Ukraine : la guerre des oligarques ne fait que commencer

Eugène Zagrebnov, Sputnik, 30 mars 2015

Le compromis entre Porochenko et Kolomoïski, trouvé la semaine dernière, ne signifie pas que le conflit est clos. Et le gouvernement ukrainien ne peut plus faire marche arrière dans sa lutte contre les oligarques.

Président ukrainien Piotr Porochenko et l'ex-gouverneur de Dniepropetrovsk l'oligarque Igor Kolomoïski (Archives)
Ukraine: Washington pourrait « lâcher » Porochenko au profit de Kolomoïski

800 millions de hryvnias, soit 34 millions de dollars. Tel est le montant qui a sera alloué pendant deux ans au groupe financier Privat que contrôle l’ancien gouverneur de Dniepropetrovsk Igor Kolomoïski, par la banque nationale d’Ukraine sous forme de crédits de stabilisation.De quoi apaiser le conflit qui a éclaté entre la deuxième fortune du pays et le président ukrainien Piotr Porochenko autour des actifs du premier dans la société de transit de pétrole UkrTransNafta à la suite des amendements à la Loi sur les sociétés par actions, adoptées par la Rada (parlement du pays).Une décision qui a suscité l’indignation de certains députés de la Rada, que la Banque nationale finance la banque Privat au lieu d’aider à sortir l’Ukraine de la récession.

Ce n’est pas la première tranche d’aide allouée à la banque Privat par l’Etat ukrainien cette année. Déjà en février, l’institution financière de Kolomoïski avait reçu une première tranche de crédit de stabilisation s’élevant à 2,4 milliards de hryvnias, et le 12 mars — une autre tranche de 1,22 milliard de hryvnias. Cela fait en tout près de 4 milliards de hryvnias (près de 170 millions de dollars).

« Ces derniers temps Igor Kolomoïski s’est rapproché du premier-ministre ukrainien Arseni Iatseniouk », analyse la situation pour Sputnik Denis Denissov, le directeur de la filiale ukrainienne de l’Institut de la CEI. « Kolomoïski et sa banque Privat sont devenus très en vue au fur et à mesure que ce groupe financier ait commencé à jouer un rôle de plus en plus prépondérant dans le fonctionnement du gouvernement et de l’économie du pays. Porochenko se rend sans doute compte qu’en augmentant son influence économique, Kolomoïski pourrait s’emparer aussi de son pouvoir ».

Un status quo fragile du pouvoir à Kiev

Kiev
Vers l’éclatement de l’Ukraine ?

Voilà qui explique la nomination de Valentin Reznitchenko, un proche de Porochenko, en tant que gouverneur par intérim de la région de Dnepropetrovsk en remplacement d’Igor Kolomoïski. Reznitchenko est censé défendre les intérêts de Porochenko dans la région, où Kolomoïski bénéficie d’une très forte popularité. Mais y arrivera-t-il? La lutte pourrait être inégale selon Denis Denissov.« Le président ukrainien veut prouver qu’il contrôle toujours la situation », ajoute l’expert. « Mais Kolomoïski est absolument capable de gagner la bataille, car il agit de manière agressive et très efficace. Porochenko devrait s’attendre à ce qu’il ait plus d’un tour dans son sac».

Kolomoïski file du mauvais coton. Jusqu’a quand?

Malgré leurs différends, Porochenko et Kolomoïski se rejoignent sur un seul point: ils veulent régler les problèmes en Ukraine grâce à l’aide financière des pays occidentaux. Personne ne veut débourser son argent pour stabiliser l’économie. Mais, cette aide risque de ne pas être accordée s’ils continuent l’affrontement. Il n’est donc pas exclu que Kolomoïski prépare une offensive, mais sans un affrontement direct cette fois-ci.« Désormais la côte de popularité de Piotr Porochenko et de son gouvernement dépend directement de leur capacité à agir avec détermination par rapport aux groupes financiers, industriels et leurs propriétaires », a indiqué récemment dans la presse le député ukrainien Moustapha Naïem. « Ayant entamé la lutte contre les riches hommes d’affaires, ils ne peuvent plus reculer dans leurs relations avec les autres oligarques ».

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L’ONU, complice de crimes contre l’humanité ?

Françoise Compoint, Sputnik, 30 mars 2015

Ce que nous savons superficiellement de l’ONU, successeur de la SDN, nous pousse à croire que cette organisation a tout de providentiel, que cette providentialité pourtant si fragile quand elle se heurte à la pratique reste néanmoins irréfutable la bonne volonté de ses membres étant tenue pour acquise.

C’est vite oublier pourquoi la SDN, elle aussi truffée de nobles intentions, fut dissoute. C’est vite oublier que les USA qui fondèrent en juin 1945 l’ONU arrivèrent à balancer deux mois plus tard deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. Mais c’est aussi fermer les yeux sur ce que devint le Moyen-Orient après l’étrange attentat du 9/11. On peut disserter tant qu’on veut sur le bien-fondé du programme de base, c’est aux fruits que l’on reconnaît l’arbre.

Vous m’excuserez cette référence sulfureuse, mais lorsque Mussolini avait remarqué que la SDN était très efficace quand les moineaux criaient mais pas du tout quand les aigles attaquaient, il avait raison. Les circonstances dans lesquelles la II GM précédée de la guerre civile espagnole éclata l’ont remarquablement prouvé. Sautons maintenant les sept décennies qui nous séparent de la mutation de l’impuissante SDN en Organisation des Nations Unies, et on ne saurait être que terrifié par ses multiples silences complices face aux dérapages, tant verbaux que pratiques, de grandes figures politiques qui au nom d’une vision du monde profondément perverse encouragent des ingérences relevant directement et du crime de guerre (par exemple, bombardements otaniens de la Serbie et de la Lybie) et, indirectement, du crime contre l’humanité.

Du soutien accordé à l’Armée de libération du Kosovo, l’Europe, forte de l’approbation tacite de l’ONU, est passée au soutien d’une opposition soi-disant modérée dont on a eu de curieuses nouvelles depuis. Comment qualifier autrement les encouragements de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères d’un pays comme la France qui fait partie de l’ONU, adressés à Jabhat al-Nosra?! C’était en 2012 et le Quai d’Orsay était alors, admettons-le pour la forme, dans l’égarement.Fort bien, mais pourquoi en ce cas avoir passé sous silence les déclarations d’Abdel Baset Tawileh, général de l’ASL et commandant du Front Nord, qui avait exprimé l’intention d’introduire la Charia en Syrie dès lors que le gouvernement serait déchu. C’était en juin 2013. Deux mois avant les frappes projetées des USA et de la France, 18 mois avant que le PS n’insiste sur la nécessité pressante de négocier avec nous ne savons qui contre Assad et l’EI… manifestement mis dans le même panier ce que même les Américains se dispensent de faire.

Les incohérences criminelles de l’ONU, nous les relevons à l’exemple de l’Ukraine où le droit des peuples à l’autodétermination en réponse à un putsch violent et sponsorisé de l’extérieur est mis à mal, où des bataillons de sensibilité néo-nazie exercent, avec l’aval de Kiev, leurs activités meurtrières n’hésitant pas à se défouler, à l’occasion, sur les civils. Promouvoir la paix en Europe, nous dit-on? Un peu de réalisme, voyons!L’analyse que proposait en son temps Emile Garaud, juriste et membre de la SDN puis de l’ONU, explique bien des choses. Plutôt qu’une analyse, il s’agirait en fait d’une remise en question des fondements de l’ONU. Premièrement, comment faire si un désaccord majeur divise les grandes puissances? Comment faire en cas d’agression commise par l’une d’elles? Deuxièmement, au vu de la conjoncture internationale — constat déjà valable il y a plus de cinquante ans! — en quoi l’ONU aurait-elle intérêt à faire jouer le principe de sécurité collective? Dans un monde meurtri par une forme d’unipolarité prédatrice, la question se pose avec encore plus de force. Voici, dans la lignée de cette entrée en matière, le compte-rendu de Me Damien Viguier, juriste, avocat au barreau de l’Ain et de Genève, de l’Intervention prononcée à Genève le 16 mars 2015 pour la conférence organisée par l’Union des Juristes Arabes, dans le cadre de la XXXVIIIème Session du Conseil des Droits de l’Homme (ONU).

Nos conférences portent sur la complicité des États dans l’agression terroriste dont la Syrie est victime.
Je partirai de cas judiciaires dont j’ai eu à connaître pour illustrer la complicité du gouvernement français, en particulier, avant d’ouvrir en manière de synthèse de nos différents travaux quelques pistes de réflexions sur les liens entre État et terrorisme.

Certains pourraient nourrir l’espoir que depuis l’affaire « Charlie » l’attitude de la France change envers l’agression terroriste internationale dont la Syrie est victime. Cet espoir est une illusion qui doit être dissipée au plus vite.
Il suffit d’observer le contraste entre l’indulgence des tribunaux français vis-à-vis de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, lequel encourage au moins verbalement les terroristes, et l’attitude de la Justice à l’égard des opposants authentiques au susdit terrorisme. Le premier est absout, les seconds, prouesse juridique non moins admirable, sont condamnés pour apologie de terrorisme.Actions contre Laurent Fabius

D’un côté les magistrats membres de la Commission de la Cour de Justice de la République ont rejeté, comme ils en ont le pouvoir discrétionnaire, toutes les plaintes adressées par les personnes physiques — des civils syriens — victimes indirectes du soutien de Laurent Fabius, qui avait par exemple déclaré trivialement du Front Al-Nosra qu’il « faisait du bon boulot ».

