Pacte militaire Grèce-Israël : le changement de cap de Tsipras

Quand Tsipras est arrivé au gouvernement en Grèce, l’alarme a sonné en Israël : Syriza, soutien de la cause palestinienne, demandait de mettre fin à la coopération militaire de la Grèce avec Israël.

Face à la brutale répression israélienne contre les Palestiniens, prévenait Tsipras, « nous ne pouvons pas rester passifs, parce que ce qui arrive aujourd’hui sur l’autre rive de la Méditerranée, peut arriver sur notre rive demain ».

Sept mois plus tard, fin de l’alarme : Panos Kammenos, ministre de la défense du gouvernement Tsipras, est allé en visite officielle à Tel Aviv, où le 19 juillet il a signé avec le ministre israélien de la défense, Moshe Ya’alon, un important accord militaire. Pour ce déplacement, Kammenos, fondateur du nouveau parti de droite Anel, a choisi le moment où la Grèce était prise en tenailles par la question de la dette.

L’ «Accord sur le statut des forces », communique le Ministère grec de la défense, établit le cadre juridique qui permet au « personnel militaire de chacun des deux pays de se rendre et résider dans l’autre pour participer à des exercices et activités de coopération ».

Un accord semblable n’a été signé par Israël qu’avec les Etats-Unis. Dans l’agenda des entretiens on trouve aussi la « coopération dans le domaine de l’industrie militaire » et la « sécurité maritime », notamment des gisements offshores de gaz qu’Israël, Grèce et Chypre considèrent comme leur « zone économique exclusive », en repoussant les revendications de la Turquie.

Sur la table de la rencontre « les questions de la sécurité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ». Faisant écho à Ya’alon qui a dénoncé l’Iran comme « générateur de terrorisme, dont l’ambition hégémonique mine la stabilité d’autres Etats », Kammenos a déclaré : « La Grèce aussi est dans le rayon des missiles iraniens ; si un seul réussit à atteindre la Méditerranée, ce pourrait être la fin des Etats de cette région ».

Il a ensuite rencontré les dirigeants des forces armées israéliennes pour établir une coordination plus étroite avec celles grecques. En même temps le chef de la marine militaire hellène, le vice-amiral Evangelos Apostolakis, a signé avec la contrepartie israélienne un accord de coopération sur des « services hydrographiques » non mieux précisés.

Le pacte militaire avec Israël, stipulé au nom du gouvernement Tsipras, n’est pas seulement un succès personnel de Kammenos. Il entre dans la stratégie USA/Otan qui, dans l’offensive vers l’Est et vers le Sud, vise à intégrer toujours plus étroitement la Grèce non seulement dans l’Alliance mais dans la coalition plus ample comprenant des pays comme Israël, Arabie Saoudite, Ukraine et autres.

Le secrétaire général  Stoltenberg a déclaré que le « paquet de sauvetage » UE pour la Grèce est « important pour toute l’Otan », la Grèce étant un « solide allié qui dépense plus de 2% de son PIB pour la défense »  (niveau atteint en Europe seulement par la Grande-Bretagne et l’Estonie).

Particulièrement importante pour l’Otan la base aéronavale de la baie de Suda en Crète, utilisée de façon permanente par les Etats-Unis et d’autres alliés, dans ces dernières années pour la guerre contre la Libye et les opérations militaires en Syrie. Maintenant utilisable, grâce au pacte avec la Grèce, également par Israël surtout en fonction anti-Iran.

Dans ce cadre stratégique se recomposent les conflits d’intérêt entre Grèce et Israël, d’un côté, et Turquie de l’autre. La Turquie, où l’Otan a plus de 20 bases et le Commandement des forces terrestres, au nom de la « lutte contre l’Isis » bombarde les Kurdes du PKK (vrais combattants anti-Isis) et, avec les USA et les « rebelles », se prépare à occuper la bande septentrionale du territoire syrien. En vertu de l’article 4 du Pacte Atlantique, car elle considère que sont menacées sa sécurité et son intégrité territoriale.

Par Manlio Dinucci

Sources : il manifesto ; traduit par Arrêt sur Info


98 milliards d’euros, la dette de l’Allemagne à la Grèce

Au minimum, 90 milliards… Pourquoi les demandes de réparation de la Grèce envers l’Allemagne sont justifiées

ci après une traduction d’un article de Karl Heinz Roth, parue sur le site contremps.eu sur la dette de l’Allemagne envers la Grèce du fait des réparations de guerre (1939-1945) que l’Allemagne n’a jamais payées. Le chercheur et militant allemand, ancien membre du bureau national de l’Union socialiste allemande des étudiants et fondateur de la revue 1989, décrit le pillage de la Grèce pendant l’occupation l’allemande et, à partir de ces éléments, propose un calcul de la dette actuelle due par l’Allemagne à la Grèce, tout en discutant de la légitimité actuelle des demandes de réparations grecques.

Le 6 avril 1941, la Wehrmacht attaque la Yougoslavie et la Grèce. Fin octobre 1940, l’armée grecque a déjà repoussé une offensive italienne depuis l’Albanie et de ce fait un corps expéditionnaire britannique a été laissé en soutien dans le pays. Pour les Allemands, ce développement entraine une double menace stratégique. D’abord en ce qui concerne les champs pétrolifères roumains mais aussi par rapport à l’offensive planifiée contre l’Union Soviétique qui présente désormais des faiblesses sur son flanc sud-est. En 1941, ni la Yougoslavie ni la Grèce ne sont en mesure de résister à l’attaque de la 12ème armée de la Wehrmacht.

La direction de la Wehrmacht utilise cette « guerre-éclair » (« Blitzkriegs-Exkurs ») comme champ d’expérience afin de tester le pillage économique total prévu pour être répliqué en Union Soviétique. La Grèce est systématiquement pillée. Entre le début de l’offensive et le début du mois de juin 1941, de grandes quantités de minerais et de concentrés de chrome, de zinc, d’étain, de cuivre et de plomb s’accumulent dans le port de Thessalonique afin d’être transportés vers l’Allemagne. De plus, les managers industriels allemands prennent le contrôle de la production annuelle des métaux industriels que sont la bauxite, le manganèse, le nickel, le molybdène et la pyrite, si bien que la somme totale annuelle d’exportation de matières premières atteint 45 à 50 millions de Reichsmark (RM). Le charbon, l’huile minérale et les produits d’exportation agricoles les plus importants comme les raisins secs, l’huile d’olive, le coton, le sucre, le riz et le cocon de soie sont également envoyés en Allemagne. En outre, les officiers chargés des questions économiques confisquent les machines-outils du consortium d’armement de Bodsakis et une grande partie du matériel roulant du chemin de fer.

Cependant le butin le plus considérable reste le tabac. Sous la direction du manager de Reemtsma, Otto Lose, toute la récolte de 1939 et 1940 est confisquée et transportée vers l’Allemagne. Il s’agit de 85.000 tonnes de tabac d’Orient, soit l’équivalent de 175 millions de Reichsmarks. Cette quantité suffit pour approvisionner l’Allemagne en cigarettes pendant une année entière et leur vente génère un revenu fiscal de 1,4 milliards de Reichsmarks.

Comme contrepartie pour ces « achats », la 12ème armée délivre soit des certificats de livraison qui contiennent la promesse de paiement après la guerre, ou paye avec des « bons de caisse de crédit », moyen de paiement de la Wehrmacht, indexé sur les prix de 1939. Ces paiements ou promesses de paiement fictifs doivent être refinancés soit en liquide (drachmes), soit en crédits par le gouvernement de collaboration du général Tsolakoglu installé le 30 avril 1941. Ce gouvernement se voit donc contraint de faire marcher la planche à billets, de surendetter l’État et de gonfler le déficit du bilan de la banque centrale grecque. C’est le premier pas dans l’hyperinflation, revers des expéditions de pillage. La chute ainsi provoquée de l’économie grecque est d’autant plus accélérée que l’industrie de transformation perd son approvisionnement en matières premières et doit réduire sa production.

Avec ce pillage économique planifié, les conditions économiques se dégradent dramatiquement. La drachme est dévaluée deux fois. En août 1941, un premier paiement de trois milliards de drachmes mensuels est imposé à la banque centrale grecque pour rembourser les frais d’occupation. Cette politique ouvre définitivement les vannes économiques du pays. La Wehrmacht considère désormais la Grèce comme un tremplin pour ses opérations en direction de l’Afrique du Nord et du canal de Suez, et les frais de ravitaillement et de logistique augmentent drastiquement. Ils sont inclus entièrement dans les frais d’occupation. En raison de l’hyperinflation naissante les prix de l’alimentation augmentent rapidement : ils doublent avant la fin de l’année 41 et sont multipliés par 4 à 5 entre 1942 et début 1944. L’activité du secteur agro-alimentaire se réduit alors très fortement. La famine s’installe.

Dans les grandes et moyennes villes, près de 100 000 personnes meurent de faim ou de maladies liées à la faim à l’hiver 1941/42. Pour la plupart, les victimes sont des enfants et des personnes âgées issues de classes sociales populaires. Toute personne qui le pouvait, s’enfuyait dans les régions villageoises pour y vivre d’une économie de subsistance. Cette migration interne et massive vers les campagnes vient soutenir la résistance qui commence à s’organiser rapidement.

Bilan des destructions 

Quand les Allemands se retirent de Grèce, à partir d’octobre 1944, ils ne laissent pas seulement un pays ruiné économiquement mais aussi en grand partie détruit. Ce sont en tout six facteurs qui détruisent le potentiel économique de la Grèce pendant l’occupation allemande :

Premier facteur : les pillages pendant la première phase d’occupation. Ils atteignent en valeur un montant d’au moins 750 millions de Reichsmarks. Les confiscations continuent cependant au-delà de cette période. Ainsi au plus tard à partir de l’été 1943, il est devenu habituel de piller systématiquement les villages qu’on prévoie de détruire.

Deuxième facteur : le pillage du fait des rapports d’échange inégaux lors des « achats » de la Wehrmacht et des « remboursements » qui s’en suivent. Il y a de bonnes raisons d’estimer que la dette allemande liée à ces opérations menées jusqu’à l’automne 1944 est d’au moins 125 millions de Reichsmarks.

Troisième facteur : les dépenses extorquées au régime de collaboration grec pour frais d’occupation et coûts de projets d’infrastructure militaires. Une estimation du ministère des finances du IIIe Reich parle d’un montant de 500 millions de Reichsmarks pour l’année budgétaire 1943. En partant de cette donnée, il est possible de décompter pour les 3 ans et demi d’occupation – y compris l’emprunt obligatoire imposé à la banque centrale grecque – un montant total d’environ 1,75 milliard de reichsmarks.

Quatrième facteur : l’exportation de matières premières stratégiques qui fait suite à la première phase de pillage par l’industrie minière grecque sous contrôle allemand. Elle couvre une partie importante des besoins allemands comme par exemple pour le minerai de chrome et la bauxite et atteint une ampleur considérable d’après le rapport final de la direction de l’industrie de l’armement de la Wehrmacht pour la Grèce de septembre 1944.

Cinquième facteur : la destruction d’une partie considérable de l’économie dans le cadre des mesures de terreur et de la pratique de la terre brûlée lors des opérations de retraite. Les représailles contre les région contrôlées par la résistance armée entraîne la destruction de 1.600 localités – des villages, hameaux et petites villes. Plus de 100.000 maisons sont ainsi incendiées. À la date de la retraite allemande environ 400.000 habitant.e.s sont sans-abris. Si nous estimons la valeur marchande moyenne de chaque bâtiment détruit à 10.000 reichsmarks, alors cela équivaut à une somme d’un milliard de reichsmarks. Il faut y ajouter les vastes destructions des infrastructures routières et ferroviaires visées systématiquement par les troupes allemandes pendant leur retraite.

