salim Lamrani publiés par Mondialisation.ca

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=31935


BIP n° 149, septembre 2012

Sommaire

Dossier Syrie

  • Syrie: pas d’intervention ! Les forces françaises ne peuvent affronter Damas ! — Général (CR) Jean Fleury, Le Monde
  • Analyse de la situation en Syrie — Alain Chouet, Le Grand Soir
  • Syrie: Les erreurs de calcul de la Turquie ! — Dr Amin Hoteit, Al-Thawra, Mondialisation.ca
  • Syrie: Le Sommet des non-alignés à Téhéran… gifle retentissante à l’impérialisme occidental ? — Dr Amin Hoteit, Mondialisation.ca
  • Quelques vérités sur la Syrie, Interview de Bassam Tahhan — Frédéric Saillot, B.I. Infos
  • Par cohérence et dignité, Monsieur le ministre — Enrique Cuadra Etxeandia, Gara
  • Une version pas dite de l’histoire de Marikana — Solly Mapaïla, 2ème Sous-SG du PCSA, Umsebenzi online
  • Marikana, une épreuve dans le sang — Alexandre Moumbaris
  • Le syndicat de classe sud-africain COSATU quitte la CSI et rejoint la FSM — solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
  • Nous ne mendions pas, nous exigeons — Ioulia Ierapetritaki
  • Appel du Bureau politique du CC du KKE

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Syrie

Syrie: pas d’intervention!
Les forces françaises ne peuvent affronter Damas!

par le général (CR) Jean Fleury*

Personne ne peut être indifférent au drame qui se déroule en Syrie. Aussi, en raison de l’exemple libyen, de nombreuses voix s’élèvent pour demander une intervention militaire. Certains réclament la mise en œuvre de toutes les mesures nécessaires, comme cela avait été demandé par le Conseil de sécurité de l’ONU en 1990 pour libérer le Koweït ou en 2011 pour protéger les populations que Mouammar Kadhafi voulait massacrer. Mais pour que l’aviation puisse détruire les chars ou les pièces d’artillerie menaçant les civils, il faut qu’elle ait au préalable la maîtrise du ciel, c’est-à-dire mis hors de combat batteries sol-air et chasseurs ennemis.

Dans le cas libyen, ce n’était pas trop difficile car la force aérienne du dictateur était peu opérationnelle et ses moyens terrestres de défense contre avions ont été rapidement détruits. Pour la Syrie, la chanson n’est pas la même. Son armée de l’air totalise environ 500 avions de combat, soit deux fois plus que la nôtre ; bien que seulement une partie d’entre eux soit moderne, leur nombre et la qualité d’un entraînement conduit en vue d’une guerre éventuelle avec Israël  en font un adversaire sérieux. Nous ne sommes pas de taille à l’affronter.

En juin dernier, quand les Turcs ont voulu tester la défense aérienne syrienne (pour tout expert en la matière, c’est une évidence à l’examen des trajectoires publiées) la réaction ne s’est pas fait attendre et l’appareil a été abattu. Pour venir à bout aujourd’hui de l’aviation de Bachar el-Assad, il faudrait employer toute la machine de guerre américaine et utiliser les aéroports de Grèce et de Chypre, voire du Moyen Orient.

Pour la Libye, c’est notre armée de l’air seule qui a conduit le premier raid de libération de Benghazi. Si l’aide américaine a été indispensable pour la poursuite de la guerre, nous n’en avons pas moins effectué près du quart des missions de protection de la population menacée par Kadhafi, nous plaçant ainsi au premier rang de la coalition. Face à la Syrie, nous ne serions qu’une petite force d’appoint placée sous les ordres de Washington; ce ne serait pas très glorieux.

Quant à la zone d’exclusion aérienne réclamée par d’autres, elle pose exactement le même problème car pour détruire les appareils de Damas en vol, il faut une maîtrise du ciel encore plus parfaite!

Il m’a paru étonnant que ce point de vue n’ait pas été davantage émis. Mais il y a à cela une bonne raison: ce serait reconnaître la faiblesse de notre aviation militaire. Lors de la première guerre du Golfe en 1991, l’armée de l’air française disposait de 450 avions de combat auxquels s’ajoutaient 32 Mirage IV de la force aérienne stratégique. Le livre blanc en vigueur ramène ces moyens à 230 Mirage 2000 ou Rafale dont les vecteurs nucléaires. La déflation de l’aéronautique navale a été similaire. Les budgets militaires de la France sont ainsi passés en 20 ans de 3% du PIB à 1,5% ; ils ont été chaque année la variable d’ajustement des finances publiques assortie de la promesse de jours meilleurs prochains … lesquels ne sont toujours pas là.

Mais il est impossible aujourd’hui aux pouvoirs publics de proclamer cette faiblesse: la conclusion serait immédiate, le budget de la défense deviendrait prioritaire ce qui serait contradictoire avec les engagements du Président de la République.

Alors, finalement, le «niet» de Vladimir Poutine est bien pratique: il évite de poser les vraies questions.

 *Le général Jean Fleury a été Chef d’état-major de l’armée de l’Air (24 avril 1989 – 1er décembre 1991)

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[Source: Opinion—revue de presse – Le Monde – 24/8/2012]

 


Analyse de la situation en Syrie

par Alain CHOUET

 Invité de l’Association Régionale Nice Côte d’Azur de l’IHEDN (Institut des hautes études de défense nationale) le 27 juin 2012, Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE, reconnu bien au delà de l’Hexagone pour son expertise du monde arabo-musulman, livre ici une vision intéressante et décapante.

Les pires conjectures formulées au premier semestre 2011 concernant les mouvements de révolte arabes deviennent aujourd’hui réalité. Je les avais largement exposées dans divers ouvrages et revues à contre courant d’une opinion occidentale généralement enthousiaste et surtout naïve. Car il fallait tout de même être naïf pour croire que, dans des pays soumis depuis un demi-siècle à des dictatures qui avaient éliminé toute forme d’opposition libérale et pluraliste, la démocratie et la liberté allaient jaillir comme le génie de la lampe par la seule vertu d’un Internet auquel n’a accès qu’une infime minorité de privilégiés de ces sociétés.

Une fois passé le bouillonnement libertaire et l’agitation des adeptes de Facebook, il a bien fallu se rendre à l’évidence. Le pouvoir est tombé dans les mains des seules forces politiques structurées qui avaient survécu aux dictatures nationalistes parce que soutenues financièrement par les pétromonarchies théocratiques dont elles partagent les valeurs et politiquement par les Occidentaux parce qu’elles constituaient un bouclier contre l’influence du bloc de l’Est: les forces religieuses fondamentalistes. Et le «printemps arabe» n’a mis que six mois à se transformer en «hiver islamiste».

En Tunisie et en Égypte, les partis islamistes, Frères musulmans et extrémistes salafistes se partagent de confortables majorités dans les Parlements issus des révoltes populaires. Ils cogèrent la situation avec les commandements militaires dont ils sont bien contraints de respecter le rôle d’acteurs économiques dominants mais s’éloignent insidieusement des revendications populaires qui les ont amenés au pouvoir. Constants dans leur pratique du double langage, ils font exactement le contraire de ce qu’ils proclament. En, Égypte, après avoir affirmé sur la Place Tahrir au printemps 2011 qu’ils n’aspiraient nullement au pouvoir, ils revendiquent aujourd’hui la présidence de la République, la majorité parlementaire et l’intégralité du pouvoir politique.

En Tunisie, et après avoir officiellement renoncé à inclure la chari’a dans la constitution, ils organisent dans les provinces et les villes de moyenne importance, loin de l’attention des médias occidentaux, des comités de vigilance religieux pour faire appliquer des règlements inspirés de la chari’a. Ce mouvement gagne progressivement les villes de plus grande importance et même les capitales où se multiplient les mesures d’interdiction en tous genres, la censure des spectacles et de la presse, la mise sous le boisseau des libertés fondamentales et, bien sûr, des droits des femmes et des minorités non sunnites.

Et ces forces politiques réactionnaires n’ont rien à craindre des prochaines échéances électorales. Largement financées par l’Arabie et le Qatar pour lesquels elles constituent un gage de soumission dans le monde arabe, elles ont tous les moyens d’acheter les consciences et de se constituer la clientèle qui perpétuera leur domination face à un paysage politique démocratique morcelé, sans moyens, dont il sera facile de dénoncer l’inspiration étrangère et donc impie.

La Libye et le Yémen ont sombré dans la confusion. Après que les forces de l’OTAN, outrepassant largement le mandat qui leur avait été confié par l’ONU, ont détruit le régime du peu recommandable Colonel Kadhafi, le pays se retrouve livré aux appétits de bandes et tribus rivales bien décidées à défendre par les armes leur pré carré local et leur accès à la rente. L’éphémère «Conseil National de transition» porté aux nues par l’ineffable Bernard Henri Lévy est en train de se dissoudre sous les coups de boutoir de chefs de gangs islamistes, dont plusieurs anciens adeptes d’Al-Qaïda, soutenus et financés par le Qatar qui entend bien avoir son mot à dire dans tout règlement de la question et prendre sa part dans l’exploitation des ressources du pays en hydrocarbures.

Au Yémen, le départ sans gloire du président Ali Abdallah Saleh rouvre la porte aux forces centrifuges qui n’ont pas cessé d’agiter ce pays dont l’unité proclamée en 1990 entre le nord et le sud n’a jamais été bien digérée, surtout par l’Arabie séoudite qui s’inquiétait des foucades de ce turbulent voisin et n’a eu de cesse d’y alimenter la subversion fondamentaliste. Aujourd’hui, les chefs de tribus sunnites du sud et de l’est du pays, dont certains se réclament d’Al-Qaïda et tous du salafisme, entretiennent un désordre sans fin aux portes de la capitale, Sana’a, fief d’une classe politique traditionnelle zaydite – branche dissidente du chi’isme – insupportable pour la légitimité de la famille séoudienne.

Seul le régime syrien résiste à ce mouvement généralisé d’islamisation au prix d’une incompréhension généralisée et de l’opprobre internationale.

Avant de développer ce sujet, je crois devoir faire une mise au point puisque d’aucuns croient déceler dans mes propos et prises de positions des relents d’extrême droite et de complaisance pour les dictatures.

Je me rends régulièrement en Syrie depuis 1966 et y ai résidé pendant plusieurs années. Je ne prétends pas connaître intimement ce pays mais je pense quand même mieux le connaître que certains de ces journalistes qui en reviennent pleins de certitudes après un voyage de trois ou quatre jours.

Mes activités m’ont amené à devoir fréquenter à divers titres les responsables des services de sécurité civils et militaires syriens depuis la fin des années 70. J’ai pu constater qu’ils ne font ni dans la dentelle ni dans la poésie et se comportent avec une absolue sauvagerie. Ce n’est pas qu’ils ont une conception différente des droits de l’homme de la nôtre. C’est qu’ils n’ont aucune conception des droits de l’homme…

Leur histoire explique en grande partie cette absence. D’abord, ils puisent leur manière d’être dans quatre siècle d’occupation par les Turcs ottomans, grands experts du pal, de l’écorchage vif et du découpage raffiné. Ensuite, ils ont été créés sous la houlette des troupes coloniales françaises pendant le mandat de 1920 à 1943, et, dès l’indépendance du pays, conseillés techniquement par d’anciens nazis réfugiés, de 1945 jusqu’au milieu des années 50, et ensuite par des experts du KGB jusqu’en 1990. Tout ceci n’a guère contribué à développer chez eux le sens de la douceur, de la tolérance et du respect humain.

Quant au régime syrien lui-même, il ne fait aucun doute dans mon esprit que c’est un régime autoritaire, brutal et fermé. Mais le régime syrien n’est pas la dictature d’un homme seul, ni même d’une famille, comme l’étaient les régimes tunisien, égyptien, libyen ou irakien. Tout comme son père, Bashar el-Assad n’est que la partie visible d’un iceberg communautaire complexe et son éventuel départ ne changerait strictement rien à la réalité des rapports de pouvoir et de force dans le pays. Il y a derrière lui 2 millions d’Alaouites encore plus résolus que lui à se battre pour leur survie et plusieurs millions de minoritaires qui ont tout à perdre d’une mainmise islamiste sur le pouvoir, seule évolution politique que l’Occident semble encourager et promouvoir dans la région.

Quand je suis allé pour la première fois en Syrie en 1966, le pays était encore politiquement dominé par sa majorité musulmane sunnite qui en détenait tous les leviers économiques et sociaux. Et les bourgeois sunnites achetaient encore – parfois par contrat notarié – des jeunes gens et de jeunes filles de la communauté alaouite dont ils faisaient de véritables esclaves à vie, manouvriers agricoles ou du bâtiment pour les garçons, bonnes à tout faire pour les filles.

Les Alaouites sont une communauté sociale et religieuse persécutée depuis plus de mille ans. Je vous en donne ici une description rapide et schématique qui ferait sans doute hurler les experts mais le temps nous manque pour en faire un exposé exhaustif.

Issus au Xe siècle aux frontières de l’empire arabe et de l’empire byzantin d’une lointaine scission du chiisme, ils pratiquent une sorte de syncrétisme mystique compliqué entre des éléments du chiisme, des éléments de panthéisme hellénistique, de mazdéisme persan et de christianisme byzantin. Ils se désignent eux mêmes sous le nom d’Alaouites – c’est à dire de partisans d’Ali, le gendre du prophète – quand ils veulent qu’on les prenne pour des Musulmans et sous le nom de Nosaïris – du nom de Ibn Nosaïr, le mystique chiite qui a fondé leur courant – quand ils veulent se distinguer des Musulmans. Et – de fait – ils sont aussi éloignés de l’Islam que peuvent l’être les chamanistes de Sibérie.

Et cela ne leur a pas porté bonheur…. Pour toutes les religions monothéistes révélées, il n’y a pas pire crime que l’apostasie. Les Alaouites sont considérés par l’Islam sunnite comme les pires des apostats. Cela leur a valu au XIVe siècle une fatwa du jurisconsulte salafiste Ibn Taymiyya, l’ancêtre du wahhabisme actuel, prescrivant leur persécution systématique et leur génocide. Bien que Ibn Taymiyyah soit considéré comme un exégète non autorisé, sa fatwa n’a jamais été remise en cause et est toujours d’actualité, notamment chez les salafistes, les wahhabites et les Frères musulmans. Pourchassés et persécutés, les Alaouites ont dû se réfugier dans les montagnes côtières arides entre le Liban et l’actuelle Turquie tout en donnant à leurs croyances un côté hermétique et ésotérique, s’autorisant la dissimulation et le mensonge pour échapper à leur tortionnaires.

Il leur a fallu attendre le milieu du XXe siècle pour prendre leur revanche. Soumis aux occupations militaires étrangères depuis des siècles, les bourgeois musulmans sunnites de Syrie ont commis l’erreur classique des parvenus lors de l’indépendance de leur pays en 1943. Considérant que le métier des armes était peu rémunérateur et que l’institution militaire n’était qu’un médiocre instrument de promotion sociale, ils n’ont pas voulu y envoyer leurs fils. Résultat: ils ont laissé l’encadrement de l’armée de leur tout jeune pays aux pauvres, c’est à dire les minorités: Chrétiens, Ismaéliens, Druzes, Chiites et surtout Alaouites. Et quand vous donnez le contrôle des armes aux pauvres et aux persécutés, vous prenez le risque à peu près certain qu’ils s’en servent pour voler les riches et se venger d’eux. C’est bien ce qui s’est produit en Syrie à partir des années 60.

Dans les années 70, Hafez el-Assad, issu d’une des plus modestes familles de la communauté alaouite, devenu chef de l’armée de l’air puis ministre de la défense, s’est emparé du pouvoir par la force pour assurer la revanche et la protection de la minorité à laquelle sa famille appartient et des minorités alliées – Chrétiens et Druzes – qui l’ont assisté dans sa marche au pouvoir. Ils s’est ensuite employé méthodiquement à assurer à ces minorités – et en particulier à la sienne – le contrôle de tous les leviers politiques, économiques et sociaux du pays selon des moyens et méthodes autoritaires dont vous pourrez trouver la description détaillée dans un article paru il y maintenant près de vingt ans.

Face à la montée du fondamentalisme qui progresse à la faveur de tous les bouleversements actuels du monde arabe, son successeur se retrouve comme les Juifs en Israël, le dos à la mer avec le seul choix de vaincre ou mourir. Les Alaouites ont été rejoints dans leur résistance par les autres minorités religieuses de Syrie, Druzes, Chi’ites, Ismaéliens et surtout par les Chrétiens de toutes obédiences instruits du sort de leurs frères d’Irak et des Coptes d’Égypte.

Car, contrairement à la litanie que colportent les bien-pensants qui affirment que «si l’on n’intervient pas en Syrie, le pays sombrera dans la guerre civile»…. eh bien non, le pays ne sombrera pas dans la guerre civile. La guerre civile, le pays est dedans depuis 1980 quand un commando de Frères musulmans s’est introduit dans l’école des cadets de l’armée de terre d’Alep, a soigneusement fait le tri des élèves officiers sunnites et des alaouites et a massacré 80 cadets alaouites au couteau et au fusil d’assaut en application de la fatwa d’Ibn Taymiyya. Les Frères l’ont payé cher en 1982 à Hama – fief de la confrérie – que l’oncle de l’actuel président a méthodiquement rasée en y faisant entre 10 et 20.000 morts. Mais les violences intercommunautaires n’ont jamais cessé depuis, même si le régime a tout fait pour les dissimuler.

Alors, proposer aux Alaouites et aux autres minorités non arabes ou non sunnites de Syrie d’accepter des réformes qui amèneraient les islamistes salafistes au pouvoir revient très exactement à proposer aux Afro-américains de revenir au statu quo antérieur à la guerre de sécession. Ils se battront, et avec sauvagerie, contre une telle perspective.

Peu habitué à la communication, le régime syrien en a laissé le monopole à l’opposition. Mais pas à n’importe quelle opposition. Car il existe en Syrie d’authentiques démocrates libéraux ouverts sur le monde, qui s’accommodent mal de l’autoritarisme du régime et qui espéraient de Bashar el-Assad une ouverture politique. Ils n’ont obtenu de lui que des espaces de liberté économique en échange d’un renoncement à des revendications de réformes libérales parfaitement justifiées. Mais ceux-là, sont trop dispersés, sans moyens et sans soutiens. Ils n’ont pas la parole et sont considérés comme inaudibles par les médias occidentaux car, en majorité, ils ne sont pas de ceux qui réclament le lynchage médiatisé du «dictateur» comme cela a été fait en Libye.

Si vous vous vous informez sur la Syrie par les médias écrits et audiovisuels, en particulier en France, vous n’aurez pas manqué de constater que toutes les informations concernant la situation sont sourcées «Observatoire syrien des droits de l’homme» ou plus laconiquement «ONG», ce qui revient au même, l’ONG en question étant toujours l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

L’observatoire syrien des droits de l’homme, c’est une dénomination qui sonne bien aux oreilles occidentales dont il est devenu la source d’information privilégiée voire unique. Il n’a pourtant rien à voir avec la respectable Ligue internationale des droits de l’homme. C’est en fait une émanation de l’Association des Frères musulmans et il est dirigé par des militants islamistes dont certains ont été autrefois condamnés pour activisme violent, en particulier son fondateur et premier Président, Monsieur Ryadh el-Maleh. L’OSDH s’est installé à la fin des années 80 à Londres sous la houlette bienveillante des services anglo-saxons et fonctionne en quasi-totalité sur fonds séoudiens et maintenant qataris.

Je ne prétends nullement que les informations émanant de l’OSDH soient fausses, mais, compte tenu de la genèse et de l’orientation partisane de cet organisme, je suis tout de même surpris que les médias occidentaux et en particulier français l’utilisent comme source unique sans jamais chercher à recouper ce qui en émane.

Second favori des médias et des politiques occidentaux, le Conseil National Syrien, créé en 2011 à Istanbul sur le modèle du CNT libyen et à l’initiative non de l’État turc mais du parti islamiste AKP. Censé fédérer toutes les forces d’opposition au régime, le CNS a rapidement annoncé la couleur. Au sens propre du terme…. Le drapeau national syrien est composé de trois bandes horizontales. L’une de couleur noire qui était la couleur de la dynastie des Abbassides qui a régné sur le monde arabe du 9è au 13è siècle. L’autre de couleur blanche pour rappeler la dynastie des Omeyyades qui a régné au 7è et 8è siècle. Enfin, la troisième, de couleur rouge, censée représenter les aspirations socialisantes du régime. Dès sa création, le CNS a remplacé la bande rouge par la bande verte de l’islamisme comme vous pouvez le constater lors des manifestations anti-régime où l’on entend plutôt hurler «Allahou akbar!» que des slogans démocratiques.

Cela dit, la place prédominante faite aux Frères musulmans au sein du CNS par l’AKP turc et le Département d’État américain a fini par exaspérer à peu près tout le monde. La Syrie n’est pas la Libye et les minorités qui représentent un bon quart de la population entendent avoir leur mot à dire, même au sein de l’opposition. Lors d’une visite d’une délégation d’opposants kurdes syriens à Washington en avril dernier, les choses se sont très mal passées. Les Kurdes sont musulmans sunnites mais pas Arabes. Et en tant que non-arabes, ils sont voués à un statut d’infériorité par les Frères. Venus se plaindre auprès du Département d’État de leur marginalisation au sein du CNS, ils se sont entendus répondre qu’ils devaient se soumettre à l’autorité des Frères ou se débrouiller tout seuls. Rentrés à Istanbul très fâchés, ils se sont joints à d’autres opposants minoritaires pour démettre le président du CNS, Bourhan Ghalioun, totalement inféodé aux Frères, et le remplacer par un Kurde, Abdelbassett Saïda qui fera ce qu’il pourra – c’est à dire pas grand chose – pour ne perdre ni l’hospitalité des islamistes turcs, ni l’appui politique des néoconservateurs Américains, ni, surtout, l’appui financier des Séoudiens et des Qataris.

Tout cela fait désordre, bien sûr, mais est surtout révélateur de l’orientation que les États islamistes appuyés par les néoconservateurs américains entendent donner aux mouvements de contestation dans le monde arabe.

Ce ne sont évidemment pas ces constatations qui vont rassurer les minorités de Syrie et les inciter à la conciliation ou à la retenue. Les minorités de Syrie – en particulier, les Alaouites qui sont en possession des appareils de contrainte de l’État – sont des minorités inquiètes pour leur survie qu’elles défendront par la violence. Faire sortir le président syrien du jeu peut à la rigueur avoir une portée symbolique mais ne changera rien au problème. Ce n’est pas lui qui est visé, ce n’est pas lui qui est en cause, c’est l’ensemble de sa communauté qui se montrera encore plus violente et agressive si elle perd ses repères et ses chefs. Plus le temps passe, plus la communauté internationale entendra exercer des pressions sur les minorités menacées, plus les choses empireront sur le modèle de la guerre civile libanaise qui a ensanglanté ce pays de 1975 à 1990.

Il aurait peut être été possible à la communauté internationale de changer la donne il y a un an en exigeant du pouvoir syrien des réformes libérales en échange d’une protection internationale assurée aux minorités menacées. Et puisque l’Arabie et la Qatar – deux monarchies théocratiques se réclamant du wahhabisme – sont théoriquement nos amies et nos alliées, nous aurions pu leur demander de déclarer la fatwa d’Ibn Taymiyyah obsolète, nulle et non avenue afin de calmer le jeu. Il n’en a rien été. À ces minorités syriennes menacées, l’Occident, France en tête, n’a opposé que la condamnation sans appel et l’anathème parfois hystérique tout en provoquant partout – politiquement et parfois militairement – l’accession des intégristes islamistes au pouvoir et la suprématie des États théocratiques soutenant le salafisme politique.

Débarrassés des ténors sans doute peu vertueux du nationalisme arabe, de Saddam Hussein, de Ben Ali, de Moubarak, de Kadhafi, à l’abri des critiques de l’Irak, de l’Algérie et de la Syrie englués dans leurs conflits internes, les théocraties pétrolières n’ont eu aucun mal à prendre avec leurs pétrodollars le contrôle de la Ligue Arabe et d’en faire un instrument de pression sur la communauté internationale et l’ONU en faveur des mouvements politiques fondamentalistes qui confortent leur légitimité et les mettent à l’abri de toute forme de contestation démocratique.

Que les monarchies réactionnaires défendent leurs intérêts et que les forces politiques fondamentalistes cherchent à s’emparer d’un pouvoir qu’elles guignent depuis près d’un siècle n’a rien de particulièrement surprenant. Plus étrange apparaît en revanche l’empressement des Occidentaux à favoriser partout les entreprises intégristes encore moins démocratiques que les dictatures auxquelles elles se substituent et à vouer aux gémonies ceux qui leur résistent.

Prompt à condamner l’islamisme chez lui, l’Occident se retrouve à en encourager les manœuvres dans le monde arabe et musulman. La France, qui n’a pas hésité à engager toute sa force militaire pour éliminer Kadhafi au profit des djihadistes et à appeler la communauté internationale à en faire autant avec Bashar el-Assad, assiste, l’arme au pied, au dépeçage du Mali par des hordes criminelles qui se disent islamistes parce que leurs rivaux politiques ne le sont pas.

De même les médias et les politiques occidentaux ont assisté sans broncher à la répression sanglante par les chars séoudiens et émiratis des contestataires du Bahraïn, pays à majorité chiite gouverné par un autocrate réactionnaire sunnite. De même les massacres répétés de Chrétiens nigérians par les milices du Boko Haram ne suscitent guère l’intérêt des médias et encore moins la condamnation par nos politiques. Quant à l’enlèvement et la séquestration durable de quatre membres de la Cour Pénale Internationale par des «révolutionnaires» libyens, elle est traitée en mode mineur et passe à peu près inaperçue dans nos médias dont on imagine l’indignation explosive si cet enlèvement avait été le fait des autorités syriennes, algériennes ou de tel autre pays non encore «rentré dans le rang» des «démocratures», ces dictatures islamistes sorties des urnes.

À défaut de logique, la morale et la raison nous invitent tout de même à nous interroger sur cette curieuse schizophrénie de nos politiques et nos médias. L’avenir dira si notre fascination infantile pour le néo-populisme véhiculé par Internet et si les investissements massifs du Qatar et de l’Arabie dans nos économies en crise valaient notre complaisance face à la montée d’une barbarie dont nous aurions tort de croire que nous sommes à l’abri.

 

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[Source: Le Grand Soir, 27.8.2012]

 


 Syrie : les erreurs de calcul de la Turquie !

par Dr Amin Hoteit

Quand la Turquie s’est préparée à son rôle de «Directeur Régional pour la Recolonisation» en tant que «puissance néo-ottomane» ou «califat islamique moderne», elle a cru que son chemin serait sans encombres étant donné l’absence de stratégie arabe, l’isolement de l’Iran, et l’évolution des conditions régionales ayant rendu Israël incapable de tenir son propre rôle consistant, selon les théories de Shimon Peres, à promouvoir l’idée d’un «Nouveau ou Grand Moyen-Orient» fondée sur «la pensée sioniste» et «l’argent arabe».

La Turquie a vraiment cru que telle était la meilleure façon de s’assurer le leadership de la région pour commencer, puis celui du monde musulman ensuite… confortée en cela par ses atouts économiques, ses bonnes relations avec les peuples de plusieurs États indépendants d’Asie centrale, son passé Musulman doublé d’un présent qui aurait démontré la capacité des «Islamistes» à tenir les rênes de l’État turc et à neutraliser l’obstacle de son Armée «gardienne de la laïcité» instaurée par Ataturc!

Partant de cette vision, la Turquie ou plutôt le «Parti pour la Justice et le Développement» a lancé sa stratégie du «zéro problème» pensant qu’elle lui permettrait de faire sauter les frontières voisines et de faire oublier les tragédies historiques commises à l’encontre de plusieurs peuples et États de la région, avant de s’envoler vers son nouveau rêve impérial… Elle a donc «pris d’assaut» la cause palestinienne, cause centrale pour les Arabes et Musulmans [cause des peuples et non celle des régimes inféodés à l’Occident et à Israël], puis elle s’est lancée dans le tissage de relations stratégiques avec différents pays de la région en commençant par le plus proche et le plus important: la Syrie! En effet, dans un ouvrage publié en 2001, Daoud Oglu le théoricien du «zéro problème», avait souligné que la Turquie ne pouvait mener à bien ses projets impérialistes qu’en partant de Syrie, étape préliminaire pour assurer la profondeur stratégique rêvée!

Ici, il faut noter que la Syrie a répondu favorablement à la nouvelle politique d’ouverture de la Turquie et, en toute confiance, a établi un partenariat stratégique avec un État pourtant membre de l’OTAN «cultivant des relations particulières avec Israël», pensant que cette nouvelle approche lui permettrait au minimum de s’assurer de sa neutralité dans son conflit avec l’ennemi sioniste, et éventuellement de lui confier certaines missions dans le cadre de ce même conflit où elle n’afficherait plus son soutien flagrant à Israël.

Mais la Turquie n’a pas été honnête et avait prévu l’exact contraire de ce qu’elle proposait, puisque dès que l’agression occidentale sous ordres et plans US fondés sur la stratégie intelligente du «soft power» s’est abattue sur la Syrie, elle est entrée dans son rôle de «directeur de l’agression sur le terrain» et s’est posée en «donneuse de leçon» usant du langage condescendant des colonisateurs, comme si la Syrie faisait toujours partie de l’Empire ottoman! Ce fut manifestement sa première erreur de calcul, car la nouvelle lubie néo-ottomane s’est heurtée à la résistance arabe syrienne qui lui a interdit de restaurer un passé révolu faisant fi de sa dignité et de sa souveraineté; ce qui a déclenché la furie et la haine des dirigeants turcs qui se sont publiquement engouffrés dans le travail de sape de l’intérieur syrien.

À ce stade, la Turquie a joué le rôle de conspirateur sur deux niveaux:

Au niveau politique elle a parrainé des groupes d’agents du renseignement de divers pays et des catégories de revanchards haineux ou d’assoiffés du pouvoir avant de les organiser en un soi-disant «Conseil national syrien» [CNS] qui, en réalité, est à la solde des services et des intérêts étrangers en Syrie. Ce faisant elle a pensé que ce faux conseil serait une alternative aux autorités légitimes syriennes… Deuxième erreur de calcul, car tout comme ce CNS est né pour servir d’instrument de discorde extérieure, il a évolué vers encore plus de discorde intérieure jusqu’à se transformer en un cadavre puant devenu un fardeau pour ses concepteurs, la Turquie en premier!

Au niveau militaire elle s’est transformée en base de ralliement pour terroristes de toutes nationalités lancés à l’assaut de la Syrie, avant exécution d’une opération militaire internationale dont elle serait le fer de lance et en récolterait les bénéfices après l’avoir transformée en arrière cour de l’empire néo-ottoman ressuscité de ses cendres… Troisième erreur de calcul manifeste depuis qu’une telle opération dite «internationale» s’est révélée impossible et a poussé la Turquie à ne plus concentrer ses efforts que sur de sordides actions terroristes menées sur le sol syrien!

Le parti au pouvoir en Turquie a fini par mettre tous ses espoirs dans le terrorisme international et s’est imaginé que la Syrie allait s’effondrer en quelques semaines ouvrant le chemin de Damas au nouveau sultan ottoman… Quatrième erreur de calcul devant une Syrie dont toutes les composantes étatiques et civiles ont résisté face à la marée terroriste espérée invulnérable, ramenant la Turquie à la dure réalité qu’elle n’a pas daigné anticiper.

En effet, la Turquie s’est imaginée que la défense syrienne et de ses alliés régionaux de «l’Axe de la résistance», pourtant en parfait accord avec un front du refus de pays émergents sur la scène internationale, ne pourraient résister en cas d’une confrontation si bien menée et, qu’en tous cas, elle n’aurait pas à se mouiller… Cinquième erreur de calcul particulièrement dangereuse vu l’évolution du théâtre des opérations au détriment de ses folles ambitions. Nous n’en citerons que les conséquences fondamentales:

1. Échec définitif de la Turquie dans sa guerre terroriste contre la Syrie menée conjointement avec le «camp occidental des agresseurs»… D’ailleurs, elle-même est désormais intimement convaincue qu’il lui est impossible de renverser le gouvernement syrien, le peuple syrien étant le seul capable d’en décider.

2. Échec des efforts de la Turquie en faveur d’une intervention militaire directe visant à transformer l’essai, maintenant que toutes ses tentatives pour créer des «zones de sécurité», des «zones tampons», des «couloirs humanitaires», ou tout autre prétexte autorisant une ingérence militaire étrangère en Syrie ont lamentablement échoué face à la résistance syrienne, à la fermeté iranienne, et à la constance russe dans leur refus concerté d’un tel dénouement même s’il leur fallait en arriver à une confrontation militaire internationale, alors que la Turquie et ses alliés ne se sont pas préparés à une telle possibilité.

3. L’angoisse sérieuse de la Turquie quant au devenir des groupes terroristes qu’elle a accueillis sur son sol et dirigés contre la Syrie sous supervision US; ce qui doit nous rappeler le phénomène des «Afghans arabes» devenus un problème pour les pays qui les ont poussés à se battre contre l’Union soviétique en Afghanistan où, une fois les troupes parties, ils se sont transformés en «com-battants chômeurs» menaçant de tous les dangers; situation pas très éloignée de celle que risque de rencontrer la Turquie aujourd’hui! C’est pour cette raison qu’elle s’est hâtée de lancer ses appels de détresse aux USA pour l’aider à prévenir ce probable fléau… C’est pour cette même raison que se sont réunies dernièrement les forces de sécurité militaire des deux pays, contrairement à ce qui a été déclaré par les médias parlant de la mise au point des derniers préparatifs pour une intervention militaire en Syrie; alors qu’il s’agissait de défendre la Turquie craignant pour sa propre sécurité en cas d’une réplique lancée par la citadelle syrienne qui a résisté à sa violente agression par terroristes interposés.

4. L’angoisse non moins sérieuse de la Turquie devant certains dossiers qui sont sur le point d’exploser alors qu’elle a tenté de les dissimuler par sa prétendue politique du «zéro problème» transformée, en pratique, en politique de «zéro ami»; le plus dangereux dans cette affaire étant l’hostilité des peuples dépassant de loin celle des des gouvernements. Ainsi, quatre dossiers principaux menacent l’essence même de l’État turc et hantent ses dirigeants:

Le dossier sectaire: la Turquie a cru qu’en allumant le feu sectaire en Syrie elle s’épargnerait l’incendie. Elle a oublié que sa population était idéologiquement et religieusement aussi hétérogène et que les mêmes flammes pouvaient la brûler vu sa proximité géographique; ce qu’elle semble avoir maintenant compris…

Le dossier nationaliste: la Turquie a pensé qu’elle pouvait éternellement contenir le mouvement nationaliste kurde… Autre erreur de calcul, car ce mouvement est devenu tellement douloureux qu’il l’oblige à reconsidérer sérieusement l’ensemble de sa politique à son égard.

Le dossier politique: la Turquie s’est imaginée qu’en s’appuyant sur l’OTAN elle pourrait négliger les positions respectives des pays de la région et leur imposer sa propre vision conçue pour ses seuls intérêts, mais voilà qu’elle se trouve de plus en plus politiquement isolée, les pays sur l’amitié desquels elle espérait pouvoir compter dans son agression contre la Syrie s’étant éloignés par crainte de son ambition démesurée, et les pays qu’elle a traité en ennemis au point de croire qu’elle pouvait leur dicter ses ordres ou les écraser s’étant révélés capables de lui résister avec une force qui l’a déroutée… et l’a laissée dans la situation inattendue de «zéro ami»!

Le dossier sécuritaire: la Turquie tente vainement de nier le recul de la sécurité sur son territoire, devenu extrêmement pénible pour ses commerçants et plus particulièrement pour ceux qui travaillent dans le secteur du tourisme et qui auraient perdu plus de 50% de leurs revenus réguliers au cours des six derniers mois!

Tout ce qui précède montre que la Turquie est à la traîne derrière les USA qu’elle supplie de la sortir du bourbier dans lequel elle s’est enfoncée! Elle a non seulement échoué dans son agression contre la Syrie et a dévoilé la fausseté de sa politique et de toutes ses déclarations, mais elle n’est même plus sûre de sauver les cartes qu’elle pense encore détenir, maintenant que les manifestations à Antioche, les revendications arméniennes, les attaques kurdes, les opposants intérieurs de tous bords à la politique du gouvernement actuel, et le refus de coopération doublé de la méfiance des pays de la région sont devenus autant de facteurs réunis pour générer des vents contraires aux projets impérialistes d’Erdogan et de son ministre des Affaires étrangère rappelant, en la circonstance, l’anecdote de l’arroseur arrosé!

27/08/2012

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[Source Al-Thawra, www.thawraonline.sy/ind
ex.php/site-word/8693-2012-08-27-08-12-18
Mondialisation.ca, le 29 aout 2012]

[Traduction de l’arabe Mouna Alno-Nakhal pour Mondialisation.ca]

 


Syrie: le Sommet des non-alignés à Téhéran…
gifle retentissante à l’impérialisme occidental?

Dès la première semaine de sa présidence du Conseil de sécurité, la France a tenu à fixer le 30 août pour la convocation d’une réunion destinée à «discuter du cas syrien»; ce qui pose la question de savoir pourquoi elle a choisi une date aussi tardive malgré l’accélération des événements sur le terrain et l’évolution de la situation politique, notamment depuis que M. Kofi Annan a été poussé à démissionner de son poste d’émissaire onusien chargé d’apporter une solution pacifique à la crise.

Avant d’examiner cette question nous rappelons que, dès le début de «la crise syrienne», la France a joué un rôle de premier plan non seulement par son ingérence à tous les niveaux mais aussi en se posant comme «le pays d’accueil» d’une prétendue «opposition syrienne» qui s’est traduite sur le terrain par le terrorisme tuant et déplaçant les Syriens… En effet, le gouvernement français a contribué avec ceux de quatre autres pays (États-Unis, Turquie, Arabie saoudite, Qatar) à encourager les actes terroristes en Syrie et à empêcher toute solution politique fondée sur le dialogue national entre Syriens de tous bords, se révélant de plus en plus pressé de se débarrasser des autorités syriennes pour leur substituer un gouvernement inféodé à l’Occident et de préférence à lui-même!

Il est évident que la France ne décide pas seule de son degré et de son timing d’ingérence dans les affaires syriennes, mais qu’elle agit en parfaite coordination avec «le camp des agresseurs de la Syrie sous direction des États-Unis», d’où le choix du 30 août dicté par les besoins et objectifs de ce camp et se rapportant à deux raisons principales.

1. La première raison correspond à leur volonté de préparer l’environnement international à une résolution du Conseil de sécurité qui puisse leur permettre d’atteindre leurs principaux objectifs en Syrie et dans la région, après avoir levé les obstacles engendrés par les vetos de la Russie et de la Chine qui ont fait échouer le plan échafaudé pour justifier leur ingérence en Syrie. C’est pour cela que chacun de ces cinq gouvernements, à commencer par celui de la Turquie, s’est remis aux lamentations humanitaires et à la promotion de zones tampons ou «zones de sécurité pour terroristes» tout en appelant à la formation d’un «gouvernement de transition» qu’il serait prêt à reconnaître! Mais pour autant, les groupes terroristes n’ont pas cessé de perpétrer assassinats et massacres d’une bestialité sans pareille dans plusieurs régions syriennes, notamment à Darraya et Germana près de Damas*; ce qui, à notre avis, ne modifiera en rien l’opinion de tout observateur raisonnable. En effet:

1.1. Concernant les couloirs humanitaires, les zones tampons ou de sécurité… il n’est pas inutile de rappeler que la Russie et la Chine persistent dans leur refus de toute ingérence et dans leur soutien à la «Déclaration de Genève» qui ne reconnait que la solution du dialogue sans aucune atteinte à la souveraineté de l’État syrien. Par conséquent, s’entêter à créer de telles zones, en dehors du Conseil de sécurité, signifie la guerre contre la Syrie menée par ce même camp et donc par l’OTAN dont nous connaissons les réticences face aux risques d’une nouvelle guerre, ainsi que les insuffisances militaires surtout depuis que l’Iran a fait savoir sa ferme décision d’intervenir en cas d’agression. C’est ainsi que nous comprenons les paroles du Président syrien et de ses alliés qualifiant d’«irréalistes» ce subterfuge de «zones…», quel que soit le nom qu’on leur donne!

1.2. Concernant le «gouvernement de transition» que la France exige et se hâte de concocter s’imaginant que «les multiples oppositions syriennes», qui n’ont même pas réussi à se mettre d’accord sur un Conseil unique qui les réunisse alors qu’elles sont sans autorité aucune, puissent construire une autorité gouvernementale représentative des Syriens, sans terre, sans peuple, et sans autre pouvoir que celui «du terrorisme sous ordre multinational». Une telle exigence est donc toute aussi inefficace et irréaliste que la précédente!

1.3. Reste l’exploitation de la carte des «massacres à répétition» manifestement programmés avant chaque réunion du Conseil de sécurité consacrée au cas syrien pour être faussement attribués à l’Armée et aux autorités syriennes… Il va sans dire qu’elle est désormais grillée et obsolète aux yeux de bon nombre d’États puissants de la planète, maintenant que le monde s’est divisé en deux camps plus que méfiants l’un vis-à-vis de l’autre!

2. La deuxième raison correspond à leur volonté de nuire à l’Iran et de perturber le «Sommet du Mouvement des non-alignés» prévu à Téhéran le 30 Août justement, ce même jour choisi par la France pour la réunion du Conseil de sécurité sous sa présidence, depuis qu’avec ses alliés elle a clairement pressenti que le succès de ce Sommet serait une gifle retentissante donnée par l’Iran à l’Occident et plus particulièrement aux États-Unis qui n’ont cessé de tenter de l’intimider militairement, de l’isoler diplomatiquement, et de lui imposer un blocus économique de plus en plus serré sous l’éternel prétexte de son ambition nucléaire qui menacerait la paix. Mais malgré le mépris des médias occidentaux faisant comme si un tel Mouvement n’existait pas, et malgré toutes les tentatives occidentales pour boycotter sa réunion en faisant pression sur tel ou tel gouvernement pour en réduire le niveau de participation, semer la zizanie entre les participants, et surtout jeter le doute sur ses décisions et recommandations, le Sommet de Téhéran est une réussite puisqu’il a abouti à ce qui suit:

2.1. Le rééquilibrage des relations internationales après dépoussiérage du «Mouvement des non-alignés» en déclin depuis la disparition de trois de ses dirigeants historiques (Nasser, Tito et Nehru) et la dissolution de l’Union soviétique. Un rééquilibrage qui constitue une nouvelle étape sur la voie d’un monde multipolaire après celle des trois double-vétos russes et chinois qui ont empêché les États-Unis d’utiliser le «Conseil de sécurité» pour mettre en œuvre leurs politiques d’agression et les ont poussés, en désespoir de cause, à solliciter «l’Assemblée générale des Nations Unies» pour camoufler leur échec et faire croire qu’ils contrôlaient toujours la «communauté internationale». Un rééquilibrage rendu possible par la volonté de 120 pays réunis à Téhéran autour de décisions justes et rationnelles pour le bénéfice de tous les peuples et loin de toute soumission aux diktats de la seule puissance US. Il n’est donc pas exagéré de dire que nous avons assisté à une «seconde naissance du Mouvement des non-alignés», à l’initiative de l’Iran, prélude certain d’un nouvel ordre mondial!

2.2. La démonstration du ridicule de la logique de certains gouvernements occidentaux et de leurs médias hostiles à l’Iran qui, par son accueil à tous ces pays du monde réel, reprend sa juste place dans le cortège des nations de la communauté internationale malgré toutes leurs allégations contraires.

2.3. Un éclairage nouveau sur la réalité d’un pays musulman qui a réussi sa révolution et son indépendance en mettant ses richesses et ses capacités au profit de réalisations nationales incontestables et à l’abri de toute hégémonie ou servitude étrangères, ce dont les Iraniens ne sont pas peu fiers!

2.4. La recherche sincère d’une solution à la crise syrienne par le respect de la volonté du peuple syrien, seul habilité à décider en toute indépendance de la composition de son gouvernement qui ne saurait arriver sur les chars des forces d’occupation… La simple adoption d’une telle position par le «Sommet des non-alignés» est susceptible de conduire à l’échec de tous les plans US et de ses suiveurs à l’Assemblée générale des Nations Unies.

2.5. La résistance face à l’hégémonie US et au colonialisme occidental en plus de la remise en question du fonctionnement des instances internationales et de la restructuration du Conseil de sécurité… Même si nous sommes conscients que ces révisions ne se réaliseront pas de si tôt, il n’en demeure pas moins que ce Sommet qui a réuni  les deux tiers des pays du monde se dirige dans cette direction; ce qui met au défi l’Occident et plus particulièrement les États-Unis confrontés à la volonté de la communauté internationale réclamant la justice et la stabilité.

Globalement, nous pouvons donc dire que «le Sommet des non-alignés qui s’est tenu à Téhéran» est un épisode supplémentaire de la série des victoires de l’Iran et de ses alliés qui, ajouté aux épisodes précédents, constitue un camouflet à l’Occident en situation d’échec, et augure d’un Nouvel Ordre Mondial plus équilibré et d’un Moyen Orient appartenant à ses peuples!

Dr Amin Hoteit

31/08/2012

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[Source:Al-tayyar
http://www.tayyar.org/Tayyar/News/Political
News/ar-LB/amine-heteit-hh4933.htm
Global Research
, septembre 01, 2012]

[Traduction Mouna Alno-Nakhal pour Mondialisation.ca]

 


Syrie

Quelques vérités sur la Syrie
Interview de Bassam Tahhan

par Frédéric Saillot, 12 septembre 2012

J’ai pris contact avec Bassam Tahhan au lendemain de l’émission présentée par Frédéric Taddeï le 4 septembre, «Ce soir où jamais», dont la deuxième partie était consacrée ce soir-là à la situation en Syrie. J’ai été étonné par la pertinence de ses propos et la façon dont pour une fois à la télévision un vrai spécialiste «renvoyait dans les cordes» la journaliste mercenaire Florence Aubenas et les faux spécialistes attitrés des médias, l’inévitable Mathieu Guidère et le pontifiant Dominique Moisi. À l’évidence Bassam Tahhan connaît son sujet. Originaire d’Alep, où vit sa famille avec laquelle il est en contact quotidien, c’est en major de sa promotion à l’Université d’Alep avec la distinction Gulbenkian des Universités du Proche-Orient qu’il fait son arrivée à Paris voici une quarantaine d’années, où il passe plusieurs maîtrises et un doctorat en lettres françaises à l’École Normale Supérieure sous la direction de Roger Fayolle. Enseignant à Paris III, 1er maître de conférences d’arabe à l’École Polytechnique, titulaire de la chaire supérieures de lettres arabes en France, il enseigne actuellement en classes préparatoires à Henri IV. Également directeur de séminaire au collège interarmées de Défense et consultant auprès du gouvernement marocain, c’est un spécialiste mondialement reconnu de l’islam dont il prône la réforme ainsi qu’une lecture historique et critique du Coran. Depuis le début de la crise syrienne il est porte-parole du Collectif pour la Syrie1, qui prône le dialogue entre toutes les tendances de l’échiquier politique syrien pour trouver une solution à cette crise, avec pour principe que cette solution doit être trouvée par les Syriens eux-mêmes, sans ingérence étrangère. Ce qui est conforme à la résolution adoptée par l’ONU à la conférence de Genève le 30 juin dernier, proposée par la diplomatie russe, et que les Occidentaux s’ingénient à saboter depuis sans résultats autres que l’aggravation des violences, notamment djihadistes, sur le terrain.

Comme il l’avoue lui-même, Bassam Tahhan est «un homme de l’oral», un oriental pratiquant l’art de la digression qui paraît s’éloigner d’un sujet qui finit toujours par être traité au cœur. C’est avec un très grand intérêt que je l’ai écouté au cours de ce très riche entretien, où il traite aussi bien de la crise des médias en France que des derniers développements de la situation en Syrie, qu’il replace avec une grande pertinence dans le contexte géopolitique et géostratégique du Moyen-Orient:

Frédéric Saillot : Je vous ai écouté hier soir sur BFM à propos de la situation en Syrie. J’ai été étonné par l’incompétence sur le sujet d’un des journalistes présents sur le plateau, Ulysse Gosset, dont l’interview de l’ex-général déserteur de l’armée syrienne, Manaf Tlass, «exfiltré» par les services spéciaux français, était passée en boucle toute la journée…

Bassam Tahhan: Dans chaque chaîne des médias français, il y a un «Monsieur de l’international», parfois ils sont plusieurs, mais il y a un patron de l’international. Et il est très difficile pour une seule personne de couvrir les événements du monde et d’être spécialiste dans tous les domaines, à moins d’être un baratineur comme beaucoup de gens qui vous noient de petits détails mais qui n’ont aucune vision d’ensemble. Dans le genre Adler par exemple. Vous l’écoutez, il est capable de vous parler de tout et de rien avec une rhétorique creuse. Je ne parle d’ailleurs pas simplement de lui, cette rhétorique creuse concerne tous les «Monsieur de l’international», parce qu’ils sont obligés de meubler, de dire qu’ils savent, qu’ils sont au point, qu’ils sont à la page, mais il est très difficile à un esprit humain aujourd’hui d’être encyclopédiste comme au Moyen Âge, parce que le savoir humain n’est plus celui du Moyen Âge et on a des techniques beaucoup plus modernes, donc il est très difficile pour ce «Monsieur de l’international» sur chaque chaîne, d’être pertinent et percutant. Par exemple dans l’émission où je suis passé sur FR3 le 4 septembre, «Ce Soir ou jamais», il y avait un monsieur qui a parlé de la situation actuelle en Syrie, en comparant ça à la guerre civile d’Espagne, et qui était de la palabre creuse, de la rhétorique.

F.S. : Oui, Dominique Moisi, de l’IFRI (Institut Français de Recherches Internationales), je l’ai écouté sur d’autres sujets, c’est en effet un «Monsieur de l’international»

B.T. Oui, moi je suis pas un «Monsieur de l’international»

F.S. : Vous êtes un spécialiste du sujet

B.T. Vous savez, c’est comme tous ces gens que forme Sciences Po, je n’en ai pas une très haute idée. Je n’ai pas suivi les cours de Sciences-Po mais j’ai des élèves qui l’ont fait faute d’avoir pu intégrer une grande école. À mon avis Sciences Po n’est pas une grande école bien que de très bons éléments y aient été formés. On vous dit: «la culture du concombre au Cameroun», et il faut être capable – et c’est pareil pour les énarques – même si vous ne connaissez pas vraiment ni le Cameroun ni le concombre, de disserter dix minutes d’une manière brillante et convaincante sur la culture du concombre au Cameroun. C’est un peu ça les médias français aujourd’hui, et ça concerne toutes les personnalités de l’international des médias en France: un discours rhétorique creux, de la palabre, parfois en s’égosillant pour bien prononcer les noms propres étrangers, comme quoi on respecte et on connaît, c’est ri-di-cule! C’est un discours vain! Et évidemment quand ils affrontent un vrai spécialiste du domaine, ils perdent des plumes, ça leur fait de l’ombre…

F.S. : Vous avez notamment renvoyé dans les cordes mardi dernier à «Ce soir ou jamais», Mathieu Guidère, le spécialiste invité systématiquement à chaque fois qu’il y a un problème concernant le monde musulman.

B.T. : Mathieu Guidère je vais vous dire qui c’est: il a l’âge de mes élèves, il a été agrégé d’arabe il y a de cela dix-sept dix-huit ans déjà. C’est quelqu’un qui travaille pour l’armée française, il a d’ailleurs francisé son nom, et qui travaille pour le Qatar aussi. Il a été à la cour du prince du Qatar pour former de jeunes membres de la famille, voilà. Donc forcément, il y a un proverbe arabe qui dit: «Qui mange du plat du sultan, frappe avec son sabre». Donc Guidère ne peut en aucun cas être objectif pour tout ce qui concerne le Qatar, puisqu’il mange dans l’écuelle du prince. Quant à ses renseignements – il avait d’ailleurs sur le plateau un comportement un peu facho en déclarant qu’il crierait plus fort, mais j’ai pas joué du tout à crier plus fort, je contredisais simplement de temps en temps les chiffres qu’il avançait…

F.S. : Oui, en effet il a cité l’AFP

B.T. : L’AFP et l’OSDH! Monsieur Guidère a toujours des sources sûres. Quelles sont ces sources sûres? On m’a proposé il y a longtemps, sur le dossier nucléaire irakien – parce que moi aussi j’ai formé des militaires, mais c’était dans le cadre de grandes écoles ou de stages, je n’ai jamais été fonctionnaire, on ne m’a jamais confié de traductions secrètes, confidentielles pour les services secrets. Lui, je crois qu’il l’a fait, alors il croit que parce qu’il a eu entre les mains quelques papiers qu’on a ramassés par-ci par-là, il a la vérité révélée. Et les médias, c’est un profil qui leur plaît, surtout qu’il est là pour défendre l’idéologie ambiante du pouvoir! On parle de liberté d’expression, mais moi j’y crois pas, la France n’a pas la liberté d’expression. Je peux écrire tout comme Pascal Boniface, que j’aime beaucoup, dans son dernier livre, un autre livre sur les démêlés que j’ai eus avec les médias depuis bientôt 38 ans que je suis en France. Ce genre de profil plaît aux médias, parce qu’il a tout pour plaire et pour être instrumentalisé pour défendre la politique de l’État. Alors dites-moi franchement: quelle est la différence entre la télé syrienne, qui fait exactement la même chose, et les médias français? Je trouve que la télé syrienne, dans ce cas-là, est plus honnête. Et il n’y en a qu’une seule, tandis qu’en France on a plusieurs télés, mais qui en fait reviennent à la même leçon de morale et au même message. Non, c’est ridicule, franchement.

F.S. : Ce que vous dites sur le muselage des médias en France est tout-à-fait juste, pensez-vous qu’il y a une interaction entre médias et opérations sur le terrain pour revenir à la Syrie?

B.T. : J’ai donné le numéro de téléphone de mon frère en Syrie à des journalistes français. Ils l’ont appelé avant-hier, et apparemment ça a été brouillé la première fois, la journaliste elle-même lui a dit: «je crois qu’on est brouillés», on entendait parler d’autres langues, puis ça a été coupé. Tout le monde sait, c’est un secret de polichinelle, que les services secrets français, britanniques et américains, avec l’aide de la Turquie, basés à mon sens en Jordanie également, n’en déplaise à Fabius, et en Turquie, brouillent toutes les chaînes de communication avec la Syrie, c’est clair. Et tout ce qui est Syrien ici à Paris en ce moment est sur table d’écoute, c’est évident. Donc peut-être même que les renseignements que vous donnez sont exploités dans les opérations, mais ça on n’y peut rien: un individu peut-il lutter contre un establishment? Il est perdant d’avance, mais cela n’empêche qu’il peut au moins faire quelque-chose, ce petit galet peut peut-être, comme on, dit soutenir la grande jarre.

F.S. : Vous avez été spécialiste de la question syrienne à I>télé.

B.T. : J’ai commencé mes interventions télévisées pour ne rien vous cacher en 2003, sur l’invasion de l’Irak. J’ai été contacté par un institut de stratégie me promettant qu’ils allaient plus ou moins m’embaucher, me confier des sujets à traiter, et puis je me suis rendu compte que ces instituts de stratégie sont souvent des sociétés écrans qui cachent beaucoup de choses. Par exemple: on vous commande une étude très précise sur un pays précis et vous ne savez pas à qui elle est destinée, à qui elle est revendue. On vous donne 10.000 euros pour faire une étude sur les frères musulmans en Égypte par exemple, ça a été le cas en 2004, vous voyez, donc bien avant. Moi tout naïf j’ai dit: «Admettez que j’aille en Égypte et que je vous fasse une étude sur les frères musulmans – je suis linguiste et je parle syrien et égyptien couramment – et si jamais on m’arrête là-bas? Est-ce que j’ai une couverture ou quoi que ce soit?». On me dit: «Mais pourquoi ils vous arrêteraient?». Je réponds: «Mais écoutez, je vais sûrement être filé par les services secrets égyptiens, ils vont voir que je rencontre des gens, des frères musulmans et je vais peut-être me retrouver en taule». Alors on me dit «Et bien non, personne ne répondra de vous». J’ai compris rapidement que beaucoup de ces instituts de recherche commandent des études qui sont en fait revendues à des États étrangers ou à des services secrets. Peut-être que j’ai été pressenti parce qu’ils ont vu que je connaissais bien l’Égypte et le monde arabe, que je parle plusieurs dialectes arabes, mais j’ai refusé. J’ai refusé non pas parce qu’en cas de pépin personne ne me recouvrirait, mais parce que j’ai trouvé quelque chose de malhonnête dans tout cela. C’est vrai, c’est une voie difficile, mais j’ai toujours choisi les voies difficiles. Ca ne rapporte pas d’argent, mais au moins il y a une éthique dans ce que vous écrivez, et ça j’y tiens. Chose que peut-être ceux qui travaillent avec les services secrets français n’ont pas, et qu’on voit parader sur les plateaux de la télé.

F.S. : C’est là que vous avez commencé à faire du journalisme alors?

B.T. : Oui, c’était en 2003, j’ai un peu commenté ce qui se passait en Irak, c’était sur LCI. Le correspondant de LCI aux États-Unis m’avait écouté et il leur a dit: «il faut inviter cet inconnu de Tahhan, il parle très bien». J’ai été invité, c’était gratos, et suite à cela j’ai été remarqué par I>télé. Ils m’ont invité et chez eux j’étais payé. Ils m’ont dit: «Vos interventions nous plaisent, on vous embauche.» J’étais intermittent du spectacle, en contrat déterminé, et que je vienne ou pas je touchais une petite somme. Mais c’est là qu’on se rend compte qu’il n’y a pas de liberté d’expression. Car à I>télé mon aventure aura été très courte, un an et quelques mois. Plusieurs épisodes m’ont fait comprendre que j’étais indésirable en fait, même si, selon beaucoup, mes interventions avaient du succès. Par exemple: Moqtada al-Sadr était assiégé en Irak, et voilà que les journalistes me posent la question: «Vous pensez pas que pour éviter l’effusion de sang, Moqtada al-Sadr devrait sortir et se rendre, comme ça on ne détruit pas la mosquée, on ne détruit pas les cimetières d’à côté et les civils et tout?», j’ai répondu: «Écoutez, Moqtada al-Sadr, si vous avez remarqué, a un turban noir. C’est un chiite, et tout chiite qui a un turban noir est descendant du prophète. Or, lui il est où? Il est dans une mosquée, dans un établissement religieux qui est la propriété des descendants du prophète, alors c’est à qui de quitter la maison? Au propriétaire de la maison? Ou à celui qui vient en agresseur? C’est les États-Unis, c’est l’armée américaine qui devraient partir et laisser tranquille Moqtada al-Sadr.» Suite à cette émission, j’ai eu un coup de fil du ministre de l’Éducation nationale au Maroc que je connais, il m’a dit: «Bravo Bassam, c’est très bien ce que tu as dit, mais je crois que c’est pas du politiquement correct ça pour une chaîne française, tu risques de le payer cher». Effectivement il s’était pas trompé. Il y a eu une autre émission sur Arafat, où j’ai dit que si l’on traite Arafat de terroriste, les fondateurs d’Israël l’étaient également. Mais paix à leurs âmes tous, bon, pour leurs peuples c’étaient des héros! Ben Gourion par exemple, ou d’autres, si Arafat est terroriste, dans une certaine lecture eux aussi le sont! C’était en 2004, et à la fin du mois je reçois ma fiche de paye où il n’y avait que la moitié de ce que je touchais d’habitude. Je prends mon téléphone, j’appelle la secrétaire je lui dis: «Mais enfin je comprends pas, c’est la moitié», et elle dit: «Attendez c’est peut-être une erreur» et puis elle regarde et elle me dit: «Non, c’est le directeur qui a signé». Et puis après on ne m’a plus appelé. J’ai appelé pour intervenir, comme cela se faisait, mais plus rien. Ils étaient tellement lâches, voyez, qu’ils n’avaient pas le courage de m’inviter au bureau, de me dire: «écoutez monsieur Tahhan, on n’est pas d’accord avec vos positions, vous nous excusez, puis c’est tout», non!

F.S. : Ca aurait été avouer.

B.T. : Oui, peut-être, alors suite à cela, moi, quelques mois après, j’ai invité ce directeur qui m’avait embauché à déjeuner, à l’orientale. Il n’a soufflé mot de tout ça. Il me regarde comme si de rien n’était, et voilà ça c’est terminé comme ça. Voilà mon histoire avec I>télé. Par la suite un rédacteur en chef à I>télé, qui y est toujours, m’a dit: «Bassam, j’ai entendu dire dans la maison que tu faisais beaucoup d’ombre à leurs vedettes, tu étais très télégénique, franchement, et tu parlais bien, mais c’était pas dans la ligne de la rédaction. C’est-à-dire: tu étonnais par tes positions.» J’avais par exemple critiqué l’ambassadeur américain aux Nations Unies, j’avais dit que c’était l’Antéchrist de la démocratie, quelqu’un qui avait trempé dans des affaires louches avec la CIA. Ça a aussi compté sans doute, et ce qui est curieux c’est que j’ai été limogé si je puis dire suite à la visite du directeur de la chaîne aux États-Unis. Est-ce qu’il y a un lien à faire, je n’en sais rien. Mais peut-être qu’ils ont vu que j’avais une audience et qu’il fallait me réduire au silence, ce qu’ils ont réussi à faire. Je peux vous en raconter d’autres sur d’autres chaînes et d’autres radios. Alors qu’on arrête de me dire que l’information en France est libre, qu’il y a une liberté de penser et d’expression, c’est totalement faux. Le jour où l’on fera le procès des médias en France, on va découvrir des choses vraiment à plus que rougir de honte, parce qu’on nous fait avaler à longueur de journée des couleuvres et on nous traite comme de veaux.

F.S. : C’est d’autant plus scandaleux que la France est un pays où la presse a pris naissance. Je voudrais maintenant vous poser une question sur la genèse de la crise syrienne: j’ai entendu deux versions différentes et peut-être complémentaires de la genèse de cette crise, l’une dans la bouche de Gérard de Villiers lors de l’émission «Ce soir ou jamais» le 4 septembre, qui a parlé d’une révolte des frères musulmans à Deraa…

B.T. : Oui, et qui n’était pas pacifique, c’est vrai.