L’action en réparation que ces victimes ont décidé d’exercer contre l’État français, responsable des fautes personnelles commises par son ministre, a été également rejetée. Le Tribunal administratif de Paris a jugé que les actions de Laurent Fabius (nous venons de citer l’apologie des crimes du Front Al-Nosra, ce à quoi il faut ajouter les promesses de livraisons d’armes aux terroristes ou encore l’appel à une intervention armée directe de la France) relevaient de la politique étrangère de la France. Dès lors ce ne serait pas M. Laurent Fabius le coupable, mais l’État français, et en ce domaine politique la juridiction administrative se déclare non compétente pour condamner l’État à réparation. Les victimes ont cependant décidé de faire appel de cette décision.

Laurent Fabius n’est donc pas inquiété pour le moment.

Poursuites contre « ceux qui ne sont pas Charlie »

D’un autre côté, des condamnations pénales ont été prononcées, comme suites de l’affaire Charlie, non seulement contre des enfants, des ivrognes ou des malades mentaux pour avoir brisé la minute de silence ou pour avoir proclamé « Je suis Kouachi ». L’on a même vu des militants et des intellectuels poursuivis pour avoir manifesté leur solidarité avec les victimes du colonialisme occidental, pour avoir refusé de s’associer à la manifestation du 11 janvier 2015 où figuraient au demeurant certains responsables de massacres de civils, ou, comme Thierry Noirtault, pour avoir clamé son amour de l’humanité lors de cette même manifestation.Faut-il s’étonner de ce qu’un État comme la France siégeant au Conseil de sécurité, puisse se rendre complice d’une agression terroriste? Oui et non.

En fait cette complicité a des raisons juridiques sur lesquelles il est bon de revenir plus en détail. Ceci afin de préciser aussi en quoi il est étrange de prononcer les mots que nous avons prononcés durant cette conférence, ici, au sein des Nations Unies.

Au sujet des relations des Etats et du terrorisme il existe un paradoxe.

État et terrorisme

Il faut rappeler que, pour le Droit, État et terrorisme sont antinomiques. Parce que la raison d’être de l’État c’est le droit de la guerre, laquelle en principe n’est pas dirigée contre les civils, mais a lieu d’État à État, entre militaires. Le terrorisme est aussi peu compatible avec l’État que l’embargo, les sanctions économiques ou le bombardement des villes et des villages (comme cela a eu lieu au Japon, au Viet Nam, en Irak plus récemment, et en France et en Allemagne de 1943 à 1945).

Cela tient à la mission historique de l’État, qui est non seulement l’établissement et le maintien de l’ordre public à l’intérieur de ses frontières, mais aussi le respect de l’ordre établi à l’extérieur de ses frontières: c’est le sens de l’interdiction de toute ingérence dans les Affaires intérieures des autres État, et certaines autres dispositions du droit international telle l’occupatio bellica ou encore la reconnaissance d’un nouvel État par les neutres.

Complicité de l’ONU dans le terrorisme

Or ne méritent plus le nom d’Etat les organisations politiques qui mènent des politiques d’agression indirectes en se livrant plus ou moins ouvertement au terrorisme, en orchestrant des sanctions économiques, l’assassinat de civils, et cætera. Ils se servent néanmoins encore du nom d’État, qu’ils usurpent dans ce cas.

Car le terroriste a besoin de la complicité d’un ou de plusieurs Etats. Non seulement pour trouver ses armes, les cadres de son organisation, des membres, un soutien sanitaire, mais d’abord et surtout un soutien diplomatique, pour établir un lien avec la légitimité, un rapport au plan international indispensable pour se distinguer d’avec le brigand pur.C’est le phénomène dit du tiers intéressé. On l’observe en tous cas: que ce soit pour une opération d’agression impérialiste qui joue au plan mondial ou que ce soit même pour le soutien d’une résistance autochtone enracinée.
Il n’est pas non plus surprenant que l’ONU se montre complice d’États qui agressent plus ou moins ouvertement la Syrie. C’est dans la logique de cette institution ambigüe, qui est composée d’Etats, mais qui est d’abord et avant tout dirigée contre la souveraineté des États, et contre le droit de la guerre.

Notre espoir c’est que le chaos actuel, qui remonte maintenant à plus d’un siècle, ne soit finalement que les douleurs d’un enfantement. Nous formons le vœu d’une dislocation de l’ONU, d’où émergera enfin le nouveau nomos de la terre, un ordre non plus européocentrique comme jadis, mais où l’Asie et l’Afrique, et aussi l’Amérique latine pourront prendre leur place »

Les opinions exprimées dans ce contenu n’engagent que la responsabilité de l’auteur.

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États-Unis – Arabie saoudite blitz sur le Yémen: une agression flagrante, le désespoir absolu

Le modèle de «guerre par procuration» que les États-Unis ont employé partout au Moyen-Orient, en Europe de l’Est, et même dans certaines parties de l’Asie semble avoir échoué encore une fois, mais cette fois-ci au Yémen.

En défaisant le régime yéménite soutenu par les Étasuniens, les Saoudiens et une coalition d’extrémistes sectaires dont Al-Qaïda et sa nouvelle version rebaptisée «Daech», les milices yéménites pro-iraniennes, les Houthi ont contrecarré la « puissance tranquille » étasunienne et l’ont obligé d’intervenir militairement de manière directe. Alors que les forces militaires étasuniennes ne sont prétendument pas impliquées, ce n’est pas le cas des avions de guerre saoudiens et d’une possible force terrestre.

Bien que l’Arabie saoudite prétende que « 10 » pays l’ont rejoint sa coalition pour l’intervention au Yémen ; de même que les États-Unis pour l’invasion et l’occupation de l’Irak, il s’agit bien d’une opération saoudienne qui se camoufle derrière une «coalition» qui a pour rôle la vaine tentative de générer une « légitimité diplomatique ».

Le New York Times, même dans le titre de son article, « l’Arabie saoudite déclenche des attaques aériennes contre le Yémen », semble ne pas remarquer les « 10 » autres pays. Il rapporte:

L’Arabie saoudite a annoncé mercredi soir qu’elle avait lancé une campagne militaire au Yémen, le commencement de ce qu’un responsable saoudien a appelé une offensive pour restaurer le gouvernement yéménite qui s’était effondré après que les forces rebelles aient pris le contrôle de larges territoires dans pays.

Les opérations aériennes ont commencé au moment où le conflit civil au Yémen montrait des signes de dégénérescence en guerre par procuration entre puissances régionales. L’annonce saoudienne est intervenue lors d’une rare conférence de presse à Washington faite par l’ambassadeur du royaume aux États-Unis, Adel al-Jubeir.

Une guerre par procuration contre l’Iran

En effet, le conflit au Yémen est une guerre par procuration, non pas entre l’Iran et l’Arabie saoudite, mais entre l’Iran et les États-Unis, où ces derniers se servent des malchanceux saoudiens comme force de substitution.

L’intérêt de l’Iran au Yémen est la conséquence directe du «printemps arabe» concocté par les États-Unis dans une tentative de renverser l’ordre politique en Afrique du Nord et au Moyen-Orient de manière à créer un front sectaire unifié contre l’Iran en vue d’un conflit direct avec Téhéran. La guerre qui fait rage en Syrie est une partie de ce complot géopolitique élargi, visant à renverser l’un des plus importants alliés régionaux de l’Iran lui coupant le pont avec un autre allié important, le Hezbollah au Liban.

Et alors que l’intérêt de l’Iran au Yémen est couramment présenté comme un autre exemple d’agression iranienne, indicative de son incapacité à vivre en paix avec ses voisins, les décideurs étasuniens sont bien conscients depuis longtemps que l’influence de l’Iran dans la région, y compris le soutien à des groupes armés, ne lui servent qu’à un but exclusivement défensif, vu les tentatives faites par les occidentaux et leurs alliés régionaux, pour l’encercler, la subvertir et renverser son actuel ordre politique.

La RAND Corporation basée aux États-Unis, qui se décrit comme « une institution à but non lucratif qui contribue à l’amélioration de la politique et la prise de décisions par la recherche et l’analyse » a produit en 2009 un rapport destiné à l’aviation militaire étasunienne intitulé, « Dangereux mais pas omnipotent: explorer la portée et les limites de la puissance iranienne au Moyen-Orient »*, qui examine la structure et la posture de l’armée iranienne, y compris le Corps de la Garde révolutionnaire islamique, les armes actuelles et éventuellement futures, sa politique de sécurisation de ses frontières et ses intérêts, contre des agressions extérieures.

Le rapport admet que:

La stratégie de l’Iran est en grande partie défensive, mais avec toutefois quelques éléments offensifs. Elle consiste à protéger le régime contre des menaces internes, de décourager les agressions, de sauvegarder la patrie au cas où une agression se produirait, ainsi que d’étendre son influence. Elle est en grande partie défensive sert aussi ses tendances agressives lorsque celles-ci sont accouplées avec ses aspirations régionales. Elle est en partie la réponse aux déclarations de la politique et à la posture étasunienne dans la région, en particulier depuis les attaques terroristes du 11 septembre, 2001. Les dirigeants iraniens prennent très au sérieux la menace d’invasion, compte tenu des propos explicites faits par les États-Unis affichant leur volonté d’un changement de régime, avec des discours définissant l’Iran comme faisant partie de l’«axe du mal», ainsi que leurs efforts déployés pour assurer des bases dans les pays autour de l’Iran.

Quel que soit la nécessité impérieuse que tente à faire valoir l’Arabie saoudite pour justifier son agression militaire contre le Yémen, et quel que soit le soutien rhétorique, diplomatique ou militaire que les États-Unis tentent de lui fournir, la légitimité de cette opération militaire s’effondre devant les raisonnements des décideurs politiques occidentaux qui admettent que l’Iran et ses alliés tout simplement réagissent à une campagne concertée d’encerclement, de sanctions économiques, d’agression militaire clandestine, de subversion politique, et même de terrorisme, dans le but d’établir l’hégémonie occidentale dans la région au détriment de la souveraineté de leur pays.