Sixième facteur : la perte de vies humaines qui ne peuvent jamais vraiment être dédommagées par aucun geste, si généreux soit-il. Sur 6,933 millions de personnes avant le début de l’occupation, au total 520.000 personnes de nationalité grecque meurent, victimes de l’attaque allemande. Au moins 125.000 de ceux-ci meurent de faim. Environ 100.000 personnes grecques sont assassinées dans les camps de concentration allemands. 60.000 Juives, Juifs et Roms sont tué.e.s dans le cadre de la Shoah. Les rafles dans les grandes villes et les massacres dans les régions villageoises, par les militaires allemands et la police tuent 56.000 individus supplémentaires.

La question des réparations

Après la libération, des économistes et des experts de la banque centrale grecque commencent à faire le bilan des conséquences économiques de l’occupation allemande. Leurs constatations sont adressées à la conférence de réparation interalliée qui siège autour du nouvel an 1945/46 à Paris. Les résultats en sont, le 14 janvier 1946, une convention de réparation et la fondation d’une agence de réparation (IARA) inter-alliée. Pour les pourparlers sur les réparations envers la Grèce, ce sont avant tout deux expertises qui sont significatives.

  1. Angelopoulos estime que les frais d’occupation ont soutiré 4,050 milliards de dollars US à l’économie grecque et que les dégâts causés à l’ensemble de l’économie sont de 3,172 milliards de dollars US, ce qui revient à un montant total de 7,222 milliards de dollars d’US sur la base du pouvoir d’achat du dollar US de 1938. Au contraire A. Sborounis, chef de la délégation grecque, pose une estimation totale de 12 milliards de dollars d’US, également sur la base de 1938. Finalement, le gouvernement grec s’accorde sur une somme de réparations de 10,45 milliards de dollars US.

Le montant global convenu lors des pourparlers de Paris, de l’ordre de 7,1 milliards de dollars US, constitue un socle inattaquable en droit international pour toutes les discussions ultérieures. Certes, cette convention de réparation de Paris a été suspendue de fait par la convention de sur la dette de Londres de 1953, mais elle n’a jamais été annulée. Donc, puisque le pouvoir d’achat du dollar US a diminué entre 1938 et 2010 en raison de la dévalorisation continue selon le facteur 15, les droits de réparation pour la Grèce définis par la conférence de Paris se montent à 106,5 milliards de dollars US en 2010.

La convention sur la dette de Londres de février 1953 a prorogé les demandes de réparation qui avaient été adoptées sept ans plus tôt. Ces demandes ont été adressées d’abord en 1946 à la zone d’occupation interalliée, puis plus tard à la RFA, et sont reprises finalement dans la perspective de l’adoption d’un traité de paix avec une future Allemagne unifiée1. Après de longues négociations, le gouvernement grec obtient en mars 1960 un versement unique de 115 millions de Deutschmarks. Dans le compte rendu de ces accords, le gouvernement grec anticipe et spécifie que cela ne signifie pas que les revendications de réparations sont satisfaites.

Au moment de l’annexion de la RDA par la RFA, la question des réparations resurgit. Ceux qui s’attendaient à ce qu’une nouvelle convention (avec des règles contraignantes) soit élaborée sur cette question ont été déçus. Certes, l’accord de septembre 1990 entre les quatre alliés principaux et les deux Etats allemands, ratifié à la veille de l’unification, équivaut très certainement à un traité de paix, mais il ne dit rien sur les réparations.

Une facture encore largement due

Le paiement global de 115 millions de deutschmarks de 1960 de la RFA à la Grèce vise uniquement à dédommager les personnes persécutées pour raison raciale et politique. Même si le versement exclut du dédommagement les descendants des victimes de massacres et de la famine, il a le caractère d’une réparation du fait de son mode de transfert interétatique et parce qu’il répond aux réparations individuelles mentionnées dans l’accord de Paris de 1946. Ainsi, en 1960, 27,578 millions de dollars US supplémentaires sont payés à la Grèce en accord avec les taux de changes de l’époque. Comme l’index d’inflation pour la période entre 1960 et 2010 est de 7,35, cela correspond à une somme d’environ 202,7 millions dollars US sur la base du pouvoir d’achat de 2010.

En revanche, le deuxième paiement de dédommagement de 2003 se déroule hors du cadre d’un contrat bilatéral. Il est versé, dans le cadre de la fondation « souvenir, responsabilité et avenir » au bénéfice d’un groupe spécifique, les personnes victimes du travail forcé en Grèce. Puisque notre base de référence, la convention de réparation de 1946, ne prévoit pas la division des dédommagements de la guerre entre les réparations dues à l’Etat et celles dues à des personnes privées, nous ne devons pas exclure ces paiements. 20 millions d’euros ont été payés aux victimes de travail forcé en Grèce. Ce qui équivaut à 22,588 millions de dollars US selon le taux de change de 2003. Il faut aussi prendre en compte l’index d’inflation (1,19)  pour la période allant de 2003 à 2010, ce qui fait que le remboursement effectué en 2003, calculé sur la base du pouvoir d’achat de 2010, peut être estimé à 26,9 millions de dollars US.

Si on additionne ces trois versements partiels, calculés sur la base du pouvoir d’achat de 2010, on arrive à un sous-total de 1,954 milliards de dollars US. Cette somme doit être soustraite de la somme totale fixée en 1946 (106,5 milliards de dollars US sur la base du pouvoir d’achat de 2010). Il s’agit ainsi de 104,546 milliards de dollars US ou de 78,844 milliards d’euros (toujours sur la base du pouvoir d’achat de 2010). Depuis l’euro a été dévalorisé considérablement et cette tendance continue à moyen terme. La dette de réparation allemande se monte donc actuellement à 98,503 milliards d’euros. Nous pouvons ainsi estimer la dette de réparation à, au moins 90 milliards d’euros.

Ressentiments populistes

En Allemagne ces calculs vont très certainement être perçus comme scandaleux par la majorité de la population. Le premier argument à réfuter concerne les accords de réparation de Paris de 1946. Datant de près de 70 ans, il seraient ainsi de « l’histoire ancienne », alors même que d’un point de vue de droit international, ils n’ont de fait jamais été annulés. A contrario, en raison des accords de Londres, les dettes allemandes dues à des créanciers privés, qui remontent parfois à 1924, ont été amorties jusque dans les années 1980. Dans le même ordre d’idées, alors que le paiement des intérêts sur les réparations de la première guerre mondiale par la RFA avait été ajourné lors de la convention de Londres, du fait de la partition de l’Allemagne, le fisc allemand a postérieurement repris les paiements jusqu’au 3 octobre 2010 – soit presque un siècle après la fin de la première guerre. L’argument du gouvernement fédéral qui vise donc à refuser les demandes de réparation grecques au nom d’un délai sans précédent paraît bien cynique si l’on remonte l’histoire des réparations.

Deuxièmement, il faut rappeler que ces calculs sont basés sur des estimations et des montants minimaux. Mais comme les réparations doivent toujours prendre en compte en plus des biens et services volés, les salaires et revenus soustraits, il faudrait y ajouter un calcul sur la base de l’index des salaires et de l’index des produits sociaux et d’en estimer une valeur moyenne. Dans ce cas les réparations dues seraient encore plus importantes.

Une troisième série d’arguments provient de mots d’ordre populistes : Est-ce que les petit.e.s contribuables et les retraité.e.s allemand.e.s qui vivent déjà pauvrement devraient payer pour les demandes de réparations de la Grèce ? Aux côté de la banque impériale allemande (Deutsche Reichsbank), des services fiscaux de l’époque (Reichfiskus), des groupements économiques et des commandements économiques de la Wehrmacht ,ce sont avant tout les grandes entreprises qui ont organisé et profité du pillage de la Grèce. Elles existent encore aujourd’hui. ThyssenKrupp, l’industrie du tabac, Siemens, des entreprises de construction de premier plan et des grandes banques. Tout autant que la Deutsche Bundesbank (qui assume la succession juridique de la Deutsche Reichsbank), elles devraient se voir également présenter la facture. Un prélèvement généreux sur les réserves d’or de la banque fédérale allemande ainsi que sur la fortune des responsables historiques envers une Grèce ébranlée par la crise serait un signal essentiel.

Ce texte est une synthèse du livre Griechenland am Abgrund. Die deutsche Reparationsschuld (La Grèce au bord du gouffre, les dettes de réparation allemande) de Karl Heinz Roth publié dernièrement aux éditions VSA-Verlag.

Il a été publié en allemand dans le journal AK – analyse & kritik. Zeitung für linke Debatte und Praxis / Nr.606 / 16.6.2015  https://www.akweb.de/

Traduit par Aurélie Audeval et Jan Wörlein

Image en bandeau : Walther von Brauchitsch,  commandant en chef de la Wehrmacht visite l’acropolis en 1941 pendant l’occupation allemande de la Grèce.

  • 1.NdT : Les traités de paix post-guerre ont été rédigés comme des traités provisoires, du fait de la partition de l’Allemagne. Avec la réunification, ces traités auraient donc du être réexaminés.

date:

16/07/2015 – 10:54


Quelques réflexions sur la communication du Comité central du KKE du 13.7.2015

Les mesures sociales que recommande le KKE ainsi que l’urgence de leur mise en œuvre: l’organisation sur les lieux de travail, dans les quartiers, les divers comités de solidarité…, sont plus qu’indispensables. Cela permettrait hormis la subsistance, le développement d’un pouvoir politique populaire alternatif, susceptible éventuellement d’offrir un terreau à d’autres développements à la lutte populaire.

Il est manifeste que le KKE avait bien avertit et dénoncé SYRIZA pour son imposture, qui s’est transformée en flagrante trahison de la volonté des citoyens grecs exprimée par le vote «NON» au référendum. On comprend, surtout à postériori, l’appel du KKE à voter par un double «NON» («NUL» au comptage). Il semblerait que l’importance de la victoire du «NON» ait dérangé les calculs de SYRIZA, qui aurait été plus à l’aise dans sa politique avec une «victoire» du «NON» beaucoup plus modeste.

Il est clair aussi que le KKE, par son histoire et son activité en général, syndicale aussi, qui appelle a d’importantes et nombreuses loyautés au sein de la classe ouvrière et du peuple en général, mais il a aussi une très grande responsabilité à assumer.

Toutefois, il faut avoir en vue les réalités d’aujourd’hui ainsi que celles de l’histoire récente. La résistance grecque EAM (Front de libération nationale) qui représentait la majorité du peuple grec pendant l’occupation allemande, avait subi à la fin de 1944 l’intervention militaire et les massacres, conduits par les «alliés occidentaux» ayant pour but l’assujettissement du peuple grec et la remise sur le trône du roi Georges II (de la dynastie danoise de Slesvig-Holsten-Sønderborg-Glücksborg) qui avait la faveur des Britaniques. On peut dès lors dire que les Grecs ont chassé les occupants allemands pour être à nouveau occupés, cette fois-ci par leurs «alliés occidentaux». Entre 1946 et 1949 a eu lieu une guerre, dite «civile», où les «alliés» furent bel et bien impliqués. Elle a été perdue bien que les communistes aient eus quelques frontières amies, ce qui n’est pas le cas maintenant. Cette situation anticommuniste répressive a persisté des années après. En 1967 a eu lieu le coup d’état de la junte des colonels, instigué et soutenu par les «alliés» étasuniens avec la même répression qui a duré jusqu’en 1974. Un des résultats en a été l’invasion de Chypre et l’occupation d’un tiers de son territoire par la Turquie.

Nous n’entrerons pas dans le détail de la malfaisance de toutes ces luttes intestines fomentées par nos «alliés»: les morts, les emprisonnements, les exils, les dégâts…. mais elles ont laissé des traces indélébiles, dans les mémoires aussi.

Considérant ce qui est dit plus haut et que l’OTAN a des bases militaires en Grèce (Souda, en Crète), au Kossovo (Bondsteel) voisin et ailleurs dans la région, que les guerres en Ukraine, en Syrie… ainsi que les provocations frontalières de la Turquie attisent délibérément une tension permanente, un changement de régime, risquerait fort de donner lieu à une intervention étrangère en conjonction avec des collaborateurs locaux.