F.S. : …qui a été réprimée de façon assez musclée par l’armée syrienne et c’est cela qui a provoqué une réaction en chaîne, une escalade, avec la demande des frères musulmans – lesquels avaient été sévèrement réprimés par Hafez el Assad, le père de l’actuel président en 82 – qui ont fait appel au Qatar, lequel État aide les frères musulmans partout dans le monde…

B.T. : Le Qatar et l’Arabie saoudite, les deux! On a même des dons des particuliers de tous les pays du Golfe. C’est pour se faire pardonner les soirées bien arrosées en Occident, c’est dans la mentalité musulmane: on donne pour se faire pardonner, vous voyez. Et même la femme du prince Bandar, ambassadeur de l’Arabie saoudite aux États-Unis avait transporté des fonds, la femme de Bandar, qu’elle a donnés à certaines personnes qui étaient impliquées dans les attentats du 11 septembre, et ça embêtait beaucoup l’administration américaine… Vous voyez à quel point l’islam de ces pays du Golfe est quelque chose de très difficile à cerner, il est très difficile d’en démonter tous les rouages…

F.S. : …et donc la deuxième version de la genèse de la crise syrienne c’est vous même qui l’avez donnée en évoquant le printemps arabe en Tunisie qui a connu des échos en Syrie mais qui très rapidement a été instrumentalisé par les Occidentaux et les États-Unis qui ont profité de la situation pour briser l’arc chiite – vous êtes vous-même l’inventeur de ce concept – arc chiite dont la clé de voûte se trouve en Syrie, donc pouvez-vous revenir sur la genèse de la crise syrienne?

B.T. : Bien avant le printemps arabe voyez-vous, il y avait une arête dans la gorge des pays du Golfe, de leurs princes – ça c’est une expression arabe – qui leur est restée dans le gosier, ils ne pouvaient pas l’avaler, vous allez comprendre pourquoi. C’est que pendant la guerre du Hezbollah contre Israël, en 2006, Bachar el Assad qui avait soutenu le Hezbollah, avait prononcé un discours en utilisant une phrase de l’imam Ali, cousin du prophète, la figure du chiisme, et qui était de traiter les musulmans qui ne l’ont pas soutenu, lui Ali, de demi-hommes: «O demi-hommes!» Et dans la bouche de Bachar, ça avait un impact sur la psychologie de tous ces princes du Golfe qui étaient traités de demi-hommes. Si vous voulez vraiment humilier un Bédouin, traitez-le de demi-homme, ou comparez-le à une femme. Et ça il l’a dit parce que tout le monde savait que les pays du Golfe avaient soutenu le gouvernement Siniora au Liban pour donner le feu vert à Israël de complètement écraser le Hezbollah. Or Israël n’a pas réussi à écraser le Hezbollah. Et ils se rendaient compte que les Alaouites en Syrie, alliés de l’Iran, formaient un croissant chiite important qui empêchait leur politique de propagande et de prosélytisme de l’islam de tourner. Parce que dans l’histoire récente de l’islam chiite, après l’arrivée d’Assad au pouvoir, il faut retenir plusieurs dates: 1970, Assad arrive au pouvoir, il commence à aider les chiites du Liban en tant que minoritaires. Les chiites du Liban ne sont pas alaouites, ils sont un peu différents mais c’est la même famille. Quand Khomeiny arrive au pouvoir, dix ans après environ, Assad aide Khomeiny dans la guerre contre Saddam. Il devient un allié important. S’il y a eu des progrès dans l’industrie balistique et la fabrication de missiles en Iran, ça doit beaucoup au père Assad. Ce Bismark du Proche-Orient a compris que les prochaines guerres seraient des guerres de missiles. Quand il a vu que Saddam arrosait l’Iran de missiles et que l’Iran n’avait pas la technologie des missiles, il a envoyé en Iran ses missiles qui ont été démontés, fabriqués, modernisés, avec toute la technologie dont il disposait qui était à l’époque celle de l’Union soviétique, peut-être un peu chinoise, certains disent même un peu coréenne, j’ai pas vérifié dans les détails, c’est pas mon domaine. Toujours est-il que les frères musulmans et l’islam intégriste wahhabite, qui constituent deux tendances distinctes, se trouvaient dans le même camp face à ce qu’ils appelaient le danger stratégique des chiites constitué par l’Iran, avec un allié de l’autre côté qui faisait tenaille. Et n’oubliez pas aussi le Bahreïn, dont la majorité est chiite. Il est gouverné par un prince sunnite qui possède pratiquement tout l’archipel et où les citoyens chiites sont vraiment mal considérés par le pouvoir central, on l’a vu. Donc ça ça explique si vous voulez, une haine qui couve, qui n’attend qu’un événement pour sortir au grand jour et essayer de casser la Syrie. Il n’y a pas de complot, moi je m’oppose à ces théories complotistes, mais il y a en géostratégie, en géopolitique, un échiquier, et il y a des forces : des constantes et des variantes. Ces variantes sont dictées par le rapport de force des constantes. Donc si l’Arabie saoudite d’un côté trouve que l’alliance irano-syrienne est dangereuse pour ses intérêts nationaux, au moindre événement qui peut lui permettre de contrer cela, c’est une variante, et c’est ce qui s’est passé. Le printemps arabe en Syrie a connu cet essor, enfin cette tournure d’événements parce que sur l’échiquier il y avait cette opposition qui couvait, surtout après l’échec au Liban du gouvernement Hariri qui était soutenu par l’Arabie saoudite. Donc les Saoudiens ont bien compris que ce croissant chiite avait plusieurs cartes en main: il avait le Liban, il avait le Hamas, alors que le Hamas est sunnite, en Palestine. Car le Hamas avait beaucoup plus de rapports avec le croissant chiite, avec l’Iran et la Syrie, qu’avec l’Arabie saoudite et le Qatar. Ils ont essayé d’intervenir, mais ça n’a pas marché, pourquoi ça n’a pas marché? Mais les Palestiniens du Hamas n’étaient pas dupes, ils savaient que leur chef – que les Israéliens avaient cherché à assassiner par du poison en Jordanie – Khaled Meshaal, avait son siège à Damas. C’est Damas qui l’a accueilli. Vous voyez le jeu est très complexe. Donc ça a été une occasion en or pour le camp occidental, dès que le printemps arabe a pris naissance en Afrique du Nord, de déjà commencer à planifier comment il serait instrumentalisé et exploité en Syrie. Et ce fut le cas, et là, ce n’était pas uniquement les États-Unis et les Anglais, parce que d’habitude il y a en géopolitique une opposition anglo-saxonne/latine, la France est plutôt dans le camp latin, enfin, jusqu’à de Gaulle. Après les vedettes de Cherbourg, au temps de Pompidou la France est outre-Atlantique. Avec Mitterrand, les socialistes ont toujours aidé Israël, c’est connu. En 1956, c’est grâce au gouvernement socialiste qu’Israël a pu faire des progrès dans le domaine nucléaire. C’est Shimon Pérez, par ailleurs lui-même chercheur, qui était venu en France pour négocier les accords dans le domaine nucléaire. Dans la guerre de 56 Israël avait accepté le scénario d’intervenir, en contrepartie elle recevait une aide nucléaire, à l’époque où même la France n’avait pas de bombe nucléaire. Donc voilà la genèse… la meilleure preuve c’est que Assad, après les événements de Deraa, a reçu les notables de Deraa, et ils lui ont promis que tout rentrerait dans l’ordre. À peine sont-ils rentrés que c’est reparti de plus belle. Vous savez ce jeune garçon dont on prétend qu’il a été tué, violé, tout ça c’est de la blague. C’est suite à un prêche de Deraa et des villages à côté, les prêches des cheikhs, d’aller s’attaquer aux habitations des militaires syriens, comme quoi ce sont des alaouites, ce qui est faux, dans l’armée syrienne il y a pas que des alaouites. C’est impossible écoutez, les alaouites font deux millions et c’est une armée de 400.000 hommes, il y a un service militaire obligatoire vous pouvez donc pas dire que c’est une armée d’alaouites. Ils ont donc appelé les gens à aller s’attaquer à la cité militaire et à mettre à sac les habitations alors que les officiers étaient absents, et ce garçon Hamza a été abattu par une femme de militaire! Et alors encore une fois on cache la vérité, Al Jazeera s’en est mêlé. En tout cas si on veut faire un inventaire des mensonges de Jazeera, il y a de quoi remplir les rayons d’une bibliothèque entière. Et c’est dommage, parce qu’Al Jazeera était bien au départ mais maintenant il a perdu toute crédibilité. Aussi bien Al Jazeera qu’Al Arabiya, la chaîne rivale lancée par l’Arabie saoudite, et que les arabes appellent Al Hebria, la chaîne hébraïque, ça veut tout dire.

F.S. : Pouvez vous revenir sur cette opposition entre chiisme et sunnisme. Si j’ai bien compris c’est une querelle dynastique, mais sur le plan théologique est-ce qu’il y a une différence qui explique cette confrontation entre chiites et sunnites?

B.T. : Et bien vous voyez là on ouvre un grand dossier, comment vous répondre? Je peux le faire par des généralités. D’abord les sunnites sont de loin les plus nombreux dans le monde, ils sont un milliard et quelques, les chiites sont à peu près deux cent millions, c’est-à-dire peut-être un sixième des musulmans dans le monde sont des chiites, et les cinq autres sont des sunnites. Les chiites se distinguent par un clergé bien structuré, ça ressemble un peu à la hiérarchie chrétienne, il y a un chef suprême, qui est l’ayatollah, et puis il y a un clergé très bien structuré. Les chiites croient que celui qui doit succéder au prophète au niveau temporel et spirituel, doit être descendant d’Ali, c’est-à-dire du cousin du prophète, et de la fille du prophète qui est Fatimah. Pour les sunnites on peut en principe élire quelqu’un qui ne soit pas descendant du prophète mais en pratique les sunnites sur ces deux points ont fait exactement comme les chiites, mais sans fondement idéologique. D’abord, si vous remarquez la majorité des rois dans l’histoire étaient descendants du prophète ou se prétendaient tels: le roi du Maroc, il est descendant du prophète, le roi de Jordanie, il est descendant du prophète, qui fait exception à cela? Les Saoudiens, c’est vrai. Mais les Saoudiens vous savez c’est très récent, dans tous les cas de l’histoire quand il y a avait des califats c’étaient des descendants du prophète, même chez les sunnites. D’autre part on vous dit: il n’y a pas de clergé chez les sunnites, c’est faux. Ils disent qu’il y a pas de clergé mais en fait il y a un clergé. Cependant le système chiite est plus ouvert philosophiquement, parce qu’il n’a pas fermé la porte de l’effort personnel d’interprétation et d’exégèse. Alors que dans l’islam orthodoxe sunnite, dans la théologie comme dans le droit, cela se limite à quatre rites et vers l’an mille, c’est-à-dire il y a mille ans pratiquement, tout effort personnel a été condamné. Donc l’islam sunnite paraît si vous voulez plus traditionnaliste et plus formel tandis que le chiisme ouvre la voix à des visions religieuses beaucoup plus spirituelles. Mais vous me posez une question énorme. Toujours est-il que cet islam, ces deux islams, ont été affreux l’un vis-à-vis de l’autre, ils se sont massacrés pendant toute l’histoire de l’islam. Mais là ce qui gêne l’Arabie saoudite, pour revenir à la question du moment, c’est qu’elle voit d’un mauvais œil l’arrivée au pouvoir d’un clergé qui n’est pas sunnite et qui distribue de l’aide, qui n’a plus peur de cacher sa doctrine et qui comme eux fait la propagande du chiisme, autant en Afrique qu’en Amérique que partout ailleurs. C’est pour cela que le roi d’Arabie saoudite a dit qu’il fallait «écraser la tête du serpent», dans un mail ou un télégramme que WikiLeaks a révélé au grand jour. Et si vous lisez les recommandations de chaque congrès wahhabite, les chiites sont toujours représentés comme des ennemis, des mécréants. C’est donc très difficile de les réconcilier si dans le dogme wahhabite déjà, il y a un parti-pris contre cette minorité musulmane. Sans compter qu’une des régions les plus riches en Arabie saoudite est une région habitée par des chiites, le Hassa, et ils forment la majorité au Getaif. Et ces gens-là sont persécutés: chaque fois qu’ils se révoltent, ou qu’ils manifestent, les autorités saoudiennes disent qu’ils obéissent à un agenda étranger, c’est-à-dire aux Iraniens. J’ai eu beaucoup de discussions avec des sunnites, et s’ils apprennent que vous êtes chiite, tout de suite ils changent d’attitude, pour eux vous êtes un hérétique et parfois on entend «Il faut tous les massacrer les chiites!» Je l’ai entendu, j’étais comme ça en confidence avec un Saoudien, il m’a dit «Mais il faut tous les tuer! C’est quoi, un demi-million, pourquoi on s’en débarrasserait pas, ce serait fini! L’islam est un, c’est celui de la tradition mahométane, du prophète!» On élève le sunnite un peu partout dans le monde avec la haine des chiites, en leur faisant croire, moi je vois ça auprès de mes élèves maghrébins, que les chiites disent que Allah s’est trompé, qu’il aurait dû donner le Coran à Ali plutôt que de la donner à Mohamed. Chose qui est complètement stupide. C’est comme le protocole des sages de Sion, quand les Arabes en parlent, ils disent que c’est la vérité absolue alors que l’on sait que c’est un faux, un truc qui a été écrit pour être utilisé, notamment par les nazis, contre les Juifs. Ou ils vous disent par exemple que les chiites divinisent Ali ou alors: «qu’est-ce que c’est que ces pratiques, pourquoi ils s’auto-flagellent et tout?». N’empêche, que les sunnites ont pris quelque chose aux chiites alors que les sunnites n’admettent pas d’innovation dans les rites de prière. Vous savez la naissance du prophète musulman, c’est une fête chiite, que les fatimides chiites d’Égypte ont instaurée, et les sunnites aujourd’hui la suivent, donc ils sont en contradiction: si on n’innove pas dans les cérémonies religieuses alors pourquoi ils fêtent la naissance du prophète? Et n’oubliez pas, une dernière chose: pourquoi Damas? Et pourquoi tant de haine vis-à-vis des alaouites? Quand le califat va s’installer à Damas, c’est après les quatre premiers califes qu’on appelle orthodoxes, on s’est mis à maudire Ali sur toutes les chaires des mosquées de Syrie, et notamment la mosquée des Omeyyades, la mosquée centrale de Damas, jusqu’à l’arrivée d’un autre calife sunnite qui va interdire cette malédiction. Alors vous vous imaginez, les sunnites de Syrie, qui savent que dans cette mosquée Ali a été maudit pendant des siècles, que quelqu’un qui est alaouite gouverne, et les gouverne, ils peuvent pas avaler ça. Dans une perspective religieuse étriquée, pour eux c’est l’ennemi qui les gouverne. D’ailleurs quand ils disent du mal de ces alaouites qu’ils appellent nousrani, ils font un jeu de mot nousayri-nousrani, c’est-à-dire: nousayri, «espèce de chrétien». Ca dit tout de la tolérance de certains sunnites!

F.S. : J’ai écouté un certain nombre de vos interviews et les précisions que vous donniez sur le Conseil national syrien et l’Armée syrienne libre. Vous en parlez comme de conglomérats, est-ce que vous pouvez revenir dessus?

B.T. : Oui, aujourd’hui, je peux vous donner les dernières informations sur ces deux conglomérats. Aujourd’hui la France a lâché le Conseil national syrien. C’est-à-dire que les accolades données par Hollande aux cinq représentants du Conseil étaient juste d’apparence, la rentrée s’étant faite suite aux attaques de la droite, de Sarkozy et de Fillon, concernant le dossier syrien. Parce qu’ils se sont rendus compte – «ils» à l’Élysée et aux Affaires étrangères – que ce Conseil national syrien s’effilochait et ne représentait plus grand-chose. Maintenant, quant à l’Armée syrienne libre, comme dans le CNS il y a différents groupes armés qui ne se reconnaissent pas entre eux. Il y a eu d’ailleurs il y a trois-quatre jours des combats au nord d’Alep – d’Alep à la frontière turque c’est 45 km qui nous séparent – entre branches armées de cette ASL, une lutte entre bandes, parce que ce sont des bandes, qui représentent deux tendances de l’ASL. Et là hier, un autre général, vient d’essayer d’unifier ces forces à Alep, mais il n’a pas réussi: certains ont dit oui, d’autres non. Voilà les dernières informations sur le CNS qui s’effiloche, qui part dans tous les sens. L’Élysée a compris, parce qu’ils veulent former un gouvernement, que ce Conseil n’existe plus et il y a un changement de cap dans la politique française. Quant à l’Armée syrienne libre, ils ont compris aussi que c’était divisé, comment faire? Alors, ils ont «exfiltré» Tlass, qui est le plus gradé, dans l’espoir que ce Tlass, qui est le plus gradé des «défectionnistes», qui est sunnite, dont le père et la sœur habitent la France – ce sont des millionnaires sunnites – dans l’espoir que ce Tlass soit peut-être une carte importante que jouerait la France, parce que Tlass est soutenu par le Qatar mais pas par l’Arabie saoudite, parce que dès qu’il a annoncé sa défection, Al Jazeera s’est réjoui de l’accueillir, manque de bol il est allé en Arabie saoudite et pas au Qatar. N’empêche que maintenant les Français croient qu’après tout, pourquoi pas Tlass, alors ils me font vraiment rire parce que ce Tlass est détesté du peuple syrien, même des sunnites, parce que ils se disent: il est doublement traître, il serait alaouite, passe encore, il a volé le peuple, il est alaouite, les alaouites sont nos ennemis. Mais c’est pire, c’est un sunnite, dont le père a été ministre de la Défense, chef des Armées, on lui attribue des ventes d’armes, des commissions, enfin la famille Tlass n’a pas une odeur de sainteté auprès des sunnites de Syrie. Donc là aussi je crois que les Français ne savent pas quoi faire, parce que et l’Élysée et le Quai d’Orsay, sont peuplés d’incompétents. La France vit une période médiocre, on baigne dans la médiocrité la plus totale, non seulement dans la diplomatie mais dans beaucoup d’autres domaines. Ca va faire quarante ans que je suis en France et j’ai vu ce pays décliner sans arrêt. Et là aussi, dites-moi pourquoi les gens qui connaissent la situation, et de manière très profonde, ne sont jamais écoutés? Je ne vous cache pas que les Américains, en 82 ou 83, m’ont fait des ponts en or, pour aller à UCLA en Californie, présider un centre de documentation d’Orient contemporain. Et j’ai dit non, parce que moi franchement j’aime beaucoup la France, mon père aimait la France, c’est peut-être par fidélité à l’image du père, je suis francophone, francophile, voilà. Mais ce qui me fait mal au cœur, c’est qu’avec tout ça on n’est jamais écouté! Jamais!

F.S. : La France a du mal à trouver sa place dans la mondialisation, c’est vrai. Mais pour revenir à l’ASL, elle fait 30.000 membres?

B.T. : C’est ce qu’ils disent, 30.000, mais je ne crois pas à ce chiffre. Bon pour le chiffre, il y a des gens qui sont enrôlés qui n’ont même pas de barbe, 14-15 ans, on leur donne des armes, alors évidemment si vous intégrez tous ces gens-là, on peut peut-être dépasser les 30.000! Mais 30.000 vraiment militaires, j’en doute fort. Maintenant il faut pas oublier aussi que comme le Conseil national syrien est bourré de frères musulmans, d’islamistes de toutes tendances, il en est de même de l’ASL. Donc cette image que l’ASL serait laïque, avec 20% d’islamistes à côté, est complètement fausse. Parce que si nous prenons le nom des bataillons de cette ASL, suivez moi: «L’unification divine, ou monothéiste», «Les descendants du prophète», «Les libérateurs des mécréants», alors trouvez moi une armée dans le monde qui se croit une armée révolutionnaire et laïque et qui a toutes ces appellations religieuses: on se croirait dans un traité de droit ultra-orthodoxe du 11ème 12ème siècle! Non, c’est pas sérieux tout ça. Donc l’ASL, en gros il y a quatre groupes dans l’ASL en ce moment: il y a le premier qui s’est défait, Riad Al-Assaad, on a voulu faire de lui un maréchal, alors les autres qui sont plus gradés qui l’ont rejoint un an ou un an et demi après ont dit: «Mais enfin, pourquoi il serait maréchal, il n’est que lieutenant!», alors la réponse a été, c’est à mourir de rire tout ça, que oui mais lui a été le premier à faire défection! Et les autres de répondre que ce n’est pas une histoire de priorité. Alors là-dessus – vous voyez pourquoi on ne peut pas avoir une unité nationale au niveau de toute cette opposition bidon, je dis bien bidon – la déclaration du président du Conseil national aujourd’hui, par rapport à Tlass, ce sunnite gradé copain de Bachar, est que ce n’est pas parce qu’il a fait défection qu’il aura un poste dans la nouvelle Syrie. Donc la France se trouve le cul entre deux chaises, elle veut bien soutenir le Conseil national, c’est le «Club de Paris», elle s’est fait avoir avec ce «Club de Paris», avec le dossier Juppé. Ca veut dire c’est des gens: ce n’est pas un conseil, il n’est pas national, il n’est pas syrien. Mais à un moment donné, il fallait comme en Lybie qu’il y ait un Conseil dans l’espoir d’intervenir. La France a compris qu’elle pouvait pas intervenir, alors elle aurait souhaité qu’au moins ce Conseil s’entende avec l’ASL. Là aussi ça marche pas puisque son président condamne la nouvelle carte du génie fabiusien qui est d’exploiter Tlass pour la nouvelle Syrie. C’est-à-dire que peut-être ce Tlass ce super-grand général de l’Armée syrienne sunnite va pouvoir unifier cette ASL, mais même les gens de l’ASL voient en lui un traître.

F.S. : C’est quoi les trois autres composantes de l’ASL?

B.T. : Alors vous avez Assaad, c’est celui qui le premier qui s’est barré en Turquie, vous avez après deux autres aussi colonels qui sont comme des caïds, qui ont leur boutique, hein, et tout le monde, vous voyez, comme l’argent qui afflue sur la Syrie, vient de plusieurs sources, donc chacun, comme on dit en arabe, frappe avec le sabre de celui qui le finance. Donc il n’est pas étonnant que dans cette ASL, vous voyiez des gens pro-qatari, parce que c’est le Qatar qui paie, d’autres pro-Français, parce que c’est les services secrets qui exfiltrent, qui infiltrent, d’autres pour les Saoudiens, ils ne roulent pas tous pour le même maître, chacun représente plus ou moins la voix de son maître. Là hier à Alep est apparu un nouveau général, très gradé, qui dit unifier au moins sur Alep. Quand on voit tout ça, alors inutile de vous dire que cette armée institue des tribunaux d’inquisition islamiques. J’en ai parlé aujourd’hui sur BFM, vous avez un reportage sur la ville d’el-Bab, qui a été bombardée il y a trois-quatre jours, ils ont bombardé les écoles transformées en casernes pour les rebelles. Donc si vous voulez il n’y a d’union ni dans l’ASL, ni dans la Conseil national syrien, et bien malin est celui qui peut former un gouvernement. Là aussi il y a une erreur stratégique, politique et diplomatique que commet le France, et les autres, qui veulent lancer un gouvernement, ce gouvernement va être un élément supplémentaire de division parce que il y a déjà division. Si vous écoutez les témoignages, vous les scrutez, certains des ASL vous disent: «on va éliminer l’autre branche armée, dominer, et on va marginaliser le Conseil national, et c’est nous qui gouvernerons», vous écoutez le Conseil national: «on a formé un bureau de coordination des militaires au sein du Conseil national, on dominera l’ASL, on l’éliminera et c’est nous qui gouvernerons», et ainsi de suite. Donc comment voulez-vous former un gouvernement d’exil avec ces gens-là? C’est impossible. Et puis n’oubliez pas une chose, c’est que jusqu’à maintenant – admettez que sur le terrain il y a 300.000 soldats syriens, 350.000 et pas 438.000 comme disent les statistiques officielles à cause des «défections». Mais c’est pas des défections, c’est le problème des transports, un appelé ne peut plus rejoindre sa caserne s’il est au fin fond de la Syrie, comment voulez-vous qu’il puisse aller à Koneitra, le point frontière avec Israël? C’est des problèmes matériels, de communication, de transport. Cette armée-là tient toujours bon. Et jusqu’à maintenant admettez qu’elle a été utilisée de 5 à 10% de ses capacités militaires. Encore une fois, l’armée, la Syrie, étaient préparées à toutes les guerres, sauf la guerre civile, et c’est là son talon d’Achille. C’est là où l’Occident a compris que sans intervention directe, en nourrissant une révolte armée, il pouvait casser ce beau pays qui n’a pas signé de paix avec Israël, qui soutient le Liban pour que le Liban ne signe pas de paix avec Israël, qui soutient la Palestine et maintient cette rivalité entre l’Autorité palestinienne et le Hamas, entre Ramallah et Gaza, et c’est un gros morceau, et qui en même temps présente un danger pour les monarchies du Golfe puisque vous le voyez ce croissant chiite est énorme. Et l’erreur des Américains, évidemment, je l’avais dit, c’est d’avoir renversé Saddam, l’erreur dans leur optique, s’ils veulent vraiment se débarrasser des chiites. En renversant Saddam ils ont amenés les chiites au pouvoir, maintenant l’Irak est une colonie iranienne, qu’on le veuille ou non. Et depuis qu’ils se sont retirés d’Irak, la voie est libre pour que l’Iran transporte tout ce qu’elle veut en Syrie. Alors là, si vous voulez, ce croissant chiite avec le Hezbollah, les chiites d’Irak, les alaouites de Syrie, du Barhein, et aussi du Yémen, les chiites de Getaif, l’Iran et ajoutez l’inconnu que les Américains n’avaient pas calculé et ignoré totalement, c’est qu’en Turquie il y a 22 millions d’alaouites! Si ces 22 millions d’alaouites rejoignent le croissant chiite, alors là il y a une nouvelle donne au niveau géostratégique et géopolitique qui va changer tout le paysage du Moyen-Orient. Et s’ils font éclater la Syrie, qui nous dit que la Turquie ne va pas éclater, imploser: un tiers de kurdes, un tiers de sunnites et un tiers d’alaouites en Turquie, en gros pour simplifier.

F.S. : Vous dites le manque de préparation de l’armée syrienne à la guerre civile, les groupes djihadistes eux ne sont-ils pas mieux préparés au combat de rue et ne posent-ils pas de problèmes, notamment à Alep?

B.T. : Oui, alors ils posent des problèmes, non pas parce qu’ils sont mieux formés, pas du tout, je ne le crois pas, et qu’on leur a donné des armes. Bon, il y a des mitrailleuses lourdes sur des 4×4, c’est le Qatar et l’Arabie saoudite qui leur ont donné des mitrailleuses lourdes, et même des moyens de défense anti-aérien, pas des missiles mais des canons efficaces, des mitrailleuses lourdes qui peuvent abattre un hélico. Mais la technique qui était bien jouée de la part de la rébellion, c’était les cellules dormantes. C’est-à-dire qu’avant la bataille d’Alep, qui a commencé fin juillet, ils l’ont préparée. Ils ont compris qu’Alep ne manifestait pas, ce qui ne veut pas dire qu’elle est pour le pouvoir, mais c’est des industriels, c’est une ville traditionnaliste, les gens adorent leur ville, c’est la plus vieille ville du monde encore habitée, n’en déplaise aux Damascènes parce que on dit ça aussi de Damas, admettons, mais apparemment ce serait Alep. Donc ces gens-là n’ont pas soutenu la rébellion, et c’est eux le poumon économique, c’est une ville cosmopolite, il y a des Kurdes, des Iraniens, des Ismaïliens, des chiites, des sunnites, des Turcs, des Turkmènes, c’est international, Alep est la première échelle de l’Orient. C’est pour cela que la France avait installé, sous François 1er ou peut-être un peu après, son premier consulat au monde. Et ces cons de Français, passez moi le terme, ont trouvé le moyen il y a une dizaine d’années de ça, de supprimer le consulat d’Alep, par mesure d’économie, c’était la décadence de l’empire et de la francophonie. C’était un symbole, Alep est la plus vieille ville au monde, quand la France a décidé de créer son premier consulat à Alep, c’est pas pour rien, c’était symbolique: dans les échelles de l’Orient, Marseille, les Italiens, les Vénitiens, si vous vous reportez aux archives de la chambre de commerce de Marseille, les archives les plus anciennes, vous voyez un registre de toutes les familles françaises qui étaient installées à Alep comme commerçants. Et n’oubliez pas que le savon de Marseille est une bonne imitation du savon d’Alep. Donc ces cellules dormantes, avant la bataille d’Alep, ils avaient investi les vieux quartiers, et jour après jour là ils ont loué, les gens ont loué, et puis c’est le dollar. Mon frère me dit : vous avez une maison qui vaut trois fois rien, ils vous payent dix fois son prix, vous vendez! On a vu là près de chez nous dans Nayyal, un clan très proche de l’Arabie saoudite, ils ont acheté des immeubles, ils ont transformé les étages, les immeubles, en caches d’armes, et ils tirent sur l’armée. Maintenant de manière générale, une armée régulière perd toujours la bataille dans la guerilla urbaine. Vous pouvez pas! Quoi vous allez pas raser toute la ville! Ceci dit, l’armée syrienne n’a pas hésité à raser des quartiers entiers mais comment? Après sommation, on leur dit: «Sortez! Livrez les islamistes que vous avez, quittez!». Ils ont installé des points, des barrages, pour fouiller les gens. Après cela, s’il y a toujours des coups de feu qui partent, c’est les Migs qui interviennent et qui ratissent, qui vraiment mettent tous les immeubles à terre.

F.S. : Oui, vous avez parlé du quartier d’Hanenau.

B.T. : Salahadine. Salahadine est bombardé. Hanenau est bombardé aussi. Aujourd’hui il y a l’Arkoub, il y a plusieurs quartiers, Al-Kasr, Boustane al-Bacha, dans ma tête je vois les immeubles, les quartiers, c’est ma ville, c’est vrai que ces quartiers sont bombardés, Izaa, le quartier de la radio qui est avant, qui est le plus proche du centre ville par rapport à Salahadine, ça a été rasé, enfin des pâtés entiers, parce que là il y a avait des djihadistes en grand nombre.

F.S. : Je voudrais revenir sur les «Amis de la Syrie», le «Club de Paris» que vous évoquiez tout-à-l’heure. Vous vous êtes plaint que lors de la réunion des «Amis de la Syrie» à Paris le 6 août, Fabius ne vous ait pas invité en tant que représentant du collectif pour la Syrie, à votre avis pourquoi?

B.T. Ecoutez, le problème de Fabius c’est l’erreur de la diplomatie française: elle n’a pas cherché à fédérer les acteurs syriens, elle a seulement cherché à fédérer les opposants aventuriers, arrivistes, opportunistes qui faisaient partie de ce «Club de Paris» et qui ont joué le jeu avant la création même de ce Conseil national, à l’époque, juste après la mort, l’assassinat de Hariri. Le fils Hariri a aidé comme j’ai dit des Syriens à Paris financièrement et c’est de là que c’est parti. C’est Juppé qui a pris ces gens-là et Fabius a continué pour X raisons, mais je ne crois pas à l’indépendance de pensée de Fabius dans ce domaine…

F.S. : Est-ce que B.H. Lévy a joué un rôle ?

B.T. Ah sûrement, sûrement, évidemment parce que il faut pas se faire d’illusions, vous savez: quel est le pays qui tient tête à Israël, jusqu’à maintenant, dans la région, et qui a refusé de couper les ponts avec l’Iran? C’est la Syrie. Clinton lui a dit: «Coupez les ponts avec l’Iran et on vous garde au pouvoir», c’était clair! Le lendemain Assad s’est affiché avec le président iranien et le secrétaire général du Hezbollah, c’était vraiment se moquer des Américains et de leur puissance. Donc je crois que ça joue le jeu d’Israël toute cette guerre. Alors de là à accuser les responsables français de pro-israéliens, je n’irai pas jusque-là, mais quand même, il y a quelque-chose là. On ne peut pas ne pas penser: tiens, les socialistes ont une histoire d’amitié avec Israël qui commence avec le début de la création d’Israël, je vous ai parlé de 56, c’est si vous voulez dans la ligne directe de toute cette politique arabe socialiste qui est plus pro-israélienne que pro-arabe, mais c’est clair! Alors ça fait le jeu des Israéliens et c’est là où je dirais si guerre de procuration il y a et bien vous remarquez qu’il y en a eu d’autres de guerres de procuration: Israël n’a pas eu besoin de s’attaquer à l’Irak, l’Irak a été rasée, par une alliance internationale. Là aujourd’hui, s’il y a intervention, et bien ce sera pareil pour la Syrie. Je ne pense pas qu’il y aura intervention parce que c’est plus explosif qu’au temps de l’Irak, l’Irak n’avait aucun allié, la Syrie a des alliés, et puis la situation internationale géostratégique a changé. Enfin il y a la Chine et la Russie, et c’est la première grande bataille après la Guerre froide. C’est-à-dire on n’est plus dans un monde unipolaire, les Russes et les Chinois veulent montrer aux Américains que le monde est bipolaire à nouveau. Qu’il y ait les non-alignés ou pas.

F.S. : Est-ce que vous pouvez parler de la réalité de la présence russe en Syrie ?

B.T. : Alors en Syrie, la présence russe est très importante. Quand vous allez à Alep, les enseignes sont en russe, les gens parlent russe. Vous allez au souk, au souk on parle toutes les langues du monde, mais il y a eu tellement d’ouverture économique – c’est une présence économique avant d’être militaire – que c’est partout marqué: «Nous parlons russe» et les enseignes sont en russe, dans tout le souk, dans toute la ville, peut-être moins maintenant. Moi quand j’y suis allé j’ai été frappé par le cyrillique qui ornait les enseignes du souk d’Alep qui côtoyait l’arabe, et ça c’est important, ils venaient acheter du tissu, beaucoup de choses. Puis n’oubliez pas que la Russie a des racines profondes dans l’orthodoxie chrétienne, et dans l’Orient les souks d’Alep, avec les souks d’Istanbul, ce sont les plus grands souks du monde, et c’est construit en dur. Imaginez la ville de Fez au Maroc, les souks de Fez multipliés par vingt fois, ça fait je ne sais pas combien d’hectares les souks d’Alep, en dur et ça remonte au 15ème siècle, l’époque où Alep était plus grande que Paris, plus peuplée. C’est-à-dire quand Alep comptait 350.000 habitants, au 16èmesiècle c’était important, Paris devait en compter moins, dans les 250 à 300.000 habitants. La Russie a toujours été l’alliée de la Syrie depuis le début, le Parti communiste syrien a été créé je crois deux ans après la révolution d’octobre. Et puis n’oubliez pas que les Syriens sont contre la création d’Israël, sont contre Sykes-Picot (2), le partage du Proche-Orient entre l’Angleterre et la France. Et qui a révélé au monde Sykes-Picot? Les Russes. C’est un diplomate, après la révolution, qui a dit: «Écoutez, voilà il y a Sykes-Picot». Le monde arabe va découvrir la trahison de l’Occident, la trahison de Fayçal, de la révolution arabe de 1916, par les Russes. C’était un diplomate qui avait les documents sur Sykes-Picot, un diplomate qui va dire «Écoutez bon voilà, regardez ce qu’on fait les Français et les Anglais». Et alors à ce moment-là la Syrie a cherché à être américaine. Au temps de la Société des Nations, ils ont envoyé un Comité, la Syrie n’a pas voulu du mandat français, elle voulait un mandat américain, c’est dit ça dans l’histoire. Quand les Américains ont sacrifié la Syrie, ils l’ont donnée à l’Europe, à la France, les Syriens évidemment ont trouvé que les Soviétiques, les «Russes», étaient beaucoup plus justes, parce qu’ils n’ont jamais divisé ce pays, c’est pas eux qui ont accordé l’indépendance du Grand Liban. Pour beaucoup de Syriens la création du Grand Liban reste une plaie ouverte, ils n’ont jamais avalé cette création du Grand-Liban. Le petit Liban, passe encore, mais pourquoi la Bekaa, la Bekaa a toujours été syrienne. Mais plus encore, la France a cédé tous les contreforts du Taurus, qui étaient riches en sources aquatiques, pourquoi? Pour la Syrie ça a été trois fois donné par les Français aux Turcs. Alors vous vous imaginez, c’est-à-dire que pour les Syriens la Russie ou l’Union soviétique, n’était pas un pays ennemi, dans son histoire contemporaine, au contraire ils n’ont pas cherché à diviser, et ça vous explique après l’Union avec l’Égypte, toute cette amitié syro-russe… Vous savez ça me rappelle le professeur Alexandre Minkovski, qui était un de mes amis et que j’aimais beaucoup, un jour on discutait et il m’a dit: «Bassam dis-moi pourquoi la révolution palestinienne, les Syriens, pourquoi cet amarrage à gauche? Pourquoi la gauche, pourquoi l’Union soviétique, pourquoi? Vous êtes francophones», j’ai dit «Et bien écoutez quand il s’est agi d’armer la Syrie, de demander de l’aide, l’Occident nous a tourné le dos. Qui pouvait nous donner des armes? L’ ‘autre camp’, dans cette équation bipolaire». Hé mais c’est normal, pourquoi Arafat? Parce que tout l’armement de cette révolution palestinienne était soviétique. Qui s’est opposé à Nasser? Les alliés des Américains: l’Arabie saoudite. Et le jour où ils ont eu un bonhomme qui voulait prier à Jérusalem, le roi Fayçal, il a été assassiné par son neveu. Et l’assassinat de Fayçal c’était la CIA, le neveu c’était le bras, mais le cerveau c’était pas le neveu, il y avait la CIA derrière. Alors il y a une présence militaire, et quand en 67 les Syriens ont perdu la bataille, Assad a commencé à recruter des pilotes de guerre à partir de très jeune, je crois que c’était même avant le bac. Il prenait les plus doués, et ils étaient formés, c’est pour ça qu’après, dans les batailles de 73, les pilotes syriens étaient vraiment de bons pilotes, pas comme en 67. Il y a donc une implication militaire très importante, ce sont les experts soviétiques qui ont formé l’armée syrienne, dont le noyau est français, la formation est française au départ. Jusqu’à maintenant dans le jargon militaire de l’armée syrienne il y a des mots français: par exemple on dit «dousir» pour le dessert, ou on dit «elcâr», pour le quart, et la première académie militaire qui a formé Assad père, elle a été fondée par les Français, c’est l’académie de Homs, qui avait donné la chance à beaucoup de gens d’origine modeste, de devenir des gens qui gouverneront la Syrie plus tard. Donc la présence russe est importante économiquement, socialement également, il y a beaucoup de mariages mixtes, ainsi qu’au niveau commercial. On dit aussi, que les Russes auraient trouvé de l’uranium dans les phosphates du désert syrien, c’est pas mon domaine, j’ai pas vérifié, mais vous savez il y jamais de rumeurs comme ça sans fondement. Et il y a une présence militaire, il faut dire que la Russie a toujours rêvé, l’empire soviétique aussi, d’un port dans les eaux chaudes. Et ils l’ont à Tartous, la base militaire de Tartous, d’ailleurs certains accordent une grande importance à ce Tartous, on vous présente ça comme une base militaire à la James Bond, qu’il y aurait des choses souterraines, je crois pas à ça, c’est simplement un port militaire où viennent mouiller des bâtiments russes. Alors on vous dit : «Vous savez, avant de s’attaquer à la Syrie, vous savez ce qu’il y a dans la base de Tartous?» Je crois que ça tient plus des romans-fiction que de la réalité. Voilà en gros si vous voulez, et puis n’oubliez pas qu’il y a une composante orthodoxe dans la population syrienne. Des Syriens et des Libanais orthodoxes avant la création du Liban, avaient leur petit séminaire à Kiev ou à Moscou, dont l’illustre écrivain libanais Michael Nouaima, qui est mort très vieux, centenaire, et qui a été petit séminariste en Russie tsariste, bien avant la révolution. Alep enseignait le russe au début du siècle, au lycée des Trois Lunes, les trois lunes c’est les trois pères de l’Église, Saint Jean Chrysostome, Saint Basile et Saint Grégoire. Et culturellement c’est énorme, l’apport russe dans la culture syrienne chrétienne et musulmane, c’est toute l’école orientaliste russe qui a étudié les manuscrits musulmans. Un des plus grands centres qui contient des vieux manuscrits du Coran et d’autres, c’est Saint-Pétersbourg. Et pour les chrétiens, vous savez qu’il y a une grande école d’iconographie à Alep, qui est connue dans le monde entier, on a 4-5 grands peintres, les Mousawer, c’est une grande famille de peintres. Tout au début, les Syriens faisaient l’icône, et c’est les envoyés moines de Russie tsariste qui peignaient les visages et les mains, parce que ça demandait plus de technique. Et petit à petit, avec cette coopération monastique, aujourd’hui si vous avez une icône de l’école d’Alep du 17ème siècle, ça n’a pas de prix. Il y a eu des expositions à Paris de cette école d’Alep. Il faut pas non plus oublier qu’Alep, je vous dis pourquoi j’ai fait référence à François 1er dans les capitulations avec l’empire turc, c’est qu’il avait compris l’importance de ce Proche-Orient, de ces minorités. Et il était un peu le mécène et le protecteur des minorités face à l’autorité ottomane qui a accepté son autorité, c’est là la grandeur de la France et son exception, quand on la compare à la médiocrité actuelle. J’y ai fait allusion chez Bourdin sur BFM, j’ai dit «Enfin la grandeur de François 1er c’est d’avoir défendu les minorités, puisse François Hollande suivre la bonne voie, de ses prédécesseurs!». N’oublions pas encore une dernière chose, c’est que ce que ne pardonne pas la Syrie à la France, et voit donc d’un bon œil la Russie, c’est quand la France a décapité tous les chrétiens d’Orient, tous les chrétiens: Jordaniens, Palestiniens, Libanais, Irakiens en décapitant le christianisme en donnant Antioche, la première capitale du christianisme, c’est notre Rome à nous, à la Turquie. Pour la désaxer à la veille de la Deuxième Guerre mondiale, alors que la grande majorité des habitants d’Antioche et d’Alexandrette étaient chrétiens orthodoxes et alaouites et parlaient arabe, les Turcs étaient une minorité, d’ailleurs Antioche/Antiochus, général d’Alexandre, c’est le créateur de la Syrie antique. Et en donnant Alexandrette, qui est la ville d’Alexandre – c’est le port qui était le port d’Alep – on a cassé économiquement la première échelle de l’Orient, Alep, qui avait comme voie maritime Alexandrette. On a donné tout ça, on a organisé un referendum truqué pour chasser les chrétiens orthodoxes de cette région qui sont venus se réfugier à Alep, parce que le Atay, ce que les Turcs appellent le Atay, nous on l’appelle Liwa ou le Sandjak, c’est-à-dire toute cette province d’Antioche et d’Alexandrette a été cédée à la Turquie. Et jusqu’à maintenant dans les cartes syriennes c’est en pointillés, et c’est pour cela que dans le collectif pour la Syrie, dans notre esquisse de déclaration, on a mis que nous on tenait à Antioche. Parce que vous pouvez pas parler de Syrie, vous pouvez pas parler de christianisme, sans Antioche. Tous les patriarches aujourd’hui, quel est leur titre? Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient. Et Antioche est en tête. N’oubliez pas également que le premier État chrétien du monde c’est l’Arménie, tout le monde le sait, mais quels liens il y a eu dans l’histoire entre l’Arménie et Antioche? Avec la période des croisades, c’est énorme! Donc vous voyez, l’Occident chrétien est le premier ennemi de la chrétienté d’Orient. Jamais dans l’histoire il n’y a eu autant de conversions forcées vers l’islam que pendant la période des croisades. Et là aujourd’hui je qualifierais cette intervention occidentale de nouvelle croisade, la croisade qu’a promise Bush, aujourd’hui c’est Obama qui la réalise, lui qui est anti-belliqueux, anti-guerre dans ses déclarations. Et qui en est l’instrument? C’est justement l’Europe latine, c’est honteux. Et je rappelle, permettez moi de développer ce parallèle parce qu’à la télé on ne m’a pas permis de le développer, parce qu’il y a des partis-pris dans cette télé, il y a des gens qui ont le droit de disserter et d’autres pas. Alors c’est quoi? Quand la 1ère croisade arrive à Jérusalem, qui sont ses premières victimes? C’est les juifs et les chrétiens, d’Orient, les croisés vont massacrer tous les chrétiens et tous les juifs.

F.S. : Comme ils avaient mis à sac Constantinople.

B.T. : Bien sûr, et là je crois, dans cette nouvelle croisade, croyez moi c’est les minorités qui vont être massacrées mais quelles minorités? Contrairement à ce qu’on pense, les chrétiens, les juifs, les Kurdes, les chiites, ne sont pas les seuls minoritaires de ce Proche-Orient. La forte minorité du Proche-Orient ce sont les musulmans sunnites modérés. Et c’est ceux-là qui sont en train de payer les pots cassés, la facture de cette nouvelle croisade. Avec la restauration, l’institution des tribunaux d’inquisition islamiques, cette terreur de barbus, croyez moi, on va vraiment vers un Orient fanatique, où la majorité justement, prônerait le modèle wahhabite, à savoir: couper la main aux voleurs, lapider l’adultère, décapiter le renégat, enfin je veux pas rentrer dans une longue dissertation des prescriptions wahhabites mais c’est ça, on est en train d’installer ça. Alors est-ce que c’est un jeu de la part de l’Occident? Aujourd’hui éliminer les chiites ouverts en utilisant l’arme des djihadistes pour après s’attaquer à l’Arabie saoudite, peut-être. Mais si c’est un mauvais calcul et que ces gens-là après deviennent très forts et qu’on arrive plus à les éliminer, tout comme ce qui s’est passé en Afghanistan? La guerre d’Afghanistan, je suis désolé, les États-Unis l’ont perdue. Ils l’ont gagnée peut-être sur les Soviétiques à un moment donné, mais ça a donné le 11 septembre, ça a donné toutes ces vagues, les nouveaux sanctuaires d’Al Qaida ne sont plus en Afghanistan, ça va être en Syrie, et aujourd’hui ils sont plutôt en Afrique noire. Qui a rasé les tombeaux des saints de Tombouctou à la wahhabite? C’est bien les djihadistes du Mali! Et alors expliquez-moi comment Fabius veut lever une armée et l’envoyer contre les islamistes du Mali, et en même temps aider les islamistes en Syrie! Ca ça montre vraiment qu’il n’y a aucune cohérence ou qu’il y a tout simplement de la traîtrise.

F.S. : J’ai une question sur l’alliance tactique et stratégique de l’Occident avec l’islam sunnite dans sa version la plus traditionnaliste, le wahhabisme: est-ce que dans cette alliance, l’Occident espère que l’islam, y compris dans ses versions les plus rigoristes, va se dissoudre dans la mondialisation, va se démocratiser, ou est-ce que derrière tout ça il y a l’idée d’un partage du monde entre un islam qui représente un milliard d’individus dans sa version sunnite et l’Amérique où l’islam n’est pas présent?

B.T. : Enfin l’islam est présent dans les deux Amériques.

F.S. : Mais de façon très minoritaire.

B.T. : Oui, mais vous savez pas comment. Vous savez l’avenir de l’islam au niveau démographique est très important parce que la femme musulmane est plus féconde, plus fertile, c’est connu. C’est comme ça d’ailleurs qu’il y a eu des gens d’extrême-droite qui ont fait circuler sur le net des films comme quoi tout le monde serait musulman sous très peu de temps, vue l’évolution des choses, moi je crois pas à cette thèse. Bon c’est un danger, c’est vrai, mais c’est-à-dire il faut voir. Moi je crois pas à la fidélité dans les amitiés occidentalo-américaines. Tous les amis des Américains, sont tombés, c’est la politique du citron pressé. Moubarak, est-ce qu’il y avait meilleur ami des Américains que Moubarak? Ca y est, ils l’ont sacrifié! Saddam était bien l’ami des Américains et de l’Occident puisqu’il a essayé de contenir la révolution chiite de Khomeiny, il est tombé! Kadhafi, on lui avait bien vendu des mirages, Sarkozy allait même lui vendre notre bombardier-chasseur invendable, le Rafale, juste avant hein! Non, vous savez, ça ça donne de la force à l’islam, on se dit: «qu’est-ce que c’est que cet Occident mercantile? Où sont les valeurs de la chrétienté?». C’est pour cela que moi, j’ai honte pour l’Occident chrétien, j’ai vraiment honte, on se demande: «Mais c’est quelle morale? Enfin où est l’éthique dans tout ça?» Quelle éthique il y a à armer des djihadistes en Syrie, au nom de la démocratie? C’est exactement comme la grande croisade qui est partie pour libérer le Saint Sépulcre, pour que les pèlerins puissent aller se recueillir sur le tombeau du Christ. Aujourd’hui on a remplacé le Saint Sépulcre par la démocratie. Mais tout le monde sait, que ce soit le Saint Sépulcre, historiquement c’était un prétexte faux, et aujourd’hui la démocratie est aussi un faux prétexte. Parce que s’ils se piquent de démocratie ces pays occidentaux, quel est le pays le moins démocrate dans le monde arabe? On raisonnerait comme ça hein? C’est sûrement pas la Syrie. La Syrie a une constitution, elle a un parlement, elle s’est modernisée comme elle a pu, avec toutes les guerres qu’elle a vécues, isolée du monde entier, l’Occident ne voulait plus d’elle, parce qu’elle n’a pas plié l’échine vis-à-vis de l’Angleterre et de la France, elle s’est vue obligée de pactiser et de demander la coopération avec l’Union soviétique. Ils étaient obligés, c’est pas par amour des Russes, ils pouvaient pas faire autrement, et là aujourd’hui, au nom de la démocratie, on veut casser ce pays qui lui a été un refuge pour les Arméniens. S’il y a des Arméniens qui existent aujourd’hui dans le monde, c’est grâce à la Syrie. Enfin une grande partie de ceux qui ont été en Occident, ceux qui ont émigrés ils sont pas venus d’Erevan, ils sont venus de Syrie. Alep, moi mon grand-père a offert – il avait une carrière à Alep – il a offert tout le terrain autour de sa carrière aux premiers immigrés arméniens. Qu’ils soient chrétiens, musulmans ou tout ce que vous voulez, les Syriens n’ont jamais persécuté les Arméniens, jamais, ça a toujours été une terre d’asile et de refuge. Ne serait-ce que en tant que terre d’asile je peux vous dire que la Syrie, c’est ma fierté de Syrien qui parle, est plus une terre d’asile que la prétendue «France terre d’asile». Un exemple tout simple et tout récent, on a eu combien d’immigrés irakiens? Certains disent entre 1 million et demi et 2 millions et demi, est-ce que la Syrie a demandé une aide? Non, jamais! Les Syriens sont fiers: pourquoi demander une aide? On n’est pas des mendiants nous! C’est le pays le moins endetté, et il ne suit pas le modèle libéral américain. Je passe, pourquoi aujourd’hui alors un pays qui a un taux de croissance de 10 à 11- 1/2%, la Turquie, demande une aide pour les réfugiés? La Jordanie, bon, la Jordanie c’est vrai, c’est un pays pauvre, ça a toujours été la province désertique du sud de Damas, passons, elle reçoit l’aide de l’Arabie saoudite parce que les saoudiens ont chassé les hachémites de la Mecque. Moi mon rêve serait que les descendants du prophète reprennent la Mecque, il y a une parenthèse dans l’histoire où les Saoudiens depuis 1921-22 ont conquis la Mecque, vivement que cette Mecque revienne aux descendants du prophète! La Jordanie aujourd’hui dit avoir besoin de 750 millions de dollars pour les camps de réfugiés syriens. Alors que tout le monde sait, les gens qui se réfugient en Jordanie c’est les mêmes clans, c’est les mêmes tribus, parce que la frontière a été tracée à la règle entre la Syrie et la Jordanie. Par exemple vous avez l’oncle qui est syrien et le frère est jordanien. Et on demande une aide internationale, pour ces réfugiés syriens, non, où est la fierté bédouine de ces Jordaniens? Vous voyez, en faisant éclater le Syrie, cette population du Proche-Orient a perdu son âme. Il n’y a plus d’éthique, il n’y a plus de valeurs: c’est pas humiliant pour le roi de Jordanie de demander une aide pour les réfugiés syriens?

F.S. : C’est un phénomène général donc, lié à la mondialisation, cette perte des valeurs.

B.T. : Sûrement, et c’est là une raison de plus je vous dit, pour admirer ce peuple qui malgré tout les sanctions, cet État, même s’il y a de la kleptocratie, ça je suis le premier à le dénoncer, mais qui n’était pas endetté, c’est incroyable! Et on oublie tout ça, pour défendre le petit Liban chrétien, mais le Liban n’est pas chrétien, qu’est-ce que c’est que ces trucs-là que la France est la mère de chrétiens d’Orient, mais quelle mère? C’est du n’importe quoi! Ils sont en train de bousiller le berceau du christianisme qui est la Syrie et franchement l’Occident chrétien, avec cette alliance sacrée avec l’islam intégriste, et bien on mettra longtemps à oublier ça hein, et je crois que viendra un jour où il faudrait traduire les responsables français en justice. C’est des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Alors écoutez, dites-moi pourquoi parmi tous ces correspondants du Monde, de Libération, de je ne sais qui, personne n’a soulevé le problème des quatre villages chiites entre Alep et la Turquie qui ont été assiégés par des djihadistes – l’ASL si vous voulez, c’est bonnet blanc, blanc bonnet – ils étaient obligés de manger du bois, pour survivre, il y a eu des viols, des massacres, alors dites-moi dans toutes ces visites guidées de correspondants, de différentes instances médiatiques occidentales, comment ça se fait que personne n’a fait un détour de cette visite guidée pour voir ces villages chiites, je vous les cite : Fouaa, Fatimah Azahra, Noubbol et la région des Magawlas (les Mongols). Ces gens-là ont été mais massacrés par ces djihadistes, ce ne sont pas des alaouites, ce sont des chiites, c’est-à-dire duodécimains, personne n’en parle! J’aurais voulu moi que Aubenas ou je ne sais qui qui a été là-bas aille voir et dise: «Effectivement il y a des minorités musulmanes qui ont été persécutées». On n’en souffle mot. Ca on ne m’a pas permis de le dire à la télé ça: «On a compris, passez à autre chose»!

F.S.: Vous avez précisé dans une de vos interviews les raisons pour lesquelles le Qatar finançait les frères musulmans partout dans le monde, et vous avez rappelé que le Qatar achetait des immeubles, des entreprises ici en France et des entreprises de presse, est-ce que vous pouvez citer précisément lesquelles?

B.T. : Apparemment le Qatar était actionnaire du Monde (3), il ne l’est plus. Mais il est actionnaire d’autres. Mais ça ne m’étonne pas que même les Français, je crois à leur bonne volonté, mais ils peuvent être manipulés, on est tous plus ou moins manipulés, mais au moins qu’on soit conscients que l’on peut être manipulés, c’est ça qui est important. Les journalistes vous savez font de l’auto-surveillance de l’autocensure, atroce, et moins on est gradés plus on fait de l’autocensure dans la presse française. C’est-à-dire les vraiment grands patrons, je vais vous donner un exemple: moi j’aime beaucoup Michel Field, pourquoi? Depuis le début de la crise syrienne et du printemps arabe, comme je l’ai senti, je suis sur une liste noire, j’ai des preuves. Je vous en parlerai après. Comme on ne m’invitait pas, parce que je tenais un discours qui représentait, qui incarnait une note dissonante dans cette orchestration des médias, qui donnait toujours n’est-ce pas que Assad est un tortionnaire, est un dictateur qui tue son peuple, il faut se dépêcher vite de le balayer à la libyenne, voilà. Moi j’ai toujours dit «non, vous comprenez mal la situation». Le seul journaliste qui me permettait de soutenir toujours, de jouer cette note dissonante, c’est Michel Field à LCI. Parce que je crois que c’est un grand journaliste qui est indépendant, qui ne subit pas, c’est pas le chef de la chaîne qui va l’appeler, lui dire: «Vous bazardez ce Tahhan». C’est un indépendant. Par contre, je vous donne un autre exemple, je vous ai parlé de I>télé, je peux vous parler de France24. Je suis l’un des fondateurs de France24 en arabe. J’intervenais presque une fois toutes les deux semaines sur trois ans, gratos. Quand j’ai appris ce que gagnait Christine Ockrent, un paquet! Et que moi parfois je devais aller à onze heures et demi du soir, parfois je faisais sauter des cours pour défendre un point de vue qui était important, je demandais l’autorisation de mes supérieurs… Et un beau jour, j’interviens sur France24 en français, sur le problème syrien, et encore une fois je dis que là ce n’est pas une vraie révolution. Parce que j’étais intervenu en français et en arabe pour la révolution en Tunisie, en Libye, en Égypte, au Yémen, j’ai appelé, parce que moi je suis prof de prépa depuis trente ans, mes élèves à descendre dans la rue, à manifester, à prendre le pouvoir. J’ai interpellé, que Dieu ait son âme, le pape copte, en arabe, en lui disant: «je vous parle Votre Sainteté, c’est le moment de prendre position». Enfin bref, dans une émission avec Vanessa Burgraf j’ai dit mon point de vue sur la Syrie. Depuis ce jour-là, l’émission c’était le 17 avril 2011, on est en septembre 2012, je n’ai jamais été réinvité, ni en arabe ni en français. On m’a invité trois fois: un quart d’heure ou une demi-heure avant l’invitation, ils se sont excusés, parce que le sous-fifre qui n’était pas au courant qu’il ne fallait pas m’inviter – il avait vu que c’est l’homme de la situation ce Tahhan qu’il fallait l’inviter sur ce sujet – ben a reçu l’ordre: «non, vous dites que on a changé d’émission, que…». Alors, un collègue dont je peux citer le nom, qui est le rédacteur en chef d’Afrique-Asie, était un jour à France 24, il était un peu à l’arrière-plan, Majed Nehmé, il m’appelle et il me dit : «Écoute Bassam, tu es sur une liste noire». Je lui dis : «Comment ça?», il m’explique: «J’étais à l’arrière-plan devant le rédacteur en chef Ahmad Kamel – qui est viré maintenant de France 24 – devant moi il disait à ses collaborateurs, sur l’ordinateur il a barré ton nom, en parlant en arabe il a dit: – vous n’invitez plus M. Tahhan., hors de question.» Il ajoute: «Il savait pas que j’étais derrière, j’entrais moi pour intervenir en français, il a pas su que j’ai entendu, mais moi je te le dis entre amis: tu es sur une liste noire, ils ne t’inviteront plus». Majed a lui-même été sur la même liste noire quelques temps après, il n’intervient plus. J’étais étonné, j’appelle les journalistes et je leur dis: «Mais qu’est-ce qui se passe? Pourquoi je suis pas invité?» Ils me répondent: «Mais nous on est au courant de rien.» Ouassine Nasr, un nouveau, une nouvelle recrue de France 24, il m’a invité une fois, je lui ai dit «fais gaffe, parce que peut-être tu vas te faire taper sur les doigts si tu m’invites», il me répond : «Ah bon? excusez-moi, moi je viens d’être embauché, je veux pas d’histoires, attendez je vais me renseigner». Il se renseigne et il me dit: «Effectivement, ne venez pas, je vous en prie, et puis ne me parlez pas, ne citez pas mon nom. Moi je viens d’être recruté je ne veux pas avoir d’histoire, apparemment il faut pas vous inviter, c’est ce que j’ai compris». Ouassime Nasra, il est toujours à France 24. Alors bon moi, ça m’a permis de faire un tour chez Michel Field, de venir de temps en temps à BFM. Entre-temps il y a eu un changement de la direction de l’information, la nouvelle directrice de l’information je la connais, j’ai son numéro. Je l’appelle pendant les vacances, au mois de juillet: «Qu’est-ce que c’est que cette liste noire, maintenant que tu es la directrice de l’information?», elle me répond: «Non, non, ne t’inquiète pas je vais enquêter». Je n’ai jamais eu de réponse. Là il y a quelques jours, je lui ai envoyé un SMS, Nahida Nakad: «Tu en es où dans ton enquête sur cette liste noire? Toujours est-il que depuis plus d’un an et demi, j’ai jamais été invité par vous ni en français ni en arabe».

F.S. : Elle a travaillé dans les Balkans Nahida Nakad.

B.T. : Peut-être, oui, quand il y a eu le problème entre Pouzilhac et Christine Ockrent, elle qui a été recrutée par Christine Ockrent elle a pris le parti de Pouzilhac pour rester et elle a eu une promotion. On a viré Philippe di Nacera qui était le directeur de l’information, pour la mettre elle. Et comme moi dans le temps pour aider un journaliste qui est la star de France 24 arabe, j’étais intervenu en sa faveur comme il me l’avait demandé auprès du directeur de l’information de l’époque, qui n’était pas Philippe di Nacera, «parce que c’est pas normal, ce que fait Nahida Nakad vis-à-vis de moi en arabe, je suis le premier speaker», après elle m’a appelé, elle m’a dit: «J’ai pas apprécié Bassam que sans me dire tu ailles intervenir auprès du directeur de l’information». Serait-elle rancunière ou obéirait-elle à des consignes venues d’en haut? Alors je lui ai dit: «Qu’à cela ne tienne, donne moi ton numéro, si j’avais eu ton numéro je t’aurais appelée tout de suite en disant que là ça va pas ce que vous faites en arabe». Bon je suis quand même auteur d’un rapport sur les médias au Maroc, j’ai restructuré tous les médias marocains en 2003, justement suite à mes interventions sur LCI. Nabil Ben Abdallah, le ministre de l’Information de l’époque, à l’été 2003, m’a invité officiellement pour lui faire un rapport sur les médias. Alors je lui ai fait l’étude de l’école de presse de Rabat, sur la manière dont il fallait changer les programmes, j’ai été voir toutes les télés, les radios, j’ai fait un boulot énorme, j’ai été l’auteur d’un rapport pour contrer le terrorisme au Maroc en revoyant la politique des médias. Bref, jusqu’à maintenant je n’ai aucune réponse de Nakad, aucune, je vais vous montrer mon courrier avec elle, que je vous raconte pas d’histoire, elle n’a toujours pas répondu, et on est plusieurs à être exclus et à figurer sur une liste noire: «Bonne année, c’est la troisième fois qu’on m’a invité à intervenir pour s’excuser une heure avant, lamentable de médiocrité, meilleurs vœux, Bassam Tahhan», «Bonjour, Élu porte-parole du Collectif pour la Syrie, j’aimerais être interviewé par tes soins, félicitations pour ton nouveau poste, B.T.», «Chère Nahida», alors elle m’envoie son mail le 11 juillet comme quoi elle est en vacances, que sa secrétaire va traiter ma demande! Bref, «Chère Nahida, où en es-tu de l’affaire de la liste noire d’Ahmed Kamel et la présentation du collectif pour la Syrie? Bien à toi B.T.», «Chère amie, où en es-tu de ton enquête sur la liste noire d’Ahmed Kamel et des conséquences, toujours est-il que je n’ai pas eu l’honneur d’être invité par France 24 depuis plus d’un an et demi. Bien à toi».