Impératif de l’Arabie saoudite dépourvue de légitimité

Le régime héréditaire, non élu, qui règne en Arabie saoudite, un pays notoire pour ses violations flagrantes des droits de l’homme, totalement dépourvu même d’un semblant de ce que l’on appelle les «droits humains», désormais se pose en arbitre pour décider quel est ou quel n’est pas le gouvernement « légitime » du Yémen avoisinant, et en affirmation de cela est prêt à utiliser la force militaire pour restaurer le premier en dépit du dernier.

L’appui étasunien au régime saoudien sert à fournir de la légitimité à ce qui autrement aurait été un prétexte difficile à faire accepter. Entretemps, les États-Unis eux-mêmes subissent des déficits de légitimité et d’autorité morale de plus en plus importants.

Le plus ironique de tout, ces extrémistes sectaires soutenus par les États-Unis et les Saoudiens, y compris ceux d’al-Qaïda au Yémen, avaient servi comme forces d’appoint destinées à tenir les milices Houthi en échec, afin que la nécessité d’une intervention militaire directe comme celle qui se déroule actuellement ne devienne pas nécessaire. Cela signifie que l’Arabie saoudite et les États-Unis interviennent au Yémen après que les terroristes qu’ils soutenaient aient été battus et que le régime qu’ils soutenaient jusque-là se soit effondré.

En mettant la rhétorique étasunienne et saoudienne de côté, un régime régional brutal s’est mêlé des affaires du Yémen et a perdu ; maintenant l’aspirant hégémon mondial qui le parrainait de l’étranger lui a ordonné d’intervenir directement et de nettoyer son foutoir.

Le pari dangereux de l’Arabie saoudite

L’attaque aérienne contre le Yémen vise à faire comprendre aux spectateurs la puissance militaire  saoudienne. Un contingent terrestre pourrait aussi tenter d’entrer rapidement et semer la panique parmi les combattants Houthi pour les obliger de se plier. Hormis une victoire rapide qui écraserait psychologiquement les combattants Houthi, l’Arabie saoudite risquerait de se faire envelopper dans un conflit qui pourrait facilement sortir du cadre que la machine militaire étasunienne lui a mis en place.

Il est trop tôt pour dire comment l’opération militaire tournera et jusqu’où iront les Saoudiens et leurs mécènes étasuniens pour se réimposer au Yémen. Toutefois, le fait que les Houthi aient, aux portes de Riyad surpassé les forces de substitution des étasuniéno-saoudiennes, montre bien qu’ils ont une capacité opérationnelle qui peut non seulement survivre à l’assaut saoudien actuel, mais se renforcer à travers lui.

Des rapports affirmant que des combattants Houthi ont utilisé des avions de combat yéménites capturés, viennent renforcer cette notion et révèlent qu’ils ont une sophistication tactique, opérationnelle et stratégique, et qu’ils pourraient bien se montrer aptes à résister à tout ce que les Saoudiens pourraient leur envoyer, et en revenir renforcés.

Ce qui peut survenir est un conflit qui en débordant les frontières du Yémen passe en Arabie saoudite elle-même. Quel que soient les sombres secrets de décennies d’autocensure des médias occidentaux concernant la vraie nature sociopolitique de l’Arabie saoudite, ils apparaîtront quand les habitants de la péninsule arabique devront choisir de risquer leur vie en luttant pour un régime client de l’Occident, ou de s’accaparer un morceau de la péninsule pour eux-mêmes.

De plus, un transfert de ressources et de combattants rangés sous le drapeau du soi-disant « État islamique» [Daech] et d’al-Qaïda, de Syrie à la péninsule arabique, marquera de manière plus claire encore que les États-Unis et leurs alliés régionaux sont derrière le chaos et les atrocités perpétrés dans le Levant ces 4 dernières années. De telles révélations saperont davantage l’impératif moral de l’Occident et de ses alliés régionaux, et mineront leurs efforts à rallier des soutiens pour la bataille de plus en plus désespérée, qu’ils ont eux-mêmes conspiré à déclencher.

Le déchéance de la légitimité des États-Unis

C’est juste au début du mois que les États-Unis ont rappelé au monde « l’invasion » par la Russie de la Crimée et cela en dépit du fait qu’ils aient déstabilisé l’Ukraine avec une insurrection violente armée à Kiev dans le but de faire pénétrer l’OTAN encore plus profondément dans Europe de l’Est et d’encercler davantage la Russie. L’Occident prétend que la Russie n’avait pas et n’a toujours pas de mandat pour intervenir en aucune manière en Ukraine voisine. Les affaires de l’Ukraine, insistent les États-Unis, sont celles des Ukrainiens. Mais de toute évidence, les États-Unis entendent cela seulement dans la mesure où les Ukrainiens déterminent leurs affaires de la manière qui conviendrait aux intérêts étasuniens.

C’est encore plus évident aujourd’hui au Yémen, où le peuple yéménite n’est pas autorisé à décider de ses propres affaires. Tout, jusqu’y compris l’invasion militaire, est spécifiquement prévu pour que le peuple du Yémen ne puisse pas se déterminer par lui-même, clairement parce que cela ne convient pas aux intérêts étasuniens.

Une telle flagrante hypocrisie ne peut qu’être dûment constatée par l’opinion publique mondiale ainsi que par les milieux diplomatiques. L’incapacité de l’Occident de maintenir un discours cohérent est un signe de faiblesse croissante. Les partenaires de l’entreprise mondiale dans laquelle l’Occident est engagé, pourrait bien considérer une telle faiblesse comme une raison pour se désister ou tout au moins se diversifier dans d’autres entreprises. Ces dernières peuvent bien  comprendre le monde multipolaire de la Russie et de la Chine. La disparition de l’hégémonie mondiale occidentale se concrétisera en un conflit destructeur conduit par la désespérance et le dépit.

Aujourd’hui, cette désespérance et ce dépit s’abattent sur le Yémen.

Tony CARTALUCCI

* Dangerous But Not Omnipotent : Exploring the Reach and Limitations of Iranian Power in the Middle East

Tony Cartalucci, est un chercheur géopolitique et écrivain, en particulier pour le magazine en ligne «Perspectives New Orient ». Il est basé à Bangkok.

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[Source New Eastern Outlook,

Global Research 27.3.2015

http://www.globalresearch.ca/us-saudi-blitz-into-yemen-naked-aggression-absolute-desperation/5439141]

[Traduction Alexandre MOUMBARIS

relu par Marie-José MOUMBARIS


L’effondrement de la diversité intellectuelle française

Andre VLTCHEK, Le Grand Soir, 23 mars 2015

La France est désormais une nation aux ordres et lâche

Il y a plusieurs hommes munis de fusils mitrailleurs devant le bâtiment de Charlie Hebdo à Paris. Ce sont des policiers, portant des gilets pare-balles, équipés d’armes lourdes. Ils observent avec insistance les quelques piétons passant par là, de ce regard qui leur est propre, à la fois dégoûtant et tout à fait intimidant. Les journalistes de Charlie Hebdo sont bien protégés, et pour certains post mortem.

Si vous pensiez que la France n’est pas autant un État policier que la Grande-Bretagne ou les États-Unis, revoyez la question ! Des militaires munis d’armes lourdes mais aussi la police sont visibles dans toutes les gares et à de nombreux carrefours, et même dans d’étroites ruelles. Les fournisseurs internet espionnent ouvertement leurs utilisateurs. Les médias de masse autocensurent leurs reportages. La propagande d’État marche « à plein régime ».

Mais le peuple français, tout du moins dans sa grande majorité, croit qu’il vit dans « une société ouverte et démocratique. » Si vous leur demandez pourquoi, ils ne peuvent rien dire ; ils n’ont pas d’arguments. On leur a simplement dit qu’ils étaient libres, alors ils le croient.

***

Les employés de Charlie Hebdo sortent de temps en temps pour fumer en dehors de leur bâtiment. J’essaie d’engager la conversation, mais ils ne me répondent qu’avec des phrases très courtes. Ils font de leur mieux pour m’ignorer. D’une manière ou d’une autre, intuitivement, ils sentent bien que je ne suis pas là pour leur parler de l’histoire officielle.

Je leur demande pourquoi ils ne se moquent jamais du néocolonialisme occidental, de son système électoral ridicule, ou bien encore de sa coalition qui commet des génocides aux quatre coins du monde : en Inde, en Israël, en Indonésie, au Rwanda ou en Ouganda. Ils m’éconduisent impatiemment de par leur attitude extérieure. Ce genre d’idées ne sont pas encouragées, ou plus probablement, ne sont pas permises. Même les humoristes et les clowns savent rester bien à leur place en France.

Ils me font bientôt savoir que je pose trop de questions. Un des employés se contente d’un regard plein de sous-entendus en direction des policiers armés. Je comprends le message. Je ne suis pas d’humeur pour un long interrogatoire. Je m’en vais.

Dans le voisinage, on trouve de nombreux endroits recueillant tous les signes de compassion pour les victimes, les douze personnes qui trouvèrent la mort durant l’attaque du journal le Janvier 2015. On voit des drapeaux français et des petites souris blanches sur lesquelles est écrit : Je Suis Charlie. Une grande affiche proclame « je suis humain ». On peut lire sur d’autres banderoles « Putain d’islamistes ». Le mot islamistes a été rayé en rouge et remplacé par terroristes. Putain de terroristes.

Il y a de nombreux tags aux murs parlant de liberté, dans tout le quartier : « libre comme Charlie ».

Une femme sort de nulle part. Elle est très bien habillée, élégante. Elle se tient à mes côtés quelques secondes. Je réalise alors que son corps tremble. Elle pleure.

« Vous êtes de la famille ? », lui demandai-je gentiment.

– Non, non. » me répondit-elle. « Nous sommes tous de la famille, nous sommes tous Charlie ! »

Elle me prend soudainement dans ses bras. Je sens son visage mouillé contre ma poitrine. J’essaie de faire preuve de tact. Je la serre étroitement, cette étrangère, cette femme inconnue. Pas parce que je le veux, mais parce que j’ai l’impression que je n’ai pas le choix. Après avoir rempli mon obligation civique, je m’enfuis de cet endroit.