Le KKE aux dernières élections législatives a obtenu 5,47% des suffrages et compte à la Vouli 15 députés sur 300. Si de nouvelles élections devaient avoir lieu demain, il obtiendrait sûrement un large vote en conséquence de la désaffection pour SYRIZA et d’autres partis, toutefois il serait hautement improbable qu’il ait la majorité. Ce serait moins improbable qu’il conduise une coalition, et moins encore d’y participer comme partenaire minoritaire. Une telle alliance, par sa nature même, temporaire, aurait un objectif circonscrit. Cela a été le cas en 1989/90 quand le KKE s’est allié avec la ND et avec le PASOK, un précédent qui montre qu’il n’a pas toujours été hors de question qu’il participe à un gouvernement majoritairement bourgeois si les circonstances le demandaient.

Refuser l’instauration d’une monnaie nationale, parce qu’elle servirait à la bourgeoisie ou à l’impérialisme, implique obligatoirement le soutien passif de l’Euro. Le KKE déconsidère que celle-ci puisse servir à un autre usage. Il ne prend pas en compte le fait que la monnaie nationale est partie intégrante de la souveraineté, qu’elle constitue un de ses attributs régaliens quel que soit le régime: bourgeois, socialiste ou autre. À qui et à quoi servirait-elle, est une autre question. On ne peut pas confondre l’outil et son usage. Il en est de même pour la présence de frontières délimitant le territoire et sa gestion économique, sa langue, son histoire, sa culture, sa dignité; tous ces éléments qui répondent à l’indépendance et à la souveraineté d’un peuple, d’une nation, valent le combat pour les obtenir. Y compris dans le cadre du système capitaliste, c’est préférable que d’être une colonie, une semi-colonie ou «territoire» sous tutelle, quel que soit le terme pour décrire sa situation d’aujourd’hui. C’est une étape intermédiaire nécessaire sur la voie du socialisme.

Donc dans cette affaire et dans le cadre de l’exploitation capitaliste il y a deux enjeux et dans cet ordre de priorité, mais qui se confondent, la lutte du peuple entier pour la souveraineté nationale et la lutte la classe ouvrière avec ses alliés pour le socialisme. Dans le premier cas la lutte est motivée face à la double exploitation des travailleurs: l’exploitation exercée par le capitalisme étranger en collaboration avec la couche compradore de la bourgeoisie nationale, et l’exploitation exercée par la bourgeoisie nationale. Dans le second cas il n’y a que l’exploitation des travailleurs par la bourgeoisie nationale.

Il en découle logiquement, surtout dans une situation de faiblesse du Parti que s’il tient à se battre, il est obligé de faire des alliances avec d’autres forces patriotiques y compris celles de la bourgeoisie nationale contre le capitalisme étranger et ses collaborateurs de la couche compradore de la bourgeoisie. Dans la même veine il est même nécessaire de défendre la bourgeoisie nationale et par exemple la défendre contre toute importation préjudiciable aux producteurs locaux, faire tout son possible pour que le pays devienne autosuffisant.

Au-delà des alliances nationales il est nécessaire de se servir aussi de tous les appuis internationaux avantageux lui permettant de contrecarrer ses adversaires et de renforcer le pouvoir des forces populaires et du progrès, comme par exemple la Russie ou les BRICS.

Dans une situation qui est vraiment difficile, même existentielle, la sortie de la Grèce de l’Union européenne et de la zone-euro, pour le KKE n’est envisageable que par la voie du socialisme, et pour arriver à cette fin il y a tellement de conditions préalables, qu’on n’en voit ni le bout ni le chemin. On ne peut pas faire de vagues allusions au socialisme … et puis proposer comme voie «le renforcement du Parti comme condition préalable» en vue de «la restructuration du mouvement ouvrier» qui «revendiquerait des mesures de soulagement immédiates» du peuple qui permettrait de «changer le rapport-de-forces négatif» pour «renforcer la combativité» «contre le fatalisme et la subordination de la classe ouvrière ….contre ses vieux et nouveaux gestionnaires de la barbarie capitaliste».

Le but n’est pas, en soi, de combattre – ce qui est un processus, un moyen – mais de survivre, de progresser et de vaincre!

28.7.2015

Alexandre MOUMBARIS


Communication du Comité central du KKE concernant l’accord-memorandum

  1. Le KKE appelle les ouvriers, les salariés, les couches pauvres de la population, les retraités, les chômeurs et les jeunes à répondre avec un vrai, inflexible, grand «NON» à l’accord-mémorandum signé par la coalition SYRIZA-ANEL avec l’UE-BCE-FMI, et de combattre sur les lieux de travail les mesures incendiaires qui y sont contenues et qui viennent s’ajouter aux mesures barbares des memoranda précédents. Qu’ils organisent leurs contre-attaques pour que le peuple ne soit pas conduit à la faillite totale. Qu’ils renforcent le mouvement ouvrier, l’alliance populaire de manière à ouvrir le chemin qui permettra au peuple de se débarrasser une fois pour toutes du pouvoir du capital et des unions impérialistes, qui le conduisent de plus en plus à la barbarie.

Que ne soit perdu ni un jour, ni une heure. Maintenant, sans atermoyer, il faut renforcer l’action populaire sur les lieux de travail, dans les usines, les hôpitaux, les sociétés de services, dans les quartiers, par le biais des syndicats, des Comités de lutte, des Comités populaires de solidarité et d’assistance sociale. L’accord conduit à une nouvelle importante baisse du revenu populaire et à la casse des droits ouvriers et populaires. Il légitime et donne le feu vert à des licenciements, à l’extension du travail non-rémunéré, aux congés forcés et à d’autres mesures anti-ouvrières, que s’octroie dernièrement le grand patronat, prenant avantage des restrictions du secteur bancaire.

Il ne faut pas laisser passer la complaisance, l’intimidation, le fatalisme, le climat trompeur «d’unanimité nationale» et l’espoir bidon que cultivent le gouvernement, les autres partis bourgeois, les médias, divers autres centres du pouvoir, ainsi que les organes de l’UE qui en commun invitent le peuple à accepter le memorandum «Tsipras» et de plus se sentir soulagés, d’avoir soi-disant évité le pire.

  1. Le nouveau memorandum «Tsipras» est un paquet de dures mesures antipopulaires qui viennent multiplier l’insupportable fardeau des précédents memoranda et de leurs décrets d’application, votés par les gouvernements de la ND-PASOK. Le memorandum a déjà le sceau de la ND, de POTAMI et du PASOK parce que dans le communiqué commun qu’ils ont signé par leur vote à la Vouli, ils ont donné carte blanche au gouvernement pour prendre les nouvelles mesures barbares antipopulaires qui accompagnent l’accord. L’attitude de la plupart des media privés est révélatrice. Alors qu’ils accusaient SYRIZA de vouloir par le référendum faire sortir la Grèce de la zone euro, désormais ils applaudissent ses choix, le félicitent d’être «revenu» au réalisme.

Aujourd’hui, les partis du «NON» (SYRIZA-ANEL) avec les partis du «OUI» (ND-POTAMI-PASOK) appellent le peuple à dire «OUI» à un nouveau memorandum, qui ajoute de nouveaux fardeaux sur le dos de la classe ouvrière et des couches populaires pauvres avec des mesures antipopulaires comme celles rejetées par une grande partie du peuple grec au référendum.

Le gouvernement essentiellement charge le peuple avec un nouveau prêt de 86€ milliards et les mesures incendiaires qui l’accompagnent, à savoir, une réduction du revenu populaire, un déluge d’impôts, le maintien d’ENFIA [un impôt foncier], la forte augmentation de la TVA sur la consommation populaire et la contribution à la solidarité, la réduction des retraites, la mise en place d’un système de sécurité sociale détérioré, la suppression graduelle des EKAS [aides de solidarité pour les retraités], les privatisations, les mesures de la «boîte à outils» de l’OCDE, etc.

Pour que le peuple accepte ces mesures, une fois de plus il doit faire face au même chantage, au même dilemme qu’il a vécu de manière répétée les cinq dernières années: Soit d’accepter un nouveau et plus sévère mémorandum, soit la faillite de l’état par le biais d’un Grexit? La répétition du même dilemme au premier comme au second memorandum, à chaque fois qu’il fallait décaisser une échéance. Chaque fois le peuple doit choisir le «moindre» mal, le conduisant ainsi au plus grand mal. C’est la même tactique et rhétorique qu’utilise aujourd’hui la coalition SYRIZA-ANEL.

  1. Le gouvernement a offert de précieux services au système par la manière avec laquelle il a «habillé» dès le départ l’accord avec des mots d’ordre de gauche, empruntant le masque de la dignité. Il a mis en branle contre le peuple de faux dilemmes en une période ou la contestation globale de l’UE aurait dû avoir un contenu radical et conduire au rejet de la voie capitaliste de développement, qui va main dans la main avec la participation du pays à des alliances interétatiques impérialistes toujours sur la base de relations inégales entre les états. Il a organisé un référendum avec une interrogation bidon, puis a transformé le «NON» à un memorandum barbare, en un «OUI». SYRIZA a délibérément exploité le désir populaire d’annuler les conséquences de deux précédents memoranda, qui revendiquait au moins le recouvrement des pertes subies par les couches populaires. SYRIZA a marchandé les aspirations et les rêves de la gauche et des progressistes, qui souhaitaient un gouvernement de «gauche» et «populaire». Il s’est servi de la décrédibilisation de la ND et du PASOK, de manière à prendre le pouvoir. Aujourd’hui avec le nouveau memorandum il offre «rémission des péchés» aux memoranda ND-PASOK. Il a utilisé la démagogie, mais aussi engagé le peuple à soutenir le grand capital pour redresser sa profitabilité et de contenir la reconstruction et le renforcement du mouvement ouvrier-populaire. Il a obtenu la tolérance, même jusqu’au soutien du noyau de base de la bourgeoisie en Grèce, mais aussi des centres impérialistes étrangers tels que les États-Unis. Les alliances avec les États-Unis, la France, l’Italie, pour lesquelles le gouvernement se vante, ne sont rien d’autres que des «boucliers» pour les intérêts du peuple. En réalité, ce sont des «plombs» qui tirent la classe ouvrière et les couches populaires vers des confrontations dangereuses et exacerbées des impérialistes.

Le KKE a, dès le début, soutenu et démontré que SYRIZA ne voulait pas et ne pouvait pas préparer le peuple à une confrontation à propos des memoranda, contre les monopoles grecs et européens, tout simplement parce qu’il n’avait aucune orientation prévoyant la résistance et le conflit. Au lieu de cela, il a fait ce qu’il pouvait pour garder le peuple dans la passivité en attendant le «vote de protestation» des élections. Il a trompé le peuple en prétendant pouvoir ouvrir la voie vers des changements favorables à celui-ci de l’intérieur de l’alliance de loups qu’est Union européenne.

La «Plateforme de gauche» de SYRIZA a joué un rôle particulier dans la manipulation du mouvement et la tromperie des gens de gauche et des radicaux. Maintenant tous ceux qui concernés tentent de se camoufler derrière leur «abstention» ou leur «absence» lors du vote au parlement, de sorte à occulter leurs énormes responsabilités et à se préserver politiquement pour pouvoir de nouveau entrer dans la scène pour contenir le radicalisme et faire intégrer le peuple dans le cadre du système, en préparant tout à la fois un nouveau rempart politique, rôle joué jadis par «Synaspismos» [fraction qui s’est détaché du KKE].