 

(1) http://collectifpourlasyrie.monsite-orange.fr

(2) Les accords Sykes-Picot sont des accords secrets signés le 16 mai 1916 entre la France et la Grande-Bretagne (avec l’aval des Russes et des Italiens) prévoyant le partage du Moyen-Orient à la fin de la guerre.

(3) Voir http://lepetitblanquiste.hautefort.com : «Qatar : main basse sur les médias français?» du 23/01/12 selon lequel le Qatar vient de porter à plus de 10% sa participation au capital du groupe média Lagardère.

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[B.I. Infos, http://www.b-i-infos.com/index.php%5D

 


Espagne

Par cohérence et dignité, Monsieur le ministre

Récemment vous avez fait une offre pour que «les prisonniers des organisation ETA, GRAPO et autres, qui se détachent de la bande terroriste, puissent se réinsérer». Ensuite vous avez égrené le parcours qui sera exigé pour mériter la magnanime générosité de votre gouvernement et d’autres branches politiques. Comme éventuel receveur de cette annonce je réponds par cette lettre. Je le fais, en outre, comme testament politique, parce que vous m’avez, sans bruit, condamné à mort. Acceptons la réalité. Moi je l’assume.

Je vais avoir 62 ans. Je viens de subir une opération du cancer et j’ai une santé un peu chancelante. J’ai fait 16 ans de prison et il m’en reste 14 à accomplir, avec l’ajouté de la «loi Parot» se sera probablement la perpétuité révisable. Vous voyez, ministre, je ne vous suis pas. Oui, j’essayerai de résister le plus possible en maintenant le drapeau de conséquence et de dignité, d’orientation et d’exemplarité pour les générations futures de révolutionnaires qui attendent leur tour. C’est la dialectique de la vie.

Je ne peux éviter de porter un regard rétrospectif sur le processus d’engagement social et politique qui a marqué mon existence. Je ne pensais pas, il y a 43 ans, quand je commençais la lutte syndicale aux Hauts-Fourneaux de Biscaye, que ma vie prendrait le tour qu’elle a pris. Ce fut en 1973 que je pris contact avec l’Organisation des marxistes-léninistes d’Espagne qui travaillaient à la reconstruction du Parti communiste d’Espagne, conduit à la dégénérescence par la bande de Carrillo. Cette phase aboutit au Congrès de juin 1975 qui créa le Parti communiste d’Espagne (reconstitué) au sein duquel je militai.

Le trois mars 1978, alors que j’allais avec mes camarades des hauts-fourneaux à une assemblée à l’extérieur de l’usine d’Ansio, on nous apprit que la police avait assassiné cinq ouvriers à Vitoria. Ce fut la goutte qui fit déborder le vase. Notre parti appela à la grève générale et lança la consigne de «chercher des armes et d’apprendre leur maniement». Quelques mois plus tard les Groupes de résistance antifasciste du premier octobre (GRAPO) firent leur apparition. Ces faits vont avoir une transcendance historique dans le processus révolutionnaire en Espagne.

Le Congrès constitutif du parti établit que «Le monopolisme financier tend à la réaction politique, à la suppression des libertés, non à la démocratie», en ajoutant: «Devant la poussé des masses ouvrières et populaires l’oligarchie a mis en marche un changement de ses vieilles méthodes de domination» Ils avaient décidé de repeindre l’édifice étatique de l’ancien régime grâce à leur Réforme politique «en changeant quelque chose pour que tout reste pareil» On empêcha ainsi toute possibilité de changement profond des données économiques, politiques et sociales qui étouffaient les familles des travailleurs et opprimaient les peuples d’Espagne. Aujourd’hui les faits nous ont donné raison; le reflet de l’escroquerie politique que constitua cette transition à la «démocratie» apparaît dans les pancartes des dernières manifestations populaires: «ce n’est pas une démocratie, c’est une dictature».

Nous étions conscients qu’en nous situant à la tête du mouvement de résistance populaire, en donnant notre appui moral et politique au mouvement guérillero, nous devenions le centre de la colère répressive de l’état. Les conséquences ne se firent pas attendre. Les limiers du ministère reçurent des ordres précis et mirent la main au révolver. Ce furent des années de plomb, de longs jours et nuits dans les commissariats et les casernes de la «démocratie» toute nouvelle où plus d’un y resta, comme José España Vivas, sympathisant du PCE(r), qu’ils tuèrent à coups de bâtons. Le 20 avril 1979 ils assassinèrent Delgado de Codex, secrétaire général en fonction, après avoir emprisonné tout le comité central issue du IIe Congrès du parti. Deux mois plus tard tomba Francisco J. Martín Eizaguirre, président du parti. Ce furent les premiers d’une longue liste.

Entretemps le Tribunal suprême, caverne du franquisme et de l’injustice, refusa en 1977 l’application de l’Amnistie politique à plusieurs militants des GRAPO et du PCE(r); prélude des barreaux derrière lesquels ce tribunal allait placer les prisonniers politiques. La vague répressive lancée contre le parti conduisit beaucoup de militants et de sympathisants dans les prisons où nous ne serions pas préservés de l’orgie répressive. Nous fume transférés par petits groupes à la prison d’extermination d’Herrera de la Mancha et soumis à un régime de vie carcérale extrême. Cette situation nous obligea à une grève de la faim, ultime moyen de résistance et de dénonciation. Le 19 juin 1981 mourut Crespo Galande, Kepa, militant du parti, après 90 jours de grève de la faim. C’était le premier mais vinrent d’autres grèves, d’autres morts et éclopés.

En complément de cette campagne d’encerclement et d’anéantissement de notre mouvement vous aviez lancé vos plumitifs, payés sur les fonds du ministère, propager la consigne qu’avec nous seuls convenaient l’intoxication et le silence.

L’objectif de cette stratégie de terreur n’était autre que l’élimination du parti. Vous ne pouviez permettre que la classe ouvrière nous considère comme son parti politique, son organisation d’avant-garde. C’était le temps où votre ministère était occupé par la bande phalangistes es Martín Villa, Rosón… Il en vint à dire que «sans en finir avec le PCE(r) on ne peut arriver à éliminer les GRAPO».

Nous savions combien la bataille que nous affrontions était inégale, mais nous ne pouvions avoir peur si nous voulions montrer ce que nous disions être. Nous ne pouvions trahir notre peuple et notre classe et nous convertir en escrocs politiques.

Eh bien, Monsieur le ministre, nous continuons, épuisés, avec plus de blessures de guerre qu’un chien errant; «grapifiés» comme disent vos plumitifs en se référant à notre débilité organique. Presque un demi-siècle de batailles prolongées nous a privé de quelques-uns de nos meilleurs combattants, mais nous avons écarté les scories du creuset où se forge la lutte des classes, où se fond l’acier militant. Nous avons passé et continuons à passer par des pénalités et des sacrifices inimaginables, mais nous n’avons pas cessé de tisser, avec tact et d’une main ferme, la ligne politique, le programme et les objectifs à court, moyen et long terme, du processus révolutionnaire. Vous Monsieur le ministre, avec la loquacité qui vous caractérise, vous nous demandez que nous reniions le passé, le présent et l’avenir. L’exploitation du capital n’existe plus; c’est l’unique système possible et donc la fin de l’histoire. Nous autres, nous disons, avec nos humbles connaissances d’économie politique et de matérialisme historique, que le système capitaliste est caduc, qu’il conduit l’humanité à la barbarie et à l’esclavage salarial. Il ne peut subsister sans extraire la plus-value de la force de travail et sans l’appropriation privée des moyens de production, le capital sans les travailleurs n’est rien, les travailleurs sans le capital sont tout.

Les vôtres disent que le droit du travail est une vieillerie, que ce qui est moderne et progressiste c’est la compétitivité et Loi du Profit Maximal. Ils nous disent que la protection sanitaire et l’éducation gratuite sont des utopies communistes; que le droit à un travail, à un salaire ou à une habitation digne, atrophient la flexibilité et la liberté d’exploitation du marché du travail ou du marché immobilier, donc que ce ne sont pas des droits réalistes.

Ils nous disent que les peuples opprimés n’ont pas droit à autodétermination, droit à décider de leur destin; qu’un certain Lénine l’a inventé pour tromper les peuples opprimés; que ce n’est pas l’expression politique d’un droit démocratique. Ils nous disent que la paix est le reflet terrestre de la divinité, accordée à l’humanité par les flottes de bateaux, d’avions et la soldatesque impérialiste.

Enfin ministre, vous nous demandez que nous embrassions l’infamie (appelée par euphémisme «la voie Langraiz») et abandonnions nos principes et valeurs de classe, collectifs et solidaires. À partir de ce moment vous nous ouvrirez un petit peu la porte de votre régime putride, de votre parlementarisme bourgeois creux où rien ne se décide par et pour le peuple.

Pendant ce temps, pour nous aider à réfléchir, vous et votre gouvernement continuez à appliquer la devise pédagogique «la lettre entre mieux par le sang». C’est pourquoi vous nous tenez dispersés, isolés de nos camarades, familles et amis, soumis à des mesures humiliantes qui nous empêchent de pouvoir communiquer avec eux et de pouvoir mener une vie digne en prison. Oui je dis, ministre, je sais que c’est le règne de la loi – la vôtre et celle de vos coreligionnaires évidemment – à laquelle est assujetti l’ensemble de la société et que le bipartisme gouvernant modifie à sa guise.

Je regrette, ministre, merci pour votre effort rédempteur, mais je ne peux renier mon existence et accepter votre proposition. Par cohérence et dignité politique nous ne pouvons abaisser aucun de nos drapeaux; ils sont nos principes; ils sont la clé avec laquelle notre classe et notre peuple ouvriront la porte du futur

Enrique Cuadra Etxeandia
Prisonnier politique  du PCE(r) et des GRAPO
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[Gara, 19 juin 2012]
[Traduction Josette LINARES]

 


Afrique du Sud

Une version pas dite de l’histoire de Marikana

par Solly MapaÏla, 2ème Sous-secrétaire-général du Parti communiste sud-africain (PCSA)

«Depuis le mois de février la terreur règne dans nos bidonvilles» (un ouvrier). Des voyous du «AMCU» [Syndicat de l’association des mines et de la construction] ont brulé hier (1erseptembre 2012) ma voiture» (secrétaire de la section locale du PCSA). «J’ai dû fuir de ma cabane avec ma famille dans la partie Lonmin du bidonville. Nous avons abandonné tous nos biens, une télévision, un micro-ondes…. D’y retourner serait trop dangereux» (délégué syndical du NUM -Syndicat national des mineurs). «Si vous portez un T-shirt rouge, vous devenez leur cible» (un ouvrier).

Voilà quelques-uns des incidents choquants dont on a évoqué à la réunion de la population – conviée dimanche dernier par le Parti communiste sud-africain – au bidonville de Marikana depuis que s’est abattue cette tragédie. Dans une salle comble, il était difficile de compter exactement les personnes présentes. Il devait y avoir 700 à 1.000 habitants, beaucoup d’entre eux des mineurs de Lonmin et d’Impala Platinum et quelques vieilles femmes concernées par la violence et les perturbations de la vie quotidienne dans les environs.

Nous savions que nous allions dans un bidonville terrorisé et cela m’a ramené des souvenirs de massacres comme Boipatong au début des années 1990. Dans un contexte tendu comme celui-ci, nous n’attendions pas une participation aussi nombreuse. Toutefois il était clair que ceux qui étaient présents s’impatientaient à témoigner leur vécu traumatisant depuis des mois, sinon des années.

«Les jours qui précédaient les coups de feu du 16 août, les grévistes dormaient au koppie [la colline] un ouvrier âgé expliquait, «L’inyanga [guerisseur] leur avait dit qu’ils ne doivent pas s’approcher des femmes sinon le muti [médicament] pour les protéger contre les balles ne fonctionnerait pas. Ils continuent d’aller au koppie, mais seulement dans la journée. Tous les matins les hommes de main de l’AMCU vont de cabane à cabane pour saisir les hommes qui s’y trouvent pour les forcer d’aller au koppie

Une femme dans l’audience a convenu que des hommes-de-main ratissaient les cabanes à la recherche d’hommes. «Ils ne font pas que prendre nos hommes, ils volent des choses. Pire encore, avec nos hommes partis, des tsotsis [voyous] viennent aussi pour voler et violer. «Un autre ouvrier explique: «C’est pourquoi la plupart des ouvriers sont retournés chez eux dans les zones rurales. Cela arrive à chaque fois qu’il y a des violences comme cela.»

L’affirmation qu’une grande partie de la main-d’œuvre n’est plus à Marikana serait confirmée par les rapports que seulement 120 des 270 hommes arrêtés le 16 août étaient en effet employés à Lonmin. Cela étant dit, nous devons faire attention aux statistiques. Le tiers à peu près des ouvriers n’est pas employé par Lonmin mais par des sous-traitants. Aussi il est clair que parmi les «grévistes» beaucoup sont probablement des chômeurs, dont certains licenciés des grèves, non protégés, inspirés par l’AMCU de la mine d’Implats à proximité, d’autres ont été enrôlés de force au koppie, voire des badauds à la recherche désespérée d’un emploi.

Dans mon enquête auprès du camarade Frans Baleni, secrétaire général du NUM, pour évaluer combien cette pratique était monnaie courante dans la zone de la platine, il m’a informé d’un fait effrayant: parmi les 65.000 ouvriers d’Anglo-platinum, 25.000 environ ne sont pas ses employés directement.

Alors que la colère et les critiques de l’assistance à notre réunion était massivement dirigée contre les hommes-de-main mobilisés par l’AMCU, il y avait aussi un sentiment général qu’ils avaient été abandonnés par tout le monde et livrés à eux-mêmes. «La police n’est entrée en action qu’après que deux de leur collègues et deux agents de sécurité soient sauvagement assassinés les jours qui précédaient le 16 août – mais où était la police depuis des mois et même des années, où nous étions brutalement assassinés ici, dans nos habitations par ces mêmes voyous?».

D’autres accusaient les compagnies minières, la municipalité et les structures locales des autorités traditionnelles d’avoir omis de construire des maisons adéquates, ou de fournir des services essentiels dans les bidonvilles aux alentours des mines qui avaient proliféré la dernière décennie lors du boom de la platine. D’autres estimaient que NUM n’avait pas donné une direction approprié sur le terrain, laissant la porte ouverte aux démagogues populistes. «Ces gens répandent des mensonges tous les jours à propos du NUM – que le NUM possède des actions dans Lonmin, qu’il reçoit de l’argent du gouvernement, et le NUM n’a pas été là pour réfuter ou clarifier ces mensonges» déclare un ouvrier de Lonmin. À ce moment la question a été clarifiée; la division d’investissements du NUM n’investit pas dans les secteurs des mines, de l’énergie ou de la construction, ni ne reçoit de l’argent du gouvernement, au contraire son fonds le J.B. Marks Trust, a alloué plus 69 millions de Rands [6,5 millions d’euros] en bourses pour l’éducation des mineurs et de leurs enfants.

Un ouvrier plus âgé, délégué syndical local du NUM était partiellement d’accord. «Il est vrai que nous n’avons pas toujours su s’adapter aux nouvelles et difficiles réalités. Dans les années 1980, il a été au début difficile pour nous d’organiser. Il y avait un compound system [système de baraquements] très contrôlé avec des foyers de travailleurs situés dans l’enceinte de la mine. Les patrons des mines utilisaient les structures ethniques de ‘boss-boy’ [chef d’équipe noir] pour assurer la discipline, et il était difficile pour nous d’organiser. Mais une fois que nous avions pénétré les foyers de travailleurs, la concentration d’ouvriers à un seul endroit était telle que nous pouvions organiser très rapidement et de maintenir une discipline démocratique syndicale très efficace. Aujourd’hui, la plupart des foyers ont été fermés et la main-d’œuvre vit éparpillé à l’extérieur. Dans le passé, les mines nous fournissaient un ‘lit’ en béton et des repas. Les ouvriers pourraient envoyer chez eux dans les zones rurales la plus grande partie de leurs salaires -. il n’y avait pas grand-chose où les dépenser, sauf le magasin ‘Bantu’ [pour des noirs] et la boisson. Maintenant, les travailleurs recevaient une allocation d’hébergement extérieur de 1.800 Rands [168€] mais nous savons tous que cela n’est pas assez pour se payer une vraie maison. Par conséquent nous vivons dans ces cabanes comme des animaux. Sur nos maigres salaires nous devons payer pour nos lits et nos repas. Beaucoup parmi les ouvriers ont maintenant deux familles une ici et une autre au village. L’argent manque. Ce qui signifie que beaucoup de nos ouvriers sont devenus des proies faciles pour des mashonisas [usuriers), des chaines de Ponzi, des caïds des cabanes, de diverses formes de criminalité et des hommes-de-main. Voilà le sol du désespoir et de la vulnérabilité que bêchent les renégats du AMCU, et avant eux les brutaux Five Madoda [Madoda Cinq – Syndicat dissident du NUM] et leur belliqueux journal Worker’s Mouthpiece [le Portevoix des Ouvriers]

Les paroles de cet ouvrier âgé me sont revenus à l’esprit ce matin en lisant un article de l’ancien secrétaire général du COSATU, Jay Naïdoo dans la revue New AgeLa démocratie n’existe pas. Le camarade Naïdoo écrivait: «Donc, aujourd’hui, nous devons nous demander si les syndicats dissidents ne sont que l’œuvre d’opportunistes. Affirmons-nous que les syndicalistes chevronnés seraient si faibles, malléables et intellectuellement inférieurs, qu’ils risqueraient de perdre leur emploi et leur vie – et pour quoi?» Je ne suis pas sûr de ce que le camarade Naïdoo essayait de dire. Les membres de la direction de l’AMCU avaient perdu leurs emplois quand ils ont été licenciés du NUM pour populisme antidémocratique et pour avoir de manière illégale mit en péril la santé et la vie d’AUTRUI par une grève-sur-le-tas souterraine qui a duré trois semaines. Encore une fois ils ont risqué la vie d’AUTRUI à Marikana – et pour quoi? Afin de s’imposer dans la collecte de plusieurs millions de Rands de cotisations syndicales des travailleurs.

Maintenant n’est pas le moment pour de longues polémiques avec le camarade Naïdoo qui a clairement oublié ses propres batailles avec les syndicats renégats comme UWUSA [United Workers Union of South Africa – Syndicat unifié des ouvriers d’Afrique du Sud] qui avaient été fournis par les patrons et s’appuyaient eux-mêmes sur la violence anti-travailleurs, des hommes-de-main et des superstitions rétrogrades de toutes sortes. Le chef de l’UWUSA habitait dans ma commune de Thokoza dans l’East Rand, et je peux témoigner qu’il se caractérisait de la même violence et mobilisation ethniciste arriérée. Maintenant c’est le moment pour établir une unité maximale au sein de le COSATU, et entre le COSATU et ses partenaires de l’Alliance [ANC-PCSA-COSATU] face à une attaque en plusieurs axes, contre la classe ouvrière organisée, dans le contexte d’une grave crise capitaliste mondiale.

Une telle unité doit être fondée sur l’identification correcte de ce à quoi exactement nous sommes confrontés. Les voix des habitants du bidonville de Marikana à la réunion du PCSA, le dimanche 2 septembre 2012, nous rappelle qu’il existe une lecture autre des événements, très différente de celles diffusées actuellement par les médias dominants. Avant la tragédie du 16 août, la thèse dominante était «rivalité syndicale» – comme si AMCU était un syndicat normal, mettant le NUM et l’AMCU dos à dos pour l’origine de la violence qui a vu deux policiers, deux vigiles en faction devant les bureaux du NUM à Rustenburg et six délégués syndicaux du NUM assassinés. (C’était la répétition en 2012 de l’intoxication mensongère des «violences de noirs contre noirs» du début des années 1990).

Après la tragédie 16 août, la thèse dominante était devenue «un état autoritaire brutal contre des grévistes non armés» – on nous appelait de nous souvenir de Sharpeville (mais pas de Boipatong, pas le Witdoeke, pas des lieux de carnages de la région de Midlands, Sebokeng, Kathorus (Katlehong – Thokoza – Voslorus) même pas la tuerie la plus récente de la Five Madoda et de leur journal Worker’s Mouthpiece à Rustenburg).

Je rappelle tout cela pour ne pas tirer un voile sur ce qui s’est passé le 16 août. Il doit y avoir une enquête exhaustive, sans restriction aucune, sur la conduite ce jour-là de la police et aussi sur les allégations de torture qui auraient suivi. Pour cette raison, le PCSA a pleinement soutenu la mise en place d’une commission judiciaire indépendante.

La commission auditionnera des témoignages de tous les côtés et s’assurera certainement que les voix du bidonville de Marikana aient l’opportunité de présenter leur version des faits. L’histoire qu’ils racontent est bien différente de celle qui prédomine – Marikana n’est qu’une des facettes d’une offensive anti-ouvrière généralisée dans le contexte de la crise capitaliste. Leur histoire fait partie d’un récit différent de celui qui prévaut – Marikana n’est qu’une facette d’une offensive anti-ouvrière de grande envergure, dans le contexte d’une crise du capitalisme. C’est une offensive menée non pas par l’État ou la police, mais de diverses manières par les compagnies minières, les partis de l’opposition parlementaire (avec leur attaque incessante contre les grands syndicats), les marchands de main-d’œuvre, et la plupart des médias locaux et internationaux. Dans cette offensive, ils flirtent dangereusement avec les démagogues et les opportunistes de tout poil pour séparer et diviser les ouvriers et la population qui les entoure.

La population a demandé à l’Alliance de jouer un rôle actif et d’être présente dans la région pour restaurer la normalité et les aider à améliorer leurs moyens d’existence dans cet environnement de richesses minérales, et qu’elle se range de son coté dans cette période extrêmement difficile.

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[Traduction Alexandre MOUMBARIS
corrigé par Roger PISAPIA]
[
Umsebenzi online, 6 septembre 2012]

 


Afrique du Sud

Marikana, une épreuve dans le sang

Les événements sanglants du mois d’août à Marikana, en Afrique du Sud, imposent la réflexion. Bien que la réalité sud-africaine soit complexe, il y a néanmoins des aspects simples et faciles à circonscrire.

La grève sauvage déclenchée à Marikana vers le 10 août – considérant les conditions d’exploitation et d’existence des ces mineurs – exprimait une exaspération non seulement justifiée mais inévitable, même conditionnée. Poussés à bout, leurs vies étaient invivables.

La mort de 46 personnes est à déplorer, la plupart des mineurs, mais également deux policiers, deux gardiens de sécurité et six délégués syndicaux du Syndicat national des mineurs (NUM),tués les jours précédents sans compter ceux gravement blessés.

Mais diverses autres formes de violence, potentiellement mortelles, affligent aussi le quotidien des habitants du bidonville de Marikana; elles peuvent être physiques, économiques, sanitaires, criminelles…..

Parmi les ouvriers et habitants de Marikana je ne tenterais pas de mettre dos à dos les victimes et les agresseurs, les morts et leurs meurtriers, les volés et les voleurs, les raquettés et les raquetteurs, … mais plutôt je considèrerais Marikana comme un ensemble humain, qui dans ces conditions spécifiques, a engendré de tels comportements extrêmes, où finalement tous sont des victimes.

Mais victimes de qui? Victimes de la nature du capitalisme débridé (ou pas suffisamment bridé), de la course à la maximalisation des profits et des dividendes, de la compression du coût de la main d’œuvre. Bien que de par sa nature le système capitaliste soit amoral, néanmoins dans la pratique, les rapports humains entrent en jeu et pour chaque cas spécifique cette règle mécanique s’adapte «intelligemment» et tente par des tactiques, des stratégies et des alliances à s’imposer à la classe ouvrière qui répond avec ses propres armes, tactiques et stratégiques dans ce que nous appelons la lutte des classes. Dans ce cadre on doit tenir compte non seulement du présent mais aussi de l’histoire, de la culture… des espérances, qui font valoir une moralité qui alimente la volonté et éclaire le chemin à prendre.

Dans le cas de l’Afrique du Sud, qui produit près de 80% du platine mondial, soit un quasi-monopole, serait-il infaisable d’imposer au marché international — que nous savons manipulé — un prix qui comprendrait une paye décente pour les mineurs? Parce que si ce n’est pas le cas, une solution socialiste — la nationalisation de la mine — qui en économisant les bénéfices dont jouissent les propriétaires/actionnaires et de leurs alliés de classe, pourrait bien être la seule alternative nationalement adéquate.

Certes cela aurait des répercussions sur tout le secteur minier, et particulièrement sur l’or, qui en augmentant occasionnerait une baisse relative des devises, en particulier celles de réserve, telles que le dollar, déjà affaibli par des assouplissements qualitatifs [la création monétaire ex-nihilo] à répétition auxquels ont eu recours le gouvernement des É-U et la Banque Fédérale, pour sauver leur économie accablée de dettes. Cela étant ce n’est pas aux ouvriers sud-africains de subventionner l’impérialisme étasunien!!!

Mais allons un peu plus loin, ou plus près des criminels directs. Quand la direction de Lonmin a décidé, au cours de la grève, plus sauvage que prétendument contrôlée par le syndicat minoritaire AMCU, de proposer une augmentation aux mineurs-perforateurs et pas à leurs assistants, c’était là une provocation, un affront, une tentative abjecte et coupable de diviser les ouvriers pour qu’ils s’en prennent les uns aux autres. Mais les ouvriers sont restés solidaires et n’ont repris le travail qu’après une augmentation de 11% à 22%, qui certes était loin des 300% qu’ils revendiquaient au départ, mais après six semaines sans paie certains avaient tout simplement «vraiment faim».

À l’initiative immédiate du le président Jacob Zuma, une enquête a été ouverte. Il est à souhaiter que les décisions qui résulteront de celle-ci, coïncideront avec les revendications des travailleurs, les espérances du peuple sud-africain, mais aussi celles de ceux, dont le président Zuma fait partie, se sont battus pour une Afrique du Sud libérée de l’apartheid et conforme à laCharte de la liberté de l’ANC.

Alexandre MOUMBARIS

 


Afrique du Sud

Le syndicat de classe sud-africain COSATU
quitte la CSI et rejoint la FSM

Le XIe Congrès national de la confédération syndicale de classe sud-africaine, la COSATU, se tenait du 17 au 20 septembre 2012.

Avec le spectre du massacre de Marikana planant sur le Congrès, le débat a tourné essentiellement autour de la position à adopter vis-à-vis de l’«Alliance» formée avec le PCSA, allié historique de la COSATU, et surtout l’ANC, force dirigeante du processus de libération nationale.


L’unité réaffirmée mais sur des engagements à des «transformations radicales »

Le Congrès a finalement opté par une solution de compromis, réaffirmant la nécessité de l’unité du syndicat derrière le soutien à la coalition gouvernementale menée par l’ANC mais aussi l’urgence de luttes pour l’augmentation des salaires et pour des «transformations radicales» dans le pays.

Ainsi le discours de clôture du président réélu de la COSATU, Sdumo Dlamini, a mis l’accent avant tout sur l’unité: «Dans les trois prochaines années, l’Afrique du sud connaîtra l’unité dans l’action. Les rues sud-africaines seront couvertes de tee-shirts rouges, ceux de la COSATU et du Parti communiste, ceux noir, vert et or de l’ANC».

Mais le président a mis en garde contre les paroles qui ne sont pas suivies d’actes révolutionnaires conséquents, et a appelé à regarder vers les processus révolutionnaires latino-américains

«Nous voulons une action résolue et non juste des paroles en l’air; nous voulons des transformations radicales concrètes en faveur de la classe ouvrière comme trait saillant de la seconde phase de la transition.

La seconde phase radicale de la transition nécessite un engagement ferme à rendre le pouvoir économique au peuple. Les progrès que l’on observe au Brésil, à Cuba, au Venezuela et dans d’autres pays d’Amérique latine et du monde sont une conséquence à la fois de luttes de plus en plus aiguës et de la détermination d’une direction révolutionnaire».

 Quand la COSATU quitte la CSI pour rejoindre la FSM

Moment fort du Congrès, le débat autour du retrait de la COSATU de la CSI, issue de la filiation avec les «syndicats libres» anti-communistes, et de son adhésion à la FSM, héritière de la tradition d’un syndicalisme de classe et révolutionnaire.

L’adhésion à la FSM avait déjà été préparée ses dernières années par la décision de quatre syndicats influents: celui de la chimie (CEPPWAWU), de l’éducation et de la santé (NEHAWU) et surtout de la métallurgie (NUMSA) qui avaient tous rejoint la FSM. La procédure d’adhésion du syndicat des mineurs (NUM) était elle en cours.

Confrontés à une joute verbale entre les discours du SG de la FSM, George Mavrikos, et celui de la SG de la CSI, Susan Barrow, les délégués de la COSATU, avec le poids décisif joué par les cadres du PC ont finalement décidé de quitter la CSI et de se rallier à la FSM.

Une décision qualifiée par la résolution de la FSM d’un retour à la maison: la «COSATU revient dans sa famille, cette grande famille qui lutte contre l’exploitation de classe et la barbarie impérialiste».

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[ solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/]

 

Grèce

Nous ne mendions pas, nous exigeons

Les dédommagements de guerre, ne sont que le moindre geste en direction de la dette d’honneur
pour les atrocités subies par le peuple crétois

«J’ai passé quarante jours à parcourir la Crète l’été dernier, pour voir les villages que les barbares avaient démolis et brûlés, ainsi que les hommes et les femmes habillées en l’armure noire du deuil. Je m’attendais à des gémissements, de voir des mains s’étendre en quête d’aide, mais j’ai trouvé des âmes indomptées, insoumises et des corps à moitié nus, affamés mais raides. À travers les villages endommagés d’où je suis passé, j’ai enjambé des monuments récemment ouverts, des conversations que j’ai écoutées j’ai senti cette puissante vaillance faite de la paire amour-passion pour la vie et l’intrépidité devant la mort»

C’est avec ces mots, que le grand Nikos Kazantzâkis décrit sa triste expérience, le voyage-pèlerinage à sa terre natale en 1945, en sa qualité de membre d’une commission spéciale chargée de rapporter sur les atrocités commises en Crète par l’occupant. Cette Commission créée par décret spécial du gouvernement Voûlgaris, comprenait également les professeurs d’université I. Kakridis, I. Kallitsounakis et K. Koutoulakis auquel est dû le contenu photographique du rapport. Ce groupe de la Commission a parcouru l’île du 29 juin au 6 août 1945, visitant 76 villes et villages de Crète, collectant un matériel précieux. Par la suite leur rapport (ainsi que ceux établis par les autres groupes de la Commission envoyés dans les autres régions frappées par les exactions nazies) a été remis pour compilation au ministère des Affaires pour qu’il fournisse, précisément à cause de son contenu, du moment de la rédaction, mais aussi par les personnalités des membres de la Commission, des preuves documentaires irréfutables concernant les dédommagements réclamés aux Allemands.

 Un rapport…. qui a été perdu

Savez-vous ce qui lui est arrivé? Sa trace a été perdue pour de très nombreuses années. Voyez-vous, ce Rapport de plus en plus devenait une épine au pied de plus à la politique du gouvernement de l’époque, de promouvoir les relations gréco-allemandes. Heureusement, toutefois, qu’une copie du Rapport avait été conservée par P. Prévélâkis qui l’a plus tard donné au Musée historique d’Héraklion pour faire partie des archives précieuses de Nikos Kazantzâkis. En 1983, le maire d’Héraklion Manôlis Karellis, cédant à des efforts pressants, le rendra public.

En feuilletant les pages, s’animent spontanément dans mon esprit, les paroles de Elytis:

«Ils sont venus en ‘amis’ vêtus
d’innombrables fois
mes ennemis
piétinant la terre ancestrale
et la terre ne s’est jamais tenue
à leurs talons»

(Άξιον Εστί Ζ)

Les Allemands avaient prévu de prendre l’île en 24 heures. Le moindre retard aurait été désastreux pour leurs atroces desseins. Ils savaient que les Crétois n’étaient pas armés et que les jeunes sous les drapeaux étaient déployés au front albanais, et que les britanniques n’avaient ni de forces militaires ni des avions. Finalement; il a fallu 12 jours entiers aux Nazis pour conquérir la Crète et cela leur aura coûté tant que dés lors ils ne tenteront jamais plus des opérations aéroportés d’une telle envergure. Rien ne sera plus pareil après cette bataille, considérée parmi les plus paradoxales de l’histoire militaire mondiale. L’Europe connaîtra les moments les plus tragiques de son histoire récente, marquée des pires barbaries que l’humanité avait jamais vécue: des génocides, des camps de concentration, les fours crématoires, les bombes atomiques.

 «Que soit éradiqué tout ce qui respire»

Et les Crétois? La lutte acharnée pour la liberté et la défense de leur île, le front de résistance populaire contre les Nazis, phénomène unique dans l’histoire de la guerre, conduira les conquérants à des «tactiques de représailles» bestiales qui mèneront des villages entiers aux pelotons d’exécution et à la barbarisation absolue de la guerre. Prétextant que les Crétois avaient résisté au vainqueur, les «chevaliers» de la race aryenne révélèrent leur hideux visage. L’ordre du général Miller résume clairement leur comportement»: «Que soit exterminé tout ce qui respire et que toute forme de vie soit détruite». Ainsi, des centaines de villages seront immolés par la furie vengeresse des conquérants, comme: Anôgia, Viâna martyrisée et Kândanos. Déterminés à défendre leurs pays les habitants se battront jusqu’au bout contre les Allemands, qui équipés des armes les plus modernes, tuaient tout ce qui bougeait devant eux. Ainsi après avoir pillé toutes les maisons et abattu le bétail ils ont livré au feu toute la région.

Toutefois cela n’était pas suffisant. Ils ordonnèrent aux personnes âgées et aux enfants de transporter de la dynamite, puis firent sauter toute la région. À l’entrée où fut le village de Kândanos les Allemands érigèrent un panneau de sorte à marquer son emplacement. «Il est sous-entendu que les soldats allemands ont soi-disant été tués par derrière était un mensonge monstrueux, le seul but était de couvrir leur propres crimes», ont écrit les auteurs du Rapport.

«Nous n’avons pas de tabouret à te proposer pour t’asseoir. Nous n’avons pas un verre pour t’offrir de l’eau. Nous n’avons pas un morceau de pain si tu avais faim. Nous n’avons même pas d’hommes pour discuter avec toi. Les Allemands nous ont tout pris, tout,… et nous l’ont incendié. Ainsi, me parlaient-elles sous un platane au cœur du village en ruines, les femmes vêtues de noir qui avaient surgi des décombres», explique Nikos Kazantzakis.

Et maintenant que l’Europe ne paraît pas se souvenir que la Crète a sauvé la lutte alliés au Moyen-Orient et qui a certainement pesé sur le cours de la guerre, aujourd’hui où «nos partenaires» comme des conquérants exigent une fois de plus dans l’histoire «la terre et l’eau» de notre pays, que serait cette dette contemporaine?

 La lutte pour les compensations

À l’entrée du camp de concentration d’Auschwitz une maxime du philosophe espagnol Santagiana met en garde l’humanité. «Ceux qui ne se souviennent pas du passé sont condamnés à le revivre». Aujourd’hui, 67 ans après la bestialité du nazisme à Kalâvrita, à Distomo, à Khortiatis, à Viâno et à d’autres lieux martyrisés, et après le pillage généralisé des richesses nationales, du patrimoine des citoyens grecs, des trésors archéologiques, la question des dédommagements de guerre revient plus forte que jamais. […]

Ioulia Iérapetritâki

 Ioulia Iérapetritâki est historienne, archéologue et membre du Comité international des Amis de Nikos Kazantzakis

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[Traduction Alexandre MOUMBARIS,
correction Roger PISAPIA]

 


Grèce

Appel du Bureau politique du CC du KKE
29 août 2012

Nous appelons le peuple à déterminer sa propre perspective, à s’appuyer sur la force du droit et de l’organisation, sur l’alliance et l’unité des travailleurs, des paysans, des artisans et des commerçants, ainsi que des jeunes, des femmes, de la famille populaire, pour que reviennent l’optimisme et la force qui conduiront à la victoire, la rupture et le renversement du pouvoir des monopoles et des groupes capitalistes, la libération des chaines de l’UE, par la conquête du pouvoir ouvrier-populaire.

Voilà ce que doit être aujourd’hui le choix populaire contre la crise qui se prolonge et s’approfondit, les développements dans l’UE et la dette, cette féroce attaque antipopulaire.

Le gouvernement de la ND-PASOK-DIMAR (Nouvelle démocratie-Parti socialiste-Gauche démocratique), harangue sans vergogne les exigences des groupes entrepreneuriaux de Grèce et d’Union européenne. La perspective qu’il trace pour le peuple est dramatique. Elle fait que même les chômeurs, quand ils possèdent leur habitation, soient imposés, que des malades soient privés de médicaments, que des enfants soient laissés hors des écoles maternelles, et tant d’autres… c’est contre cela que le peuple est appelé à lutter de manière décisive, à briser les entraves qui le tiennent et lui font subir cette politique vicié de gestion de la crise capitaliste, pour qu’il puisse avancer vers une issue qui lui soit favorable, la satisfaction de ses besoins.

Quelle que soit la politique appliquée, une prorogation des règlements du mémorandum, une nouvelle tonte, des nouveaux prêts et euro-obligations, le retour à la drachme, ou toute autre variante ne l’épargnera pas d’une nouvelle attaque, des nouvelles diminutions de salaires, de retraites, de services sociaux, de l’aggravation du chômage.

Aucune politique de gestion de la crise ne répond aux problèmes de la classe ouvrière et des couches populaires, ni celle de la coalition gouvernementale actuelle, ni celle de SYRIZA, car elles sont ancrées dans la stratégie des monopoles et de l’UE. La critique unilatérale contre l’Allemagne et les gouvernements grecs qui ont accepté les recettes de la triade UE-BCE-FMI, surnommée la «Troïka», les accusations de «haute trahison» et de «soumission», n’ont rien à voir avec les intérêts réels du peuple. Elles reflètent simplement les divergences dans la gestion de la crise sous couvert de slogans soi-disant favorables au peuple, pour que celui-ci ne se retourne pas contre le système qui l’exploite, mais confère sa préférence à l’un ou à l’autre gestionnaire.

Bien entendu, n’est pas non plus une réponse celle du parti réactionnaire et anticommuniste «Aube dorée» qui de manière démagogique essaie de pêcher dans des eaux troubles en exploitant la question complexe et particulièrement sérieuse de l’immigration. Sur le dos des immigrés, par la violence organisée et les attaques assassines, il se prépare et se forme pour sa mission essentielle, celui de jouer le rôle de bataillons de sécurité [milices collaborationnistes — NdT] modernes aux dépens du mouvement ouvrier et populaire dans le but de le briser et défendre les intérêts du système.

Le peuple tient aujourd’hui dans ses mains les preuves que le compromis est impossible entre les monopoles et le peuple, entre les puissances du capital et celles du travail. Le rapport de forces défavorable, plus lourd aujourd’hui, suite au scrutin de juin, peut changer, il est entre les mains du peuple et doit commencer à changer dès aujourd’hui. Aucun pas en avant ne peut être fait sans un puissant PCG, sans changement des rapports de force, et tout d’abord dans le mouvement syndical ouvrier.

Aux élections la majorité du peuple s’était prononcé pour les partis européistes, pour le maintien à tout prix de la Grèce dans l’Union européenne et de l’eurozone, sous le slogan frauduleux de la renégociation que soutenaient dès le départ les trois partis de la coalition gouvernementale, et adoptée au second tour par SYRIZA abandonnant ceux de l’abolition du mémorandum et de l’accord sur la dette.

Malgré les résultats électoraux négatifs, dont l’élément de base était l’importante diminution des voix pour le PCG, aucun travailleur ne doit se considérer lié par ces résultats en faveur des partis «européistes», ni d’espérer quoi que ce soit du gouvernement tripartite, ni même d’attendre de sa faillite une gestion alternative du type SYRIZA. La participation et le rôle de la DIMAR dans le gouvernement démontre en somme la faillite de la «gouvernance de gauche».

Il n’y a plus de délais d’attente. Le peuple est déjà dans la misère, alors que l’épée de Damoclès des nouvelles mesures s’érigera devant lui pour de nombreuses années à venir. Il ne peut pas payer ses impôts, des taxes iniques, avoir l’illusion qu’il n’y aura pas de nouvelles diminutions des salaires, des retraites des médicaments, et d’espérer que 1,2 millions de chômeurs seront absorbés, par un développement capitaliste anémique, qui pourrait advenir par l’énergie, le développement vert, dont promet le gouvernement en négociation avec SYRIZA. Les chômeurs deviendront beaucoup plus nombreux en 2013.

Le PCG discute et discutera les difficultés et les faiblesses du mouvement, ainsi que les siennes, sur la manière de mieux faire pour rassembler le peuple et la jeunesse, mieux organiser la lutte du peuple. La solution en faveur du peuple existe.

Pour ces raisons, nous appelons la classe ouvrière et les couches populaires, quel que aient été leurs choix lors des élections, de discuter ouvertement et d’organiser la lutte commune contre les mesures antipopulaires, pour que nous nous débarrassions du cauchemar de la misère, du joug de la domination des monopoles et de leur pouvoir, de nous débarrasser des choix et des engagements de l’UE.

Nous appelons les centaines de milliers de personnes qui disent que «quelque chose doit être fait», pour organiser ensemble la contrattaque populaire.

Que la sortie de la crise en faveur du peuple devienne le mot d’ordre de tout le peuple. Cela signifie lutter pour que soient créées les conditions d’ouverture de la voie de développement sans monopoles, exploitation de classe, par la socialisation, la planification centralisé avec un contrôle ouvrier et populaire, le désengagement de l’Union européenne et l’annulation unilatérale de la dette.

La prorogation des paiements prévus par le mémorandum que propose le gouvernement ainsi que les négociations de SYRIZA, pour que nous n’ayons pas à payer la dette en un ou deux ans ou qu’elle soit réduite suite à des recours à des négociations avec des organismes internationaux, ou le retour à la drachme, sont des solutions alternatives qui amèneraient au peuple de nouvelles souffrances; quant au capital, de nouveau, il en bénéficierait.

La théorie des cadres de SYRIZA que la faillite est l’arme des faibles joue également aux dépens du peuple. En Argentine il y a eu cessation des paiements, sa monnaie a été détachée du dollar, puis après des années, des nouvelles négociations ont eu lieu et une partie de la dette a été annulée. Toutefois, le chômage et la pauvreté ont augmenté bien qu’il y ait eu un développement capitaliste. En aucun cas dans le cadre du système capitaliste et de l’UE, le peuple ne sortira bénéficiaire: La situation actuelle amène la dévaluation interne au sein de l’euro, des réductions des salaires, des retraites, des dépenses sociales. La faillite et la sortie de l’euro amèneraient une hausse abrupte des prix, parmi «l’océan» de produits importés, et en conséquence une énorme baisse du pouvoir d’achat des travailleurs. Dans les deux cas les éléments communs sont une attaque fiscale et la sape du potentiel de développement du pays.

Des sections du capital veulent tirer profit de la sortie de la Grèce de l’eurozone, qui leur permettrait d’investir à un moindre coût dans un pays où la monnaie serait dévaluée et les salaires au niveau de ceux de la Bulgarie.

Les choix de la bourgeoisie et de l’UE sont implacables. Ils veulent une main-d’œuvre à bas-coût et servile, tant aujourd’hui que pour l’avenir, ainsi que l’écrasement du mouvement ouvrier populaire militant de lutte de classe. C’est pour cela que nous insistons pour que les travailleurs tournent le dos aux recettes de gestion de la crise du gouvernement et de SYRIZA. Il faut que le peuple trace sa propre voie vers son pouvoir et la gouvernance qui le délivrera définitivement de la crise et la faillite. La sortie de la crise en faveur du peuple et pour la conquête du bien-être social et populaire est tout à fait lié à la revendication de détachement et d’annulation unilatérale de la dette, afin que le peuple puisse devenir le propriétaire de la richesse qu’il produit.

Le gouvernement du pouvoir populaire fera son patrimoine de la propriété des grands groupes entrepreneuriaux, des entreprises capitalistes, de toutes les structures de transports sur terre, mer et air, et de la terre. Il promouvra des coopératives de production des petits et moyens agriculteurs et professions indépendantes, et assurera ce dont rêve aujourd’hui la majorité du peuple:

  * Travail pour tous, éradication du chômage;
* Suffisance alimentaire pour tout le peuple;
* Soins de santé publique gratuits, assurance sociale pour tous avec éradication du secteur privé;
* Éducation pour tous. Réalisation du potentiel scientifique, de la recherche et de la technologie;
* Services gratuits pour les enfants, les personnes âgées et les personnes ayant des besoins spécifiques;
* Logement populaire avec électricité, chauffage et eau, peu coûteux;
* Athlétisme, culture, vacances pour tous avec des établissements organisés;
* Attribution prioritaire aux relations économiques internationales avec comme critère l’intérêt mutuel des peuples.

Avec le peuple souverain et fort, luttant pour son bien-être, notre pays se libérera des accords impérialistes, de l’OTAN et des engagements dans des guerres impérialistes.

Le pouvoir ouvrier-populaire a donné beaucoup aux peuples des pays socialistes. Il a résolu des problèmes qui ne sont que dans les rêves des travailleurs des pays capitalistes. Nous tirons les leçons des erreurs et des manquements qui ont conduit à la contrerévolution et au renversement de régimes socialistes. La lutte pour un pouvoir de type nouveau reste nécessaire et actuelle.

Le peuple doit maintenant prendre son affaire en main, et cela immédiatement avec des luttes politico-sociales généralisées qui s’uniraient en une orientation commune et une alliance solide de la classe ouvrière, du secteur privé et public, les agriculteurs pauvres, les indépendants, les femmes, la jeunesse.

Aucune branche ou groupe de travailleurs ne peut mettre fin à la misère absolue ou relative en demandant à être exclue des mesures générales compte-tenu que l’attaque subie a un caractère et un objet unifiés. Au contraire les revendications de chaque branche et de chaque groupe de travailleurs, celles des chômeurs, des retraités, ont un espoir d’apporter quelques résultats s’ils les avancent de manière approprié tout en soutenant simultanément les mouvements communs dans tout le pays. Les travailleurs ne doivent pas admettre que la lutte d’un secteur de travailleurs soit utilisée contre un autre secteur de travailleurs, que soient calomniées les formes élevés de lutte, ni les mouvements de grève décidés par les travailleurs et qui répondent à des problèmes insupportables qui les tourmentent.

Que dans cette phase les fronts de lutte et de résistance, aux lieux de travail, aux secteurs et aux voisinages, deviennent des ruisseaux qui en s’unissant renforcent le mot d’ordre du peuple entier pour une sortie de la crise qui lui soit bénéfique, avec des manifestations de masse et des formes de lutte combatives basées sur la participation, la prise de décisions et l’organisation de leur réalisation, par les masses. La lutte exige l’action des masses, organisation et orientation politique en rupture avec les intérêts et les choix des monopoles aux niveaux national et européen.

L’annonce des mesures gouvernementales de soustraire 23,5€ milliards des poches du peuple et de s’attendre à une nouvelle ronde de mesures, constitue la première confrontation postélectorale avec le peuple. Cette nouvelle attaque doit trouver une réponse de masse et de forme appropriée, telle une grève générale, qui pourrait être, sous conditions, le départ d’un renforcement soutenu et solide de la lutte populaire.

Dans cette phase le peuple doit démontrer qu’il est courageux, qu’il est en mesure de se débarrasser des illusions que cultivent les forces politiques qui soutiennent la participation de la Grèce à l’UE, de tourner le dos aux chantages et aux dilemmes terrorisants.

Aujourd’hui se heurtent deux voies de développement, d’un côté celle des monopoles et de leurs partis et celle de la lutte des masses déterminées à ne pas céder, dont l’objet est de conduire à la rupture et au renversement du pouvoir des monopoles.

Il n’y a pas de solution possible tant que le peuple travailleur, les chômeurs, les retraités seront influencés par les diverses recettes de gestion, libérales, social-démocrates et de «gauche», tant que domineront le fatalisme, le défaitisme et l’idée erronée qu’aujourd’hui les peuples ne peuvent gagner, ne peuvent donner des combats décisifs, que le changement radical n’arrivera jamais, que c’est une solution de la «Seconde Venue». Le peuple ne doit pas attendre avec fatalisme les divers réseaux, hypocritement appelés de solidarité et de charité, qui sont établis de sorte qu’il se conforme à la gestion de la pauvreté.

Le PCG prendra des initiatives, aux nivaux national, sectoriel et local de manière à renforcer la lutte de classe de masse, l’alliance sociale, l’initiative et la solidarité populaire dans les fronts de lutte locaux et ceux au niveau politique général. Il appelle le peuple à soutenir politiquement et dans les luttes les initiatives du PCG, qui a déposé à l’Assemble nationale un projet de loi aux termes duquel doivent être abolis les memoranda, les accords de remboursement des dettes et l’ensemble des mesures antipopulaires.

Le PCG sera à la tête de tous les fronts de lutte qui concernent les revenus, les conventions collectives, les avantages sociaux et les retraites, le travail et les droits des chômeurs et de leurs familles, les travaux publics qui concernent les structures sociales et le logement populaire, l’éducation, la santé, les assurances sociales, les privatisations, les fusions des banques qui donnent lieu à des licenciements et des réductions de salaire, les licenciements dans le secteur public, et les questions particulièrement tendues des jeunes et des femmes, la prolifération des stupéfiants, la garantie des soins de santé et des médicaments pour tous, le sauvetage des caisses d’assurance, le règlement des salaires et des retraites.

À bas les taxes et les impôts iniques. Pas de saisies ni des ventes par adjudication pour les ménages populaires surendettés. Renforcement de la solidarité de la part des syndicats, des organisations de masse, des comités populaires, simultanément avec des revendications et des formes combatives de lutte.

Personne ne doit rester seul face aux griffes de la Recette des Impôts et d’autres mécanismes d’état, sans toit, nourriture, médicaments, avec des enfants conduits à la sous-alimentation. Personne ne doit se trouver seul face à la répression et l’arbitraire de l’état bourgeois.

Le PCG avec cette proposition de sortie de la crise et dans ces fronts de lutte prendra la tête aux côtés de chaque travailleur, chômeur, appauvri ou incapable de porter de nouveaux fardeaux.

Renversons le défaitisme, avec la force de notre proposition et notre foi envers le peuple travailleur.

Contribuons de manière décisive à ce que l’immense puissance populaire se libère de ses dilemmes terrorisants, l’anticommunisme, le terrorisme des patrons, de l’état et de l’arbitraire.

Pour que soit libérée la conscience du peuple et que change le rapport de forces en faveur des intérêts du peuple.

Le PCG appelle les travailleurs à répondre à ce nouveau rendez-vous organisé par la Jeunesse communiste de Grèce et Οδηγητής (son journal) aux manifestations du 38ème Festival. Qu’il prenne part active aux manifestations qui auront lieu dans la période qui suivra dans toutes les villes de Grèce. Les membres et les amis du PCG, les jeunes communistes avec sacrifice et abnégation, qu’ils se mettent à la première ligne de la lutte pour l’ouverture de la voie victorieuse du peuple.

Bureau politique du Comité central du Parti communiste de Grèce

Athènes 29/8/2012
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[Traduction Alexandre MOUMBARIS,
correction Roger PISAPIA]


BIP n° 150 – novembre – décembre 2012

Sommaire

  • «Nous étions cinq. Nous mourrons pour Staline»  S. V. Khristenko, Secrétaire du C.C. du P.C.B.tUS, Nouvelles de l’U.R.S.S.
  • Lettre du Parti communiste des bolchéviks de toute l’Union soviétique  Le C.C. du P.C.B.tUS, Nouvelles de l’U.R.S.S.
  • La survie politique du président péruvien ne tient qu’à un fil — André Malt, lautjournal
  • Le témoignage-choc d’un général canadien — Marcus Papadopoulos, Morningstaronline
  • «Il n’y a plus de place dans le monde pour l’anachronisme de guerres, Israël»  Gordon Duff, presstv.ir
  • Le grand chemin vers Jérusalem: le Hamas trahit l’Iran et la Syrie —Dr Fida Dakroub, Global Research
  • Interview «exclusive» d’Oussama ben Laden au journal pakistanais Ummat, le 28.9.2001 — ReOpenNews

Dossier Syrie

  • Le combat anti-impérialiste de l’état-nation et du peuple syriens est celui de l’ensemble des peuples du monde — C. Beaulieu et G. Blanche, Comité Valmy
  • Bataille de Damas: le coup de maître du renseignement irano-russe! — IRIB
  • Fin de la bataille de l’aéroport de Damas, Washington et Moscou face-à-face —W. Chekkat, IRIB
  • Entretien exclusif du Président Bachar Al Assad — Sophie Shevardnadze, Russia Today, mondialisation.ca
  • «Al-Qaïda est tombée dans un piège en Syrie» — Hassan Nasrallah, gnet
  • La saga des armes chimiques syriennes: un désastre humanitaire orchestré par les États-Unis et l’OTAN?  Prof Michel Chossudovsky, Mondialisation.ca

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  • La lutte anti-impérialiste et l’affirmation de l’indépendance et de la souveraineté nationale — Document du XIXCongrès du PC portugais, Pedro Guerreiro, membre du CC et du département international, Faire vivre le PCF
  • La nécessité impérieuse de créer en France une organisation anticolonialiste digne de ce nom — Nouvelle Association Staline
  • Des syndicats soutiennent l’impérialisme! — Résistance-Politique
  • Kirghizistan : La base de Manas, équation à plusieurs inconnues — IRIB

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U.R.S.S.

«Nous étions cinq. Nous mourrons pour Staline»

Inscription sur un mur de la Forteresse de Brest (juin1941)

I. V. Staline et la Grande Guerre patriotique. Énorme sujet, en vérité infini. Que peut-on en dire en un bref article? En énumérer les principaux faits. S’arrêter plus ou moins en détail sur deux ou trois questions. Ce sujet commence, ni en été 1941, lorsque les hordes de toute l’Europe hitlérienne «réunies» se sont ruées sur l’Union soviétique, ni même en 1939, lorsqu’a été conclu le Pacte Molotov-Ribbentrop. La perspective de la guerre inévitable contre le nazisme anthropophage était devenue évidente pour la direction soviétique, pour Staline, dès après la sortie, au début des années vingt, du «manifeste» hitlérien «Mein Kampf» où le thème «Drang nach Osten» était nettement, clairement et ouvertement exposé. Il n’y avait pas lieu d’en douter ici.

Il fallait se hâter, «sinon ils vont nous écraser»! En 1925, Staline mettait le cap sur la transformation de l’U.R.S.S. en un pays industriel capable de produire lui-même tout le nécessaire: machines et équipements. En deux quinquennats, le peuple soviétique est parvenu à créer une puissante économie socialiste qui a été le meilleur soutien pour la victoire. Nous avons appris à produire nos propres avions, chars, moyens de transmission, dispositifs d’artillerie à réaction, de fabrication soviétique, nous avons perfectionné radicalement le système de commandement des armées. La collectivisation de l’agriculture a également joué un rôle non négligeable et c’est grâce à elle qu’a été réalisé pendant toute la guerre l’approvisionnement stable en matières premières et en denrées alimentaires aussi bien de l’armée que de la population civile. En 1939-1941, les dépenses faites pour élever le niveau d’état d’alerte de l’armée ont été de l’ordre de 43 p. 100 de l’ensemble du budget du pays.

Une stricte centralisation du système de direction de l’État a également été orientée en vue de la bataille décisive contre l’Allemagne, ce qui a permis de réaliser au cours de la guerre une concentration des forces de l’État, de son armée, encore jamais vue par son envergure. Exemple: le déplacement sans précédents de milliers d’usines et fabriques à l’est du pays en 1941, leur mise en service littéralement «du camion» sur leur nouvel emplacement, pratiquement «en plein champ». L’art soviétique, en premier lieu le cinéma, a également servi à la préparation du pays aux dures épreuves. Le principal thème de dizaines de films a été le patriotisme soviétique, le service de la Patrie soviétique, son indomptable défense.

En signant le pacte de non-agression avec l’Allemagne en 1939, Staline a assuré environ deux années de «sursis» au pays, lesquelles nous ont permis de nous préparer plus soigneusement et de repousser dignement l’agresseur. En signant le traité de neutralité avec le Japon en 1941, Staline a sauvé l’Union soviétique d’une possible guerre sur deux fronts. Par sa sage diplomatie d’avant la guerre et par son attitude la veille et dans les premières heures de la guerre, Staline a convaincu le monde entier que c’était bien l’Allemagne fasciste qui commettait l’agression. Personne n’a cru la déclaration entièrement mensongère de Hitler du 22 juin 1941. Les bases de la future coalition antihitlérienne étaient jetées. Tout comme Lénine, Staline a toujours été inconditionnellement fidèle à la stratégie de l’évolution communiste, aux principes communistes, mais il tenait en même temps compte, de la manière la plus précise et la plus adéquate, de tous les détails, de toutes les particularités de la situation historique concrète.

Dès les premières heures de la Grande Guerre patriotique, Staline a tenu fermement en ses mains la direction du pays, du front et de l’arrière. Il a pris sur lui la charge extrêmement lourde de responsabilité personnelle du déroulement et de l’issue de la guerre, du destin du pays, du peuple et de l’armée. Il a consacré toutes ses forces, toute sa volonté et tout son talent à la grande cause du salut de la Patrie, de sa défense et de son honneur, de sa liberté et de son indépendance, à la conquête de la victoire sur le fascisme. Son activité durant cette guerre, jour après jour, a été énorme par son envergure et a embrassé le cercle le plus large des problèmes les plus complexes: militaires; économiques, politiques, sociaux, idéologiques, diplomatiques, problèmes de politique étrangère et de très nombreux autres domaines.

Le travail s’est poursuivi à ce rythme extrêmement tendu jour après jour, durant les longs mois, les longues années de la guerre. Et il était nécessaire de conserver son calme, ses nerfs d’acier, de fuir l’agitation dans le travail, de communiquer aux autres son énergie et sa constance dans l’effort vers le but à atteindre. Selon le témoignage de témoins oculaires qui ont travaillé avec Staline, cela lui a réussi dès les toutes premières heures de la guerre. «Durant toutes ces journées et toutes ces nuits, Staline travaillait, — témoigne Molotov, — il n’avait pas le temps de perdre son sang-froid ou le don de la parole. Perdre contenance, on ne saurait dire, mais se tourmenter, oui, mais ne pas le laisser voir».

Qui était Staline pour le peuple soviétique dans les années de la guerre? Il se peut que ce soit les circonstances d’octobre 1941 à Moscou qui en parlent le mieux. Après le début de la guerre, l’ennemi a franchi des centaines de kilomètres de manière semble-t-il irrésistible, presque ininterrompue, enfonçant toutes les lignes de défense l’une après l’autre. Les officiers hitlériens pouvaient déjà voir à la jumelle les contours de Moscou. à Moscou, des éléments de panique, pleins de rumeurs sur l’ennemi. Staline s’adresse aux Moscovites par le réseau de radiodistribution: «Moscovites, je suis avec vous, je suis là, à Moscou, je ne partirai nulle part». Instantanément, le climat se normalise, une certitude apparaît chez les gens Staline est avec nous, Staline ne nous laissera pas. Combien fallait-il donc être dépravé pour accuser Staline d’un prétendu «culte de la personnalité», tandis qu’il ne s’agissait en fait que d’affection et de confiance du peuple gagnées par des années d’un dur travail pour le bien des gens?

Le volume de travail de Staline fut tel qu’il surpassait, semblait-il, les possibilité humaines. G. K. Joukov soulignait en Staline «sa manière de converser librement, son aptitude à formuler clairement sa pensée, son intelligence analytique naturelle, sa grande érudition et son exceptionnelle mémoire». Et il mentionne aussi: «Il avait le regard perçant et pénétrant. Il parlait doucement, séparant distinctement les phrases les unes des autres, sans presque gesticuler… Il parlait avec un accent géorgien sensible, mais savait la langue russe à la perfection et aimait à employer des comparaisons imagées, des exemples empruntés à la littérature, des métaphores… Il comprenait l’humour et savait apprécier l’esprit et la plaisanterie… D’une façon générale, il écrivait lui-même, à la main. Il lisait beaucoup et était homme largement versé dans les domaines les plus variés de la connaissance. Sa capacité de travail étonnante et son habileté à saisir rapidement le fond d’une affaire lui permettaient d’examiner et de maitriser en une journée une quantité de matériaux des plus divers que seule une personne sortant de l’ordinaire serait en mesure de traiter…».

Le rôle de Staline dans la Grande Guerre patriotique est malaisé à surestimer. C’est qu’il avait concentré en ses mains tous les leviers décisifs du pouvoir dans le pays. Il était Secrétaire du C.C. du P.C.(b.)tUS, Président du Soviet des Commissaires du peuple de l’U.R.S.S. et Commissaire du peuple à la Défense. Dès le début de la. guerre, Staline est devenu Président du Comité d’État pour la Défense (sigle russe: GKO). Le Comité d’État pour la Défense était l’organe suprême d’État le plus extraordinaire de l’U.R.S.S. Tous les pleins pouvoirs y ont été concentrés durant toutes les années de guerre. Le GKO dirigeait l’activité de tous les départements de l’État, orientant leurs efforts pour l’utilisation maximale des possibilités matérielles, spirituelles et militaires de l’État.