À quinze minutes de marche du bâtiment de Charlie Hebdo se dresse le monumental musée Picasso et des dizaines de galeries d’art. Je m’assure de pouvoir en visiter au moins cinquante.

Je veux tout savoir au sujet de cette liberté d’expression que les Français ont tant à cœur de défendre ardemment.

Mais ce que je vois est une sorte de mauvais pop art sans fin. Je vois la fenêtre brisée d’une galerie accompagnée d’un panneau « You broke my art [1] ». C’est supposé être une œuvre d’art.

Les galeries exposent des lignes et des carrés, toutes sortes de formes géométriques et de couleurs.

Dans plusieurs galeries je reconnais l’expressionnisme abstrait de Pollock.

Je demande aux galeristes s’ils ont eu vent de quelques expositions qui auraient pour thème la situation critique de dizaines de milliers de sans abris qui peinent à survivre au rigoureux hiver parisien. Y aurait-il des peintres ou des photographes dévoilant les horribles campements qu’on trouve sous les ponts des autoroutes et lignes de chemin de fer ? Ou d’autres dénonçant les aventures de l’armée et des services secrets français en Afrique, qui détruisent des millions de vie humaines ? Y aurait-il des artistes luttant contre le fait que la France soit en train de devenir un des centres de l’Empire ?

Je reçois des regards outrés, des regards méprisants. Certains regards sont clairement inquiets. Les galeristes n’ont pas la moindre idée de ce dont je leur parle.

Au musée Picasso, l’ambiance est tout à fait « institutionnelle ». Ici, personne ne devinera jamais que Pablo Picasso était communiste et qu’il était un peintre et un sculpteur profondément engagé. Les uns après les autres, des groupes de touristes Allemands, essentiellement des retraités, traversent avec leur guides les salles parfaitement balisées.

Je ne ressens rien ici. Ce musée ne m’inspire pas, il est castrateur ! Plus je reste dans cet endroit, plus je sens mon zèle révolutionnaire s’évaporer.

Je file vers les bureaux et demande à voir un jeune conservateur.

Je dis à cette jeune femme tout ce que je pense de ce musée et des galeries purement commerciales qui l’entourent.

« Ces millions de personnes qui ont manifesté et qui écrivent des messages au sujet de Charlie Hebdo…qu’entendent-ils par liberté ? Il semble qu’il n’y ait plus rien de « libre » en France, désormais. Les médias sont contrôlés, et l’art est devenu une sorte d’abstraction sans aucune intelligence. »

Elle n’avait rien à dire. « Je ne sais pas », finit-elle par répondre. « Les peintres peignent ce que les gens ont envie d’acheter. »

« Vraiment ? C’est ainsi ? » lui demandai-je.

Je mentionne « 798 » à Pékin, où des centaines de galeries d’art sont profondément politisées.

« Dans les sociétés opprimées, l’art tend à être plus engagé », dit-elle.

Je lui fais part de ce que je pense. Je lui dis que pour moi, ainsi que pour de nombreux artistes rencontrés en Chine, Pékin semble bien plus libre, bien moins « machine à laver le cerveau » ou opprimé que Paris. Elle me regarde avec horreur, puis avec ce sarcasme typiquement européen. Elle pense que je la provoque, que j’essaie d’être drôle. Je ne peux pas vouloir dire ce que je dis. C’est évident, non ? Les artistes Français sont supérieurs, la culture occidentale est la plus grande. Qui pourrait douter de ça ?

Je lui donne ma carte. Elle refuse de me donner son nom.

Je pars écoeuré, comme je suis récemment parti écoeuré de la collection Peggy Guggenheim à Venise.

À un moment, je rentre dans un bistrot, pour boire une tasse de café et un verre d’eau minérale.

Un homme et son gros chien rentrent aussi. Ils s’installent au comptoir, debout. Le chien met ses pattes de devant sur le zinc. Ils boivent tous les deux une bière : l’homme dans une verre, le chien dans une soucoupe. Quelques minutes après, ils paient et s’en vont.

Je gribouille dans mon bloc-notes : « En France, les chiens sont libres de boire leur bière au comptoir. »

***

Dans le même quartier, je redécouvre les immenses archives nationales, un bel ensemble de bâtiments avec des jardins et des parcs tout autour.

L’endroit abrite une grande exposition : comment la France collabora avec l’Allemagne nazie durant la seconde guerre mondiale. La rétrospective est grandiose et exhaustive : photos, textes et projection de films.

Pour la première fois de la journée, je suis impressionné. Tout m’y semble très familier, bien trop familier !

***

De nuit, je me retrouve au sein du gigantesque et nouveau philharmonique, dans les faubourg de Paris, proche de la porte de Pantin. J’ai réussi à me faufiler en douce au guichet réservé aux invitations pour un grand hommage au compositeur, chef d’orchestre et écrivain Français, Pierre Boulez. Le même Pierre Boulez qui promeut, depuis une éternité, l’idée d’un secteur public en charge des scènes de musique classique.

Personne ne protesta durant la célébration, et je n’entendis pas de blagues sur Pierre Boulez. Tout était parfaitement orchestré. Immense respect pour cette figure de l’establishement culturel, pour l’apparatchik de la culture !

J’y ai entendu un concert de musique contemporaine techniquement brillant, incorporant de nouveaux instruments.

Mais, nulle part, dans les prodigieuses périodes du philharmonique, je n’ai entendu de plainte, ou de requiem, pour les millions d’humains littéralement assassinés par l’Empire, dont la France est désormais un élément à part entière. Pas de nouvelles symphonies ou d’opéras dédiés aux victimes de Papouasie, du Cachemire, de Palestine, de Libye, du Mali, de Somalie, de la république démocratique du Congo, ou d’Irak.

Mon nouvel ami, François Minaux, est en train de composer un opéra dont le sujet est le tapis de bombe américain sur la plaine de Jars durant « la guerre secrète » conduite par l’Occident au Laos. Je lui viens en aide dans cet immense et noble projet. Mais paradoxalement (ou logiquement ?), François ne vit pas en France mais au États-Unis.

Quand j’ai partagé mes idées avec lui concernant Charlie Hebdo, et à propos de la liberté d’expression en France, il résuma les choses ainsi :

« C’est terrible. La scène artistique est nulle. Les gens sont des zombies. La réaction massive aux attaques à Charlie H est répugnante et déprimante. 1984 arrive mais les gens sont aveugles et ne voient rien. »

Quelques heures plus tard, je reçus un mail dans lequel François faisait état de sa relation complexe à son pays d’origine et à sa culture :

« De nos jours, être Français et être libre de s’exprimer est impossible. Au début des années 2000, je ne pouvais plus supporter le carcan culturel qu’on imposait aux artistes et personne dans ce milieu n’acceptait mes questionnements et mon approche différente en tant qu’artiste. Ils m’ont à la fois craché dessus, et pire encore, n’ont plus parlé de moi. Je suis donc parti. Je dois voyager hors d’Europe, vivre et travailler en dehors d’elle pour ressentir le monde.

J’ai aussi ressenti que les œuvres d’art engagées politiquement n’étaient pas considérées comme de l’art véritable à Paris. Et puis il y a ce truc en France : tout engagement politique y est vu soit comme de la propagande soit comme de la publicité. Au début des années 2000, nous étions censés faire de l’art pour l’art. Nous vivions sous la coupole de verre du conservatoire. Nous étions « protégés » par le gouvernement.

Ils nous faisaient savoir que nous ne devions pas parler de politique ou de religion en public. Peut-être que la sécularisation de la France a été une bonne idée, mais pas dans les proportions que ça a pris aujourd’hui, où la religion et la politique sont devenues des tabous. Il y a un climat de peur : nos aînés et nos enseignants parlent difficilement de politique et de religion. Et c’est pourquoi, nous ne pouvons rien savoir ! Il est interdit de savoir certaines choses en France.

La vie à Paris est devenue suffocante. Les opinions n’y étaient plus exprimées. Nous n’étions plus autorisés à comprendre l’autre. Vivre y est devenu un ennui : nous n’avions rien de substantiel dont parler. Alors nous discutions nourriture grasse et vins français. Les économistes décrivent l’économie française comme étant « austère », mais j’irais même plus loin en disant qu’à la fois le comportement et l’identité française sont austères. Cependant, les Français ne peuvent pas s’en rendre compte parce qu’il pensent désormais tous de la même manière. Ils essaient avec tant de force de rester Français, mais ils oublient combien le monde à saigné afin que ce caractère français soit préservé. Leur culture a été construite sur le sang coulant des anciennes colonies et sur les fondations de l’empire français de l’époque moderne. »

***

Alors, où sont donc ces esprits Français courageux de nos jours ? Tellement d’entre nous étaient admiratifs de leur bravoure et de leur intégrité.

Ils ne furent jamais parfaits, et ils commirent des erreurs, comme tous les êtres humains, mais ils se tenaient souvent du côté des opprimés, il appelaient à la révolution et même certains d’entre eux à la fin du colonialisme. Ils considéraient la culture occidentale comme responsable des horreurs auxquelles notre planète a du faire face pendant des siècles.

Émile Zola et Victor Hugo, et plus tard Sartre, Camus, Malraux, Beauvoir, Aragon…

Qu’avons-nous aujourd’hui ? Michel Houellebecq et ses romans, remplis d’insultes envers l’Islam, tout autant que des « larmes de gratitude » ressenties après chaque fellation que ses personnages obtiennent de leur petites amies.

Les legs de Houellebecq et de Charlie sont quelque part similaires. Est-ce là le mieux que la France puisse faire de nos jours ? Est-ce là ce qu’on appelle du courage que de piétiner ce qui est déjà à terre, ce qui a déjà été détruit par l’Occident, ce qui est humilié et anéanti ?

