Charlie Hebdo : la contre-révolution de couleur à la française

(Alerta Roja) Ernesto BUSTOS

Attentats en France : toutes mes condoléances aux familles des victimes et mon rejet du terrorisme qui tue des innocents. Mais a-t-on le droit de douter de la version gouvernementale qui nous est rabâchée mille et une fois à la télé et dans tous les médias mainstream français et internationaux sur les faits eux-mêmes ?

Malgré avoir suivi les événements en direct et avec attention sur la chaine en ligne de TV France 24, je n’ai jamais vu une seule image des frères Kouachi, sauf d’archives. Dans les images de la tuerie chez Charlie Hebdo d’une extrême violence et curieusement magistralement filmées puis diffusées depuis le toit de la maison d’édition, on ne voit que deux hommes cagoulés méconnaissables, mais du point de vue militaire extrêmement bien entrainés. Suit la cavale et la mise à mort. Mais malgré qu’il serait normal que les forces de l’ordre filment l’opération, nous n’avons là non plus aucune image, pas même des frères Kouachi morts sur les lieux, pendant qu’à la télé on nous reconstitue l’opération militaire avec une simulation informatique pour narrer les faits. De plus, il faut rappeler que mise à part les rares témoignages douteux, la seule preuve que l’ont aurait de la culpabilité des suspects de l’attentat est qu’ils auraient oublié leurs cartes d’identité dans la voiture avec laquelle ils auraient commis le massacre.

Il ne fait aucun doute que des journalistes et caricaturistes sont morts, un crime horrible a été commis, mais par qui ? Même si les auteurs matériels étaient les frères Kouachi, et peut-être ne le sont-ils pas, qui sont les auteurs intellectuels ? Je ne crois pas un mot des paroles de Valls qui s’excuse pour une déficience de la sécurité nationale. Les États-Unis annoncent, après les faits bien-sûr, que les frères Kouachi étaient sur leur liste de terroristes et informent le gouvernement français que le petit frère aurait voyagé au Yémen pour s’entrainer avec Al-Qaeda, alors que les autorités françaises n’ont enregistré aucun mouvement migratoire… merci Obama, maintenant que tu le dis c’est un fait incontestable et même si hier on n’en savait rien, aujourd’hui c’est une preuve supplémentaire incontestable que l’on nous répètera tous les jours à la télé pour expliquer comment deux pauvres gars paumés de banlieue se sont convertis en les assassins les plus détestés de France.

J’ai vraiment l’impression d’assister à une contre-révolution de couleur. Pour ceux que ne connaissent pas ce terme, il existe des manuels de la CIA très bien rodés historiquement sur comment renverser un gouvernement : Il faut en premier lieu un événement atroce ou terrible qui indigne la population. Il faut faire couler le sang et il faut des morts, suivi ensuite d’une immense propagande médiatique, où on nous présente les coupables et tant qu’à faire les solutions, et où sont organisés des gigantesques mobilisations populaires apparemment spontanées mais finalement très bien encadrées. Depuis le premier jour des citoyens indignés brandissent des affiches noires « Je suis Charlie » à Paris, en France comme à Washington, à New York, ou au Canada et dans de nombreux autres pays.

En même temps que les médias à l’unisson convoquent à des manifestations pour défendre la liberté d’expression et que notre médiocre président Hollande nous affirme que l’objectif des terroristes est de détruire la liberté d’expression et la démocratie – le modèle occidental, colonialiste et capitaliste -, dans ces mêmes médias on assiste à des débats qui font appel à nos émotions, qui nous expliquent que les guerres à l’étranger menées par la France en Afrique et Moyen orient sont arrivées jusqu’à chez nous, qu’il y a dorénavant un avant et un après attentat du 07/01, la France est en guerre… et en même temps que l’on marche pour la liberté d’expression, nous devrons renoncer aux libertés fondamentales citoyennes au nom de la sécurité, sans oublier un grand merci à nouveau à Obama, spécialiste en tortures et sécurité nationale. Aura-t-on bientôt une version française de la loi patriote des États-Unis qui a mis fin à de nombreuses libertés collectives et individuelles ?

Profiteront-ils de la situation avec cette énorme opération de relations publiques pro état-unis pour nous imposer le traité transatlantique TTIP ? Pourquoi les médias stigmatisent-ils cyniquement les jeunes franco-arabes de banlieue qui selon eux seraient tous des terroristes potentiels ? A quoi rime les appels à témoin de la terroriste la plus recherchée de France : Hayat Boumeddiene ? On nous montre sa photo dans tous les médias mais immédiatement après on nous dit qu’elle porte un voile intégrale ? Suivi d’informations turques qui affirmeraient qu’elle aurait déjà traversée la frontière syrienne. C’est quoi ce figurisme ?

Il ne fait plus aucun doute pour moi que nos autorités ont un agenda politique autoritaire qui suit ces attentats, et que la France expérimente une contre-révolution de couleur. Normalement, les révolutions de couleurs ont pour but de renverser un gouvernement, comme les guarimbas au Venezuela, mais en cette occasion nous vivons ce même processus mais à l’envers. L’objectif est de renforcer l’autorité du gouvernement et rendre possible la concrétisation de projets politiques qui normalement seraient rejetés par l’opinion publique française.

Ernesto Bustos / 11.01.2015
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Je ne suis pas Charlie. Je suis Syrien

Jean-Claude Antakli

dimanche 11 janvier 2015, par Comité Valmy

Je ne suis pas Charlie. Je suis Syrien.

Je ne suis pas Charlie, mais je suis Syrien depuis 4 ans, soit 48 mois.