  1. Particulièrement aujourd’hui, il ne faudrait pas oublier certaines conclusions, précieuses pour le peuple:
  • «L’âpre» négociation a, dès le départ, été un champ de mines pour les intérêts du peuple, puisqu’elle avait pour objet le redressement de la profitabilité du capital. La participation de la Grèce à l’UE et à la zone-euro demeure la priorité stratégique du capital grec et se fait dans des conditions inégalitaires, telles qu’elles existent objectivement dans le contexte des alliances impérialistes. Au sein de ces alliances, l’État grec est obligé de s’accorder avec la plupart des centres puissants, tels que l’Allemagne, déchargeant les conséquences de cette inégalité sur le dos des travailleurs.
  • Ces développements sont la plus éclatante expression de l’échec de la «gauche «novatrice» ou «gouvernante», de la théorie selon laquelle l’UE peut modifier son caractère monopolistique et antipopulaire. Ils ont illustré le naufrage de l’orientation dite «anti-memorandum» qui avançait avec comme objectif bourgeois, social-démocrate, de reconstruction productive sans changements fondamentaux au niveau de l’économie ni du pouvoir.
  • Est confirmée la ligne de lutte du KKE, sa position forte et conséquente de refus de participation à ces «gouvernements de gauche», qui sont en fait des gouvernements de gestion bourgeoise.
  • Globalement, après les derniers développements, les processus de réforme du système politique bourgeois s’accélèrent, soit par le remaniement du gouvernement, soit par des élections et la création de nouveaux partis et de nouveaux remparts. En tous cas, la méthode constante du système est d’attaquer le KKE de manière à empêcher que se rencontrent d’un côté le ressentiment du peuple et de autre la ligne de lutte anticapitaliste et anti-monopolistique. Devant le peuple s’érige la nouvelle alliance des «empressés» qui se donnent pour tâche d’empêcher tout esprit de résistance et d’émancipation. Aujourd’hui, apparaissent avec une intensité menaçante la répression du pouvoir et du patronat, la croissance de l’autoritarisme pour empêcher l’organisation du mouvement ouvrier et de ses alliés, le développement de la lutte de classe.
  1. Le fait que pour la première fois ait été posé si fortement et directement l’éventualité de la sortie d’un pays de la zone-euro, est dû à l’exacerbation des contradictions internes et des inégalités des économies de celle-ci, à la concurrence avec les anciens et nouveaux centres impérialistes qui a émergé après les renversements qui ont eu lieu dans les pays socialistes. Ces problèmes se sont exacerbés dans des conditions de crise économique prolongée en Grèce et ailleurs. Se sont renforcé des tendances séparatistes soutenues par des forces politiques bourgeoises qui voudraient une zone-euro réduite aux pays les plus puissants économiquement. Il s’agit d’une tendance forte en Allemagne, soutenue par les forces dominantes au sein du FMI, qui pour leurs propres raisons, leurs propres intérêts, aggravent les contradictions au sein de la zone euro. Sur la question de la permanence de la Grèce dans la zone-euro, des contradictions inter-impérialistes ont émergé, en particulier entre l’Allemagne et la France, mais aussi entre les États-Unis et l’Allemagne, ainsi qu’entre d’autres centres impérialistes. Les États-Unis sont intervenus en voulant limiter l’hégémonie allemande en Europe mais sans pour autant souhaiter l’éclatement de la zone-euro.

Les contradictions et les développements à l’intérieur de la zone-euro et dans l’ensemble de l’UE, ne sont pas contrariés par l’actuel compromis temporaire et la ratification de l’accord entre la Grèce et la zone-euro-FMI. Cependant, persiste une forte tendance, de laisser ouverte la possibilité d’un Grexit, pour la restructuration de la zone-euro, par l’approfondissement des instruments d’une politique économique unifiée, mais aussi des règles et des mécanismes de contrôle plus strictes et pour l’équilibre budgétaire. Ce n’est pas fortuit, d’ailleurs, que la France et l’Italie, qui s’étaient opposées à la sortie de la Grèce de la zone-euro, soient elles-mêmes des pays avec des déficits et des dettes publiques élevées, et qui cherchent l’assouplissement des règles.

La conséquence de ces contradictions, a aussi donné lieu à la confrontation sur la question de la dette. Le gouvernement, en suivant la ligne du FMI et des États-Unis, a proclamé comme objectif ultime pour le peuple d’obtenir à tout prix un échéancier de dette aux dépens des intérêts du peuple. En même temps il demande un nouveau prêt de 86€ milliards qui augmentera la dette. Il veut que le peuple accepte les mesures antipopulaires d’une nouvelle gestion de la dette, alors que chaque fois dans le passé, elles ont été accompagné par l’écrasement des droits du travail et populaires, que ce soit par le financement sous la forme d’un nouveau prêt – soit par l’échelonnement de la dette, le capital étant le seul bénéficiaire.

  1. Pour arriver à une solution définitive et favorable au peuple, est indispensable une rupture réelle, rien à voir avec la caricature de rupture revendiquée par certaines forces à l’extérieur et à l’intérieur de SYRIZA, qui évoquent comme voie de sortie la Grèce capitaliste de la drachme. L’option de sortie de l’euro et l’adoption de la monnaie nationale, dans le cadre capitaliste de développement, est une option antipopulaire qui a été soutenue par d’importantes sections de la bourgeoisie en Allemagne, sur la base du «Plan Schäuble», et dans d’autres pays-membres de la zone-euro, ainsi que d’autres forces réactionnaires. C’est avec ce choix que flirtent aujourd’hui des sections du capital de notre pays, dans l’expectative à brève échéance de profits plus élevés.

Se moquent consciemment tous ceux qui soutiennent que la sortie de la Grèce de la zone-euro, avec une monnaie dépréciée, renforcera sa compétitivité et sa croissance, avec des conséquences positives pour le peuple. Quelle que soit le développement capitaliste qui sera réalisé dans ce cours, il ne sera pas suivi par le redressement des salaires, des retraites, des droits et c’est pour cela qu’il ne profitera pas au peuple. Il mènera à de nouveaux sacrifices du peuple sur l’autel de la compétitivité des monopoles.

La Grèce capitaliste avec une monnaie nationale ne constitue pas une rupture en faveur du peuple. Toutes les forces politiques qui soutiennent un tel objectif comme solution ou comme objectif intermédiaire de changements radicaux (La «Plateforme de gauche» SYRIZA, ANTARSYA, etc.) jouent objectivement le jeu du capital.

Ce choix ne conduit pas au retour à des niveaux relativement meilleurs des années 80 et 90, comme certains le clament haut et fort. Les lois de l’exploitation capitaliste, la concurrence monopolistique impitoyable «règneront», les engagements auprès de l’UE et de l’OTAN resserreront l’étau. Les lois barbares des prêts s’appliquent dans tous les marchés financiers, les banques d’investissements et les caisses des alliés impérialistes actuels ou d’autres (du type BRICS). Par ailleurs, les politiques antipopulaires sont appliquées dans les pays de la zone-euro comme dans les pays capitalistes ayant des monnaies nationales, les plus fortes, comme la Chine, la Grande-Bretagne, la Russie ou les plus faibles, comme la Bulgarie et la Roumanie.

Les scènes de prétendue indignation à propos de «la Grèce pauvre, cependant digne, qui résiste aux puissants» sont de la poudre aux yeux destinée au peuple, ne cherchant qu’à l’asservir à la barbarie. Le peuple ne peut pas se sentir fier quand on lui vole les richesses qu’il produit et qu’on le met en faillite pour sortir le système capitaliste de la crise, que ce soit dans ou hors de l’euro.

C’est une chose que le peuple choisisse lui-même de quitter l’UE, par sa volonté et son action, en prenant simultanément dans les mains les clés de l’économie et du pouvoir et une chose complètement différente, qu’un pays se retrouve en dehors de la zone-euro, en conséquence des contradictions et des antagonismes capitalistes. La première est une solution alternative pour le bénéfice du peuple et vaut tous les sacrifices, la seconde conduit à la faillite populaire par un autre chemin.

  1. La proposition politique du KKE est – la propriété sociale, rupture avec l’UE et l’OTAN, l’annulation unilatérale de la dette, le pouvoir ouvrier-populaire – cela concerne les salariés et les couches populaires, les jeunes et les femmes des ménages ouvriers-populaires, les retraités, parce que ce sont eux qui sont et ont été les véritables forces motrices de la société. Leur travail assurerait le bien-être social, sans chômage, faim, misère, sans exploitation. Il suffit qu’ils deviennent les protagonistes des développements sociaux et politiques, qu’ils agissent pour leurs propres intérêts, pour leur vie, ensemble avec le Parti communiste contre le pouvoir de leurs exploiteurs.

Rien n’est donné en cadeau par les exploiteurs et leur état. Le pouvoir ouvrier-populaire ne s’offre pas par le système politique bourgeois, ni par aucun parti «de gauche», il se conquiert. La condition préalable dans la voie du changement de rapport de forces en faveur de la majorité ouvrière-populaire est le rapprochement avec le KKE, son renforcement et surtout sur les lieux de travail et dans les quartiers populaires.

Le renforcement dans tous les sens du KKE et son accompagnement est une condition préalable pour la restructuration du mouvement ouvrier et de la constitution d’une puissante alliance populaire, qui se battra pour les problèmes du peuple, revendiquera des mesures de soulagement immédiates, la récupération des pertes, avec comme «boussole» stable la lutte contre les monopoles et le capitalisme. Sa mise en place son renforcement peuvent dès aujourd’hui aider à changer le rapport de forces négatif, le renforcement de l’organisation, la combativité, l’esprit de lutte de classe de la classe ouvrière et d’autres couches populaires, contre le fatalisme et la subordination du peuple, aux vieux et nouveaux gestionnaires de la barbarie du capitalisme.

Le CC du KKE

13 juillet 2015

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[Ριζοσπάστης, 14.7.2015

www.rizospastis.gr/story.do?id=8519831]

[Traduction Alexandre MOUMBARIS

relecture Marie-José MOUMBARIS]


Le gouvernement grec soutient la politique d’Israël!

FEDERATION SYNDICALE MONDIALE
De classe – unitaire – démocratique – moderne – indépendante – internationaliste!
40, ZAN MOREAS STREET, ATHENS 11745 GREECE
TEL. (+30) 2109214417, (+30) 2109236700, FAX (+30) 210 9214517
http://www.wftucentral.org E-MAILS : info@wftucentral.org, international@wftucentral.org
Athènes, Grèce – 24 Juillet 2015

Le gouvernement grec soutient la politique d’Israël!
La visite officielle en Israël du Ministre de la Défense de la Grèce de l’ultradroite, Panos Kammenos, le dimanche 19 juillet montre la position dangereuse du gouvernement grec des parties SYRIZA-ANEL.
En outre, la visite du ministre de la Défense a lieu quelques jours après la visite officielle en Israël du Ministre des Affaires étrangères de la Grèce, N. Kotzias le 4 juillet au cours de laquelle il a rencontré le Ministre des Affaires étrangères et le Premier Ministre d’Israël, Netanyahou.
Avec sa dernière visite, le ministre de la Défense de la Grèce s’engage à l’intensification de la coopération militaire et la formation et les exercices conjoints de l’armée grecque côté à côte avec l’armée d’Israël, une armée qui a les mains peintes en rouge par le sang des milliers de Palestiniens. En plus, il s’est engagé à l’intensification de la coopération entre les deux pays dans le cadre de la compétition inter-impérialiste et les parcelles de terre géostratégiques dans la Mer Méditerranée du Sud-Est.
La Fédération Syndicale Mondiale, avec son expression stable et cohérente de solidarité internationaliste en faveur du peuple palestinien et contre l’occupation israélienne barbare qui continue avec le soutien des gouvernements des Etats-Unis, exige du gouvernement de la Grèce qu’il mette fin à son intense coopération militaire avec l’Israël.
La FSM considère l’intensification de la coopération entre la Grèce et l’Israël non seulement dangereuse pour le peuple palestinien qui est sous la souffrance quotidienne de l’occupation israélienne, mais aussi dangereuse pour la paix générale autour de la Méditerranée. La Mer Méditerranée est menacée par la concurrence géostratégique et les machinations des forces impérialistes pour une plus grande part de l’exploitation des ressources productrices de richesse.
La relation militaire de la Grèce avec Israël sape non seulement le peuple palestinien mais aussi les gens du Liban, de la Syrie, de l’ensemble de l’Afrique du Nord et favorise les machinations des impérialistes pour le soi disant nouveau Moyen-Orient.
La FSM exige que le gouvernement grec vote au Parlement grec la reconnaissance de l’Etat palestinien, avec Jérusalem-Est comme capitale dans les frontières de 1967, de dénoncer officiellement l’occupation israélienne et de mettre fin à sa coopération militaire et la formation conjointe avec Israël.
En outre, le FSM demande l’annulation des plans de l’offre d’une île grecque à l’OTAN, dont il veut utiliser comme une grande base militaire. En outre de sérieuses questions et préoccupations sont soulevées par les annonces du gouvernement du SYRIZA-ANEL, qu’ils vont commencer en septembre une campagne de «Diplomatie Religieuse» au Moyen-Orient et Afrique du Nord. Il est fort probable que ce rôle a été attribué à eux par les Etats-Unis.
Nous les appelons à arrêter tous ces jeux dangereux.
LE SECRÉTARIAT


Massacre de Suruç – déclaration du MLKP

Marxisme-Leninisme

« Les jeunes communistes sont immortels! Les fascistes de Daesh et leurs complices vont devoir rendre des comptes pour le massacre de Suruç . »

Travailleurs, Opprimés, Défavorisés!