Est-ce que les caniches roses et leur laisses argentées exposés dans les galeries locales sont l’essence même de ce qu’on appelle liberté d’expression ? Des trucs pareils passeraient la censure même en Indonésie ou en Afghanistan ! Pas besoin de liberté d’expression. C’est lâche et égoïste, soit exactement ce que promeut l’Empire.

***

Christophe Joubert, un réalisateur de documentaire Français, m’a dit un jour autour d’un café :

« D’abord j’ai été triste lorsque j’ai entendu ce qui était arrivé aux gens de Charlie Hebdo. Puis j’ai eu peur. Non pas du terrorisme, mais des agissements de la foule. Tout le monde était endoctriné : pensant de la même manière, agissant de la même manière. Comme dans 1984 de Orwell ! Et plus précisément comme dans « le Huitième Jour » !

« Les gens en France ne savent rien du monde extérieur. » continue Christophe. « Ils croient ce que leur raconte la propagande des mass médias. »

« Je ne suis pas autorisée à parler » m’expliqua l’ambassadrice d’Érythrée en France, Hanna Simon. « Ils m’invitent dans une émission télévisée où ils présentent un film faisant la critique de mon pays. Ils parlent librement, mais alors que j’essaie de leur répondre, ils me font taire. »

« Je ne sais rien à propos de ce que tu dis » me répond un bon ami à moi asiatique, avec tristesse, après que je lui ai évoqué la grande rébellion générale ayant lieu en Occident, en Amérique Latine,en Chine, en Russie, en Afrique… C’est un homme très instruit, travaillant à l’UNESCO. « Tu sais, ici, nous n’entendons qu’une version : l’officielle. »

Je me demande si, peut-être dans 70 ans, les archives nationales feront une autre grande exposition : une exposition qui raconterait la collaboration de la France avec le néolibéralisme, qui dirait son implication directe dans la construction d’un régime fasciste mondial gouverné par l’Occident.

Mais pour l’instant, tant que les chiens peuvent boire une bière au bar, le fascisme, l’impérialisme et le néolibéralisme semblent avoir bien peu d’importance.

Andre VLTCHEK

Andre Vltchek est un philosophe, romancier, réalisateur et journaliste d’investigation. Il a couvert des guerres et des conflits dans des dizaines de pays. Ses derniers livres sont « exposing lies of the empire » et « fighting against Western imperialism ».

Traduction par Kevin Queral pour le Grand Soir

»» http://www.counterpunch.org/2015/03/20/the-collapse-of-french-intellec…

[1« Tu m’as brisé l’art ». Jeu de mot (nul) qui ne peut pas être rendu en français s’appuyant sur la proximité phonétique entre ’art’ et ’heart’, le cœur.

URL de cet article 28279
http://www.legrandsoir.info/l-effondrement-de-la-diversite-intellectuelle-francaise-counterpunch.html

L’offensive politico-médiatique contre les sites de ré-information

Par Guillaume Borel

Mondialisation.ca, 18 mars 2015

De nombreuses attaques ont eu lieu ces derniers mois contre les sites de ré-information, accusés de véhiculer des thèses « complotistes » ou tout simplement de fausses informations. Ces attaques sont venues de différentes sphères, aussi bien politiques que médiatiques. On peut citer entre autres, les déclarations du premier ministre David Cameron, assimilant les sites dits « conspirationnistes » au terrorisme et appelant devant les nations unies à les traiter comme tel, il y eu également les déclarations du président français François Hollande lors de la commémoration de la libération d’Auschwitz annonçant un « plan global de lutte contre le racisme et l’antisémitisme », organisé autour de trois idées : la sécurité, l’éducation et la « régulation du numérique », avec en ligne de mire les « thèses complotistes [qui] prennent leur diffusion par internet et les réseaux sociaux ». 

Le président français a également appelé à la création d’un « cadre juridique » européen et international destiné à criminaliser la diffusion de contenus qualifiés de « complotistes ». On voit ici tout le danger qui pèse sur la liberté d’expression, mais surtout sur la liberté d’information, avec l’emploi d’une qualification juridique aussi subjective et floue que le « complotisme » qui se prête à toutes les interprétations et surtout à une définition à géométrie variable au service de l’imposition d’une version officielle de l’histoire. Il s’agit en réalité, sous des prétextes moraux fallacieux, d’imposer une possibilité de censure généralisée de toute narrative divergente dans la sphère informationnelle. Les médias subventionnés, qui ont depuis longtemps renoncé à leur rôle de contre pouvoir et s’assoient allègrement sur la charte de Munich, se sont fait une fois de plus les auxiliaires de police politique de cette offensive gouvernementale contre l’information dissidente.

Ce fut d’abord le journal l’Express, qui publiait un article de  police politique recensant tous les sites Internet jugés « complotistes » ou « conspirationnistes » et appelant les internautes à la délation afin de mettre à jour une « base de donnée » des sites en question. Plus récemment, l’hebdomadaire Marianne, se lançait également dans une opération de police politique avec un dossier sobrement intitulé : « Les fous du complot » dont on devine sans peine l’angle de traitement journalistique…

L’Express remettait le couvert le 04 mars 2015 dans un article présentant les « travaux » de la fondation Jean Jaurès sur le sujet, intitulé : « Le conspirationnisme, un extrémisme politique influent »

La fondation Jean Jaurès est un think tank socialiste qui se donne officiellement pour mission de « construire un monde plus démocratique, inventer les idées de demain et comprendre l’histoire sociale et ouvrière. »

La fondation est directement affiliée au parti socialiste, comme le montre la composition de son conseil d’administration. Son président, Henri Nallet, fut ministre de l’agriculture des gouvernements Fabius et Rocard entre 1985 et 1990 puis garde des sceaux de 1990 à 1992. Gérad Collomb, l’actuel maire de Lyon, est également membre du bureau permanent. On trouve à son conseil d’administration des poids lourds politiques du PS comme Jean-Marc Ayrault, Vincent Peillon ou encore François Rebsamen.

Cela signifie donc que toute communication provenant de la fondation Jean Jaurès, n’est absolument pas objective mais constitue une commande du parti socialiste. Il faut préciser également que cette « fondation » a été reconnue d’utilité publique et « reçoit des subventions publiques qui représentent la majorité de son budget (63%). » Figurent également parmi ses mécènes, les principales entreprises dont l’état est actionnaire, comme EADS, EDF, GDF Suez, Orange, ou encore la Caisse des dépôts… Précisions importantes que les contribuables sauront apprécier…

Le « rapport », dont on a compris qu’il était un instrument de communication politique, de la fondation Jean Jaurès repris par l’Express, a été commandité à Rudy Reichstadt, expert auto-proclamé de la « complosphère », animateur du site « conspiracy watch » et militant sioniste des cercles néoconservateurs français, proche de Caroline Fourest et Bernard-Henri Levy. Il a publié plusieurs articles dans la revue « Le meilleur des mondes » animée par le groupuscule Le Cercle de l’Oratoire fondé après les attentats du 11 septembre pour lutter contre l’anti-américanisme et promouvoir les thèses atlantistes. Il a également bénéficié de plusieurs tribunes sur le site de Bernard-Henri Levy, La Règle du jeu. Son parcours et son réseau dans la galaxie néoconservatrice  a été documenté en détail par l’observatoire du néo-conservatisme.

Le pseudo « rapport » de M Rudy Reichstadt est donc avant tout un objet de propagande militant destiné à s’implanter comme  référence institutionnelle dans l’offensive en cours contre la liberté d’information en bénéficiant de l’autorité de la fondation Jean Jaurès.

Sous couvert de la multiplication des références et d’un langage qui se veut « universitaire », l’auteur compile les procédés habituels destinés à disqualifier les contre discours informationnels en les amalgamant sous le dénominateur du « conspirationnisme » dont il prétend livrer l’analyse psychologique… On y apprend ainsi que le « conspirationniste » se présenterait :

« comme un « chercheur de Vérité », un « résistant » voire un « dissident »participant d’une avant-garde éclairée, affichant l’aplomb de « celui à qui on ne la fait pas », le sentiment de supériorité de l’initié qui a un coup d’avance sur les autres et sait lire le dessous des cartes. »

On voit ici l’auteur prêter au personnage syncrétique et essentialisé du « conspirationniste », qui recouvrirait une réalité unique et homogène facilement identifiable, des intentions et des motivations psychologiques cachées, consistant en un « sentiment de supériorité » que notre habile chasseur de complotiste aurait heureusement décrypté…

L’auteur se contredit cependant lui-même en affirmant plus loin que :

« La cohérence interne de la théorie du complot est secondaire, l’idée qu’« on nous ment », que « la vérité est ailleurs » demeurant en revanche primordiale. »

S’il n’y a donc pas de « cohérence interne » mais une succession de possibilités explicatives parfois contradictoires, cela exclu précisément les pseudo motivations égocentriques avancées par Rudy Reichstadt et nous ramène à la position d’un « chercheur de vérité » proche de la démarche scientifique de formulation d’hypothèses qui consiste précisément  à remettre en cause une explication et à en tester une nouvelle si la première s’avère en définitive infondée ou inopérante…

Après la psychologie de comptoir à vernis scientifique vient ensuite la thèse politique, qui constitue le véritable motif de « l’étude ». Selon Reichstadt :

« En dissolvant les problèmes dans le chaudron de la conspiration, cette tactique éminemment politique est prisée des régimes autoritaires et des leaders populistes en ce qu’elle transforme les opposants en « agents de l’étranger » et les détracteurs en comploteurs. »

Les « conspirationnistes » ne seraient donc pas seulement des égocentriques animés par la volonté de puissance, ils seraient avant tout manipulés par des « régimes autoritaires ». On retrouve ici l’accusation à l’emporte pièce prononcée par de multiples médias à l’encontre des réfractaires à la narrative occidentale à propos du conflit ukrainien, les assimilant à des « idiots utiles » de Vladimir Poutine, notamment dans cet éditorial mémorable de Jean-Marc Bouguereau dans le Nouvel Observateur. Cette vision paranoïde d’une manipulation des « complotistes » par d’autres « comploteurs », si elle peut paraître séduisante à certains esprits cherchant à réduire la complexité du réel en lui attribuant des causes intentionnelles simplificatrices, constitue malheureusement en elle même une théorie du complot, ce qui la rend dans le cas présent non seulement parfaitement inopérante mais aussi ridicule, jetant par la même le doute sur les qualités intellectuelles de ses promoteurs.