Comment travaillait le Quartier général du Haut Commandement suprême? S. M. Chtémenko écrit: «Les décisions du Quartier général, traduites en ordres par des documents, étaient signées par deux personnes: le Commandant en Chef suprême des armées (Staline; — N.d.T.) et le Chef de l’État-Major général, et parfois le sous-chef du Commandant en Chef suprême des armées. Il y avait des documents qui n’étaient signés que par le Chef de l’État-Major général. Dans ce cas, il y était porté la mention «De la part du Quartier général». En règle générale, les documents opérationnels n’étaient pas signés par le Commandant en Chef suprême des armées, sauf ceux dans lesquels celui-ci avait vivement critiqué quelqu’un de la haute direction militaire (il était gênant pour l’État-Major général, disait-il, de signer de tels documents et d’aigrir ainsi les rapports, que l’on se vexe). L’État-Major général ne signait de son propre Chef que différents types d’ordres, essentiellement de caractère administratif».

Extraits de mémoires de témoins oculaires: «Lorsque Staline s’adressait à quelqu’un d’assis (je parle de nous, les militaires, qui étions au Quartier général), il ne fallait pas qu’il se lève. Le Commandant en Chef suprême des armées n’aimait pas non plus du tout que celui qui lui parlait ne le regarde pas dans les yeux. Lui-même parlait d’une voix un peu voilée, et au téléphone, doucement. Dans ce cas, il fallait redoubler de toute – son attention… On se souvient que, lorsque le titre de Maréchal de l’Union soviétique a été attribué à I. V. Staline, il fallait continuer à l’appeler, comme auparavant, «camarade Staline». Il n’aimait pas que l’on se mette au garde-à-vous devant lui, il ne supportait pas les claquements de talons à l’arrivée et au départ… Staline ne supportait pas qu’on lui dissimule la situation exacte des affaires».

Les nombreux documents et témoignages de gens qui ont travaillé avec Staline montrent qu’il s’efforçait, avec la plus grande énergie et persévérance, d’obtenir le maximum de données exhaustives sur l’état des forces de l’adversaire, sur son potentiel militaro-économique, sur ses intentions, sur le théâtre des opérations militaires, et ainsi de suite. C’est précisément en s’appuyant sur ce volume de renseignements qu’il entreprenait la planification de la guerre, de ses campagnes et de ses opérations stratégiques.

Sur Staline comme chef des armées. Dans ses mémoires «La cause de toute ma vie», le Maréchal Vassilevski souligne: «Selon ma profonde conviction, I. V. Staline était la plus forte et pittoresque figure du commandement stratégique. Il a assuré avec succès la direction des différents fronts et a été en mesure d’exercer une influence considérable sur les hommes politiques et les militaires dirigeants des pays alliés…». Staline était parvenu à bâtir un système de rapports avec les alliés tel que ses partenaires en pourparlers reconnaissaient secrètement son droit d’aînesse.

«Je peux fermement dire, — écrit Guéorgui Joukov, — que Staline maîtrisait parfaitement les principes fondamentaux de l’organisation des opérations de front, des opérations de groupe de fronts, et qu’il les dirigeait en connaisseur, qu’il s’en sortait bien dans les grandes questions de stratégie. C’est à partir de la Bataille de Stalingrad que les capacités qui étaient les siennes en tant que Commandant en Chef suprême se sont plus spécialement dévoilées… En direction de la lutte armée dans son ensemble, I. V. Staline a été aidé par son intelligence naturelle, son expérience de la lutte politique, sa riche intuition, son ample compétence. Il savait trouver le maillon principal dans une situation stratégique donnée et, s’y étant accroché, opposer une résistance farouche à l’ennemi, procéder à tel ou tel groupe d’opérations offensives. Il était sans aucun doute un digne Commandant en Chef suprême».

Le maréchal-chef d’aviation A. Yé. Golovanov, qui était en rapports directs avec le Commandant en Chef suprême des armées, caractérisait ainsi le style de Staline: «Après avoir étudié l’homme, s’être assuré de ses connaissances et de ses aptitudes, il lui faisait confiance, je dirais même, de manière infinie. Mais Dieu garde cet homme, comme l’on dit, qu’il ne se manifeste quelque part sous un mauvais jour. Staline ne pardonnait ce genre de choses à personne. Il m’a plus d’une fois parlé des difficultés qu’il lui a fallu surmonter après la mort de Vladimir Ilitch, à mener la lutte contre toutes les sortes de déviationnistes, même contre des gens auxquels il avait fait infiniment confiance, qu’il considérait comme ses camarades, comme Boukharine, par exemple, desquels il se sentait avoir été trompé. Cela avait évidemment développé en lui une certaine défiance envers les gens. Il m’est arrivé d’avoir à le convaincre de l’irréprochabilité de telle ou telle personne que je lui recommandais pour le travail de direction… Staline prêtait toujours de l’attention au fond d’une affaire et réagissait peu à la forme de son exposé. Son comportement vis-à-vis des gens dépendait de leur travail et de leur attitude envers l’affaire dont ils avaient été chargés. Travailler avec lui n’était guère facile. Il possédait lui-même de larges connaissances et ne supportait pas les rapports emphatiques et les formulations ampoulées. Les réponses devaient être concrètes et l’on ne peut plus brèves et claires. Si une personne parlait longuement pour finalement ne rien dire, Staline lui signalait sa méconnaissance de la question, il pouvait faire remarquer au camarade son impéritie, mais je n’ai pas souvenance qu’il ait offensé ou humilié quelqu’un. Il constatait seulement un fait. Sa capacité de dire franchement, dans les yeux, le bon et le mauvais, ce qu’il pensait de la personne, était un trait caractéristique de Staline. N’ont travaillé longtemps avec lui que ceux qui connaissaient irréprochablement leur affaire, savaient l’organiser et la diriger. Il respectait les gens capables et intelligents, sans prêter parfois attention aux sérieuses insuffisances dans leurs qualités personnelles.

Avec tout son autoritarisme, sa sévérité, je dirais même sa rudesse, il faisait rapidement écho à la manifestation d’une initiative sensée, d’une indépendance d’action, il appréciait l’indépendance des jugements. En tout cas, pour autant que je m’en souvienne, il ne faisait pas part à l’avance, d’une façon générale, aux personnes présentes de ses conclusions, appréciations et décisions. Connaissant tout le poids de sa parole, Staline s’appliquait à ne pas dévoiler ses sentiments pendant un certain temps sur le problème en cours de discussion; le plus souvent, ou bien il restait assis, comme absent, ou bien il faisait les cent pas, presque sans bruit, dans le cabinet, de sorte qu’il semblait être fort loin de l’objet de la conversation, qu’il pensait à quelque chose de personnel. Et soudain, une courte réplique retentissait, détournant la conversation sur un autre cours semblait-il parfois, mais qui était, comme il apparaissait ensuite, sur le seul vrai sujet».

Sous la direction de I. V. Staline, le Parti communiste était dans les faits l’inspirateur et l’organisateur de la lutte de l’ensemble du peuple contre l’Allemagne fasciste. L’ensemble du contenu, les formes et les méthodes du travail du parti étaient subordonnés à l’obtention de la victoire dans la Guerre patriotique de l’Union soviétique. Le Bureau politique et le Comité central du parti cherchaient à obtenir que, dans les assemblées plénières des comités du parti aux différents niveaux, des groupes actifs de militants de base du parti, soient résolues les tâches concrètes découlant de la situation venue à maturité. Les comptes rendus et les élections mis en œuvre conformément aux directives du C.C. dans les cellules du parti ont élevé la discipline du parti, le militantisme et la responsabilité des communistes. Dans les années de guerre, le Parti communiste a été un bloc monolithique unique, un parti de combattants, un parti de belligérants.

Durant la Grande Guerre patriotique, l’armée en campagne a conduit 51 opérations stratégiques, plus de 250 opérations de front et environ un millier d’opérations d’armée, dont près des deux tiers ont été des opérations offensives. Bien sûr, toutes n’ont pas été réussies, toutes n’ont pas été couronnées de la victoire. Et il y a des causes à cela. Mais l’essentiel n’est pas là. L’Union soviétique a tenu bon sous les coups terribles du fascisme allemand et de la meute multinationale de leurs complices, le régime social soviétique a, dans les faits, passé le rigoureux contrôle de sa solidité, il a montré que le rêve — le socialisme — était réalité. La Grande Guerre patriotique a montré que seul le socialisme peut assurer l’unité indestructible des peuples soviétiques frères.

La Grande Guerre patriotique a mis en évidence tout l’éclat du talent de I. V. Staline, et comme grand chef d’armée, et comme brillant diplomate, et comme homme politique qui a donné toute sa vie, sans reste, au service de la Patrie socialiste et de son peuple laborieux.

En rendant justice à l’exploit de l’Armée rouge, à ses dirigeants, D. Eisenhower écrivait: «Les grands exploits de l’Armée rouge pendant la guerre en Europe ont déchaîné l’enthousiasme du monde entier. Comme soldat ayant suivi les campagnes de l’Armée rouge, j’ai été pénétré par l’enthousiasme le plus profond pour la maîtrise de ses dirigeants».

S. V. KHRISTENKO, Secrétaire du C.C. du P.C.B.tUS

[Nouvelles de l’U.R.S.S. n°118 nov déc 2012]

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U.R.S.S.

Lettre du Parti communiste des bolcheviks de toute l’Union soviétique

Chers amis, camarades du parti, du mouvement communiste et nos compagnons d’idées de l’étranger!

Le Comité central du Parti communiste des bolchéviks de toute l’Union soviétique vous félicite à l’occasion du 95e Anniversaire de la Grande Révolution socialiste d’Octobre qui a ouvert une nouvelle ère dans l’histoire de l’humanité, une ère de possibilité d’un monde sans guerres, sans violence, sans exploitation, une ère de liberté individuelle pour chaque prolétaire, pour chaque travailleur honnête, une ère d’assurance pour l’homme de son lendemain.

à l’occasion de cette journée mémorable, nous félicitons tous nos compagnons de lutte pour le socialisme, contre l’expansion impérialiste et le banditisme des é.-U.A. et de leurs suppôts dans l’arène mondiale. Nous félicitons tous-ceux qui, aujourd’hui, trouvent en eux les forces et le courage de lutter pour leurs droits sociaux qui leur ont été enlevés par l’impérialisme à la suite de la victoire provisoire de la contre-révolution en U.R.S.S. à la fin du XXe siècle. Nous félicitons, à l’occasion de cette date mémorable, les courageux journaliste-communistes et les éditeurs de la presse communiste de l’étranger, nos estimés camarades-bolchéviks de France, d’Angleterre, d’Inde, de Bulgarie, de Tchéquie, de Belgique, du Canada et d’autres pays encore du globe terrestre. Nous souhaitons à tous nos compagnons de lutte santé, force morale, fermeté de conviction et l’atteinte des objectifs fixés. Après les ténèbres toujours se lève le soleil. Nous croyons en notre victoire sur l’exécration et la haine des puissants de ce monde qui pillent les richesses de tous les continents. Nous croyons au triomphe prochain, historiquement inéluctable, du SOCIALISME sur le capitalisme inhumain qui a fait son temps et qui pousse l’humanité dans le gouffre du néant. La Révolution socialiste est déjà mise à l’ordre du jour de la civilisation par l’histoire elle-même.

Alors, plus hardiment en avant et plus ferme le pas! Que nos rangs s’élargissent et que notre unité se renforce!

Vive notre lutte commune pour LE SOCIALISME!

Vive la Révolution socialiste qui s’avance!

La Victoire sera notre!

Le C.C. du P.C.B.tUS

[Nouvelles de l’U.R.S.S. n°118 nov déc 2012]

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Pérou

La survie politique du président péruvien ne tient qu’à un fil

par André Maltais

Comme le Chili et la Colombie, le Pérou est un pays que les États-Unis ne peuvent pas se permettre de perdre. C’est à Lima qu’est née l’Alliance du Pacifique qui unit les pays sud-américains obligés d’être amis avec Washington et qui forme un mur géographique ininterrompu entre les membres du Mercosur et la Chine.

Pourtant, le 5 juin 2011, la population péruvienne élisait un président nationaliste et progressiste, Ollanta Humala, qui devenait le premier chef d’État pro-intégration latino-américaine d’un pays du Pacifique partageant une frontière avec le Brésil.

«Le Brésil a besoin d’un partenaire stratégique de notre côté du Pacifique et le Pérou est idéal pour remplir ce rôle», déclarait alors le candidat Humala à la revue brésilienne Isto E, le 20 avril 2011.

À peine un an plus tard, la situation du président Humala ressemble à s’y méprendre à celle de son ex-homologue, le paraguayen Fernando Lugo, au moment du coup institutionnel du 22 juin dernier.

L’économiste péruvien, Oscar Ugarteche, dénonce une alliance, commandée par les États-Unis et les forces armées péruviennes, entre l’ex-président Alan Garcia et les secteurs de l’extrême-droite liés à un autre ex-président, Alberto Fujimori, qui purge une peine de 25 ans d’emprisonnement pour crimes contre l’humanité et le trafic de la drogue. Cette alliance vise à isoler le président en éloignant toutes les personnalités de gauche de son entourage politique.

Après l’élection, nous dit Ugarteche, la droite profite du conflit social autour du projet minier Conga, dans l’état du Cajamarca, conflit que Garcia avait soigneusement «chauffé» avant de céder le pouvoir à son successeur.

Après avoir pris des mesures jugées insuffisantes pour assurer l’accès à l’eau potable de la population affectée par la mine, Humala tombe dans le piège de la répression.

Il déclare l’état d’urgence dans le Cajamarca, emprisonne les responsables politiques régionaux venus négocier à Lima, bloque les fonds fédéraux aux États en conflit et somme publiquement son premier ministre de gauche, Salomon Lerner Ghitis, de cesser toute négociation.

S’ensuit un véritable carnage politique quand onze ministres de gauche sur les dix-sept du cabinet démissionnent ou sont remplacés par le président. Cela, écrit Ugarteche, privait Humala de ceux-là même qui l’ont appuyé comme candidat, ont écrit ses discours et amassé l’argent de sa campagne électorale.

Lerner Ghitis est remplacé par Oscar Valdez, ex-lieutenant de l’armée et partisan de Fujimori. Comme il fallait s’y attendre, écrit David Urra, du portail internet Contrainjerencia, les partisans de la main de fer dans le nouveau cabinet aggravent le conflit et permettent aux médias de générer une matrice d’opinion qui rend seul responsable le président Humala.

Comme en Bolivie et en Équateur, l’une des stratégies de la droite consiste à pousser les groupes indigènes, qui ont un poids important dans la population péruvienne, à affronter le gouvernement. Des ONG, analyse Urra, s’emparent de certaines revendications des groupes indigènes et les magnifient vers de tels extrêmes que le conflit devient ingérable.

D’un côté, la droite accuse le président de faiblesse et exige de lui une guerre totale contre la résistance et la subversion mais, de l’autre, sûre de sa propre force, elle lui reproche hypocritement le non respect de son agenda de gauche.

Depuis septembre, suite à une nébuleuse affaire de violence contre des policiers, la droite exige maintenant la révocation de la mairesse de Lima, une femme de gauche honnête et énergique, qui s’est attaquée à la corruption et que plusieurs voient comme candidate aux présidentielles de 2016.

Enfin, le 3 novembre, tombait l’ambassadeur péruvien en Argentine, Nicolas Lynch Gamero, au seul motif qu’il avait accepté une lettre des mains de représentants du MOVADEF (Mouvement pour l’amnistie et les droits fondamentaux), un groupe allié à la guérilla du Sentier lumineux.

Tout comme Lugo, au Paraguay, déplore Urra, Humala est ainsi isolé parce qu’il n’a réalisé aucun changement structurel dans le pays. Il a simplement laissé courir les choses, gardant intacts les pouvoirs de l’oligarchie et sa structure de gouvernement.

De plus, après avoir pris en considération une douteuse demande de pardon pour raisons humanitaires concernant Alberto Fujimori, Humala assiste impuissant à une série de jugements qui rejettent les unes après les autres les accusations pourtant amplement documentées de crime contre l’humanité et de trafic de drogue contre l’ex-directeur de la police secrète de Fujimori, Vladimiro Montesinos.

Le pouvoir judiciaire, dit Ugarteche, cherche à restituer le prestige des forces armées péruviennes, très liées aux États-Unis, et à réintroduire Montesinos en politique.

Humala gouverne maintenant avec ceux qui ont perdu les élections. Le colonel Estuardo Loyola est le chef du Bureau de prévention et de sécurité du Congrès, le colonel Adrian Villafuerte est conseiller du président en matière de sécurité et de défense tandis que le général Benigno Cabrera est en voie de devenir le chef du commandement conjoint des forces armées péruviennes. Les trois militaires ont signé, le 13 mars 1999, un acte de sujétion et de loyauté à Montesinos.

Du projet de «Grande transformation» mis de l’avant par Humala au cours des présidentielles, il ne reste que les programmes sociaux, constate pour sa part le sociologue péruvien, Omar Coronel. Le président a abdiqué. Il a laissé tomber l’instauration d’une loi générale du travail, d’un impôt sur les profits des compagnies minières, d’un zonage écologique du pays et d’une loi de consultation des communautés affectées par les projets miniers.

Il a maintenu le décret d’Alan Garcia permettant aux militaires accusés de violation des droits humains d’être jugés par leurs pairs, a laissé pourrir des conflits de travail comme ceux des enseignants et des professionnels de la santé, mais annonce fièrement qu’en 2015, le Pérou sera le siège de l’Assemblée générale du FMI et de la Banque mondiale.

Lors de la dixième Conférence des ministres de la Défense des Amériques, à Punta del Este, en Uruguay, tenue du 7 au 10 octobre dernier, le ministre de la Défense péruvien, Pedro Cateriano, défendait l’incroyable demande étasunienne d’instaurer le principe d’accords entre les forces armées des pays latino-américains sans passer par les instances politiques.

Cateriano défend aussi le document que le Secrétaire d’État à la Défense étasunien, Léon Panetta, est venu présenter à Lima, le jour même de la réélection du président Chavez, au Venezuela. Ce document fait appel aux alliés latino-américains des États-Unis pour que leurs forces armées coopèrent dans le but de soutenir le leadership mondial de ce pays et de garantir sa sécurité et ses intérêts.

En septembre dernier, le ministre péruvien de l’Économie, Miguel Castilla, décidait que le Pérou ne dirigera pas le Groupe d’intégration financière de l’UNASUR, ce que son pays doit pourtant faire à titre de président pro-tempore de l’organisme d’intégration sud-américain. La décision a eu préséance sur l’intérêt maintes fois déclaré du président Humala pour l’UNASUR!

Clairement, conclut Ugarteche, celui qui décide n’est pas Humala. Il ne décide ni des questions de politique extérieure (intégration et rapports avec les États-Unis) ni des questions de politique intérieure (pardon à Fujimori, jugements de Montesinos, épuration des éléments de gauche).

Tout indique que les États-Unis sont loin d’avoir perdu le Pérou.

[Source: lautjournal.info/default.aspx?page=3&NewsId=4189]

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Serbie

Au procès de Karadzic devant le TPI de La Haye

Le témoignage-choc d’un général canadien

Un ex-officier supérieur des Nations Unies a fait une révélation remarquable au cours de son récent témoignage au procès de Radovan Karadzic devant le Tribunal pénal international de La Haye (TPIY). Inutile de dire que les grands médias occidentaux n’en ont pas dit un mot.

Ironie du sort, le général David Fraser était cité comme témoin à charge par le procureur. Ce qui rend d’autant plus crédible — et percutant — ce qu’il a dit.

Il a déclaré sous serment que, pendant la guerre en Bosnie, les forces musulmanes faisaient feu sur leurs propres civils à Sarajevo et ensuite attribuaient ces atrocités aux Serbes.

Le major-général David Fraser était l’adjoint militaire du chef des forces de protection de l’ONU (UNPROFOR) du secteur de Sarajevo d’avril 1993 à mai 1995. Ses révélations démentent de façon spectaculaire l’image innocente et pacifique du gouvernement musulman bosniaque diffusée à satiété par les gouvernements occidentaux, les médias et les firmes de relations publiques. Et surtout, elles suppriment toute justification du bombardement des Serbes en 1994 et 1995. Contre-interrogé par Karadzic, le général a déclaré avoir entendu de ses collègues militaires que l’armée musulmane de Bosnie-Herzégovine avait recours à des détachements de snipers qui ciblaient les enfants musulmans de Sarajevo pour faire ensuite porter aux Serbes la responsabilité de ces meurtres. «Une protestation contre ces actes a été faite auprès des Musulmans», a- t-il précisé. En ce qui concerne le bombardement serbe de Sarajevo, il a évoqué un épisode où l’ONU avait eu la preuve qu’un tir de mortier sur des civils musulmans, dans le secteur de Skenderija, provenait en fait des forces musulmanes. «Il semblait évident que l’intention des Musulmans était d’augmenter le nombre de victimes pour pouvoir mieux dénoncer les atrocités serbes.»

Fraser a aussi rappelé qu’une pratique courante des forces musulmanes à Sarajevo consistait à placer des mortiers à côté d’endroits sensibles, comme les installations de l’ONU ou les hôpitaux, et à faire feu sur les positions serbes afin «de provoquer leur réaction».

Il a cité l’exemple d’un mortier tirant à partir d’un hôpital et a dit: «Nous protestions auprès des Musulmans contre leurs tirs à partir d’emplacements proches d’endroits comme les hôpitaux ou contre leur emploi de systèmes mobiles, car ils cherchaient à provoquer une réaction non contre la cible elle-même, mais entraînant des dommages collatéraux, et cela était inacceptable.»

à propos de l’abominable «sniper alley» (l’allée des snipers) — une bande de 2 à 300 mètres de longueur près de la caserne Maréchal Tito au centre de Sarajevo — il a indiqué que les événements qui s’y produisaient étaient «politiquement bénéfiques» au côté musulman.

Relevant cette déclaration, et une phrase du témoignage du général où ce dernier disait que les généraux serbes étaient «intelligents», Karadzic a demandé pourquoi les échelons supérieurs de l’armée serbe auraient autorisé leurs snipers à tirer sur des civils le long du «sniper alley» alors que cela bénéficiait au côté musulman.

La réponse de Fraser donne à réfléchir.

«Je dois reconnaître que les chefs de corps serbes manifestaient un haut degré de professionnalisme, d’intelligence, d’expérience et de contrôle sur leurs forces. Ils tenaient en main les actions se déroulant sur place. Aussi je me pose moi-même la question : pourquoi des gens experts en commandement et en contrôle auraient- ils permis ces tirs de snipers qui profitaient à l’adversaire à la place d’une action tactique militaire? Ils n’étaient pas idiots.»

Le témoignage de Fraser décrivant le comportement des forces musulmanes de Bosnie à l’égard de leurs propres concitoyens jette une ombre troublante sur la version occidentale généralement admise des raisons pour lesquelles la Bosnie s’est engloutie dans la guerre civile et du déroulement des événements qui ont marqué les trois années du conflit.

Marcus PAPADOPOULOS

Un article de 2010 dont personne n’a parlé.

[http://www.morningstaronline.co.uk/index.php/news/content/view/full/97780]

[Balkan Infos n° 182 décembre 2012, Cap 8, BP 391,75869 Paris cedex 18.]

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États-Unis – Israël

«Il n’y a plus de place dans le monde pour l’anachronisme de guerres, Israël»

par Gordon Duff

Israël s’amuse comme s’il se croyait en 1982. Les 75.000 réservistes, élevés au sein de l’apartheid et du racisme, une génération de jeunes israéliens qui connait peu l’effort physique – un million de travailleurs «invités» s’occupent des travaux pénibles – sont inaptes, physiquement et mentalement, au combat.

Mais cette fois-ci c’est différent. Malgré les avancées militaires du Hamas ces derniers mois – la contrebande d’armes de défense anti-aérienne Manpad en provenance de Libye, les fusées à système de guidage avancé avec une portée double de celle qu’Israël imaginait, ne sont pas les facteurs décisifs.

L’affaire est politique. D’un côté il y a les mots sortant de la bouche du président Obama lors de sa déclaration parlant du soutien éternel à Israël et de son droit à la légitime défense, de l’autre sa position ou il s’oppose à Israël comme ennemi, peut-être même plus que ne le font les habitants de Gaza.

Il ne s’agit pas seulement des tentatives continuelles de Netanyahu en vue de truquer l’élection présidentielle étasunienne et de leur échec colossal.

Netanyahu n’a pas idée de ce qui l’attend sur son chemin.

Des sondages lors de la récente élection ont montré que les juifs américains se soucient peu ou pas du tout d’Israël. En fait, Israël est considéré comme une nation qui «vit aux crochets» et «vaut de moins en moins le dérangement.»

Leurs pleurnicheries ne touchent que de manière limitée. Les photos d’enfants palestiniens morts, sont maintenant beaucoup plus courantes et le flux continuel d’histoires de terroristes palestiniens que le lobby pro-israélien fournit pour la consommation de l’opinion publique étasunienne, n’est plus accepté.

Ces deux dernières années, il est devenu de plus en plus de mauvais goût de colporter l’islamophobie et le racisme. La conscience politique aux États-Unis s’est développée. Romney et Netanyahu ont tout fait pour que les élections aient beaucoup à faire avec Israël.

Israël a perdu autant que Romney.

Puis, il y a la réalité «sur le terrain». Israël peut envahir, possède des armes et des troupes. Ce qu’il n’a pas, c’est l’appui du pouvoir de la presse.

Bien sûr, la presse est toujours là, mais ne sont pas nombreux ceux qui prennent aussi au sérieux qu’auparavant, les «media de la culture pop». CNN et Fox, les réseaux étasuniens les plus inclinées à obéir à Tel-Aviv, ne prêchent maintenant qu’à une minorité d’affidés mécontents et brisés, d’un mouvement politique échoué et en désarroi total.

Le Parti Républicain, les «vrais de vrais» amis d’Israël, maintenant «dévore ses enfants» dans un «festin de reproches», à la recherche de boucs émissaires pour expliquer comment des milliards de dollars provenant de la drogue, n’ont pas réussi à s’acheter l’élection présidentielle d’une nation depuis longtemps considérée comme constituée d’ignorants et de «malpropres».

Les États-Unis se sont avérés être autrement, une nation qui en a marre qu’on lui mente. Les temps ont changé. Pendant mon enfance, j’ai vu les États-Unis passer du stade de haine contre ceux d’origine africaine, juive et catholique, à une nation (du moins les États qui soutiennent Obama, où vit la grande majorité de la population) où la race et la religion ne préjugent pas du caractère de quelqu’un.

La carte à jouer d’Israël «de victime de l’holocauste» est désormais usée et tachée, on ne peut plus prétendre à «l’ascendance morale» tout en assassinant des enfants, en volant des organes humains et en exploitant près d’un tiers des cartels du crime dans le monde.

Les gens le remarquent.

Les choses ont changé «sur le terrain». Bien que Morsi en Égypte ait juré de respecter les accords de Camp David, le peuple d’Égypte ne permettra pas que la Palestine soit envahie sans réagir. Si Morsi n’agit pas, cela scellera son destin et mettra un terme à ces accords.

Israël aura alors un ennemi sur sa frontière sud.

Israël comptait que la Jordanie agisse comme une «marionnette». Nous constatons maintenant les premières mesures visant à éliminer la Jordanie en tant que pion israélien.

Le thème des colonies en Cisjordanie se présentera sous un autre éclairage car elles ont été construites sur des terres volées au peuple jordanien. Il y aura un nouveau gouvernement en Jordanie, un gouvernement islamique, mais il ne sera plus capable de réprimer ses deux millions de Palestiniens, dont près d’un quart vit encore dans des camps de réfugiés.

Les racines de la radicalisation sont là, et ce ne sera peut-être pas dans un mois ou deux, mais la Jordanie tombera et le désir de régler les questions du «droit au retour» est moins susceptibles d’être traité par des négociations qu’elles soient verbales ou écrites.

Bien que la presse occidentale depuis longtemps réprime les informations, la monarchie saoudienne s’affaiblit, alors que le premier substitut d’Israël au Moyen-Orient – selon la façon dont le «vent souffle» – la Turquie, ne peut plus se laisser considérer comme faible ou complice de ses actes.

La rhétorique d’Erdogan et son incapacité de faire autrement que de se joindre à Israël contre la Syrie, rejoint par les Français, pour servir de caniche à ses maîtres de l’OTAN, n’est pas passé inaperçu.

Iran

Beaucoup pensent que la proposition étasunienne faite à l’Iran, de lever les sanctions en contrepartie d’inspections nucléaires strictes, a déjà atteint le stade de l’entente préalable. Israël, nous dit-on, a indiqué qu’il ne s’opposerait pas à un tel accord.

Il ne le fait pas parce qu’il ne peut pas le faire.

Sans l’affaire de l’Iran comme «chiffon sanglant», Israël serait sur la voie de l’oubli. Ces armes nucléaires ne sont utiles que comme assurance contre la faiblesse d’une puissance nucléaire mineure. L’Iran comprend bien cette question.

«L’option Samson» sioniste est maintenant devenue un emblème d’hypocrisie et la garantie pour le peuple israélien d’être sous la surveillance et dans le collimateur de plus d’une nation qui lui avait dans le passé juré «son amitié éternelle».

L’inimitié étasunienne

Il y a maintenant des rapports consistants et vérifiés montrantqu’une coalition de groupes voyous extrémistes au sein de la communauté militaire et des anciens combattants -généreusement financés par l’argent du Cartel du Golfe du Mexique et blanchi par ce que le Dr Webster Tarpley décrit comme la «mafia mormone» et les likoudistes israéliens – avaient prévu de renverser le gouvernement étasunien par la force après les élections.

Des sources au plus haut niveau ont indiqué que le général Petraeus se verrait offrir la «présidence» à la suite d’un acte terroriste emblématique qui aurait coûté la vie à des hauts dirigeants étasuniens, y compris, mais sans s’y limiter, au Président et au Vice-président.

Il n’y a absolument aucune raison de croire que le général Petraeus ait été au courant de ce qui allait se passer, et s’il l’avait su qu’il l’aurait arrêté.

Toutefois, lors d’une situation «d’état d’urgence national», les critères sur la base desquels les décisions sont prises auraient été différents.

Jeb Bush allait être son Vice-président.

De sources officielles très bien informées, on suppose que dans l’éventualité d’un repli, aurait pu être impliqué, non pas que le général Petraeus indisponible, mais la secrétaire d’État, Hilary Clinton, qui, affaiblie assumerait la présidence, alors qu’elle serait empêtrée dans une guerre avec l’Iran, conséquence d’une série d’assassinats et d’attentats terroristes, où des «passeports vierges iraniens» tomberaient du ciel comme de parfaits flocons de neige depuis le ciel gris*.

Mouvements notés

Afin que Mme Clinton soit retenue à son poste, les sénateurs McCain et Lindsay Graham se sont servis de l’affaire Benghazi pour bloquer la nomination de Susan Rice.

Il est à noter maintenant, que tous ceux qui ont contribué à ces folles théories de complot centrées sur l’assassinat de l’ambassadeur Stevens, pourraient vraisemblablement être considérées comme impliquées dans un complot contre les États-Unis.

Notes sur Benghazi

Dans une récente discussion avec un cadre haut placé du contre-espionnage, il m’a été rappelé que les questions clés concernant l’attaque à Benghazi sont de deux ordres:

À qui à profité l’attaque? La réponse est claire: Romney et Israël.

Combien la conjoncture était-elle judicieuse? Le refrain est le même: La conjoncture favorisait Romney et Israël.

Ainsi, nous voyons à l’œuvre ce qu’expliquait le Dr Webster Tarpley dans «La mafia mormone».

On me dit également que nous voyons la main des employés du Département d’état, sans la coopération desquels, les mouvements de l’ambassadeur et de son équipe auraient été impossibles à tracer, et il en est de même pour la coordination de l’attaque foudroyante du 11 septembre 2012, qui coïncidait avec le téléthon de Terry Jones/Google/YouTube dans le but de fournir une couverture de violence, délibérément orchestrée.

Derrière ce téléthon, nous trouvons les mains de l’Institut CATO, leur «Tea Party» à travers «P.J. Media, et comme le rapporte Wayne Madsen, s’y trouvaient jusqu’à 50 officiers supérieurs du Pentagone.

Ce n’était pas la Maison Blanche qui avait envoyé la force de secours à Tripoli, à quatre heures de route alors que l’aéroport de Benghazi était ouvert.

Les responsables du Pentagone avaient fait circuler un article d’Al Djazeera, depuis longtemps réfuté, racontant que l’aéroport de Benghazi était inutilisable, alors que quatre compagnies aériennes s’en servaient au quotidien.

Bien que nous ne les verrons jamais témoigner devant une commission d’enquête du Congrès, si les planificateurs réels de l’attaque de Benghazi devaient être traduits en justice – pas ceux qui ont effectivement mené l’attaque -, nous trouverions que la majorité d’entre eux vit et travaille près de Washington DC et est étroitement liée aux mondes politiques de droite et sioniste.

Conclusion

Israël attaquera et envahira peut-être, mais en faisant cela il ne fera que creuser sa tombe. Ce qui aurait servi la détente, qui aurait amené la paix pour des générations, aurait plus probablement été une coalition de nations, qui ne se serait pas voué à détruire Israël, mais aurait pris une voie dans le monde où Israël n’aura plus de place.

Israël est un «dinosaure», un anachronisme de guerres et de conflits, dont le souvenir se perd. Israël n’est pas seul, d’autres tomberont et Israël pourrait bien survivre en tant que «patrie des juifs», mais soit comme nation paria, soit en embrassant un héritage multiculturel, chrétien, musulman et juif.

17.11.2012

* Référence au passeport d’un des «pirates de l’air» retrouvé parmi les débris de l’attentat du 11.9.2001 contre les tours jumelles.

** Webster Tarpley est un journaliste étasunien. spécialisé dans l’étude des «false flag operations», c‘est-à-dire des opérations revendiquées par des faux auteurs pour discréditer le camp adverse.

[www.presstv.ir/detail/2012/11/17/272874/israels-gaza-blunder/]

[Traduction Alexandre MOUMBARIS]

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Palestine

Le grand chemin vers Jérusalem:

le Hamas trahit l’Iran et la Syrie

Généralités

Lorsque l’émir du Qatar, Hamad, fut arrivé à Gaza, à la tête d’une importante délégation comprenant son épouse, Moza, et son Premier ministre, Hamad – celui-ci un cheikh non pas un émir –, il fut accueilli par le chef du gouvernement du Hamas, Ismaïl Haniyeh, qui eut organisé une cérémonie officielle grandiose pour l’occasion. Les deux hommes se tinrent côte à côte pendant que les hymnes nationaux palestinien et qatari furent joués. Certainement, un tapis rouge eut été déployé en son honneur; et l’émir fut ensuite accueilli par un parterre de responsables du Hamas, dont les ministres du gouvernement de Gaza et un dirigeant en exil du mouvement, Saleh Arouri, venu dans le territoire palestinien pour cette occasion très glorieuse1.

En plus, monsieur Taher al-Nounou, le porte-parole du chef du gouvernement du Hamas à Gaza, qui eût avalé sa langue en récitant les allégeances à son nouvel émir, déclara que cette visite avait une grande signification politique parce que c’était le premier dirigeant arabe – plutôt «arabique» selon notre nomenclature2 – à briser le blocus politique3.

Des fusées d’allégresse furent tirées, évidemment, dans le ciel de la bande de Gaza, assiégée, depuis un millénaire et quelque, par la soldatesque israélienne et la trahison arabe.

Dans les rues, des milliers de drapeaux palestiniens et qataris furent accrochés, ainsi que des photos géantes du cheikh Hamad: «Merci au Qatar qui tient ses promesses»(sic.); ou «Bienvenue» pouvait-on lire sur des panneaux le long de la route Salaheddine, qui parcourait le territoire palestinien du nord au sud.

L’émir a accepté d’augmenter l’investissement du Qatar de 254 à 400 millions de dollars, déclara monsieur Haniyeh, lors d’une cérémonie à Khan Younès, en présence de cheikh Hamad, pour poser la première pierre d’un projet de logements destinés à des familles palestiniennes défavorisées, qui porterait aussi le nom de son Allégresse: Hamad ou l’émir du Qatar.

Cette omniprésence de son Allégresse qui précéda l’opération militaire israélienne baptisée «pilier de défense», cette précipitation subite de l’influence qatarie à Gaza, cette extase des chefs du Hamas au point de passage de Rafah, touchés par le Saint-Esprit du despotisme obscurantiste arabique, cette montée de l’émir pendant qu’il descendait, cette apparition pendant qu’il se cachait, ce silence pendant qu’il parlait, ce bruit pendant qu’il se taisait n’étaient pas un privilège de sa nature, comme le proclamaient l’émir et ses adulateurs, ni une hallucination collective, comme l’affirmaient ses détracteurs, non, simplement un faux calcul de la part des chefs du Hamas au lendemain de leur trahison ignoble envers la Syrie et l’Iran.

La trahison du Hamas envers

la Syrie et l’Iran

Avant toute chose, ce qui manquait aux médias «résistants» pendant le dernier cycle de violences à Gaza, c’était le courage! Non celui d’insulter leur «ennemi», ici Israël, mais bien plutôt le courage de décortiquer le soi-disant «allié» quand il se fut transformé en Dalila, et «l’alliance» avec lui en la chevelure convoitée de Samson4. C’est ce que les médias libellés «résistants» n’osèrent pas faire en réaction de la trahison du Hamas envers la Syrie et l’Iran.

D’ailleurs, loin des fracas des obus et des missiles tirés des deux côtés, une question très simple s’imposa dès le premier jour des opérations militaires à Gaza, sur laquelle ni les médias arabes «résistants» ni ceux d’Israël n’eurent pas la «générosité» d’y répondre: Quelle mouche piqua le Premier ministre israélien, monsieur Netanyahou, pour qu’il donne le feu vert à une opération militaire? La simplicité d’une telle question, au point de départ, n’exclut pas une certaine difficulté à répondre, au point d’arrivée; et par «répondre», nous n’attendons pas, évidemment, un tel ou tel brouhaha médiatique qui ne sert ni à présenter les faits objectifs d’une telle opération ni à «répondre» à la question ci-devant. Autrement dit, tout ce que l’on eut dit, tout ce que l’on eut publié, que ça fût par les médias israéliens ou par leurs «ennemis», les médias «résistants», ne constitua, du point de vue de l’analyse de discours, aucune matière analytique des faits objectifs menant à l’opération «pilier de défense» ; et la seule synthèse à tirer des deux discours, israélien et «résistant», c’est que les deux groupes eurent bien maîtrisé, pendant le déroulement des opérations militaires, l’art de la propagande!

En effet, dès le début de la campagne impérialiste contre la Syrie, en mars 2011, le Hamas prit le camp de la soi-disant «révolution syrienne», voire de la guerre impérialiste contre la Syrie; justifiant le «déplacement du fusil d’une épaule à l’autre», selon une expression libanaise, comme «soumission à la volonté des peuples arabes» en plein printemps des Arabes5.

Il suffit de faire le parallèle avec la visite du Premier ministre du mouvement islamiste palestinien Hamas, Ismaïl Haniyeh, au Caire, le 24 février 2012, lorsqu’il eut salué ce qu’il appela «la quête du peuple syrien pour la liberté et la démocratie[6]»(sic.).

«Je salue le peuple héroïque de Syrie qui aspire à la liberté, la démocratie et la réforme», déclara monsieur Haniyeh devant une foule de partisans réunis dans la mosquée d’Al-Azhar, pour un rassemblement consacré à «soutenir»(sic.) la mosquée Al-Aqsa, à Jérusalem, et le peuple syrien7

Il est intéressant de savoir aussi que la première visite officielle du Premier ministre Haniyeh, hors du Gaza, fut pour les Frères musulmans, dans leur quartier général de Moqattam au Caire, où il commenta que le Hamas était «un mouvement jihadiste des Frères musulmans avec un visage palestinien».

Monsieur Haniyeh parlait devant une foule de partisans des Frères musulmans qui scandaient «Ni Iran, ni Hezbollha»; «Syrie islamique»; «Dégage, Bachar, dégage espèce de boucher», tandis que sa Sainteté, monsieur Haniyeh, restait de marbre8.

D’ailleurs, il faut noter que le Hamas n’est pas seulement un mouvement islamiste palestinien, mais il est aussi issu d’une idéologie précise, celle des Frères musulmans, pires ennemis du pouvoir politique en Syrie. Ses trois fondateurs, Ahmed Yassin, Abdel-Aziz al-Rantissi et Mohammed Taha, étaient aussi issus des Frères musulmans ; ce qui explique la raison pour laquelle les chefs du Hamas se sont tournés contre le président syrien Bachar al-Assad, supporteur historique de la cause palestinienne, après qu’ils avaient reçu pendant de nombreuses années le soutien du pouvoir en Syrie face à Israël, pour se tourner brusquement 180°, pour se positionner dans le camp opposé à Damas, pour la trahir en prenant partie du camp de la Turquie, de l’Égypte et des émirats et sultanats arabiques du golfe Persique, pour se mettre en contradiction avec «l’axe-de-résistan-ce», ou l’Arc chiite, selon la nomenclature de la réaction arabique et de l’impérialisme mondial.

Le Hamas sur le chemin d’un accord Oslo 2

Avant toute chose et selon Amos Harel, un analyste du quotidien israélien Haaretz, dès le début de l’opération militaire israélienne à Gaza, ni le Hamas ni Israël n’avaient intérêt à vagabonder dans une confrontation militaire prolongée, ni à s’engager dans une nouvelle «farce» comme celle de la guerre de Gaza en 2008 – 2009. En plus, Harel ajouta que l’évaluation des services de renseignements israéliens, rapportée au bureau du Premier ministre Netanyahou, indiquait que le Hamas se considérait hors de la confrontation militaire, et n’avait pas intérêt à s’y mêler. Il précisa aussi que chaque fois que le Hamas devait choisir entre la valeur réelle de la résistance et le pouvoir politique, il choisissait toujours le deuxième9.

Plusieurs indices nous entrainent à conclure ici que le Hamas se dirige vers un nouvel «Oslo», qui mènerait à une reconnaissance d’Israël.

Premièrement, en abandonnant «l’axe-de-résistance», en trahissant la Syrie et l’Iran, en recevant la bénédiction du Saint-Esprit de la réaction arabique, en se positionnant dans le camp des soi-disant «Arabes modérés», c’est-à-dire au sein de la guerre impérialiste contre la Syrie, le Hamas ouvre, en effet, une porte vers un nouvel «Oslo» qui mènerait à la reconnaissance d’Israël, parrainée, cette fois-ci, par l’émirat du Qatar. La visite «grandiose» de son Allégresse l’émir du Qatar à Gaza confirme cette hypothèse, surtout après que l’émir eut annoncé une aide de 400 millions de dollars US à Gaza10 et 2 milliards de dollars à l’Égypte 11.

Deuxièmement, le parrainage de l’Égypte du dernier accord de cessez-le-feu entre Gaza et Israël, et sa conclusion subite, visait premièrement à couper le chemin aux autres organisations palestiniennes qui adoptent toujours le choix de la résistance, et qui ne se sont pas encore impliquées dans la Sainte-Alliance contre la Syrie, telles que le Jihad islamique, et le Front populaire pour la libération de la Palestine. À cela s’ajoute que l’intervention de l’Égypte et sa précipitation à déclarer un cessez-le-feu visaient aussi à maintenir l’autorité du Hamas à Gaza face au Jihad et au FPLP. Il faut noter ici que le Hamas ne prit part aux escarmouches qui précédèrent l’assassinat d’al-Jaabari entre Israël, d’un côté, et les organisations palestiniennes, de l’autre côté; et que les combattants du Hamas ne tirèrent aucune balle contre Israël pendant les accrochages précédents; leurs chefs ne voulaient pas se laisser entrainer dans une confrontation avec Israël, qui eût pu nuire à leur plan de se mettre sous la cape de l’émir du Qatar, Hamad. Plus tard, le Hamas fut obligé de prendre part des opérations militaires seulement après l’assassinat d’un de ses chefs militaires, al-Jaabari, sinon la «farce» eût été scandaleuse!

Troisièmement, lors de la déclaration au Caire du cessez-le-feu, le chef du Hamas, Khaled Machaal, ne fit la moindre allusion au rôle de la Syrie ni à celui de la République islamique de l’Iran, qui soutenaient, pendant de nombreuses années, la cause palestinienne, surtout le Hamas; ce qui poussa le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, à faire allusion à l’ingratitude et au manque de reconnaissance des chefs du Hamas envers l’Iran et la Syrie12.

Quatrièmement, la «surprise des surprises» que nous firent les chefs du Hamas, c’était la dernière fatwa13 prohibant, sous peine d’excommunication, les attaques contre Israël14! Une telle fatwa sert à établir un fondement et une légitimité religieux pour un prochain accord de paix entre Israël et le Hamas, et cela à trois niveaux : celui des relations avec Israël, celui des relations intra-palesti-niennes, et celui des relations interarabes.

De la fatwa du Hamas prohibant les opérations militaires contre Israël

Primo, au niveau des relations avec Israël, une telle fatwa faciliterait, dans un futur proche, la déclaration de Gaza comme un territoire «indépendant», non pas d’Israël, mais plutôt indépendant de la Cisjordanie; là où le chef de l’autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, passe à Ramallah le restant de sa vie à lutter, pour ainsi dire, avec Simón Bolívar, contre la vacuité et l’ennui; à chasser, dans son labyrinthe, les mouches vertes de son désœuvrement pénible15. En plus, cette fatwa confirmerait, avant toute chose, la frontière de la «Palestine» et l’officialiserait! Non pas de la Palestine de 1948, ni celle de 1967, ni même celle de 1992, mais bien plutôt, une sorte de miniature d’une certaine Palestine quelconque et microscopique, qui s’étendrait tout au long de la côte méditerranéenne, du nord jusqu’au sud de la bande de Gaza!

Bravo Hamas! Madre de Deus, nostro Sennor!16

Secundo, au niveau intra-palestinien, une telle fatwa prohibe toute action militaire contre Israël, ce qui imposerait, par conséquent, le Hamas comme la seule autorité militaire, politique, civile et religieuse à Gaza, qui tiendrait seule la résolution de faire la guerre ou d’établir la paix avec Israël. Pourtant, cette «ascension» du Hamas au rang des dieux, officialiserait et institutionnaliserait non seulement son pouvoir à Gaza, mais aussi la division palestinienne et accélérerait la création de deux «entités» isolées et séparées l’une de l’autre par le territoire israélien: l’émirat du Hamas à Gaza et le comté de l’OLP en Cisjordanie.

Quelle comédie! Quelle tragédie! Et l’Éternel fut avec Josué, dont la renommée se répandit dans tout le pays17.

Tertio, au niveau interarabe, la fatwa constitue une déclaration de la part du Hamas, aussi claire que le ciel bleu de Beyrouth au mois de juillet, indiquant la rupture complète avec le restant des pays arabes encore résistants à la normalisation avec Israël, et confirme aussi que la résistance n’est plus un choix; et cela au grand dam du discours triomphaliste des fanfarons et des hâbleurs des médias palestiniens et de ceux libellés «résis-tants», au lendemain de la déclaration de la trêve entre Gaza et Israël.

Ce qui advint de Djeha-Hodja Nasreddin lorsqu’il coupa la branche sur laquelle il était assis

Djeha-Hodja Nasreddin était assis à califourchon sur une grosse branche de cerisier, ses culottes amples et son long burnous blanc enserrant sa taille et ses jambes se balançant d’un côté à l’autre, chaque fois qu’il maniait sa hache.

– Le salut sur toi, Djeha-Hodja Nasreddin Effendi ! Appela une voix en dessous.

– Sur toi le salut, Khalid Effendi! Dit Djeha-Hodja Nasreddin assis en équilibre sur la branche. Posant sa hache, il arrangea son turban qui avait glissé sur le côté.

– Tu vas tomber de cet arbre! l’avertit Khalid, regardes comme tu es assis!

– Tu ferais mieux de regarder où tu marches, rétorqua Djeha-Hodja Nasreddin. Les gens qui regardent les cimes des arbres et les nuages sont sûrs de se cogner les orteils.

Soudain, la branche s’est retrouvée au sol, suivie par la hache, puis par Djeha-Hodja Nasreddin. Il était trop occupé pour remarquer qu’il était assis du mauvais côté de la branche qu’il était en train de couper.

En guise de conclusion, il nous paraît que le sort du Hamas, après la rupture avec la Syrie et l’Iran, et après la précipitation de ses chefs pour se soumettre sous la cape de l’émir du Qatar, ne serait, en aucun point, moins tragique que le sort du mullah Djeha-Hodja Nasreddin lorsqu’il eut coupé la branche sur laquelle il était assis. Coupé de son arrière-front – l’Iran et la Syrie –, la bande de Gaza se trouve désormais victime des humeurs des rois d’Israël.

Dr Fida Dakroub

Notes

1. L’Orient-Le Jour. (23/10/12). «L’émir du Qatar, “premier dirigeant arabe à briser le blocus politique” à Gaza». Récupéré le 15 novembre 2012 de http://www.lor ientlejour.com/category/%C3%80+La+Une/article/784187/Lemir_du_Qatar,_%22 premier_dirigeant_arabe_a_briser _le_blocus_politique%22_a_Gaza. html

2. Nous distinguons dans nos écrits entre l’Arabe et l’Arabique ou l’habitant de la péninsule Arabique qui, vue son substrat culturel, se tient en opposition avec le premier, l’Arabe. Ce dernier eut créé en Syrie, précisément à Damas, et par l’entremise de la civilisation grecque et syriaque, ou chrétienne syrienne, l’une des plus grandes civilisations dans l’histoire humaine, la civilisation arabe.

3. loc.cit.

4. Parmi les textes de la Bible ayant inspiré les artistes, on trouve l’épopée de Samson et sa mésaventure avec Dalila. Cette histoire figure au Livre des Juges (13:1–16:22).

5. L’auteur utilise l’expression ironique «le printemps des Arabes» au lieu du «printemps arabe».

6. France 24. (24 février 2012). «Le Hamas officialise son divorce avec le régime de Damas». Récupéré le 26/11/12 de http://www.france24.com/fr/20120224-leader-hamas-salue-resistance-peuple-syrien-contestation-ismail-haniyeh

7. loc.cit.

8. loc.cit.

9. Harel, Amos (15 novembre 2012). «Gaza escalation doesn’t necessarily mean Israel is headed for war». Publié dans Haaretz. Récupéré le 26 novembre 2012 de http://www.haaretz.com/blogs/east-side-story/gaza-escalation-doesn-t-necessarily-means-israel-is-headed-for-war.premium-1.478169#

10. Rudoren, Jodi. (23 octobre 2012). «Qatar’s Emir Visits Gaza, Pledging $400 Million to Hamas». Publié dans le The New York Times. Récupéré le 26/11/12 de http://www.nytimes.com/2012/10/24/world/middleeast/pledging-400-million-qatari-emir-makes-historic-visit-to-gaza-strip. html?_r=1&

11. Henderson, Simon. (22 octobre 2012). « Qatar’s emir visits Gaza ». Publié dans le Washington Institute. Récupéré le 26 novembre 2012 de http://www.washington institute.org/policy-analysis/view/qatars-em ir-visits-gaza

12. Une annonce en public du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Récupéré le 26 novembre 2012 de audio.moqawama.org/details.php?cid=1& linkid=3674

13. Une fatwa est, dans l’islam, un avis juridique donné par un spécialiste de loi islamique sur une question particulière.

14. Kamal, Sana. (27 novembre 2012). حماس تُحرّم خرق التهدئة وتسيّر دوريات حدوديّة Publié dans al-Akhbar. Récupéré le 26 novembre 2012 (vue le décalage de l’heure entre le Liban et le Canada) de http://www.al-akhbar.com/node/172380

15. Allusion au roman de Gabriel García Márquez «Le Général dans son labyrinthe». Il s’agit d’un conte romancé des derniers jours de Simón Bolívar, le libérateur et le leader de la Colombie; il retrace aussi le voyage final de Bolívar de Bogotá à la côte nord de la Colombie dans sa tentative de quitter l’Amérique du Sud pour un exil en Europe.

16. Mère de Dieu, notre Seigneur. Le manuscrit des Cantigas de Santa María est un des plus importants recueils de chansons monophoniques de la littérature médiévale en Occident, rédigé pendant le règne du roi de Castille Alphonse X dit El Sabio ou Le Sage (1221-1284).

17. Le Livre de Josué, 6: 27.

Docteur en Études françaises (The University of Western Ontario, 2010), Fida Dakroub est écrivain et chercheur en théorie bakhtinienne. Elle est aussi militante pour la paix et les droits civiques.

© 2012 Global Research

Global Research, 28/11/12 http://www.mondialisa tion.ca/le-grand-chemin-vers-jerusalem-le-hamas-trahit-liran-et-la-syrie/5313286

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11 septembre 2001

Texte intégral

Interview «exclusive» d’Oussama ben Laden au journal pakistanais Ummat, le 28.9.2001

Ummat: On vous accuse d’être impliqué dans les attaques à New York et à Washington. Qu’avez-vous à dire? Si ce n’est pas vous, qui pourrait l’être?

OBL [Oussama Ben Laden]: Au nom d’Allah, le bienveillant, le plus charitable. Loué soit Allah, créateur de l’univers qui a fait de la terre une demeure de paix pour l’humanité entière. Allah l’Eternel, qui a envoyé le Prophète Mahomet pour nous guider.

Je remercie les publications Ummat de me donner l’opportunité d’exprimer mon point de vue aux peuples et particulièrement aux valeureux Momins [les purs et vertueux fidèles musulmans – NdT] du Pakistan qui refusent de croire au mensonge du démon.

J’ai déjà dit que je ne suis pas impliqué dans les attaques du 11 septembre [2001] aux É-U. Comme tout musulman, je fais de mon mieux pour ne pas dire de mensonges. Je n’avais aucune connaissance de ces attaques, et je ne considère pas le meurtre de femmes, d’enfants et de personnes innocentes comme un acte appréciable. L’islam interdit strictement de faire du mal aux femmes, enfants et aux personnes en général.

Une telle pratique est de surcroît prohibée lors d’une bataille. Ce sont les États-Unis qui maltraitent femmes, enfants et les personnes d’autres croyances, en particulier les disciples de l’islam. Tout ce qui se passe en Palestine depuis les 11 derniers mois suffit à appeler la colère de Dieu sur les États-Unis et Israël.

C’est un avertissement aux pays musulmans qui ont été témoins de tout cela comme des spectateurs silencieux. Qu’est-ce qui a récemment été fait aux peuples innocents d’Irak, de Tchétchénie et de Bosnie?

Une seule conclusion qui peut être tirée de l’indifférence des États-Unis et de l’Occident envers ces actes de terrorisme et le soutien des tyrans qui les commettent: l’Amérique est une puissance anti-islamique et traite les forces anti-islamiques avec condescendance. Son amitié avec les pays musulmans est juste un spectacle, une supercherie. En dévoyant ou en intimidant ces pays, les É-U les forcent à suivre leurs propres intérêts. Jetez un coup d’œil autour de vous et vous verrez que les esclaves des É-U sont soit les autocrates, soit les ennemis des musulmans.

Les États-Unis n’ont aucun ami, pas plus qu’ils ne veulent traiter d’égal à égal, car le préalable de l’amitié est de se mettre à son niveau et de le considérer son égal. L’Amérique ne désire pas l’égalité. Elle demande la soumission des autres. Donc, les autres pays sont ses esclaves ou bien ses vassaux.

Cependant, notre cas est différent. Nous avons juré de servir seulement notre Dieu l’Omnipotent et après fait ce vœu, il est impossible de devenir l’esclave de quelqu’un d’autre. Si nous le faisions, cela serait irrespectueux envers notre Dieu Éternel et les autres êtres célestes. La plupart des pays qui préservent leur liberté sont des pays religieux et ennemis des É-U, ou bien ces derniers les considèrent comme leurs ennemis. Or les pays qui n’acceptent pas de devenir esclaves, comme la Chine, l’Iran, la Libye, Cuba, la Syrie et l’ancienne Russie sont tournés sur eux-mêmes.

Ceux qui ont commis les actes du 11 septembre ne sont pas les amis du peuple étatsunien. J’ai déjà dit que nous sommes contre le système étatsunien, pas contre son peuple, alors que dans ces attaques c’est le peuple des É-U qui a été tué.

Selon mes informations, le bilan des victimes est bien plus lourd que ce qu’a déclaré le gouvernement. Mais l’administration Bush ne veut pas créer la panique. Les É-U devraient essayer de localiser les auteurs de ces attaques chez eux; parmi ceux qui font partie du système étatsunien, mais qui le contestent. Ou parmi ceux qui œuvrent pour un autre système; parmi les individus qui veulent faire de ce siècle celui du conflit entre l’islam et le christianisme, afin que leur propre civilisation, nation, pays, ou idéologie puissent survivre. Cela peut être n’importe qui, de la Russie à Israël, de l’Inde à la Serbie. Aux États-Unis même, il y a des douzaines de groupes bien organisés et bien équipés, capables de provoquer des destructions sur une grande échelle. Et puis il ne faut pas oublier les juifs étatsuniens, exaspérés par le président Bush depuis le résultat des élections en Floride et qui veulent le punir.

Ensuite il y a les agences de renseignements des États-Unis, dont les budgets dépendent des milliards de dollars décidés chaque année par le Congrès et le gouvernement. La question du financement n’était pas un problème majeur lors de l’existence de l’ex-Union soviétique, mais après cela le budget de ces agences a été mis en péril.

Ils avaient besoin d’un ennemi. Ainsi, ils ont d’abord commencé la propagande contre Oussama et les Taliban, et puis cet incident est arrivé. Résultat, l’administration Bush a approuvé un budget de 40 milliards de dollars. Où ira cette énorme manne? Elle sera fournie à ces mêmes agences qui ont besoin d’énormément d’argent pour exercer leur influence.

Elles vont maintenant dépenser l’argent pour leur expansion et augmenter leur influence. Je vous donne un exemple. Les trafiquants de drogue à travers le monde sont en contact avec les services secrets étatsuniens. Ces agences ne veulent pas éradiquer la culture de la drogue et son trafic parce que leur importance en serait diminuée. Le personnel du DEA [les stups étatsuniens – NdT] encourage le commerce des stupéfiants afin de faire valoir ses performances et [continuer de] recevoir des millions de dollars de budget. La CIA a fait du général Noriega un baron de la drogue, puis dans le besoin en a fait un bouc émissaire. De la même façon, que ce soit le Président Bush ou les autres présidents, ils ne peuvent traduire Israël en justice pour ses atteintes aux Droits de l’homme ou le tenir responsable de tels crimes. Pourquoi cela? N’y a-t-il pas un gouvernement dans le gouvernement aux États-Unis? On devrait demander à ce gouvernement secret qui a commis ces attaques.

Ummat: Un certain nombre de pays ont répondu à l’appel des États-Unis pour lancer une attaque contre l’Afghanistan. Ceux-ci incluent aussi un certain nombre de pays musulmans. Est-ce qu’al-Qaïda va déclarer le jihad contre ces pays aussi?

OBL: Je dois dire que mon devoir est juste de réveiller les musulmans; leur dire ce qui est bon pour eux et ce qui ne l’est pas. Que dit l’islam et que veulent les ennemis de l’islam?

Al-Qaida a été créée pour mener le jihad contre l’infidélité, particulièrement pour contrer l’assaut des pays infidèles envers les états islamiques. Le jihad est le sixième pilier non déclaré de l’islam. Les cinq premiers étant les fondements sacrés de l’islam: les prières, le jeûne, le pèlerinage à La Mecque et l’aumône. Tous les opposants de l’islam en ont peur. Al-Qaida veut maintenir cet élément vivant et actif et en faire une partie de la vie quotidienne des musulmans. Il veut lui donner le statut de vénération. Nous ne sommes contre aucun pays islamique ni ne considérons une guerre contre un pays islamique comme jihad.

Nous sommes en faveur du jihad armé seulement contre ces pays infidèles, qui tuent des innocents, des femmes et des enfants, juste parce qu’ils sont musulmans. Supporter les États-Unis est une nécessité pour certains pays musulmans et une contrainte pour d’autres.

Cependant, ils devraient songer à ce qui reste de leur réputation religieuse et morale s’ils soutiennent l’attaque des chrétiens et des juifs sur un pays musulman comme l’Afghanistan. Les ordres de jurisprudence de la Shari’a islamique pour de tels individus, organisations et pays sont clairs et tous les érudits de la communauté musulmane sont unanimes à leur propos. Nous ferons de même ce qu’ordonnera le Vertueux Émir commandant des fidèles le mullah Omar et les érudits islamiques. Les cœurs des peuples des pays musulmans battent à l’appel du jihad. Nous leur sommes reconnaissants.

Ummat: Les pertes occasionnées par les attaques à New York et à Washington ont prouvé que de frapper les intérêts économiques des États-Unis n’est pas trop difficile. Les experts étatsuniens reconnaissent que de telles attaques supplémentaires peuvent faire effondrer l’économie américaine. Pourquoi al-Qaïda ne cible-t-elle pas ses fondements économiques?

OBL: J’ai déjà dit que nous ne sommes pas hostiles aux États-Unis. Nous sommes contre le système, qui fait des nations les esclaves des États-Unis, ou les force à hypothéquer leur liberté politique et économique. Ce système est complètement sous contrôle des juifs étatsuniens, dont la première priorité est Israël, pas les États-Unis. Les Étatsuniens sont carrément les esclaves des juifs et sont forcés de vivre selon leurs lois et leurs principes. En conséquence, Israël devrait être puni. En fait, c’est Israël qui ensanglante les innocents musulmans alors que les États-Unis ne disent rien.

Ummat: À part la lutte armée, n’y a-t-il pas d’autres moyens de nuire aux ennemis de l’islam? Par exemple, en incitant les musulmans à boycotter les produits occidentaux, banques, lignes de transport maritime, chaines de télévision…

OBL: Primo, les produits occidentaux pourront seulement être boycottés quand la fraternité musulmane sera complètement réveillée et organisée. Secundo, les firmes musulmanes doivent devenir indépendantes en produisant des marchandises égales aux produits occidentaux. Le boycott économique de l’Occident n’est pas possible à moins que l’indépendance économique ne soit atteinte et que des produits de substitution voient le jour. La richesse est clairsemée à travers le monde islamique et il n’existe aucune chaîne de télévision pour prêcher les commandements islamiques selon les exigences de la vie moderne et atteindre une influence internationale. Les marchands musulmans et mécènes devraient juger de l’importance de l’utilisation de l’arme de l’opinion publique et de son contrôle. Le monde d’aujourd’hui est fait par l’opinion publique et le destin des nations est déterminé par la pression de celle-ci. Dès que vous obtenez les moyens de façonner l’opinion publique, tout ce que vous désirez devient possible.