La bassesse de l’organisation fasciste Daesh, machine à massacres, tortures et viols, s’est manifestée cette fois à Pirsus (Suruç). Un nouveau crime contre l’humanité a été commis contre des jeunes révolutionnaires sans arme et sans défense. L’AKP et ses institutions militaristes, fascistes et négationnistes sont autant responsables que Daesh de cette effusion de sang. Personne n’est dupe de leurs déclarations hypocrites trempées dans le mensonge et la démagogie. Leur complicité avec Daesh est établie par d’innombrables preuves.

Le fait que des jeunes socialistes aient été visés par cette attaque de Daesh n’est pas fortuit. Ces jeunes ont lutté sur tous les fronts dans la résistance de Kobanê et la révolution du Rojava et sont devenus immortels, comme Emre, Sinan et Ivana. Ils ont lutté en première ligne dans le soulèvement de juin, dans la solidarité avec Kobanê, dans les révoltes d’Octobre. Ils ont marché main dans la main avec les travailleurs et les opprimés. Ils ont été à l’avant-garde des révoltes des femmes et de leurs luttes pour la liberté. Ils n’ont pas courbé l’échine face aux opérations d’arrestation menées par le régime fasciste. Ils étaient le flambeau de la lutte socialiste.

Ce massacre a été commis par Daesh et ses complices dans le but de porter un coup à la lutte des jeunes socialistes, pour empêcher que la solidarité avec la révolution du Rojava et la reconstruction de Kobanê ne s’amplifie, pour terroriser les masses, pour entraver le combat solidaire de nos peuples. Les auteurs de ces massacres sont les mêmes que ceux des massacres du 1 er mai 1977, de Maras, de Gazi et de Roboski. Mais ils ne parviendront jamais à leurs fins: Les jeunes communistes vont former des rangs de plus en plus larges dans la lutte, dans la solidarité avec la révolution du Rojava et dans la construction de Kobanê. ils vont progresser par vagues dans le combat pour la liberté et la dignité humaine.

Si notre douleur est immense, il faut savoir que notre colère est encore plus grande. Nous réitérons notre détermination à faire vivre les idéaux et la lutte des jeunes femmes communistes, des jeunes communistes, Ferdane Kilic et Cemil Yiidiz les communistes aux cœurs jeunes et le révolutionnaire Koray Capar supporter de l’équipe de football de Trabzon-sport.

Nous appelons les kurdes et les turcs, les communauté qui peuplent la Turquie : Tchéchènes, Arabes ,Lazes, Arméniens, Georgiens, Abazines, Syriaques, Roms, Chaldéens et les communautés confessionnelles Alevis et Ezidis, les travailleurs musulmans qui disent non à l’Islam politique qui est au service du système et de l’exploitation, les femmes, les jeunes, les nécessiteux, les ouvriers, les villageois, les genres LGBTI, les artistes, les scientifiques à venir accompagner les dépouilles de ces personnes lâchement assassinées à Suruç et lutter ensemble pour la liberté et le socialisme et contre le front formé par DAESH et le gouvernement de l’AKP.

Les fascistes-islamo-politiques, ennemies de nos peuples, ont collaboré pour commettre cet acte barbare. Nous disons ouvertement, .selon la promesse que nous avons faite à nos jeunes martyres, qui ont Iutte pour la liberté, l » égalité des peuples et le Socialisme, que ceux qui manquent de respect a nos morts, ceux qui s’attaquent à ceux qui protestent en usant de leur droit à manifester r contre cet attentat, ceux qui mènent une guerre psychologique basée sur le mensonge, vont tôt ou tard en payer le prix.

Le MLKP déclare solennellement qu’il va demander des comptes pour ce massacre. Accentuer, notre lutte est un devoir, une dette. Nous faisons la promesse de payer notre dette aux peuples du Kurdistan du nord, du Rojava et de Sinjar( Sengal)

Comité central du MLKP


La vraie mission de M. « sang contaminé » en Iran ? !!!

IRIB-

La véhémence avec laquelle Laurent Fabius attaque, voire, insulte la République islamique d’Iran, que ce soit dans le dossier nucléaire iranien ou via le fameux argument droit de l’Hommiste, ne fera pas oublier aux Iraniens le « crime » qui fut le sien dans les années 1980, et que les Français, toujours adeptes des euphémismes langagiers, appellent l’ « Affaire du sang contaminé ». L’ex-Premier ministre socialiste qui se targue d’avoir dressé les plus sérieuses entraves à un accord nucleaire entre l’Iran et l’Occident, qui est fier de servir de caisse de résonance aux intérêts de l’axe Riyad/Tel-Aviv, quand bien même cela irait à rebours des intérêts de la France, est,  rappelons-le, responsable de la contamination de 300 malades hémophiles iraniens par le virus VIH! Sur un total de 300 hémophiles, devenus ainsi séropositifs, 125 sont déjà décédés.

Il pourra tant qu’il le voudra se montrer soucieux des risques de prétendues dimensions militaires cachées du nucléaire iranien et réclamer qu’on châtie l’Iran pour la faute non commise, il n’empêche que M.Fabius est, lui-même, le « fautif » qui a échappé à la justice nationale et internationale par des combines dont seule la justice française a le secret !

Après près de 8 ans de relations tumultueuses irano-françaises, voilà M. Fabius intéressé par l’Iran…. Non pas qu’il veuille, à l’instar de ses pairs allemands, italiens, autrichiens, polonais et autres, mettre à profit l’ouverture créée dans la foulée de l’accord du 14 juillet. Non ! Loin s’ en faut… M Fabius,  les yeux si intensément tournés vers Tel-Aviv qu’il ne voit ni la France, ni son secteur industriel, ni son Peugeot, ni son  Renault, et encore moins son Total…

La presse libanaise donne Fabius investi d’une autre mission : Outre le fait de réitérer à ses hôtes iraniens la condition, sine qua non, à une reprise des liens Paris/Téhéran, qui est, évidemment la reconnaissance d’Israël, l’intéressé aurait trois noms à livrer aux Iraniens : Il s’agit, en effet, de trois candidats à la présidence, pour le moment vacante, du Liban. Le même Liban que la France a jeté en pâture aux hordes takfiries, là encore, pour plaire aux Al-e Saoud !

« Ad-Diyar » souligne que cette mission, ce sont les Saoudiens qui l’ont définie pour le patron de la diplomatie française, lequel voue, d’ailleurs, une haine incommensurable à une grosse partie de la population libanaise, pour cause de lien ou de sympathie envers le Hezbollah. Ainsi, tiraillé entre Tel-Aviv et Riyad, Laurent le contaminateur, n’aurait-il aucun temps à consacrer au pays dont il est le représentant ? …

Tant pis pour les entreprises françaises qui rongent, depuis 2013, leurs freins, pour retrouver leur place perdue sur le méga-marché iranien …Il est vrai que la France hollandaise a trop de sang yankee dans les veines pour être intéressée par autre chose que la vente d’armes aux Emirs du golfe Persique……

Message du 24/07/15

PADS- ALGERIE 

  Après l’attaque des groupes obscurantistes de Aïn Defla :   revenir sur les enseignements idéologiques et politiques  

 

L’attaque menée le 17 juillet, la veille de l’Aïd, dans la région de Aïn Defla contre des membres de l’ANP par les groupes terroristes de l’obscurantisme et qui s’est soldée par la mort en martyrs de 9 militaires, enfants du peuple, montre que l’existence persistante de ces groupes, actifs ou dormants, ne doit en aucun cas être sous-estimée.
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Le PADS s’incline à la mémoire des militaires tués dans leur combat contre la terreur obscurantiste. Il réitère sa condamnation des actes perpétrés par les hordes obscurantistes. Il appelle, pour déjouer leurs opérations criminelles, à la vigilance, à l’action organisée, au réarmement et à la reconstitution des groupes d’auto-défense populaires que le pouvoir a démantelés ces dernières années au nom de sa politique de « concorde ».

De rudes coups ont été portés à l’obscurantisme armé après sa tentative d’arriver au pouvoir durant les années 1990 en semant la terreur au sein du peuple. Il s’est retrouvé isolé au sein de la grande majorité du peuple à cause de ses massacres de masse. Mais son influence et ses dangereuses capacités d’action n’ont pas disparu et ne disparaîtront pas par la magie des discours sur une « bonne éducation » islamique et la « déradicalisation ». Ce nouveau thème  vient d’être emprunté par nos gouvernants à la propagande des Etats impérialistes. Pour ces Etats le « mauvais djihadiste » – qu’ils manipulent savamment- est celui qui tue sur leur sol  et le « bon » celui qui combat les régimes qui refusent de courber l’échine sous leur diktat. Le seul but de leurs appels à la « déradicalisation » est de cadrer vers les « bonnes cibles » les jeunes influencés et trompés par la propagande obscurantiste.

L’existence des groupes armés obscurantistes, la propagation dans de larges couches de la société algérienne d’une vision intolérante de l’Islam, qui alimente à son tour le recrutement d’individus fanatisés, sont liées à l’action ouverte ou souterraine de nombreuses forces sociales internes et externes qui défendent leurs intérêts économiques sociaux acquis par l’exploitation des travailleurs et le pillage des ressources du pays.

La politique de réconciliation, le dialogue officiel avec des chefs de l’obscurantisme qui se vantent d’avoir tué de jeunes soldats, entretiennent au sein des courants  obscurantistes l’espoir de reprendre leur revanche. Elles favorisent les attitudes opportunistes au sein d’une partie de la population qui hésite à les affronter adoptant une attitude de neutralité. La politique de « réconciliation » du pouvoir a été officiellement proclamée pour rétablir soi-disant la sécurité. En réalité son objectif de classe véritable a été de réaliser un nouvel arrangement entre courants bourgeois réactionnaires camouflés sous l’étendard de l’Islam les plus divers et courants dits « modernistes », arrangement traduisant les intérêts des différentes classes et couches sociales exploiteuses et affairistes mafieuses, enrichies par l’exploitation de la classe ouvrière, le commerce spéculatif, l’accaparement des biens de la nation, la corruption à grande échelle. Le fond de cette politique, dont l’application a été confiée à Bouteflika, a consisté à établir un climat de tranquillité leur permettant de jouir ensemble et « équitablement » des fruits du pillage des recettes des hydrocarbures, de la libéralisation de l’économie, de la privatisation des secteurs les plus juteux, de la redistribution des terres de la nation, des subventions et des crédits publics, de la monopolisation du commerce extérieur par des groupes privés de toutes obédiences idéologiques réactionnaires, de la mise au pas de la classe ouvrière et des travailleurs sous le « Pacte social » UGTA-Patronat-gouvernement.