L’essentialisation de l’information alternative dans une « complosphère » homogène, constitue l’autre procédé manipulatoire utilisé par Rudy Reichstag, destiné à réaliser un amalgame disqualifiant. L’imposition des termes de « complotistes » et de « complosphère » pour désigner une réalité plurielle et des orientations politiques variées, allant de l’extrême gauche à l’extrême droite, en passant par les courants anarchistes ou royalistes, vise à essentialiser un objet pour lui faire ensuite endosser les propriétés disqualifiantes ou criminelles d’une de ses parties. Sans surprise, l’étude de Rudy Reichstadt en vient donc à son objet final propositionnel, à savoir le « ciment antisioniste » qui unifierait la « complosphère », et par là il est bien entendu fait référence de manière sous-entendue à l’antisémitisme, comme le premier ministre Manuel Valls lui même l’a suggéré lors d’une séance de questions au gouvernement en déclarant que derrière un « antisionisme de façade », se cachait la « haine du juif ».

Le dernier moment de l’argumentation de Rudy Reichstadt, qui procède on l’a vu de l’essentialisation et de l’amalgame, consiste donc à conclure à un « révisionnisme en temps réel », de la « complosphère », conclusion qui porte en elle l’objet véritable véhiculé par le « rapport », c’est à dire la qualification délictueuse de la « complosphère » assimilée à une forme de révisionnisme et appelant à la condamnation pénale de cette dernière. La conclusion de l’étude est à cet égard sans ambigüité, si ce n’est qu’elle propage elle aussi une vision résolument « complotiste », voir paranoïde, de la « complosphère » qui disqualifie par la même toute « l’étude » malgré son vernis de scientificité.

« C’est à la fabrication de ce récit, de cette autre réalité, que travaillent inlassablement les théoriciens du complot et leurs « compagnons de doute », stimulés par les possibilités inédites que leur ont offertes les technologies digitales de l’information et de la communication. Cultivant une obsession antisioniste confinant par bien des aspects à l’antisémitisme et remplaçant les menaces réelles auxquelles nous sommes confrontés de manière tangible par celle, chimérique, du « Grand Complot », ces mercenaires de la désinformation ne font pas que détourner notre attention et endormir notre vigilance. Ils exonèrent des criminels de la responsabilité de leurs actes.« 

La « complosphère » est ainsi considérée comme peuplée de « théoriciens du complot » oeuvrant à la fabrication d’une réalité parallèle au service d’intérêt étrangers en compagnie de leurs « compagnons de route », référence au stalinisme, qualifiés de « mercenaires », c’est à dire agissant de manière professionnelle et rémunérée pour le compte d’une puissance étrangère… Je ne saurai donc trop conseiller à Rudy d’arrêter de propager de telles théories conspirationnistes à propos de la « complosphère », de là à l’antisémitisme, il devrait savoir qu’il n’y a qu’un pas…

Guillaume Borel

Le 14 mars 2015


Exclusif: Voici ce qui s’est réellement passé dans l’espace aérien syrien depuis un mois

Revue de presse : TSS (19/3/15)*

D’après des informations très fiables, la Syrie avait accepté via une tierce partie un arrangement secret permettant l’usage par les avions de combat de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis de trois corridors aériens dédiés pour bombarder les positions de « Daech », acronyme arabe de l’organisation terroriste dénommé « Etat Islamique » sur son territoire.

Cependant, en janvier 2015, en violation flagrante des arrangements secrets entre les pays de la coalition et la Syrie, des avions de combat israéliens ont utilisé l’un des corridors désignés et pénétré l’espace aérien syrien. Les avions israéliens avaient procédé au tir de cinq missiles Air-Sol « Popeye » (produits par Rafael Advanced Industries, Lockheed et Turkish Aerospace Industries, connus également sous la désignation AGM-142 Have Nap aux Etats-Unis) contre des cibles précises dans des zones épargnées par la guerre en Syrie. La défense anti-aérienne syrienne a réussi à détruire trois des cinq missiles en plein vol. Les deux autres ont atteint leurs cibles.

Après cet incident, des officiels syriens très furieux ont alors demandé à un grand pays tiers d’aviser les pays de la coalition sur l’existence de certaines zones en Syrie où les avions de la coalition seraient systématiquement abattus. Ces zones incluent la Capitale Damas, l’ensemble du littoral méditerranéen et les zones sous contrôle des forces armées syriennes.

Aussitôt, tous les avions de la coalition participant dans la campagne de bombardements aériens visant les positions de Daech dans l’Est et le Nord de la Syrie commencèrent à être systématiquement « marqués » ou « illuminés » de manière agressive par les radars de l’armée syrienne ainsi que par ceux, de nouvelle génération, équipant la base de guerre électronique russe sise à Tartous. L’usage de chasseurs F-22 Raptor au-dessus de la Syrie cessa après un incident de ce type. Londres, Paris et Ankara relancent alors leurs campagnes et déclarations hostiles à la Syrie.

Le 14 février 2015, dans une manœuvre inédite et très audacieuse, des chasseurs-bombardiers syriens escortés de chasseurs Mikoyan-Gurevitch MIG-29 pénètrent à très basse altitude l’espace aérien du Liban avant de bifurquer vers le Sud en direction de la frontière israéliennes pour enfin rebifurquer vers l’est et pénétrer en Syrie au-dessus du plateau du Golan et prendre de revers les positions rebelles du front d’Ennosra.

Le 17 mars 2015, un aéronef non-identifié pénètre depuis la Jordanie l’espace aérien syrien. Il est promptement identifié comme étant un drone de type MQ1 B Predator et traqué comme le sont l’ensemble des avions de la coalition. Mais le drone a dévié de son corridor désigné pour se diriger sur Lattaquié en survolant une zone strictement interdite aux aéronefs de la coalition internationale. Après sommation, le drone a commencé à effectuer des cercles au-dessus des environs de Lattaquié. Le commandement de la défense aérienne du territoire ordonna alors à une batterie de missiles Sol-Air de type S-125 NEVA/PECHORA 2M d’abattre le drone. Un seul missile fut tiré. Les débris du Predator tombèrent sur un immeuble civil et furent très rapidement récupérés par une unité spéciale de l’armée syrienne.

La question que posent de nombreux analystes est celle relative au comportement assez singulier du drone. Pourquoi ce dernier a t-il persisté à survoler en cercle une zone où les défenses antiaériennes l’ont illuminé? Quel était le but de cette manœuvre? Quel était l’objectif (humain) de cette mission à Lattaquié? Etait-ce une tentative de pousser les syriens à ouvrir le feu les premiers? Dans quel but? La réponse à la dernière question semble s’inscrire dans le cadre d’un casus belli justifiant l’amorce d’une nouvelle stratégie en préparation. Une thèse confortée par la trés prévisible reconduction du premier ministre israélien ultra-extrémiste Benyamin Netanyahu après un simulacre d’élection alors qu’Israël se considère en guerre totale avec à leur tête un « dictateur » (dans son acception du temps de la République Romaine) non déclaré.

Les Etats-Unis ont reconnus avoir perdu le contact avec un de leurs drones au-dessus de la Syrie. Damas n’a pas commenté sur cette annonce mais un média officiel a rendu public l’information selon laquelle un drone US a été abattu par la défense antiaérienne syrienne.

Photo : Drone de type MQ1 B Predator

*Source : TSS


Défaite d’Obama : la totalité des gouvernements sud-américains lui demande de retirer son décret contre le Venezuela

Le Grand Soir, 15 mars 2015
Thierry DERONNE

Cinglante défaite pour Barack Obama et nouveau pas dans l’unité et la souveraineté latino-américaines : tous les Etats membres de l’Union des Nations Sud-Américaines (Unasur), à savoir l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Chili, la Colombie, l’Équateur, le Guyana, le Paraguay, le Pérou, le Surinam, l’Uruguay et le Venezuela se sont réunis en session extraordinaire à Quito ce samedi 14 mars 2015 pour manifester leur rejet unanime du décret pris par Washington contre le Venezuela le 9 mars 2015 parce qu’”il constitue une menace d’ingérence et de violation de la souveraineté et du principe de non-intervention dans les affaires intérieures d’autres États”.

Chargé de lire la déclaration finale, le chancelier de l’Uruguay a expliqué que les douze gouvernements ont réaffirmé leur engagement « avec la pleine actualité du droit international, la solution pacifique des controverses et le principe de non-intervention » et, dans une claire allusion à la possibilité d’un blocus économique ou d’une invasion militaire, ont appelé tout gouvernement “à s’abstenir de mesures coercitives unilatérales qui violent le droit international”. Les participants à la réunion de Quito ont demandé instamment aux États-Unis d’évaluer et de mettre en pratique « des alternatives de dialogue avec le Gouvernement du Venezuela basée sur les principes de souveraineté des peuples » .

En outre, le porte-parole a rappelé que l’UNASUR poursuivra sa mission d’accompagnement du “plus large dialogue politique avec toutes les forces démocratiques vénézuéliennes, dans le plein respect de l’ordre constitutionnel, des droits humains et de l’État de droit”. La semaine passée la délégation de l’UNASUR s’était rendue à Caracas pour enquêter sur la tentative de coup d’État du 12 février contre le gouvernement de Nicolas Maduro, avait invité les diverses forces politiques à un réunion et s’était entretenue avec les autorités du Centre National Électoral. Au terme de ces travaux, le président de l’UNASUR, l’ex–président colombien Ernesto Samper, avait rejeté toute ingérence extérieure et recommandé à l’opposition de jouer le jeu électoral et de renoncer à la violence.