Ummat: Toute la propagande de votre lutte a pour l’instant été véhiculée par les médias occidentaux. Mais aucune information n’est reçue de sources de votre réseau al-Qaïda ainsi que ses succès du jihad. Quelles sont vos remarques?

OBL: En fait, les médias occidentaux n’ont plus grand-chose d’autre. Depuis longtemps, ils n’ont plus aucun autre thème pour survivre. Alors que nous, avons beaucoup d’autres choses à faire. La lutte du jihad et ses succès est pour la gloire d’Allah, pas pour agacer ses serviteurs. Notre silence est notre vraie propagande. Les refus, explications ou erratas sont des pertes de temps, et à travers cela l’ennemi veut vous conduire dans des choses qui vous sont inutiles. Cela vous éloigne de votre cause.

Les médias occidentaux assènent une propagande injustifiée, surprenante, mais révélatrice de leur état d’esprit et progressivement ils deviennent prisonniers de cette propagande. Ils en prennent peur puis s’infligent des préjudices. La terreur est l’arme la plus redoutable des temps modernes et les médias occidentaux l’utilisent impitoyablement contre leur propre population. Cela augmente la peur et l’impuissance dans les esprits des Européens et des Étatsuniens. Cela indique que ce que les ennemis des États-Unis ne peuvent pas faire, ses médias le font. On peut comprendre ce que serait l’efficacité d’une nation en guerre, en proie à la peur et l’impuissance.

Ummat: Quel sera l’impact du gel des avoirs d’al-Qaïda par les États-Unis?

OBL: Dieu ouvre des voies pour ceux qui travaillent pour Lui. Geler des avoirs ne changera rien pour al-Qaïda ou les autres groupes jihadistes. Par la grâce d’Allah, al-Qaïda a plus de trois systèmes financiers alternatifs, qui sont tous séparés et complètement indépendants les uns des autres. Ce système fonctionne par le soutien de ceux consacrés au jihad. Pas plus que les États-Unis, le monde même unifié ne peut infléchir ces personnes de leur voie.

Ces individus ne se comptent pas par centaines, mais par milliers et millions. Al-Qaida a dans ses rangs des jeunes gens éduqués et modernes aussi bien conscients des failles du système financier occidental que des lignes de leurs mains. Celles-ci sont les imperfections du système fiscal occidental, tel un nœud coulant autour de ce système qui ne pourra pas se ressaisir malgré le passage de nombreux jours.

Ummat : à part l’Afghanistan, y a-t-il d’autres zones sûres d’où vous pouvez continuer le jihad?

OBL: Il y a des endroits partout dans le monde où de solides forces jihadistes sont présentes, de l’Indonésie à l’Algérie, de Kaboul à la Tchétchénie, de la Bosnie au Soudan et de la Birmanie au Cachemire. Ce n’est donc pas le problème de ma personne. Je ne suis qu’un misérable serviteur de Dieu, constamment dans la peur de rendre des comptes à Dieu. Ce n’est pas la question d’Oussama, mais de l’islam et du jihad. Grâce à Dieu, ceux qui poursuivent le jihad peuvent aujourd’hui marcher la tête haute. Le jihad existait déjà lorsqu’il n’y avait pas d’Oussama et il subsistera encore lorsqu’Oussama ne sera plus là. Allah ouvre des voies et remplit les cœurs d’affection de ceux qui marchent sur le sentier d’Allah avec leurs vies, possessions et enfants. Croyez bien qu’à travers le jihad, un homme reçoit tout ce qu’il désire. Et la plus grande aspiration pour un musulman est l’après vie. Le martyre est la façon la plus courte pour atteindre la vie éternelle.

Ummat: Que pouvez-vous dire de la position du gouvernement paki-stanais concernant l’attaque de l’Afghanistan?

OBL: Nous sommes reconnaissants aux Momins et au valeureux peuple du Pakistan qui a érigé un rempart contre les forces mauvaises en se tenant fermement en première ligne de la bataille. Le Pakistan est une grande inspiration pour la fraternité islamique. Son peuple est réveillé, organisé et riche en foi spirituelle.

Ils ont soutenu l’Afghanistan dans sa guerre contre l’Union soviétique et ont offert toute l’aide nécessaire aux moudjahidines et au peuple afghan. Ceux-là mêmes qui épaulent les taliban. Si ces individus apparaissent seulement dans deux pays, la domination occidentale diminuera en quelques jours. Nos cœurs battent pour le Pakistan, et grâce à Dieu, en cas de période difficile nous le protégerons avec notre sang. Le Pakistan est pour nous comme un lieu de culte sacré. Nous sommes le peuple du jihad et la lutte pour la défense du Pakistan est pour nous le suprême des jihad. Il nous importe peu qui gouverne le Pakistan. Le plus important est que l’esprit du jihad soit vivant et résolument fort dans les cœurs des Pakistanais.

Copyright Ummat, traduction de l’urdu en anglais par la BBC, 2001

[Traduction française Paul Vetran

pour ReOpenNews]

Note de la rédaction de

Global Research/Mondialisation.ca

Nous apportons à l’attention des lecteurs le texte d’une interview d’Oussama Ben Laden publié dans le quotidien pakistanais Ummat de Karachi le 28 septembre 2001. Il a été traduit en anglais par la BBC World Monitoring Service et communiqué le 29 septembre 2001.

L’authenticité de cette interview, qui est disponible dans les archives électroniques, est confirmée.

Oussama Ben Laden nie catégoriquement un quelconque rôle dans les attentats du 11-Septembre.

Dans cette interview, les déclarations de Ben Laden se distinguent nettement de celles des différentes vidéos qui lui sont attribuées.

Oussama Ben Laden s’exprime sur les pertes humaines lors du 11-septembre. Il fait aussi des déclarations sur l’identité du (des) auteur(s) probable(s) des attaques du 11-septembre, selon lui.

C’est un texte important qui n’a jamais été porté à l’attention de l’opinion publique occidentale.

Les passages clés de cette interview ont été mis en gras.

Espérons que le texte de cette interview, publié à peine une semaine avant le début de la guerre en l’Afghanistan, contribuera à une meilleure compréhension de l’histoire d’Al-Qaida, du rôle d’Oussama Ben Laden et des événements tragiques du 11 septembre 2001.

Michel Chossudovsky, le 9 mai 2011

 

Note des Dossiers du BIP

L’interview a été reproduit à l’intégralité sauf pour les introductions, où seule, pour des raisons de simplification, a été retenue celle de Michel CHOSSUDOVSKY.

[Source http://www.mondialisation.ca/texte-integral-de-linterview-exclusive-doussama-ben-laden-le-28-septembre-2001/5313573%5D

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Syrie

Le combat anti-impérialiste de l’état-nation et du peuple syriens est celui

de l’ensemble des peuples du monde

La situation en Syrie résulte pour l’essentiel d’une agression extérieure.

La Syrie est en état de guerre latent avec Israël et les é-u depuis des décennies. La crise paroxystique actuelle, imposée par les dirigeants étatsuniens, atteint un niveau de cynisme dans la barbarie et le viol de la légalité internationale rarement égalé dans la longue suite d’ingérences, d’agressions et de guerres qu’ils mènent sans interruption, notamment depuis la fin de seconde guerre mondiale.

Cet irrespect continu de la légalité internationale et de la Charte des Nations Unies a conduit les dirigeants étasuniens à ne plus tenir compte, de plus en plus souvent, des usages et des règles diplomatiques dans les relations entre états souverains, que la civilisation a historiquement construits au cours des siècles. Ce choix de la loi de la jungle en matière géopolitique est totalement approuvé et reproduit par leurs vassaux occidentaux, parmi lesquels les Sarkozy, Fabius, Hollande et Juppé sont aujourd’hui les plus zélés. Cette réalité concrète qui s’aggrave au fil des ans et que nul anti-impérialiste ne peut ignorer, a imposé à la Syrie souveraine de se doter d’un pouvoir d’État particulièrement solide, certes imparfait et non dépourvu de défauts, mais qui lui a permis de se maintenir et de rester aujourd’hui le seul pays arabe laïque véritablement indépendant du Moyen-Orient, capable de résister au vandalisme euro-atlantique, sioniste et occidentaliste, qui assassine en symbiose avec l’islamisme radical le plus rétrograde.

Refusant la vassalisation ou le démantèlement de leur pays, le gouvernement anti-impérialiste de la République arabe syrienne et le peuple qui, majoritairement, le soutient activement, mènent aujourd’hui une lutte acharnée dans laquelle ils résistent opiniâtrement à une guerre d’agression extérieure. Celle-ci, prévue et préparée de longue date par les différentes administrations étasuniennes, est menée par une alliance qui associe les forces conjuguées des barbaries occidentaliste et sioniste avec celle des mercenaires djihadistes wahhabites, salafistes et takfiristes. Dans cette agression, le poids spécifique des collabos de l’armée syrienne «libre» est secondaire par rapport à celui des bandes terroristes venues de l’étranger. Ils apparaissent comme une force d’appoint dont le rôle est de faire illusion, de donner une couleur locale et à servir d’alibi syrien à une intervention extérieure.

Malgré la gravité de l’ingérence euro-atlantique et l’inhumanité de cette guerre d’agression financée par les milliards du Qatar et de l’Arabie Saoudite, malgré les trahisons rémunérées ou l’occupation partielle du territoire national par Israël qui prétend annexer le plateau du Golan, les Syriens, sous la conduite de leur gouvernement légitime, se sont tout de même engagés dans un processus difficile de démocratisation de leur société, conjugué avec le développement de la résistance pour l’indépendance, la souveraineté, la laïcité et le refus de la guerre civile interconfessionnelle.

Depuis près de deux ans, nous assistons à la recherche d’un renforcement méthodique de la souveraineté populaire en Syrie, à l’inverse de ce qui se passe en France comme dans les autres pays vassalisés de l’Euro dictature, dans lesquels les oligarchies financières détruisent les états-nations, la démocratie et la souveraineté des peuples, tout en imposant à ceux-ci une régression sociale qu’elles aggravent en permanence.

Dans son discours du 30 mars 2011 devant l’Assemblée du Peuple, le président Bachar Al Assad a manifesté une volonté réformatrice que depuis, il n’a cessé de mettre en pratique par étapes, en dépit des obstacles que le contexte de guerre multiplie inévitablement dans le domaine particulièrement complexe du développement des libertés démocratiques.

Une résistance patriotique accompagnée d’un processus de réformes démocratiques

Soulignons-en notamment les étapes suivantes: En juillet 2011, le parlement syrien a établi le pluralisme politique, et rendue légale l’existence de partis d’opposition, dirigés par des responsables dont certains ont été emprisonnés à une autre époque.

Le 26 février 2012, une nouvelle Constitution syrienne a été adoptée par référendum avec 89,4% de oui et la participation de 57,4% du corps électoral, malgré la situation marquée par les massacres, les attentats et les menaces terroristes. Cette constitution, en abolissant la suprématie autoritaire du parti Baas au pouvoir depuis un demi-siècle, a été voulue par Assad qui a manifestement entrepris de faire évoluer un système politique dont il tend à se différencier au profit de la promotion d’un vaste rassemblement patriotique, permettant de mettre fin à la guerre et de conduire et d’approfondir la réforme annoncée.

Le 7 mai 2012, des élections législatives ont été organisées. Elles ont connu une participation de 51,36%, chiffre important compte tenu du contexte difficile. Si le bloc «Unité nationale» soutenant le président Bachar al-Assad a remporté ces élections, il convient de noter que des membres de l’opposition démocratique ont été élus, ce qui représente une avancée significative dont on peut prévoir qu’elle aura des suites.

Le 23 juin 2012, un nouveau gouvernement a été constitué en Syrie, dans lequel ont été intégrés deux membres de l’opposition fidèles à la nation: Qadri Jamil et Ali Heidar, qui président le Front populaire pour le changement et la libération, créé en juillet 2011 (ce mouvement, rassemblant des communistes et des patriotes progressistes, a participé aux élections législatives du mois de mai; il agit pour des réformes tout en condamnant la violence et en s’opposant à toute intervention ou ingérence étrangère).

Qadri Jamil, élu de l’opposition démocratique à l’Assemblée du Peuple (élections législatives du 7 mai), provenant de la mouvance communiste, a été nommé vice-Premier ministre pour les Affaires économiques, ministre du Commerce intérieur et de la protection des consommateurs, tandis qu’Ali Haïdar est devenu ministre d’état pour les Affaires de la Réconciliation nationale, charge à partir de laquelle il apporte depuis une contribution particulièrement utile au rassemblement populaire.

Les 22 et 23 septembre 2012, le congrès d’une coordination de l’opposition regroupant 20 partis et des cadres politiques de l’opposition a pu se tenir à Damas, en présence notamment des ambassadeurs de Russie et de Chine.

À différentes reprises le Président syrien a préconisé un dialogue national avec l’opposition démocratique, afin de rechercher une possible solution politique consensuelle à la crise… C’est bien, il faut le souligner, cette opposition récemment reçue à Moscou qui continue à refuser jusqu’ici des pourparlers patriotiques. Elle est stimulée dans ce refus du débat souverain, par les ingérences et les manipulations des provocateurs occidentaux du type Juppé – Fabius, ce dernier allant jusqu’à appeler au meurtre du chef de l’état syrien.

Le général libanais Michel Aoun, président du courant patriotique libre libanais, a pu récemment affirmer avec pertinence que la Syrie est «plus proche de la démocratie que n’importe quel pays arabe». Il a mis d’ailleurs en garde contre un renversement du régime d’Assad qui constituerait «un prélude à une guerre mondiale».

Un patriote laïque et réformateur, un combattant anti-impérialiste de stature internationale

Homme d’Etat charismatique, courageux et opiniâtre, le Président de la République arabe syrienne apparaît dans le monde aux esprits libres, émancipés de la pensée unique, comme un dirigeant anti-impérialiste conséquent, de la stature des dirigeants qui ont marqué la lutte anticolonialiste du 20ème siècle

Il conduit, dans des conditions différentes, un combat manifestement solidaire avec celui d’Hugo Chavez et du peuple du Venezuela, pour ne prendre qu’un exemple. Les anti-impérialistes qui, dans le monde, n’ont pas accepté la diabolisation par les médias occidentaux prostitués de Fidel Castro ou de Chavez, ne doivent pas davantage endosser la fausse image d’un Bachar Al-Assad autocrate sanguinaire que tend à imposer la guerre idéologique.

Manifestement, Bachar Al-Assad est soutenu par la majorité des Syriens; il apparaît comme le plus apte à construire la victoire militaire et politique sur les agresseurs impérialistes et leurs collabos et mercenaires. Il est aussi le plus déterminé à rassembler le peuple-nation agressé autour d’une politique réformatrice de défense de la souveraineté et de l’indépendance nationales, d’essor des libertés démocratiques et de progrès.

Ne faut-il pas considérer en outre, que le combat imposé à la Syrie, son gouvernement et à son peuple patriote, place objectivement cet état nation à l’avant-garde de la défense de la cause des peuples du monde? La Syrie souveraine est en réalité un avant-poste stratégique de la lutte contre l’asservissement des nations et pour la liberté de l’ensemble des peuples du monde. Ceux-ci sont aujourd’hui tous vassalisés, opprimés ou sous le coup de la menace étasunienne d’agression et de guerre, relayée par le bloc euro-atlantique et occidentaliste et ses divers agents.

Si, ce que nous ne croyons pas, la Syrie anti-impérialiste et laïque venait à tomber, cela représenterait manifestement une défaite de l’Iran, de la Russie et de la Chine. La Syrie résistante est un verrou qui, d’une certaine façon, protège ces pays dont elle retarde l’agression programmée. Ces trois pays sont en effet aujourd’hui encerclés par de multiples bases militaires, et visés par des dispositifs bellicistes divers aux mains des dirigeants étasuniens qui installent aussi, nous le savons, des systèmes antimissiles avec la prétention de se rendre invulnérables.

La Syrie et son peuple triompheront, nous en sommes convaincus, de la sauvagerie étasunienne. Mais dans le cas contraire, il s’agirait aussi de notre propre défaite, celle de tous citoyens pacifiques du monde, celle de l’ensemble des peuples et des nations opprimés et vassalisés. Comme l’a souligné avec d’autres le général Aoun, cela ouvrirait le chemin vers une nouvelle guerre mondiale.

C’est le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes qui se joue en Syrie et pas seulement celui du peuple de ce pays. L’avenir de l’état syrien, le choix de ses dirigeants qui relèvent exclusivement de la souveraineté populaire et de l’indépendance nationale, doit être décidé en Syrie et, nulle part ailleurs, ni à Washington, à Tel-Aviv, Paris ou toute autre capitale.

La question sociale et la question nationale sont inséparables

Les communistes et les progressistes syriens ont dénoncé des privatisations et à travers elles, l’influence envahissante ces dernières années, du FMI et du néolibéralisme sur la politique économique du pays, en même temps que leurs conséquences antisociales, qui ont provoqué un mécontentement populaire naturellement exploité par l’opposition – légitimement ou de manière démagogique.

L’actuelle recherche, dans le peuple syrien, d’une démarche de de rassemblement autour de la préservation de l’état-nation laïque permettant de triompher de la guerre d’agression, sera peut-être l’occasion pour les patriotes de conjuguer l’intérêt national, la souveraineté populaire, le développement des libertés démocratiques avec une politique de reconstruction économique incluant le progrès social.

Cette situation particulière n’est pas sans rappeler le cheminement héroïque qui a conduit pendant la Seconde Guerre mondiale, à la constitution en France du Conseil National de la Résistance et à l’élaboration de son programme.

par Claude Beaulieu

et Geneviève Blache

Le Comité Valmy est une organisation pluraliste : Claude Beaulieu y appartient à la sensibilité communiste, Geneviève Blache est gaulliste, elle anime aussi le collectif Résistance et Renouveau Gaullien.

[www.comite-valmy.org/spip.php?article3067]

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Syrie

Bataille de Damas : le coup de maître du renseignement irano-russe!

IRIB – Le coup de maitre du renseignement irano-russe, en Syrie, qui a fini par mettre en échec la bataille de Damas, n’est pas prêt de s’oublier de sitôt. L’armée loyaliste a mené une opération tenaille contre plus de 50.000 miliciens, qui ont attaqué, voici une semaine, l’aéroport de Damas.

Ce plan concocté par les officiers du renseignement étasuniens et leurs intermédiaires arabes, turcs, et français aurait dû, en effet, se solder par la chute de quatre aéroports, dans la banlieue de Damas, la prise de la route de l’aéroport international, la défaite des forces d’élite de l’armée. Mais le renseignement iranien et russe a découvert ce plan, avant qu’il ne soit appliqué, et en a informé l’armée syrienne, qui, tendant un piège, a laissé les miliciens s’approcher de Damas, avant de les décimer. L’armée syrienne poursuit, actuellement, son opération, qui vise à faire reculer les terroristes, dans les déserts des alentours de Damas, (localité Ghouteh Charghiya) et c’est dans ces déserts que les terroristes sont combattus. Le bilan de leurs pertes s’élève à plus de 5.000 morts, des milliers de blessés et prisonniers. Ainsi, le plan américano arabo-franco-turc a, lamentablement, échoué. La milice Al-Nusra (Que les Américains viennent de bannir, à titre d’organisation terroriste!!) a été, extrêmement active, dans cette opération, et c’est justement son incapacité à mener à bien cette opération, qui lui a valu les foudres de Washington. L’armée syrienne a eu l’ingéniosité de détruire tous les voies d’acheminement d’armes et de moyens logistiques de ces miliciens. Cette opération se déroulait, alors que Poutine visitait la Turquie et qu’on entendait Erdogan dire que «l’Iran n’a plus aucun rôle, en Syrie, et c’est la Russie qui détient la clé de la crise»!!!!

[IRIB, 11.12.2012]

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Fin de la bataille de l’aéroport de Damas, Washington et Moscou face-à-face

IRIB-La fin de la bataille de l’aéroport de Damas au cours de laquelle la garde républicaine syrienne à réussi à infliger un sérieux revers à la rébellion grâce à l’aide technique des services spéciaux russes a révélé jusqu’où Moscou est capable d’aller dans le conflit en cours au Moyen-Orient.

Conçu comme une opération d’envergure-la deuxième du genre-visant à couper les communications entre Damas et l’aéroport international avant la capture de cette infrastructure, ce qui aurait été une victoire médiatique de la rébellion, la bataille de Damas s’est terminé par de très lourdes pertes pour les rebelles (nos sources évoquent plus de 5000 tués parmi les rebelles dont 75% seraient de nationalités étrangères à la Syrie) et un revers pour des unités des SAS britanniques infiltrés à partir de la Jordanie via la ville syrienne (sud) de Deraa. Des mercenaires de la firme américaine de sécurité X (connue antérieurement sous le sigle de ‘Blackwater’) ont également été éliminés sur la route de l’aéroport international de Damas.

Des pilotes habitués aux appareils de fabrication russe dont les nationalités n’ont pas été précisées étaient également parmi les rebelles en vue de prendre le contrôle des appareils de l’armée de l’air syrienne en cas de prise de l’aéroport.

Des combattants radicaux de «Jobhat Ennosra» participant aux combats contre les forces du régime syrien ont retourné leurs armes sur des membres des forces spéciales britanniques et des «contractors» de X. Une semaine plus tard, le Département d’état US classait ce groupe islamique radical qui bénéficiait jusque là de fonds et d’armes de la part des pays du Golfe et de la France, dans la liste des organisations terroristes ennemies du Gouvernement des États-Unis.

Les services spéciaux russes ont fourni une précieuse aide techniques aux services du renseignement aérien de l’armée syrienne en coupant toutes les communications (téléphonie mobile, Internet, brouillage Radio) de la Syrie pendant cette bataille. Ils ont également permis à l’armée syrienne de brouiller toutes les communications ennemies à l’intérieur du pays.

Les déclarations diplomatiques de responsables étasuniens et russes devenaient de plus en plus codés et variaient en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain. Les deux pays n’ont pas manqué d’envoyer des bâtiments de guerre en face du littoral syrien (Lattaquié et Tartus) dont le porte-avions nucléaire USS Eisenhower pour la marine US.

C’est la première fois que étasuniens et Russes mesurent leurs capacités de guerre électronique et cybernétique dans une bataille en Syrie.

W. Chekkat

[IRIB, 13.12.2012]

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Syrie

Syrie: Nous disons NON quand nous pensons devoir dire NON!

Entretien exclusif du Président Bachar Al-Assad 

avec Sophie Shevarnadze de Russia Today

Sophie Shevardnadze: Merci Monsieur le Président pour avoir accordé cet entretien à la chaîne Russia Today.

Président Al-Assad: Bienvenue à vous, à Damas.

Q. Il y a un an, beaucoup étaient convaincus que vous ne tiendriez pas jusqu’ici. Et pourtant, nous nous trouvons aujourd’hui au palais présidentiel rénové et enregistrons cet entretien. Qui sont vos ennemis du moment?

R. Notre ennemi est le terrorisme et l’instabilité en Syrie. Là est notre ennemi. Ce n’est pas un problème de personne. Tout le problème ne peut se ramener à ce que je parte ou reste. Il s’agit de la sécurité ou de l’insécurité du pays. Tel est l’ennemi que nous combattons en Syrie.

Q. Je suis ici depuis deux jours et j’ai donc eu l’occasion de m’entretenir avec quelques personnes à Damas. Certains disent que vous partiez ou que vous restiez n’a désormais plus d’importance. Qu’en pensez-vous?

R. Je pense que la question de savoir si le président doit rester ou partir revient au peuple, non à l’opinion de quelques uns. La seule chose à faire est de s’en remettre aux urnes électorales. Par conséquent, le problème ne dépend pas de ce que l’on entend dire mais des élections qui diront à n’importe quel candidat s’il doit rester ou s’en aller. Tout simplement.

Q. Je crois que ce qu’ils entendent par là est que vous n’êtes plus la cible. C’est la Syrie qui est ciblée!

R. Je n’ai jamais été la cible. En tous cas, je ne suis pas le problème. L’Occident se crée des ennemis. Dans le passé, l’ennemi était le communisme, c’est devenu l’Islam, puis Saddam Hussein pour une autre raison. Maintenant, les Occidentaux veulent se créer un nouvel ennemi représenté par Bachar… C’est pourquoi ils disent que le problème est le président et que, par conséquent, il devrait s’en aller. C’est pourquoi nous devons nous concentrer sur le vrai problème et ne pas perdre notre temps à écouter ce qu’ils disent.

Q. Croyez-vous toujours que vous êtes le seul homme capable de garantir l’unité de la Syrie, le seul homme capable de mettre fin à ce que le monde entier qualifie de «guerre civile»?

R. Nous devons considérer le problème sous deux aspects. Le premier est celui de la Constitution. C’est de la Constitution que je tiens mes prérogatives. Et conformément à la constitution et à ces prérogatives, je dois être en mesure de résoudre le problème. Mais si [vous] avez voulu dire qu’il n’y a pas un autre syrien qui pourrait devenir président, non, tout Syrien peut devenir président. Nous avons beaucoup de Syriens éligibles pour cette fonction. Vous ne pouvez pas toujours relier tout le pays à une seule personne et de façon permanente.

Q. Mais vous vous battez pour votre pays. Pensez-vous être l’homme qui peut mettre fin à ce conflit et ramener la paix?

R. Je dois être l’homme qui le peut et c’est ce que j’espère. Ceci dit il ne s’agit pas du pouvoir du président mais de la société dans son ensemble. Nous devons être précis sur ce point. Le président ne peut rien faire sans le concours des institutions et le soutien du peuple. Nous ne sommes dans la bataille du président. Chaque Syrien est désormais impliqué dans la défense de son pays!

Q. C’est vrai. Beaucoup de civils meurent aussi dans ces combats. Par conséquent, si vous deviez gagner cette guerre, comment vous réconcilierez-vous avec votre peuple après tout ce qui s’est passé?

R. Une fois de plus, restons précis. Le problème n’est pas entre moi et le peuple. Je n’ai aucun problème avec le peuple, mais les États-Unis sont contre moi, l’Occident est contre moi, nombre de pays arabes sont contre moi, et la Turquie qui n’est évidemment pas un pays arabe est contre moi. Si le peuple syrien était contre moi, comment serai-je encore là?!

Q. Le peuple n’est pas contre vous?

R. Alors le monde entier, ou disons une grande partie de ce monde y inclus le peuple syrien, est contre moi? Serais-je Superman? Je suis un être humain. C’est illogique de dire que le peuple est contre moi. Il ne s’agit pas de me réconcilier avec le peuple, ni que les Syriens se réconcilient entre eux. Nous ne sommes pas dans une guerre civile. Il s’agit de terrorisme et du soutien accordé aux terroristes à partir de l’étranger pour déstabiliser la Syrie. C’est cela notre guerre.

Q. Vous ne croyez toujours pas qu’il s’agit d’une guerre civile? Je vous pose cette question parce que je sais que beaucoup pensent qu’en Syrie existent des opérations terroristes indéniables et un conflit sectaire, à la fois. Pour exemple, nous avons tous entendu parler de cette mère dont l’un des fils se bat au côté de l’armée réglementaire tandis que l’autre se bat au côté de l’opposition, comment se pourrait-il qu’il ne s’agisse pas d’une guerre civile?

R. Il existe des divisions, mais les divisions ne signifient pas guerre civile. C’est totalement différent, les guerres civiles se fondant sur des problèmes d’origine ethnique ou confessionnelle. Des tensions entre ethnies ou communautés peuvent parfois survenir, mais ce ne sont pas des problèmes pour autant. Un désaccord au sein d’une famille, d’une tribu, ou d’une ville ne témoigne pas d’une guerre civile. C’est complément différent et c’est même normal. Nous devons nous y attendre.

Q. Si j’ai parlé de votre réconciliation avec le peuple c’est parce que je vous ai entendu dire à maintes occasions que votre seul souci est ce que le peuple syrien pense de vous, ressent pour vous, et s’il souhaite ou non que vous soyez le président. Ne craignez-vous pas qu’en fin de compte, les Syriens finissent par se désintéresser de la vérité, et qu’ils se contentent de vous blâmer pour le carnage qu’ils ont subi?

R. C’est là une question hypothétique, parce que ce que le peuple pense est bon. Pour savoir ce qu’il pense, il nous faut donc le consulter. Je ne dispose pas de cette information pour le moment. Je ne crains pas ce que certains pensent. J’ai peur pour mon pays. Nous devons nous concentrer là-dessus.

Q. Depuis des années, nous entendons parler de la super puissance de l’armée syrienne, de la force et de l’importance des services de sécurité syriens. Mais voilà que ces forces n’ont pas pu écraser l’ennemi comme le peuple s’y attendait et que des attentats terroristes ont lieu au centre même de Damas quasi-quotidiennement. Est-ce que tout ce qu’on nous a raconté n’était que de la mythologie?

R. Normalement, l’armée et les services de sécurité et du renseignement se concentrent sur l’ennemi extérieur même s’il existe un ennemi intérieur tel que le terrorisme, parce que notre société nous aide ne serait-ce qu’en ne couvant pas les terroristes. Or, aujourd’hui nous vivons un nouveau style de guerre, une «proxy war», dans laquelle le terrorisme se pratique aussi bien par l’intermédiaire de Syriens vivant dans le pays, que par l’intermédiaire de combattants venus de l’étranger. C’est un nouveau style de guerre et nous devons nous y adapter, mais cela demande du temps et n’est pas facile. Non, cette situation n’est pas comparable à une guerre conventionnelle ou régulière. Premièrement, ce type de guerre est beaucoup plus difficile qu’une guerre conventionnelle. Deuxièmement, l’appui politique ainsi que le soutien en armes, en argent et en toutes sortes d’autres moyens dont bénéficient ces terroristes sont sans précédent. C’est pourquoi nous devons nous attendre à ce que cette guerre soit longue et difficile. Vous ne pouvez pas vous attendre à ce qu’un petit pays comme la Syrie puisse vaincre, en quelques jours ou semaines, tous les pays qui le combattent par l’intermédiaire de leurs mercenaires.

Q. Oui. À bien y regarder, vous avez d’un côté une armée disposant d’un commandement qui dirige les opérations dans un sens ou un autre, et de l’autre des groupes terroristes disparates et sans stratégie unifiée pour vous combattre. Alors, comment cela se passe-t-il lors des combats?

R. Ce n’est pas le problème. Le problème est que les terroristes opèrent de l’intérieur des villes au milieu des civils. Malgré cela, nous devons les combattre parce que nous ne pouvons les laisser tuer et détruire; ce qui nous impose de veiller à n’occasionner que le minimum de dommages aux civils et aussi, aux infrastructures. Telle est la difficulté de ce type de guerre.

Q. Vous savez que l’infrastructure du pays et son économie souffrent au point que la Syrie semble au bord de la ruine, et le temps travaille contre vous. À votre avis, combien de temps vous faudra-t-il pour écraser vos ennemis?

R. Nous ne pouvons pas répondre à cette question et nul ne peut prétendre y répondre tant que nous ne saurons pas à quel moment ils cesseront d’infiltrer des étrangers venus des quatre coins du monde – le monde musulman et le Moyen-Orient en particulier- et à quel moment ils cesseront de leur fournir toutes sortes d’armement. S’ils arrêtaient, je pourrai vous répondre. Je peux vous dire que tout serait terminé en quelques semaines. Ce n’est pas insurmontable. Mais si l’approvisionnement en armes et l’assistance logistique de ces terroristes perdurent, la guerre sera longue.

Q. Et que penser de vos quatre mille kilomètres de frontière difficilement contrôlable, que vos ennemis peuvent traverser pour aller se fournir en armes et accéder aux soins médicaux en Jordanie ou en Turquie, puis revenir vous combattre!?

R. Aucun pays au monde ne peut «sceller» ses frontières. Ils utilisent ce mot parfois, mais il est impropre. Par exemple, même les États-Unis n’arrivent pas à sceller leur frontière avec le Mexique, et il pourrait en être de même pour la Russie qui est un vaste pays. Aucun pays ne le peut. En revanche, on peut arriver à une meilleure situation à ses frontières en établissant de bonnes relations avec ses voisins; ce qui nous fait défaut en ce moment, du moins avec la Turquie. La Turquie soutient plus que tout autre pays le trafic de terroristes et d’armes vers la Syrie.

Q. Puis-je vous poser une question? J’ai visité la Turquie récemment et j’ai trouvé que les gens étaient très préoccupés par ce qui pourrait arriver entre la Syrie et la Turquie. Pensez-vous qu’une guerre avec la Turquie soit un scénario réaliste?

R. Raisonnablement, non je ne le pense pas et pour deux raisons. La guerre nécessite un soutien populaire, et la majorité du peuple turc ne veut pas de cette guerre. Par conséquent, je pense qu’aucun responsable raisonnable ne peut aller à l’encontre de la volonté du peuple, et il en est de même pour la Syrie. Il n’y a pas de conflit ou de différend entre le peuple syrien et le peuple turc. Le problème se situe entre les gouvernements et les responsables officiels, les nôtres et les leurs, à cause de leur politique. Donc, je ne vois pas de guerre entre la Syrie et la Turquie à l’horizon.

Q. À quand remonte la dernière fois où vous avez rencontré M. Erdogan, et comment s’est terminé votre entretien?

R. En Mai 2011 après sa victoire aux élections.

Q. Donc, vous l’avez juste félicité, et c’était votre dernière rencontre?

R. Oui, et ce fut la dernière.

Q. Qui bombarde le territoire turc? Les forces gouvernementales ou les rebelles?

R. Pour pouvoir répondre, il faudrait un comité mixte des deux armées pour dire qui bombarde qui, parce qu’il y a un grand nombre de terroristes à la frontière et qu’ils sont munis de mortiers, ils sont donc capables de bombarder aussi. Il faudrait mener une enquête sur la nature des projectiles et leur lieu de chute, etc. Ce qui n’a pas été fait. Nous avons proposé au gouvernement turc la formation d’un tel comité, mais il a refusé, nous ne pouvons donc pas répondre à la question. Ceci dit, étant donné le grand nombre de terroristes à la frontière, leur éventuelle implication n’est pas à exclure, parce que l’armée syrienne n’a pas reçu l’ordre de bombarder le territoire turc, que nous n’avons aucun intérêt à cela, et qu’il n’y a pas d’inimitié entre nous et le peuple turc. Nous considérons les turcs comme des frères. À moins qu’il ne s’agisse d’une erreur, pourquoi agirions-nous de la sorte? Une enquête est donc nécessaire.

Q. Acceptez-vous l’idée qu’il s’agisse d’une erreur de vos forces gouvernementales?

R. C’est une possibilité. Dans toutes les guerres des erreurs sont commises. Vous savez qu’en Afghanistan, ils ne cessent de parler de «tirs amis». Donc, si une armée en arrive à tuer les siens par erreur, cela signifie que la même chose pourrait se produire dans n’importe quelle guerre, mais nous ne pouvons pas dire que c’est arrivé.

Q. Pourquoi la Turquie que vous traitiez en nation amie s’est-elle transformée en point d’appui pour l’opposition?

R. Pas la Turquie, le gouvernement de M. Erdogan, pour rester précis. Le peuple turc a besoin de bonnes relations avec le peuple syrien. C’est M. Erdogan qui croit que si les Frères musulmans s’emparaient du pouvoir dans la région, et particulièrement en Syrie, il pourrait garantir son avenir politique. L’autre raison est qu’il considère être, lui-même, le nouveau sultan ottoman et qu’il pourrait prendre le contrôle de la région comme ce fut le cas sous le règne de l’Empire ottoman, mais sous une nouvelle ombrelle. En son fort intérieur, il se voit en Khalife. Voilà les deux raisons qui font que sa politique de «zéro problème» s’est transformée en politique de «zéro ami»!

Q. Mais ce n’est pas seulement l’Occident qui est contre vous; vous avez beaucoup d’ennemis dans le monde arabe. Il ya deux ans, l’évocation de votre nom suscitait un grand respect, et les voilà qui vous trahissent à la première occasion. Pourquoi tant d’ennemis dans le monde arabe?

R. Ce ne sont pas des ennemis. La plupart des gouvernements arabes soutiennent implicitement la Syrie, mais n’osent pas le déclarer publiquement.

Q. Pourquoi?

R. Pressions de l’Occident, et parfois pressions des pétrodollars dans le monde arabe.

Q. Qui vous soutient dans le monde arabe?

R. De nombreux pays soutiennent la Syrie sans oser le déclarer explicitement. Tout d’abord, il y a l’Irak qui joue un rôle efficace en appuyant la Syrie dans cette crise, car c’est un pays voisin et que ses dirigeants savent qu’en cas de guerre contre la Syrie, il y aura guerre dans le voisinage, y compris en Irak. D’autres pays témoignent de leurs positions favorables, comme l’Algérie et Oman en particulier. D’autres encore, que je ne citerai pas ici, ont adopté une attitude positive sans l’accompagner d’actions concrètes.

Q. Pourquoi cette insistance de l’Arabie saoudite et du Qatar à réclamer votre départ, et en quoi la déstabilisation du Moyen-Orient pourrait-elle servir leur agenda?

R. Franchement, je ne peux pas répondre à leur place. C’est à eux de répondre à cette question. Mais ce que je peux dire est que le problème entre la Syrie et de nombreux autres pays du monde arabe ou de la région et de l’Occident, est dû au fait que nous disons «non» quand nous pensons devoir dire «non». Certains pays pensent pouvoir contrôler la Syrie par les diktats, l’argent ou les pétrodollars. Ce n’est pas possible en Syrie. C’est là le problème. Ils voudraient peut-être y jouer un certain rôle. Nous n’y voyons pas d’inconvénients. Qu’ils le méritent ou non, ils peuvent jouer leur rôle, mais pas au détriment de nos intérêts.

Q. S’agit-il de contrôler la Syrie ou d’y exporter leur vision de l’islam?

R. Vous ne pouvez pas dire que telle est la politique gouvernementale des pays en question. Parfois ce sont des individus ou, pour certains pays, des institutions qui soutiennent cette approche sans qu’elle soit annoncée comme politique officielle, car ils ne cherchent pas à ce que l’on fasse la promotion de leur attitude extrémiste. Il n’empêche qu’en réalité, c’est bien cette politique qu’ils pratiquent par un soutien indirect des gouvernements, ou par des aides venant de fondations, d’institutions et de particuliers. Cela fait partie du problème. Mais puisque je m’exprime au nom d’un gouvernement, je ne peux parler que de la politique annoncée, laquelle comme toute autre politique dépend des intérêts et des jeux de rôle. Nous ne pouvons donc pas ignorer ce que vous avez évoqué.

Q. l’Iran, qui est un allié très proche, est également soumis à des sanctions économiques et fait aussi face à la menace d’une invasion militaire. Si vous étiez confronté à l’option de restaurer la paix dans votre pays à la condition de rompre vos liens avec l’Iran, le feriez-vous?

R. Nous n’avons pas d’options contradictoires à ce sujet, parce nous avons de bonnes relations avec l’Iran depuis 1979 jusqu’aujourd’hui et qu’elles sont en constante amélioration, mais en même temps nous cherchons la paix. Nous avons travaillé au processus de paix, et nous avons travaillé aux négociations de paix. L’Iran n’a pas été un facteur contre la paix. C’est une information inexacte que l’Occident tente de promouvoir en disant que si nous avons besoin de la paix, nous n’avons pas besoin d’avoir de bonnes relations avec l’Iran. Il n’existe aucun rapport entre ces deux sujets, qui sont complètement différents. L’Iran a apporté son soutien à la Syrie. Il a soutenu notre cause; celle des territoires occupés. Nous devons le soutenir dans sa cause. C’est simple. L’Iran est un pays très important dans la région. Si nous voulons la stabilité, nous devons cultiver nos bonnes relations avec l’Iran. Vous ne pouvez pas parler de stabilité si vous avez de mauvaises relations avec l’Iran, la Turquie et ainsi de suite. C’est clair.

Q. Avez-vous des informations sur le financement, des rebelles combattant en Syrie, par des agences occidentales du renseignement?

R. Non, ce que nous savons c’est qu’elles offrent leur savoir-faire aux terroristes à partir du territoire turc, et parfois à partir du territoire libanais. Cependant, certaines agences régionales sont encore plus actives que les agences occidentales, tout en restant sous le contrôle des services de renseignement occidentaux.

Q. Quel est le rôle d’Al-Qaïda en Syrie en ce moment? Contrôlent-t-ils une force de coalition rebelle?

R. Non, je ne pense pas qu’ils cherchent à contrôler, mais plutôt qu’ils cherchent, selon leurs propres termes, à établir leurs propres royaumes ou émirats, en effrayant ou en intimidant la population par leurs attentats, assassinats, attentats-suicides et toutes sortes d’exaction. Ils espèrent ainsi pousser les gens au désespoir qui les amènerait à les accepter comme fait accompli. Ils avancent donc, étape par étape, leur but final étant la création, disons le ainsi, d’un émirat islamique en Syrie, à partir duquel ils pourraient promouvoir leur idéologie particulière dans le reste du monde.

Q. Parmi ceux qui s’opposent à vous et ceux qui vous combattent, avec qui parleriez-vous?

R. Avec toute personne qui aurait la réelle volonté d’aider la Syrie, mais nous ne perdons pas notre temps avec celui qui voudrait exploiter la crise pour ses intérêts personnels.

Q. À maintes reprises, les forces gouvernementales, pas vous, ont été accusées de crimes de guerre commis contre les civils syriens. Acceptez-vous de telles accusations?

R. Nous combattons le terrorisme et appliquons la Constitution pour protéger le peuple syrien. Rappelez-vous ce qui s’est passé en Russie il y a plus d’une décennie. Vous faisiez face au terrorisme en Tchétchénie et ailleurs. Ils attaquaient les théâtres, les écoles et autres lieux publics, et l’armée russe a protégé le peuple. Appelleriez-vous cela des crimes? Non, vous ne le feriez pas. Premièrement, «Amnesty International» a reconnu, il y a deux jours, les crimes de guerre commis par un groupe armé qui avait capturé et exécuté des soldats syriens quelques jours auparavant; et «Human Rights Watch» a également reconnu ce fait, tout comme il a reconnu plus d’une fois les crimes de ces groupes terroristes et les a décrit comme des crimes de guerre. Deuxièmement, il est illogique qu’une armée commette des crimes de guerre contre son propre peuple, d’autant plus que l’armée syrienne est issue de ce même peuple. Et, une armée qui commettrait des crimes contre son peuple se diviserait et se désintégrerait. Par conséquent vous ne pouvez pas avoir une armée forte alors que vous tuez votre peuple. Troisièmement, aucune armée ne pourrait tenir vingt mois dans des circonstances aussi difficiles sans le soutien du peuple. Par conséquent, comment pourriez avoir un tel du soutien du peuple alors que l’armée l’assassine? C’est une contradiction! C’est ma réponse.

Q. À quand remonte la dernière fois où vous vous êtes entretenu avec un dirigeant occidental?

R. C’était avant la crise.

Q. À un moment ou à un autre, vous ont-ils proposé des conditions qui reviendraient à dire que si vous quittiez la présidence, la paix reviendrait en Syrie?

R. Non, ils ne l’ont pas proposé directement, non, mais qu’ils fassent une telle proposition directement ou indirectement, c’est une question de souveraineté et seul le peuple syrien a le droit d’en parler. Partant de là, ce type de propositions direct ou indirect ou par médias interposés n’a pas de sens, ni de poids en Syrie.

Q. Mais avez-vous encore le choix? Parce que vu de l’extérieur, vous n’avez nulle part où aller. Où iriez-vous si vous décidiez de partir?

R. En Syrie. J’irai de la Syrie en Syrie. C’est le seul endroit où nous pouvons vivre. Je ne suis pas une marionnette. L’Occident ne m’a pas fabriqué pour que je me réfugie chez lui ou ailleurs. Je suis Syrien. J’ai été fabriqué par la Syrie. Je dois vivre et mourir en Syrie!

Q. En ce moment précis, pensez-vous qu’il reste une chance pour la diplomatie ou le dialogue, ou bien seule l’armée peut mettre fin à cette crise?

R. Je crois toujours en la diplomatie et j’ai toujours cru dans le dialogue même avec ceux qui ne le comprennent pas ou n’y croient pas. Nous devons continuer à essayer. Je pense que nous pourrons en obtenir un succès partiel. Nous devons donc poursuivre nos efforts dans le sens de ce succès partiel avant d’arriver au succès total. Mais nous devons rester réalistes. Il ne faut pas croire qu’à lui seul le dialogue peut nous garantir le succès; ceux qui commettent ces actes criminels appartenant à plusieurs sortes d’individus. La première correspond à ceux qui ne croient pas au dialogue, en particulier les extrémistes. La seconde est constituée de hors la loi condamnés par la Justice des années avant le début de la crise, leur ennemi naturel étant le gouvernement puisqu’ils reviendront à la case prison si la vie normale reprenait son cours. La troisième englobe les individus soutenus par l’étranger et qui ne sont redevables qu’aux individus ou gouvernements qui les ont payés et leur ont fourni des armes; ceux-là ne sont pas maîtres de leur décision, et c’est l’une des raisons qui nous invite à rester réalistes. Mais, il existe un tout autre groupe de personnes, combattants ou hommes politiques, qui acceptent le dialogue. C’est avec eux que nous poursuivons le dialogue depuis des mois, certains combattants ayant déjà déposé les armes et repris le cours normal de leur vie.

Q. Pensez-vous qu’une invasion étrangère de la Syrie soit imminente?

R. Je pense que le coût d’une telle invasion, si elle se produisait, serait supérieur à ce que le monde entier pourrait supporter, parce que si maintenant les problèmes sont en Syrie – à savoir le dernier bastion de la laïcité, de la stabilité et de la coexistence dans la région – l’effet domino qui en résulterait affectera le monde de l’océan Atlantique à l’océan Pacifique. Et vous savez quelles en seraient les implications sur le reste du monde. Je ne pense pas que l’Occident se dirige dans cette direction. Si jamais cela devait arriver, nul ne peut prédire la suite.

Q. Monsieur le Président, vous reprochez-vous quoi que ce soit?

R. Il est normal de vous attendre à commettre des erreurs à chaque prise de décision, sinon vous n’êtes pas humain.

Q. Quelles seraient vos plus graves erreurs?

R. Franchement, elles ne me viennent pas à l’esprit en cet instant. Avant même de prendre une décision, je considère toujours qu’une partie de celle-ci pourrait être une erreur. Mais on ne peut juger ses erreurs à chaud. Parfois, et notamment en période de crise, on ne peut distinguer ce qui est juste de ce qui est faux qu’une fois le problème surmonté. C’est pourquoi, je ne serai pas objectif si je parlais de mes erreurs en ce moment, puisque nous sommes en plein milieu de la crise.

Q. Vous n’avez donc pas encore de regrets?

R. Non, pas actuellement. C’est quand tout devient clair que vous pouvez parler de vos erreurs, certainement qu’il y en a, et c’est normal.

Q. Si nous étions le 15 mars 2011, lorsque les manifestations ont commencé à se développer et à s’intensifier, quelles sont les choses que vous auriez faites différemment?

R. J’aurai fait ce que j’ai fait le 15 mars.

Q. Exactement la même chose?

R. Tout à fait. J’aurai demandé à toutes les parties de s’engager dans le dialogue et de faire barrage aux terroristes, car c’est ainsi que les choses ont commencé. Les manifestations ont servi de couverture à des combattants qui ont fait feu sur des civils et des militaires à la fois. Peut-être qu’au niveau tactique, il aurait fallu agir autrement, mais en tant que président, vous n’êtes pas tacticien et prenez vos décisions à un niveau stratégique, ce qui est d’un ordre différent.

Q. Monsieur le président Al-Assad, comment vous voyez-vous dans une dizaine d’années?

R. Je me vois à travers mon pays. Je ne peux pas me voir moi-même. Je peux voir mon pays. Je peux me voir à travers lui.

Q. Vous vous voyez en Syrie?

R. Absolument. Je ne peux être qu’en Syrie. Je ne parle pas de la fonction. Je ne m’y vois pas en tant que président ou autre. Ce n’est pas mon souci. Je me vois dans ce pays, comme dans un pays sûr, stable et plus prospère.

Sophie Shevardnadze: Merci M. le Président Bachar al-Assad pour cet entretien accordé à Russia-Today.

Président Bachar al-Assad: Merci à vous pour être venue en Syrie.

Le 9.11.2012

[www.youtube.com/watch?v=UiS8XcWFbfU

http://www.youtube.com/user/RussiaToday 

Vidéotranscrite et traduite

Mouna Alno-Nakhal pour Mondialisation.ca

© 2012 Global Research

http://www.mondialisation.ca/syrie-nous-disons-non-quand-nous-pensons-devoir-dire-non/5311399%5D

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«Al-Qaïda est tombée dans un piège en Syrie»

(Hassan Nasrallah)

«La résistance est beaucoup plus forte que les complots intérieurs et extérieurs qui cherchent à l’affaiblir», a affirmé Hassan Nasrallah, Secrétaire Général du Hezbollah, signalant «l’existence de médias financés par l’étranger, qui visent la résistance après avoir visé précédemment ses détracteurs».

Nasrallah a déclaré, dans une allocution prononcée lors d’une cérémonie organisée annuellement par son parti en l’honneur des diplômés universitaires, que «les informations avancées par l’opposition syrienne, quant à la chute imminente du régime sont erronées». Il a appelé l’opposition au Liban «à revoir ses paris autour de la Syrie, et à arrêter son boycott du dialogue, car cela ne fera pas tomber le régime». La situation en Syrie est de plus en plus complexe, a-t-il dit, récusant les conjectures selon lesquelles l’opposition allait y prendre l’ascendant, rapporte le site d’almayadeen.

Hassan Nasrallah a qualifié les explosions perpétrées par l’opposition en Syrie, de «perfidie», car «celle-ci envoie des voitures piégées à des agglomérations syriennes au moment où les rassemblements sont à leur paroxysme». Il a interpellé ses contempteurs sur le dossier syrien, quant à leur attitude morale envers les violations qui s’y déroulent.

Nasrallah a exprimé son regret quant à la longueur de la bataille en Syrie, du fait du refus du dialogue par l’opposition syrienne. Il s’est adressé à l’organisation d’al-Qaïda, pour lui dire qu’«un piège lui a été tendu en Syrie; certaines forces régionales profitent de cette situation». «Même si al-Qaïda parvient à une réalisation en Syrie, elle sera la première à payer le prix» a-t-il dit.

Le SG du Hezbollah a pressé toutes les parties à accepter le dialogue afin de parvenir à un règlement politique en Syrie. «Celui qui le refuse, assume la responsabilité de l’effusion du sang et est un criminel», a-t-il indiqué.

Hassan Nasrallah a considéré la visité des forces de la coalition libanaise du 14 mars, à Gaza comme une victoire de la résistance. «Nous avons obtenu notre droit à travers le soutien de l’équipe du 14 mars aux armes de la résistance à Gaza, car ceux qui ont visité Gaza aujourd’hui parmi l’opposition libanaise sont ceux-là mêmes qui ont déploré sa défaite en 2009».

«Israël est fini après les réalisations de la résistance, et après qu’il a supplié une solution au cours de la dernière guerre à Gaza», a-t-il souligné, ajoutant que «l’évacuation d’une terre arabe par Israël sans condition constitue un premier clou enfoncé dans son cercueil».

Nasrallah a affirmé que «les relations du Hezbollah avec les factions palestiniennes sont naturelles et n’ont jamais été secouées», exprimant les dispositions de l’Iran d’accueillir tout soutien arabe aux factions palestiniennes.

18.12.2012

[www.gnet.tn/revue-de-presse-internationale/al-qaida-est-tombee-dans-un-piege-en-syrie-hassan-nasrallah/id-menu-957.html]

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Syrie

La saga des armes chimiques syriennes: un désastre humanitaire orchestré par les États-Unis et l’OTAN?

par Prof Michel Chossudovsky

Inspirée du discours sur les armes de destruction massive (ADM) de Saddam Hussein, la ruse propagandiste concernant la présumée menace des armes chimiques syriennes se développe depuis plusieurs mois.

D’une même voix et sans preuves, les médias occidentaux suggèrent qu’un président Bachar Al-Assad «désespéré» et «frustré» prévoit utiliser des armes chimiques mortelles contre son propre peuple. La semaine dernière, des représentants étasuniens ont révélé à NBC News que «l’armée syrienne a chargé des bombes de gaz neurotoxiques et attend les derniers ordres d’Al-Assad».

Les gouvernements occidentaux accusent maintenant la Syrie d’avoir un plan diabolique ordonné par le chef d’État syrien. Entre-temps, l’hyper médiatisation est passée à la vitesse grand V. De faux reportages sur les ADM syriennes sont introduits dans le réseau médiatique, rappelant les mois précédant l’invasion de l’Irak en mars 2003.

Le consensus médiatique qui se développe est que «le régime du chef d’État syrien Bachar Al-Assad semble à son crépuscule» et la «commu-nauté internationale» a la responsabilité d’aller secourir le peuple syrien afin de prévenir un désastre humanitaire.

«[L]’Occident craint de plus en plus que la Syrie, dans un ultime geste de désespoir, lance des armes chimiques»

Des reportages récents indiquent que le gouvernement assiégé de la Syrie a commencé à préparer l’utilisation d’armes chimiques [contre le peuple syrien]. Après deux ans de guerre civile et plus de 40.000 morts, les événements en Syrie pourraient atteindre une apogée sanglante. (voir WBUR, 11 décembre 2012.)

La Syrie (2012) comparée à l’Irak (2003)

Les critiques anti-guerre ont abondamment souligné les similitudes avec le subterfuge des ADM irakiennes, qui consistait à accuser le gouvernement de Saddam Hussein de posséder des armes de destruction massive. La menace présumée d’ADM a ensuite été utilisée pour justifier l’invasion de l’Irak en mars 2003.

Dans la foulée de l’invasion, le stratagème des ADM d’Irak a été reconnu comme pure fabrication, le président George W. Bush et le Premier ministre Tony Blair reconnaissant qu’il s’agissait en fait d’une «grave erreur». Récemment, l’archevêque Desmond Tutu, récipiendaire du prix Nobel de la paix, a réclamé que les menteurs Blair et Bush subissent un procès à la Cour pénale internationale de La Haye.

La saga des ADM syriennes contraste avec celle d’Irak. Le but n’est pas de «justifier» une guerre humanitaire totale contre la Syrie en employant les armes chimiques comme prétexte.

Une évaluation des planifications militaires alliées ainsi que la nature de l’appui des États-Unis et de l’OTAN aux forces de l’opposition suggèrent une approche différente de celle adoptée avec l’Irak (2003) et la Libye (2011).

L’objectif est, en effet, de diaboliser Bachar Al-Assad mais à ce stade-ci le but n’est pas de mener une guerre totale de type «choc et stupeur» contre la Syrie impliquant une véritable campagne aérienne. Dans les conditions actuelles, agir de la sorte serait extrêmement risqué. La Syrie possède un système de défense aérienne sophistiqué, équipé de missiles russes Iskander ainsi qu’une force terrestre considérable. Une opération militaire occidentale pourrait aussi mener à une réaction de la Russie, détenant une base navale dans la ville portuaire de Tartous au sud de la Syrie.

Par ailleurs, des forces iraniennes du corps des Gardiens de la révolution (GRI) sont sur le terrain en Syrie et des conseillers militaires russes sont impliqués dans la formation de l’armée syrienne.

Récemment, en réponse au déploiement en Turquie de missiles Patriot fabriqués aux États-Unis, la Syrie a reçu la livraison de missiles russes Iskander plus perfectionnés, les Mach 6-7. La Syrie possède déjà les Iskander-E, moins sophistiqués et le système de missiles antiaériens Pechora-2M, (système de défense antiaérienne équipé de missiles sol-air à courte portée conçu pour détruire des avions, des missiles de croisière des hélicoptères d’assaut et d’autres cibles au sol ou à basse et moyenne altitude.)

Guerre non-conventionnelle

À ce stade, malgré la supériorité militaire des États-Unis et de l’OTAN, une opération militaire en règle n’est pas envisagée pour les raisons mentionnées ci-dessus.

La guerre non conventionnelle demeure la méthode privilégiée. Des reportages confirment que les opérations militaires menées par l’OTAN consisteraient principalement à appuyer les forces rebelles, leur structure de commandement, leurs systèmes de communication, leur recrutement, leur formation et à leur transférer des armes plus perfectionnées. Une partie de ce projet, dont la formation des rebelles, est accomplie par des entreprises privées de mercenaires.

Il se pourrait que l’on envisage une campagne de bombardements aériens limitée et sélective en appui aux rebelles en utilisant comme prétexte l’existence d’armes chimiques syriennes stockées dans des bunkers. Cette opération serait toutefois risquée vu la capacité de défense aérienne de la Syrie.

Un programme militaire coordonné caractérisé par un «appui naval et aérien en plus d’une formation militaire pour l’opposition» était l’ordre du jour d’une récente réunion «semi-secrète» à Londres, présidée par le général Sir David Julian Richards, chef d’état-major de la Défense britannique.

Les chefs militaires de la France, de la Turquie, de la Jordanie, du Qatar, des Émirats arabes unis et des États-Unis ont participé à la réunion de Londres. Aucune autre information n’a été rendue publique. (Voir Felicity Arbuthnot,Secret Meetings in London Plotting to Wage War on Syria without UN Authorization,Global Research, 11 décembre 2012.)

L’objet de ce rassemblement derrière des portes closes à Londres (rapporté le 10 décembre 2012) était d’appuyer une structure de commandement militaire unifiée des forces d’opposition conçue pour «unir les rangs des insurgés» luttant contre les forces gouvernementales. En pratique, cela nécessitera un nouvel afflux de mercenaires sous la supervision des forces spéciales occidentales, déjà sur le terrain en Syrie.

Orchestration d’un désastre humanitaire?

L’élément formation de la manœuvre des États-Unis et de l’OTAN est crucial. En quoi est-il lié à la question des armes chimiques de la Syrie?

À l’heure actuelle, l’alliance militaire occidentale n’envisage pas de guerre totale en réaction à la possession d’armes chimiques par la Syrie, mais plutôt la nécessité d’entraîner les rebelles de l’opposition à manier des armes chimiques.

Ce programme de formation a été confirmé, a déjà débuté et est implanté avec l’appui d’entreprises privées spécialisées à contrat pour le Pentagone et offrant des services de sécurité et des mercenaires.

«Un représentant et des diplomates étasuniens de haut rang ont déclaré à CNN dimanche que les États-Unis et certains alliés européens emploient des sous-traitants du domaine de la défense pour entraîner les rebelles syriens à sécuriser les réserves d’armes chimiques en Syrie.» (CNNReport, 9 décembre 2012.)

Un scénario diabolique faisant partie intégrante de la planification militaire se déroule, c’est-à-dire une situation où des terroristes de l’opposition conseillés par des entrepreneurs occidentaux du secteur de la défense sont en possession d’armes chimiques.

Il ne s’agit pas d’un exercice de formation en non-prolifération. Alors que le président Obama affirme «vous serez tenu responsables» si «vous» (en parlant du gouvernement syrien) utilisez des armes chimiques, cette opération clandestine envisage la possession de telles armes par les terroristes appuyés par les États-Unis et l’OTAN, à savoir «nos» agents affiliés à Al-Qaïda, dont le Front Al-Nosra, lequel constitue le groupe de combattants le plus efficace financé par l’Occident et auquel sont intégrés des mercenaires étrangers. Par un retournement de situation, Jabhat Al-Nosra, un «agent du renseignement» parrainé par les États-Unis a récemment été placé sur la liste des organisations terroristes du département d’État.

L’Occident affirme qu’il vole à la rescousse du peuple syrien dont les vies seraient menacées par Bachar Al-Assad. En réalité, non seulement l’alliance militaire occidentale appuie les terroristes, incluant le Front Al-Nosra, il met également des armes chimiques à la disposition de ses forces par procuration, les rebelles de l’«opposition».

La prochaine étape de ce scénario diabolique est que les terroristes de l’«opposition» recrutés par les États-Unis et l’OTAN pourraient utiliser ces armes chimiques contre des civils ce qui pourrait provoquer un désastre humanitaire à la grandeur du pays.

La question plus générale est donc: qui représente une menace pour le peuple syrien? Le gouvernement syrien de Bachar Al-Assad ou l’alliance militaire États-Unis-OTAN-Israël qui recrute et entraîne des forces terroristes d’«opposition»?

Historique du prétexte des armes chimiques syriennes

La saga des armes chimiques syriennes a été lancée l’été dernier. Au début août, le Pentagone a annoncé qu’il enverrait de «petites équipes des forces d’opérations spéciales» en Syrie dans le but de détruire les ADM syriennes. Ces équipes seraient appuyées par des «frappes aériennes de précision», soit des raids aériens. Aucune attaque aérienne en règle n’était envisagée. Selon le Pentagone, les frappes de précision visaient à «détruire les armes chimiques sans les disperser dans l’air», un engagement risqué…

Ironiquement, au début de ce plan machiavélique, l’incursion et les opérations aériennes des forces spéciales étasuniennes ne ciblaient pas le régime syrien. C’est plutôt le contraire. L’intention déclarée de l’opération était de protéger les civils contre les rebelles de l’«opposition» plutôt que des forces gouvernementales.

Aucune accusation n’a été portée contre le président Bachar Al-Assad voulant qu’il manigance l’emploi d’armes chimiques contre les civils syriens. Selon le Pentagone, l’opération avait pour but de s’assurer que les ADM syriennes, supposément «laissées sans surveillance» dans des bunkers militaires à travers le pays, ne tombent pas aux mains de rebelles djihadistes combattant les forces gouvernementales:

Les planificateurs du Pentagone se penchent davantage sur la protection ou la destruction de toute réserve syrienne laissée sans surveillance et risquant de tomber aux mains des combattants rebelles ou de milices affiliées à Al-Qaïda, au Hezbollah ou à d’autres groupes de militants. (U.S. has plans in place to secure Syria chemical arms – latimes.com, 22 août 2012.)