Le poids des propagandistes réactionnaires qui instrumentalisent l’éducation religieuse, dans les écoles, les mosquées, et à travers des journaux à grand tirage, arabophones ou francophones, et des chaînes de télévision, pour diffuser au sein de la jeunesse l’irrationalisme, le fanatisme, l’intolérance, la violence contre les femmes et la haine. Ce travail idéologique ne rencontre aucune opposition du pouvoir, quand celui-ci ne le laisse pas sciemment se développer dans le cadre de sa stratégie de chantage et de « recours en dernière instance » contre le danger qu’il n’aura pas combattu jusqu’au bout. Le terrain favorable au recrutement dans les rangs des hordes terroristes est alimenté par la propagation en toute liberté de ces idéologies.

L’emprise idéologique de l’obscurantisme sur une partie de la société est également stimulée par des calculs politiciens, y compris de certains leaders de l’opposition dite démocratique qui ont promis durant leur campagne électorale de rétablir les chefs de l’obscurantisme dans la totalité de leurs « droits » politiques à la faveur d’une loi d’amnistie qui les lavent complètement de leurs crimes.

Les hordes obscurantistes sont encouragées à intensifier leurs actions criminelles par le soutien ouvert ou grossièrement masqué que les Etats impérialistes apportent partout dans les pays arabes et musulmans à ces courants pour qu’ils mettent à feu et à sang les pays de la région. Les Etats impérialistes appliquent différentes tactiques en même temps pour arriver à leurs fins. Ils créent et exploitent les prétextes en or pour justifier leur « devoir d’ingérence humanitaire et démocratique », comme ils l’ont fait en Libye, en Syrie, au Mali, etc. La récente déclaration de Sarkozy en Tunisie sur l’avenir de l’Algérie, dont selon lui l’Union européenne devrait s’occuper, son éloge de la stabilité du Maroc, où l’impérialisme français se sent chez lui, sont une expression éloquente de la tendance des chefs de l’impérialisme à souffler sur les braises de l’obscurantisme, à dresser les peuples les uns contre les autres, à créer des conflits à leurs frontières pour « légaliser » leurs interventions et s’emparer des richesses des pays de la région.

Les forces de l’obscurantisme ont également bénéficié du climat politique créé par  la propagande anti-syrienne menée depuis 4 ans par les journaux algériens auto-proclamés dits « démocratiques ». Ces journaux se sont servilement alignés sur les mensonges diffusés par les Etats impérialistes et leurs médias au point que les anti-impérialistes algériens les qualifient de journaux « otaniens ». Les mêmes éditorialistes qui critiquent la politique de « réconciliation » de Bouteflika, reprochent à Assad de ne pas la pratiquer en Syrie. Ils critiquent Bouteflika pour avoir affaibli la lutte contre le terrorisme mais ils traitent de criminel Assad pour la mener de façon implacable, contre Daech ou Front de Nosra, lequel a été loué par Fabius pour son « bon boulot ». Dans leur vison abstraite de la démocratie ou dictée par leur volonté de chercher pour leurs propres buts des appuis auprès des puissances impérialistes, ils ont fait passer les chacals pour des agneaux victimes de la terreur du régime. Ils innocentent à la fois les hordes obscurantistes, mensongèrement qualifiées de combattants de la démocratie et les Etats impérialistes ainsi que les monarchies qui les soutiennent et les financent pour réduire le pays en cendres. Les chefs, les conseillers, les commanditaires politiques de l’offensive obscurantiste se frottent les mains en constatant à quel point ces courants « démocratiques » ont contribué à semer la confusion sur la question syrienne et à affaiblir gravement en Algérie et dans le monde la solidarité avec les Syriens contre les monstres fabriqués par l’impérialisme et les monarchies du Golf.

Les courants obscurantistes tirent profit des entraves créés par le pouvoir à la mobilisation démocratique et indépendante des forces populaires. Il ne peut y avoir de lutte sérieuse et de processus irréversible pour neutraliser l’obscurantisme sans la reconnaissance du droit à s’organiser librement, sans l’abrogation de toutes les lois qui empêchent les masses de se doter de leur organisation hors de toute tutelle du régime.

La lutte contre l’influence, la diffusion, l’extension, l’instrumentalisation de l’obscurantisme est intimement liée à la lutte politique, idéologique et socio-économique contre l’exploitation capitaliste, le pillage impérialiste, source d’arriération économique, de paupérisation, d’inégalité de développement, de domination, de frustrations au sein des peuples des pays arabes et musulmans. Les exploiteurs internes ou externes de ces pays nourrissent les idéologies ultra-réactionnaires, obscurantistes, pour détourner la partie de la jeunesse subjuguée par ces idéologies et trompée du combat contre les racines économiques de l’exploitation: le système capitaliste-impérialiste mondial. Le système impérialiste est en proie à une crise sans fin. Les forces de l’obscurantisme sont pour lui une armée fasciste de réserve. Il les manipule et les téléguide en fonction de ses besoins tactiques. La lutte soi-disant « anti-terroriste » a pour finalité d’entretenir l’angoisse, d’affaiblir la mobilisation contre la bourgeoisie. En même temps cette armée de réserve agit pour semer le chaos dans les pays qui résistent à l’impérialisme, diviser à l’échelle mondiale et sur des bases religieuses les travailleurs et les peuples contre leur exploiteurs communs, leur interdire de réfléchir à la lutte pour le socialisme. Les classes et couches sociales exploiteuses et affairistes se sont enrichies à une échelle sans précédent à la faveur du climat instauré par la terreur obscurantiste et de la division que cette terreur a créée au sein des masses dans les années 1990. La réaction bourgeoise, quelles que soient ses couleurs idéologiques, obscurantistes ou « modernistes » n’hésitera pas un instant, quand ses intérêts sont sérieusement menacés, à mobiliser ces forces pour écraser l’aspiration des travailleurs au socialisme. Les institutions étatiques, les assemblées « élues » continuent à abriter des alliés et sympathisants des groupes armés. L’éradication définitive de toute force fasciste, en Algérie et dans le monde, nécessite non seulement l’élévation du niveau de conscience des masses populaires indispensable à l’isolement de ces groupes criminels, mais surtout l’élimination des rapports d’exploitation capitalistes, de domination économique de classe, l’instauration de la société socialiste, du pouvoir de la classe ouvrière et de ses alliés.

Le PADS considère que l’action consciente, organisée et indépendante de la classe ouvrière est la condition pour que se constituent autour d’elle et de son mouvement la mobilisation indispensable de toutes les forces populaires pour faire échouer les plans des commanditaires politico-idéologiques des actions criminelles des groupes armés obscurantistes visant à détourner l’attention des masses des nouveaux plans d’appauvrissement des masses populaires, d’accaparement des richesses du pays par les sociétés capitalistes étrangères et locales.

 PADS
 10 juillet 2015    


Solidarité avec le Kurdistan et la Syrie

Appel à mobilisation urgente pour condamner

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l’attentat de Suruc en Turquie !

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Des jeunes pleins d’espoir avaient pris la route pour participer,

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durant 6 jours, à la reconstruction de Kobané…

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Une conférence de presse tenue (le 20/07) par un groupe de 300 membres de la SGDF (Sosyalist Gençlik Dernekleri Federasyonu / Fédération des associations des jeunes socialistes) pour annoncer leur engagement dans la reconstruction de Kobané, ville Syrienne devenue le symbole de la résistance kurde face à DAESH, a été la cible d’une explosion sanglante dans la ville de Suruc, près de la frontière Syrienne, en Turquie. Le premier bilan du drame fait état d’une trentaine de morts et de plus d’une centaine de blessés.
Malgré une campagne active menée depuis plusieurs semaines et largement diffusée par la SGDF annonçant leur départ d’Istanbul pour la reconstruction de Kobanê, aucune mesure de sécurité particulière n’a été prise par les forces de sécurité turques.
Ce massacre vise à briser la solidarité internationale grandissante entre les peuples. Ce massacre vise notre liberté. Ce massacre vise notre humanité.
C’est pourquoi, nous lançons un appel massif à la presse et à l’opinion publique à condamner fermement ce massacre et d’exhorter l’Etat turc à ce que lumière et justice soient faites.

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Manifestation à Paris

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le Samedi 25 Juillet 2015

Place de la République à 14h

ACTIT

Association Culturelle des Travailleurs

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Immigrés de Turquie

 

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Plus d’info sur l’attentat à Suruc

 

Sur SOLYDAIRINFO :

 

https://solydairinfo.wordpress.com/2015/07/21/solidarite-avec-le-kurdistan-et-la-syrie/

 

 

Et  aussi sur  TML :

 

 https://tribunemlreypa.wordpress.com/2015/07/21/solidarite-avec-le-kurdistan-et-la-syrie/

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SURUC 1

 

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SURUC 2

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      » Un nouvel attentat barbare a été perpétré aujourd’hui (20/07/2015) à SURUC (Turquie) , face à Kobanê, faisant des dizaines de morts, essentiellement des jeunes de la Fédération de l’Association des Jeunes Socialistes ( SGDF) qui tenaient une conférence de presse pour annoncer leur engagement dans la reconstruction de Kobanê… »


Les Communistes et la nation

Le 7 juillet, Jean Jacques Candelier, Patrice Carvalho et Gaby Charroux, députés communistes, ont repris
notre appel pour proposer à l’Assemblée Nationale, un projet de loi pour un retrait de la France de l’OTAN.
Amitiés,
Claude Beaulieu, Comité Valmy

http://www.assemblee-nationale.fr/14/propositions/pion2939.asp


Yémen: Une Voix Dans Le Désert

https://thewallwillfall.wordpress.com/2015/07/11/yemen-une-voix-dans-le-desert/

“Le peuple yéménite n’est pas un mauvais peuple, ce sont de bonnes personnes. Ils veulent être respectés, ils veulent que leur souveraineté soit respectée. Nous ne menons aucune guerre, une guerre a été déclarée contre nous. Notre conflit était interne et il aurait du être réglé en interne”

Hanan al-Harazi, sa mère et sa fille de 8 ans ont fui le Yémen 10 jours après que les premières bombes ont commencé à déchirer les paysages de son pays bien-aimé. La fille de Hanan avait commencé à présenter les premiers signes du SSPT (Symptômes de Stress Post-Traumatiques) et, pour sa santé mentale, la famille a décidé de se scinder en deux, laissant le mari de Hanan au Yémen avec sa famille et ses deux frères. Hanan nous apporte une émouvante et puissante perception des événements qui ont conduit à la dévastation actuelle du Yémen aux mains de leurs oppresseurs saoudiens et de leurs alliés impérialistes.

Vanessa Beeley: Quand avez-vous quitté le Yémen?

Hanan al-Harazi: Je pense que nous étions encore au Yémen environ 10 jours après le début des bombardements, puis il y a eu une attaque à la roquette sur notre voisinage immédiat, très proche de l’endroit où nous vivions. Après cela, ma fille a développé une incontinence urinaire et une peur soudaine de tout bruit fort. Récemment, je l’ai cherché pendant plus d’une heure pour finalement la trouver cachée dans le placard parce qu’elle avait entendu un avion voler au-dessus du quartier. Il faudra des décennies pour effacer ce traumatisme de sa mémoire. Je ne peux même pas imaginer ce que les autres enfants encore au Yémen ont traversé après presque 103 jours de raids aériens continus. C’est dévastateur.

Vanessa: Quel âge a votre fille?

Reham, 8 years old.

Hanan: Elle aura 9 ans en Août. J’ai l’habitude de travailler dans une école donc je sais que les enfants ne sont pas capables de s’exprimer avec les mots comme le font les adultes. Je lui ai donné un morceau de papier et je lui ai dit d’écrire ses sentiments. La première chose qu’elle a écrite était ce qu’elle ressentait. C’était un crève-cœur pour moi de lire la douleur et la souffrance dans ces mots de bébé. Quelques jours plus tard, elle refait la même chose, tout ce qu’elle peut dessiner ou peindre sont des avions bombardant son pays, de tristes images. Je sais que le soleil représente quelque chose de vraiment positif dans la vie d’un enfant mais quand vous avez un enfant représentant un soleil pleurant avec un visage triste, il faut vraiment envoyer un message puissant au monde.