Une position réaffirmée ce samedi par le chancelier uruguayen : “L’Unasur considère que la situation intérieure du Venezuela doit être résolue par les mécanismes prévus dans la Constitution vénézuélienne” et offre son plein appui dans le cadre de l’observation des prochaines élections législatives prévues cette année au Venezuela, “convaincue de l’importance de maintenir l’ordre constitutionnel, la démocratie et la plus totale permanence des droits humains fondamentaux de l’Unasur”.

Pour rappel, le lundi 9 mars 2015, le gouvernement des États-Unis avait franchi un nouveau seuil dans les menaces vis-à-vis du Venezuela lorsque le président Barack Obama avait signé un ordre exécutif décrétant “l’urgence nationale aux États-Unis vu la menace extraordinaire et inhabituelle que représente le Venezuela pour notre sécurité nationale et notre politique extérieure” (sic).

Ce document avait, en peu de jours, suscité une solidarité active avec le Venezuela de la part des mouvements sociaux latino-américains et de collectifs du monde entier qui ont défilé à Buenos Aires, à Brasilia, à La Paz, á Managua, La Havane, etc.. jusqu’à Madrid : collectifs citoyens, mouvements étudiants, syndicats de travailleurs, mouvements paysans comme les Travailleurs Sans Terre du Brésil

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Marche de soutien à Buenos Aires
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Marche de soutien à Brasilia

Le président équatorien Rafael Correa a déclaré : “Comment ne pas rejeter avec indignation cette barbarie ! A l’époque des dictatures des années 70, c’était quelque chose de commun mais aujourd’hui, en plein XXIème siècle ! Le droit international existe ! Que l’on soit ou non d’accord avec le gouvernement de Nicolas Maduro, la plus élémentaire des dignités nous oblige, en tant que latino-américains, à rejeter tant d’arrogance, tant d’unilatéralisme, tant d’impérialisme. Nous en avons assez ! Quelle honte !”. Pour l’ex-Président Mujica, dire que «  le Venezuela est une menace est une folie, nous en avons assez de l’intromission permanemte des États-Unis ! » et le président bolivien Evo Morales a exigé au président Obama de présenter ses excuses à l’Amérique Latine.

Des théologiens brésiliens de la Libération comme le père franciscain Leonardo Boff et l’évêque Pedro Casaldáliga, le Père nicaraguayen Miguel d’Escoto, ex-Secrétaire Général de l’ONU, ainsi que l’évêque Thomas Gumbleton et l’ex-Procureur Général des États-Unis Ramsey Clark, ont écrit au président Obama pour lui demander de retirer son décret. “Nous qualifions d’honteux et de profondément hypocrite votre décret. Il constitue également une violation flagrante du droit international en tant que menace d’usage de la force contre le Venezuela et en tant qu’encouragement à vos agents vénézuéliens pour qu’ils continuent à déstabiliser le pays”.

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Message personnel envoyé à la Maison Blanche par la population de l’État de Falcon (Venezuela), depuis le Parc National Médanos de Coro, le 12 mars 2015.

T.D., Caracas, 14 mars 2015.

»» https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/03/15/la-totalite-des-gouver…
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http://www.legrandsoir.info/defaite-d-obama-la-totalite-des-gouvernements-sud-americains-lui-demande-de-retirer-son-decret-contre-le-venezuela.html

Druzes : Walid Joumblatt, Al- Nosra et Israël

Revue de presse : Al-Manar.com (3/3/15)*

Un accord a été entériné entre le chef druze libanais, Walid Joumblatt d’une part et la branche d’Al-Qaïda en Syrie, le front al-Nosra, de l’autre, a révélé le journal libanais al-Akhbar. Au moment où Israël tente de pousser les Druzes syriens à renoncer à l’Etat syrien et à collaborer avec lui.

Dans les clauses de l’accord conclu avec le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), sont concernés les Druzes du gouvernorat syrien d’Idleb où ils sont installés dans la montagne de Semmak qui comptent de nombreux villages.

En échange d’avoir la vie sauve, et d’échapper au diktat des préceptes de la «Sharia » dans ce gouvernorat dont la province est dans sa majorité contrôlée par la milice wahhabite d’Al-Qaïda, ils doivent annoncer leur conversion à l’islam wahhabite et détruire de leur propres mains les mausolées de leurs guides défunts.

Joumblatt a souvent flatté ce groupuscule aussi sanguinaire que son frère ennemi, Daesh (Etat islamique) : en le distinguant d’Al-Qaïda au début, puis en assurant ultérieurement qu’il constitue une partie intégrante du tissu syrien. Une autre fois, un membre de son bloc parlementaire, le ministre Wael Abou Faour avait trouvé bon de signaler qu’il compte dans ses rangs « des ingénieurs et des médecins ».

Pis encore : durant les pourparlers de Semmak, ces deux dernières semaines, Joumblatt s’employait à persuader les religieux et les notables druzes de garder le silence sur ce qui se passe à leurs coreligionnaires à Idleb. Arguant qu’ils sont les plus aptes à régler leur problèmes tous seuls.

L’histoire du Nosra et des Druzes d’Idleb

Tout a commencé depuis un mois et demi, lorsque l’émir du Nosra dans la montagne Semmak, un certain Abou Abdel Rahman al-Tunuci (un Tunisien d’après son sobriquet) a adressé un ultimatum aux Druzes, jusqu’au premier février, les sommant de détruire les mausolées de leurs guides spirituels et de répudier leur religion.

Sans broncher, les habitants druzes se sont pliés à ces sommations, et au diktat des religieux du Nosra, sans pour autant le satisfaire. Al-Tunuci s’est remis à les menacer de nouveau qu’ils seront soumis aux préceptes de la Sharia du Nosra.

Faire taire les Druzes

Durant cette période, aucun leader druze n’a soufflé mort, à l’exception du président de la Fondation Irfane, cheikh Ali Zeindeddine, au Liban.

Mais la colère se propageait dans les milieux des religieux druzes, et chez les parents de militaires druzes détenus entre les mains du Nosra et de Daesh. Ces derniers n’ont pas manqué de hausser le ton et de proférer des menaces devant Joumblatt au cas où il arrivait quoique ce soit à leurs fils.

Face à ces pressions, le chef druze s’est rendu en Turquie, pour obtenir des garanties pour les Druzes, sans obtenir gain de cause. Il avait fait la même chose avec l’Arabie saoudite, et obtenu la même réponse.

Raison pour laquelle il s’est finalement résolu à solliciter la médiation de la Coalition de l’opposition syrienne, qui entretient de bonnes relations avec la branche d’al-Qaïda. L’un de ses membres qui vit aux Emirats s’est rendu en personne à la montagne, en compagnie de l’un des juges de Nosra dans cette région, y a rencontré les notables druzes de ses villages et leur a décroché cet accord sur leur conversion.

Pas pour longtemps. Comme de coutume, le Nosra s’est rétracté et n’a pas tardé à menacer d’exécuter ses règles sur les Druzes. Le plus à craindre étant pour ces derniers d’obliger les filles druzes à épouser les hommes du Nosra.

Le Nosra tout au long de la frontière

Malgré ceci, Joumblatt ne cesse de faire la cour à cette milice d’Al-Qaïda, chaque fois qu’il est question des militaires libanais qui se trouvent entre ses mains.

« C’est une directive qui lui a été faite par des Saoudiens et certaines figures du courant du Futur et qui vise à le transformer (le Nosra) en un protagoniste sur la scène libanaise », assure un ami du leader druze, proche du 8-mars, relate al-Akhbar. Selon ce dernier, Joumblatt et ses pairs croient sincèrement que le Nosra et Cie vont contrôler la totalité du sud syrien d’ici la fin de l’an 2015, ainsi que la montagne al-Cheikh.

Abou Faour avait lui aussi fait part de cette prévision, durant un déjeuner avec des chefs des services de sécurité de la région de Rachayya, le mois de décembre dernier. De ce fait, le Nosra « sera déployé tout au long de la frontière avec la Bekaa centrale et occidentale, Rachayya et Hasbayya », a dit le ministre druze.

De l’aide en dessous de la table

Or au lieu de se préparer à combattre le Nosra, Abou Faour a donné l’ordre d’éliminer les ports d’armes aux membres du parti socialiste progressiste (PSP-parti de Joumblatt) à Rachayya et à ceux des Comités populaires qui ont commencé à se former dans les régions de la province sud-ouest de Damas, au motif que « rien n’est inquiétant ».

Il semble aussi que la relation entre le PSP et le Nosra et Cie soit bien plus profonde.
Et pour preuve : l’affaire de Mohammad Naamani, le chef d’une milice syrienne takfiriste, Ahrar al-Cham, (qui tourne dans la sphère d’Al-Qaïda) et qui a été enlevé en décembre dernier par des membres libanais du parti Baas dans la Bekaa, avant d’être livré aux autorités syriennes : Il était parvenu à rentrer dans les territoires libanais, en passant par Rachayya, et grâce à des membres du PSP.

Selon des sources sécuritaires syriennes, Naamani a avoué s’être rendu au Liban dans le but de former dans la Békaa centrale et occidentale des cellules pour entrer en action en parallèle aux miliciens dans les régions syriennes de Zabadane afin d’ouvrir des brèches au Liban et attaquer les positions de l’armée libanaise et syrienne des deux côtés de la frontière.