Le Pentagone disait en août que ces ADM pouvaient tomber aux mains des combattants de la liberté, «pro-démocratie», recrutés et financés par plusieurs proches alliés des États-Unis dont la Turquie, le Qatar et l’Arabie Saoudite, en liaison avec Washington et le quartier général de l’OTAN à Bruxelles.

Au fond, le secrétaire à la Défense Leon Panetta réfutait ses propres mensonges. En août il reconnaissait la menace terroriste et maintenant il accuse Bachar Al-Assad. Washington le reconnaît tacitement, la majorité des combattants de la liberté syriens sont non seulement des mercenaires étrangers, ils appartiennent aussi à des groupes islamistes extrémistes figurant sur la liste des organisations terroristes du département d’État.

Israël est un partenaire de l’OTAN et du Pentagone dans l’opération des armes chimiques syriennes.

Former des terroristes à l’utilisation d’armes chimiques

Si l’administration Obama s’affairait véritablement à empêcher que ces armes chimiques ne tombent «entre de mauvaises mains» (tel que le suggérait le Pentagone en août) pourquoi donc forme-elle désormais les «rebel-les de l’opposition», composés surtout de salafistes et de combattants affiliés à Al-Qaïda, afin de prendre le contrôle des réserves gouvernementales d’armes chimiques?

Selon les sources, la formation [sur les armes chimiques] se donne en Jordanie et en Turquie et englobe la surveillance et la protection des réserves ainsi que le traitement du matériel et des sites d’armement. Certains entrepreneurs sont sur le terrain en Syrie et travaillent avec les rebelles pour superviser quelques sites, d’après l’un des représentants officiels.

La nationalité des formateurs n’a pas été divulguée, cependant les représentants ont indiqué qu’il ne fallait pas reconnaître qu’ils sont tous étasuniens. (CNN, 09 décembre 2012.)

Bien que les reportages ne confirment pas l’identité des sous-traitants du secteur de la défense, les déclarations officielles suggèrent qu’ils sont étroitement liés par contrat au Pentagone:

La décision des États-Unis d’engager des entrepreneurs du domaine de la défense pour apprendre à des rebelles syriens à manier des réserves d’armes chimiques semble dangereusement irresponsable, surtout si l’on considère à quel point Washington a été incapable jusqu’à maintenant de s’assurer que seuls des rebelles laïques fiables, s’ils existent, reçoivent leur aide et les armes fournies par leurs alliés des États arabes du Golfe.

Cela alimente par ailleurs les accusations récentes du ministère syrien des Affaires étrangères selon lesquelles les États-Unis montent un coup contre le régime syrien pour lui reprocher qu’il se bat avec des armes chimiques ou se prépare à le faire.

«Cette nouvelle que font circuler les médias suscite des inquiétudes. Nous craignons sérieusement que certains des pays appuyant le terrorisme et les terroristes fournissent des armes chimiques aux groupes terroristes armés et affirment que c’est le gouvernement syrien qui les a utilisées […]» disait une lettre à l’ONU. (John Glaser, Us Defense Contractors Training Syrian Rebels, Antiwar.com, 10 décembre 2012. Voir également le reportage de CNN, 9 décembre 2012.)

La principale question qui se pose est: quelle est la nature de cette horrible opération clandestine? Cette opération menée par les États-Unis et l’OTAN vise-t-elle à «prévenir» ou «encourager» l’utilisation d’armes chimiques par l’Armée syrienne libre (ALS)?

Le reportage ci-dessus confirme que les États-Unis et l’OTAN montrent à des terroristes comment utiliser des armes chimiques. Est-il nécessaire de manipuler des produits chimiques toxiques dans ce type de formation spécialisée? Autrement dit, par le biais des sous-traitants de la défense, l’alliance militaire occidentale met-elle des armes chimiques à la disposition de terroristes pour les besoins de la formation?

Sachant que l’insurrection syrienne est en grande partie composée de djihadistes et de formations affiliées à Al-Qaïda, ce n’est guère une façon d’«empêcher» l’utilisation d’armes chimiques contre des civils. De plus, de nombreux rebelles de l’«oppo-sition» recevant la formation des armes chimiques ont commis d’innombrables atrocités amplement documentées contre des civils syriens, dont le massacre de Houla.

Des groupes terroristes pourraient avoir recours à des armes chimiques contre la population syrienne […] après avoir pris le contrôle d’une usine de chlore toxique [à Alep]» a déclaré le ministère des Affaires étrangères samedi.  (Press TV, 8 décembre 2012.)

Il convient de noter que les forces de l’opposition n’ont pas besoin de contrôler les réserves gouvernementales pour utiliser des armes chimiques. De telles armes, provenant des réserves occidentales, pourraient facilement être mises à la disposition des firmes impliquées dans les programmes de formation spécialisée sur les armes chimiques.

Inutile de dire que la formation sur les armes chimiques et l’implication de sociétés privées de mercenaires à contrat avec l’OTAN et le Pentagone augmentent les risques. Elles créent les conditions favorables à l’utilisation des armes chimiques par les forces de l’opposition pouvant déclencher un désastre humanitaire national.

La coalition des États-Unis et de l’OTAN a toutefois clarifié lors de sa réunion «semi-secrète» à Londres (rapportée le 10 décembre) qu’elle n’envisage pas de «présence sur le terrain». Les forces spéciales travailleront avec l’insurrection contre les forces gouvernementales.

En l’absence d’une opération militaire en règle, l’accent est mis sur la guerre non conventionnelle. Dans ce contexte, l’une des nombreuses «options [diaboliques] sur la table» serait de créer les conditions dans lesquelles des armes chimiques «tombent aux mains» des terroristes, ce qui pourrait provoquer un désastre humanitaire dans toute la Syrie.

Alors que cette option ne nécessiterait pas une intervention militaire des États-Unis et de l’OTANsi elle était mise en œuvre, la catastrophe humanitaire ouvrirait la voie à la chute du gouvernement syrien et à l’objectif longuement convoité de «changement de régime».

Les modèles libyen ou irakien ne constituent pas des options. Le choix stratégique de l’alliance militaire occidentale indique la mise en scène probable d’une catastrophe humanitaire.

Dans la logique de la propagande de guerre et de la désinformation médiatique, le président Bachar Al-Assad serait tenu responsable de la mort de civils causée par l’utilisation d’armes chimiques afin de faire appliquer des mesures subséquentes par l’alliance militaire des États-Unis et de l’OTAN.

Nous ne suggérons pas que cette option se concrétisera inévitablement, mais qu’au programme des États-Unis et de l’OTAN figure l’option des rebelles en possession d’armes chimiques pouvant déclencher un désastre humanitaire.

Comment pouvons-nous nous assurer que cette option épouvantable et diabolique soit éliminée et définitivement enterrée?

Cette question doit être diffusée. L’opinion publique doit se mobiliser contre la guerre menée par les États-Unis, l’OTAN et Israël.

Dénoncez ce déjà vu mensonger sur les ADM.

Opposez-vous au consensus des médias dominants.

Révélez et réfutez les mensonges et fabrications concernant le programme des armes chimiques de la Syrie.

Faites circuler l’information dans le monde entier.

Amenez le débat sur la place publique. Confrontez les criminels haut placés.

Article original:The Syria Chemical Weapons Saga: The Staging of a US-NATO Sponsored Humanitarian Disaster?

[Traduction: Julie Lévesque

pour Mondialisation.ca]

Michel Chossudovsky est directeur du Centre de recherche sur la mondialisation et professeur émérite de sciences économiques à l’Université d’Ottawa. Il est l’auteur de Guerre et mondialisation, La vérité derrière le 11 septembre et de la Mondialisation de la pauvreté et nouvel ordre mondial (best-seller international publié en plus de 20 langues).

Global Research, 17 décembre, 2012[www.mondialisation.ca/la-saga-des-armes-chimiques-syriennes-un-desastre-orchestre-par-les-etats-unis-et-lotan/5315742]Copyright © 2012 Global Research

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Portugal

Document du XIXe Congrès du PC portugais

La lutte anti-impérialiste et l’affirmation de l’indépendance et de la souveraineté nationale

Intervention de Pedro Guerreiro, membre du CC et du département international

L’indépendance et la souveraineté nationale sont une question centrale de notre époque. Le capitalisme, compte tenu de l’aggravation de ses insurmontables contradictions, s’est lancé dans une large offensive contre les conquêtes historiques des travailleurs, la souveraineté des peuples et l’indépendance des États.

L’impérialisme, le capitalisme dans sa phase monopoliste, ne peut pas imposer sa domination politique et économique et assurer l’exploitation, sans avoir recours à l’oppression et à la subversion de la démocratie, de la souveraineté et de l’indépendance nationale; de même, il ne sera pas possible pour les travailleurs et les peuples de s’attaquer aux instruments de l’exploitation et de l’oppression impérialiste, et de mener à bien de réels processus de changements sociaux et révolutionnaires, sans le plein exercice de la souveraineté et de l’indépendance nationale.

Avec son cortège d’atrocités et de destructions, au moyen de guerres déclarées ou voilées, du terrorisme d’États, de meurtres et de tortures, d’ingérences et de complots, de blocages et de boycotts économiques et politiques, l’impérialisme cherche à imposer sa volonté aux travailleurs et aux peuples et, si possible, à empêcher leur émancipation et leur développement souverain.

En essayant de profiter du déséquilibre actuel des forces, l’impérialisme a entrepris une véritable escalade de la recolonisation, accompagnée par une subversion complète de la Charte des Nations Unies, qui, après la défaite du nazisme-fascisme, avait établi les principes régissant les relations entre les États.

Un historique récent des ingérences et des guerres que les États-Unis, l’OTAN et l’Union européenne réalisent, montre le risque d’une escalade encore plus grande des affrontements militaires. En solidarité avec les peuples qui luttent, nous condamnons fermement tous types d’ingérences, d’agressions et de guerres impérialistes, comme celles lancées contre la Syrie, ainsi que les actions de provocation, les menaces et les déstabilisations que l’impérialisme a depuis longtemps mis au point contre l’Iran.

Les attaques contre l’indépendance et la souveraineté nationale sont également au cœur du processus d’intégration capitaliste, comme l’est l’Union européenne – un bloc impérialiste – menée par les grandes puissances et leurs groupes monopolistes, qui, pour s’assurer la dépendance économique des États de leur «périphérie», aliènent en conséquence leur souveraineté et leur indépendance, condamnant ces peuples et ces pays à une intolérable mise sous tutelle et au sous-développement.

Mais face à ces tentatives de l’impérialisme, les travailleurs et les peuples ne sont pas condamnés à la soumission.

La lutte des classes s’est accentuée et élargie, avec les communistes comme principaux responsables du renforcement et de l’approfondissement de la nature unitaire et de masse des luttes autour de revendications concrètes, stimulant la consolidation de larges alliances qui rendent plus fort le front social et politique contre l’impérialisme.

Un important processus de réorganisation des forces qui, tout en n’étant pas exemptes de contradictions, remettent objectivement en cause la domination de l’impérialisme, peut ouvrir la perspective d’un changement nécessaire dans l’équilibre des forces au niveau mondial, si les luttes des travailleurs et des masses populaires deviennent plus fortes, si le mouvement communiste et révolutionnaire international se renforce et, en relation avec lui, le front anti-impérialiste, si les processus nationaux qui ont pour objectif des changements progressistes, anti-impérialistes et anticapitalistes, avancent, et si les processus de construction du socialisme sont confirmés et approfondis.

À ce stade, nous devons insister sur les avancées patriotiques et progressistes obtenues par plusieurs pays d’Amérique latine, avancées ayant un contenu et des positions nettement anti-impérialistes.

L’histoire des luttes et des mouvements de la classe ouvrière, des travailleurs et des peuples est riche d’exemples qui prouvent l’inséparable relation entre la question de classe et la question nationale en vue de la réalisation de leur émancipation.

C’est par l’affirmation et l’exercice de la souveraineté nationale qu’il est possible de rejeter les contraintes et les obligations imposées de l’étranger et sauvegarder la démocratie, qu’en vertu du droit souverain de chaque peuple de décider de son présent et de son futur, leur politique économique soit déterminée en toute autonomie et liberté, l’usage et le développement du potentiel productif de chaque pays soit garanti, une politique de paix, de coopération, de solidarité avec tous les peuples qui luttent pour leur libération puisse être menée.

«Une nation ne peut pas être libre si elle opprime d’autres nations». La lutte d’une nation contre la domination impérialiste et pour sa souveraineté nationale est la lutte pour la reconnaissance de l’indépendance et l’auto-détermination de toutes les nations. Les forces armées portugaises et le territoire national doivent cesser d’être utilisés pour des agressions contre d’autres peuples.

Comme nous l’avons déclaré, la dissolution de l’OTAN est un objectif fondamental pour l’affirmation des souverainetés nationales et de la paix dans le monde. Cet objectif doit être articulé avec le processus de sortie de l’OTAN des structures militaires et politiques du Portugal, dans le contexte des droits inaliénables du peuple portugais à décider de quitter ce bloc militaire et politique.

En face de l’impérialisme, la lutte pour la souveraineté et l’indépendance nationale est une expression de la lutte des classes, porteuse d’un inévitable contenu internationaliste et anti-impérialiste, et faisant apparaître clairement l’importance des frontières nationales comme étant le terrain déterminant des résistances et des changements progressistes et révolutionnaires.

Le mouvement communiste et les forces progressistes et révolutionnaires, le front anti-impérialiste, ont subi un grave revers qui retarde, mais ne peut pas mettre en péril, le processus d’émancipation sociale et nationale.

L’expérience historique montre que la lutte des travailleurs et des peuples peut freiner les orientations les plus agressives et d’exploitation du capitalisme, apporter des gains importants et imposer de profonds changements de progrès.

La souveraineté et l’indépendance nationale sont une condition pour préserver la démocratie, une condition pour que le développement économique et social réponde aux aspirations des peuples, une condition pour établir des relations de solidarité et de paix entre les peuples du monde, une condition pour en finir avec l’exploitation de l’homme par l’homme, pour construire et réaliser le socialisme.

Pour les communistes portugais, être un patriote, défendre la souveraineté et l’indépendance nationale ainsi que le droit inaliénable du peuple portugais à décider de son propre destin, c’est aussi être solidaire avec les travailleurs et les peuples du monde dans leurs luttes pour leurs justes droits et leurs aspirations.

Conscients que leur première raison d’être est relative à leurs tâches et leur engagement envers les travailleurs et le peuple portugais, les communistes portugais pensent que ces tâches et cet engagement ne sont pas seulement complémentaires et inséparables de leurs responsabilités internationales, mais aussi qu’il s’agit de la plus grande contribution qu’ils peuvent apporter à l’avancement des luttes de libération des travailleurs et des peuples.

Comme le camarade Alvaro Cunhal l’a déclaré, «la raison de l’existence du PCP, c’est d’être le parti de la classe ouvrière, le parti du peuple et de la nation portugaise, un parti de la cause universelle de la libération de l’homme, un parti patriotique et internationaliste».

Vive la solidarité internationaliste!

Vive le XIXe Congrès!

Vive le Parti communiste portugais!

Samedi 1er décembre 2012

[Site: Faire vivre le PCF

[http://lepcf.fr/La-lutte-anti-imperialiste-et-l

[Traduction PB pour Le pcf.fr]

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France

Nouvelle association Staline

La nécessité impérieuse de créer en France une organisation anticolonialiste digne de ce nom

Introduction

Nous avons, ces dernières décennies, eu la tristesse de voir la quasi-totalité des organisations de gauche s’aligner, telles des chiens de Pavlov, sur la propagande distillée en flot continu par les mass-médias au service de l’impérialisme. Nous parlons ici des organisations politiques ainsi que celles qui leur sont proches, syndicales, antiracistes, «droits-de-l’hom-mistes», altermondialistes…, ainsi que des personnes aux consciences anesthésiées et au sens critique atrophié, qui leur font confiance. Il est grand temps qu’elles se secouent.

Loin est l’époque où le PCF, la CGT et les organisations apparentées étaient le fer de lance des luttes anticoloniales. Maintenant ils n’arrivent pas à distinguer une agression colonialiste d’une «intervention humanitaire», (la Yougoslavie, l’Iraq, la Libye et maintenant la Syrie).

Il suffit aujourd’hui, comme avec un claquement de doigts, que les médias prononcent les mots magiques de «dictateur», «terroriste», «armes de destruction massive», pour qu’un chef d’état qui dans le passé était reçu avec tous les honneurs, soit partout décrié et déclaré «bon à tuer».

Jadis les médias au moins faisaient «l’honneur» à leur auditeurs et leurs lecteurs, de leur mentir, maintenant ils les méprisent tellement, qu’ils ne s’en donnent plus la peine. Ils leur disent et leur montrent la réalité, certains que malgré cela ils ne réagiront, ne s’indigneront, ne raisonneront même pas, sauf au son des clochettes auxquelles ils les ont conditionnés. Quand les enfants meurent par milliers sous les bombes occidentales, ou celles du bon émir qatari et du bon roi saoudien, c’est à peine si ces tragédies touchent l’opinion publique.

L’adversaire principal

est dans notre pays

L’assertion que «l’adversaire principal est dans notre pays» ne signifie pas qu’elle vise uniquement la bourgeoisie ou d’autres forces nationales au pouvoir, elle inclut les agresseurs extérieurs, éventuellement des occupants qui imposeraient une répression et une exploitation additionnelles au prolétariat et au peuple en général. Auquel cas l’adversaire principal deviendrait la puissance étrangère agressive ainsi que les diverses éléments collaborateurs parmi la population. Celui-ci pourrait comprendre des bourgeois compradores, des lumpenprolétaires, mais aussi divers communautés ethniques, confessionnelles, tribales, de caste dans les cas où les relations sociales seraient différentes de celles d’une société capitaliste développée.

L’identité de l’adversaire principal dépend donc de la situation alors que le cadre resterait le même. Toutes choses étant égales la lutte de libération nationale et de défense contre un agresseur, est normalement plus urgente et prioritaire que la lutte interne.

Mais en l’absence d’occupant, en situation normale, nous pourrions affirmer que l’adversaire principal serait notre propre bourgeoisie et par conséquent notre rôle «consisterait exclusivement» à l’affronter, selon nos forces et les circonstances, au «niveau national» à la poursuite des intérêts du prolétariat et des couches populaires.

Cela voudrait-il dire que nous ne devrions pas nous occuper des agressions, répressions, exploitations, complicités, trucages des marchés de matières premières… exercées par notre classe au pouvoir à l’encontre d’autres nations et peuples, sauf en termes de dépenses, de victimes….? Une telle attitude serait amorale, répréhensible et même criminelle.

Entre une répression disons de caractère économique national et une agression meurtrière contre un autre pays c’est évidemment en gravité, la seconde qui s’imposerait. Notre adversaire principal et le théâtre de lutte principale restent bien ancrés dans notre pays et c’est là où il nous est donné de lutter pour l’arrêter. Il est inadmissible, coupable, de ne pas nous insurger contre les agressions coloniales et autres commises par notre pays, tout simplement parce que les agressés et les colonisés morts ne sont ni en France, ni français. La mauvaise interprétation de la notion «l’adversaire principal est dans notre pays» n’est pas une excuse pour rester indifférents quand les impérialistes tuent des Serbes, des Irakiens, des Ivoiriens, des Libyens et des Syriens pour leur voler leurs ressources naturelles, pour avancer leurs objectifs géostratégiques prédateurs!

Lutter contre les guerres d’agression, de colonisation, économiques… n’est pas seulement venir au secours des peuples agressés, c’est aussi une assurance pour notre propre souveraineté nationale.

Il nous faut une organisation anticoloniale mobilisatrice, conséquente avec des idées claires!

Notre obligation n’est pas seulement de condamner le colonialisme et les guerres d’agression mais de les faire cesser, de les arrêter!!!

Alexandre MOUMBARIS

pour le Bureau de l’Association

France — Collaboration impérialiste

Des syndicats soutiennent l’impérialisme!

La CGT, la FSU et Solidaires ont fait le 5 décembre dernier une déclaration commune sur la Syrie depuis le siège de la CGT à Montreuil. Ces syndicats s’alignent sur les intérêts de l’Empire, de l’Union européenne, contre le peuple syrien. Voyons ce texte.

«Les organisations syndicales françaises CGT, FSU et Solidaires condamnent avec force la guerre menée par le régime Assad contre le peuple syrien.»* [premier paragraphe]

Les signataires se contentent de reprendre la doxa ordinaire des médias dominants: ils prétendent y croire dur comme fer! Puisque c’est ce que disent la télé, les journaux et les magazines, c’est sûr que c’est vrai! Ces médias sont entre les mains sanglantes du capital? Où est le problème? Leurs mensonges antérieurs font-ils douter nos vaillants syndicalistes? Pas du tout! Pourtant, ils ont relayé l’info selon laquelle Kadhafi avait bombardé la population de Benghazi faisant soi-disant 6.000 morts dont on n’a jamais retrouvé la trace. Ils ont fait des démonstrations montrant que Saddam Hussein avait des armes de «destruction massive» qui n’ont jamais existé. Que ces médias se fassent les porte-parole de la propagande étasunienne, le pays du mensonge, ne les troublent pas le moins du monde! Bouche bée devant les puissants, ils gobent les mouches! Où sont donc leurs sentiments de classe?

«Elles dénoncent ce régime sanguinaire qui a causé depuis vingt-et-un mois plus de 40.000 morts, contraint plus de 440.000 Syriens à se réfugier dans les pays limitrophes et qui a enfoncé le pays dans une logique de guerre.»*[p2]

Les chiffres cités sont, sans nuances, ceux que donne l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme. C’est la source essentielle de la presse du capital. Obscure officine basée à Londres, comment peut-on croire à ces décomptes morbides dont le but est l’intoxication?

«Elles appellent la communauté internationale à redoubler d’efforts et de détermination pour que soient enfin respectés les droits humains et que cesse cette barbarie.»*[p3]

Cette «communauté internationale» est une communauté de voyous, vassale de l’empire étasunien, dont le but est de faire la guerre aux peuples du monde pour les maintenir en suggestion par le fer et le feu et s’approprier leurs matières premières. Ces drôles de syndicalistes n’ont donc pas encore compris que les guerres en Afghanistan, en Irak, en Libye, et maintenant en Syrie, n’ont que ces seuls buts? N’ont-ils pas encore compris que la «démocratie» et «les droits de l’homme» ne sont que des oripeaux sanglants qu’on nous agite sous le nez pour masquer les agressions les plus sordides? Quelle démocratie en Libye où règne le chaos?

«Face à cette tragédie, les Syriens ont besoin d’une aide humanitaire internationale. Les trois organisations françaises demandent aux gouvernements et aux instances internationales de mettre en œuvre des plans d’actions afin d’aider les populations de façon directe, sans intervention militaire étrangère et hors de tout contrôle de l’actuel régime syrien et de ses alliés.»*[p4]

De quels Syriens nous parle-t-on? De ces groupuscules d’opposants au gouvernement syrien, lourdement financés par l’impérialisme? Ou de ces salafistes, combattants sanguinaires, armés et dirigés en sous-main par cette «communauté internationale» dont nos syndicalistes sont si friands? Ou du soi-disant gouvernement que prétend reconnaître François Hollande au mépris de toutes les règles diplomatiques? On comprend bien qu’ils veulent la destitution du président Bachar El Assad, mais que signifie des «plans d’actions» pour une aide «directe» «sans intervention militaire étrangère»? N’est-ce pas là le comble de l’hypocrisie? On prétend ne pas vouloir d’armée étrangère, mais on appelle à envoyer des hordes de mercenaires armés, financés et entraînés par la France, le Qatar, l’Empire et leurs complices. Et, révélation intéressante, la déclaration commune condamne dans le même élan, les «alliés» du gouvernement syrien. Savent-ils qui sont ces alliés? La Russie, la Chine, l’Iran, le Venezuela, Cuba pour les plus connus. Donc, entre ces pays qui combattent l’impérialisme d’une part, et les é-U, l’UE, et leurs vassaux d’autre part, nos syndicalistes ont choisi leur camp! Ils ont choisit le camp de l’ennemi de classe!

«Les syndicats français réaffirment leur solidarité avec le peuple syrien qui aspire à un régime démocratique, au respect des droits et des libertés publiques.»*[p5]

Au lieu de ces déclarations qui se veulent lyriques mais qui se révèlent pitoyables, il serait plus raisonnable de considérer que, comme tous les peuples du monde, les Syriens aspirent à ce qu’on leur foute la paix, au sens propre du mot. Chaque peuple doit pouvoir choisir, sans interventions étrangères, ses propres institutions et la façon de les gérer.

«Ils saluent son courage et demandent que les responsables de crime contre l’humanité commis en Syrie répondent de leurs actes devant la justice internationale.»* [p6]

Ah, la «justice internationale»! Elle est dans les mains poisseuses étasuniennes, elle est une justice coloniale. S’il existait une justice internationale, Israël ne pourrait pas coloniser la Palestine, tuer ses habitants, détruire les maisons et construire un régime d’apartheid. S’il existait une justice internationale, les généraux étasuniens seraient en prison, Guantanamo serait fermé, et les porteurs de mensonges trembleraient!

«Ils se déclarent déterminés à agir pour une meilleure information sur la situation en Syrie et solidaires des Syriens en lutte contre la dictature et pour la démocratie.»*[p7r ]

L’affaire est claire, pour les signataires, informer sur la Syrie, c’est passer en boucle la propagande impériale. La seule solidarité dont ils font preuve, c’est de ce coté-là qu’il faut la chercher!

«Ils s’engagent enfin à soutenir les mouvements syndicaux indépendantsquiémergentenSyrie»

*[dernier paragraphe]

Peut-être est-ce là le nœud de cette prise de position réactionnaire: la CGT a quitté la Fédération Syndicale Mondiale (FSM) pour adhérer à la Confédération Internationale des Syndicats, européiste et portée au renoncement des intérêts ouvriers. Les syndicats syriens sont organisés au sein de la Confédération Syndicale Syrienne qui est toujours membre de la FSM! À son dernier congrès, la FSM a apporté son soutien au gouvernement syrien face à l’agression étrangère.

D.R.

Résistance-Politique

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[www.resistance-politique.fr/article-des-syndicats-soutiennent-l-imperialisme-113434486-comments.html#anchorComment

13.12.2012]

Note BIP

* Totalité de la déclaration par paragraphes.

[www.cgt.fr/Declaration-commune-CGT-FSU-et.html]

Kirghizistan

Kirghizistan : La base de Manas,

équation à plusieurs inconnues

IRIB- «Le Kirghizistan ne parviendra pas au progrès, ni à la stabilité véritable, tant que sa base de Manas restera en activité». C’est ainsi que la presse de Bishkek a analysé l’affaire, évoquant onze ans de présence militaire américaine, dans cette base militaire, non sans rapport avec les développements politiques, au Kirghizistan, et à la survenance de deux révolutions, en moins d’une décennie. Les inconvénients de la base de Manas sont plus importants que ses éléments positifs, selon ce même quotidien, qui révèle que les bénéfices tirés de la présence militaire américain, à Manas, vont, essentiellement, à Heidar Aqayov et Maxime Baqiyov, les fils des présidents déchus, et d’autres responsables du gouvernement, qui ont, déjà, obtenu des millions de dollars, en fournissant le combustible de ladite base et en refusant de payer des impôts. Par ailleurs, il ne faut pas oublier le changement de regard des Kirghiz envers les gouvernements de l’époque et les militaires américains, en raison de la révélation de telles informations, parallèlement aux démarches illégales et aux comportements hors normes des militaires américains, sans compter l’intervention des militaires étasuniens, dans certains agissements d’ordre sécuritaire et de renseignements, contre les personnalités pro-russes du Kirghizistan. A cela, s’ajoutent les champs agricoles détruits par le combustible vidé par les avions de combat américains, et les citoyens kirghiz tués par les forces américaines, qui ont, d’ailleurs, quitté le pays, pour échapper à leur jugement par les tribunaux de ce pays. Ce sont, entre autres, les facteurs qui ont soulevé le ressentiment général du peuple kirghiz envers les militaires américains déployés à Manas. Il est vrai que la nature des relations russo-étasuniennes, constamment, en dents de scie, ont, considérablement, influé sur la stabilité politique de la société kirghize et sur le gouvernement, à qui  un pouvoir capable de prendre des décisions fait défaut. Tout cet ensemble, non seulement, a déstabilisé les gouvernements de l’époque, mais encore, a engendré l’instabilité sociale et politique, au sein de la société, causant des confrontations inter-ethniques, dans une société composée d’une majorité kirghize et d’autres minorités. D’autant plus que les promesses financières russo-américaines aux gouvernements de l’époque n’ont jamais été concrétisées, des gouvernements plus faibles les uns que les autres, en raison de leur faiblesse économique et de leur incapacité à introduire des changements fondamentaux, dans la structure économique du pays. La société kirghize est, d’ailleurs, aux prises avec les mêmes problèmes, à la différence près qu’il est possible que le Kirghizistan ne soit pas témoin de changements révolutionnaires, vu le changement de l’Ordre politique du pays, du système présidentiel, jusqu’au système parlementaire. Pourtant, le changement de gouvernements et la poursuite de l’instabilité politique sont, certes, inévitables, dans cette République pauvre de l’Asie centrale. Ce sont toutes des conditions qui ont transformé les équations politiques et du pouvoir, au Kirghizistan, en une équation, à plusieurs inconnues, vu, notamment, les considérations politiques et sociales du nouveau gouvernement.

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[french.irib.ir/analyses/commentaires/item/231011-la-base-de-manas,-au-kirghizistan,-équation,-à-plusieurs-inconnues]

Décorations

uMkhonto we Sizwe

 

Nous avons plaisir d’informer nos lecteurs que le 6.12.2012, au cours d’une parade militaire sur la base aérienne de Waterkloof à Pretoria en Afrique du Sud, le Président Jacob ZUMA nous a fait l’honneur de décorer mon épouse Marie-José et moi-même, ainsi qu’une centaine d’autres anciens combattants d’uMkhonto we Sizwe [la branche armée de l’ANC et du Parti communiste sud-africain], de la médaille pour la «Campagne de sabotage», couvrant la période 1961 à 1972.

Alexandre MOUMBARIS

Livres en vente

prix réf. port

Marx, Karl Salaires prix et profits (extraits) Éditions sociales 3€ r. 76 1,00€

Lénine, Vladimir – Œuvres complètes, 45 vol. plus 2 index 350€ 40,00€

Œuvres complètes: (selon leur disponibilité) le vol. 8€ 3,00€

Deux tactiques de la social-démocratie…Éd. lang. étr. 4€ r.136 2,00€

La maladie infantile du communisme…édit. du PCF 4€ r.111 2,00€

L’état et la révolution, éd. en langues étrangères, Pékin 3€ r. 60 2,00€

Un pas en avant deux pas en arrière…Éd. du Progrès 4€ r. 28 2,00€

La Commune de Paris…Éd. langues étrangères 4€ r. 9 2,00€

Culture et révolution culturelle, éditions sociales 4€ r.584 2,50€

Un pas en avant, deux pas en arrière, éditions sociales 4€ r.631 2,50€

La faillite de la IIe Internationale, Éditions sociales 3€ r.586 2,00€

Sur les syndicats, éditions Novosti 5€ r.706 2,50€

L’impérialisme stade suprême du capitalisme Ed. Progrès 5€ r. 29² 2,50€

Staline, JosephMat. dialectique et historique, Éd. Démocrite 2€ 1,00€

Ehrenbourg, IlyaLa tempête, Éd. langues étrangères, prix Staline 17€ r.627 4.00€

Jean, DeniseCCCP le chemin abusif…, éditions Démocrite, 2004 8€ 2,00€

Histoire du Parti communiste bolchevik de l’URSSComité central du PC(b),

Éditions en langues étrangères, Moscou, 1949 18€ r.735/4 4,00€

(Le prix de port concerne les envois en France seulement)

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Tourtaux, JacquesGuerre d’Algérie souvenir d’un appelé anticolonialiste

avant-propos par Henri Alleg 18€ 5,50€

Commandes: Jacques Tourtaux, 03 26 40 62 15 ou jacques.tourtaux@orange.fr

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Siquier, JosephRetour sur un voyage en U.R.S.S. 24€ zéro

Parcours buissonnier à travers 1’histoire

contemporaine (mal)traitée, 36€ zéro

Une vie parmi les autres, roman, 23€ zéro

Une adolescence au mitan du siècle, roman, 25€ zéro

Quelques saisons douces amères, roman, 15€ zéro

Seconde guerre mondiale: sur quelques controverses,

suivi de: Bribes d’histoire contemporaine 25€ zéro

Elle, roman 18 €

Commandes: Joseph Siquier, Montlogis, 15120 LADINHAC


BIP n° 131 – juin 2009

Sommaire

  • La RPDC réagit à la résolution 187 – Choson Sinbo
  • La Nation – Staline
  • Les résultats pour la Russie de l’ère Eltsine – iskatel.livejournal
  • La RDA, Jetant un regard en arrière – Hans Heinz Holz, réunion du Secrétariat de l’IAPSCC – Alexandre Moumbaris
  • Conférence de l’IAPSCC septembre 2010 – Projet, Front anti-impérialiste
  • À propos de la crise économique mondiale – Kostas Papadakis, PC de Grèce, au Séminaire de Bruxelles
  • Hommage à un martyr.-.Sulaïmân Muhammad Amîn Ous Qopar dit al-Halabi, IA
  • Lettre de félicitations de l’AF-FSM au FSC – Joseph Lop, SG de l’AF-FSM
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  • Tienanmen 20 ans après – Domenico Losurdo
  • La Standard Chartered Bank (China) émettra des titres d’emprunts obligataires de 3,5 milliards de yuan – Xinhua

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 RPDC – Conseil de sécurité

Le ministère des Affaires étrangères de la RPDC réagit à la résolution 1874

Après l’adoption de la résolution 1874 par le Conseil de sécurité des Nations Unies, le ministère des Affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a publié le 13 juin 2009 le communiqué suivant où est réaffirmée la volonté de renforcer la force de dissuasion du pays.

«Le 12 juin, à l’instigation des États-Unis, le Conseil de sécurité des Nations Unies a finalement adopté une ‘résolution sur les sanctions’ à l’encontre de la République populaire démocratique de Corée suite à son second essai nucléaire.

«Il s’agit d’un autre résultat méprisable de l’offensive menée par les États-Unis visant à exercer une pression internationale pour détruire l’idéologie de la République populaire démocratique de Corée et le système choisi par son peuple en désarmant la République populaire démocratique de Corée et en étranglant son économie.

«Les États-Unis et le Japon, non contents de cette ‘résolution’, complotent grossièrement pour ajouter leurs propres ‘sanctions’ à celles qui existent contre la République populaire démocratique de Corée en montant des histoires fictives de ‘fausse monnaie’ et de ‘trafic de drogue’.

«Les États-Unis ont incité le Conseil de sécurité des Nations Unies à s’engager davantage dans leurs tentatives d’étouffement de la République populaire démocratique de Corée, lesquelles ont abouti à créer une grave tension sans précédent dans la péninsule coréenne. Cette situation de confrontation a été déclenchée par les actions brutales et illégales des États-Unis et du Conseil de sécurité des Nations Unies à leurs ordres niant le droit légitime d’un État souverain à lancer des satellites.

«La ‘déclaration présidentielle’ du Conseil de sécurité des Nations Unies du 14 avril, orchestrée par les États-Unis, ne repose sur rien au regard du droit international. Ce qui imprègne cette déclaration n’est rien d’autre que l’animosité et le rejet d’un pays qui a un système différent du leur, et l’opinion arrogante et arbitraire qu’un petit pays doit obéir à un grand. La République populaire démocratique de Corée est un petit pays, mais c’est une puissance politique, idéologique et militaire.

«Si cet acte hautement autoritaire des États-Unis est toléré, la République populaire démocratique de Corée ne sera plus en droit de lancer des satellites – ce que tous les autres font – et sera à jamais privée de son droit à utiliser l’espace extra-atmosphérique.

«Le deuxième essai nucléaire de la République populaire démocratique de Corée est une mesure de légitime défense, en ce qu’il a été mené pour faire face à de tels actes hostiles de la part des États-Unis, et ne contrevient à aucune loi internationale.

«Par essence, cet affrontement est une question liée à la souveraineté et à la dignité de la République populaire démocratique de Corée, plutôt qu’une question liée à la paix et à la sécurité – c’est l’affrontement entre la République populaire démocratique de Corée et les États-Unis.

«Il ne peut pas y avoir de véritable paix en l’absence d’indépendance et d’égalité. Tout autre pays se trouvant dans la situation de la République populaire démocratique de Corée réaliserait clairement que la République populaire démocratique de Corée n’a jamais choisi de se doter de l’arme nucléaire mais y a été contrainte face à la politique hostile des États-Unis et à leurs menaces nucléaires.

«Pour la République populaire démocratique de Corée, il est devenu absolument impossible de seulement penser à abandonner ses armes nucléaires. Il est indifférent à la République populaire démocratique de Corée que son statut de puissance nucléaire soit reconnu ou non.

«En vertu de ses pouvoirs, le ministère des Affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée condamne fermement et rejette la ‘résolution 1874’ du Conseil de sécurité des Nations Unies et déclare qu’il prendra les mesures suivantes dans le cadre de cette première phase de confrontation totale avec les États-Unis afin de défendre la dignité de la nation et la souveraineté du pays.

«Premièrement: Tout le plutonium nouvellement extrait sera utilisé à des fins militaires. Plus d’un tiers des barres de combustible usagé ont été retraitées à ce jour.

«Deuxièmement: Le processus d’enrichissement de l’uranium va commencer. Suite à la décision de construire son propre réacteur à eau légère, la technique d’enrichissement de l’uranium a connu des progrès suffisants pour pouvoir fournir le combustible nucléaire nécessaire à l’expérimentation de ce procédé.

«Troisièmement: Une tentative de blocus de quelque nature que ce soit par les États-Unis et ceux qui les suivent sera considérée comme un acte de guerre et provoquera une réponse militaire décisive. Quelle que soit la dureté des tentatives d’isolement et de blocus fomentées par les forces hostiles menées par les États-Unis, la République populaire démocratique de Corée, puissance nucléaire fière, ne reculera pas. Selon le mode de réaction basé sur l’idée de Songun [priorité aux affaires militaires, NdT], la République populaire démocratique de Corée s’opposera de manière décisive aux ‘sanctions’ par des mesures de rétorsion et à la ‘confrontation’ par une confrontation totale.»

14.6.2009

[Traduction AAFC, d’après la version anglaise donnée par l’agence Reuters 

Version originale coréenne sur le site du journal Choson Sinbo]

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Staline

I. – la nation1

Qu’est-ce que la nation?

La nation, c’est avant tout une communauté, une communauté déterminée d’individus.

Cette communauté n’est pas de race, ni de tribu. L’actuelle nation italienne a été formée de Romains, de Germains, d’Étrusques, de Grecs, d’Arabes, etc. La nation française s’est constituée de Gaulois, de Romains, de Bretons, de Germains, etc. Il faut en dire autant des Anglais, des Allemands et des autres, constitués en nations avec des hommes appartenant à des races et à des tribus diverses.

Ainsi, la nation n’est pas une communauté de race ni de tribu, mais une communauté d’hommes historiquement constituée.

D’autre part il est hors de doute que les grands États de Cyrus ou d’Alexandre ne pouvaient pas être appelés nations, bien que formés historiquement, formés de tribus et de races diverses. Ce n’étaient pas des nations, mais des conglomérats de groupes accidentels et peu liés entre eux, qui se désagrégeaient et s’unissaient, suivant les succès ou les défaites de tel ou tel conquérant.

Ainsi, une nation n’est pas un conglomérat accidentel ni éphémère, mais une communauté stable d’hommes.

Mais toute communauté stable ne crée pas la nation. L’Autriche et la Russie sont aussi des communautés stables, pourtant personne ne les dénomme nations. Qu’est-ce qui distingue la communauté nationale de la communauté d’État? Entre autres, le fait que la communauté nationale ne saurait se concevoir sans une langue commune, tandis que pour l’État la langue commune n’est pas obligatoire. La nation tchèque en Autriche et la polonaise en Russie seraient impossibles sans une langue commune pour chacune d’elles cependant que l’existence de toute une série de langues à l’intérieur de la Russie et de l’Autriche n’empêche pas l’intégrité de ces États. Il s’agit évidemment de langues populaires parlées et non des langues officielles des bureaux.

Ainsi, communauté de langue, comme l’un des traits caractéristiques de la nation.

Cela ne veut évidemment pas dire que les diverses nations parlent toujours et partout des langues différentes, ou que tous ceux qui parlent la même langue constituent forcément une seule nation. Une langue, commune pour chaque nation, mais pas nécessairement des langues différentes pour les diverses nations! Il n’est pas de nation qui parle à la fois plusieurs langues, mais cela ne signifie pas encore qu’il ne puisse y avoir deux nations parlant la même langue! Les Anglais et les Nord-Américains parlent la même langue et, cependant, ne constituent pas une même nation. Il faut en dire autant des Norvégiens et des Danois, des Anglais et des Irlandais.

Mais pourquoi, par exemple, les Anglais et les Nord-Américains ne constituent-ils pas une seule nation, malgré la langue qui leur est commune?

Tout d’abord parce qu’ils ne vivent pas côte à côte, mais sur des territoires différents. Une nation ne se constitue que comme le résultat de relations durables et régulières, comme le résultat de la vie commune des hommes, de génération en génération. Or, une longue vie en commun est impossible sans un territoire commun. Les Anglais et les Américains peuplaient autrefois un seul territoire: l’Angleterre, et formaient une seule nation. Puis, une partie des Anglais émigra d’Angleterre vers un nouveau territoire, en Amérique, et c’est là, sur ce nouveau territoire, qu’elle a formé, avec le temps une nouvelle nation la nord-américaine. La diversité des territoires a amené la formation de nations diverses.

Ainsi, communauté de territoire, comme l’un des traits caractéristiques de la nation.

Mais ce n’est pas encore tout. La communauté du territoire en elle-même ne fait pas encore une nation. Pour cela, il faut qu’il y ait, en outre, une liaison économique interne, soudant les diverses parties de la nation en un tout unique. Une telle liaison n’existe pas entre l’Angleterre et l’Amérique du Nord, et c’est pourquoi elles forment deux nations différentes. Mais les Nord-Américains eux-mêmes ne mériteraient pas d’être appelés nation, si les différents points de l’Amérique du Nord n’étaient pas liés entre eux en un tout économique, grâce à la division du travail entre eux, au développement des voies de communication, etc.

Prenons, par exemple, les Géorgiens. Les Géorgiens d’avant la réforme2 vivaient sur un territoire commun et parlaient une seule langue; et pourtant, ils ne formaient pas, à parler strictement, une seule nation, car, divisés en une série de principautés détachées les unes des autres, ils ne pouvaient vivre une vie économique commune, se faisaient la guerre durant des siècles et se ruinaient mutuellement, en excitant les uns contre les autres les Persans et les Turcs. La réunion éphémère et accidentelle des principautés, que réussissait parfois à réaliser un tsar chanceux, n’englobait dans le meilleur des cas que la sphère administrative superficielle, pour se briser rapidement aux caprices des princes et à l’indifférence des paysans. D’ailleurs, il ne pouvait en être autrement, en présence du morcellement économique de la Géorgie … Celle-ci, en tant que nation, n’apparut que dans la seconde moitié du l9ème siècle, lorsque la fin du servage et le progrès de la vie économique du pays, le développement des voies de communication et la naissance du capitalisme, eurent établi la division du travail entre les régions de la Géorgie, et définitivement ébranlé l’isolement économique des principautés pour les réunir en un tout unique.

Il faut en dire autant des autres nations qui ont franchi le stade du féodalisme et développé chez elles le capitalisme.

Ainsi, communauté de la vie économique, cohésion économique, comme l’une des particularités caractéristiques de la nation.

Mais cela non plus n’est pas tout. Outre ce qui a été dit, il faut encore tenir compte des particularités de la psychologie des hommes réunis en nation. Les nations se distinguent les unes des autres non seulement par les conditions de leur vie, mais aussi par leur mentalité qui s’exprime dans les particularités de la culture nationale. Si l’Angleterre, l’Amérique du Nord et l’Irlande qui parlent une seule langue forment néanmoins trois nations différentes, un rôle assez important est joué en l’occurrence par cette formation psychique originale qui s’est élaborée, chez elles, de génération en génération, par suite de conditions d’existence différentes. Les nations se distinguent les unes des autres non seulement par les conditions de leur vie, mais aussi par leur mentalité qui s’exprime dans les particularités des hommes réunis en nation.

Évidemment, la formation psychique en elle-même, ou, comme on l’appelle autrement, le «caractère national», apparaît pour l’observateur comme quelque chose d’insaisissable; mais pour autant qu’elle s’exprime dans l’originalité de la culture commune à la nation, elle est saisissable et ne saurait être méconnue.

Inutile de dire que le «caractère national» n’est pas une chose établie une fois pour toutes, qu’il se modifie en même temps que les conditions de vie ; mais, pour autant qu’il existe à chaque moment donné, il laisse son empreinte sur la physionomie de la nation.

Ainsi, communauté de la formation psychique qui se traduit dans la communauté de la culture, comme l’un des traits caractéristiques de la nation.

De cette façon, nous avons épuisé tous les indices caractérisant la nation.

La nation est une communauté stable, historiquement constituée de langue, de territoire, de vie économique et de formation psychique qui se traduit dans la communauté de culture.

Et il va de soi que la nation, comme tout phénomène historique est soumise aux lois de l’évolution, a son histoire, un commencement et une fin.

Il est nécessaire de souligner qu’aucun des indices mentionnés, pris isolément, ne suffit à définir la nation. Bien plus: l’absence même d’un seul de ces indices suffit pour que la nation cesse d’être nation.

On peut se représenter des hommes ayant un «caractère national» commun, sans que l’on puisse dire toutefois qu’ils forment une seule nation, s’ils sont économiquement dissociés, s’ils vivent sur des territoires différents, s’ils parlent des langues différentes, etc. Tels sont, par exemple, les Juifs russes, galiciens, américains, géorgiens, ceux des montagnes du Caucase qui, à notre avis, ne forment pas une nation unique.

On peut se représenter des hommes dont la vie économique et le territoire sont communs, et qui, cependant, ne forment pas une nation, s’ils n’ont pas la communauté de langue et de «caractère national». Tels, par exemple, les Allemands et les Lettons dans la Province balte.

Enfin, les Norvégiens et les Danois parlent une seule langue, sans, pour cela, former une seule nation, vu l’absence des autres indices.

Seule, la réunion de tous les indices pris ensemble nous donne la nation.

Il peut sembler que le «caractère national» ne soit pas un des indices, mais l’unique indice essentiel de la nation, et que tous les autres indices constituent, à proprement parler les conditions du développement de la nation, et non ses indices.

Ce point de vue est partagé, par exemple, par les théoriciens social-démocrates de la question nationale, connus en Autriche, R. Springer et surtout O. Bauer.

Examinons leur théorie de la nation.

D’après Springer,

la nation est une association de personnes pensant et parlant de la même manière… la communauté culturelle d’hommes contemporains, qui ne sont plus liés au «sol»3 (souligné par nous [J.S.]).

Ainsi, «association» d’hommes pensant et parlant de la même manière, quelque dissociés qu’ils soient entre eux et où qu’ils vivent.

Bauer va encore plus loin:

Qu’est-ce que la nation? interroge-t-il. Est-ce la communauté de langue qui réunit les hommes en nation? Mais les Anglais et les Irlandais… parlent une seule langue, sans toutefois former un seul peuple. Les Juifs n’ont pas du tout de langue commune et forment, néanmoins, une nation4.

Mais alors qu’est-ce qu’une nation?

La nation est une communauté de caractère relative5.

Mais qu’est-ce que le caractère, en l’espèce le caractère national?

Le caractère national, c’est:

la somme des indices distinguant les hommes d’une nationalité de ceux d’une autre, un complexe de qualités physiques et morales qui distingue une nation de l’autre6.

Certes, Bauer sait que le caractère national ne tombe pas du ciel, aussi ajoute-t-il:

Le caractère des hommes n’est déterminé par rien d’autre que leur sort… La nation n’est autre chose qu’une communauté du sort, déterminée à son tour par les conditions dans lesquelles les hommes produisent leurs moyens d’existence et répartissent les produits de leur travail7.

Ainsi, nous en arrivons à la définition la plus «complète» de la nation, comme s’exprime Bauer:

La nation est tout l’ensemble des hommes réunis dans une communauté de caractère sur le terrain de la communauté du sort8.

Donc, communauté du caractère national sur le terrain de la communauté du sort, prise en dehors du lien obligatoire avec la communauté du territoire, de la langue et de la vie économique.

Mais, que reste-t-il, en ce cas, de la nation? De quelle communauté nationale peut-il être question chez des hommes dissociés économiquement les uns des autres, vivant sur des territoires différents et parlant, de génération en génération, des langues différentes?

Bauer parle des Juifs comme d’une nation, bien qu’«ils n’aient pas du tout de langue commune»9; mais de quelle «communauté du sort» et de quelle cohésion nationale peut-il être question, par exemple, chez les Juifs géorgiens, daghestanais, russes ou américains, complètement détachés les uns des autres, vivant sur des territoires différents et parlant des langues différentes?

Les Juifs en question vivent, sans nul doute, une vie économique et politique commune avec les Géorgiens, les Daghestanais, les Russes et les Américains, dans une atmosphère culturelle commune avec chacun de ces peuples; cela ne peut manquer de laisser une empreinte sur leur caractère national; et s’il leur est resté quelque chose de commun, c’est la religion, leur origine commune et certains vestiges de leur caractère national. Tout cela est indéniable. Mais comment peut-on affirmer sérieusement que les rites religieux ossifiés et les vestiges psychologiques qui s’évanouissent, influent sur le «sort» des Juifs mentionnés, avec plus de force que le milieu vivant social, économique et culturel qui les entoure? Or, ce n’est qu’en partant de cette hypothèse que l’on peut parler des Juifs en général comme d’une nation unique.

Qu’est-ce qui distingue alors la nation de Bauer, de 1’«esprit national» mystique et se suffisant à lui-même des spiritualistes?

Bauer trace une limite infranchissable entre le «trait distinctif» d’une nation (caractère national) et les «conditions» de sa vie, en dissociant l’un des autres. Mais qu’est-ce que le caractère national, sinon le reflet des conditions de vie, sinon un concentré des impressions reçues du milieu environnant? Comment peut-on se borner uniquement au caractère national, en l’isolant et le dissociant du terrain qui l’a engendré?

Et puis, qu’est-ce qui distinguait, à proprement parler, la nation anglaise de la nord-américaine, à la fin du 18e et au début du 19e siècles, alors que l’Amérique du Nord se dénommait encore la «Nouvelle Angleterre»?

Ce n’est évidemment pas le caractère national: car les Nord-Américains étaient originaires de l’Angleterre; ils avaient emporté avec eux, en Amérique, outre la langue anglaise, le caractère national anglais, dont ils ne pouvaient évidemment pas se départir si vite, quoique, sous l’influence des conditions nouvelles, un caractère particulier se formât vraisemblablement chez eux. Et, cependant, malgré la communauté plus ou moins grande du caractère, ils constituaient déjà, à cette époque, une nation distincte de l’Angleterre. Il est évident que la «Nouvelle Angleterre», en tant que nation, se distinguait alors de l’Angleterre, en tant que nation, non par son caractère national particulier, ou moins par le caractère national que par le milieu distinct de l’Angleterre, par les conditions de vie.

De cette façon, il est clair qu’il n’existe pas, en réalité, d’indice distinctif unique de la nation. Il existe seulement une somme d’indices parmi lesquels, lorsqu’on compare les nations, se détache avec plus de relief tantôt un indice (caractère national), tantôt un autre (langue), tantôt un troisième (territoire, conditions économiques). La nation est une combinaison de tous les indices pris ensemble.

Le point de vue de Bauer identifiant la nation avec le caractère national, détache la nation du sol et en fait une sorte de force invisible, se suffisant à elle-même. Dès lors, ce n’est plus une nation, vivante et agissante, mais quelque chose de mystique, d’insaisissable et d’outre-tombe. Car, je le répète, qu’est-ce, par exemple, que cette nation juive, constituée par des Juifs géorgiens, daghestanais, russes, américains et autres, dont les membres ne se comprennent pas les uns les autres (parlent des langues différentes), vivent dans différentes parties du globe, ne se verront jamais, n’agiront jamais en commun, ni en temps de paix, ni en temps de guerre? Non, ce n’est pas pour de telles «nations» n’existant que sur le papier, que la social-démocratie établit son programme national10. Elle ne peut tenir compte que des nations réelles, qui agissent, qui se meuvent, et qui, pour cette raison, obligent les autres à compter avec elles.

Bauer confond évidemment la nation, catégorie historique, avec la tribu, catégorie ethnographique.

Au reste, Bauer lui-même sent apparemment la faiblesse de sa position. Proclamant résolument, au début de son livre, les Juifs comme une nation11, Bauer se corrige à la fin de son livre, affirmant Que la «société capitaliste en général ne leur permet pas (aux Juifs) de se conserver en tant que nation»12, et les assimile aux autres nations. La raison en est, paraît-il, que «les Juifs n’ont pas de région délimitée de colonisation»13, alors qu’une telle région existe, par exemple, chez les Tchèques, qui, d’après Bauer, doivent se conserver comme nation. Bref, la cause en est dans l’absence de territoire.

Raisonnant ainsi, Bauer voulait démontrer que l’autonomie nationale ne peut pas être la revendication des ouvriers juifs14, mais il a, de ce fait, renversé, sans le faire exprès, sa propre théorie, qui nie la communauté du territoire comme l’un des indices de la nation.

Mais Bauer va plus loin. Au début de son livre, il déclare résolument que «les Juifs n’ont pas du tout de langue commune et n’en forment pas moins une nation»15. Mais à peine arrivé à la page 130, il change de front en déclarant avec non moins de résolution:

Il n’est pas douteux qu’aucune nation n’est possible sans une langue commune16 (souligné par nous [J.S]).

Bauer voulait démontrer ici que

la langue est l’instrument le plus important des relations entre les hommes17

mais, en même temps, il. a démontré aussi, sans le faire exprès, ce qu’il ne se proposait pas de démontrer, à savoir: la carence de sa propre théorie de la nation, qui nie l’importance de la communauté de la langue.

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URSS

Les résultats pour la Russie de l’ère Eltsine

Le territoire du pays: diminué de 23,7%

La population: diminuée de 10 millions

Nombre d’enfants: diminué de 5 millions

Enfants non scolarisés: 3 millions

Nombre de sans domicile: augmenté de 5 millions

Sous le seuil de pauvreté: 14 millions

Taux de mortalité infantile: multiplié par 2,5

Décès liés à la drogue: multipliés par 48

Enfants atteints de MST multipliés par 77

Cas de tuberculose: multiplié par 2,4

Toxicomanes: multipliés par 10

MST: multipliés par 10

Cas de SIDA: multipliés par 60

Production industrielle: divisée par 3

Budget de l’état : divisé par 13

Le nombre de pauvres: multiplié par 20

Le nombre de bandes criminelles: multiplié par 14

et elles contrôlent la moitié de l’économie de l’état

[Traduction Alexandre MOUMBARIS]

http://iskatel.livejournal.com/310666.html

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La RDA – Jetant un regard en arrière

par Hans Heinz Holz

Introduction

Un journal en Allemagne évoquait «les grandes années 60», alors qu’un autre titrait sa une sur «60 années de liberté». Ils essayaient de faire à qui mieux mieux la célébration du 60ème anniversaire de la formation de la République fédérale d’Allemagne – ou l’Allemagne de l’Ouest comme la partie capitaliste de l’Allemagne est généralement appelé. Hans Heinz Holz avait écrit l’article qui suit pour le numéro de juin de la revue mensuelle du Parti communiste Allemand (DKP) «Anstoss» de Berlin. Celui-ci a été publié à un moment où la propagande des maîtres du monde libre gratte le fond de ses coffres à perles: «Innombrables sont les gerbes déposées à la mémoire des ‘victimes du stalinisme’ et des ‘assassinés au mur de Berlin’. Chaque célébration de leurs 60 ans de liberté est accompagnée d’un spectacle d’horreur sur les prisons de la Stasi, les gardes frontières assassins, la police secrète arrêtant des gens à leur domicile pour les traîner dans les cachots communistes. Cela ne doit pas se reproduire, concluent-ils immanquablement. Cependant ils disent vrai à propos de ce point: Le socialisme est une chose qu’ils haïssent et qu’ils ne veulent plus revoir – que ce soit sur le territoire allemand ou n’importe où ailleurs.

Hermann Glaser-Baur

Hiver 1946/47. Il fait froid, ça gèle. Pour une raison dont je ne me souviens plus – je devais voyager de Frankfurt/Main vers la ZOS (Zone d’occupation soviétique).

Donner la carte de rationnement alimentaire à Frankfurt, recevoir celle de l’Allemagne de l’Est à Rostock.

C’était comme un cadeau de Noël: La ration journalière était une fois et demi celle de l’Allemagne de l’Ouest. Dans cette situation de la plus profonde privation, la puissance occupante soviétique – dont les troupes étaient affamés elles-mêmes – prenait soin de la population. Cela se passait il y a 62 ans, j’en ai maintenant 82 et je ne l’oublierai jamais. Pourquoi je me sers de cela comme introduction?

C’était dans cet esprit de solidarité communiste que la RDA a été créée. Staline disait: «Les Hitlers viennent et s’en vont – le peuple allemand lui reste». C’était ce genre de logique qui déterminait les actes; la question nationale n’était pas un objet de propagande. Quand Adenauer* lors de la guerre froide appuyait sur l’intégration de la RFA à l’alliance avec les États-Unis, les Communistes des deux côtés de la frontière se battaient pour l’unité allemande. Les premiers coups de feu à la frontière avaient été tirés quand des membres de FDJ** de la RFA voyageaient pour leur réunion nationale à Berlin. «Drapeaux bleus à Berlin» était le mot d’ordre. Les gardes allemands de l’Ouest tirèrent sur les jeunes de l’Allemagne de l’Ouest. Et maintenant qui parle de «tirs au mur»?

La partition de l’Allemagne en deux états, d’où sont développés deux parties-de-nation (et le restent à ce jour) était imposée par l’Ouest en violation du traité de Potsdam. Aussi tardivement que 1958, alors que les deux états allemands et leurs deux devises existaient depuis presque dix ans, Walter Ulbricht*** avait proposé un plan pour que l’Allemagne soit réunifiée sur la base d’une confédération avec un statut neutre, sur un territoire sans armes nucléaires. En l’occurrence, cela n’a pas plu à la direction soviétique sous Khrouchtchev; elle traitait de plus en plus la RDA comme sa province économique et militaire.

La réponse de l’Ouest sous la conduite du ministre de la Défense, F.J. Strauss était la course aux armements, et plus tard la stratégie de sape de la «nouvelle politique orientale» du chancelier Willy Brand, où les naïfs amateurs de paix se sont fait immédiatement avoir.

Ma position peut être lue dans le détail dans les documents de la Conférence sur la paix qui s’est déroulée à Moscou en 1967.

Les plans pour la conquête de la RDA avaient été préparés depuis aussi loin que la période des «lois d’urgence». Ils étaient gardés dans des coffres au «Ministère des problèmes de l’Allemagne réunie». Nous le savions et nous avions mis toute notre énergie à renforcer politiquement dans la RDA dans le monde, de manière à contrecarrer toutes les calomnies qui la visaient au niveau national. Les communistes de l’Allemagne de l’Ouest ont fait cela sans «si» ni «mais» – bien que sur certains points de détail la critique était inadéquate – la solidarité primait. Nous avions fait l’objet de diffamations, d’exclusion de postes d’enseignement et du service public, de persécution. Beaucoup d’espoirs et de vies ont été détruites.

Quarante années d’existence de la RDA, cela équivaut à une génération et demi de construction du socialisme. Les effets de cela ne se perdront pas dans l’histoire du monde, même s’ils devaient survivre cachés sous la surface pour un bout de temps. C’est la tâche de ceux parmi nous qui ont vécu cette période de transmettre sa mémoire, pour qu’elle fasse partie de la nouvelle génération, qui doit et va y arriver.

Ceux-ci sont les souvenirs d’un citoyen de l’Allemagne de l’Ouest. Depuis 1945 j’ai participé à la toute première ligne des luttes par la publication et l’écriture. La RDA a été un morceau de ma vie. La nouvelle contradiction entre les «Wessies»(Ouesties) et les «Ossies» – (Esties) n’ont aucune signification pour moi – ce sont des contradictions de classe et non pas de territoire.

Bien entendu il y a des gens bourgeois en RDA, autrement les événements de 1990 n’auraient pas été possibles. Nous avions sous-estimé combien avaient raison Lénine et Staline quand ils disaient que la lutte des classes s’intensifiera dans les conditions de construction du socialisme. Certains des jugements que nous avions de nous-mêmes étaient plus utopiques que socialistes. Quand nous analysons la période des derniers 60 ans, depuis la formation de la RDA, nous ne devons pas ignorer les revers dans le domaine théorique. Mais nous devons avant tout rappeler les immenses réalisations! Les citoyens de la RDA sont mieux à même de les décrire, particulièrement maintenant qu’ils ont connu la vie sous le capitalisme.

Ensemble nous devons réfléchir sur le présent: Une parmi les conséquences de la crise mondiale est que de nouvelles guerres se préparent. Des formes fascistes de pouvoir sont envisagées et même appliquées à certains endroits pour préserver le système.

La paupérisation des masses de la population et l’opportunisme qui recherche un abri pour survivre en s’adaptant au système – donne lieu à toutes sortes d’idéologies révisionnistes et réformistes.

Cette neige d’hier doit fondre avant que la douce brise d’aujourd’hui puisse croître en la tempête révolutionnaire de demain.

Notes

* Konrad Adenauer (1876-1967) Chancelier de la RFA de 1949 à 1963

** Freie Deutsche Jugend (Jeunesse libre allemande)

*** Walter Ulbricht (1893-1973) Premier Secrétaire SED de 1960 à 1970

[Traduit de l’allemand par Hermann Glaser-Baur]

[Traduit de l’anglais par Alexandre MOUMBARIS]

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IAPSCC

Réunion du Secrétariat de l’IAPSCC

Le 21 et 22 mai 2009, s’est tenue à Paris, à l’Hôtel Campanile, une réunion du Secrétariat du Comité de coordination internationale Anti-impérialiste et de solidarité entre les peuples (IAPSCC).