Je ne cherche pas la provocation, je cherche le pourquoi ?

Je ne cherche pas l’originalité, mais je dois répondre à l’enfant syrien.

Il m’a écrit hier ceci : on a tué mon père, on a tué ma mère, on a tué ma sœur.

Et personne en France n’a parlé de mon père, ni de ma mère, ni de ma sœur.

Pourquoi ne m’a-t-on pas appris à dessiner !

Je ne suis pas Charlie, mais nous sommes cent cinquante mille syriens.

Victimes de cent cinquante mille Mohamed Merah, Kouachi, Kardawi et compagnies.

J’ai répondu à cet enfant que l’Occident était aussi coupable que l’Orient.

Je n’ai pas pu lui promettre un monde meilleur, car sa famille était ce monde meilleur.

Je lui ai dit que j’étais comme son papa, un syrien.

Un Syrien qui avait choisi la France à vingt ans.

Un Syrien qui pleure sur la Syrie, un Syrien qui pleure sur Charlie.

Un Syrien qui veut la vérité, un Français qui dénonce les responsabilités.

Oui je pleure sur la France avec les mêmes larmes, qui sont syriennes.

Depuis 40 ans je n’ai cessé d’écrire, aux grands d’Occident et d’Orient.

Voix dans le désert, et dans cette Eglise de France qui n’a que le nom !

Il y a 10 ans dans une lettre ouverte à Dominique de Villepin 1er Ministre.

Je le mettais en garde contre la libanisation de notre société française.

Aujourd’hui, c’est trop tard, et je pleure sur les familles de Charlie.

Pourtant que la montagne est belle, comment peut-on imaginer

En voyant un vol d’hirondelles que les Printemps arabes sont arrivés !

Quand on voit que ce sont les vautours qui sont arrivés.

On comprendra que la guerre ne fait que commencer.

Oui je suis syrien depuis toujours, oui je suis français de tout cœur.

Les mots, les indignations, les émotions, les défilés vrais ou faux,

n’effaceront jamais l’ignominie, les mensonges, les convoitises et les trahisons !

Il est venu le temps de la Révolution, de la liberté, de la vraie fraternité.

Il est venu le temps de dire aux anciens prédicateurs de la politique ou de la religion :

Dégagez, laissez la place aux jeunes, ils sont capables de vous surpasser….

JCA

***


Un scandale ! Pas un seul général dans la rue dimanche pour honorer Charlie Hebdo.

François Hollande et Manuel Valls qui laissent crever la presse d’opinion, Nicolas Sarkozy qui confia France Inter à Philippe Val pour qu’il en expulse trois humoristes, Angela Merkel qui étrangle la Grèce, Benjamin Netanyahu (no comment), participent à la « marche républicaine » dimanche à Paris pour Charlie Hebdo. Marine Le Pen, dont le parti fit plus de dix procès à Charlie Hebdo enrage de ne pas en être.

Il y aura aussi l’Espagnol Mariano Rajoy qui vient de faire voter des lois liberticides les plus brutales d’Europe, le président ukrainien Petro Porochenko (« Bal tragique à Odessa : 41 morts ») sans ses ministres nazis et sans son formulaire pour s’inscrire à l’OTAN (une école de dessin).

Ah ! cette immense messe en plein air dans une inédite communion nationale : il n’y a pas de partis, pas de religions, pas de riches, pas de pauvres, pas d’ouvriers, pas de banquiers, pas de pacifistes, pas de va-t-en guerre, pas de chômeurs, pas de milliardaires, pas de journaux bourrés de thunes et de journaux de gauche qui crèvent ou qui se vendent au CAC40, seulement des Français.

La farandole fraternelle des pompiers et des pyromanes, main dans la main, dans la forêt.
La mascarade serait parfaite (pas vrai, Cabu ?) s’il y avait des généraux en uniforme. Il faudra se contenter de 5.500 policiers et militaires.

Willem a déclaré « vomir sur ceux qui, subitement, disent être nos amis… ». LGS aussi, qui a durement polémiqué naguère avec un Charlie Hebdo debout et qui ne va pas, lui, l’embrasser de force, aujourd’hui.

Théophraste R. (On peut pleurer de tout, mais pas avec n’importe qui).

PS. Achète éventail pour éloigner les mouches bleues.


Trois bourreaux du peuple palestinien à Paris le 11 janvier : quelle honte !

Communiqué de l’UJFP du 11 janvier 2015

Benjamin Nétanyahou, Avigdor Lieberman et Naftali Bennett représenteront le 11 janvier l’Etat d’Israël à la grande manifestation européenne de riposte aux fusillades contre Charlie Hebdo et contre le magasin casher à Paris. Ces trois personnages sont des criminels de guerre qui relèvent de la Cour Pénale Internationale pour les meurtres de masse commis à Gaza et ailleurs.

Ce sont trois sinistres artisans de la volonté d’Israël d’écraser le peuple palestinien : Nétanyahou, le dirigeant des massacres à Gaza, Lieberman et Bennett, deux ministres colons, l’un prévoit l’expulsion de tous les Palestiniens, y compris ceux qui vivent en Israël et l’autre se vante d’avoir tué des Palestiniens.

Ce qui est tout aussi grave, c’est la signification que leur présence confirme, concernant la nature de cette manifestation.

C’est pourquoi nous exhortons les diverses associations amies du peuple palestinien qui comptent se rendre à cette manifestation à reconsidérer leur décision.

La manifestation devait être soi-disant « d’unité nationale » contre le terrorisme et pour la liberté d’expression.