Nous avons eu la chance d’avoir des passeports étrangers qui signifiaient que nous pouvions quitter le Yémen. Personne ne délivre de visas aux ressortissants yéménites, ce qui signifie 23 millions de personnes emprisonnées à l’intérieur d’un pays bombardé sans pitié et sans distinction, avec un mépris complet pour les vies civiles.

Vanessa: Il y a des rapports qui établissent que plus de 80% de la population endure aujourd’hui une crise humanitaire. Est-ce un chiffre réaliste?

sanaa old cityHanan: Absolument! Il se développe une crise humanitaire catastrophique au Yémen. Ma crainte est que si le blocus n’est pas levé, nous allons assister à quelque chose d’horrible à tout point de vue. Vous parlez d’une population dont près de 60% vivent en dessous du seuil de pauvreté. Ils ne savent pas comment assurer leur prochain repas et encore, ça c’était quand leur monde était “ok” et pas encore en état de guerre. Je dois dire que les quelques personnes qui avaient un emploi l’ont perdu et les prix alimentaires ont flambé. La Capitale a peut être de meilleures installations que certaines régions périphériques mais même là, l’eau est maintenant contaminée et le coût de l’eau en bouteille a triplé. Je ne sais pas comment les gens font face.

La nourriture est toujours disponible dans les marchés mais les approvisionnements se font rares. Lorsque ces fournitures vont manquer, le Yémen va mourir de faim. Nous produisons très peu de nourriture au sein même du Yémen, la majorité des produits alimentaires est importée alors la circulation des marchandises est essentielle à notre survie. Le blocus fera en sorte que nous ne pourrons pas survivre. Il y a eu un petit flux d’aide par l’intermédiaire de certains groupes d’aides et des ONG mais il n’atteint les zones les plus durement touchées comme Aden, laissant des pans entiers du pays sans nourriture, sans eau ou installations médicales. Les effets cumulatifs seront épouvantables et la crise humanitaire va être dévastatrice.

Vanessa: Je suppose que l’Arabie Saoudite [comme l’a fait Israël dans la bande de Gaza] vise les infrastructures du Yémen afin de détruire la capacité civile de survivre à cet assaut.

Hanan: Oui absolument. Si vous regardez vers un passé récent, lors des événements de Amran et de Lahj, ils ont ciblé les marchés alimentaires et les marchés de bétail. Preuve supplémentaire de la détermination de la coalition à affamer le peuple du Yémen. Le bétail constitue une partie de notre production nationale minimale donc c’est une destruction délibérée de la capacité civile à survivre. Le film qui va sortir montre qu’ils ciblent des zones civiles, des écoles ont été touchées, des stades, des installations sportives, et ainsi de suite. Ils ont tout bombardé. Ils disent qu’ils ne ciblent que les centres militaires. Peut-être qu’au début, cela était vrai. Mais au cours des dernières semaines, nous avons vu des bombardements beaucoup plus aléatoires et intenses de sites civils.

Le mouvement Ansarullah est assez représentatif du tissu yéménite, de la société yéménite. Il ne porte pas de marques ou d’insignes pour se distinguer de la population locale, donc c’est au-delà du ridicule de dire qu’ils frappent seulement des cibles de Ansarullah dans une ville comme Sanaa, qui a une population de 3 millions de personnes. Le nombre de victimes civiles est beaucoup plus élevé que si les frappes atteignaient seulement les agents Ansarullah.

Vanessa: À votre avis existe-t-il une alternative pour résister à cette attaque du Yémen? Y a-t-il une option de reddition, de négociation?

Hanan: Ecoutez, je vais parler pour moi et pour beaucoup de gens au Yémen. La question de la souveraineté du Yémen a toujours été de la plus haute importance dans les esprits yéménites et cela a conduit à la révolution de 2011 pour se débarrasser de notre vieux dictateur Ali Abdallah Saleh, parce que nous savions qu’il était en grande partie une marionnette saoudienne. Il promouvait l’agenda de l’Arabie Saoudite au Yémen en lui donnant la priorité sur les intérêts du pays. Pendant ce temps, de nombreuses personnes ont perdu leurs moyens de subsistance ou leur vie et la plupart des grandes villes ont été touchées par la révolte, ont sombré dans un immobilisme pendant un certain temps.

Nous n’en sommes pas arrivés jusqu’ici pour voir un autre gouvernement fantoche saoudien en place au Yémen. Si cela continue, nous n’aurons plus d’identité. Le peuple yéménite n’est pas un mauvais peuple, ce sont de bonnes personnes. Ils veulent être respectés, ils veulent que leur souveraineté soit respectée. Nous ne menons aucune guerre, une guerre a été déclarée contre nous. Notre conflit était interne et il aurait du être réglé en interne.

Jamal Benomar, l’ancien émissaire de l’ONU pour la paix au Yémen a effectivement dit très ouvertement que les factions belligérantes étaient parvenues à un accord avant que la première bombe ne soit tombée. “Lorsque cette campagne a commencé, une chose qui est importante mais passée inaperçue est que les Yéménites étaient proches d’un accord qui pourrait instituer un partage du pouvoir avec toutes les parties, y compris les Houthis”, a déclaré le diplomate marocain, M. Benomar. Ainsi, il devient évident que nos aspirations sont sacrifiées sur l’autel de la cupidité et de l’ambition impérialiste.

Vanessa: Nous constatons cela dans toute la région, ces tentatives internes de réconciliation et d’entente, entravées par l’agenda impérialiste et leur propagande sectaire. De ce que vous dites, cela se passe aussi au Yémen?

Hanan: Je peux l’affirmer catégoriquement, il n’y a pas de conflit sectaire au Yémen. Ils ont tenté de déclencher une guerre sectaire au Yémen mais le Yémen est un pays où nous avions des sunnites shafi’ites et des chiites zaydites priant dans les mêmes mosquées pendant des centaines d’années. Nous sommes une société connue pour ses mariages entre ces deux cultes. En réalité, ils ont provoqué cette guerre territoriale lorsqu’ils ont décidé de diviser le Yémen dans un système de six états fédéraux. Nous sommes fatigués de les voir nous imposer leur programme et nous obliger à le mettre en œuvre.

J’ai vécu au Yémen pendant les 21 dernières années et je ne savais pas si mon voisin était un sunnite shafi’ite ou un chiite zaydite. Cela ne faisait pas partie de notre culture, nous ne nous le demandions jamais. Nous coexistions pacifiquement. Ce programme de balkanisation a été le début de l’ensemble du problème. Leur division a été entièrement mauvaise. Ils ont laissé certaines zones totalement isolées.

Le mouvement Ansarullah et le mouvement séparatiste du Sud étaient tous les deux en faveur d’un système d’état confédéral où le Yémen serait divisé en un Nord et un Sud existant dans un état fédéral. La plupart d’entre nous étaient d’accord avec ça.

Le Président Hadi [bien que je déteste l’appeler notre Président] a appuyé le programme saoudien du système à six états. Une autre chose que beaucoup de gens ne réalisent pas est que, quand ils ont divisé le pays avec le système à 6 état, ils ont délibérément isolé un état appelé Azal. Azal incorporait un grand nombre des bastions zaydites, Saada, Amran, Dhamar et Sanaa. Azal a été laissé sans ressources et sans aucun accès à la mer. C’était de façon flagrante de l’emprisonnement et de la répression sur ce que nous appellerions les «puissances traditionnels» dans cette zone. C’était une tentative délibérée d’affaiblir leur influence au Yémen.

Donc, le plan de Hadi aurait divisé le Yémen dans des états plus petits, plus sectaires tandis que le plan de Ansarullah était plus comme un retour aux frontières avant l’unité où le Sud aurait eu une plus grande autonomie sur ses propres affaires internes.

Vanessa: De quelle importance est la menace «extrémiste» au Yémen?

Hanan: Laissez-moi vous donner un exemple. La zone d’al-Jauf est composée de deux populations sunnites et chiites et c’est ainsi dans la zone de Marib et ailleurs. Les chiites zaydites et les sunnites shafi’ites sont deux cultes très modérés. Le peuple yéménite n’a aucune affiliation à la secte wahhabite d’Arabie Saoudite. Le wahhabisme est étranger au Yémen.

Nous voyons certaines zones dans le Sud, comme l’Hadramaout qui a été médiatisé ces derniers temps, dont certaines parties sont totalement sous le contrôle d’Al-Qaïda. Le plus drôle est que les bombes tombent exactement sur les personnes qui combattent ces extrémistes. Pas une seule bombe n’a été larguée sur les bastions extrémistes. Même s’ils savent que Al-Qaïda a le total contrôle d’al-Mukalla dans l’Hadramaout et du port maritime dans cette zone. Cela devrait poser un grand point d’interrogation sur leur véritable programme dans la région.

Les bombardements n’ont abouti qu’à une seule chose, qui est de renforcer davantage ces groupes extrémistes au Yémen. Je sais que dans les zones contrôlées par Ansarullah nous avons des comités populaires locaux en charge de la sécurité et ils ont travaillé sans relâche pour veiller à ce que les éléments extrémistes soient tenus à distance. Sur le champ de bataille leur progression a été immensément entravée à cause des frappes aériennes qui servent de couverture pour les extrémistes qui avancent.

Je ne sais pas s’il y a des combattants étrangers à l’heure actuelle. Je sais qu’il y a quelques saoudiens mais je ne suis pas au courant d’étrangers en provenance d’Afghanistan ou de Tchétchénie par exemple. Si les choses s’aggravent je crois que nous allons voir beaucoup plus de ces extrémistes entrer au Yémen via nos frontières, oui. En ce moment, les frontières du Nord sont sécurisées, à l’exception de Marib où il y a de violents combats en cours.

Vanessa: Quel soutien recevez-vous de l’Iran?

Hanan: Je ne crois pas que l’Iran joue un rôle actif. Ils soutiennent le Yémen dans une perspective médiatique uniquement. Je crois que “le soutien” de l’Iran est un stratagème de propagande pour justifier de frapper le Yémen. Cette guerre a été planifiée il y a longtemps, avant même que Ansarullah ne se déplace vers la capitale. Cela devient très suspect quand vous voyez un Président au pouvoir avec un groupe minoritaire quitter sa forteresse dans la pointe Nord du Yémen pour descendre vers la capitale, Sanaa, dans le centre du pays. Les villes du Nord tombent l’une après l’autre devant eux et le Président ne dit rien. Ensuite, tandis qu’ils parviennent à un accord qui était de l’Initiative du Partenariat pour la Paix, Hadi décide soudainement qu’il ne veut pas que Ansarullah ait une représentation, même marginale, au sein du gouvernement. Cela n’allait de toute évidence jamais être accepté, Ansarullah est une force de terrain qui devrait être considérée comme faisant partie de la coalition. Voilà d’où le conflit est originaire et quelle est la raison pour laquelle ils ont placé Hadi en résidence surveillée parce qu’il suivait les instructions saoudiennes. L’Arabie Saoudite était contre l’inclusion de Ansarullah dans le gouvernement du Yémen. C’est alors que Hadi a fui vers le Sud.

Mon point de vue personnel est que le plan a toujours été de faire fuir Hadi vers le Sud et de demander aux saoudiens de l’aide, laquelle a justifié leur bombardement du Nord du Yémen qui a toujours été le bastion zaydite et une épine dans leur pied. Ansarullah et l’armée ont découvert ce plan et ont bougé très rapidement vers le Sud et donc vous voyez ces bombardements se répandre dans toutes les zones, pas seulement dans le Nord.

Comme point final à l’analyse du rôle de l’Iran au Yémen; le Yémen est un Etat souverain et nous sommes libres d’avoir des liens bilatéraux avec qui que ce soit que nous choisissons. L’Arabie Saoudite voyait comme un problème le fait que le Yémen ouvrait environ douze vols par semaine vers l’Iran pour des raisons essentiellement bilatérales parce que le reste du monde s’était coupé du Yémen. Nous avons été sous l’influence de l’Arabie Saoudite sur, au moins, les 30 dernières années. Beaucoup diront que c’est beaucoup plus en raison de l’implication de l’Arabie Saoudite dans l’assassinat du président Ibrahim Al Hamdi qui fut probablement le meilleur Président que le Yémen ait jamais eu.

Les plus grands problèmes du Yémen sont de nature économique. L’Arabie Saoudite n’a jamais rien fait d’autre pour résoudre nos problèmes économiques que de mettre nos dirigeants sur leur tutelle salariale afin de détruire efficacement le pays. Il est presque impossible pour un yéménite d’obtenir un visa pour voyager, même aux Emirats Arabes Unis. Comment un pays peut prospérer quand il y a tant de restrictions sur ses habitants? Lorsque Ansarullah est arrivé au pouvoir, nos options ont été examinées et les relations bilatérales avec l’Iran ont été naturellement soumises à une enquête.

Vanessa: Il y a au Yémen un très fort sentiment d’isolement. Rien que la nuit dernière 180 civils yéménites ont encore été massacrés à Amran et Lahj et les médias le mentionnent à peine. Est-ce la façon dont vous le percevez?

Hanan: Oui. Cela remonte à des décennies et des décennies d’isolement. Permettez-moi de poser cette question au monde. Le gouvernement s’est effondré au Yémen en Septembre 2014. Pouvez-vous imaginer un pays qui a passé des mois et des mois sans un gouvernement en place, sans une force de police, sans armée, avec une population qui porte des armes et vit dans une pauvreté écrasante mais dont le taux de criminalité est inférieur à celui de pays de “premier plan” comme l’Amérique. Pourquoi ces gens se retrouvent isolés alors qu’ils ont cet inestimable respect de la vie humaine? Ils sont un exemple pour le monde.

Les informations sortent au compte-gouttes via l’internet, la chaîne Yémen-Today et la chaîne de Ansarullah, al-Masirah. Cela me fait mal que les gens semblent ignorer largement notre souffrance, surtout quand il est relativement facile de se renseigner de nos jours. Par exemple, le Yémen n’a pas eu de couverture médiatique concernant les armes internationalement interdites qui sont utilisées contre nous. Je sais que là où je travaille, la région a été gravement endommagée. Il y a une zone appelée Faj Attan, une zone civile densément peuplée avec des centres commerciaux, des milliers de maisons résidentielles, des écoles. Comment pouvez-vous utiliser ces armes de destruction massive dans un secteur comme celui-ci et être exemptés d’enquête?

Vanessa: Recevez vous de l’aide de la part du Sultanat d’Oman?

Hanan: Oman semble avoir pris une position neutre, pour laquelle je suis reconnaissante. La chose intéressante est que, environ un mois avant le début des bombardements, je lisais un rapport de l’Intérieur d’Oman déclarant qu’ils se préparaient à une crise de réfugiés. Ils parlaient de la possibilité de mettre en place des camps de réfugiés sur les frontières entre le Yémen et Oman. Ainsi, lorsque les premières bombes ont frappé à 01H30 alors que nous étions tous endormis, j’ai tout de suite su que tout cela avait été pré-planifié. Peut-être parce que Oman fait parti du Conseil de Coopération du Golfe [CCG] ils étaient informés que quelque chose se préparait contre le Yémen. Je sais que beaucoup de gens se sont envolés vers Oman pour un traitement, en particulier pendant les attentats suicide contre des mosquées au Yémen.

Vanessa: Comment est l’Internet au Yémen? De quelle quantité d’électricité ou d’autres sources d’énergie alternatives disposez vous?

Hanan: Les gens sont en difficulté, il n’y a pas d’énergie. Pouvez-vous imaginer un pays au 21ème siècle sans aucune énergie du tout? Beaucoup de gens ne se rendent pas compte qu’une grande partie de l’eau utilisée au Yémen est pompée à partir de réservoirs souterrains, nous avons donc besoin de carburant ou d’électricité pour permettre ce processus de pompage et nous ne disposons d’aucun des deux.

De ce que j’entends, l’électricité est disponible peut-être 40 minutes par semaine dans la capitale, Sanaa. Il y a d’autres zones dans le pays qui n’ont pas d’énergie du tout. Nous avons eu ces problèmes de “black out” même avant la guerre mais jamais à ce point. Oui, certains ont des générateurs mais les prix du carburant sur le marché noir sont écrasants.

Vanessa: Vous mentionnez des ADM (Armes de Destruction Massive). Je sais qu’il y a eu des rapports sur l’utilisation de bombes nucléaires. L’information émanant du Yémen est sommaire. Avez-vous plus d’informations ou de preuves de cette affirmation?

Hanan: Je sais que 2 des bombes qui ont été utilisées ont produit un nuage nucléaire de “type” champignon. Évidemment, les effets de toute radiation ne seront constatés qu’après un certain temps.

yemen cluster bombsMais même s’ils n’ont pas utilisé d’armes nucléaires… celles qu’ils utilisent n’en restent pas moins illégales et dévastatrices. Leur utilisation de bombes à fragmentation est bien documentée, certaines ont échoué à exploser et ont été photographiées sur le terrain. Ils ont utilisé des bombes à neutrons qui génèrent tellement de pression. Lorsque mon quartier a été attaqué dans les 10 premiers jours, j’ai senti la pression terrifiante d’une explosion pourtant relativement éloignée. J’ai ressenti dans mes oreilles la douleur des projections de pression durant plusieurs semaines.

Les Yéménites menaient une vie normale avant d’être soudainement jetés dans une zone de guerre, c’est déconcertant pour tout le monde. Mon mari a fait parti d’un réseau de distribution de nourriture pour les pauvres pendant le Ramadan. Il venait juste de partir livrer certains produits à quelqu’un dans le quartier. Deux minutes après il y eut des roquettes directement sur cette zone et ce pauvre homme qui ne savait même pas que son prochain repas arrivait, a été tué. Combien d’autres personnes doivent mourir stupidement pour servir un programme impérialiste?

Vanessa: Avez-vous une conception personnelle de ce qu’est ce programme impérialiste?

Hanan: Je ne pense pas qu’il est lié à l’Iran en dépit de la propagande pour dire le contraire. Je pense que nous payons cher le fait d’essayer de nous libérer de l’esclavage saoudien. Nous payons de notre liberté de nos vies.

On m’a dit qu’il y avait du pétrole et, plus important encore, des réserves de gaz dans al-Jawf, qui est une zone limitrophe de l’Arabie Saoudite et protégée par eux depuis des années. En 2011, lorsque les personnes sont descendues dans les rues pour réclamer une vie meilleure, le président Saleh a été forcé d’admettre l’existence de ces réserves au public pour la première fois. Donc, nous sommes maudits, nous sommes maudits parce que nous avons du pétrole et du gaz. Chaque pays qui a des ressources naturelles est maudit et devient une cible d’intervention impérialiste.

L’Arabie Saoudite a favorisé la corruption au Yémen depuis des décennies. Ansarullah était résolu à mettre fin à cette influence toxique sur nos dirigeants et cela aurait annulé la puissance de l’Arabie Saoudite au Yémen. Lorsque les premières bombes ont frappé, les cheikhs tribaux et les politiciens “vendus” ont été aperçus fuyant vers l’Arabie Saoudite.

Vanessa: Seriez-vous en mesure de vous attarder simplement sur la situation à Aden? Et également aborder la raison pour laquelle le Yémen est si important pour l’Arabie Saoudite.

Hanan: Aden est dépeint par les médias pro-agression comme étant une bataille pour la légitimité de Hadi. En 2011, Hadi était le seul choix viable pour combler la vacance du pouvoir. Six millions d’habitants du Nord ont voté pour lui tandis que le Sud a en fait boycotté les élections. Ce seul fait devrait contrer les revendications prétendant qu’il a la légitimité dans le Sud du Yémen.

A Aden ce qui se passe maintenant est que Hadi a regagné le Sud, mais il doit être clair que les gens d’Aden et de la région environnante ne sont pas pro Hadi, ils luttent aussi pour leur indépendance et ne soutiennent pas l’agression Saoudienne.

Si vous regardez une carte du Moyen-Orient, l’Arabie Saoudite est un pays enclavé. Son seul moyen d’accès vers le monde extérieur se fait via le détroit de Bab-el-Mandeb dans le Sud du Yémen et le détroit d’Ormuz, qui est contrôlé par l’Iran. Le Yémen n’a jamais tenté de bloquer ou d’entraver le mouvement à travers le détroit de Mandeb contrôlé par les yéménites. Pour être honnête, je ne pense même pas que le Yémen contrôle vraiment ce domaine, il est secrètement sous le contrôle des nations impérialistes. L’Arabie Saoudite connait beaucoup d’agitations internes et écrase brutalement sa propre opposition interne. Nous ne tenterions jamais d’intervenir dans les affaires internes saoudiennes mais je crois qu’ils craignent un Yémen fort. Avec notre nouvelle constitution affirmant clairement que les dirigeants ne peuvent avoir que deux mandats au pouvoir, nous serions la seule république dans le bloc du CCG. Pour l’ Arabie Saoudite, qui est un régime despotique, notre évolution pourrait menacer la stabilité de leurs familles régnantes.

Vanessa: Quel est le message que vous souhaitez transmettre au monde extérieur?

Hanan: Mon espoir en ce moment, à part un miracle de Dieu, est qu’il y ait plus de bonnes personnes que de mauvaises dans ce monde et je souhaite que nous puissions aller vers elles et leur dire, aujourd’hui, c’est moi, demain, ça sera vous.

Nous voulons juste survivre, nous voulons vivre. Le Yémen n’est pas le pays que l’on vous décrit. Nous ne sommes pas des terroristes. Nous sommes fiers de notre culture. Nous sommes un peuple pacifique. Le Yémen est l’un des pays les plus beaux et diversifiés dans le monde. Nous sommes dépeints comme des sauvages par des médias qui soutiennent le saccage de notre terre.

Je dois aussi dire que je respecte Ansarullah pour leur sagesse et leur retenue, surtout quand nos mosquées ont été attaquées. Des mosquées qui peuvent avoir été construites par des zaydites mais qui accueillent toutes les sectes pour leur culte. Ansarullah a publié une déclaration demandant aux gens de ne pas se laisser entraîner dans la conspiration étrangère pour enflammer les divisions sectaires. Je pense qu’ils représentent véritablement des millions de yéménites qui luttent pour l’autodétermination et la reconnaissance en tant que nation souveraine.

Capituler n’est pas une option alors que notre propre processus de paix interne est compromis par une agression extérieure. L’Arabie Saoudite n’a pas réussi à envoyer des troupes au sol et ils tentent de nous bombarder jusqu’à la soumission. Ils voient que cela ne réussira pas alors ils ont maintenant imposé ce blocus brutal, atroce, cruel, vicieux sur le Yémen dans l’espoir que le peuple yéménite se retourne contre ceux qui combattent les envahisseurs saoudiens. Je suis fière de la solidarité que les gens de mon peuple ont montré les uns envers les autres. Même dans une situation comme celle-ci où ils ont si peu de ressources, ils prennent toujours soin de leurs voisins. Nous sommes des êtres humains et nous avons le droit à une vie décente.

Le Yémen est loin d’être parfait, mais aucun pays dans ce monde n’est parfait. Nous ne menons pas cette guerre, nous n’avons pas déclaré cette guerre. Sur les 40 premiers jours de l’offensive saoudienne, le Yémen n’a pas tiré une seule balle vers l’Arabie Saoudite. C’est de l’hypocrisie crasse de l’Arabie Saoudite de nous qualifier d’agresseurs. Cela a toujours été le contraire, l’Arabie Saoudite a toujours envoyé ses éléments les plus vils dans mon pays et essayé de répandre son idéologie wahhabite dégoûtante. Que l’on soit zaydite ou shafi’ite nous n’adopterons jamais cette version déformée, tordue et affreuse de l’Islam.

Hands off Yemen

Je voudrais même aller encore plus loin et dire que le Yémen a le potentiel pour être un modèle pour une véritable démocratie dans le Moyen-Orient. Il y a 25 millions de personnes qui appellent le Yémen, leur maison. Nous demandons simplement à être laissé en Paix. Est-ce trop demander?

Traduction:  Rochelle Cohen