Présents: Manik MUKHERJEE – Inde, Secrétaire général de l’IAPSCC, Vice président du All India Anti-Imperialist Forum; Niranjan CHAPAGAIN – Népal, Membre du Comité central du Parti communiste (maoïste) du Népal, Président du Syndicat des écrivains; Mobinul Hayder CHOWDHURY – Bangladesh, Membre du Comité central du Parti Socialiste du Bangladesh; Sara FLOUNDERS – États-Unis, co-directeur, International Action Center; Roberto GABRIELE – Italie, Président de la Fondation Nino Pasti; Mohammad El Sayed KASSEM – Liban, Membre du Comité de suivi du Forum international de Beyrouth, Membre du Comité de suivi de l’Opposition libanaise, Secrétaire général du Syndicat des enseignants; Alexandre MOUMBARIS – France, Président du Front anti-impérialiste, Directeur de publication des Les dossiers du BIP, éditions Démocrite; Dr Mohamad TAY, Liban, Professeur en droit public, Faculté de Droit, Université libanaise, Comité consultatif du Centre consultatif des études et de documentation; Carolus WIMMER – Venezuela, Secrétaire aux Relations internationales du Parti communiste vénézuélien, Vice-président du groupe vénézuélien au Parlement latino-américain, Député au Parlement vénézuélien.

Excusés: Ramsey CLARK, – États-Unis, président de l’IAPSCC, ancien Attorney General des É-U, Fondateur de l’International Action Center; Professeur Ibrahim Ahmed Abd Elaziz GHANDOUR – Soudan, Fédération syndicale mondiale; Dr Hani Jamil Nicolas HADDADIN – Jordanie, Parti communiste jordanien; Khalekuzzaman – Bangladesh, Convenor (Convocateur), Parti socialiste du Bangladesh; Michael Lukas – Canada, Directeur de publication de Northstar Compass; Ranjit Kumar Dhar RAY – Inde, All India Anti-Imperialist Forum; Eliathambi THAMBIAH – Sri-Lanka.

Dans la soirée du 21, un certain nombre d’organisations et amis avaient été invités autour d’un apéritif amical. Il y avait notamment un représentant de la Délégation de la RPDC, des représentants de quelques organisations communistes, ainsi que quelques organisations africaines. De fait ce qui devait être une rencontre informelle s’est transformé en un meeting avec des prises de parole intéressantes et successives.

Essentiellement le but recherché était de développer un mouvement anti-impérialiste conséquent en France affilié internationalement à l’IAPSCC. C’est ce que le FAI s’est en fait proposé de faire. Aussi il était question, après la Conférence de Beyrouth en janvier de savoir s’il était possible de tenir la prochaine Conférence internationale de l’IAPSCC — la troisième — à Paris, et de savoir si les organisations en France pourraient faire face à cette tâche du point de vue, politique, organisationnel et bien évidemment financier.

Des futures rencontres ont été décidées pour avancer dans ce sens.

Alexandre MOUMBARIS

Paris le 25 mai 2009

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Front anti-impérialiste – FAI

Projet

Conférence de l’IAPSCC septembre 2010

Les 21 et 22 mai 2009, le Secrétariat du Comité de coordination international anti-impérialiste et pour la solidarité avec les peuples (IAPSCC), s’est réuni à Paris dans le but, entre autres, de déterminer le lieu où se tiendra la prochaine Conférence internationale, prévue pour septembre 2010.

Il a été décidé d’examiner la possibilité de tenir cette conférence en France. Celle-ci prévoirait la participation de 150 délégués, dont un grand nombre de l’étranger, et une assistance de quelque 400 personnes. Le coût total nécessiterait un budget d’au minimum 50.000€. L’organisation de la Conférence ainsi que son financement relèvent de la responsabilité du FAI, organisation française affiliée au IAPSCC.

En mes qualités de membre du secrétariat de l’IAPSCC et de président du FAI j’ai été chargé par le Secrétariat de l’IAPSCC de donner – avant le 22 août 2009 – une réponse par rapport à la faisabilité, à Paris, de cette Conférence internationale.

Objectifs politiques du FAI

Le FAI propose de fournir une structure pour le rassemblement de toutes les forces, organisations et personnes ayant un intérêt moral et/ou matériel, à combattre l’impérialisme. Par le mot impérialisme dans le présent contexte nous entendons aussi bien le sens marxiste-léniniste du terme que le sens ordinaire, à savoir le colonialisme, le néocolonialisme… En somme, toute activité portant atteinte à la souveraineté des nations et des peuples, que ce soit sous formes d’agression ou de domination, militaire, économique, financière, médiatique, linguistique, culturelle…. y compris la représentation de la vérité historique, la liberté d’opinion….

Notre terrain de lutte est en France. Notre adversaire est principalement la politique du gouvernement et de l’état français – instruments d’une minorité dominante et richissime. Notre rôle fondamental, n’est pas, par exemple, de défendre le peuple tchadien au Tchad, mais de défendre la cause de l’indépendance tchadienne en France. Cela ne nous empêche pas de fournir éventuellement une solidarité directe au peuple tchadien, qu’elle soit financière, médicale, technique, éducative ou autre, mais ce n’est pas la direction principale de nos efforts, ce n’est pas ainsi que nous serons les plus efficaces.

Nous veillerons très sérieusement aussi à défendre la souveraineté et l’indépendance du peuple français contre toute agression impérialiste de l’extérieur, notamment économique, financière, culturelle, linguistique, médiatique…..

Nos armes sont l’unité de nos voix, la pression politique et raisonnablement tout autre méthode susceptible de servir notre cause, telles que l’information, les manifestations, les conférences…. Notre efficacité se mesurera par l’ampleur et le nombre d’organisations et de personnes qui nous rejoindront. Aucune personne ni organisation ne sera détournée en raison de son idéologie (qu’elle soit marxiste, léniniste, socialiste ou pas), ou pour sa religion (musulman, chrétien, juif, bouddhiste, animiste,….). Par contre seront exclues toutes organisations ou personnes qui, soit directement soit indirectement, soutiennent des thèses impérialistes ou agissent en faveur de l’impérialisme.

Nous voulons rassembler le maximum de personnes et d’organisations contre toute action impérialiste de la France, et surtout que celle-ci ne soit faite ni en notre nom, ni par nos contributions.

Bien que l’action du FAI vise particulièrement l’impérialisme français, dans les pays où celui-ci est impliqué, nous jouerons néanmoins un rôle international par le biais de l’IAPSCC. Dans ce cadre nous nous solidarisons avec les nations et les peuples pris pour cible par des agresseurs impérialistes, que ce soit militairement, économiquement, financièrement …. sans négliger les manipulations médiatiques en direction de l’opinion publique française pour la neutraliser ou même la faire acquiescer à leurs desseins immédiats ou futurs.

Plus clairement nous condamnons et nous nous élevons contre:

les interventions plus particulièrement françaises au Tchad, au Soudan, en Centrafrique, au Congo, en Yougoslavie, en Afghanistan… mais aussi en Iraq, au Liban, en Palestine, au Pakistan,…..

les menaces et les embargos contre la République populaire démocratique de Corée, la République islamique d’Iran, de la Syrie, le Zimbabwe, Cuba …

Cela étant dit nous ne soutenons pas tous les mouvements rebelles que les mass media français, au service des impérialistes veulent nous faire accepter. Par exemple: les séparatistes du Darfour au Soudan, les séparatistes anciens féodaux tibétains en Chine, …..

Propositions pratiques

Réunir les organisations et personnes intéressées par ce projet. Leur proposer de s’engager de collecter parmi leurs adhérents à une cadence hebdomadaire des sommes modestes – il y 65 semaines d’ici septembre -, de s’engager à fournir un certain nombre de services au cours de la conférence, tel qu’accueillir des déléguées aux gares et aux aéroports et les conduire à leur lieu d’hébergement etc… Cette action serait aussi assimilée à celle d’une contribution financière…….

Tenter d’adapter, lors des discussions préalables, les buts de l’organisation et de la conférence de manière à ce qu’elle puisse répondre aux attentes et avoir un impact maximal.

Que chaque organisation ou membre prenne la responsabilité de faire adhérer d’autres organisations ou membres.

Adopter comme règle fondamentale que tout ce qui renforce le mouvement anti-impérialiste et qui affaiblit l’impérialisme est positif alors que l’inverse est à proscrire.

Jeter les bases d’une organisation anti-impérialiste conséquente, capable d’agir contre l’impérialisme nationalement alors que l’adhésion à l’IAPSCC permet de s’organiser et coordonner nos actions internationalement.

Alexandre Moumbaris

Notes

* L’hébergement devra être assuré pour quatre nuits et trois jours et une salle de réunion adaptée, réservé pour trois jours. À cela s’ajoutent la logistique, l’accueil aux aéroports et gares, la nourriture ainsi que l’aménagement des dispositions à la salle de réunion – traductions, enregistrement des interventions… – chapoté par un Comité organisationnel pour gérer tout cela.

Signataires

Les organisations qui seraient intéressées à se joindre à cet événement sont priées de nous le faire savoir le plus rapidement possible (contacter le journal)

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Grèce

Contribution au 18e Séminaire communiste international, Bruxelles, 15-17 mai 2009

Parti communiste de Grèce (KKE)

À propos de la crise économique mondiale

Chers camarades et amis,

Nous aimerions remercier une fois de plus le Parti du travail de Belgique pour son hospitalité et pour l’occasion qu’il nous donne aujourd’hui d’échanger des points de vue autour d’un problème particulièrement grave, celui de la crise économique mondiale. Cette crise est l’expression d’une crise plus profonde, inhérente au système capitaliste et elle révèle ses limites historiques et la nécessité de se voir appliquer un renversement révolutionnaire.

Dès les tout premiers instants, le KKE (Parti communiste de Grèce) a affirmé que, bien que la crise économique soit apparue en premier lieu dans la sphère de circulation du capital, elle ne pouvait être dissociée des contradictions de la sphère de production et des relations de l’exploitation de classe.

Aujourd’hui, les développements confirment qu’une crise sérieuse, provoquée par la suraccumulation de capital, s’est manifestée, puisqu’une part considérable de capital ne peut atteindre la sphère de production en vue de garantir un pourcentage adéquat de profit. Il s’agit d’une crise du mode capitaliste de production, lequel vise à engranger du profit capitaliste et à assurer en même temps une multiplication accrue du capital même.

Les crises se développent sur la base de la contradiction fondamentale entre le caractère de production et l’appropriation capitaliste de ses résultats. Elles éclatent inévitablement en raison de la nature du système même, l’anarchie, le développement inégal des branches et secteurs de production, la destruction du pouvoir d’achat des travailleurs et la course à la compétitivité. Par conséquent, les crises constituent, ont constitué et constitueront pour de bon l’inéluctable destinée de toutes les économies capitalistes sans exception. Et ceci nous montre bien que le capitalisme n’est pas tout-puissant.

Aucune politique de gestion ne peut délivrer le système capitaliste de sa décomposition interne ni empêcher qu’éclatent des crises capitalistes, et qu’importe ici que le gouvernement soit constitué de partis de la droite ou de la «gauche» social-démocratique.

La dernière crise a également «terni» la perception de l’UE en mettant à mal les mythes qui l’encombrent et révélant ainsi son véritable profil, hostile aux travailleurs, hostile au peuple.

De plus, sur base de la crise et des conséquences du développement inégal, les contradictions entre les puissances impérialistes se sont exacerbées. Cela ne se remarque pas seulement entre les États-Unis et l’axe franco-allemand de l’UE, mais aussi à cause de l’émergence dynamique du BRIC naissant (Brésil – Russie – Inde – Chine), lequel cherche à accroître son rôle dans les accords et organes de contrôle internationaux.

En dépit des efforts consentis par l’union impérialiste pour que le système surmonte la crise «pacifiquement», les gens ne devraient pas oublier que ce sont des conditions similaires qui ont conduit aux deux Guerres mondiales. Des hasards similaires sont tapis autour de nous, en ce moment. N’oublions pas qu’il y a dix ans, l’Otan a violé les lois internationales en bombardant la Yougoslavie et en provoquant la sécession d’une de ses composantes. Malheureusement, aujourd’hui, il n’y a pas de contrepoids telle l’Union soviétique. C’est pourquoi seule la lutte des peuples, la lutte anti-impérialiste, antimonopoliste peut constituer un contrepoids à l’impérialisme et à ses guerres injustes.

Chers camarades,

Ce n’est pas la première fois que, lorsqu’une crise cyclique du capitalisme éclate dans un pays ou un groupe de pays, on assiste à un effort visant à provoquer la désorientation à propos de la nature de cette crise et de ses causes. En aucune façon, l’idéologie et la politique de la bourgeoisie n’admettront que les crises ne sont pas des phénomènes transitoires. La plupart des toutes les idéologies bourgeoises refusent d’admettre les limites historiques du système capitaliste et ses contradictions. Il est dans l’intérêt de la bourgeoisie de dissimuler les causes réelles: cela tend à induire en erreur les forces populaires. Puisqu’il ne peut y avoir de solution dans le cadre du capitalisme, la classe ouvrière, les couches populaires devraient en arriver à des conclusions et agir afin d’éviter que le pire arrive.

Quelles sont les portes de sortie proposées aujourd’hui? Alors que les partis libéraux tentent de convaincre de la nécessité pour les travailleurs de faire des sacrifices, les sociaux-démocrates et les représentants de la «nouvelle gauche» parlent de la nécessité de la redistribution des revenus tout en cultivant l’idée d’une coopération de classe. Toutefois, la croissance de la consommation n’est pas un remède, puisque la distribution est déterminée par la forme de propriété des moyens de production. Il y a une différence entre la redistribution réelle et la redistribution nominale. D’autant plus que le système possède tout une panoplie d’armes, tels l’imposition, les taxes indirectes, les relations de travail, le chômage, la hausse des prix, pour reprendre ce qu’il donne.

Il y a des propositions cherchant à surmonter la crise et recourant à des recettes éculées et démodées, les recettes keynésiennes. Ces propositions tendent à stimuler la demande et à assurer la rentabilité, mais elles n’apaisent pas les gens et ne suspendent pas les conséquences de la crise. Pour certains, même si on assiste à un allègement temporaire de certaines situations extrêmes pour une partie des travailleurs, cela va bientôt déboucher sur un nouveau cycle de crises aux conséquences plus graves encore pour la classe ouvrières et pour les couches populaires.

La théorie de la sous-consommation et de la redistribution assistée dissimule le reste des facteurs jouant un rôle dans le déclenchement de la crise, tels que la libéralisation du marché, la liberté de mouvement des marchandises, la force de travail, les services, la compétitivité, les contradictions impérialistes, l’inégalité, les relations inégales au sein de l’UE, qui reposent sur la dépendance et la dépendance mutuelle, sans oublier l’anarchie de la production capitaliste.

La théorie de la redistribution laisse de côté l’exploitation de classe; en essence, elle prétend qu’afin d’obtenir des salaires plus élevés, les travailleurs devraient fournir aux employeurs d’autant plus de bénéfices.

Les propositions de la social-démocratie – à l’«ancienne» aussi bien que dans sa «nouvelle» mouture –, tentent de dissimuler sa complaisance à l’égard du néolibéralisme et le fait qu’elle est devenue l’un des piliers de l’impérialisme. Elle veut en revenir à des mesures obsolètes de type keynésien qui ne veulent pas toucher à la nature de classe du pouvoir et aux relations de production, mais tendent à empêcher au maximum l’émergence de solutions alternatives révolutionnaires pour les travailleurs et les citoyens en général.

Chers amis et camarades,

«Et alors, que devons-nous faire, maintenant?» Telle est la question intensément posée par les gouvernements bourgeois dans le désir de s’assurer le consensus le plus large possible de la part des travailleurs, afin de soutenir le grand capital, de restreindre encore plus les droits et salaires des travailleurs et de «rationaliser le capitalisme».

Le KKE appelle les citoyens à tourner le dos aux conceptions trompeuses à propos de la «régulation», de la «rationalisation» et de l’«humanisation» du capitalisme qui ne jettent la pierre au néolibéralisme que pour sauver le capitalisme et sa gestion et assurer sa pérennité.

Les conditions en vue du renversement du capitalisme pourraient n’être pas encore présentes aujourd’hui, mais les conditions actuelles indiquent que les développements pourraient en être accélérés au profit des citoyens.

Le danger de la déstabilisation économique et politique de la bourgeoisie constitue un espoir pour les forces du travail et du peuple, du moins tant qu’elles ne perdront pas de vue la seule véritable façon d’en sortir; c’est unies qu’elles devraient attaquer la «bête blessée», sans lui donner le temps de panser ses blessures et de guérir.

Les espoirs d’émancipation des citoyens et des travailleurs ne pourront se concrétiser que par le biais d’un processus de rupture avec le pouvoir du grand capital, des blocs et alliances impérialistes.

Dans le processus de la lutte des classes, les travailleurs devraient rejeter les mesures proposées par les capitalistes et leurs associations. Ils ne devraient pas porter une fois de plus le fardeau de la crise.

Ils devraient promouvoir leur propre plateforme de revendications en l’opposant aux intérêts des monopoles et des impérialistes. Dans notre pays, nous soutenons l’importante lutte du mouvement à orientation de classe, le PAME (Front militant de tous les travailleurs), pour l’augmentation des salaires et des pensions en fonction des besoins des travailleurs, pour l’abolition de la TVA sur les produits de consommation de masse, pour l’aide aux personnes qui ont contracté des prêts, pour une éducation et des soins de santé exclusivement publics et gratuits, etc.

Récemment, lors des grèves du 2 avril et du 1er mai, les deux lignes diamétralement opposées du mouvement ouvrier ont été mises en évidence. Des dizaines de milliers de travailleurs ont participé aux manifestations du PAME, le mouvement à orientation de classe qui fait partie de la FSM (Fédération syndicale mondiale), dans soixante-dix villes du pays. Dans un même temps, les syndicats jaunes de la GSEE (Confédération générale des travailleurs de Grèce), soutenue par les libéraux, les sociaux-démocrates et les opportunistes de tous crins, et liée également à la CSI (Confédération syndicale internationale), organisait une manifestation des plus faibles, ne rassemblant que très peu de monde.

La voie de la lutte antimonopoliste et anti-impérialiste de la classe ouvrière, l’alliance sociale, la corrélation des forces peut valoir des conquêtes, empêcher que vienne le pire et même saper les piliers du pouvoir bourgeois. Elle peut paver la voie des travailleurs dans leur désir de prétendre, non pas simplement à une «plus grosse part du gâteau», mais au «gâteau» tout entier ainsi qu’au «four» où on le cuit, c’est-à-dire à l’essence et à la concentration des moyens de production.

Le tout récent 18e Congrès de notre parti, qui examinait en tant que problème à part l’amendement de la conception programmatique de notre parti concernant le socialisme, est également arrivé à cette conclusion. La propriété sociale des moyens concentrés de production, la planification centrale de la production socialisée, le contrôle par les travailleurs et la société constituent une nécessité impérative requérant un renversement au niveau du pouvoir.

Nous appelons la classe ouvrière, les travailleurs et les peuples du monde entier à rallier la lutte et à s’unir sur base de leurs intérêts de classe et leurs aspirations légitimes, afin de diriger la cause qu’est la construction d’un avenir de bien-être, de justice et de paix; pour la construction d’une nouvelle société libre de toute exploitation de classe, de toute oppression, pour le socialisme.

En conclusion, chers amis et camarades, permettez-nous d’y aller d’un commentaire. À mesure que la crise économique progresse, nous assistons à de nouvelles initiatives anticommunistes de la part de la présidence tchèque de l’UE, du Conseil de l’Europe, de la Commission européenne et du président du Parlement européen. Ces activités ne visent pas simplement le passé, elles tendent à affecter l’avant-garde du mouvement ouvrier, les partis communistes et ouvriers, afin de promouvoir plus facilement des mesures antipopulaires.

Il va sans dire que chaque parti, chaque individu qui se considère de gauche devrait condamner ces activités qui se déploient au sein de l’UE.

Kostas Papadakis

Membre du CC du KKE

Section des relations internationales

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France—Moyen Orient

Hommage à un martyr

Empalé le 17 juin 1800 par l’occupant français

Un crâne fut montré pendant des années aux étudiants de Médecine à Paris

«pour leur faire voir la bosse du crime et du fanatisme avant de finir au Musée de l’Homme».1

De que crâne s’agit-il? C’est celui de Sulaïmân al-Halab, le jeune homme qui a assassiné le général Kléber le 14 juin 1800 au Caire. Un «criminel fanatique» pour les Français de la puissance coloniale, un héro et un martyr pour les peuples arabes et musulmans et pour tout résistant.

Début 1798, le régime du Directoire de la nouvelle France née de la révolution de 1789 et du siècle des Lumières, demanda au général Bonaparte de s’emparer de l’Égypte afin de donner un grand coup qui ferait mal à l’Angleterre, avec l’argument que: «L’Égypte fut une province de la république romaine,il faut qu’elle le devienne de la république française. La conquête des romains fut l’époque de la décadence de ce beau pays, la conquête des français sera celle de la prospérité. (…) les Français l’enlèveront aux plus affreux tyrans qui aient jamais existé».2

Mais avait-on pensé à la réaction du peuple qu’on voulait «libérer»? Une question qui ne se posait certainement pas, car «cette émancipation libératrice sera l’œuvre de la Grande Nation, de la France révolutionnaire. Les peuples d’Orient n’attendent que ce moment et ils accueilleront et soutiendront leurs libérateurs».3 On voit déjà l’influence de la France révolutionnaire sur la pensée de George W. Bush et autres grands et petits hommes, deux siècles plus tard!

Le premier juillet 1798, Bonaparte débarqua en Alexandrie avec une armée d’environ quarante mille soldats. Dès la prise de la ville, il adressa une déclaration «d’amour» au peuple d’Égypte en annonçant la bonne nouvelle à ceux qui collaboreraient avec les Français et à ceux qui resteraient neutres, et en avertissant ceux qui combattraient contre les Français: «Peuple de l’Égypte, on vous a dit que je ne suis venu ici que pour détruire votre religion; cela est mensonge; ne le croyez pas; dites à ces diffamateurs que je ne suis venu chez vous que pour arracher vos droits des mains des tyrans et vous les restituer, et que, plus que les mamelouks, j’adore Dieu et respecte Son Prophète et le Coran. (…) Heureux! heureux ceux des habitants de l’Égypte qui se joindront à nous sans retard. Ils prospéreront dans leur fortune et leur rang. Heureux encore ceux qui resteront dans leur maisons et seront neutres. Ceux-ci, quand ils nous connaîtront, s’empresseront de s’unir à nous de tout cœur. Mais malheur ! malheur à ceux qui s’armeront pour les mamelouks et combattront contre nous! Il n’y aura pas de porte de salut pour eux, ils périront et leurs traces disparaîtront».4 Bonaparte montra ainsi la voie, presque 211 ans plus tôt, au Président Obama et son discours au monde musulman au Caire le 4 juin 2009.

Le général Bonaparte sortit vainqueur dans plusieurs batailles contre les mamelouks, mais le peuple d’Égypte ne reçut tout de même pas les Français avec des fleurs. Le 21 octobre 1799, le Caire se révolta et Bonaparte n’hésita pas à bombarder la capitale et à écraser la rébellion en causant le mort de 2500 à 3000 Cairotes. D’autres villages furent brûlés et des savants d’al-Azhar furent exécutés. L’ordre fut enfin rétabli.5

Bonaparte et son général Kléber s’illustrèrent par d’autres «exploits». Dans la campagne de Syrie, le 7 mars 1799, leurs armées lancèrent un assaut contre Jaffa en Palestine. «La ville est enlevée, le massacre est épouvantableainsi que le pillage qui durera une journée entière. Des trois mille prisonniers, seuls les Egyptiens seront épargnés, les autres sont exterminés».6

Quelques mois plus tard, le 23 août 1799, Bonaparte quitta l’Égypte pour la France. Il transmit le commandement au général Kléber en lui laissant une situation administrative catastrophique.

Kléber opéra un changement. Il «adopte un style de conduite fondé sur la force et le prestige. Rejetant la simplicité, il opte pour une pompe ostentatoire destinée à impressionner les Égyptiens. Deux rangées d’hommes le précèdent et frappent en cadence le sol de leur bâtons, en criant en arabe « voici le général en chef ; musulmans, prosternez-vous « ».7

Kléber remporta des victoires contre les Turcs, écrasa dans le sang une deuxième révolte au Caire le 7 mars 1800, et sembla enfin contrôler la situation, mais Sulaïmân al-Halabi avait décidé autrement.

Sulaïmân Muhammad Amîn Ous Qopar fut un musulman kurde originaire de la ville d’Alep du nord de la Syrie (d’où son surnom al-Halabi, l’Alépin). Né en 1777, son père l’envoya en Égypte faire des études à la célèbre université d’al-Azhar au Caire.

Sulaïmân fut donc témoin de l’invasion française, de leur répression et de la première révolte du Caire. Il fut témoin de l’écrasement de la population, des martyrs Cairotes tombés et des savants d’al-Azhar exécutés. Il fut aussi au courant du massacre à Jaffa, de la deuxième révolte du Caire et de toutes les batailles des armées françaises pour dominer l’Égypte et la Syrie.

Après un retour à Alep début 1800, il fut chargé par des chefs mamelouks qui organisèrent la résistance de tuer le général Kléber. Il revint alors au Caire après un court séjour à Gaza, bastion de la résistance, où il acheta le poignard qu’il allait utiliser contre Kléber. Arrivé au Caire début mai, Sulaïmân s’installa à al-Azhar dans l’aile réservée aux gens d’«ash-Shâm» (la région englobant la Syrie, le Liban, la Palestine et la Jordanie) avec quelques étudiants d’al-Azhar dont quatre lecteurs du Coran de Gaza. Il les informa de son intention de tuer Kléber et se mit à surveiller les mouvements du Général.

Le 14 juin, Sulaïmân al-Halabi passa à l’acte. Il parvint à pénétrer dans les jardins du quartier général de l’armée française au Caire alors que Kléber s’y promena avec son architecte Protain. Il s’approcha de Kléber qui le prit pour un mendiant. Sulaïmân lui assena alors plusieurs coups de poignards, ainsi qu’à son architecte. Kléber mourût sur le coup alors que Protain s’en sortit. Sulaïmân s’enfuit et se cacha dans un jardin à proximité, mais les gardes le recherchèrent et le trouvèrent rapidement. Il fut torturé et passa aux aveux.

Un tribunal militaire tenu le 15 et 16 juin prononça un châtiment exemplaire. Sulaïmân fut condamné à être amputé de la main droite et puis à être empalé vif. Les quatre Azharites, collègues de Sulaïmân, furent condamnés à mort par décapitation.

Le lendemain, soit le 17 juin 1800, trois Azharites furent décapités devant Sulaïmân, le quatrième réussit à fuir. Ensuite le bourreau brûla la main droite de Sulaïmân jusqu’au coude et procéda à son empalement. Malgré l’horreur, Sulaïmân se comporta courageusement en récitant «al-Shahâdah» (la profession de foi musulmane) et des versets du Coran. Le supplice de Sulaïmân dura pendant quatre heures, où il resta vivant jusqu’à ce qu’un soldat français compatissant lui donna à boire, ce qui entraîna sa mort immédiate.8

L’esprit scientifique n’étant jamais absent, Larrey, le médecin militaire en chef récupéra la dépouille de Sulaïmân al-Halabi pour sa collection. Le crâne de Sulaïmân, comme indiqué plus haut, fut montré pendant des années aux étudiants de Médecine à Paris «pour leur faire voir la bosse du crime et du fanatisme avant de finir au Musée de l’Homme»1 en tant que «criminel», en attendant enfin qu’il ait la place qu’il mérite en tant que héro, résistant et martyr.

Notes :

1. Dans « L’Expédition de l’Égypte » de Henry Laurens.

2. Propos de Talleyrand, Ministre des Relations extérieures du Directoire, cité par H. Laurens dans « L’Expédition de l’Égypte».

3. Dans « L’orientalisme aux XVIIe et XVIIIe siècles » de H. Laurens, in « L’Orient : Concept et Images », XVe colloque de l’Institut de Recherches sur les civilisations de l’Occident moderne, sur www.books.google.fr.

4. La déclaration de Bonaparte sur http://fr.wikisource.org.

5. Dans « La révolte du Caire et dans le delta » de SPILLMANN Georges sur www.napoleon.org.

6. Dans « La campagne d’Égypte » de HOURTOULLE François-Guy sur www.napoleon.org.

7. Dans « L’Égypte française, du départ de Bonaparte à l’assassinat de Kléber (23 août 1799 – 14 juin 1800) » de BATTESTI Michèle sur www.napoleon.org.

8. Dans « L’Expédition de l’Égypte » de Henry Laurens.

IA, le 15 juin 2009

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FSM

Lettre de félicitations de l’AF-FSM au FSC

L’Antenne française de la Fédération syndicale mondiale salue la création du Front syndical de classe dont le but est de devenir «un lieu ‘central’ de regroupement pour les militants ou syndicats exclus de leurs organisations syndicales» dans le cadre de la lutte contre le capital national et européen. Le FSC se donne comme tâche de soutenir la réappropriation démocratique des organisations syndicales de classe et de fournir un lieu de repli aux militants et aux syndicats de solidarité de classe.

Votre initiative est une suite concrète à la Lettre ouverte de masse aux états-majors syndicaux – qui depuis le 1/6/2008 à ce jour, a recueilli plus de 4200 signatures – et dont la pleine acceptation est une condition préalable à l’adhésion au FSC.

Défendre les intérêts de la classe ouvrière dans le contexte extrêmement défavorable, qui est celui d’aujourd’hui, quand les choix d’orientation sont aussi déterminants que délicats à cause de la fragilité des structures internes naissantes, la force de l’adversaire et surtout les trahisons des directions syndicales et politiques que nous considérions jadis les nôtres. Nous vivons un contexte certes de «rupture» non seulement avec la politique du gouvernement actuel, mais surtout avec la continuité du capitalisme – de l’impérialisme – et de l’exploitation de l’homme par l’homme, que ce soit sous la forme sarkozyste et chiraquienne ou, pire encore, jospiniste ou mitterrandienne, qui désarmaient les travailleurs appelant à leur solidarité «socialiste» ou de gauche pour mieux les endormir et les désarmer.

Cela souligne l’idée que la classe ouvrière, les travailleurs, la population en général, ont plus à craindre de leurs faux amis que de leurs ennemis. Aux moins ces derniers, surtout quand ils n’ont rien à craindre de «l’opposition de gauche», montrent bien de quoi ils sont capables.

Donc une organisation telle que la vôtre, qui se définit bien dans la lutte de classes, doit, comme vous le faites, souligner l’observance de ses principes: celle de votre lettre ouverte et vos Statuts. Toutefois, bien entendu il est assez difficile quand il s’agit d’incompatibilités: de personnes adhérentes à des partis politiques qui ne se réfèrent pas, ou ne se réfèrent plus, à la classe ouvrière et qui syndicalement se veulent la soutenir; ou d’autres qui prétendront défendre et soutenir la lutte de classe et de masse tout en étant, sans vergogne, adhérents et soutenant d’organisations syndicales telles que la Confédération européenne des syndicats (CES), la Confédération syndicale internationale (CSI)…

Donc face à toutes les difficultés que vous allez rencontrer nous vous souhaitons un grand succès – il serait aussi le nôtre – que votre lutte aboutisse à ce que non seulement des militants, mais des syndicats tout entiers quittent les organisations affiliées à la CES et la CSI, pour venir agrandir les rangs de la Fédération syndicale mondiale.

Salutations fraternelles

Joseph LOP

secrétaire général

AF-FSM

8 juillet 2009

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Liban

Nasrallah: la présence
du général Aoun
et de son 
Mouvement patriotique libre
sont une vraie 
garantie
pour un Liban fort et équitable

Dans la ville de Nabatiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, a été célébrée lundi, la Journée de la résistance et de la libération. Des milliers de personnes s’étaient rassemblées à l’espace Raya – l’organisation était impressionnante – pour écouter le secrétaire général du Hezbollah Sayyed Hassan Nasrallah.

Des personnalités politiques, militaires, religieuses… ont aussi assisté à cette cérémonie massive qui arrive au milieu d’une campagne anti-Hezbollah grandissante, dont le dernier rapport de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel qui prétend que le parti de la résistance a été derrière l’assassinat de l’ancien Premier ministre, le martyr Rafik Hariri!

Sayyed Nasrallah félicita les mondes libanais, arabe et islamique à cette Journée de la résistance et de la libération qui «fête le triomphe du Liban sur ses ennemis. Ce jour qui nous a été offert par nos martyrs, nos blessés et nos familles indéfectibles.»

«Cette journée appelle à la fierté. Notre victoire a occasionné tellement de sérieuses conséquences pour l’entité sioniste et pour le conflit arabo-israélien, qui comprend aussi la cause palestinienne. C’est un des piliers de l’Intifada qui a donné lieu à des développements et des tournants. Frères et sœurs, aujourd’hui je voudrais évoquer les sujets de l’alliance entre le Hezbollah et le Mouvement patriotique libre, Beyrouth – et pour la dernière fois les incidents d’il y a un an à Beyrouth – de manière à les clarifier, le rapport de Der Spiegel et la nouvelle conspiration, Dahiyeh et sa population dans la résistance, ainsi que les élections».

«Je dois rappeler et souligner que depuis la fondation du Hezbollah en 1982, nous mobilisons la jeunesse pour une seule et juste cause, la cause de la résistance, de la libération des prisonniers libanais et la restauration des dignités. C’est pour cela que nous nous étions écartés de la politique intérieure et que nous ne sommes devenus une partie de l’équation interne libanaise qu’en 2000. Même alors, nous ne nous sommes pas engagés fortement en politique étant persuadés qu’Israël préparait une action militaire. Israël n’allait jamais accepter la défaite historique de 2000, et n’allait pas laisser le Liban et la résistance libanaise tranquilles. C’est pour cela que nous nous sommes servis de tout ce temps pour nous préparer comme il faut. Toutefois lors des incidents qui ont eu lieu en 2005, où tout le pays, le peuple et la résistance étaient ébranlés par l’assassinat du martyr Rafik Hariri et ce qui s’en suivit, nous avions ressenti que tout le pays, le peuple et la résistance étaient en danger. En conséquence, nous nous sommes engagés dans la politique intérieure, non pas pour le pouvoir mais pour la préservation de notre pays, de ses ressources, et avant tout de la résistance. Nous étions déterminés à établir de bonnes relations avec tout le monde, et de nous garder de tout conflit avec qui que ce soit.»

«En ce qui concerne Mont Liban, Beyrouth et Dahiyeh, je voudrais souligner que depuis la fondation du Hezbollah, nous avons de bonnes relations avec nos frères druzes, non seulement au Mont Liban, mais de partout au Liban, avec tous leurs dirigeants et leurs autorités religieuses. Nous n’avons jamais ressenti de problème entre Chiites et Druzes en général, ni entre le Hezbollah et les Druzes en particulier. Nos relations avec le Parti socialiste progressiste est resté serein même après que les Libanais se sont divisés en deux camps celui du 8 mars et celui du 14 mars. Je dois dire que le problème a commencé à la suite de certaines allocutions qui avaient attaqué la résistance et ses armes. Depuis lors nos relations se sont détériorées pour atteindre en mai 2008 leurs niveaux les plus dangereux. Le ministre Talal Arslan a joué un rôle déterminant pour contenir le problème et tout le monde a coopéré avec lui. Nous avons reconnu que le député Joumblatt avait une position claire pour calmer la situation et a joué un rôle positif lors de la conférence de Doha. Aujourd’hui je voudrais dire que nous tenons à maintenir le contact maintenant aussi bien qu’après les élections du 7 juin, quels que soient les résultats. Nous ne pouvons pas bâtir un pays sur des fondations de conflit et d’isolement. De la part du Hezbollah et du mouvement Amal, j’assure nos frères druzes que nous adhérons à la coexistence à Dahiyeh, Mont Liban, Rashayya, Bekaa, Hasbayya, Marjayoun, Beyrouth et tout autre région, comme un seul peuple, loin de toute inimitié. Nous sommes prêts à ouvrir le dialogue et je voudrais prévenir les Druzes contre ceux qui cherchent à projeter le Hezbollah et les Chiites comme vos ennemis. Je voudrais aussi prévenir les Chiites contre tous ceux qui cherchent à représenter les Druzes, particulièrement le Parti socialiste progressiste, comme leurs ennemis. Nous ne sommes pas des ennemis. Ce sont les Israéliens qui sont des ennemis et qui veulent nous dresser les uns contre les autres.»

«Concernant les relations avec le Mouvement patriotique libre, psychologiquement nous n’étions jamais loin l’un de l’autre, même en 2005, même aux moments les plus durs pour le MPL quand il était en conflit avec les autorités libanaises et les Syriens. Nous avions maintenu le contact bien que je ne puisse pas prétendre que nous avions des relations organisées, ni une entente, ni même un soupçon d’alliance. Peut-être que le premier bon impact était l’interview sur Al-Manar du général Michel Aoun, avant qu’il revienne au Liban. Mais même après son retour nous n’avions pas établi d’alliance. Ce qui était normal compte tenu que nous étions dans des camps opposés, nous participions à l’alliance du 8 mars, alors qu’Aoun faisait partie de l’alliance du 14 mars, qu’il avait fondée. Bien que nous ayons des différences politiques, il existait le respect mutuel et nous avons eu une expérience encourageante lors des élections municipales. Alors nous avions formé une alliance de quartet et avons continué avec le député Saad Hariri après l’assassinat de son père. Le premier problème que nous avons rencontré était avec le partenaire chrétien. Nous n’avions aucune objection à la participation d’Aoun, en fait, il constituait pour nous la meilleure option, mais pas pour les autres alliés du quartet. Ils ont alors refusé Aoun. Nous voulions réaliser cette alliance parce qu’un de ses objectifs majeurs était de calmer la situation et de prévenir les émeutes, particulièrement entre les Sunnites et les Chiites. Cet objectif a été atteint. Je voulais souligner que la dispute continuelle entre les membres de l’alliance du 14 mars, particulièrement à propos de l’alliance des chrétiens avec le général Aoun, existait bien avant toute entente ou alliance entre le Hezbollah et le MPL. Aujourd’hui ils ne trouvent plus à quoi s’en prendre. Notre entente a été adoptée à la table de dialogue et dans le serment du président Michel Suleiman. Notre expérience a révélé que le général Aoun a une vision claire et a son propre projet et programme. C’est un homme indépendant qui n’est pas influencé par les ambassades. Il est transparent, honnête, respectable et respectant les autres. Il est dévoué au Liban comme pays d’un seul peuple ainsi que loyal aux Chrétiens libanais, leur rôle, leur dignité et leur avenir. La simple existence de cet homme et de son Mouvement patriotique libre est une vraie garantie nationale pour le Liban et pour la construction d’un état fort, responsable, équitable et capable.»

«Concernant Beyrouth – la ville où l’on trouve toutes les diversités confessionnelles et religieuses – nous faisons partie des habitants de Beyrouth. Ni le Hezbollah ni moi avons besoin d’expliquer le degré de notre foi, de notre assiduité et de notre engagement à l’unité des Musulmans, particulièrement entre Chiites et Sunnites. C’est une question de foi. Ce n’est ni une question de tactique, ni de circonstance. Nous n’avons jamais eu de problèmes avec vous (les beyrouthins) et vous vous n’avez pas eu de problème avec nous depuis 1982; vous le savez bien. Le lendemain des divisions politiques, spécialement après la guerre de 2006 quand nous avions exigé l’unité du gouvernement et considéré que le gouvernement d’alors était incapable de protéger et de développer le pays. Suite aux répercussions majeures de la guerre de juin, une nouvelle partition a été établie et nous sommes devenus des blocs de loyauté et d’opposition. Je vous appelle comme témoins: Avez-vous jamais entendu ou lu une allocution ou un texte par moi ou par un de mes frères, qui soit de nature religieuse, sectaire ou instigatrice? Quand nous avons des disputes politiques, nous parlons de politique. Contrairement à d’autres nous n’avons jamais fait d’allocution sectaire. Nous n’avons jamais assailli les Sunnites, même après notre dispute avec le Mouvement du futur, alors que nous trouvons encore maintenant des journaux et des revues qui s’en prennent aux Chiites. Nous considérons que toute allocution sectaire équivaut à une trahison. De la manière que les choses se sont développées nous avons commencé à ressentir qu’il n’y avait rien d’autre à faire que de se retenir jusqu’aux élections. Rien d’autre n’aurait été productif. Néanmoins, il y avait un dessein en gestation et il ciblait la résistance. Les éléments de ce projet étaient complétés avant le 5 mai 2008. Des milices étaient formées et déguisées pour passer comme des entreprises de sécurité. Les combattants avaient été envoyés pour être entrainés dans divers pays arabes. Beyrouth avait-il besoin d’une telle intervention belliqueuse? Si vous dites que votre projet vise à construire un état, que font-ils ces gens-là? Si vous mettez en place un état, une armée et des institutions, pour quelle raison auriez-vous besoin de ces forces? J’espère que les Beyrouthins poseront ces questions à la direction du Mouvement futur et au bloc du 14 mars. Personne ne nie que des milliers de combattants avaient été introduits à Beyrouth. Rien ne se passait à Beyrouth à ce moment, juste l’occupation d’un parking. C’est quoi qui menaçait Beyrouth pour nécessiter l’introduction de milliers de combattants? Vous avez réagi à mon intervention pendant dix jours, mais à aucun moment vous avez nié avoir fait entrer à Beyrouth des milliers de combattants. Pourquoi? Lors de la réunion du cabinet du Premier ministre Fouad Siniora de l’époque, le réseau de communications du Hezbollah avait été discuté sans qu’il soit à l’ordre du jour. Pourquoi? Pourquoi cet empressement? Il est utile de mentionner que juste avant la décision gouvernementale, nous avions rencontré une délégation composée d’officiers supérieurs: le Chef de la sécurité intérieure le général Ashraf Rifi, le major-général Georges Khouri et un troisième officier dont j’oublie le nom. Nous avions discuté du réseau et nous sommes arrivés à un accord sur toutes les questions en suspens. Qui était responsable d’avoir soulevé à nouveau la question à la réunion du cabinet des ministres du 5 mai sans que ce soit à l’ordre du jour? Qui a le plus d’intérêt au démantèlement du réseau de télécommunications du Hezbollah et qui considère toute personne impliquée comme un hors la loi qui doit être jugé et puni? Pour votre information, ce réseau opère depuis avant l’année 2000; tous les gouvernements précédents étaient au courant. Il n’est pas nouveau et n’a certainement pas été mis en place après 2005. La discussion sur ces questions a pris de longues heures, et conduit à des disputes parmi les ministres, certains d’entre eux insistaient qu’il fallait prendre la décision, et menaçait de démissionner si elle n’était pas prise. Tous les ministres à la réunion n’étaient pas impliqués. Certains étaient sages et conseillaient d’autres qu’une telle décision conduirait à la guerre et à la sédition, mais ils n’ont pas voulu écouter. Vous avez pris la décision et l’aviez communiquée à l’aube, et certainement vous misiez dessus. J’appelle les Beyrouthins à demander au Mouvement libre et à Siniora: Pourquoi aviez-vous pris une telle décision tout en étant conscients de ces conséquences. Personne n’a encore répondu à cette question. Dans une de mes interventions, tout ce qu’ils ont pu trouver était mon expression: ‘une journée glorieuse’. Je le dis une fois de plus qu’il y avait un dessein de guerre à Beyrouth et les combattants étaient déployés à cette fin. Beyrouth devait être transformée en zone de guerre. J’ai des détails à propos de ce plan. Il faut conclure, qu’ils ont pris leur décision le 5 mai. De notre côté nous avions appelé le peuple à se mutiner, mais pas à se battre. Nous ne sommes pas partis en guerre mais nous avions décidé que si on nous tirait dessus nous n’allions pas rester silencieux, parce que cela aurait été l’introduction d’un acte belliqueux pré-planifié; nous devions par conséquent agir de manière rapide et décisive. J’ai déjà dit que les événements du 7 mai ont empêché la sédition et la guerre entre les Sunnites et les Chiites, et elle se serait étendue au-delà de Beyrouth. Aussi j’accepte que le 7 mai a été une journée triste. Toutefois, la résistance qui avait apporté au Liban la liberté, la fierté et la gloire, était en danger, était laissée à défendre son existence, son honneur et ses armes. Quand nous nous étions battus au Liban du sud, ce n’était pas dans un cadre religieux ou sectaire. Chacun des villages et villes du Sud avait son importance et nous voulions que tous les Libanais soient libres. Nous avons offert notre sang pour le Liban et par conséquent je dis aux Sunnites, aux Chiites, aux Druzes et aux Chrétiens du Liban: Votre sang est notre sang, votre chair est notre chair, votre destin est notre destin. Ça ne peut être autrement.»

«Sur le rapport du Der Spiegel. Pour commencer, le complot contre le Liban est toujours latent. J’avais rappelé, lors de la séance d’ouverture de la Conférence de la résistance, qu’il fallait être conscients que la dernière flèche dans le carquois du projet conjoint des États-Unis et des Sionistes, contre les mouvements de résistance serait de provoquer une situation de conflit entre Arabes et Iraniens et entre Sunnites et Chiites. Ils n’ont plus rien d’autre. C’est leur dernière carte. Après la guerre de juin 2006 et les événements qui l’ont précédée, leur dernier plan de bataille contre le Hezbollah était de l’accuser faussement d’avoir assassiné le martyr Rafik Hariri. Ce plan reste toujours en vigueur. Nous avons une explication pour le rapport du Der Spiegel, mais avant je dois souligner de manière claire et transparente son extrême dangerosité. Ce n’est pas l’article dans De Spiegel, qui a de l’importance. Le Hezbollah l’a déjà déclaré, ce n’est pas la première fois que des journaux fabriquent de tels rapports. Il y a quelques mois, le journal Assiyasiyya du Koweït – connu pour sa ressemblance avec le quotidien Sawt al-Adala du Liban qui avait envoyé des articles et des rapports concernant des lignes téléphoniques et fourni des douzaines de témoins. À ce moment, nous nous sommes retenus de faire des déclarations compte tenu que Assiyasiyya était largement connu pour ses mensonges et sa fabrication d’articles d’actualité. D’autres journaux du golfe et d’Égypte ont aussi soulevé la question suite à mon intervention à propos de Gaza. Nous n’avions fait aucun commentaire. Mais l’article de Der Spiegel est différent à cause de l’atmosphère, le moment choisi et particulièrement son exploitation par les Israéliens. C’est cela qui nous a poussés à nous lever et à faire un communiqué, et à traiter cette question ici ce soir. C’est une question extrêmement dangereuse. Quand l’article de Der Spiegel est paru, la chaîne El Arabiya en a fait son titre principal à la «une» et consacré des heures entières de diffusion par satellite sur le sujet. La chaîne a cherché quelques déclarations qui lui conviendraient, mais à sa surprise n’a trouvé comme écho que des Israéliens. Lieberman est sorti pour se montrer comme quelqu’un qui observe la loi et dit que «se basant sur le rapport du Der Spiegel, un mandat d’arrêt international doit être établi contre le secrétaire général du Hezbollah. Si l’état libanais ne le livre pas, alors il faut que l’on se serve de la force.

Encore plus dangereux que le commentaire de Liebermann était celui d’Ehud Barak. Il a dit littéralement que la ‘décision de la cour internationale (non pas l’article du Der Spiegel) considère le Hezbollah responsable de l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais, ce qui montre une fois de plus la nature et le rôle du Hezbollah’. Si Ehud Barak avait confondu l’article de Der Spiegel et la Cour internationale nous le prendrions comme une gaffe. Toutefois, si c’est plus que cela alors ses commentaires sont extrêmement dangereux. Le rapport du Dr Spiegel a fait les gros titres des journaux israéliens. Ils ont accusé, inculpé et prononcé des verdicts. Ils exigent maintenant la punition d’un côté et menacent qu’Israël – le gardien des droits – punira indépendamment le Hezbollah et son secrétaire général.

Par rapport à la conjoncture, les élections approchent et les Israéliens ainsi que les étatsuniens, expriment une profonde inquiétude que les élections soient gagnées par l’opposition.

Aussi, les efforts pour démanteler davantage de réseaux d’espionnage israéliens, dont certains ont des missions exécutoires, se poursuivent à cadence accélérée. Par conséquent les Israéliens cherchent à se préserver.

De plus, Israël a maintenant un nouveau gouvernement, qui sera obligé d’accepter la solution des deux états et du droit de retour, par conséquent ils veulent dévier l’attention. Ils voudraient faire que le conflit au Liban soit le centre d’attention prioritaire et non pas la Palestine.

De l’autre côté il y a un danger stratégique. Quand Hariri a été assassiné, plusieurs parties ont voulu pointer du doigt les Chiites. C’est ce que disent Der Spiegel, Lieberman et Barak.

Ceux qui ont fabriqué cela veulent provoquer la sédition et le conflit entre Sunnites et Chiites, surtout le Hezbollah. Cela a vite été compris par les experts politiques au Liban qui parlaient d’une tentative de raviver les émeutes. Ici j’en profite pour louer le courage et la position du député Joumblatt. Je suis d’accord avec son commentaire et répète après lui: Le rapport du Der Spiegel est encore plus dangereux que le bus de Ain el-Moummaneh (qui a déclenché la guerre civile en 1975). C’est pour cela qu’il faut agir de manière responsable.

Pour nous, ce que le Der Spiegel et les dirigeants israéliens ont dit, que le Hezbollah a assassiné Hariri, n’est rien de plus qu’une accusation israélienne, et nous la traiterons comme telle, rien de plus.»

«En ce qui concerne Dahiyeh, depuis le tout début cette région s’est opposée à l’occupation et humilié Israël aux portes de la Chaldée. Elle a résisté jusqu’à ce que l’occupation soit repoussée de Beyrouth et du Mont Liban. Dahiyeh a fourni du soutien, de l’argent et versé du sang. Elle a été punie parce qu’elle a choisi la voie de la résistance. Sa plus grande épreuve a été, lors de la guerre de 2006, quand elle a été détruite pour briser sa volonté, mais elle a gagné plus de puissance et plus de détermination. Oui ils voulaient que Dahiyeh devienne une zone de misère mais elle est devenue une zone de dignité. Ils voulaient que Dahiyeh soit une étendue misérable, mais elle a émergé comme une source d’espoir et de fierté. Ils voulaient que Dahiyeh vive sur les marges de notre nation, ils voulaient qu’elle devienne une terre oubliée, mais elle a dessiné l’avenir. Que la paix de Dieu soit avec vous, le peuple de Dahiyeh qui avait crié le mot d’ordre de l’imam Hussein: Déshonneur, loin de nous. Vous étiez patients pendant la bataille et le résultat était la victoire en 2000 et en 2006. Nous vous attendons le 7 juin; le jour où vous voterez et que vos cœurs et vos pensées seront au même endroit. Il y a encore des responsabilités devant nous. Israël conduira des manœuvres entre le 31 mai et le 4 juin. J’ai entendu que le président Sleiman réunirait mardi le Conseil supérieur de la défense pour évaluer les manœuvres. Voilà comment un état devient vraiment un état et commence à gagner la loyauté de son peuple. Autant que j’appelle à la prudence, nous voulons que vous soyez assurés que nous sommes en alerte maximale. Je dis à Barak et à son gouvernement que nous serons en alerte maximale quand vous commencerez vos manœuvres, côte à côte avec l’armée libanaise. Je vous promets que si quelqu’un pensait à engager une action contre le Liban, notre réponse sera sans précédent. Si quelqu’un songeait à mettre pied sur notre terre avec cinq ou six bataillons, je jure au nom d’Abbas Moussaoui, Ragheb Harb, Imad Mogniyeh, Sayyed Moussa Sadr et tous les fondateurs et les dirigeants de la résistance, que la résistance détruira vos bataillons et votre armée au Liban du sud. Nous serons prêts, mais personne ne nous remarquera. Je profite de cette opportunité pour informer les forces de sécurité libanaises que les cellules d’espionnage israéliennes seront pleinement mobilisées pour espionner sur la résistance au cours de ces manœuvres.»

«Jusqu’à ce que nous nous rencontrions le 7 juin, quand nous verrons vos drapeaux tenus haut avec les signes de la victoire sur vos visages, je vous souhaite une heureuse Journée de la résistance et de la libération; la libération qui se complétera quand les fermes de Shaba et les collines de Kafarshouba nous seront revenues et quand la Palestine reviendra aux Palestiniens et al Quds (Jérusalem) à ses propriétaires de droit.»

Que la paix soit avec vous.

[Traduction Alexandre MOUMBARIS]

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Liban

Parti Communiste libanais

Les élections législatives libanaises du 7 juin 2009

La loi de 1960 et les résultats prévus

Le lundi 8 juin, à midi, le ministre libanais de l’intérieur a publié les résultats officiels des élections législatives, annonçant la victoire de la majorité sortante, alliée des états-Unis et connue sous le nom de «Forces du 14 mars», sur l’opposition, alliée de la Syrie et de l’Iran et connue sous le nom de «Forces du 8 mars»1. La différence étant de 14 sièges: 71 à 57.

Cette annonce a mis fin à une période d’escalade confessionnelle qui durait depuis plus de dix mois et dont la conséquence fut l’exacerbation des divisions qui suivirent l’agression israélienne de juillet 2006 et se répercutèrent dans des affrontements populaires et armés généralisés; le point culminant fut, sans aucun doute, la bataille du 7 mai 2008 qui donna lieu à l’Accord de Doha et, par suite, à la loi selon laquelle se déroulèrent les élections du 7 juin 2009.

L’Accord de Doha et la loi de 1960

Cet accord, signé le 16 mai 2008, est formé de trois points essentiels:

1-L’élection d’un président de consensus, mettant fin ainsi à plus de huit mois de vide constitutionnel.

2-La formation d’un gouvernement dit «d’unité nationale» dans lequel le groupe du 8 mars serait représenté par le tiers, ce qui constituerait une garantie pour ce groupe et lui donnerait le droit de veto au cas où la majorité tenterait de faire passer des projets sur lesquels il ne serait pas d’accord.

3-Le retour à la loi de 1960, basée sur le vote majoritaire et divisant le pays en 28 petites circonscriptions ayant, chacune, une couleur confessionnelle dominante. Un seul changement: un nouveau découpage des circonscriptions de la capitale, afin de permettre au mouvement de Saad Hariri de faire main basse sur tous les sièges sunnites.

Et, si les leaders présents à Doha avaient, dans leur majorité écrasante, dénigré, dès leur retour au pays, la loi de 1960, cependant ils ne firent rien pour s’en séparer; bien au contraire: tous entérinèrent sans rechigner les clauses de l’accord, y compris celle se rapportant à la formation d’une liste commune entre le «Mouvement du futur» (14 mars), le Hezbollah et le «Mouvement AMAL» (8 mars) dans la seconde circonscription de Beyrouth. Ajoutons que, vu les couleurs confessionnelles des circonscriptions, il était aisé de savoir, bien avant les élections, les résultats de quelques 100 sièges sur les 128 qui forment le parlement; ce qui signifie que le peuple libanais n’a pas voté et que la majorité écrasante des députés étaient nommés et non élus.

Cette situation fait qu’il était quasi impossible de bien veiller sur la démocratie des élections, puisque la loi elle-même fausse les suffrages. à cela il faudra ajouter l’argent, l’abus de pouvoir et, cette fois, les quelques cent mille émigrés libanais (dont certains ne savent pas un mot d’arabe) appelés à la rescousse (à l’aide de billets payés à l’avance) dans les circonscriptions où les forces étaient égales.

Tous les moyens sont bons

En plus de toutes les formes d’ingérences, nous devrions noter les appuis internationaux aux deux camps, à celui du «14 mars» notamment.

Citons à titre d’exemples:

1- Les Etats-Unis ne se sont pas contentés de l’activité de leur ambassadrice et de son prédécesseur, Jeffry Feltman, devenu, depuis, le responsable du Moyen Orient; ils ont, au contraire, supervisé la participation de l’émigration libanaise aux élections; et, surtout, ils ont triplé la mise, à commencer par la visite de la ministre des Affaires étrangères Hillary Clinton suivie par celle du vice président Biden, qui a réuni toute l’équipe du «14 mars», et, enfin, celle du président lui-même qui a tenu à parler de la minorité maronite du Liban dans le discours prononcé à l’université du Caire.

2- Israël a utilisé toutes les armes politiques et militaires qu’il détient. Ainsi, durant plus d’un mois, ses éditorialistes et autres personnalités médiatiques ont «alerté» l’opinion libanaise sur les dangers que pourrait revêtir la victoire du Hezbollah. Il est allé même jusqu’au recours à des manœuvres dont le but réel était de dire que Tel-Aviv se sentait prêt à intervenir directement dans la bataille.

3- Presque tous les gouvernements européens avaient exprimé leur anxiété quant à l’évolution de la situation au Liban, à tel point qu’ils avaient oublié les élections européennes qui avaient lieu le 7 juin… De même, tous ont exprimé leur soulagement à la suite de la «victoire» des amis des états-Unis et de l’Arabie saoudite.

4- L’envoi par les gouvernements du Golfe, arabes et autres, de délégations dont le rôle consistait à convaincre, par différents moyens, tel ou tel responsable (ou parti) politique de changer de cap (comme cela s’est passé avec la Jamaa islamiya à Saїda.

5- Les visites ininterrompues de certains responsables du «Groupe du 8 mars» à Damas, dans le but de discuter des listes.

6- L’appel du patriarche maronite à voter pour des forces politiques spécifiques.

7- La non application des clauses de la loi sur l’information et la publicité électorales. Ce qui fait que les têtes de listes, propriétaires des chaînes télévisées, ont déployé toutes leurs armes confessionnelles devant les Libanais, tandis que les candidats indépendants étaient presque inexistants.

8- Les différences, par milliers de voix, existant entre les listes de votants envoyées, quelques mois plus tôt, aux municipalités et celles remises aux bureaux de vote le jour des élections.

9- Le rôle que certains ont voulu faire endosser au président de la République dans les listes pro «14 mars» à Jbeil et dans le Kesrouan; et, ce, en prévision de la formation de ce qu’on a commencé à appeler «le groupe du centre».

Le Parti Communiste libanais

Il est vrai que le Parti Communiste libanais fut le premier à refuser la loi de 1960; d’abord, à partir de sa position de principe en ce qui concerne la nécessité de créer au Liban une société civile non confessionnelle; ensuite, parce qu’il croit que le point de départ de tout changement démocratique réel se trouve dans une loi électorale basée sur la proportionnelle qui constitue la base de la meilleure représentativité.

Il est vrai aussi que le PCL a affirmé à plusieurs reprises qu’il mènerait une bataille politique contre la loi de 1960, à partir de cinq principes qui sont: la proportionnelle, la suppression du confessionnalisme, le Liban une seule circonscription, le quota féminin temporaire et le vote à 18 ans.

Il est vrai, enfin, que le PCL a précisé qu’il pourrait faire des recoupements avec certaines forces politiques sur la base d’un programme minimum politique (la loi électorale) et socio économique (la suppression des taxes nouvelles et des mesures antisociales votées lors de la troisième conférence de Paris).

Cependant, et vu que ses appels n’ont pas trouvé de réponses concrètes, ses candidats sont restés seuls dans les cinq circonscriptions où ils se sont présentés. Et, là, nous devrions dire que le PCL a commis une erreur tactique; il aurait dû se retirer de la bataille électorale tout en poursuivant la bataille politique contre la loi. Parce qu’en plus de la défaite, le parti n’a pas pu regrouper tout son électorat dont une partie a préféré «le vote utile».

Les résultats et les prévisions

Certains pensent que les résultats des élections législatives furent bien contrôlés par les Grands électeurs internationaux et régionaux qui ne sont pas pressés de rompre le statu quo né de l’Accord de Doha. Cependant, ces élections, ainsi que la campagne électorale qui les a précédées, ont exacerbé encore plus la division verticale de la société libanaise. Le discours confessionnel et les ingérences extérieures ont accentué les problèmes déjà existants, de telle manière qu’il n’est pas faux de dire que le pays peut reprendre la route de la violence, à un moment où des dizaines de cellules d’espionnage pro israéliennes continuent à être démantelées. Ajouter à cela les répercussions de la crise capitaliste mondiale sur un pays très endetté et dont les secteurs économiques productifs battent de l’aile, sans que l’alliance de classe au pouvoir ait tenté de trouver des solutions valables, se contentant de suivre les directives du Fonds monétaire international en ce qui concerne la suppression du secteur public et des services de base. D’ailleurs, les deux groupes de la bourgeoisie, celui du «8 mars» comme celui du «14 mars», ont proclamé à plusieurs reprises leur attachement aux privatisations à outrance et aux clauses des trois conférences de Paris: Le président de la Chambre, Nabih Berri, l’a bien spécifié lors d’une interview trois jours seulement avant les élections. Il a aussi proclamé qu’il était candidat au poste qu’il venait de quitter.

Certains ont vu dans ses déclarations socioéconomiques et politiques des signes précurseurs d’un accord possible qui le grouperait, en plus de Saad Hariri et Walid Joumblatt, dans une nouvelle formation politique, le Centre droit, dont l’image de marque serait «la modération» à l’exemple de celle préconisée puis réalisée par l’ex-ministre des Affaires étrangères étasunienne, Condoleeza Rice entre l’égypte, l’Arabie saoudite, les émirats arabes unis et la Jordanie.

Voilà pourquoi la bourgeoisie libanaise (surtout celle des finances et des affaires) et une partie des représentants du féodalisme politique pensent qu’une telle formation redonnerait du tonus au régime libanais branlant et prêt de s’effondrer. Voilà pourquoi, profitant du retour, précaire, à la normale dans les relations entre Riad et Damas, mais aussi le flirt entre Washington et Damas, et craignant de ne pas pouvoir sauver leur régime à temps, ils croient que cette solution, en plus d’un peu de lest «démocratique» jeté aux jeunes (le vote à 18 ans), leur épargnerait les changements brusques qu’ils avaient cru avoir enterré pour toujours quand ils avaient liquidé le mouvement syndical, dans la première moitié des années quatre-vingt-dix… Surtout que le mouvement de la gauche libanaise et les démocrates, en général, n’ont pas pu encore émerger de la crise existentielle qui les avait secoués à la fin de la guerre civile: ils restent prisonniers des slogans réformistes assez éloignés des appels au changement qu’ils avaient lancés dans les années soixante-dix du siècle dernier.

Marie Nassif-Debs

Responsable des relations

internationales du PCL

Beyrouth, le 9 juin 2009

[www.lcparty.org]

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Israël

Étude de la CIA: Israël sera renversé d’ici 20 ans

Le 13 mars 2009 «Press TV» – Une étude conduite par la Central Intelligence Agency (CIA) a jeté le doute sur la survie d’Israël au-delà des vingt ans à venir.

Cette étude prévoit que «dans un mouvement inexorable la solution à deux états vire vers la solution à un seul état; ce dernier étant le modèle le plus viable en raison des principes démocratiques d’égalité totale, rejetant le spectre de l’Apartheid colonial tout en permettant le retour des réfugiés de 1947/48 et de 1967. Ce qui est bien la condition pour une paix durable dans la région.»

Cette étude, qui n’a été communiquée qu’à un certain nombre restreint de personnes, prévoit non seulement le retour des réfugiés palestiniens dans les territoires occupés, mais aussi que, dans les quinze ans à venir deux millions d’Israéliens émigreront vers les États-Unis.

«Il y a plus de 500.000 Israéliens ayant des passeports étasuniens et 300.000 qui vivent juste dans la région de Californie» a signalé l’avocat international Franklin Lamb dans une interview donnée à Press TV ce vendredi, ajoutant que ceux qui n’ont pas de passeports étasuniens ou occidentaux, en ont déjà fait la demande.

«Donc je crois qu’au moins dans le public en Israël ‘l’écrit est sur le mur’… ce qui suggère que l’histoire rejettera tôt ou tard la tentative coloniale» a souligné Lamb.

Il a ajouté que la CIA, dans son rapport fait allusion à la rapidité inattendue de la chute du gouvernement apartheid en Afrique du Sud et rappelle la désintégration de l’Union soviétique au début des années 90, suggérant que la fin du rêve d’une «terre israélienne» arriverait «bien plus tôt» que plus tard.

L’étude prévoit le retour de plus d’un million et demi d’Israéliens en Russie et d’autres parties de l’Europe, ainsi que le déclin des naissances israéliennes, alors que celles de la population palestinienne sont en hausse.

Lamb a continué disant qu’étant donné la conduite des Israéliens à l’égard des Palestiniens, en particulier dans la bande de Gaza, le public étasunien – qui ces dernières 25 années exprimait ses protestations contre les mesures de Tel-Aviv – pourrait bien en avoir assez.

Quelques membres de l’Intelligence Committee du Senat étasunien ont été informés de ce rapport.

[Traduction Alexandre MOUMBARIS]

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Israël

Le sondage du vendredi en Israël montre un solide soutien pour l’évacuation des colonies de peuplement

Tous les vendredis les journaux israéliens publient un sondage national, un cliché du moment de l’humeur de l’opinion publique. Les résultats de cette semaine sont sans équivoque, ils montrent que l’opinion publique israélienne il y a une majorité qui voudrait qu’un terme soit mis à la pitrerie des colonies de peuplement. Cela fournirait à Bibi Netanyahu la couverture politique dont il a besoin pour adapter sa politique. Cependant, comme le soulignent des commentateurs dans les journaux, la question du moment est de savoir s’il n’est pas piégé par son histoire personnelle. Un des commentateurs de l’opinion est que s’il ne répond pas au programme d’Obama, la coalition de son gouvernement éclaterait et qu’il serait très rapidement renversé. Un bon politicien israélien – avec l’appui des amis d’Israël – pourrait saisir l’humeur de l’opinion publique actuelle et avancer. Voici les résultats du sondage:

Oui nous pouvons nous rendre

Yedioth Ahronoth page 4, par Sima Kadmon/Institut de sondage Dahaf

Question: Netanyahu devrait-il acquiescer aux exigences d’Obama ou les rejeter, même si cela devrait entrainer des sanctions contre Israël?

Acquiescer: 56%

Ne pas acquiescer 40%

Q: Israël devrait-il accepter un accord de paix qui comprendrait l’établissement d’un état palestinien?

Accepter: 55%

Ne pas accepter 41%

Q: La politique d’Obama st-elle bonne pour Israël?

Pas bonne 53%

Bonne 26%

Q: Comment qualifierez-vous la performance de Netanyahu depuis son élection comme Premier ministre?

Bonne 47%

Pas bonne 45%

Q: êtes-vous satisfaits de la conduite de Netanyahu par rapport à la crise avec les États-Unis?

Satisfaits: 34%

Pas satisfaits: 47%

Q: Netanyahu accepterait-il éventuellement l’établissement d’un état Palestinien

Il acceptera: 44%

Il n’acceptera pas: 50%

Q: Obama, qui traite-t-il avec le plus de considération, la sécurité d’Israël ou le désir des Palestiniens d’avoir un état?

Le désir des Palestiniens: 51%

Les besoins d’Israël: 22%

Q: Qui est responsable de la crise avec les États-Unis?

Obama 28%

Netanyahu 16%

Tous les deux 50%

Êtes-vous déçus de la politique d’Obama envers Israël?

Déçus: 51%

Pas déçu 41%

Q: Israël devrait-il geler la construction des nouvelles colonies de peuplement?

Oui: 52%

Non 43%

Q: Les implantations illégales devraient-elles être évacuées?

Oui: 70%

Non: 25%

Q: Devrait-on prendre en considération le taux de natalité et permettre la construction à suivre le développement naturel?

Oui: 54%

Non 42%

Q: Si le gouvernement décide d’arrêter la construction des colonies de peuplement, le parti Yisrael Beiteinu devrait-il quitter le gouvernement?

Parmi le public en général:

Oui: 36%

Non: 41%

Parmi les électeurs de ce parti,

Oui: 23%

Non: 60%

Q: S’il décidait de geler toutes les construction de colonies, le parti Kadima devrait-il rentrer dans le gouvernement?

Parmi le public en général:

Oui: 41%

Non: 43%

Parmi les électeurs de ce parti,

Oui: 52%

Non: 41%

Q: S’il est décidé d’évacuer toutes les colonies de peuplement, joindriez-vous ceux qui résisteraient?

Oui: 12%

Non: 85%

Ce sondage a interrogé 501 personnes. La marge d’erreur est de 4,4%. Aux questions ou la somme ne fait pas 100%, le pourcentage manquant est dû a ceux qui ont choisi de ne pas répondre.

par Jo Ann Mort

[Traduction Alexandre MOUMBARIS]

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Israël

Voici pourquoi Israël ne survivra pas

par Ali Abunimah *

Le bombardement impitoyable de Gaza a pris fin – pour l’instant – mais le tribut des morts ne cesse d’augmenter tandis que l’on retire encore et encore de nouveaux corps des décombres de pâtés d’immeubles bombardés.

Le crime qu’Israël a perpétré à Gaza, à partir du 27 décembre 2008 à 11h30 restera gravé à jamais dans l’Histoire et dans les mémoires. Tel al-Hawa, Hayy al-Zeitoun, Khuzaa et d’autres lieux où Israël a massacré iront rejoindre une interminable liste macabre où figurent Deir Yassine, Qibya, Kufr Qasim, Sabra et Chatila, Qana et Djénine.

Une fois de plus, Israël a démontré qu’il détient le pouvoir et le manque de restriction mentale nécessaires pour commettre des atrocités à l’encontre d’une population de réfugiés dans l’indigence, après les avoir emprisonnés et affamés.

La déshumanisation/démonisation des Palestiniens, des Arabes et des Musulmans a connu une telle escalade qu’Israël peut en toute bonne conscience bombarder leurs maisons, leurs lieux de culte, leurs écoles, leurs universités, leurs usines, leurs bateaux de pêche, leurs commissariats de police – bref : tout ce qui permet une vie civilisée et normale – tout en clamant qu’il est en train de mener une guerre contre le terrorisme.

Pourtant, paradoxalement, c’est Israël, en tant qu’État sioniste, et non pas la Palestine ou le peuple palestinien, qui ne saurait survivre à cette tentative de génocide.

La «guerre» d’Israël n’avait rien à voir avec les roquettes – celles-ci ont joué, dans son discours, un rôle identique à celui que les armes de destruction inexistantes avait joué, en tant que prétexte à l’invasion et à l’occupation de l’Irak, sous la houlette américaine.

Les véritables objectifs d’Israël étaient de restaurer sa «capacité de dissuasion» mortellement atteinte après sa défaite au Liban en 2006 (comprendre: sa capacité de massacrer et de terroriser des populations entières jusqu’à résipiscence) et de détruire toute résistance palestinienne afin d’étendre un contrôle absolu israélo-juif sur toute la Palestine historique, du Jourdain jusqu’à la Méditerranée.

Le Hamas et d’autres fractions de la résistance palestinienne totalement éliminés ou mortellement affaiblis, Israël espérait que plus rien ne s’opposerait à la signature d’un accord de «paix» avec le collaborateur palestinien en chef Mahmoud Abbas, afin que celui-ci gère les Palestiniens au profit d’Israël, jusqu’à ce qu’ils soient contraints à partir, une bonne fois pour toutes.

Les dictatures «modérées» et les monarchies absolues soutenues par les États-Unis, emmenées par l’Égypte et l’Arabie saoudite, ont soutenu le plan israélien, espérant démontrer à leurs propres peuples respectifs que toute résistance – que ce soit contre Israël ou contre leurs propres régimes faillis – serait inutile.

Pour gagner, il aurait fallu qu’Israël parvienne à briser la résistance palestinienne. Elle a échoué. Et même, contrairement à son objectif, il a galvanisé et unifié les Palestiniens comme ils ne l’avaient encore jamais été. Toutes les factions palestiniennes se sont unies, et elles ont combattu héroïquement vingt-trois jours durant. D’après des sources bien informées et crédibles, Israël n’a infligé que des pertes légères à la capacité militaire – certes modeste, mais déterminée – de la résistance. Aussi, histoire de passer sa rage, Israël a fait ce en quoi il excelle: il a massacré des civils, dans l’espoir que la population se retournerait contre ceux qui combattaient l’occupant.

Non seulement Israël a unifié les factions de la résistance palestinienne à Gaza, mais sa brutalité a galvanisé tous les Palestiniens et tous les Arabes.

On affirme souvent que les régimes arabes feraient monter en mayonnaise la colère contre Israël histoire de distraire leurs propres peuples de leurs propres échecs. En réalité, Israël, les États-Unis et les régimes arabes liges ont absolument tout tenté – en particulier de diaboliser l’Iran et de susciter des tensions sectaires entre Musulmans sunnites et Musulmans chiites – afin de détourner de la Palestine l’attention de leurs peuples.

Toutes ces manœuvres ont échoué, des millions de personnes, dans toute la région, ayant manifesté leur soutien à la résistance palestinienne, et les régimes arabes qui espéraient tirer bénéfice de la boucherie à Gaza ont été démasqués, et leur partenariat dans les atrocités israéliennes a été dénoncé. Dans l’estime populaire, le Hamas et les autres factions de la résistance palestinienne ont conquis leur place aux côtés du Hezbollah en tant que béliers effectifs contre le colonialisme israélien et occidental.

S’il y eut jamais un seul moment où les peuples de la région eussent accepté Israël en tant qu’État sioniste au milieu d’eux, cela est terminé, à jamais.

Mais quiconque étudie la catastrophe à Gaza – les destructions massives, le bilan des morts, équivalent à cent Palestiniens tués pour chaque Israélien tué, plus les milliers de blessures sadiques – conclura sans doute que les Palestiniens n’auraient jamais pu vaincre Israël et que la résistance est, dans le meilleur des cas, une illusion.

Certes, en termes de capacité à assassiner et à détruire, Israël est sans rival. Mais le problème d’Israël n’est pas, contrairement à l’antienne de son bourrage de crâne, ce «terrorisme», qu’il devrait vaincre grâce à l’utilisation de suffisamment d’explosifs surpuissants. Non, son problème, c’est la légitimité, ou, plus exactement, un manque profond et irréversible de légitimité. Israël ne peut tout simplement pas se frayer un chemin vers la légitimité à coup de bombes.

Israël a été fondé, en tant qu’ «État juif» au travers de l’épuration ethnique de la population arabe non-juive, majoritaire, de la Palestine. Il n’a pu être maintenu en état de survie artificielle que par le soutien occidental et son recours constant à la violence pour interdire à la population indigène survivante d’exercer ses droits politiques à l’intérieur du pays, ou d’y revenir d’un exil forcé.

En dépit de cela, aujourd’hui, la moitié des personnes vivant sous le pouvoir israélien en Palestine historique (Israël + la Cisjordanie + la bande de Gaza) sont des Palestiniens, et non des Juifs. Et leur nombre ne cesse d’augmenter, rapidement. Comme les nationalistes irlandais en Irlande du Nord, ou les non-Blancs en Afrique du Sud, les Palestiniens ne reconnaîtront jamais je ne sais trop quel «droit» d’une société colonialiste de peuplement à entretenir un État démocratique à leurs propres dépens, au moyen de la violence, de la répression et du racisme.

Durant des années, le soi-disant «processus de paix» a visé à normaliser Israël en tant qu’ «État juif» et à arracher aux Palestiniens leurs propres bénédictions pour leurs propres dépossession et asservissement. Cela ayant échoué, Israël a essayé le «désengagement» de Gaza – il s’agissait essentiellement d’une ruse pour convaincre le reste du monde que le million et demi de Palestiniens mis en cage là-bas ne pourraient désormais plus être considérés comme faisant partie de la population du pays. Selon la définition israélienne, ils incarnaient «une entité hostile».

Dans une célèbre interview publiée en mai 2004 dans The Jérusalem Post, Arnon Soffer, un des architectes du désengagement de 2005, expliquait que cette approche «ne garantit pas la «paix» – elle garantit un État sioniste juif, avec une majorité écrasante de Juifs». Soffer prédisait que dans le futur, «quand deux millions et demi de personnes vivront dans une bande de Gaza hermétiquement scellée, ce sera une catastrophe humaine. Ces gens seront encore plus des animaux sauvages qu’aujourd’hui, avec l’aide d’un fondamentalisme islamique insane. La pression, à la frontière, sera épouvantable.»

Il était très clair quant à la question de savoir ce qu’Israël aurait à faire pour maintenir un tel statu quo: «Si nous voulons rester en vie, nous devrons tuer, tuer et encore tuer. Tous les jours, chaque jour que le bon Dieu fait.» Soffer espérait que, de guerre lasse, les Palestiniens baisseraient les bras et partiraient carrément de Gaza.

Par leur résistance, leur fermeté et leur sacrifice, les Palestiniens de Gaza ont vaincu cette politique, et ils ont affirmé à nouveau qu’ils sont partie constituante de la Palestine, de son peuple, de son histoire et de son avenir.

Israël n’est pas la première entité coloniale de population à se retrouver dans une telle situation. Quand F.W. De Klerk, le dernier président de l’Afrique du Sud de l’apartheid, accéda au pouvoir, en 1989, ses généraux calculèrent que seulement avec la force militaire écrasante dont ils disposaient, ils seraient en mesure de maintenir le régime au pouvoir durant au moins une décennie. Les victimes, toutefois, se seraient comptées par centaines de milliers, et l’Afrique du Sud se serait trouvée confrontée à un isolement encore plus grand. Face à cette réalité, De Klerk prit la décision d’entreprendre un démantèlement en bon ordre de l’apartheid.

Quel choix Israël fera-t-il? En l’absence de toute légitimité politique et morale, les seuls arguments qui lui restent sont les balles et les bombes. Abandonné à ses propres moyens, Israël continuera à n’en pas douter à tenter – comme il l’a fait continûment depuis soixante ans – de massacrer les Palestiniens jusqu’à ce qu’ils capitulent. La grande réalisation d’Israël, c’est d’avoir fait apparaître les dirigeants sud-africains de l’apartheid extrêmement avisés, pleins de retenus et humains, en comparaison.

Mais ce qui avait dissuadé le gouvernement blanc suprématiste d’Afrique du Sud de porter l’escalade de leur violence aux niveaux israéliens de cruauté et d’impavidité, ce ne fut nullement le fait qu’ils auraient eu davantage de scrupules que le régime sioniste. Non, ce fut leur prise de conscience du fait qu’ils ne pouvaient plus résister, seuls, contre un mouvement anti-apartheid mondial qui manifestait sa solidarité avec la résistance sud-africaine.

La «dissuasion militaire» d’Israël a désormais été discréditées à de multiples reprises en tant que moyen de contraindre les Palestiniens et les autres Arabes à accepter une suprématie sioniste supposée inévitable et éternelle. Aujourd’hui, l’autre pilier de la puissance israélienne – le soutien et la complicité de l’Occident – commence à craquer. Nous devons faire tout ce que nous pouvons afin de le faire céder.

Israël a entrepris ses massacres avec le soutien total de ses «amis» occidentaux. Puis, quelque chose de surprenant s’est produit. En dépit des déclarations de soutien officielles, en dépit de la censure imposée aux médias, en dépit d’une campagne de hasbara (propagande) israélienne sophistiquée, il y a eu une mobilisation populaire massive, sans précédent, en Europe, et même en Amérique du Nord, exprimant outrage et dégoût.

Gaza restera sans doute comme ce tournant où la propagande israélienne aura perdu son pouvoir de mystifier, de réduire au silence et d’intimider comme elle le faisait depuis si longtemps. Même l’Holocauste nazi, si longtemps mis en avant par les sionistes pour faire taire les contempteurs d’Israël, est en passe de devenir problématique ; on entend désormais couramment des comparaisons naguère inimaginables. Des universitaires juifs et palestiniens ont comparé les agissements d’Israël à Gaza aux massacres perpétrés par les nazis dans le ghetto de Varsovie. Un cardinal du Vatican a qualifié Gaza de «camp de concentration géant». Le parlementaire britannique Gerald Kaufman, hier encore un sioniste pur sucre, a déclaré, à la Chambre des Communes: «Ma grand-mère était malade, clouée au lit, quand les nazis sont entrés dans sa ville de Staszow, en Pologne. Un soldat allemand lui a tiré une balle dans la tête, dans son lit.» Kaufmann poursuivit: «ma grand-mère n’est pas morte ainsi pour fournir une justification à des soldats israéliens en train d’assassiner des grands-mères palestiniennes à Gaza!» Il a dénoncé les «justifications» filandreuses du porte-parole militaire israélien, qu’il a qualifiées de «propos dignes d’un nazi».

Et il n’y a pas eu que ces déclarations. Il y a eu aussi des démonstrations monstres, des actions directes non-violentes et des expressions sans précédent de soutien au boycott, au désinvestissement et à des sanctions, de grands syndicats, en Italien au Canada et en Nouvelle-Zélande. Un groupe pluraliste de conseillers municipaux de Birmingham (le deuxième conseil municipal d’Europe par le nombre de ses conseillers) a pressé le gouvernement britannique de faire quelque chose. Salma Yaqoub, du parti RESPECT a expliqué qu’«un des facteurs qui ont contribué à mettre un terme au brutal régime d’apartheid en Afrique du Sud, ce fut la pression internationale soutenant des boycotts dans les domaines économique, sportif et culturel. Il est grand temps qu’Israël commence à ressentir une pression similaire de la part de l’opinion publique mondiale.»

Israël, dont la véritable nature de projet colonial brutal et sans lendemain vient d’être mise à nu à Gaza, est extrêmement vulnérable à ce genre de campagne. Passé quasi-inaperçue, au milieu du carnage à Gaza, une autre étape a été franchie par Israël sur la voie de l’apartheid en bonne et due forme, la commission électorale de la Knesset ayant adopté une mise à l’écart des partis arabes des prochaines élections législatives. Le sionisme, cette idéologie de suprématie raciale, d’extrémisme et de haine, est un projet mourant, sur le recul et incapable de trouver de nouvelles recrues. Avec une pression suffisante, et relativement rapidement, les Israéliens pourraient, eux aussi, faire émerger leur propre De Klerk, qui soit prêt à négocier une voie de sortie. Tout nouveau massacre rend cette émergence de plus en plus difficile, mais une Palestine désionisée, décolonisée et réunifiée, offrant des droits égaux à tous ceux qui y vivent, sans égard pour leur religion ou leur ethnie, ainsi que le retour des réfugiés palestiniens chez eux, ne sont pas un rêve utopique.

C’est quelque chose d’atteignable, de notre vivant. Mais c’est loin d’être inéluctable. Nous pouvons être certains que les gouvernements occidentaux et arabes vont continuer à soutenir l’apartheid israélien et la collaboration palestinienne sous la forme d’un «processus de paix», à moins qu’on ne les en empêche de manière décisive. Les massacres israéliens vont continuer et aller empirant, jusqu’à ce que le cauchemar d’une «paix» à l’israélienne – apartheid + davantage encore d’épuration ethnique – soit devenu réalité.

Les mobilisations des trois semaines écoulées ont montré qu’un autre monde, différent, est possible, que ce monde différent est à notre portée, si nous soutenons le mouvement de boycott, de désinvestissement et de sanctions à l’encontre d’Israël.

Même si elles ne le verront jamais, ce monde nouveau serait un monument digne de toutes les innombrables victimes d’Israël.

* Cofondateur du site The Electronic Intifada, Ali Abunimah est l’auteur de l’ouvrage : One Country: A Bold Proposal to End the Israeli-Palestinian Impasse (Metropolitan Books, 2006)

[The Electronic Intifada, 19.1.2009]

[Traduction Marcel Charbonnier]

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France– Israël

Percée de la campagne BDS:
Veolia sur le point 
d’abandonner
le projet du tramway à Jérusalem

par Omar Barghouti

Dans une première victoire géante et convaincante du mouvement mondial BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) dans le domaine de la responsabilité des transnationales et de la conformité éthique, selon des informations Veolia abandonne le projet de tramway de Jérusalem, projet illégal qui vise à relier les colonies israéliennes, construites sur le territoire palestinien occupé, à la ville de Jérusalem.

Comme l’admet l’article du Ha’aretz, le succès de la campagne BDS, qui a coûté à Veolia des contrats de quelques 7 milliards de $US, est à l’origine de la décision prise par la société dans la tourmente, de se retirer du projet.

Il est utile de mentionner que Le Monde a récemment publié un article qui révélait aux lecteurs français et, de façon cruciale, aux actionnaires de Veolia, que l’entreprise perdait de l’argent du fait de sa complicité dans un projet qui constitue une violation majeure du droit international, sinon un crime de guerre.

Cette grande victoire est le résultat d’années d’un travail difficile, éthique, méticuleux et persistant des groupes français de solidarité, particulièrement AFPS; par le mouvement BDS français croissant, qui fut l’instrument de la perte d’un énorme contrat par Veolia à Bordeaux; le résultat du travail des militants hollandais qui obtinrent les premiers un succès en convainquant une banque hollandaise de désinvestir de Veolia et de faire pression sur d’autres banques pour qu’elles fassent de même; le résultat du travail des groupes suédois pour la justice et la paix, en particulier ceux qui sont en lien avec l’église de Suède, dont Diakonia et les groupes de solidarité avec la Palestine suédois, qui coûtèrent à Veolia la perte du plus gros contrat, celui du métro de Stockholm, d’un montant de 4,5 milliards de dollars; le résultat du travail des groupes de solidarité et des militants britanniques, en particulier ceux qui sont affiliés à Palestine Solidarity Campaign, qui ont énormément contribué à l’exclusion de Vela d’un contrat lucratif dans les West Midlands et, bien sûr, du Comité National Palestinien BDS, qui s’est associé avec tous les partenaires ci-dessus, dans la célèbre campagne «Faisons dérailler Veolia et Alstom» pour pousser l’entreprise à abandonner ce projet illégal.

La campagne «Faisons dérailler Veolia et Alstom», qui implique des militants et des groupes de nombreux pays, tous faisant pression sur les deux géants français pour qu’ils abandonnent le projet du Tramway de Jérusalem (JLR), a été officiellement lancée lors de la conférence de l’Initiative de Bilbao, au Pays Basque, en novembre dernier.

C’est le moment maintenant de faire pression sur l’Arabie saoudite, l’égypte, l’Iran, les états du Golfe, parmi d’autres, pour qu’ils expulsent Alstom pour sa complicité dans ce projet illégal. La solidarité avec la Palestine ne signifie rien si elle ne se traduit pas par des actions BDS qui peuvent coûter cher au régime israélien d’occupation et d’apartheid.

Il est temps de faire DERAILLER ALSTOM!

8 juin 2009 – Mouvement — BDS

[http://www.bdsmovement.net/?q=node/434

[Traduction: ISM revue par BIP]

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Russie

Pour être prête à la grande guerre,
la Russie crée 
sa propre version
de l’OTAN en Asie Centrale

L’Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC) se conforme aux instructions du Président Dimitry Medvedev, qui a ordonné de renforcer les constituants militaires et d’élargir le développement des forces de la coalition.

Une forte formation militaire, qui pourrait apparaître en Asie Centrale dans un avenir proche, rendra l’OTSC analogue à l’OTAN. Les pays post-soviétiques suivants participent au traité: l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Russie, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan.

Le problème de la mise sur pied d’une force de réaction rapide collective dans le cadre de l’organisation, a été pratiquement résolu. Selon le journal Kommersant, l’administration russe travaille maintenant à un projet plus vaste. Une importante formation de soldats doit être déployée en Asie Centrale, en plus des groupes russo-biélorusses et russo-arméniens, qui existent déjà dans le cadre de l’OTSC. Un ensemble de documents a été préparé. Ils seront coordonnés avec le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan bientôt.

Selon une source du ministère russe des Affaires Étrangères, «Le travail est mené dans toutes les directions. Ce sera une structure purement militaire, qui sera mise en place pour maintenir la sécurité en Asie Centrale en cas d’attaque de l’extérieur.»

Le nombre de militaires de la nouvelle formation est inconnu. Vitaly Strugovets, le secrétaire de presse de l’OTSC, a seulement dit que la formation serait composée d’unités de cinq pays: le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Russie, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan.

La création de la formation militaire en Asie Centrale correspond à l’objectif de Moscou de transformer l’OTSC en bloc pro-russe, en puissance militaire similaire à l’OTAN.

La Stratégie de sécurité nationale de la Fédération de Russie jusqu’à 2020, approuvée par le président Medvedev, déclare que Moscou considère l’OTSC comme un instrument essentiel de lutte pour les défis régionaux, les menaces politiques et militaires. Le document dit aussi que la lutte pour les sources d’énergie de la Mer Caspienne et de l’Asie Centrale pourrait provoquer des conflits armés dans la région.

Les présidents des pays membres de l’OTSC doivent signer le 14 juin l’accord sur la mise en place des forces de réaction rapide dans le cadre de l’organisation.

La décision de créer ces forces de réaction rapide a été prise le 4 février 2009. Moscou fournira une division aéroportée et une brigade d’attaque aérienne, soit environ 8.000 hommes. Le Kazakhstan fournira aussi 4.000 militaires de sa brigade d’attaque aérienne. Chacun des autres alliés se limitera à un bataillon.

La formation militaire d’Asie Centrale sera nécessaire en cas de grave menace à l’intégrité territoriale ou en cas de guerre.

Le déploiement rapide des forces servira aussi à étouffer les petits conflits armés dans la région.

[Pravda, 29.5.2009 Original: enlish.prvda.ru/russia/politics/29-052009/107648-russia..war-0]

[Traduction Alexandre MOUMBARIS]

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Honduras

Honduras:
le maintien de la base militaire
US
de Soto Cano,
un des motifs possibles du putsch

Eva GOLINGER

Le président Manuel Zelaya a été séquestré dans le palais présidentiel, sa résidence et emmené de force à la base militaire Hernan Acosta Mejias dans la banlieue de Tegucilgalpa dans la nuit du dimanche 28 juin. Après un temps sur la base, il a ensuite été expédié au Costa-Rica dans l’avion présidentiel. Il y a été reçu pendant que se poursuivait brutalement le coup d’État dans son pays. Les militaires US et leurs représentants à Tegucigalpa avaient parfaitement connaissance des faits.

Les états-Unis entretiennent une base militaire au Honduras, à Soto Cano (à 97 km de la capitale), qui est opérationnelle depuis 1981 (elle est entrée en fonction sous la présidence Reagan). Elle fut d’abord utilisée par le colonel US Oliver North comme base opérationnelle de la «contra» nicaraguayenne, force paramilitaire entraînée et financée par Washington pour faire la guerre aux mouvements de gauche en Amérique Centrale et tout particulièrement contre le gouvernement sandiniste du Nicaragua. C’est depuis Soto Cano que la Contra lançait ses attaques terroristes, ses escadrons de la mort et toutes les missions spéciales qui consistaient en des milliers d’assassinats, de disparitions forcées, de tortures, de populations terrorisées dans toute l’Amérique centrale.

La base de Soto Cano est le siège de la Force opérationnelle mixte «Bravo» (Joint Task Force Bravo) composée d’effectifs de l’armée de terre, de l’armée de l’air, de forces de sécurité communes et du 1er bataillon du 228ème régiment de l’aviation US, ce qui représente environ 600 personnes au total et 18 aéronefs de combat, dont des hélicoptères UH60 Black Hawk et CH47 Chinook. Soto Cano est également le siège de l’Académie aérienne hondurienne. Plus de 650 citoyens étasuniens et honduriens vivent en permanence à l’intérieur de la base. En 2005, on commença à y construire des logements, dont 44 immeubles d’appartements et diverses résidences pour les troupes.

La constitution du Honduras ne permet pas légalement la présence militaire étrangère dans le pays. Un accord «par poignée de main» (« handshake agreement« ) semi-permanent entre les deux pays autorise cette présence stratégique. Cet accord avait été conclu en 1954 dans le cadre de l’aide militaire que les USA fournissaient au Honduras. Chaque année, Washington autorise des centaines de millions de dollars d’aide militaire et économique à ce pays, le troisième plus pauvre de l’hémisphère. Cet accord peut être dénoncé par le Honduras sans préavis.

Le 31 mai 2008, le président Manuel Zelaya annonçait que Soto Cano (Palmerola) serait utilisée pour des vols commerciaux internationaux. La construction du terminal aérien civil a été financée par des fonds de l’ALBA.

Le commandant de l’aviation du Honduras, le général Luis Javier Suazo, a étudié en 1996 dans la fameuse École des Amériques [installée au Panamá en 1946, elle a été rapatriée à Fort-Benning en Géorgie en 1984 et rebaptisée Institut de l’hémisphère occidental pour la sécurité et la coopération, NdT]. Le chef d’État-major conjoint, le général Romeo Vásquez, destitué par le président Zelaya le 24 juin pour avoir désobéi à ses ordres et principal acteur, quelques jours plus tard, du coup d’État est également diplômé de cette école. Les deux hauts gradés honduriens entretiennent d’étroites relations avec le Pentagone et les militaires US de Soto Cano.

Bien que le Honduras dépende économiquement des états-Unis, les relations diplomatiques ont commencé à se détériorer dans ces derniers mois. Le président Zelaya a félicité Obama en novembre pour sa victoire électorale qu’il qualifié «d’espoir pour le monde entier». Mais deux mois plus tard, Zelaya envoyait à Obama une lettre personnelle dans laquelle il accusait les USA d’interventionnisme et il appelait le nouveau gouvernement à respecter les principes de non-ingérence dans la politique des autres pays. Zelaya a également demandé aux états-Unis de revoir leur politique d’immigration et de visas utilisée comme pression contre ceux qui ont des croyances différentes et des idéologies qui ne représentent aucune menace pour les états-Unis. Zelaya ajoutait que «la lutte légitime contre le trafic de drogue ne doit pas être utilisée comme prétexte pour imposer une politique interventionniste à d’autres pays». Peu de temps après, Zelaya et son homologue Ortega du Nicaragua, boycottaient une réunion du Système d’Intégration de l’Amérique Centrale (SICA) à laquelle le vice-président US Joe Biden devait être présent.

Washington a admis avoir eu connaissance préalable du coup d’État au Honduras avant même la semaine dernière. Dans des déclarations faites à la presse, lundi dernier, deux porte-parole du Département d’État ont déclaré que leur ambassadeur et une équipe de diplomates US «étaient en conversation» avec les principaux acteurs du putsch depuis un mois. Ces conversations se sont intensifiées durant la dernière semaine puisque l’ambassadeur Hugo Llorens s’est réuni trois fois avec les militaires putschistes et les groupes civiques [l’opposition de droite à Zelaya, NdT] pour chercher une autre issue [que le putsch, NdT].

L’administration Obama a condamné le coup d’État mais d’une manière très mesurée, le qualifiant comme action «en train d’évoluer vers un coup d’État» mais confirmant que légalement, elle ne le considère pas comme tel. Cette ambiguïté permet aux états-Unis de maintenir les liens diplomatiques avec le Honduras et le gouvernement de facto, de reconnaître le gouvernement putschiste et de maintenir son aide militaire et économique à ce pays. C’est que s’ils qualifiaient les faits de coup d’État, les USA seraient obligés par la loi de rompre les relations diplomatiques et de suspendre la plus grosse partie de leur aide économique et militaire au Honduras.

De toute évidence Washington ne tient pas à risquer la fermeture de sa base de Soto Cano et l’expulsion de ses 600 militaires. De plus, la majorité des forces armées honduriennes qui ont pris part au coup d’État sont des alliés et des partenaires importants pour le Pentagone. Les actions du président Zelaya pour construire un terminal civil à Soto Cano et d’y autoriser des vols commerciaux internationaux, réalisées avec des fonds de l’ALBA, peuvent s’interpréter facilement comme une menace à la future présence militaire US au Honduras. Entre autres raisons, cela pourrait expliquer l’ambiguïté publique d’Obama face au coup d’État au Honduras.

[Traduction Fausto GIUDICE]

[www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=8070&lg=fr]

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Honduras

Front national contre le coup d’État au Honduras

Communiqué n° 2

Au travers des différents groupes d’expressions organisés, le mouvement populaire informe le peuple hondurien que nous nous maintenons sur pied de lutte au niveau national, en résistance contre le coup d’État perpétré par l’oligarchie d’extrême droite et nous lui communiquons que:

1 Nous réaffirmons que ce qui s’est déroulé le 28 juin 2009, contre le Gouvernement du Président José Manuel Zelaya Rosales, est un coup d’État, une violation de la Constitution de la République et une rupture de l’État de droit.

2 Il a été ordonné de réprimer les manifestations de résistance pacifique et toutes les personnes qui sont en désaccord avec le coup d’État.

3 Ceux qui sont à la tête de la répression sont des militaires, ex-militaires de l’armée nationale, de la police nationale et du bataillon 316, acteur du temps de la guerre froide de triste mémoire pour le Honduras, pour les assassinats et les disparitions qu’il avait commis au service de l’oligarchie.

4 Nous demandons au peuple hondurien de se maintenir en résistance et de poursuivre les manifestations pacifiques notamment dans les villes principales, sur les routes et dans les communes du pays.

5 Le coup d’État a été rejeté internationalement et dans la résolution de l’ONU, la bouffonnerie de la mise en place de Roberto Micheletti comme président n’a pas été légitimée.

6 Nous condamnons la violation de la liberté d’expression. Des chaînes de télévisions et de radios ont été verrouillées, des journalistes emprisonnés, des personnes poursuivies avec ordre de les capturer.

7 Nous rendons public qu’au Ministère Public certains préparent des plaintes judiciaires avec des dates antérieures au coup d’État contre le citoyen Président Zelaya Rosales et les membres de son cabinet de gouvernement, pour justifier leur action.

8 Nous faisons connaître à la population qu’au cours de la réunion du 30 juin organisée par les putschistes au Parc Central, les employé(e)s du self-service, les fournisseurs de la restauration et les agents des compagnies de sécurité privée ont été obligés de participer à cet événement.

9 Nous invitons le peuple hondurien à poursuivre les manifestations de toutes les manières possibles contre le coup d’État et en faveur du rétablissement de l’ordre constitutionnel de la République au retour du Président José Manuel Zelaya Rosales.

Tegucigalpa MDC 30 juin 2009

[Traduit par Esteban G.

Édité par Fausto Giudice]

[www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=8033&lg=fr]

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Pérou

Au Pérou, on massacre les Indiens pour laisser la place aux compagnies minières étasuniennes

Quand Chávez ou Correa parlent de réduire l’abîme social qui sépare les élites latinos et les peuples indigènes, on les traite dédaigneusement de populistes… mais quand Alan García se fait l’exécuteur des basses œuvres des grands groupes miniers étasuniens et de l’accord de libre-échange (ALENA/NAFTA) alors là… silence gêné…

Trente-trois personnes ont sans doute été tuées et une centaine d’autres blessées vendredi dans des affrontements entre la police péruvienne et des tribus de l’Amazonie opposées à l’octroi de concessions à des compagnies minières étrangères dans la forêt équatoriale du nord du Pérou.

Au moins 22 manifestants ont trouvé la mort dans ces heurts, ont déclaré des chefs de tribu. Le gouvernement péruvien a fait état de 11 policiers et trois manifestants tués.

Les chefs indigènes ont accusé des policiers opérant à bord d’hélicoptères d’avoir ouvert le feu sur des centaines de manifestants pour mettre fin au blocage d’une route à 1.400 km au nord-est de Lima.

Les manifestants, très en colère, ont répliqué en prenant en otages un groupe de policiers près d’une station de pompage de la société nationale des pétroles, PETROPERU. Ils ont menacé d’y mettre le feu si les policiers ne renonçaient pas à vouloir disperser les manifestations en cours en Amazonie.

«Nous retenons 38 policiers en otages», a déclaré un manifestant à la radio RPP. «Nous sommes 2.000, prêts à incendier la station», a-t-il averti.

Des milliers d’Amérindiens s’emploient depuis avril à bloquer routes et voies d’eau pour obtenir l’abrogation d’une série de lois adoptées l’an dernier pour encourager des compagnies étrangères à investir en Amazonie.

L’échec du Premier ministre

Ce conflit, qui conduit certains à réclamer la démission du Premier ministre et du ministre de l’Intérieur, souligne les divisions profondes qui demeurent au Pérou entre les élites fortunées de Lima et les communautés indiennes miséreuses des zones rurales.

«Je tiens le gouvernement du président Alan García pour responsable d’avoir ordonné ce génocide», a déclaré à la presse à Lima le chef indigène Alberto Pizango. Le gouvernement a lancé un mandat d’arrêt contre lui pour avoir encouragé le mouvement de protestation.

Imputant les violences aux manifestants, le président García a estimé que le moment était venu de mettre fin aux blocages des routes, des rivières et des installations énergétiques.

«Le gouvernement se doit d’agir pour imposer l’ordre et la discipline», a dit de son côté le Premier ministre, Yehude Simon.

Cet ancien militant de gauche, auquel Alan García a fait appel voici un an pour tenter d’éviter des troubles sociaux dans le pays, n’a pas réussi à négocier l’arrêt des blocus en cours dans le bassin de l’Amazonie.

La compagnie argentine PLUSPETROL, qui avait déjà pratiquement arrêté les activités de sa concession 1AB dans le Nord péruvien, a fait savoir qu’elle y cessait la production. Elle extrait en temps normal un cinquième environ de la production pétrolière péruvienne.

[Libertés Internet, 8.6.9]

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États-Unis

étude: Les dépenses de santé sont

la cause de 60% des faillites

Suite à une enquête auprès des tribunaux et de 1.032 personnes, des chercheurs ont trouvé que, au minimum, 62,1% de toutes les faillites en 2007 étaient liées à des problèmes médicaux; alors que 92% de ces endettés avaient des dettes médicales de plus de 5.000 $US (3.600€), soit 10% du revenu brut de leur ménage»

«La plupart d’entre-deux étaient bien éduqués, propriétaires de leur maison, occupant des emplois de la classe moyenne».

L’étude, financée par la Fondation Robert Wood Johnson, a trouvé que la part des faillites due à des problèmes de santé entre 2001 et 2007 avait augmenté de 50%.

En 2007 les patients souffrant de scléroses multiples avaient payé de leur poche en moyenne 34.167 $US (24.400€), les diabétiques $26.971(19.265€) et ceux qui avaient subi des blessures 25.096 $US(17.925€), selon l’enquête.

[Reuters, 4.6.2009]

[Traduction Alexandre MOUMBARIS]

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États-Unis

Enquête: Un emprunt d’habitation hypothéquée sur cinq est «englouti»

Il est suffisamment consternant de voir le prix de son habitation chuter comme un ballon de plomb. Toutefois, pour un nombre grandissant d’étasuniens leur malheur est aggravé par le fait que le prix de leur propriété devient inférieur au montant de l’hypothèque. On appelle cela une «évaluation négative» (negative equity) – c’est l’inverse de ce qui arrive quand le prix d’une habitation prend de la valeur. Son propriétaire alors bénéficie d’une «évaluation positive» (positive equity), supérieure à son investissement initial.

Dans un nouveau rapport de LoanPerformance – une société qui suit les statistiques hypothécaires – publié le 4 mars 2009, il est déclaré qu’à la fin de 2008 plus de 8,3 millions emprunts hypothécaires, soit 20% de toutes les propriétés hypothéquées, étaient atteints par «des évaluations négatives». Cela représente une augmentation de 2% par rapport aux 7,6 millions de septembre 2008. La Californie était en tête avec une moyenne de 43.000 nouveaux emprunteurs dont les propriétés sont passées au rouge en trois mois, elle était suivie par le Texas (16.000), le Nevada (15.000), la Floride (14.000), et la Virginie (14.000).

«Comme nous n’avons jamais vu de chute de prix d’une telle ampleur, nous n’avons pas non plus atteint un tel niveau «d’évaluations-négatives» a déclaré Marx Fleming, économiste en chef pour la First American CoreLogic, maison mère de LoanPerformance. «La baisse des prix des maisons s’est propagée partout».

La tentation de mettre la clé sous la porte

L’étude est basée sur des données tirées de 45 millions d’habitations hypothéquées, soit plus de 85% de toutes les propriétés hypothéquées aux États-Unis. Ces donnés ont été filtrées pour ne tenir compte que des propriétés évaluées entre $70.000 et $1.25 millions (50,000€ et 1.710.000€).

Les plus graves des hypothèques «englouties» – là où la dette dépasse les 125% de la valeur de la propriété – se situent dans cinq états: la Californie (723.000), la Floride (432.000), le Nevada (170.000), le Michigan (128.000) et l’Arizona (122.000). Les habitations aux hypothèques «englouties» inquiètent sérieusement compte tenu que pour certains propriétaires il y a peu de motivation pour ne pas laisser saisir leur propriété. Auquel cas les prix des maisons avoisinantes baissent, et qui peut entraîner d’autres hypothèques à devenir «englouties».

Une ancienne agent immobilière de Las Vegas, qui n’a pas voulu être nommée, a dit qu’en 2004 il n’y avait que 2.000 habitations sur le marché; alors qu’actuellement il y en a 20.000 et le chiffre monte. «Tout le monde est devenu fou», dit-elle. «à certains endroits les prix ont perdu 60% de leur plus haut niveau. C’est vraiment triste parce que les prix des maisons ne suffisent pas pour permettre le refinancement».

Le Nevada est en tête de «l’évaluation négative»

Le problème de «l’évaluation négative» devient de plus en plus grave. Selon les calculs de LoanPerformance il y a 2 millions de maisons approchant la zone de danger, soit 5% de «l’évaluation négative». La somme des prêts hypothécaires ayant une «évaluation négative» ou qui sont proches de «l’évaluation négative» représente nationalement le quart de toutes les maisons hypothéquées.

Selon Fleming, la distribution des «évaluations négatives touche essentiellement un petit nombre d’états. Le Nevada a le pourcentage le plus important. Plus de la moitié des dettes hypothécaires de cet état sont ainsi affectées. Le rapport prêt/valeur moyen au Nevada est de 97%, soit une marge de $8.000 (5.700€) sur la valeur de la maison. Cela ne laisse au propriétaire d’une maison hypothéquée aucune marge de manœuvre, alors que les prix des habitations sont en chute rapide.

Dans les états où le chômage est non seulement élevé mais aussi en augmentation, tels que le Michigan, le problème des hypothèques «renverses» est très aigu. «C’est la combinaison de ‘l’engloutissement’ et de la perte d’emploi qui est la plus grande inquiétude en ce moment» dit Fleming. «Si vous êtes submergé mais que vous pouvez encore payer vos échéances, ça va. Et si votre maison a de la valeur dans votre maison et que vous perdiez votre emploi, vous pouvez toujours vous refinancer et vous en sortir, à condition que la banque approuve votre demande de nouveau prêt.

Le pire est à venir

En classant les états dans l’ordre du nombre d’emprunteurs «engloutis», la Californie arrive la première avec plus de 1,9 million d’emprunteurs ayant une «valorisation négative», elle est suivie par la Floride (1,3 millions), le Texas (467.000), le Michigan (459.000) et le Ohio (435.000). Ces cinq états constituent la moitié des prêts hypothécaires.

Pour des états qui n’ont pas eu à faire face à ce problème étendu des prix en déclin et par conséquent des hypothèques «renversées» le pire est encore à venir. Fleming prévoit que les plus grandes augmentations dans la proportion des hypothèques à «évaluation négative» apparaitront en toute probabilité dans des états qui n’ont pas encore fait l’expérience de chutes des prix importantes. «La question qui inquiète n’est pas seulement «l’évaluation négative» dans les états «sablonneux» dit Fleming, «mais l’élargissement géographique de ce phénomène au long de l’année.»

Mara DER HOVANESIAN

[BusinessWeek, 3.3.2009]

[Traduction Alexandre MOUMBARIS]

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États-Unis

L’explosion de la dette menace les États-Unis

par John Taylor

La décision de Standard & Poor de baisser la notation de la dette souveraine britannique de «stable» à «négative», devrait claironner le réveil du Congrès et de l’administration.

Espérons qu’ils se réveilleront.

L’implémentation du plan budgétaire du président Obama ferait exploser la dette fédérale. Pour être plus précis, celle-ci augmente – et ne s’arrêtera pas d’augmenter – plus rapidement que le Produit national brut (PIB) qui est la mesure de la capacité des États-Unis d’honorer leur dette. Fin 2008 la dette fédérale équivalait à 41% du PIB. Selon les projections du Congressional Budget Office (CBO), dans dix ans celle-ci arriverait à 82%, et sans changement de politique, en juste cinq ans de plus, elle atteindrait 100% du PIB.

«Le poids d’une dette gouvernementale de l’ordre de 100%, si elle était maintenue, serait incompatible avec la classification AAA de Standard & Poor» affirmait la semaine dernière cet organisme de notation.

Je crois que le risque encouru à cause de cette dette est systémique et causerait à l’économie plus de dommage que la récente crise financière. Pour saisir son ampleur il faut noter les chiffres pris en compte par Standard & Poor. En 2019, le déficit prévu par le CBO est de $1.200 milliards (€859 milliards) et les impôts s’élèveraient à $2.000 milliards par an. En conséquence il serait nécessaire pour équilibrer le budget d’une taxe permanente généralisée de 60%. Clairement cela ne peut pas et ne devrait pas se faire. Mais comment autrement réduire le service de la dette par rapport au PIB?

Cela peut être fait par l’inflation. Mais de quel ordre? Pour rabaisser le rapport dette/PIB au niveau de la fin de 2008; cela demanderait le doublement des prix. Cette augmentation de 100% des prix impliquerait une inflation de 10% par an, pendant 10 ans. Mais ce ne serait pas sans peine. Ce serait probablement plus comme la grande inflation des années 1960 et 1970, avec une vague d’enthousiasme, suivie d’une chute avec récession tous les trois ou quatre ans, et successivement des hausses du taux d’inflation après chaque récession.

Le fait que la Réserve fédérale (Fed) maintenant achète des bons du Trésor à plus long terme, dans un effort de limiter leur rendement, crédibilise l’effrayante suspicion que la dette sera monétisée. Le fait que la Fed ait de la difficulté à réduire le ballonnement de son bilan pour éviter l’inflation, augmente considérablement les risques. Aussi une inflation de 100% signifie bien entendu une dépréciation de 100% du dollar. Les étatsuniens auront à payer $2,80 pour un euro; les Japonais pourront acheter un dollar pour 50 yen, et l’or coûterait $2.000 l’once. Cela n’est pas une prévision; la politique peut changer; c’est plutôt une indication du risque systémique que le gouvernement est en train de créer.

Pour quelle raison Washington dormirait-elle à travers cet appel au réveil? Nous entendons déjà entendre les excuses.

«Nous avons subi une crise financière sans précédent et nous devons répondre avec des déficits sans précédent.» Alors qu’il y a un débat sur la question de savoir si un large déficit stimule l’économie, il n’y a pas de théorie économique ou des preuves qui montrent que des déficits en cinq ou dix ans, nous aideront à sortir de cette récession. Cette logique est irresponsable. Si vous croyez que les déficits sont bons lorsque les temps sont durs, alors une politique responsable consiste à essayer d’équilibrer le budget lorsque les temps sont bons. Les projections du CBO indiquent que l’économie rétablirait son potentiel de croissance d’ici 2014. Un budget responsable aurait soumis des propositions pour équilibrer le budget plutôt que de préparer des déficits de l’ordre de trillions de dollars.

«Mais nous allons diviser le déficit par deux». Les analystes du CBO projettent que le déficit sera le même en 2019, le même que celui de 2010, une réduction de zéro pour cent.

«Nous avons hérité de pétrin». La dette était 41% du PIB à la fin de 1988, la dernière année de la présidence de Ronald Reagan; la même qu’à la fin de 2008, la dernière année de la présidence de George W. Bush. Si quelqu’un pense que la politique de Reagan à Bush, était erronée, est-il logique de doubler ces erreurs avec une dette de 80% du PIB quand Monsieur Obama aura quitté son poste?

L’heure pour de telles excuses est passée. Elles dépeignent l’image d’un gouvernement qui ne fonctionne pas, qui crée des risques plutôt que de les réduire. Un bon gouvernement ne devrait pas être partial. J’ai dit que les actions et les interventions gouvernementales de ces dernières années ont causé et aggravé des crises financières prolongées. Le problème est que la sa politique se détériore plutôt que de s’améliorer. Les dirigeants principaux, y compris les chefs du Trésor, de la Fed, de la Federal Déposit Insurance Corporeation et de la Securities and Exchange Commission appellent pour la création d’un puissant système de régulation des risques, afin de contrôler le risque dans le secteur privé. Mais actuellement c’est le gouvernement qui est à l’origine du risque systémique le plus grave.

La bonne nouvelle est que ce n’est pas trop tard. Il est temps encore pour se réveiller, changer de cap à mi-chemin et revenir sur la bonne voie. Beaucoup blâment les organismes de notation de ne pas nous avoir prévenus des risques systémiques dans le secteur privé qui ont conduit à cette crise; ne les ignorons pas quand ils essayent de nous prévenir des risques dans le secteur gouvernemental qui nous conduiront à la prochaine.

L’auteur est professeur d’économie à Stanford et senior fellow à Hoover Institution, est auteur de «Getting Off Track: How the Government Actions and Intervention Caused, Prolonged and Worsened the Financial Crisis CopyrightThe Financial Times Limited 2009

[Traduction Alexandre MOUMBARIS]

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Chine

Tienanmen 20 ans après

Ces jours ci la grande presse d’«information» s’emploie à rappeler le vingtième anniversaire du «massacre» de la place Tienanmen. Les évocations «émues» des événements, les interviews des «dissidents» et les éditoriaux «indignés», les multiples articles qui se succèdent et se préparent visent à couvrir la République Populaire Chinoise d’infamie perpétuelle, et à rendre un hommage solennel à la civilisation supérieure de l’Occident libéral. Mais qu’est-il réellement advenu il y a vingt ans?

En 2001 furent publiés et traduits, ensuite, dans les principales langues du monde ce qu’on a appelé les Tienanmen Papers1 qui, si l’on en croit les déclarations de ceux qui les ont présentés, reproduisent des rapports secrets et des procès-verbaux réservés, du processus décisionnel qui a débouché sur la répression du mouvement de contestation. Livre qui, toujours selon les intentions de ses promoteurs et éditeurs, devrait montrer l’extrême brutalité d’une direction (communiste) qui n’hésite pas à réprimer une protestation «pacifique» dans un bain de sang. Si ce n’est qu’une lecture attentive du livre en question finit par faire émerger un tableau bien différent de la tragédie qui se joua à Pékin entre mai et juin 1989.

Lisons quelques pages ça et là:

«Plus de cinq cents camions de l’armée ont été incendiés au même moment à des dizaines de carrefours […] Sur le boulevard Chang’an un camion de l’armée s’est arrêté à cause d’un problème de moteur et deux cents révoltés ont assailli le conducteur en le tabassant à mort […] Au carrefour Cuiwei, un camion qui transportait six soldats a ralenti pour éviter de heurter la foule. Un groupe de manifestants a alors commencé à lancer des pierres, des cocktails Molotov et des torches contre celui-ci, qui à un moment a commencé à s’incliner du côté gauche car un de ses pneus avait été crevé par des clous que les révoltés avaient répandus. Les manifestants ont alors mis le feu à des objets qu’ils ont lancé contre le véhicule, dont le réservoir a explosé. Les six soldats sont tous morts dans les flammes»2.

Non seulement l’on a eu recours à la violence mais parfois ce sont des armes surprenantes qui sont utilisées:

«Une fumée verte-jaune s’est élevée de façon subite à une extrémité d’un pont. Elle provenait d’un blindé endommagé qui était ensuite lui-même devenu un élément du blocus routier […] Les blindés et les chars d’assaut qui étaient venus déblayer la route n’ont rien pu faire d’autre que de se retrouver en file à la tête du pont. Tout d’un coup un jeune est arrivé en courant, a jeté quelque chose sur un blindé et a pris la fuite. Quelques secondes après on a vu sortir la même fumée vert-jaune du véhicule, tandis que les soldats se traînaient dehors, se couchaient par terre sur la route, et se tenaient la gorge en agonisant. Quelqu’un a dit qu’ils avaient inhalé du gaz toxique. Mais les officiers et les soldats, malgré leur rage sont arrivés à garder le contrôle d’eux-mêmes»3.

Ces actes de guerre, avec recours répété à des armes interdites par les conventions internationales, croisent des initiatives qui laissent encore plus penseurs: comme la «contrefaçon de la couverture du Quotidien du peuple4». Du côté opposé, voyons les directives imparties par les dirigeants du parti communiste et du gouvernement chinois aux forces militaires chargées de la répression:

«S’il devait arriver que les troupes subissent des coups et blessures jusqu’à la mort, de la part des masses obscurantistes, ou si elles devaient subir l’attaque d’éléments hors-la-loi avec des barres de fer, des pierres ou des cocktails Molotov, elles doivent garder leur contrôle et se défendre sans utiliser les armes. Les matraques seront leurs armes d’autodéfense et les troupes ne doivent pas ouvrir le feu contre les masses. Les transgressions seront immédiatement punies»5.

S’il faut en croire le tableau tracé dans un livre publié et promu par l’Occident, ceux qui donnent des preuves de prudence et de modération ne sont pas les manifestants mais plutôt l’Armée Populaire de Libération!

Le caractère armé de la révolte devient plus évident les jours suivants. Un dirigeant de premier plan du parti communiste va attirer l’attention sur un fait extrêmement alarmant: «Les insurgés ont capturé des blindés et y ont monté des mitrailleuses, dans le seul but de les exhiber». Se limiteront-ils à une exhibition menaçante? Et pourtant, les directives imparties par l’armée ne subissent pas de changement substantiel: «Le Commandement de la loi martiale tient à ce qu’il soit clair pour toutes les unités qu’il est nécessaire de n’ouvrir le feu qu’en dernière instance»6.

Même l’épisode du jeune manifestant qui bloque un char d’assaut avec son corps, célébré en Occident comme un symbole de l’héroïsme non-violent en lutte contre une violence aveugle et sans discrimination, est perçu par les dirigeants chinois, toujours à en croire le livre maintes fois cité, dans une grille de lecture bien diverse et opposée:

«Nous avons tous vu les images du jeune homme qui bloque le char d’assaut. Notre char a cédé le pas de nombreuses fois, mais le jeune restait toujours là au milieu de la route, et même quand il a tenté de grimper dessus, les soldats se sont retenus et n’ont pas tiré sur lui. Ce qui en dit long! Si les militaires avaient fait feu, les répercussions auraient été très différentes. Nos soldats ont suivi à la perfection les ordres du Parti central. Il est stupéfiant qu’ils soient arrivés à maintenir le calme dans une situation de ce genre!»7.Le recours de la part des manifestants à des gaz asphyxiants ou toxiques, et, surtout, l’édition pirate du Quotidien du peuple démontrent clairement que les incidents de la Place Tienanmen ne sont pas une affaire exclusivement interne à la Chine. D’autres détails ressortent du livre célébré en Occident: «Voice of America a eu un rôle proprement peu glorieux dans sa façon de jeter de l’huile sur le feu»; de façon incessante, elle «diffuse des nouvelles sans fondements et pousse aux désordres». De plus: «D’Amérique, de Grande-Bretagne et de Hong Kong sont arrivés plus d’un million de dollars de Hong Kong. Une partie des fonds a été utilisée pour l’achat de tentes, nourritures, ordinateurs, imprimantes rapides et matériel sophistiqué pour les communications».

Ce que visaient l’Occident et les Etats-Unis nous pouvons le déduire d’un autre livre, écrit par deux auteurs étasuniens fièrement anti-communistes. Ceux-ci rappellent comment à cette période Winston Lord, ex-ambassadeur à Pékin et conseiller de premier plan du futur président Clinton, n’avait de cesse de répéter que la chute du régime communiste en Chine était «une question de semaines ou de mois». Cette prévision apparaissait d’autant plus fondée que se détachait, au sommet du gouvernement et du Parti, la figure de Zhao Ziyang, qui – soulignent les deux auteurs étasuniens – est à considérer «probablement comme le leader chinois le plus pro-américain de l’histoire récente».

Ces jours ci, dans un entretien avec le Financial Times, l’ex-secrétaire de Zhao Ziyang, Bao Tong, aux arrêts domiciliaires à Pékin, semble regretter le coup d’État manqué auquel aspiraient des personnalités et des cercles importants en Chine et aux USA, en 1989, tandis que le «socialisme réel» tombait en morceaux: malheureusement, «pas un seul soldat n’aurait prêté attention à Zhao»; les soldats «écoutaient leurs officiers, les officiers leurs généraux et les généraux écoutaient Den Xiaoping».

Vus rétrospectivement, les événements qui se sont passés il y a vingt ans Place Tienanmen se présentent comme un coup d’État manqué, et une tentative échouée d’instauration d’un Empire mondial prêt à défier les siècles…

D’ici peu va arriver un autre anniversaire. En décembre 1989, sans même avoir été précédés d’une déclaration de guerre, les bombardiers étasuniens se déchaînaient sur Panama et sa capitale. Comme il en résulte de la reconstruction d’un auteur – encore une fois – étasunien, des quartiers densément peuplés furent surpris en pleine nuit par les bombes et les flammes; en très grande partie, ce furent des «civils, pauvres et à la peau foncée» qui perdirent la vie ; plus de 15.000 personnes se retrouvèrent sans toit; il s’agit en tout cas de l’«épisode le plus sanglant» de l’histoire du petit pays . On peut prévoir facilement que les journaux engagés à répandre leurs larmes sur la Place Tienanmen voleront très au dessus de l’anniversaire de Panama, comme d’ailleurs cela s’est produit toutes ces dernières années. Les grands organes d’«information» sont les grands organes de sélection des informations, et d’orientation et de contrôle de la mémoire.

Domenico Losurdo

Notes

[1] Andrew J. Nathan, Perry Link (éditeurs) 2001, The Tienanmen Papers (2001), traduction italienne de Michela Benuzzi et alt. Tienanmen, Rizzoli, Milan, pp. 444-45.

[2] ibid, p. 435.

[3] ibid, p. 324.

[4] ibid, p. 293.

[5] ibid, pp. 428-9.

[6] ibid, p. 486.

[7] ibid, p. 391.

[8] Richard Bernstein, Ross H. Munro 1997, The coming Conflict with China, Knopf, New York, pp. 95 et 39.

[9] Jamil Anderlini 2009, Thanks were roaring and bullets flying, in Financial Times, p.3 (Life and Arts).

[10] Kevin Buckley 1991

Panama. The Whole Story, Simon & Schuster, New York, pp. 240 et 264.

[ http://www.domenicolosurdoblog/tienanmen.blogspot.com/]

[Traduction Marie-Ange Patrizio]

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La Standard Chartered Bank (China) émettra des titres d’emprunts obligataires de 3,5 milliards de yuan

Shanghai, 2 juin 2009, (Xinhua). La Standard Chartered Bank (China) Ltd annonçait mercredi dernier son intention d’émettre les titres d’emprunt obligataire pour la somme de 3,5 milliards de yuan (512 millions de $US). C’est la première fois qu’une banque étrangère émettra en Chine continentale des titres obligataires dans la devise chinoise.

L’annonce a été faite le lendemain d’une circulaire émise par le Conseil d’état en avril où celui-ci appelait au développement de Shanghai comme centre financier et pôle d’activité maritime.

Les autorités municipales de Shanghai ont tenu à la fin du mois dernier une réunion de travail préparatoire à la mise en place du centre financier envisagé, promettant leur soutien aux banques à émettre des obligations en yuan.

«Alors que le marché financier chinois se libéralise de plus en plus, la Standard Chartered Bank note nombre d’opportunités pour nos affaires», a déclaré Peter Sands, Directeur de Groupe de la banque.

Cette émission de titres permettra à élever le statut du Renminbi (la monnaie chinoise) comme devise de réserve, développer des marchés de capitaux locaux et contribuer au développement de Shanghai comme centre financier global, à dit Sands.

La Standard Chartered Group a annoncé une augmentation de revenus de 26% en 2008, soit 13,97 milliards de $US, malgré les difficultés de l’environnement économique global.

En Chine, la banque s’est développé ces quatre dernières années à la cadence annuelle moyenne de 80%.

La Standard Chartered Bank, installée depuis 150 ans en Chine, est la plus ancienne banque étrangère dans ce pays. Elle est parmi le premier lot de banques incorporées localement et possède le plus large réseau parmi les banques étrangères opérant en Chine.

[Traduction Alexandre MOUMBARIS]