Elle sera en réalité une représentation des « valeurs du monde civilisé occidental » contre les « menaces terroristes du monde arabo-musulman », une manifestation bien dans la tonalité du « choc des civilisations » qui d’après nos gouvernants, même quand ils se défendent de diffuser ce point de vue, régit le monde actuel.

En fin de compte tous ceux qui souhaitaient manifester demain leur solidarité avec les victimes de ces terribles attentats et pensaient sincèrement montrer une société française unie contre le crime, se sont fait confisquer leur manifestation par les organisateurs autoproclamés d’une grande messe de « l’Axe du Bien » : le gouvernement, ses amis et tous ses concurrents de droite – hormis le Front National, dont l’idéologie n’a nul besoin d’invitation pour prospérer. Les grands alliés internationaux seront présents : ces mêmes représentants d’État dont les politiques contre les peuples ont permis l’apparition du terrorisme djihadiste, les courants islamophobes, les amis de l’État d’Israël et bien sûr les représentants de cet État.

Quant aux populations dangereuses, postcoloniales, jeunes, éventuellement porteuses de signes ostentatoires musulmans, elles subiront le dispositif de contrôle renforcé dans la période qui s’ouvre. Nous ne pouvons oublier qu’à tous ceux-là les manifestations de solidarité et la liberté d’expression ont été interdites, l’été dernier, pendant l’opération « Bordure de protection » menée contre Gaza par les trois invités israéliens de demain.

Les représentants d’Israël ont commencé à faire de grands appels à la population juive française, soi-disant victime d’un déferlement antisémite sans précédent, pour qu’elle émigre en Israël, pays « de grande liberté ». Une fois de plus, les dirigeants israéliens mettent sciemment en danger les Juifs français par la peur et l’incitation au départ.

Le Bureau National de l’UJFP
le 11 janvier 2015

http://www.ujfp.org/

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Syrie & cas Charlie Hebdo: l’hypocrisie de l’élite politique occidentale encore et toujours

Mikhail Gamandiy-Egorov, Ria Novosti, 9 janvier 2015

L’attaque terroriste contre le bureau parisien de l’hebdomadaire « satirique » Charlie Hebdo a démontré plusieurs choses. Tout d’abord que le terrorisme cela concerne absolument tout le monde, sans exceptions. Et qu’il peut frapper à tout moment et n’importe où.

Le terrorisme ce n’est pas seulement en Syrie ou en Irak. L’Occident politique qui trop longtemps a non seulement sympathisé envers les terroristes wahhabites qui tuent, violent et massacrent au sein de grands centres civilisationnels que sont la Syrie et l’Irak, mais les a également activement soutenu (et soutient toujours), aujourd’hui malheureusement pour lui, en paie les frais.

En effet, à l’heure où au Moyen-Orient, la digne nation syrienne, via son leader, son peuple et son armée, mène une lutte acharnée contre des extrémistes criminels sans éducation quelconque, les chefs d’Etats occidentaux, y compris européens, soutiennent ouvertement les mêmes barbares qui sont prêts à frapper à tout moment n’importe quelle nation, y compris ces mêmes pays occidentaux, dont bien souvent ces barbares sont citoyens, y compris ceux de souche.

Pourquoi n’avoir pas soutenu dès le début de la crise syrienne le gouvernement légitime de Damas et ne l’avoir pas aidé à en finir avec la vermine terroriste? Pourquoi ne pas avoir à l’instar de la Russie, de la Chine et de l’Iran, cherché à résoudre la crise par des moyens diplomatiques et non pas par des menaces d’attaque armée à l’encontre du gouvernement légitime syrien, soutenu par l’écrasante majorité des citoyens de la Syrie? Pourquoi avoir laissé des délinquants et criminels en tout genre (dont bien nombreux sont leurs propres citoyens) se déplacer librement en Syrie pour commettre de véritables crimes contre l’humanité, aussi bien contre les militaires de l’Armée arabe syrienne, qu’à l’encontre de la population civile de la Syrie baathiste, multiethnique et multiconfessionnelle, sans oublier les massacres des journalistes, locaux comme étrangers?

Fait incroyable et pourtant vrai, les pseudo-spécialistes du monde occidental, et ce après tous les massacres barbares commis, poursuivent leur propagande de la folie. Lors de diverses discussions télévisées, y compris sur Euronews, en discutant de la politique à adopter à l’encontre des « jeunes gens » partis faire le « Djihad » en Syrie et en Irak, ils affirment sans vergogne qu’au lieu de parler des mesures punitives à l’encontre de ces jeunes terroristes, qu’il faut au contraire trouver la « bonne approche » afin de les faire « réintégrer » dans les sociétés européennes dont ils sont issus… Sans commentaires.

Si ce n’est qu’il reste à espérer que l’Armée arabe syrienne avec ses alliés réussira à éradiquer massivement les parasites en question, afin que non seulement ces derniers ne puissent pas refaire leurs exactions sur les territoires de grandes civilisations arabes, mais également dans les pays de leur citoyenneté. Il serait peut-être aussi bon d’en finir avec la langue de bois et l’hypocrisie ambiante de l’Occident pour parler de « démocratie et des droits de l’homme en faveur » de la Syrie. Petit rappel à certains, la démocratie c’est la voix du peuple. La voix de la majorité. Et puisque le digne peuple syrien soutient en très grande majorité le président Bachar al-Assad, il serait peut-être temps d’apprendre à respecter le choix du peuple syrien, sa souveraineté et son indépendance. Bien que cela soit pratiquement inimaginable de la part des Obama, Cameron, Merkel, Hollande & Co. (notamment leurs « amis » d’Arabie Saoudite et du Qatar, des grands exemples de « démocratie », eux aussi).

© REUTERS Handout via Reuters TV

Pour revenir à Charlie Hebdo, le terrorisme reste le terrorisme. Et absolument rien ne peut le justifier. Bien que le média en lui-même ne représentait et ne représente pas grand-chose. Un « média » de pure provocation, certains diront même extrémiste, qui de par sa tradition a bien souvent insulté les croyances religieuses des gens, qu’ils soient chrétiens ou musulmans. Et à chaque mauvaise et encore plus mauvaise occasion, surtout lorsqu’il approchait la faillite pure et simple, il ne trouvait rien de mieux que de se faire de la publicité à travers des moyens ouvertement sales. Oui, c’est le mot juste. Et je dois vous avouer qu’entre des manifestations à l’occidental de soutien audit hebdomadaire ou des manifestations hyper-agressives dans certains pays musulmans contre ledit journal, je ne soutiens ni les uns, ni les autres. De loin, je préfère l’exemple de nos alliés brésiliens du BRICS qui ont organisé il y a quelques temps de cela une manifestation d’opposition aux « caricatures » extrémistes de Charlie Hebdo, ayant massivement réuni côte à côte catholiques et musulmans du Brésil, tout en exprimant leur ferme opposition à l’extrémisme et au terrorisme sous quelque forme que ce soit.

Pour finir, nos sincères condoléances à toutes les victimes du terrorisme, en Syrie, en Irak, en Libye, au Mali, au Nigeria, au Cameroun, en France et partout dans le monde. Et nos vœux sincères pour les élites occidentales, en cette nouvelle année qui vient de débuter, d’ouvrir les yeux sur les conséquences de leur politique chaotique aussi bien au Moyen-Orient que dans leurs propres pays. C’est sûr que le sang des soldats et civils syriens représente bien peu, sinon rien, pour ces « élites » hypocrites, néanmoins lorsque le même mal frappe leurs propres citoyens, il serait peut-être temps de cesser de jouer aux pompiers pyromanes, qu’ils sont incontestablement.


Hypocrisie de la « Liberté d’expression » à la suite de l’attaque contre Charlie Hebdo

Texte publié par le WORLD SOCIALIST WEB SITE

9 janvier 2015

L’attaque sur les bureaux de la rédaction de Charlie Hebdo a choqué le public, qui est horrifié par la mort violente de 12 personnes dans le centre de Paris. Les images vidéo, vues par des millions de personnes, d’hommes tirant  avec leurs armes et  tuant un policier déjà blessé ont communiqué aux événements de mercredi une extraordinaire actualité.

Au lendemain de la fusillade, l’État et les médias cherchent à exploiter la peur et la confusion du public. Une fois de plus, la faillite politique et le caractère essentiellement réactionnaire du terrorisme sont exposés .Il sert les intérêts de l’État, qui utilise l’occasion offerte par les terroristes pour susciter un soutien à  l’autoritarisme et au militarisme. En 2003, lorsque l’administration Bush a envahi l’Iraq, l’opposition populaire française  était si écrasante que le gouvernement dirigé par le Président Jacques Chirac a été contraint de s’opposer à la guerre, même face à d’énormes pressions politiques des États-Unis. Maintenant, 12 ans plus tard, comme le Président François Hollande s’efforce de transformer la France en allié principal des États-Unis dans la « guerre contre le terrorisme », l’attentat de Paris joue en sa faveur.

Dans ses efforts, Hollande peut compter sur les médias, qui dans de telles circonstances, dirigent toutes leurs énergies vers la manipulation émotionnelle et la désorientation politique du public. Les médias capitalistes, combinant habilement la suppression d’information avec des demi-vérités et des mensonges éhontés, élaborent un récit qui est calculé pour faire appel  non seulement aux plus vils instincts du large public, mais aussi à ses sentiments démocratiques et idéalistes.

Dans toute l’Europe et aux États-Unis, il est proclamé  que l’attaque sur le magazine Charlie Hebdo était une atteinte à la liberté de la presse et au droit inaliénable des journalistes dans une société démocratique de s’exprimer sans perte de liberté ou de crainte pour leur vie. La mise à mort des dessinateurs et journalistes de Charlie Hebdo est présentée comme un attaque des principes de la liberté d’expression qui sont, soi-disant, si aimés en Europe et aux États-Unis. L’attaque de Charlie Hebdo est, ainsi, présentée comme un autre outrage par des musulmans qui ne peuvent tolérer les « libertés » occidentales. De là doit être tirée la conclusion que la « guerre contre la terreur »— c’est à dire l’assaut impérialiste sur le Moyen-Orient, l’Asie centrale et le Nord et l’Afrique centrale — est une nécessité incontournable.

Au milieu de cette orgie d’hypocrisie démocratique, aucune référence n’est faite au fait que l’armée étasunienne, dans le cadre de ses guerres au Moyen-Orient, est responsable de la mort d’au moins 15 journalistes. Dans le récit en cours de  » La liberté de parole attaquée », il n’y a pas place pour la moindre mention de l’attaque d’un missile air-sol de 2003 sur les bureaux d’Al Jazeera à Bagdad qui a fait trois journalistes morts et quatre blessés.

Rien non plus d’écrit ou de dit au sujet de l’assassinat en  juillet 2007 de deux journalistes de Reuters à Bagdad, le  photographe Namir Noor-Eldeen et son chauffeur Saeed Chmagh. Les deux hommes ont été délibérément pris pour cible par des hélicoptères de combat US Apache alors qu’ils travaillaient à l’est de Bagdad. Le public américain et international a d’abord été en mesure de voir  une vidéo de l’assassinat de sang froid des deux journalistes ainsi que d’un groupe d’Irakiens — tués par le même appareil — à la suite de la diffusion  par  WikiLeaks de documents classifiés qu’ils avaient obtenu d’un soldat américain, le caporal Bradley Chelsea Manning.

Et comment les États-Unis et l’Europe ont-ils agi pour protéger l’exercice de la liberté d’expression de WikiLeaks ? Julian Assange, le fondateur et l’éditeur de WikiLeaks, a été soumis à une persécution implacable. Des leaders  politiques et des personnalités des médias aux États-Unis et au Canada ont dénoncé comme un « terroriste » et exigé son arrestation, avec certains même appelant publiquement à son meurtre. Assange est poursuivi  sous une inculpation de « viol » frauduleuse concoctée par les services de renseignement américain et suédois. Il a été contraint de chercher refuge dans l’ambassade équatorienne à Londres, qui est sous la garde constante de la police britannique qui saisira Assange s’il sort de l’ambassade. Quant à Chelsea Manning, elle est actuellement en prison, et purge une peine de 35 ans pour trahison.

Voilà comment les grandes capitalistes « démocraties » d’Europe et d’Amérique du Nord ont démontré leur attachement à la liberté d’expression et la sécurité des journalistes !

Le récit hypocrite et malhonnête filé par l’État et les médias exige que Charlie Hebdo et ses caricaturistes et journalistes assassinés soient  présentés  comme des martyrs de la liberté d’expression et des représentants d’une tradition démocratique vénérée du journalisme iconoclaste percutant.

Dans une chronique publiée mercredi dans le Financial Times, l’historien libéral Simon Schama place Charlie Hebdo dans une glorieuse tradition d’irrévérence journalistique qui « est la pierre angulaire de la liberté. » Il rappelle les grandes satiristes européens entre les XVIe et XIXe siècles  qui soumettaient les grands et les puissants à leur mépris cinglant. Parmi leurs cibles illustres, nous rappelle Schama, se trouvaient le brutal duc d’Albe, qui, dans les années 1500, a noyé la lutte néerlandaise pour la liberté dans le sang ; le « Roi soleil » français, Louis XIV ; le premier ministre Britannique William Pitt ; et le Prince de Galles. « Satire », écrit Schama, « devint l’oxygène de la politique, faisant souffler de sains hurlements  de dérision dans les cafés et tavernes où les caricatures circulaient chaque jour et chaque semaine ».

Schama place Charlie Hebdo dans une tradition à laquelle il n’appartient pas. Tous les grands satiristes auxquels se réfère Schama étaient des représentants d’un éveil démocratique qui ont dirigé leur mépris contre les défenseurs puissants et corrompus des privilèges aristocratiques. Dans ses représentations dégradantes sans relâche des musulmans, Charlie Hebdo a raillé les pauvres et les faibles.

Pour parler franchement et honnêtement le caractère sordide, cynique et dégradé de Charlie Hebdo ne doit pas fermer les yeux sur l’assassinat de son personnel. Mais quand le slogan « Je suis Charlie » est adopté et fortement encouragé par les médias comme le slogan des manifestations de protestation, ceux qui n’ont pas été submergés par la propagande d’État et de médias sont obligés de répondre: « nous sommes opposés à l’agression violente sur le magazine, mais nous ne sommes pas — et n’avons rien en commun avec — « Charlie ». »

Les Marxistes ne sont pas étrangers à la lutte pour surmonter l’influence de la religion parmi les masses. Mais ils mènent ce combat en comprenant  que la foi religieuse est soutenue par des conditions d’adversité et de misère désespérée. La religion ne doit pas  être moquée, mais comprise et critiquée comme Karl Marx l’a comprise et critiquée :

« La détresse religieuse est, pour une part, l’expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple.

L’abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l’exigence que formule son bonheur réel. Exiger qu’il renonce à une situation illusoire, c’est exiger qu’il renonce à une situation qui a besoin d’illusions.

La critique de la religion est donc dans son germe, la critique de la vallée des larmes, dont l’auréole est la religion. La critique de la religion détruit les illusions de l’homme pour qu’il pense, agisse et façonne sa réalité comme un homme sans illusions parvenu à l’âge de raison, pour qu’il gravite autour de lui-même, c’est à dire autour de son soleil réel. La religion n’est que le soleil illusoire qui gravite autour de l’homme tant que l’homme ne gravite pas autour de lui-même »

Marx. Critique de la philosophie du droit de Hegel. 1843.

On n’a qu’à lire ces mots pour voir le gouffre intellectuel et moral qui sépare le marxisme du milieu malsain du cynisme politique ex-gauche qui a trouvé son expression dans Charlie Hebdo. Il n’y a rien eu d’instructif, et encore moins d’édifiant, dans leur dénigrement puéril et souvent obscène de la religion musulmane et de ses traditions.

Les caricatures antimusulmanes cyniquement provocatrices qui ont paru sur tant de couvertures de Charlie Hebdo ont flatté  et facilité la croissance de mouvements chauvinistes de droite en France. Il est absurde de prétendre, par le biais de la défense deCharlie Hebdo, que ses caricatures sont juste  « pour rire  » et n’ont aucune conséquence politique. Outre le fait que le gouvernement français cherche désespérément un soutien à sa politique militariste croissante en Afrique et au Moyen Orient, la France est un pays où l’influence du Front National néofasciste croit rapidement.

Dans ce contexte politique, Charlie Hebdo a facilité la croissance d’une forme d’anti-islamisme politisé qui a une ressemblance troublante avec l’antisémitisme politisé qui a émergé comme un mouvement de masse en France dans les années 1890.Dans son utilisation des caricatures grossières et vulgaires qui donnaient une image sinistre et stéréotypée des musulmans, Charlie Hebdo rappelle les publications racistes à bon marché qui ont joué un rôle important dans la promotion de l’agitation antisémite qui a balayé la France au cours de la célèbre affaire Dreyfus, qui a éclaté en 1894 après qu’un officier juif a été accusé et faussement déclaré coupable d’espionnage pour le compte d’Allemagne. En flattant  la  haine populaire envers les Juifs, La Libre Parole [« Free Speech »], publié par l’infâme Edouard Drumont, a fait une utilisation très efficace de dessins qui ont employé les dispositifs antisémites familiers. Les caricatures ont servi à enflammer l’opinion publique, à inciter à manifester contre Dreyfus et ses défenseurs, comme Emile Zola, le grand romancier et auteur de J’Accuse.

Le World Socialist Web Site, sur la base de principes politiques de longue date, s’oppose et condamne sans équivoque l’agression terroriste sur Charlie Hebdo. Mais nous refusons de participer à la représentation de Charlie Hebdo comme un martyr à la cause de la démocratie et la liberté d’expression, et nous mettons en garde nos lecteurs pour qu’ils se méfient de l’agenda  réactionnaire qui motive cette campagne hypocrite et malhonnête.

David North

Traduction COMAGUER


C’est vrai aussi



Une nouvelle devise pour l’Union monétaire nord-américaine, l’améro ?

par Alfredo Jalife-Rahme

Les débats sur l’avenir de l’euro doivent être révisés au regard du projet nord-américain d’améro. En détruisant eux-mêmes le dollar, les États-Unis pourraient en priver certains détenteurs actuels. Ils pourraient aussi officialiser une vaste zone monétaire et proposer sa fusion avec celle de l’euro. S’il devait voir le jour, le projet d’améro signifierait un profond changement de la politique états-unienne qui privilégierait désormais sa base continentale dans sa conquête du monde.

Réseau Voltaire International | Mexico (Mexique) | 2 janvier 2015

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En un jour, le rouble a perdu plus de 20 % face au dollar et à l’euro ; au même moment Serguëi Griniaïev, directeur général du Centre d’études et de prévisions stratégiques de la Russie, a annoncé que les États-Unis se préparent à adopter une nouvelle monnaie, l’améro, lorsque la bulle du dollar éclatera. Il considère que les forces armées US n’ont pas pour mission de défendre les USA, mais de créer les conditions pour que la monnaie états-unienne circule dans le monde entier, autrement dit, pour protéger le crime organisé à l’échelle internationale.

Pour lui, la bulle du dollar éclatera aussitôt que les dépenses militaires du Pentagone dépasseront les rentrées que la Réserve fédérale obtient par la vente de produits virtuels.

Dans un entretien au site russe Svobodnaya Pressa, qui cite Russia Today [1] —le site de plus en plus lu dans le monde entier parce qu’il constitue un média alternatif solide face au quasi monopole des multimédias israélo-anglosaxons—, Grinaïev affirme que le rejet du dollar sera synchronisé avec la transition vers la nouvelle monnaie ; c’est ce qu’ont établi ses experts, sur la base d’informations vérifiées ; et il considère aussi que, selon une estimation externe de la dette US, quand celle-ci dépassera une certaine limite, ce sera l’apocalypse du dollar ; la limite se situe autour de 60 milliards de dollars de dette US sur le marché mondial ; pour le moment, on en est à 18 milliards environ ; au-delà, la vente de produits virtuels perd tout sens économique.

La question du montant de la dette états-unienne est polémique autant qu’imprécise, car elle dépend de celui qui fait les comptes, et de qui désinforme. Je me souviens d’un rapport de la banque suisse désormais en faillite Wegelin, qui évaluait la dette des USA à des niveaux stratosphériques : 600 % du PIB [2]. Le chiffre officiel actuel mais peu crédible tourne autour de 71,8 % du PIB, selon le World Factbook de la CIA.

Les experts russes en question invoquent le fait que le dollar est une monnaie caméléon qui a une date de caducité bien concrète, et que l’améro pourrait se substituer non seulement au dollar US, mais aussi aux monnaies de plusieurs pays d’Amérique latine.

Cette définition du dollar comme devise caméléon vient de ce qu’il existe en tant que trace électronique sur les comptes bancaires, ou sous forme d’un bout de papier qui vaut quelques centimes, connu sous le nom de billet de cent dollars. En quelques secondes, il peut se renforcer ou se déprécier.

Est-ce que l’Alliance du Pacifique, composée du Mexique, du Chili, du Pérou et de la Colombie, outre le Salvador, le Panama et l’Équateur qui opèrent déjà avec le dollar, sans compter d’autres pays d’Amérique centrale et des Caraïbes, vont adopter l’améro ?

Les experts calculent qu’il existera une zone améro incluant en plus le Costa Rica, le Honduras, le Panama, les Bermudes et les Barbades.

Grinaïev informe que le projet améro existe depuis des décennies, et qu’il est l’analogue de l’euro pour l’Amérique du nord ; une transition réussie vers l’améro permettrait pendant vingt ans au PIB des Nord-américains d’augmenter de 33 %, aux dépens de l’Accord de libre-échange nord-américain.

La réforme monétaire pourrait se concrétiser en 2020, après l’enregistrement légal de l’Amérique du Nord (le bloc US-Canada-Mexique) dont les statuts mentionnent une transition en douceur du dollar à l’améro.

Les stratèges US donnent un coup d’accélérateur à l’intégration en vue, avec un nouveau point de vue [3], selon un comité au plus niveau du Council on Foreign Relations (CFR), présidé par le général à la retraite David Petraeus du KKR global Institute, et par l’ex-président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, de Goldman Sachs, dont la perspective me semble être la capitalisation des promesses énergétiques de l’Amérique du nord et sa plateforme pour le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement en débat. Dans les remerciements, de façon tangentielle, on repère des personnages à la solde des USA, tels Rafael Fernández de Castro, de l’ITAM, et le partisan du président Salinas Claudio X González, antérieurement membre du conseil de Televisa.

En 2008, j’ai déjà abordé le thème de l’améro [4] qui avait été soutenu à bas bruit par le CFR, des USA, et l’Institut Fraser du Canada, mais qui ne fait l’objet d’aucun débat ouvert dans le Mexique néo-libéral qui a imposé depuis le sommet de l’État ses projets et mirages, en échec complet jusqu’à présent, à des citoyens désinformés : Aléna, Partenariat pour la sécurité et la prospérité, Initiative Mérida, réforme énergétique, sans parler des défunts projets Zone de libre-échange des Amériques et Plan Puebla-Panamá. Verra-t-on l’améro imposé à son tour par le sommet à la population prise à revers, de façon antidémocratique, sans la moindre consultation populaire, par le « Mexique néo-libéral » ?

Il est curieux de voir que les stratèges russes au plus haut niveau sont attentifs au projet d’améro, tel Igor Panarine, important analyste politique, professeur de diplomatie russe et spécialiste en cyberguerre, qui avait annoncé l’effondrement du dollar et la balkanisation des États-Unis, dans un entretien pour le quotidien Izvestia dès le 24 novembre 2008 : « Le dollar ne repose sur rien. La dette externe des US a grossi au niveau d’une avalanche (…) C’est une pyramide sur le point de s’effondrer. »

Pour Panarine, le dollar est bel et bien enterré, et sera remplacé par l’améro ; c’est en 2006 qu’un accord secret a été conclu, entre les USA, le Canada et le Mexique, pour constituer une nouvelle unité monétaire. Cela pourrait nous faire remarquer les préparatifs en cours pour remplacer le dollar. Ainsi les billets de 100 dollars qui ont inondé le monde pourraient être du jour au lendemain simplement congelés, sous le prétexte, par exemple, que les terroristes les falsifient, et qu’il faudrait donc les retirer du marché pour enquête. Panarine a visé les USA à la jugulaire, et laisse entrevoir le lien profond entre finances états-uniennes, terroristes et narcotrafic global, ce qui rejoint la position de Griniaev.

Ensuite, en 2011, Russia Today [5] se demande si l’améro est la nouvelle devise de destruction massive, et divulgue l’approche concrète d’une Union monétaire nord-américaine annoncée depuis 2005. Au Texas, les dirigeants des trois États se sont retrouvés, George W. Bush pour les États-unis, Vicente Fox pour le Mexique, et le Premier ministre du Canada, Paul Martin ; il déclarent alors la création de l’Alliance pour la Sécurité et la Prospérité de l’Amérique du nord.

Étant donné que le monde se verrait obligé d’abandonner le dollar US comme la monnaie de réserve internationale, Russia Today considère que les conséquences seraient imprévisibles, et que l’effondrement du système financier mondial donnera des rôles différents aux monnaies régionales. En conséquence, les taux de change des devises seront pratiquement impossibles à prévoir. Et la nouvelle monnaie, l’améro, sera le début de l’apocalypse de l’économie mondiale.

Est-ce que le Congrès mexicain est au courant de l’existence de l’accord secret sur l’améro signé par le président Fox dans le dos des citoyens mexicains ?

Alfredo Jalife-Rahme

Traduction
Maria Poumier

Source
La Jornada (Mexique)


Initiative populaire pour le retrait de l’UE

http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=4475

Horizons et debats  >  2014  >  N° 31, 29 décembre 2014  >  Initiative populaire pour le retrait de l’UE

Autriche

hd. Le 17 décembre 2014, l’«Initiative populaire pour le retrait de l’UE» a été déposée auprès des autorités compétentes autrichienne afin de demander une votation populaire pour le retrait de l’Autriche de l’Union européenne. Ci-dessous, nous vous transmettons les informations concernant les arguments officiels de cette initiative déposés auprès du Ministère autrichien de l’Intérieur, représentant une partie importante de la documentation exigée.

Exposé des motifs du dépôt

En réalité, presque toutes les promesses faites avant l’adhésion à l’UE il y a 20 ans, ayant mené à son acceptation par les votants, ont été bafouées. Au lieu d’avoir favorisé une progression, on a assisté à une débâcle de l’Autriche dans presque tous les domaines: augmentation du chômage, accroissement des dettes de l’Etat, baisse du pouvoir d’achat pour la grande majorité des gens, hausse de la criminalité, disparition presque totale de la petite paysannerie et détérioration de l’environnement. Les décisions de l’UE sont dictées, selon l’avis de larges franges de la population, par les multinationales du nucléaire, de la technique génétique et de la chimie ainsi que par des chaînes commerciales internationales ne laissant aucune chance à un approvisionnement de proximité respectueux de la nature et garanti également en cas de crise.
La politique de paix est particulièrement menacée par notre adhésion à l’UE. Cette dernière bafoue systématiquement le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes représentant le fondement de la liberté et de la paix. La participation de l’Autriche aux sanctions contre la Russie est incompatible avec sa neutralité perpétuelle inscrite dans sa Constitution. Nous voulons une Autriche libre et neutre, qui ne soit pas une «colonie» de Bruxelles ou de Washington. Nous ne voulons en aucun cas être entraînés dans des conflits internationaux dont nous n’avons que faire et qui sont, militairement parlant, particulièrement dangereux pour la paix. Combattons le mal dès le début, sinon il pourrait être trop tard!
Les négociations secrètes menées depuis plusieurs années entre l’UE et les Etats-Unis/Canada pour créer un traité de libre-échange transatlantique (appelé TAFTA ou TTIP en anglais et PTCI en français) ne seraient pas valables pour nous si nous n’étions plus membres de l’UE. Il en irait de même pour les contributions nettes que l’Autriche doit payer en tant que membre de l’UE depuis 20 ans. L’Autriche ne reçoit en retour qu’une faible partie de ces 30 milliards de Schilling autrichiens qu’elle doit verser annuellement, ce retour étant taxé faussement d’«aides financières» part l’UE. En outre, l’Autriche n’est pas même autorisée à utiliser cet argent selon son bon vouloir. Il s’agit, en fait, d’une perte nette depuis 20 ans pour l’Autriche, contribuant ainsi à la réduction de la politique sociale et des prestations sociales de l’Etat en faveur de la population en général.
Le retrait de l’UE est garanti juridiquement par l’article 50 du «Traité sur l’Union européenne», précisant:
–    au § 1: «Tout Etat membre peut décider, conformément à ses règles constitutionnelles, de se retirer de l’Union.»
–    au § 2: «L’Etat membre qui décide de se retirer notifie son intention au Conseil européen. A la lumière des orientations du Conseil européen, l’Union négocie et conclut avec cet Etat un accord fixant les modalités de son retrait, en tenant compte du cadre de ses relations futures avec l’Union. Cet accord est négocié conformément à l’article 218, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne. Il est conclu au nom de l’Union par le Conseil, statuant à la majorité qualifiée, après approbation du Parlement européen.»
–    au § 3: «Les traités cessent d’être applicables à l’Etat concerné à partir de la date d’entrée en vigueur de l’accord de retrait ou, à défaut, deux ans après la notification visée au paragraphe 2, sauf si le Conseil européen, en accord avec l’Etat membre concerné, décide à l’unanimité de proroger ce délai.»
Cet article de retrait de l’Union est expliqué en détail sur 13 pages dans le manuel juridique standard intitulé «Das Recht der Europäischen Union» rédigée par Grabitz/Hilf/Nettesheim (paru en 2014 aux Editions C.H.Beck oHG) dans le volume des commentaires no I rédigé par Dörr.
On y trouve entre autre ceci: «La fonction essentielle du nouvel article 50 est d’établir la clarté juridique. L’article 50, paragraphe 1, définit le droit au retrait en tant que droit d’option unilatéral de chaque Etat membre. L’analyse de cet article dans son intégralité, justifie le fait qu’il s’agit d’un droit formateur unilatéral. Il en apparaît clairement que l’accord de retrait à négocier n’a pas d’importance pour la validité du retrait, c’est-à-dire que le fondement juridique pour sortir de l’UE repose uniquement sur la déclaration de volonté unilatérale de l’Etat désirant se retirer. Cela correspond à la situation juridique selon le droit international (Rdnr. 13). Le texte du paragraphe 1 permet au membre désirant se retirer non seulement de ‹décider›, mais aussi d’agir en conséquence.»
Et le commentaire de Dörr de compléter: «L’exercice du droit de retrait ne dépend selon l’article 50 d’aucune condition préalable matérielle, il s’agit donc d’un droit de libre résiliation. L’Etat souhaitant le retrait n’est tenu en aucune façon de justifier sa décision, ni envers les organes de l’UE ni envers les autres Etats membres, aucune directive ne l’y contraint.»
Il n’est nulle part question d’obligation de paiement en cas de retrait, bien au contraire. L’Autriche aurait non seulement la possibilité d’économiser ses cotisations annuelles en tant que contributeur net, mais aussi toutes les contributions aux prétendus «plans de sauvetage de l’euro». L’Autriche économiserait donc les milliards de contribution pour le Mécanisme européen de stabilité (MES) ainsi que l’obligation de garantie exorbitante pour le Fonds européen de stabilité financière (FESF). L’Autriche pourrait de nouveau émettre sa propre monnaie, le Schilling, et mener une politique monétaire orientée en premier lieu vers le bien-être de l’économie nationale autrichienne.
Le Conseil national autrichien a absolument le droit de décider du retrait du pays de l’UE! Mais bien sûr qu’une telle décision doit être soumise au peuple ayant le dernier mot. Ainsi personne ne sera «écarté», car autant les partisans que les adversaires de l’UE pourront s’exprimer. Le motif de cette initiative populaire correspond donc à une volonté sincèrement démocratique à laquelle personne ne devrait faire barrage.
Dans l’ensemble, on cherche par ce retrait de la République autrichienne de l’Union européenne à éviter de plus amples dommages à la population. Une grande partie de la population considère l’UE comme un instrument de mise sous tutelle centraliste provoquant une paralysie liée à sa tendance dictatoriale n’offrant guère de perspective pour l’avenir. Des Etats indépendants de petite taille offrent de meilleures chances pour une économie durable et une manière de vie respectueuse de l’environnement, offrant également dans tous les domaines un avenir et de l’«air pour respirer» aux générations futures!
Inge Rauscher, responsable de l’initiative populaire pour le retrait de l’UE (EU-Austritts-Volksbegehrens)
(Traduction Horizons et débats)