Les tentatives d’Israël, et l’aide jordanienne

Toujours selon le journal al-Akhbar, citant le chef du Parlement libanais Nabih Berri, il est question de tentatives assidues déployées par Israël pour pousser les Druzes syriens à collaborer avec eux et instaurer le soi-disant mur de bonté au nord du Golan , sous prétexte de les protéger des terroristes du Nosra , lequel jouit de son soutien aussi. Berri assure en avoir parlé avec Joumblatt lequel a dit vouloir se rendre en Jordanie pour s’enquérir de l’affaire.
Justement, du côté jordanien, assure al-Akhbar, ce sont les services de renseignements de ce royaume qui parrainent les rencontres entre un certain nombre de religieux druzes de Syrie (et du Liban) avec des druzes israéliens qui collaborent avec l’entité sioniste pour les pousser à renoncer à l’Etat syrien, et surtout à ne pas rejoindre les cellules de résistance qui sont en train de se former dans cette région hautement stratégique et sensible

Titre original : Joumblatt s’entend avec le Nosra, et Israël tente d’amadouer les Druzes de Syrie

Photo : Walid Joumblatt, ch héréditaire druze libanais

Lire la réponse de Walid Joumbatt:

Druzes (suite) : Walid Joumblatt répond aux accusations du régime syrien


Ukraine: Chronique de la justice ordinaire

Par le Saker Francophone – Le 17 mars 2015 –- Source

PROCÈS POLITIQUES CONTRE LES COMMUNISTES

Le procès de A. A. MAYEVSKY prévu pour le 13 février a été reporté.

Il aura lieu demain 18 mars 2015.

Le procès convoqué pour le 13 février à Oujgorod du rédacteur en chef du journal Ouvriers et paysans –Vérité (Pravda), secrétaire du Comité central del’AUCPB du Comité central pour l’Ukraine, la Moldavie et la Transnistrie, A.A. Mayevsky, n’a pas eu lieu en raison de l’absence de l’accusé au procès. Le juge n’a pas été influencé par le fait que Mayevsky a déjà passé plus de 70 jours en cellule dans la prison de Transcarpathie (UIN No 9 institutions pénales) à Oujgorod.

Mayevsky n’avait pas été transféré de la prison au tribunal. A.A. Mayevsky, considéré par les autorités ukrainiennes comme un criminel particulièrement dangereux, avait annoncé une grève de la faim qui dure depuis plusieurs jours. La raison de cette grève de la faim: l’interdiction de recevoir des journaux, d’écrire des lettres, et de pratiquer sa profession intellectuelle d’écrivain.

La Cour s’est réunie dans les conditions du huis-clos – aucune information sur cette réunion n’était accessible, la présence des journalistes était interdite dans la salle d’audience, tout comme celle des camarades de l’accusé, venus ce jour-là de différentes régions de l’Ukraine. Le juge et le procureur ont refusé d’annoncer leurs noms. Ceux-ci ont été communiqués par le greffier de la cour.

La date du procès en première instance pour les crimes de A.A. Mayevsky a été déplacée au 27 février. L’audience sur l’affaire de l’interdiction de la publication du journal Ouvriers et paysans Vérité est prévue pour le 4 mars.

Information du Comité Central de l’AUCPB

Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone


Sommes-nous à la veille d’une crise monétaire mondiale sans précédent?

LE SAKER FRANCOPHONE

Par Michael Snyder – Le 11 mars 2015 – Source infowars

La dernière grande ruée sur le dollar américain, la mort de l’euro et 74 mille milliards de dollars en instruments dérivés en péril

Image Credits: kjgarbutt, Flickr

Le mardi 10 février 2015, l’euro est tombé brièvement en-dessous $1,07 pour la première fois en près d’une douzaine d’années. Et le dollar américain continue de monter contre presque toutes les autres devise majeures. L’indice du dollar américain a augmenté de façon incroyable, 23% en seulement huit mois.
C’est le rythme d’augmentation le plus rapide depuis 1981. Vous pourriez être tenté de penser qu’un dollar plus fort est une bonne nouvelle, mais ce n’est pas le cas.

Un dollar américain fort fait souffrir les exportations américaines, nuisant ainsi à notre économie. En outre, la faiblesse du dollar américain a alimenté l’expansion considérable des marchés émergents autour de la planète au cours de la dernière décennie.

Lorsque le dollar devient beaucoup plus cher, il devient beaucoup plus difficile pour ces pays d’emprunter davantage et de rembourser les anciennes dettes. En d’autres termes, le boom des marchés émergents est en train de devenir un fiasco. Non seulement cela, mais il est important de garder à l’esprit que les institutions financières mondiales parient une énorme quantité d’argent sur les mouvements de devises.

Selon la Banque des règlements internationaux, 74 trillions de dollars en dérivés sont liés à la valeur du dollar américain, de l’euro et d’autres devises mondiales. Lorsque les taux de change commencent à valser sur les places financières, vous pouvez être assuré que quelqu’un là-bas est en train de perdre une énorme quantité d’argent. Si cette bulle de dérivés finit par imploser, il n’y aura pas assez d’argent dans le monde entier pour sauver tout le monde.

Vous rappelez-vous la dernière fois qu’une telle ruée sur le dollar américain s’est produite?

Comme vous pouvez le voir sur le graphique ci-dessous, c’était à la mi-2008, et ce qui s’en est suivi a été la pire crise financière depuis la Grande dépression …

Un dollar américain qui augmente rapidement est extrêmement déflationniste pour l’économie mondiale dans son ensemble.

C’est un immense drapeau rouge, et pourtant presque personne n’en parle.

Pendant ce temps, l’euro continue sa descente aux enfers dans l’oubli …

Combien de fois l’ai-je dit? L’euro se dirige vers le plus bas de tous les temps. Il va arriver à la parité avec le dollar américain, puis finalement il va descendre en dessous de la parité.

Cela va causer des maux de tête massifs dans le monde financier.

Les Européens tentent de guérir leurs problèmes économiques en créant d’énormes quantités d’argent neuf. C’est la version européenne de l’assouplissement quantitatif, mais cela a des effets secondaires très désagréables.

Les marchés commencent à réaliser que si la valeur du dollar américain continue d’augmenter, ce sera finalement très mauvais pour les marchés d’actions. En fait, la montée du dollar américain est citée comme la principale raison de la baisse de 332 points du Dow Jones mardi …

Selon CNBC: La moyenne industrielle du Dow Jones a chuté de plus de 300 points en dessous de la moyenne mobile de l’indice sur 50 jours, effaçant les gains pour l’année. Le S&P 500 a également clôturé dans le rouge pour l’année et pulvérisé sa moyenne mobile à 50 jours, ce qui est un indicateur de la tendance du marché. Seul le Nasdaq s’est accroché à des gains de 2,61%  sur l’année. «Il y a une préoccupation que l’énergie et la force du dollar soient en quelque sorte négatifs pour les actions», a déclaré Art Hogan, stratège de marché à Wunderlich Securities. Il a noté que la vitesse de la hausse du dollar était le plus grand indicateur du marché, en plus des préoccupations au sujet des données économiques et de la hausse des taux d’intérêt.

Et comme je l’ai mentionné ci-dessus, lorsque le dollar monte, les biens et services que nous exportons à d’autres nations deviennent plus chers pour elles, ce qui fait du mal à nos entreprises.

C’est si fondamental que même la Maison Blanche le comprend

Malgré les assurances de la Fed disant qu’un renforcement du dollar est positif pour les emplois américains, la Maison Blanche a publié la déclaration suivante:«Le renforcement de l’USD est un vent contraire pour la croissance américaine.»

Mais, encore plus important, un dollar américain puissant rend plus difficile pour les marchés émergents du monde entier d’emprunter de nouveaux fonds et de rembourser les anciennes dettes. C’est particulièrement vrai pour les pays qui dépendent fortement des exportations de matières premières.

La situation devient particulièrement affreuse pour les économies de marché qui produisent des matières premières. Beaucoup de pays émergents comptent sur leurs ressources naturelles pour la croissance et n’ont pas encore développé les industries les plus avancées. Comme la valeur des produits de leur principale industrie baisse, les investisseurs étrangers suppriment les crédits disponibles, alors que leur monnaie est en baisse contre le dollar américain. Ils ne se trouvent pas seulement en difficulté pour payer leurs dettes – ils ne peuvent plus.

Il a été estimé que les marchés émergents ont emprunté plus de 3 trillions de dollars depuis la dernière crise financière.

Mais maintenant, le processus qui a créé le boom des marchés émergents commence à faire marche arrière.

L’économie mondiale est alimentée par des dollars bon marché. Donc, si le dollar américain continue d’augmenter, cela ne sera une bonne nouvelle pour personne.

Et bien sûr, la plus grande menace potentielle est la bulle de 74 trillions de dollars de produits dérivés de change qui pourrait finir par éclater à tout moment.

Les algorithmes informatiques sophistiqués que les institutions financières utilisent pour échanger des dérivés de change sont finalement basés sur des hypothèses humaines. Lorsque les devises se déplacent très peu et que les eaux sont calmes sur les marchés financiers mondiaux, ces algorithmes ont tendance à travailler vraiment, vraiment bien.

Mais quand l’inattendu se produit, certaines des plus grandes sociétés financières dans le monde peuvent imploser du jour au lendemain.

Rappelez-vous ce qui est arrivé à Lehman Brothers en 2008. Des événements inattendus peuvent paralyser des géants financiers en quelques heures.

Aujourd’hui, il y a cinq banques américaines qui ont chacune plus de 40 trillions de dollars d’exposition totale aux produits dérivés de toutes sortes. Ces cinq banques sont JPMorgan Chase, Bank of America, Goldman Sachs, Citibank et Morgan Stanley.

En transformant Wall Street en un gigantesque casino, ces banques ont été en mesure de gagner d’énormes sommes d’argent.

Mais elles font constamment des exercices de haute voltige. Un de ces jours, leur addiction aux jeux téméraire va revenir les hanter, et l’ensemble du système financier mondial sera sévèrement touché.

Comme je l’ai dit tant de fois auparavant, les dérivés vont être au cœur de la prochaine grande crise financière mondiale.

Et grâce au mouvement sauvage des devises mondiales ces derniers mois, il y a maintenant plus de 74 trillions de dollars dans les dérivés de change à risque.

Toute personne qui ne veut pas voir la difficulté à l’horizon en ce moment est volontairement aveugle.

Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone